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16 août 2024 5 16 /08 /août /2024 09:53

3. Quelques actes de décès dans les registres d’État-Civil

Bonnétable :

Louis Gouault, soldat du 100ème régiment d’infanterie, né en 1835 est décédé à l’hôpital de Villeneuve-sur-Lot le 13 novembre 1870.

Jean Marie Perche, franc-tireur à la compagnie des Pyrénées, est décédé à l’hospice de Bonnétable à l’âge de 19 ans le 31 décembre 1870.

Henri Oger, chasseur, du Havre, du bataillon des francs-tireurs d’Indre-et-Loire, est décédé le 15 janvier 1871 à l’hospice.

Théodore Vivier, garde-mobile de l’Orne, est décédé le 19 janvier 1871 à l’usine de monsieur Lecomte.

Paul Amable Lebas, garde mobile de la Manche, est décédé le 24 janvier 1871 à l’ambulance du château à l’âge de 23 ans.

Louis Guillaume, garde mobile des Côtes du Nord, âgé d’environ 22 ans dont on dit qu’il semble être né à Pléhérel dans les Côtes du Nord, est décédé à l’ambulance de madame Lambert, marchande de nouveautés à Bonnétable le 15 janvier 1871.

Pierre Morancé, de la commune de Laigné-en-Belin, garde national, est décédé à l’ambulance du château le 30 janvier 1871 à 22 ans.

Benoit Bulliard, franc-tireur de la huitième compagnie de Paris, né à Rossens en Suisse, est décédé à 23 ans le 30 janvier 1871 à l’hospice de Bonnétable.

Pierre Jean Baptiste Frémont, garde mobile du bataillon de l’Orne, est décédé à 22 ans à l’ambulance de l’école communale le 31 janvier 1871.

François Pouchard, garde mobile de l’Orne, est décédé à 24 ans à l’ambulance de l’école communale.

Adolphe Gausy, franc-tireur, qui était entré à l’hospice le 27 décembre 1870 et y meurt le 4 mars 1871 à l’âge de 29 ans.

Un nommé Roger, franc-tireur de Paris dans le corps du colonel Lipowski et dont on suppose qu’il était de Châlons, était âgé de 56 ans ; on nous dit dans l’acte qu’il était à quatre mois de sa retraite. On nous notifie également qu’il était entré à Bonnétable avec son régiment le 8 janvier 1871 et que blessé le lendemain, il est recueilli chez madame Beauné où il est décédé le mercredi suivant « lendemain de l’entrée des troupes allemandes dans la ville ». A noter que l’acte de décès n’est rédigé que le 19 mars 1871.

Narcisse Albert Bunel, garde-mobile de l’Orne, est décédé à l’hospice de Bonnétable âgé de 25 ans.

Eugène Gabriel Jean Vallée, 22 ans, garde mobile de la Sarthe, né à Bonnétable, est décédé le 3 décembre 1870 à l’ambulance du lycée du Mans.

Eugène Deshays, soldat au 39ème de ligne, né à Bonnétable, est décédé à l’hôpital ambulant de Saint Férréol (Besançon) le 5 février 1871 d’une fièvre typhoïde suite à la variole.

Adolphe Pavré, né à Bonnétable, garde mobile de la Sarthe, est entré à l’hôpital civil de Vendôme le 21 janvier 1871 où il décède le 21 février 1871 d’une fluxion de poitrine.

Acte de décès de Louis Gouault

Acte de décès de Louis Gouault

Courcemont

Marie Adalbert d’Argy, lieutenant au 2ème bataillon des gardes mobiles de la Sarthe, âgé de 35 ans demeurant en son château du Chesnay, membre du conseil municipal et président du conseil de fabrique, « a été tué [3 décembre 1870] dans les affaires d’Orléans, à Châteaudun, dont ils nous présentent le corps renfermé dans un cercueil en plomb placé dans une bière en chêne ».

Anselme René Antoine de Mailly, domicilié au château de la Davière, commandant du 2ème bataillon des gardes mobiles de la Sarthe, membre du conseil municipal, est décédé à 43 ans à l’ambulance de Châteaudun le 13 décembre 1870 à la suite d’une blessure reçue à la bataille de Varize (Eure-et-Loir).

Ernest Joseph Ambrois, garde mobile au 2ème bataillon de la Sarthe, est décédé à 21 ans au château du Chesnay le 2 janvier 1871.

Auguste François Aubier, chasseur au 2ème régiment de chasseurs à cheval, est entré à l’hôpital militaire des tabacs à Metz le 15 août 1870 et y décède le 19 suivant d’une plaie pénétrante du crane.

Adolphe Dreux, âgé de 35 ans, engagé dans les francs-tireurs de la Sarthe, est décédé des suites de ses blessures le 12 janvier 1871 à Courcebœufs.

Louis Jean Pavé, soldat des mobiles de la Sarthe, est décédé à l’hôpital de la Mission au Mans le 17 janvier 1871 des suites de la variole.

Ambroise Léon Robinault, 25 ans, soldat des mobiles de la Sarthe, est décédé à l’ambulance de Torcé le 18 janvier 1871.

Emile Loriot, caporal au 39ème régiment de marche, est décédé à l’hôpital de Versailles, le 7 mai 1871 de fièvre typhoïde et angine.

Château du Chesnay à Courcemont

Château du Chesnay à Courcemont

Château de la Davière à Courcemont

Château de la Davière à Courcemont

Courcival

Louis Jean Geneslay, brigadier au 10ème cuirassier, âgé de 27 ans, est décédé le 17 novembre 1870 à l’hospice de Niort.

 

Jauzé

Auguste Louis Besnard, garde national mobile du département de la Sarthe, 24 ans, est décédé à l’ambulance de Ligné (Loire-Atlantique) le 8 février 1871.

François Marchand, âgé de 23 ans, garde mobile de la Sarthe, est décédé à l’hospice civil et militaire de Châtellerault (Vienne) le 6 mars 1871.

Acte de décès de François Marchand

Acte de décès de François Marchand

La Bosse

Hilaire Rousseau, garde mobile de la Sarthe, 25 ans, est décédé de la variole à l’hôpital de Morée (Loir-et-Cher) le 17 novembre 1870.

Louis Pierre François Lesiourd est décédé à Dresde en Allemagne le 16 avril 1871.

 

La Chapelle Saint Rémy

Gustave Aimé Désiré Mittier, 22 ans, garde mobile d’Eure-et-Loir, a été tué dans un combat donné le 10 janvier 1871 près de la gare de Connerré.

Alexis Guilbert, garde mobile de la Sarthe, âgé de 22 ans, est entré à l’hôpital civil du Mans le 10 décembre 1870 et y meurt le 13 de la variole.

Étienne Philippe Lévêque de Villemorin, caporal au 1er régiment d’infanterie de marine, est décédé le 11 janvier 1871 à la Grande Métairie « atteint d’une balle perdue partie des environs du château de Couléon ».

Louis Frédéric Chevalier, soldat au 35ème de ligne, est décédé à Paris à l’hôpital militaire du Gros Caillou à l’ambulance du prince Bibesco le 17 décembre 1870.

Château de Couléon à La Chapelle Saint Rémy

Château de Couléon à La Chapelle Saint Rémy

Nogent le Bernard

François Dormeau, soldat au 100ème de ligne, est entré à l’hôpital de Périgueux le 4 janvier 1871 « et y est décédé le 6 janvier 1871 à une heure du matin des suites de congélation ».

Auguste Moulins, 21 ans, garde mobile, est décédé le 28 novembre 1870 à Saint-Calais.

Louis Aveline, mobile de la Sarthe, est décédé à l’hôpital militaire ambulant d’Arcachon (Gironde) le 13 mars 1871 des suites de la fièvre typhoïde.

Ferdinand Gonet, soldat au 2ème régiment d’artillerie, est décédé à l’ambulance militaire Sainte-Marie à Paris le 12 janvier 1871 des suites de la scarlatine.

Louis Julien Epinette, 28 ans, chasseur au 18ème bataillon de chasseur à pied, est entré à l’ambulance militaire de l’école Colbert à Paris le 26 février 1871 et y décède le 12 avril 1871 des suites de bronchite chronique.

François Sergent, 20 ans, soldat au 92ème régiment de ligne, est décédé à l’hospice de Vierzon (Cher).

François Constant, âgé de 22 ans, soldat au 92ème régiment de ligne, est décédé à l’hôpital de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) le 28 février 1871.

Alexandre Chiquet, soldat au 12ème régiment de ligne, est décédé le 28 mars 1871 à Rendsburg (Allemagne) d’une fracture au crane.

Le bourg de Nogent-le-Bernard

Le bourg de Nogent-le-Bernard

Sillé-le-Philippe

Jean Gaumeton, garde mobile du Lot-et-Garonne, a été enterré dans une fosse commune au lieu de Chanteloup lors des combats des 11 et 12 janvier 1871.

Gabriel Termes, garde mobile du Lot-et-Garonne, a été enterré suite aux combats de Chanteloup les 10, 11 et 12 janvier 1871.

Jean Delpy, garde mobile du Lot-et-Garonne, a été enterré à Chanteloup suite aux combats des 10, 11 et 12 janvier 1871.

Jean Hamelin, garde mobile du Lot-et-Garonne, a été enterré à Chanteloup suite aux combats des 10, 11 et 12 janvier 1871.

Jean Capdeville, garde mobile du Lot-et-Garonne, est décédé et a été enterré à Chanteloup suite aux combats des 10, 11 et 12 janvier 1871.

Jean Lamoureux, garde mobile du Lot-et-Garonne, a été enterré à Chanteloup suite aux combats des 10, 11 et 12 janvier 1871.

Pierre Jouvin, 24 ans, né à La Selle-la-Forge (Orne), est décédé d’un coup au genou survenu lors du combat de Saint-Célerin.

Lucien Lévêque, âgé de 25 ans, natif de Saint-Mars-d’Egrenne (Orne), garde mobile de l’Orne, est décédé des suites d’un coup de feu reçu au combat à Saint-Célerin.

Louis Marie Le Déan, garde mobile du Finistère, est décédé à Chanteloup suite aux combats des 10, 11 et 12 janvier 1871.

Corentin Pierre Lann, garde mobile du Finistère, est décédé à Chanteloup suite aux combats des 10, 11 et 12 janvier 1871.

Louis Pierre Eugène Laval, garde mobile du Lot-et-Garonne, tué à l’ennemi, a été enterré à Chanteloup suite aux combats des 10, 11 et 12 janvier 1871. Sa famille a relevé sa tombe pour l’enterrer à Agen.

Pierre Lebigot, 24 ans, né à Saint Mars d’Egrenne, garde mobile de l’Orne, est décédé des suites d’un coup de feu reçu au combat de Saint-Célerin.

Etienne Froger, soldat au 6ème régiment de ligne, est entré à l’ambulance des sœurs de Montrouge le 30 septembre 1870. Il y meurt du tétanos le 8 octobre 1870.

Louis Cormier, garde mobile de la Sarthe, décédé le 8 janvier 1871 à l’hôpital militaire de La Rochelle des suites de fièvre typhoïde.

Georges Yves Marie Charpentier, 27 ans, sergent major des mobiles du Finistère, mort à Chanteloup le 12 janvier 1871 lors de la rencontre entre les troupes françaises et allemandes.

Jean Edmond Lamartine, 24 ans, garde mobile de la Gironde, est déclaré décédé le 12 janvier 1871 après avoir été retrouvé dans une fosse au lieu de la Connardière.

Prosper Pique, 26 ans, né à Caligny (Orne), garde mobile de l’Orne, est décédé le 2 avril 1871 à l’ambulance de Passay à Sillé-le-Philippe des suites d’un coup de feu qu’il a reçu à Chanteloup.

Joseph Marcellin Auzeral, 21 ans, garde mobile du Lot-et-Garonne, avait été enterré dans une fosse le 12 janvier 1871.

Jean Prevosteau, garde mobile de la Gironde, « blessé grièvement au combat livré ce jour [12 janvier 1871] à l’armée prussienne au hameau de Chanteloup, commune de Sillé le Philippe, a été transporté à l’auberge tenue par la veuve Collet, et qu’il est décédé dans la nuit. Que ce mobile ne portait point de livret, il a été inhumé dans une fosse commune avec trente huit autres victimes. Qu’il a laissé cependant à l’auberge de ladite dame veuve Collet, un mouchoir qui a été reconnu par la dame veuve Prevosteau, née Pinet Jeanne, comme appartenant à son fils unique Prévosteau Jean ».

Jean Baron, garde mobile de la Gironde, a été tué le 12 janvier 1872 lors du combat livré à l’armée prussienne au hameau de Chanteloup.

Jean Ruaux, garde mobile de Gironde, tué le 12 janvier 1871 à Chanteloup, a été inhumé avec trente huit autres victimes dans une fosse commune.

Carte postale ancienne du monument à Chanteloup

Carte postale ancienne du monument à Chanteloup

Terrehault

Jean Simon Jubault, garde mobile, est décédé à l’hôpital du séminaire du Mans le 11 novembre 1870 d’une pneumonie.

Louis François Tenin, soldat du 2éme régiment d’infanterie de ligne, est décédé de la dysenterie à Torgau (Prusse) en décembre 1870.

4. La gestion des événements d’après les délibérations des conseils municipaux

En novembre 1870, le conseil municipal de Bonnétable est sollicité par la Préfecture pour l’habillement, l’équipement, l’armement et la solde des gardes nationaux mobilisés. Les fonds de la commune ne permettant pas ce financement et la souscription d’un emprunt étant irréalisable, il est décidé de passer par un impôt exceptionnel. La question revient en avril 1871, avec en plus les remboursements dus aux différents fournisseurs ; la commune décide de puiser dans les reliquats du budget de 1870 mais aussi dans les fonds qui étaient affectés à la création du chemin de Haute-Folie, projet interrompu par les événements de la guerre.

En octobre 1871, on revient à nouveau sur l’emprunt de 50 000 francs. Une partie de la somme a déjà été réglée par les paiements effectués par l’intendance de l’armée mais aussi par la prise en charge faite par le duc de Bisaccia concernant les ambulances de la ville. Mais il faut rajouter à ces sommes la prise en charge du pain pour les indigents. Après un débat tendu, le conseil municipal décide de faire un emprunt à la caisse des dépôts et consignations, mais aussi de recourir à un impôt. On en reparle à nouveau en novembre car certains habitants voudraient être indemnisés pour les pillages dont ils ont été victimes ; ce à quoi la mairie répond qu’elle a elle-même limité l’impact des vols en mettant en place les réquisitions. Elle indique également qu’il faudrait installer une commission pour vérifier la véracité des sommes demandées quant aux pillages. On verra d’ailleurs encore en août 1872 des habitants contacter la marie pour réclamer des indemnisations. Et en janvier 1872, le conseil municipal est à nouveau convoqué pour évoquer une nouvelle fois l’emprunt et, sous la demande pressante des boulangers, verse une somme pour la paiement du pain aux indigents.

A noter qu’un conflit judiciaire opposât, à la suite de certaines décisions, M. Girard, maire de Bonnétable, au journal L’Union de la Sarthe, ce dernier ayant reçu une longue lettre qui dénonçait les décisions du maire et surtout les choix faits pour la gestion des sommes liées au réquisitions1.

 

L’avancée des troupes allemandes et une certaine désorganisation des structures administratives avaient par ailleurs placé la municipalité dans une situation délicate. On voit ainsi dans une séance du conseil municipal de Bonnétable de juin 1871 que les droits à percevoir sur le droit d’étalage à la halle n’ont pas été versés. Cela est dû au fait que pendant la présence prussienne, une partie des marchandises n’étaient plus autorisées à la vente et que certains vendeurs présents refusaient de payer les taxes, le maire n’ayant plus le personnel nécessaire pour les forcer aux règlements des droits. Les débats entre conseillers sont assez intenses et on en conclu qu’on ne pourra obtenir réparation car la cause du mal était le siège de Paris et que les denrées alimentaires y étaient envoyées au détriment des marchés provinciaux ; l’autre cause avancée sur la difficulté de la gestion des halles est la rigueur de l’hiver 1870/1871.

En mars 1871, la commune de Bonnétable délibère sur la vente du fumier laissé par les troupes allemandes. La préfecture demande également au maire de faire un état des chevaux et voitures laissés par les troupes allemandes.

 

A Courcemont, on trouve l’argent pour la défense nationale et l’équipement des hommes en ponctionnant sur les projets (restauration de l’église, installation d’une horloge, aides aux concessions dans le cimetière).

Dans cette commune on évoque également les réquisitions faites par l’ennemi : 4170kg de pain et 32 vaches. Le conseil municipal anticipe la situation et avance l’idée qu’il faudra rembourser, surtout le boulanger.

Six habitants de la commune en 1872 font transmettre au préfet une pétition pour le paiement de jours de réquisition avec cheval et voiture. Ils obtiennent alors un dédommagement.

 

Dans la commune de Saint-Georges-du-Rosay, le conseil municipal, sachant « qu’il est nécessaire, conformément à la Convention de Genève, que les dits gardes nationaux soient en uniforme pour être compris parmi les belligérants », décide de prélever 200 francs sur le budget de la réparation des cloches de l’église.

 

En octobre 1870, après la défaite de Sedan et avec l’avancée des troupes prussiennes, le conseil municipal de Torcé-en-Vallée prend des décisions. Il commence ses délibérations par un soutien unanime au gouvernement de la Défense Nationale. Il demande également que les gardes nationales de Torcé, Lombron, Saint-Célerin et Sillé-le-Philippe soient organisées en un bataillon dont le siège sera à Torcé. Ensuite le conseil se penche sur les dépenses de la garde nationale en expliquant les différents prélèvements. Le dernier point porte sur la demande de création d’un poste de nuit et de patrouilles dans la commune ; le danger n’étant pas présent, on décide de surseoir à cette demande.

En mars 1871, le maire signale au conseil que le major commandant un bataillon du régiment de Brandebourg lui a fait part de la nécessité de réquisition de l’avoine pour nourrir 15 chevaux par jour. Le maire refuse en justifiant « qu’il n’en existait plus dans la commune par suite de l’occupation qu’elle avait eue à subir précédemment de plusieurs milliers de chevaux de l’armée allemande et des nombreuses réquisitions en nature de ce grain qui lui avaient été faite depuis l’invasion, réquisition dont les quittances avaient été produites aux officiers prussiens. On dit alors au maire qu’à défaut d’avoine, la commune devait en payer la valeur, s’élevant chaque jour à 9 ou 10 thalers ». Puis le maire explique au major commandant que la commune ne pourra payer cette somme ; il avance comme raison que la commune a été envahie le 10 janvier 1871 et que jusqu’au 16, elle a dû loger 12000 à 15000 hommes et 3000 à 4000 chevaux « qui ont consommé la majeure partie des provisions ou vivres, les fourrages et l’avoine ; pendant ce temps des réquisitions continuelles ont été faites en avoine, farine, blé, bestiaux, etc. ; les magasins et aubergistes ont été pillés complètement ; plusieurs voitures et chevaux ont été enlevées et on ne les a pas revus ; enfin un grand nombre de maisons particulières ont été saccagées ». Il explique également que la commune est aussi occupée depuis le 4 février par un détachement de 64 cuirassiers et 66 chevaux, auxquels il faut fournir 640 livres de foin, 640 livres de paille, 96 livres de pain, la viande et le logement. Et le maire justifie son refus de donner ce que demande le major commandant car les cuirassiers n’ont jamais demandé d’avoine ni d’argent.

Puis lors de la séance du 7 août 1871, le conseil municipal dresse la liste des habitants réquisitionnées par les Allemands. On y distingue deux périodes différentes : l’« invasion » du 10 au 15 janvier 1871 au cours de laquelle les habitants ont fourni de l’avoine, du pain dont une partie pour les prisonniers français, et l’« armistice » du 4 février au 6 mars 1871 où la plus grosse dépense concerne la fourniture du pain.

1Émile DURIER, Mémoire pour M. Eugène Girard contre M. Petit, gérant du journal l'Union de la Sarthe, Imprimerie de Ves Renou, Maulde et Cock, Paris, 1874

Extrait du registre des délibérations du conseil municipal de Torcé-en-Vallée

Extrait du registre des délibérations du conseil municipal de Torcé-en-Vallée

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7 août 2024 3 07 /08 /août /2024 06:02

1. Le contexte

La guerre de 1870-1871 oppose les armées prussiennes, auxquelles se joignent des troupes d’autres États allemands, aux forces impériales françaises de Napoléon III.

Très rapidement les Français, assez mal préparés et numériquement inférieurs, vont subir plusieurs défaites. Cela mènera, moins de deux mois après le début du conflit, à la capitulation de l’Empereur des Français le 2 septembre 1870. Le 4 septembre, la IIIème République est proclamée et elle poursuit la guerre dans de bien difficiles conditions. Paris est assiégée pendant cinq mois, les troupes prussiennes avancent en France

Napoléon III et Bismarck après Sedan (Wilhelm Camphausen)

Napoléon III et Bismarck après Sedan (Wilhelm Camphausen)

Pour ce qui est de notre région, Léon Gambetta, ministre de l’Intérieur et de la Guerre du gouvernement de la Défense nationale, organise la lutte contre les Prussiens avec la participation de soldats qui vont former l’Armée de la Loire. Le contact avec l’ennemi se fait en octobre 1870 dans le département du Loiret. Malgré quelques victoires françaises, le Prussiens poursuivent leur avancée.

Début décembre 1870, l’Armée de la Loire est réorganisée et le général Chanzy commande la 2ème Armée de la Loire. C’est alors que le théâtre des opérations va arriver sur le département de la Sarthe en janvier 1871.

Gambetta

Gambetta

Monument au général Chanzy et à la 2è armée de la Loire - Le Mans

Monument au général Chanzy et à la 2è armée de la Loire - Le Mans

Bataille de Coulmiers (9 novembre 1870)

Bataille de Coulmiers (9 novembre 1870)

2. Les événements dans la région de Bonnétable

Le point central des opérations est la bataille du Mans (11 et 12 janvier 1871). La 2ème Armée de la Loire est concentrée sur la région mancelle avec pour objectif de pouvoir un jour faire une avancée sur Paris et vaincre ainsi les Prussiens1. Mais ces derniers vont alors se diriger, en entrant par l’Est du département depuis le secteur de Nogent-Le-Rotrou, sur Le Mans pour affronter la 2ème Armée de la Loire.

 

Le 7 janvier 1871 les troupes françaises, parties à la rencontre des Prussiens, doivent se replier sur La Ferté-Bernard, Saint-Calais et même Connerré plus en arrière. Les armées prussiennes s’installent alors sur un large front allant de la région de La Ferté-Bernard jusqu’à celle de Château-du-Loir. Les jours qui suivent, une série d’affrontements se déroulent dans le Sud-Est de la Sarthe causant des dégâts importants dans l’armée française. Les Prussiens contrôlent le secteur entre Changé et le plateau d’Auvours. La remontée sur Le Mans devient alors rapidement possible.

1Général CHANZY, La deuxième armée de la Loire, Plon et Cie, Paris, 1876, p. 244

Carte de la bataille du Mans (source AD72)

Carte de la bataille du Mans (source AD72)

Yvré L'Evêque (Sarthe) : installé sur la butte d'Auvours, le monument commémore la bataille menée par les troupes de l'armée de Bretagne du général Gougeard.

Yvré L'Evêque (Sarthe) : installé sur la butte d'Auvours, le monument commémore la bataille menée par les troupes de l'armée de Bretagne du général Gougeard.

Pour ce qui est de la région de Bonnétable, la 4ème division de cavalerie prussienne doit assurer le flanc nord de l’avancée et couper la ligne ferroviaire Le Mans-Alençon ; elle doit passer par Bellême et Saint-Cosme-en-Vairais et espérer atteindre Bonnétable1. Le 9 janvier 1870, le colonel de Lipowski quitte Bonnétable pour remonter sur Bellême afin de bloquer les Prussiens et éviter une prise d’Alençon. Les Français se positionnent dans le secteur2. Ainsi la 2ème brigade à cheval s’installe à La Chapelle-Saint-Rémy et les mobiles de la Sarthe restent en arrière dans les fermes de la Méaulerie, la Maison Neuve et l’Aiguionnière3. Le 5ème bataillon des mobiles de la Gironde vient se positionner dans le secteur de Savigné l’Evêque et Saint Corneille4.

1Section historique du grand État-major prussien, La guerre franco-allemande de 1870-71, 1880, p. 784

2Pierre LEHAUTCOURT, Campagne de la Loire en 1870-1871, Berger-Levrault et Cie, Paris, 1895, p. 218

3Lieutenant V. ALWROD, La bataille du Mans, Revue de l’Anjou, Tome 65, 1912, p. 342

4Henri KEHRIG, Le 5e Bataillon des mobiles de la Gironde (1870-71), Feret et fils, Bordeaux, 1889, p. 10

Le 10 janvier 1871, Bonnétable est prise assez facilement1 après quelques échanges de coups de feu avec des francs-tireurs de Marolles; les hommes de von Beckedorff atteignent Bonnétable après en avoir chassés les troupes françaises. Le maire de la ville nous rapporte que les troupes pillèrent les biens des habitants pendant trois jours. Le commandant et son aide de camp sont logés chez M. Girard, maire2. Ils poursuivent ensuite vers Savigné-L’Evêque. C’est alors qu’ils se heurtent aux unités stationnées dans le secteur de Chanteloup sur la commune de Sillé-le-Philippe3. Les combats sont violents et se font parfois à la baïonnette4. La 2ème division du général Colin et la 22ème division allemande du général-major von Wittich s’affrontent également à La Chapelle Saint-Rémy.

1Section historique du grand État-major prussien, La guerre franco-allemande de 1870-71, 1880, p. 812

2Émile DURIER, Mémoire pour M. Eugène Girard contre M. Petit, gérant du journal l'Union de la Sarthe, Imprimerie de Ves Renou, Maulde et Cock, Paris, 1874

3Pierre LEHAUTCOURT, Campagne de la Loire en 1870-1871, Berger-Levrault et Cie, Paris, 1895, p. 245-246

4Général CHANZY, La deuxième armée de la Loire, Plon et Cie, Paris, 1876, p. 335

Le 11 janvier 1871, dans l’après-midi, les Prussiens sont à Torcé, Saint-Célerin et Lombron. Les affrontements sont violents et on se bat pour contrôler les routes. Malgré les difficultés causées par les troupes du général Colin, les Prussiens poursuivent leur avancée vers Le Mans. Le secteur de Pontlieue est âprement défendu par les Français, mais ils ne peuvent tenir la position.

Le 12 janvier 1871, certaines unités prussiennes (17ème et 22ème divisions) font mouvement au nord de l’Huisne malgré la neige, le froid et le brouillard1. L’objectif est d’avancer sur Saint-Corneille et Savigné. La 2ème division du 21èmecorps du général Colin et la 22ème division prussienne s’affrontent dans le secteur de Saint-Corneille et Courcebœufs2. Vers 16 heures, le château de Hyre et Saint-Corneille tombent. La 3ème division du général Villeneuve et la 17ème division prussienne du grand-duc de Mecklembourg combattent au sud de Chanteloup, à la Croix, à Sillé-Le-Philippe. Les troupes prussiennes passeront la nuit à Beaufay, Torcé et Bonnétable. Certains prisonniers sont alors emmenés vers l’église de Bonnétable où ils sont enfermés3 ; puis ils voyageront pendant 17 jours jusqu’à Settin (aujourd’hui Szczecin en Pologne).

1Pierre LEHAUTCOURT, Campagne de la Loire en 1870-1871, Berger-Levrault et Cie, Paris, 1895, p. 279

2Section historique du grand État-major prussien, La guerre franco-allemande de 1870-71, 1880, p. 837

3Henri KEHRIG, Le 5e Bataillon des mobiles de la Gironde (1870-71), Feret et fils, Bordeaux, 1889, p. 15

Les Prussiens s’installent dans la zone, aux portes du Mans, et les troupes françaises franchissent la rivière Sarthe pour battre en retraite. La 22ème division prussienne va contrôler les passages sur la Sarthe dans la région de Beaumont, même si certains soldats restent en cantonnement à Beaufay pour assurer les arrières, et la 17ème division s’occupe de la même tâche dans la région de Neuville. Quant à la 4ème division de cavalerie, elle aura pour mission de poursuivre les troupes françaises1. Puis les soldats quittent la région de Bonnétable pour remonter vers Ballon ; les soldats croisent des trains de prisonniers français dont un certain nombre de Bretons2. Dès lors la 2ème Armée de la Loire de Chanzy se replie sur l’Ouest du département de la Sarthe et sur celui de la Mayenne.

1O. FRANCKE, Das 5. thüringsche Infanterie-Regiment Nr 94 (Grossherzog von Sachsen): 22. Div. im Feldzuge gegen Frankreich 1870 u. 1871 ; Ein Beitr. zur Rgts-Geschichte, 1872, p. 302

2O. FRANCKE, Das 5. thüringsche Infanterie-Regiment Nr 94 (Grossherzog von Sachsen): 22. Div. im Feldzuge gegen Frankreich 1870 u. 1871 ; Ein Beitr. zur Rgts-Geschichte, 1872, p. 303

Cependant, la bataille laissait derrière elle son lot de victimes. Ainsi, le 17 janvier 1871 les Frères des écoles chrétiennes de Bonnétable ouvrent une ambulance pour y soigner les blessés du conflit1. Il y avait une vingtaine de soldats avec diverses blessures mais aussi avec des membres gelés. Il se dit que les religieux faisaient la tournée des maisons pour trouver de quoi nourrir les blessés. Cette ambulance fonctionna jusqu’au 22 février 1871 et on y soigna plus de 600 victimes.

Ces frères avaient également dû gérer des arrivées de prisonniers : 3000 le 12 janvier 1871 dont 1500 enfermés dans l’église. Ils durent aussi s’occuper de 1200 autres le 14 janvier 1871 en apportant soin et nourriture.

1J. d’ARSAC, Les Frères des écoles chrétiennes pendant la guerre de 1870-1871, Paris, 1872, p. 500

Sillé le Philippe (Sarthe)

Sillé le Philippe (Sarthe)

Sillé le Philippe (Sarthe)

Sillé le Philippe (Sarthe)

Sillé le Philippe (Sarthe)

Sillé le Philippe (Sarthe)

Sillé le Philippe (Sarthe)

Sillé le Philippe (Sarthe)

Sillé le Philippe (Sarthe)

Sillé le Philippe (Sarthe)

La Chapelle Saint Rémy (Sarthe)

La Chapelle Saint Rémy (Sarthe)

A SUIVRE

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15 juillet 2024 1 15 /07 /juillet /2024 10:42

La rivière Sarthe naît dans le département de l’Orne en la commune de Soligny-la-Trappe au lieu-dit Somsarthe à l’altitude de 205 m. Elle entre dans le département auquel elle donne son nom, au niveau de la commune de Roullée ; puis ensuite elle sert pendant de nombreux kilomètres de limite départementale entre l’Orne et la Sarthe. Elle entre alors pleinement dans le département sarthois au niveau de Saint Léonard des Bois pour en ressortir à Précigné en ayant, là encore, servi de limite départementale. Le cours d’eau poursuit alors son cheminement dans le Maine-et-Loire où, rejoignant la Mayenne, il formera la Maine. La Sarthe aura alors parcouru un peu plus de 300 km.

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Jaillot (1706)

Fontaine Saint Clair à Saint-Aquilin (AD61)

Fontaine Saint Clair à Saint-Aquilin (AD61)

La vallée de la Sarthe à La Fresnaye sur Chédouet

La vallée de la Sarthe à La Fresnaye sur Chédouet

La Sarthe à Pincé

La Sarthe à Pincé

La première partie de son parcours la fait longer la partie orientale du Massif Armoricain en traversant les Alpes Mancelles ; elle a alors un aspect torrentueux. Puis après Fresnay-sur-Sarthe, elle atteint les zones plus planes et serpente au travers de la campagne au milieu des prés. La rivière s’élargit et prend un aspect plus calme. Elle est rejointe au Mans par l’Huisne ; en voici d’ailleurs une description dans un ouvrage de 1620 : « Huine donc ainsi grossie et accreuë descend à Seaux, Pont de Genne, Champigny,Yvré, et à Pontleue prés du Mans, au dessous duquel elle se descharge dedans Sarthe sa sœur aisnée, à laquelle elle est contrainte de ceder son nom, et dedespit qu'elle en a, marche plus de deux grandes lieuës coste à coste, sansse vouloir mesler avec elle, et se faisant recognoistre en ses eaux claires et blanches d'avec celles de Sarthe noirastres et sombres1 ».

1BRY DE LA CLERGERIE (Gilles), Histoire des pays et comté du Perche et duché d'Alençon, 1620, p.13

La Sarthe à Saint Léonard des Bois

La Sarthe à Saint Léonard des Bois

Fresnay sur Sarthe

Fresnay sur Sarthe

Neuville sur Sarthe

Neuville sur Sarthe

Solesmes

Solesmes

Un nom stable dans le temps

Son nom a peu évolué dans le temps, ce qui laisse à penser qu’il s’agit d’un toponyme très proche de son nom originel. Il apparaît de très nombreuses fois dans les Actus pontficum cenomannis in urbe degentium. Si l’on considère que les Gesta Innocentii, qui racontent les actes de l’évêque manceau Innocent (533-558), s’appuient sur des documents connus au moment de la rédaction des dits Actus1 (vers 835-855), il y est dit que l’évêque Victeur avait fait construire une église où reposent ses successeurs « ultra fluvium Sartae » ; il pourrait donc s’agir du nom connu au VIème siècle. Au VIIème siècle, les Gesta Domni Bertichramni (testament de Saint Bertrand) donnent aussi la forme « Sartae » (Antedictus namque domnus Bertichramnus fecit quandam cellulam ultra fluvium Sartae).

Un diplôme de 676 de Thierry III, roi des Francs, fait mention de l’installation au Mans du monastère Sainte Marie « infra Sartam fluvium »2. Les Actus Pontificum, dans un texte des environs de 835 relatant la translation de la dépouille de Julien depuis le quartier du Pré vers la cathédrale nouvellement édifiée par l’évêque Aldric, citent également « ultra fluvium Sartae ». Le Livre Noir de l’abbaye Saint Florent de Saumur en Anjou rapporte pour l’année 848 l’expression « Sartam fluvium » dans un diplôme concernant un don à ladite abbaye.

On pourrait ainsi multiplier les exemples à l’envi.

1BIARNE (Jacques), Les premiers évêques du Mans, depuis les Fastes épiscopaux de Louis Duchesne, in La foi dans le siècle, PUR, 2009, p. 109-119

2BREQUIGNY (Louis George Oudard Feudrix de), PORTE DU THEIL (François Jean Gabriel de La ), Diplomata, chartae, epistolae, leges, Tome II, Paris, 1849, p. 172

Le Livre Noir (IXème siècle)

Le Livre Noir (IXème siècle)

Qu’en est-il du « h » dans la Sarthe ?

On lit parfois que c’est au moment de la Révolution que la lettre « h » est apparue pour transformer définitivement « Sarte » en « Sarthe ». Mais il semble que ce soit au cours du XVIIIème siècle que l’orthographe du nom de la rivière mute et s’oriente lors vers sa forme actuelle. Des documents du XVIIème siècle indiquent également « Sarthe » ; c’est le cas par exemple de la carte de Cloppenbourg (1630) sur le comté du Perche. Ou encore le pouillé de l’archevêché de Tours1 qui cite en 1648 «  la cure de Sainct Benoist sur Sarthe ».

Au XVIème siècle également on retrouve « Sarthe ». Ainsi Sébastien Münster2 dans sa description du pays du Maine évoque la présence des Cénomans et la fondation du Mans. Dans ce récit légendaire, il évoque Leman, fils de Paris, qui réédifie une ville qu’il nomme Le Mans et qu’il donne le nom de « Sarthe » à la rivière qui l’avoisine.

Même aux époques plus lointaines, il y a des exemples avec la lettre « h » telle la charte de fondation de l’abbaye de Perseigne au milieu du XIIème siècle (« In dedicatione autem ecclesie et in dotis nomine dedi eis apud Rolers prata que sunt a fosseio sicut rivulus qui vocatur Rugemmar circuit usquequo recipitur in Sartham et eamdem Sartham in proprio dominio ad piscandum, ab illo scilicet loco quo predictus rivulus in ea descendit usque ad predictum fosseium et sicut dicta prata extenduntur in longum et latum. »3).

1Pouillé général contenant les bénéfices de l'archevêché de Tours, Paris, 1648, p. 52-53

2MÜNSTER (Sébastien), La cosmographie universelle de toute le Monde, Paris, 1575, p. 45

3FLEURY (Gabriel), Cartulaire de l’abbaye cistercienne de Perseigne, Mamers 1880, p. 3-4

Carte de Cloppenbourg (1630)

Carte de Cloppenbourg (1630)

Extrait des poèmes de Théodulfe d'Orléans (IXème siècle)

Extrait des poèmes de Théodulfe d'Orléans (IXème siècle)

Extrait du testament de Jean de Lexille (XIVème siècle)

Extrait du testament de Jean de Lexille (XIVème siècle)

Alors, quelle est l’origine du nom « Sarthe » ?

L’hydronyme « Sarthe » s’appuie sur une racine très ancienne, peut-être pré-celtique ; c’est sans doute la même étymologie que « Saar » en Allemagne ou encore que «Serre» dans les Ardennes ou même « Cère » qui naît dans le Cantal. L’origine en serait « sar/ser/sor » voulant dire « cours d’eau », « écoulement ».

Notons que la source à Somsarthe peut se traduire par point haut (source) de la Sarthe.

Une rivière vivante

Il ne s’agit pas ici de montrer tous les éléments qui se sont développés sur et autour du cours d’eau, mais juste d’évoquer l’importance de la rivière dans les activités humaines au travers des âges.

 

La vallée de la Sarthe est fréquentée depuis longtemps puisque diverses découvertes archéologiques indiquent une présence très ancienne. Les interventions de l’INRAP, par exemple, ont ainsi révélé un site moustérien à Fontenay-sur-Vègre (72) qui a été placé entre -60 000 et – 50 000 ans1. Les fouilles menées par Paléotime à la fin de l’année 2012 au Bois de Sirion sur la commune d’Auvers-Le-Hamon (72) proposent une occupation dans la même fourchette chronologique2. Sur la commune du Mans, la découverte du site de «Château-Gaillard », en limite avec Rouillon, a livré du matériel lithique qui pourrait remonter à environ 75 000 ans3. Mais d’autres pièces archéologiques trouvées dans la région de Sablé (72) en prospection permettent de remonter plus loin dans le temps vers -400 000/-300 000.

On verra également s’installer dans les zones très proches de la rivière des ouvrages fortifiés à l’époque protohistorique : Narbonne à Saint-Léonard-des-Bois ou le Chatelier à Saint-Jean-d’Assé.

13 Voivres

Outil paléolithique (Voivres Lès Le Mans)

Outil paléolithique (Voivres Lès Le Mans)

Outil paléolithique (Voivres Lès Le Mans)

Outil paléolithique (Voivres Lès Le Mans)

Outil paléolithique (Voivres Lès Le Mans)

Outil paléolithique (Voivres Lès Le Mans)

La butte de Narbonne à Saint Léonard des Bois

La butte de Narbonne à Saint Léonard des Bois

Le rempart protohistorique de la butte de Narbonne à Saint Léonard des Bois

Le rempart protohistorique de la butte de Narbonne à Saint Léonard des Bois

On ne connaît quasiment rien de l’utilisation de la rivière à l’époque antique, si ce n’est d’hypothétiques passages. Au moyen-âge, la Sarthe permet de contrôler la circulation et on verra des fortifications s’élever aux points stratégiques pour surveiller les divers mouvements. On citera par exemple les châteaux de Fresnay, Beaumont, La Guierche, La Suze, Malicorne ou encore Sablé. Certains seigneurs disposent des droits de pêche sur la rivière et ce jusqu’à l’abolition des privilèges en 1790. On sait aussi par les les miracula d’Ermentaire (IXème siècle) qu’une femme, accompagnant son fils malade, prend le bateau près du Mans pour se rendre en pèlerinage à Saint-Philbert de Grandlieu ; descendant la Sarthe et la Loire, son navire vient aborder au portus de Rezé.

Le site du château de Fresnay sur Sarthe (Xème siècle)

Le site du château de Fresnay sur Sarthe (Xème siècle)

Le site du château de Beaumont sur Sarthe (XIème siècle)

Le site du château de Beaumont sur Sarthe (XIème siècle)

La Suze sur Sarthe en 1695 (implantation d'un château début XIème siècle)

La Suze sur Sarthe en 1695 (implantation d'un château début XIème siècle)

Le site castral de Sablé sur Sarthe (Xème siècle)

Le site castral de Sablé sur Sarthe (Xème siècle)

Ensuite la rivière perd sa fonction stratégique mais reste toujours difficile à franchir. Les ponts sont rares et on passe soit à gué soit par des bacs. De plus la plupart des bateaux de marchandises ne remontent que jusqu’à Malicorne ; là il faut soit continuer le transport par route ou soit décharger pour recharger sur de plus petites embarcations. Jusqu’à la fin du XIXème siècle, entre Le Mans et Sablé seule la ville de La Suze permet de passer le cours d’eau sur un pont. On voit, avec les progrès de la Révolution industrielle, certaines communes faire des demandes pour pourvoir franchir la rivière en sûreté. C’est le cas à Spay à partir de 1880, date à laquelle la commune émet une demande ; elle fut renouvelée lors de la séance du conseil municipal le 14 décembre 1886 et l’agent voyer émet un avis favorable. Dès lors, la construction d’un pont à voie unique pourra commencer. Elle est confiée à l’entreprise Fonteix, rue du Marché aux Porcs au Mans. Les parties métalliques seront sous-traitées à la société Baudet, Donon et Cie de Paris. Les travaux s’achèvent en 1890.

Le site du château de Malicorne et son barrage (dessin de 1695)

Le site du château de Malicorne et son barrage (dessin de 1695)

Le vieux pont de la Suze à la fin du XIXème siècle

Le vieux pont de la Suze à la fin du XIXème siècle

Plan du pont de Spay (fin XIXème siècle)

Plan du pont de Spay (fin XIXème siècle)

On circule depuis longtemps sur la rivière. Mais l’installation des moulins sur la rivière va perturber la circulation à cause de la mise en place des barrages. Vers le milieu du XIXème siècle, des canaux permettront de contourner les difficultés au sud du Mans. Par exemple en 1846 est lancée l’idée d’une construction, entre Fillé et Roézé, qui permettra de contourner les moulins de Fillé et de la Beunêche. Les travaux sont achevés en 1860. Mais le train connaît sa phase de développement et la navigation va commencer à décliner.

L'entrée du canal à Fillé (carte postale ancienne)

L'entrée du canal à Fillé (carte postale ancienne)

Le canal à Roézé

Le canal à Roézé

Canal de Spay (cadastre ancien)

Canal de Spay (cadastre ancien)

L’eau de la rivière sert aussi pour certaines industries comme les tanneries ou encore pour le rouissage du chanvre. Cela n’est pas sans certains désagréments. Ainsi Victor Eugène Ardouin Dumazet (1852-1940), journaliste qui rédige des guides touristiques (Voyage en France), rapporte en 1898 : « Le rouissage est une cause puissante d’insalubrité. Pendant deux mois, la Sarthe et ses affluents roulent une eau noire et nauséabonde ; l’infection est telle que, dans la traversée de la ville du Mans, les quais sont désertés par les promeneurs. Depuis la fin d’août jusqu’au milieu de septembre, le rouissage est en pleine activité, mais l’infection des eaux se prolonge bien souvent pendant les premiers jours d’octobre ».

On pourrait aussi citer les marbreries de Solesmes qui vont connaître un développement important au cours du XIXème siècle. On utilise la rivière à la fois pour la force hydraulique mais aussi pour le transport des blocs de marbre.

Rouissage du chanvre à Juillé

Rouissage du chanvre à Juillé

Moulin à chanvre au Mans

Moulin à chanvre au Mans

Marbrerie de Solesmes

Marbrerie de Solesmes

Tanneries de La Suze

Tanneries de La Suze

Grands moulins de Saint Georges au Mans

Grands moulins de Saint Georges au Mans

Au cours du XXème siècle, le tourisme se développe également. Les Alpes Mancelles commencent à accueillir les touristes. Au Mans, les bains Boulay proposent de se baigner dans la rivière. Les plages apparaissent comme à Noyen par exemple. A Fillé, le moulin devient une zone attractive.

La plage de Fresnay sur Sarthe

La plage de Fresnay sur Sarthe

La plage de Noyen sur Sarthe

La plage de Noyen sur Sarthe

L'hôtel pour touristes à Saint Léonard des Bois

L'hôtel pour touristes à Saint Léonard des Bois

L'hôtel pour touristes à Saint Léonard des Bois

L'hôtel pour touristes à Saint Léonard des Bois

La Sarthe à Moulins le Carbonnel

La Sarthe à Moulins le Carbonnel

La Sarthe à Sougé le Ganelon

La Sarthe à Sougé le Ganelon

La Sarthe à Saint Aubin de Locquenay

La Sarthe à Saint Aubin de Locquenay

La Sarthe à Vivoin

La Sarthe à Vivoin

La Sarthe à Saint Marceau

La Sarthe à Saint Marceau

La Sarthe à Teillé

La Sarthe à Teillé

La Sarthe à Montbizot

La Sarthe à Montbizot

La Sarthe à Sainte Jamme sur Sarthe

La Sarthe à Sainte Jamme sur Sarthe

La Sarthe à Chemiré le Gaudin

La Sarthe à Chemiré le Gaudin

La Sarthe à Fercé sur Sarthe

La Sarthe à Fercé sur Sarthe

La Sarthe à Dureil

La Sarthe à Dureil

La Sarthe à Avoise

La Sarthe à Avoise

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15 mai 2024 3 15 /05 /mai /2024 19:42
Source AD72

Source AD72

Page 1/2

En marge :

Du 24 frimaire

An

9

abandon

de moityé

de l’églize

de Royzé

par Guillaume

Joseph

Moynet

À

Simon

Pierre Blin

Et autres pour 500 frs

N° 36

 

  1. Du vingt quatre frimaire l’an neuf

  2. de la République française une et

  3. indivisible

  4. Devant nous Pierre Louis Garouy notaire

  5. public du département de la Sarthe deumant patanté

  6. dem(euran)t Louplande soussigné,

  7. Fut present Guillaume Joseph Moynet cultivateur dem(euran)t à Royzé

  8. lequel nous a déclaré que par procès verbal d’adjudication

  9. à lui faite au district du Mans en datte du douze fructidor de

  10. l’an quatre il auroit acquis conjointement avec le c(itoy)en Jean

  11. Beunardeau meusnier aud(it) Royzé l’église dud(it) lieu

  12. de laquelle ils n’ont fait aucun partage ; et comme led(it) c(itoy)en

  13. Moynet désire vendre ce jourdhuy et abandonner la moitié

  14. indivise ne ladite églize ainsi que ses pretantions en ycelle

  15. il a par ces presentes de son gré et volonté sans contrainte

  16. fait par simple et revocable abandon de sad(ite) portion dans

  17. lad(ite) églize avec touttes la garantie qui lui en a été donnée

  18. au district et sans autres ; aux citoyens

  19. Simon Pierre Blin Jacques Morillon Issaac de la

  20. Roche et Etienne Chevallier tous cultivateurs

  21. demeurants commune dud(it) Royzé à

  22. ce présents et acceptants acquerants pour eux seullement

  23. la moitié de lad(ite) églize indivise comme dit est circonstances

  24. et dépendances et tel quel se poursuit et comporte sans par

  25. led(it) vandeur en rien retenir ni reparer qu’ils ont dit

  26. bien connoitre et dont ils se sont contantés à

  27. présent et disposeront comme led(it) citoyen vandeur y étoit

  28. fondé et en entreront en jouissance et propriété de ce jour

  29. se rezervant led(it) vandeur la liberté d’avoir dans lad(ite)

  30. églize deux plasces de bancs y compris celuy qui lui apartient

  31. de chacun trois plascesll Et que la porte de lad(ite) églize donnant

  32. sur la cour du prieuré dont il est propriétaire restera

  33. avec son ouverture ordinaire sans qu’on puise la condamner

     

 

Page 2/2

 

  1. au moyen de ce que led(it) vandeur demeurera responsable

  2. des inconvenients qui pouroit intervenir par lad(ite) porte

  3. et sous la même rezerve par led(it) vandeur du droit de

  4. faire batir à la rencontre des murs de lad(ite) églize sur

  5. ses propriétés tels bastiments qu’il jugera necessaire

  6. se pendant sans toles le jour d’icelle ?

  7. maniere ni dommager les murs

  8. La présente vendition ainsi faitte de lad(ite) moitié de

  9. lad(ite) églize circonstances et dépendances auxd(ites)

  10. charges par le vandeur aux acquereurs pour  

  11. et moyenant la somme de principalle de cinq cents

  12. francs en argent valleur metalique laquelle somme

  13. lui a été presentement payée par lesd(its) acquereurs

  14. Dont il les quitte sans rezerve ni recherches

  15. et a consanti qu’il demeure subrogé de tous

  16. ses droits de propriété sous raizon d’icelle et

  17. tels qu’ils sont expliquer sans l’adjudication

  18. ci-dessus dattée qu’il leur a délivré presentem(en)t  

  19. avec les quittances justificatives des payements

  20. Dont acte et jugé tous les établis de leur  

  21. consantement après lecture donnée qu’ils ont dit  

  22. bien entendre fait et arresté audit Royzé lesd(it) jour

  23. et an que dessus presents les citoyens Louis Chaumier  

  24. et François Benoist tisserans dem(euran)ts aud(it) Louplande

  25. témoins requis et appellés soussignés avec nous

  26. et lesd(ites) parties ne signent enquises fors les soussignés  

  27. les mots quatre à ladite et abandon comme bons

  28. ll sans restribution Rayé trois lignes et onze mots

  29. ou sillabes nuls

  30. [signatures] J. Moynet, S Pierre Belin

  31. E. Chevallier, I. de Laroche

  32. F. Benoist, J. Morillon, Garouy

L'église de Roézé (carte postale ancienne)

L'église de Roézé (carte postale ancienne)

Quelques informations :

L’église de Roézé, sous le vocable de saint Pierre, relevait de l’abbaye de la Couture au Mans qui l’aurait reçue par un don de Lon, seigneur de Roézé, sans doute dans le second quart du XIème siècle. Mais l’étude archéologique des appareillages de la nef romane laisse à penser que l’édifice aurait été construit lors du dernier quart du Xème siècle ou au début du XIème siècle. Les dessins réalisés avant l’importante phase de travaux de la dernière décennie du XIXème siècle, montrent quatre fenêtres hautes reliées par un cordon mouluré sur le mur gouttereau nord ; cet élément architectural se trouve en général sur des bâtiments construits à la charnière des Xème et XIème siècles. Quant à la massive tour-clocher, elle serait plutôt du XIIème siècle. On retrouvera également des éléments du portail roman, sans doute d’une seconde phase, dans les contreforts de la façade ouest.

Eglise de Roézé; mur gouttereau nord d'époque romane (charnière Xè/XIè s.)

Eglise de Roézé; mur gouttereau nord d'époque romane (charnière Xè/XIè s.)

Eglise de Roézé; tour-clocher (XIIè s.)

Eglise de Roézé; tour-clocher (XIIè s.)

Eglise de Rozé; élément de l'ancien portail roman

Eglise de Rozé; élément de l'ancien portail roman

Extrait du cartulaire de La Couture (copie du XIIIè s.)

Extrait du cartulaire de La Couture (copie du XIIIè s.)

Prieuré de Roézé (carte postale ancienne)

Prieuré de Roézé (carte postale ancienne)

Dès le début de la Révolution Française, c’est à dire en novembre 1789, les biens de l’Église sont mis en vente pour combler les dettes de l’État. Il s’agit de vendre aussi bien les objets meubles que les biens immobiliers. Ainsi en juin 1794, sont mis en vente les ornements liturgiques de la paroisse de Roézé. Quant au bâtiment lui-même, un état avant vente de 1795 indique que la couverture de l’église est percée de trous et que les trois quarts des ardoises sont pourries. C’est alors Jacques Cosset, maréchal au bourg de Roézé, qui prend le bail de l’église et du cimetière attenant.

Puis l’église est vendue en 1796 conjointement à Joseph Moynet, cultivateur, et à Jean Beunardeau, meunier.

 

D’autres biens appartenant à l’Église avaient également été vendus : le moulin de Roézé acquis par Jean Beusnardeau, la métairie du Bordage adjugée à Charles Trudelle, les deux métairies de la Courbe pour Anne Joseph Daniel de Vauguyon, la métairie de Saint Fraimbault à Louis Marie Daniel de Beauvais, la métairie de la Coudre à Alexandre Brossard, la métairie des Roudières à Levasseur, le bordage de la Forêt à René Poirier, la métairie du Creulet à Thibault René Levasseur, la métairie de la Lisambardière à Pierre Moinet, la métairie du Port à Jean Boyeau, la maison de la Grande Fabrique à Marin Bouttier, la maison de la Petite fabrique à Michel Barbier, le bordage de la Blinerie à Godefroy Lenoir, le bordage du Pont de l’Orne à Marin Bouttier, le bordage de la Herengère à Pierre Rocher.

Cadastre 1843 section G3 (source AD72)

Cadastre 1843 section G3 (source AD72)

Vue aérienne de Roézé (carte postale ancienne)

Vue aérienne de Roézé (carte postale ancienne)

Pour ceux qui souhaitent avoir plus de précisions, on peut lire l’ouvrage de François Garnier, Roëzé-sur-Sarthe, Grand et petites histoire d’un village du Maine, publié en 2021.

Vente de l'église de Roezé en 1800
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25 avril 2024 4 25 /04 /avril /2024 12:49

La tradition populaire locale veut que Gilles de Rais ait résidé à La Suze. On appelle d’ailleurs le château de La Suze « château de Barbe Bleue » ; la tradition dit également que des crânes et des instruments de torture y auraient été découverts. Qu’en est-il réellement ?

Carte postale ancienne

Carte postale ancienne

Voyons d’abord qui était Gilles de Rais. Né en 1404 ou 1405 de Guy II de Laval et de Marie de Craon, il devient orphelin à dix ans et est élevé avec son frère René par son grand-père, Jean de Craon, seigneur de La Suze. Il se dit d’ailleurs que c’est l’éducation malsaine inculquée par ce grand-père à ses petits-fils qui aurait joué sur le comportement de Gilles.

Portrait imaginaire peint par Eloi Firmin Féron en 1834

Portrait imaginaire peint par Eloi Firmin Féron en 1834

En 1422, il épouse Catherine de Thouars, sa cousine. Puis il participe activement à la guerre de Cent-Ans en combattant les Anglais aux côtés de Jeanne d’Arc. Après la mort de celle-ci en 1431, Gilles de Rais se retire sur ses terres. Très vite il s’endette pour assouvir ses goûts mégalomaniaques et se renferme sur lui-même. Il mène diverses actions pour récupérer certains de ses biens. C’est d’ailleurs à ce titre qu’il s’attire les foudres du clergé en n’hésitant pas à entrer dans les églises les armes à la main et en menaçant les curés. C’est à la suite de l’enquête de 1440 par l’évêque de Nantes sur ce sacrilège qu’apparaissent les premiers témoignages sur les actes commis par Gilles de Rais.

Témoignage recueilli lors du procès

Témoignage recueilli lors du procès

Témoignage recueilli lors du procès

Témoignage recueilli lors du procès

On l’accuse d’avoir fait disparaître une centaine d’enfants et d’adolescents, mais aussi de pratiquer la magie et de pactiser avec le diable. Il est arrêté le 15 septembre 1440, jugé en procès ecclésiastique entre les 8 et 25 octobre 1440. Le 26 octobre, il est exécuté avec certains de ses complices.

Exécution de Gilles de Rais (source BNF)

Exécution de Gilles de Rais (source BNF)

Pour comprendre le comportement de Gilles de Rais, on peut lire l’article de Nicolas Brémaud, Les crimes de Gilles de Rais. Le sadisme dans la psychose, L’en-je lacanien, 2007 (https://www.cairn.info/revue-l-en-je-lacanien-2007-1-page-53.htm)

L’ouvrage, certes ancien (1886), de l’abbé Eugène Bossard, Gilles de Rais, maréchal de France dit Barbe-Bleue, est consultable en ligne : https://fr.m.wikisource.org/wiki/Gilles_de_Rais_dit_Barbe-Bleue

D’où vient cette tradition sur la présence de Gilles de Rais à La Suze ?

Tout d’abord, nous l’avons vu, les seigneurs de La Suze sont de la même famille que celle de Gilles de Rais. En 1432, Jean de Craon meurt. Il était seigneur de La Suze ; la seigneurie passe alors à René de Rais, frère de Gilles. On dit parfois que Gilles eut une partie de la seigneurie de La Suze, mais nous n’en avons pas trouvé de preuves.

Il est vrai cependant que Gilles de Rais est passé en notre région lors de la guerre de Cent-Ans. Ainsi il fait le siège de diverses garnisons au Lude ou encore à Malicorne, sans doute en 1427.

 

Le deuxième point est la clé de l’énigme. Selon les pièces du dossier du procès de Gilles de Rais, il existe un hôtel de La Suze appartenant à Jean de Craon puis légué Gilles  en 1432 et dans lequel furent trouvés des ossements humains. Mais cet hôtel particulier se situe à Nantes, paroisse Notre-Dame. C’était un bâtiment richement décoré qui n’était pas sans faire de l’ombre au château des ducs de Bretagne. On y trouvait également une riche chapelle dotée d’une vingtaine de clercs. En 1495, la duchesse Anne de Bretagne en fit le siège de la Chambre des Comptes ; mais il ne servira jamais à cet effet et restera à l’abandon. Il ne sera vendu qu’en 1543 à la famille Le Frère puis de la Tuillaye (voir l’article de Héloïse Ménard paru en 2001 : https://journals.openedition.org/abpo/1690?file=1).

C’est au 19ème siècle que semble s’établir la confusion entre La Suze (72) et l’hôtel de La Suze à Nantes. On trouvera ainsi cette explication dans la célèbre « Histoire de France » de Jules Michelet publiée en 1841, ouvrage dans lequel il signale la présence d’ossements au château de La Suze. Il n’en fallait pas plus pour que certains comprennent qu’il s’agissait du château de La Suze dans le département de la Sarthe.

 

Le temps, la légende, les confusions et la vox populi ont fait un amalgame dont s’est emparée la ville de La Suze en Sarthe.

On peut lire sur plusieurs sites Internet, mais également dans divers articles, cette histoire des restes humains découverts au château de La Suze (72). On sait maintenant que ce n’est qu’une légende issue d’une mauvaise lecture des documents.

Carte postale ancienne

Carte postale ancienne

Voici une liste d'extraits de documents qui permet de visualiser la confusion entre l'hôtel de La Suze à Nantes et La Suze (72) :


 

Avant 1440, Archives Départementales de la Loire-Atlantique

Vente par Gilles de Retz au chapitre de Notre-Dame, de Nantes, d'une rente de 40 livres à prendre sur l'hôtel de la Suze, pour 424 écus

 

1768, Expilly, Dictionnaire géographique, historique et politique des Gaules et de la France, Volume 5, p.33

Le palais de la cour-souveraine de la chambre des comptes de Bretagne. Après diverses variations, cette cour fut fixée à Nantes, dans la maison de Montfort, autrement dite de la Suze, qui avoit été confisquée au profit du duc François II par l'arrêt rendu le 25 octobre 1440 contre le maréchal Gilles de Retz, st dont ce dernier avoit hérité, quelques années auparavant par le décès de son oncle, le sire de la Suze.

 

1825, Le Lycée Armoricain, Cinquième volume, p. 610

Suivez-moi maintenant dans la rue Notre-Dame, et visitons l’hôtel de La Suze. Quoi ! vous ne frémissez pas ? Songez-donc que ce fut la demeure de ce fameux Gilles de Retz, de ce grand coupable, qui, sous le nom de Barbe-Bleue, vous a tant fait trembler dans votre enfance.


 

1841, Jules Michelet, Histoire de France jusqu’au XVIème siècle, Nouvelle Edition, Tome 5, p. 211

On trouva dans la tour de Chantocé une pleine tonne d’ossements calcinés, des os d’enfants en tel nombre qu’on présuma qu’il pouvait y en avoir une quarantaine. On en trouva également dans les latrines du château de La Suze, dans d’autres lieux, partout où il avait passé. Partout il fallait qu’il tuât … On porte à cent quarante le nombre d’enfants qu’avait égorgés la bête d’extermination.

Gilles de Rais et le château de "Barbe-Bleue" à La Suze (72)

1844, La Bretagne ancienne et moderne, p. 481

On trouva dans les souterrains de Tiffauges, dans la tour de Chantocé, dans les latrines du château de la Suze, les cadavres ou les squelettes de cent quarante enfants massacrés et flétris

 

1844, Aristide Mathieu Guilbert Histoire des Villes de France, p. 267

Ses châteaux de Machecoul, de Tiffauges, son hôtel de La Suze, à Nantes, étaient devenus d’infernales officines dont personne n’osait s’approcher …

 

1846, Leitch Ritchie, The magician, The parlour Novelist, p. 278

My lord” said Andrew, who could no longer whitold, “after taking your instructions regarding certain bales, furnished by Jacquin Houpelande, the arrival of which at the Hôtel de La Suze I am come to announce, the young man, if so please you, can proceed to Nantes with me”. Gilles de retz stood all this while glaring at the scholar, with a mixture of surprise and indignation in his feelings to which he thought it beneath his dignity to give vent.

 

1846, Antoine Eugene de Genoude, Histoire de France, Tome X,  p. 33

On trouva dans la tour de Chantocé une pleine tonne d’ossements calcinés, des os d’enfants en tel nombre qu’on présuma qu’il pouvait y en avoir une quarantaine. On en trouva également dans les latrines du château de La Suze, dans d’autres lieux, partout où il avait passé. Partout il fallait qu’il tuât … On porte à cent quarante le nombre d’enfants qu’avait égorgés la bête d’extermination.


 

 

1853, Pierre Dufour, Histoire de la prostitution chez tous les peuples du Monde, p. 325

On trouva , dans les souterrains de Chantocé, de La Suze, d’Ingrandes, etc. les ossements calcinés et les cendres des enfants que le maréchal de Retz avait assassinés, après avoir abusé d’eux.

 

1854, Stendhal, Mémoire d’un touriste, p. 336

Ces sacrifices humains avaient eu lieu dans les châteaux de Machecoul, de Chantocé, de Tiffauges, appartenant au maréchal ; dans son hôtel de La Suze à Nantes, et dans la plupart des villes où il promenait sa cour.

 

1855, Victor Adolfe Malte-Brun, Auguste-Henri Dufour, La France illustrée: geographie, histoire, administration et statistique, p. ?

On en trouva également dans les latrines du château de la Suze, dans d'autres lieux, partout où il avait passé. Partout il fallait qu'il

 

1857, Henri Martin, Histoire de France, Tome VI, Quatrième Edition, p. 397

On trouva les ossements de cent quarante enfants dans les tours et dans les puits de Chantocé, de La Suze et dans d’autres châteaux du maréchal de Retz.

 

1858, Revue Archéologique, p. 731

On trouva dans les souterrains de Tiffauges, dans les châteaux de Machecoul, de Chantocé, de la Suze, les cadavres ou les squelettes de cent quarante enfants, massacrés après avoir été honteusement flétris

 

1861, Jules Michelet, Histoire de France, Nouvelle Édition, Tome 5, p. 196-197

On trouva dans la tour de Chantocé une pleine tonne d’ossements calcinés, des os d’enfants en tel nombre qu’on présuma qu’il pouvait y en avoir une quarantaine. On en trouva également dans les latrines du château de La Suze, dans d’autres lieux, partout où il avait passé. Partout il fallait qu’il tuât … On porte à cent quarante le nombre d’enfants qu’avait égorgés la bête d’extermination.

Carte postale ancienne

Carte postale ancienne

1862, Bulletin de la Société Archéologique de Nantes, Tome second, p. 224

C’est aussi le 30 mai suivant [1434] que le chapitre de N.-D. acquit de Gilles de Rays, chevalier, seigneur de Rays et de Pouzauges, maréchal de France, quarante livres de rente sur la maison de La Suze, paroisse de N.-D et de Saint-Vincent, pour la somme de cent vingt-quatre écus d’or, en paiement desquels furent comptés deux cent quarante-trois écus d’or vieux et de bon poids, pesant ensemble trois marcs six onces et demi d’or, et deux cent vingt-cinq livres monnaie courante.

 

1881, Paul Le Coustour, Ballades et légendes Bretonnes: accompagnées de notices historique, p. 243

dans les latrines du château de la Suze (Sarthe), les cadavres ou les squelettes de cent quarante enfants massacrés et flétris

 

1886, Eugène Bossard, Gilles de Rais, maréchal de France: dit Barbe-Bleue (1404-1440), p. 211

On trouva dans les souterrains de Tiffauges, dans la tour de Chantocé, dans les latrines de La Suze, les cadavres ou les squelettes de cent quarante enfants, massacrés ou flétris.

 

1886, Revue de l’Anjou, p. 31

Sur les bords de l'Erdre, à Nantes, on montre encore une maison qu'on appelle le château de Barbe-Bleue. C'est l'emplacement de son ancien hôtel de la Suze.

 

1908, Bulletins et mémoires de la Société d'anthropologie de Paris, p. 490

Quand Gilles de Rais fut condamné par la Religion catholique, comme pour sa compagne Jeanne d'Arc , il se fit autour de son nom des Légendes ...
On en trouva également dans les latrines du château de la Suze, à Nantes, à Rais, à Tiffauges, à Machecoul, partout où Gilles de Rais avait passé. On évalue à 149 les enfants égorgés, sans compter un nombre illimité de femmes, dont cent,

 

Carte postale ancienne

Carte postale ancienne


 

1908, Francesco Protonotari, Nuova antologia, p. 676

Egli si chiamava Gilles de Retz, della casa di Lavai, della stirpe dei duchi ...  il suo palazzo de la Suze, a Nantes, superava di molto, per il suo fasto

 

1911, Ernest Lavisse, Histoire de France illustrée depuis les origines jusqu'à la révolution, p. 183

Au moins cent quarante enfants des deux sexes furent ainsi introduits dans les  châteaux de Tiffauges, de Machecoul, de la Suze,

 

1994, Michèle Brocard, Catherine Marçais, Anne de Chypre, duchesse de Savoie 1418-1462, p. 122

A Champtocé fut trouvée une quantité prodigieuse d’ossements calcinés, l’équivalent de quarante enfants. D’autres débris gisaient également dans les latrines du château de La Suze.

Sceau de Gilles de Rais (source AD44)

Sceau de Gilles de Rais (source AD44)

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3 avril 2024 3 03 /04 /avril /2024 13:46

L'église de Fillé (72) est dédiée à Saint Martin de Vertou et sa première mention apparaît en 1233 dans le cartulaire de la Couture (Ecclesiam de Filleio). C’est un bâtiment aux éléments architecturaux hétéroclites allant du XIème siècle au XXème siècle. Les traces les plus anciennes du bâtiment sont visibles sur le pignon ouest et correspondent à un appareillage que l’on peut sans doute placer au XIème siècle ou au XIIème siècle. Le chevet avec ses trois contreforts est plutôt du XIIIème siècle. On sait que vers 1735 les habitants sont convoqués car la fabrique doit refaire la pointe du pignon qui menace de s’écrouler. Puis la Libération de 1944 a provoqué un grave incendie; les troupes américaines ont tiré sur le clocher pour y déloger d’éventuels soldats allemands. L’édifice a alors entièrement brûlé.

 

 

La Vierge à l'Enfant de l'église de Fillé (Sarthe)
La Vierge à l'Enfant de l'église de Fillé (Sarthe)
Extrait cadastral de 1844 avec l'ancien presbytère à droite de l'église et le cimetière au devant de l'église.

Extrait cadastral de 1844 avec l'ancien presbytère à droite de l'église et le cimetière au devant de l'église.

Le chevet avec les classiques trois contreforts (XIIIème siècle)

Le chevet avec les classiques trois contreforts (XIIIème siècle)

Appareillage roman sur le pignon ouest.

Appareillage roman sur le pignon ouest.

Source : AD72

Source : AD72

L'église de Fillé après l'incendie d'août 1944 (cliché Gaignon).

L'église de Fillé après l'incendie d'août 1944 (cliché Gaignon).

La statue qui nous intéresse ici a réussi à passer au travers de ces destructions. Il s'agit d'une Vierge à l'Enfant en terre cuite d’une hauteur de 1,30 m. et qui a été classée le 16 juillet 1908. On sait qu’en 1761 il existait un autel de la Vierge, mais nous n’avons pas pour le moment trouvé de document attestant la présence de cette terre cuite au XVIIème siècle dans l’église. Il est cependant tentant de penser qu’une œuvre d’une telle qualité soit issue d’un don fait par un personnage riche. Or à cette époque à Fillé, le personnage de haut rang est Jean Leboindre, bourgeois du Maine, conseiller au Parlement de Paris, entre 1647 et 1651, puis exilé en province au moment de la Fronde. Il revient à Fillé dans les années 1650 pour s’occuper de son domaine du Gros Chesnay.

La Vierge à l'Enfant de l'église de Fillé (Sarthe)
La Vierge à l'Enfant de l'église de Fillé (Sarthe)
La Vierge à l'Enfant de l'église de Fillé (Sarthe)
La Vierge à l'Enfant de l'église de Fillé (Sarthe)
La Vierge à l'Enfant de l'église de Fillé (Sarthe)

On peut, sans modestie aucune, parler de véritable œuvre d’art. Elle est attribuée à Charles Hoyau, sculpteur décédé en 1644. On sait peu de choses sur lui mais on reconnaît dans plusieurs œuvres du Maine son savoir faire. Plusieurs de ses sculptures, dont certaines sont signées, se trouvent encore dans la Sarthe : la plus célèbre d’entre elles est la Sainte Cécile jouant de l’Orgue et visible dans la cathédrale du Mans. Mais on rencontre d’autres statues à Cérans-Foulletourte, La Flèche, Marolles-les-Braults, etc.

Pour de plus amples renseignements sur la statuaire en terre cuite du Maine, il est conseillé de se rendre sur le site "Sculptures en terre cuite du Maine".

Sainte Cécile (cathédrale du Mans)

Sainte Cécile (cathédrale du Mans)

Sainte Cécile, détail (cathédrale du Mans)

Sainte Cécile, détail (cathédrale du Mans)

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13 mars 2024 3 13 /03 /mars /2024 19:57

Nous reprenons ici une information de l'Association Racines et Patrimoine basée à Mézeray (Sarthe). En effet celle-ci se lance dans un ambitieux projet portant sur la préservation de la race de la poularde de Mézeray.

Les objectifs de ce projet
- Participer à la sauvegarde d’une poule de race ancienne.
- Promouvoir son origine de Mézeray au sein de la Communauté de Communes du Val de Sarthe, en France et à l’étranger.
- Promouvoir le patrimoine vivant de notre commune.
- Mettre en place, pour les enfants des écoles, des ateliers lecture.
- Motiver et aider de jeunes éleveurs pour qu’ils s’engagent dans cet élevage.

 

La poule de Mézeray

Un ouvrage va être édité sur le sujet (voir le document ci-dessous).

Voir également le site https://www.mezeraypatrimoine.fr/ 

La poule de Mézeray
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9 mars 2024 6 09 /03 /mars /2024 21:48
Le château de La Sauvagère à Chemiré le Gaudin (72)

Avant d’arriver à Chemiré le Gaudin (72), sur la droite de la route qui vient du Mans, le château de la Sauvagère domine la vallée du Renom et le bourg. La zone est occupée dès l’Antiquité comme le prouvent divers enclos repérés dans ce secteur géographique.

Carte posdtale ancienne avec le bourg de Chemiré le Gaudin et la Sauvagère au fond.

Carte posdtale ancienne avec le bourg de Chemiré le Gaudin et la Sauvagère au fond.

La terre de la Sauvagère est citée pour la première fois vers 1225/1240 comme étant le logis de Nicolas du Désert1, lequel fut inhumé dans l’église de Chemiré au devant de l’autel saint Michel. L’étude des photographies aériennes et des cadastres anciens ne semblent pas laisser paraître de structures plus anciennes du type motte castrale.

C’est peut-être de cette époque que datent les parties les plus anciennes de l’édifice. En effet, on peut voir dans les caves du château une porte en arc brisée qui n’est pas sans rappeler les portes du logis médiéval de la Perrière à Voivres.

1La Province du Maine, N°42, 1845, p. 3

Porte médiévale à la Sauvagère

Porte médiévale à la Sauvagère

Puis en 1392, la terre appartient à Guillaume du Désert, chanoine de la cathédrale du Mans, petit-fils de Nicolas1. Il décède en 1396 et fut inhumé comme d’autres membres de sa famille devant l’autel saint Michel. C’est sans doute depuis cette époque qu’existe un banc de la Sauvagère dans l’église de Chemiré. Le domaine passe alors à Jean Didon et Guillaume Goupil.

La chapelle du château aurait été fondée en 1443 selon André Latron2. Elle sera ensuite reprise plusieurs fois. Mais la chapelle installée dans un des deux pavillons d’entrée n’est peut-être pas celle du XVème siècle.

1F. LEGEAY, Recherches historiques sur Chemiré-le-Gaudin, Bulletin de la société d’agriculture sciences et arts de la Sarthe, 1885, p. 52

2A. Latron, Les chapelles de châteaux et manoirs dans le Maine, La Province du Maine, 1995, p. 229

La chapelle (au premier plan) et l'aile nord (au fond)

La chapelle (au premier plan) et l'aile nord (au fond)

Le clocheton de la chapelle

Le clocheton de la chapelle

Le lambris peint de la voute de la chapelle

Le lambris peint de la voute de la chapelle

Le lambris de la chapelle

Le lambris de la chapelle

On trouve ensuite en 1458 une déclaration faite par Martin Talluet concernant le domaine de la Sauvagère qu’il a acquit sans doute par sa femme, Jeanne Goupil.

En 1512, Mathurin Talluet, fils de Martin, « rachète partie de la Maison et du Domaine de la Sauvagère à Pierre Trouillart qui les avait précédemment acquis dudit Talluet par contrat à grâce et qu’il y avait lésion ». Puis Perrine Talluet, fille de Mathurin épouse Thibault Teillay apportant ainsi la Sauvagère dans cette famille.

Le 4 juin 1561, le domaine est vendu à Charles Le Vayer, sieur de la Timonière, avocat manceau. Dès lors, une nouvelle époque commence pour le château.

Cette célèbre famille du Maine est également présente à Chemiré avec Philibert Le Vayer, sieur de Lignerolles, écuyer, capitaine de cinquante hommes d’armes, gentilhomme ordinaire du duc d’Anjou, qui devient en 1567 seigneur de Belle Fille, Athenay et Chemiré le Gaudin.

C’est Charles Le Vayer avec son épouse Françoise Dagues qui fait construire le portail d’honneur et, probablement, la grande allée qui va rejoindre la route du Mans. Ce portail, classé Monument Historique, joue sur l’alternance des pierres sombres de roussard et du calcaire clair de Bernay. On retrouve ce type de décor sur la porte d’entrée de la Maison ainsi que sur la porte de l’autre façade. C’est aussi de cette époque que date un écusson de pierre au-dessus de la fenêtre représentant les armes des Le Vayer.

On remarquera à l’intérieur du château le magnifique escalier de bois sans doute installé par les Le Vayer.

Le portail d'accès au château

Le portail d'accès au château

La grande allée qui rejoignait la route (cadastre 1843)

La grande allée qui rejoignait la route (cadastre 1843)

Le grand escalier en bois (XVIIème siècle)

Le grand escalier en bois (XVIIème siècle)

L'accès au logis (côté est)

L'accès au logis (côté est)

L'accès au logis (côté ouest)

L'accès au logis (côté ouest)

C'est en 1618, après jugement réglant partage de succession entre François Le Vayer, lieutenant général en la sénéchaussée du Maine, et Pierre Le Vayer, sieur de la Chevalerie, conseiller en l'élection du Mans, son frère que les terres de la Sauvagère, Champfleury et Béchereau reviennent à ce dernier. Avec son épouse Anne Hubert (ou de Hébert) et leur fils Denis ils font sans doute construire l’aile actuelle du château. Ce sont eux qui font faire la décoration armoriée de la voûte de la chapelle. Et on leur doit sans doute les quatre lucarnes du deuxième étage de la partie centrale du château et les lanternons sur les deux tours de la cour d’honneur.

L'aile nord

L'aile nord

L'aile nord (côté cour)

L'aile nord (côté cour)

En 1642 Denis Le Vayer, Conseiller du Roi en sa cour des Aides à Paris, épouse Elisabeth de La Rivière. La décoration du grand salon reprend leurs initiales « DLV » et « EDLR » comme motifs de décoration.

Le plafond décoré (XVIIème siècle) du grand salon

Le plafond décoré (XVIIème siècle) du grand salon

En 1691, le domaine de la Sauvagère passe dans la famille de Seguin. Puis il est vendu en 1716 à François de Maurepas qui le revend vers 1735 à Bon de Jupilles. La décoration du petit salon, de pur style régence, date probablement de cette époque ainsi que la plupart des cheminées actuelles du château.

Puis en 1755, Jean Baptiste de Jupilles vend le domaine à Etienne de Monceaux. Sa fille Marie-Anne va épouser en 1760 Jean Etienne Rivault. Le château restera dans cette famille jusqu’en 1829, date à laquelle il passe dans les biens de la famille de Tilly.

En 1831, Marie Madeleine Aimée de Tilly épouse Alexandre Edouard de Sarcé, par ailleurs seigneur de Belle Fille à Chemiré le Gaudin. Le domaine reste aux de Sarcé jusqu’en 1920, c'est-à-dire jusqu’à la vente faite à Jean Marie de Montesson qui cède l’année suivante le château (amputé de son allée, de ses terres agricoles et des bois du Belvédère), à Charlotte Cuirblanc.

Le 22 février 1937, Lucien Trouvé et son épouse Suzanne Bodereau acquièrent la Sauvagère puis une partie des bois du Belvédère ainsi que les terres de Béchereau et de Bellefille. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, ils accueillent dans l’aile du château la Croix Rouge Française qui y établit des dortoirs et des salles communes pour quarante jeunes réfugiées brestoises. Viennent aussi se cacher à la Sauvagère des personnes de confession juive et des réfractaires du Service du Travail Obligatoire en Allemagne.

Le 24 mai 1968, la SCI La Sauvagère, dont les associés sont alors Madeleine Trouvé, Pierre Trouvé et Yvette Trouvé, fait don du château à l’Hôpital Hospice de Sablé-sur Sarthe, avec l'obligation morale d’y perpétuer une œuvre sociale et apolitique de jeunes.

Le 8 septembre 2000, l’Hôpital Hospice de Sablé sur Sarthe, devenu Pôle Santé Sarthe et Loir, cesse d'exploiter le domaine. Il le loue pour cinquante ans à l’un des descendants de la famille des donateurs, Jean François Coué-Trouvé qui en fera l’acquisition en 2007 lors de sa mise en vente à la bougie.

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Cassini (1765)

Carte de Cassini (1765)

Cadastre 1809

Cadastre 1809

Cadastre 1843

Cadastre 1843

Il faut également noter le présence d’un belvédère, à priori édifié en 17451, à quelques centaines de mètres du château et sur les hauteurs. Il est malheureusement en mauvais et l’intérieur a été dégradé par des tirs au fusil de chasse.

1F. LEGEAY, Recherches historiques sur Chemiré-le-Gaudin, Bulletin de la société d’agriculture sciences et arts de la Sarthe, 1885, p. 52

Carte postale montrant le belvédère (début XXème siècle)

Carte postale montrant le belvédère (début XXème siècle)

Le belvédère de nos jours

Le belvédère de nos jours

L'intérieur du belvédère

L'intérieur du belvédère

Une vidéo sur la Sauvagère https://www.youtube.com/watch?v=6lM4WsZ7CvI

Le logis de la Sauvagère au début du XXème siècle

Le logis de la Sauvagère au début du XXème siècle

Le logis de la Sauvagère au XXIème siècle

Le logis de la Sauvagère au XXIème siècle

La cour de la Sauvagère

La cour de la Sauvagère

Le cadran solaire de la Sauvagère

Le cadran solaire de la Sauvagère

Les deux clochetons des pavillons sud et nord

Les deux clochetons des pavillons sud et nord

Le clocheton du pavillon nord

Le clocheton du pavillon nord

Les communs de la Sauvagère

Les communs de la Sauvagère

Le château de La Sauvagère à Chemiré le Gaudin (72)
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3 mars 2024 7 03 /03 /mars /2024 12:22

La métairie de la Livardière à Fillé sur Sarthe (Sarthe)

 

1676 : Pierre Paigeot, marchand demeurant au château du Grochenay, procureur de Jean Leboindre (conseiller au Parlement, seigneur du Grochenay, Fillé, Spay, Buffes, la Beunêche et autres lieux) passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Pierre Benoist, laboureur.

Le locataire doit payer 200 livres par an.

 

Laboureur (n. m.) : Terme qui revient très fréquemment dans la région de La Suze alors que le mot « métayer » est peu utilisé. Le laboureur est un exploitant agricole qui est plus important que le bordager ; il exploite une métairie.

 

Métairie (n. f.) : grosse ferme exploitée par un métayer ; elle est plus importante qu’un bordage. Dans la région de La Suze, ce n’est pas le faire-valoir qui différencie une métairie d’un bordage mais plutôt la superficie, la métairie occupant une plus grande superficie.

Acte de bail de 1676 (Source AD72)

Acte de bail de 1676 (Source AD72)

1693 : Françoise Bechefert, veuve de monsieur Leboindre (doyen au Parlement, seigneur du Grochenay et autres lieux) demeurant à Paris paroisse de St Sulpice, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Jean Blanchard, laboureur.

Le locataire doit payer 200 livres par an et fournir 1 couple de chapons paillés à la Toussaint portés au château du Grochenay.


 

1735 : Marie Françoise Catherine Doujat, femme de Jean Baptiste Leboindre (conseiller en la grande chambre du Parlement de Paris, chevalier, seigneur du Gros Chesnay, Buffes, Spay, Fillé, la Beunêche, Vauguion et autres lieux), demeurant à Paris rue et cul de sac Saint Dominique quartier Saint Michel paroisse Saint Jacques du Haut Pas, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Pierre Tuffière, laboureur.

Le locataire doit payer 160 livres par an. Il doit fournir 6 bonnes poulardes grasses à Noël rendues au château du Gros Chesnay.


 

1741 : Jean Joseph Leboindre, chevalier, baron de la Beunêche, seigneur du Grochenay, Buffes, Spay, Fillé, Vauguyon et autres lieux, conseiller au Parlement, demeurant rue St Dominique, quartier St Michel, paroisse St Jacques du Haut Pas, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Pierre Tuffière, laboureur.

Le locataire doit payer 165 livres par an et fournir 6 bonnes poulardes grasses à Noël, 8 livres de beurre frais, 1 charrois au Mans.

 

La livardière et son environnement (carte de Cassini, 1765)

La livardière et son environnement (carte de Cassini, 1765)

1748 : Jean Joseph Leboindre, chevalier, seigneur de Vauguyon, Grochenay, Buffes, Spay, Fillé, Guécélard, Roézé et autres lieux, conseiller du roi au Parlement, demeurant à Paris rue St Dominique paroisse St Jacques du Haut Pas, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Pierre Tuffière, laboureur.

Le locataire doit payer 160 livres par an et fournir six bonnes poulardes grasses à Noël.


 

1754 : Jean Joseph Leboindre, baron de la Beunêche, seigneur de Vauguyon, Buffes, Grochenay, Spay, Fillé, Guécélard, Roézé et autres lieux, conseiller au Parlement, demeurant rue St Dominique quartier St Michel paroisse St Jacques du haut, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Pierre Tuffière.

Le locataire doit payer 175 livres par an et fournir 6 bonnes poulardes grasses à Noël.


 

1762 : Louis François Daniel de Beauvais écuyer seigneur de Grochenay, Buffes, Spay, Fillé, Vauguyon, La Beuneiche et autres lieux,  demeurant ville du Mans paroisse St Nicolas, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Pierre Tuffière.

Le locataire doit payer par an 170 livres et fournir 1 oie grasse et 4 poulardes grasses à Noël, 6 livres de beurre frais et 1 charrois au Mans.

Carte de Cassini, 1765

Carte de Cassini, 1765

1777 : description des terres de la Livardière

 : 21

LIEU DIT : La Livardière

TYPE : Métairie

SUPERFICIE : 4067.72 ares

ORGANISATION INTERNE :

63.5 journaux = bâtiments, cours, jardin, terres labourables, pâturages

18 hommées de prés

QUALITE DES FONDS : mauvais et médiocre

VALEUR TOTALE : 173 livres 5 sols

PROPRIETAIRE : De BEAUVAIS

RESIDENCE : Le Mans

PROFESSION : Noble

LOCATAIRE : Pierre TUFFIERE

PROFESSION : Métayer

 

 

 

 

 

1794 : La citoyenne Marthe Plumard veuve de feu Louis François Daniel de Beauvais demeurant ville du Mans baille au citoyen René Mauboussin cultivateur la métairie de la Livardière.

Le locataire doit payer par an 432 livres et fournir 4 poulets, 4 poulardes grasses, 1 oie grasse, 20 livres de beurre, 3 charrois au Mans.


 

1801 : Marthe Plumard, veuve de Louis François Daniel de Beauvais et demeurant Ste Croix Les Le Mans, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à René Mauboussin, cultivateur.

Le locataire doit payer 432,50 francs par an. Il doit aussi faire 3 charrois jusqu’au Mans ; il doit fournir 4 poulets, 4 poulardes grasses, 1 oie grasse, 30 livres de beurre.

Cadastre, 1810

Cadastre, 1810

Cadastre 1844

Cadastre 1844

1832 : La métairie de la Livardière, située communes de Fillé-Guécelard et Voivres, sur le bord de la grande route du Mans à la Suze, faite valoir par le sieur Mauboussin, composée de bons bâtiments, de 46 journaux de terre labourable, 20 hommées de pré, 4 journaux de pâture, cours et jardins, est à vendre.

Vue aérienne (1949)

Vue aérienne (1949)

Vue aérienne après l'implantation des carrières (cliché de 1990)

Vue aérienne après l'implantation des carrières (cliché de 1990)

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26 février 2024 1 26 /02 /février /2024 18:53

Le même jour [21] de juillet 1592, maître François Champion lui vivant
Lieutenant de La Flèche a été inhumé dans l’église de céans
Présents Jacques Mallemouche, Maurice Desforges et plusieurs autres
Et a été amené mort de la ville du Mans

Le 2ème jour dudit mois et an susdit [janvier 1593] mourut noble
Pierre de Hardy sieur du Bois de Saint Perre et fut ensépulturé
Dans l’église de ladite Suze présents Monsieur le Marquis et autres

L'église de La Suze sur Sarthe

L'église de La Suze sur Sarthe

Le 20ème jour de juin 1593 mourut et fut
Inhumé dans le grand cimetière de ladite Suze Denis Hervé lequel
Etait de la paroisse de Fercé s’étant venu réfugier à ladite Suze
Et ne peut on le porter inhumer audit Fercé pour le trouble
Des gens d’armes, présents Jacques Mallemouche et autres

Le 29ème jour de juin audit an que dessus [1593] mourut et fut
Inhumée dans le grand cimetière de La Suze Anne Bousseau
Femme de Marin Loriot demeurant en la paroisse de Chemiré le Gaudin
Et étant réfugiés a ladite Suze à cause des Anglais qui étaient
Logés à Vallon, Maigné et Chemiré et autres paroisses circonvoisines

Les guerres de religion dans la région mancelle ont commencé en 1561 par l’assassinat du protestant Jacques Bouju. En 1562, les protestants pillent le mobilier liturgique de la cathédrale du Mans. La mort du roi de France Henri III (1589) et l’arrivée au pouvoir d’Henri IV troublent les esprits.
L’opposition grandit entre les « royaux » (favorables à Henri IV qui n’abjurera le protestantisme qu’en 1593) et les « ligueurs » (les partisans du catholicisme regroupés derrière le duc de Guise, puis derrière Charles de Lorraine, duc de Mayenne).
Le début des années 1590 est marqué par une intense activité des Ligueurs dans le Maine. Ils s’opposent aux armées du prince de Conti dans lesquelles sont des soldats Anglais et Allemands. Il faut attendre l’Édit de Nantes en 1598 pour voir le calme revenir.

Extrait des registres paroissiaux de La Suze (AD72)

Extrait des registres paroissiaux de La Suze (AD72)

Jeanne Buin mourut et fut inhumée dans l’église
A cause que l’on ne pouvait ouvrir le Grand Cimetière
Pour les gelées le vingt troisième jour de décembre
Audit an [1594], présents Mathurin Vallin et Jean Belin

Hélaine Esnault femme de maître Louis Regnard greffier au siège du
Comté de La Suze mourut à onze heures du soir le seizième jour
De mai mil cinq cent quatre vingt seize et fut inhumée dans
Le grand cimetière dudit La Suze le dix septième jour desdits mois et
An que dessus en présence de maître Simon Allix, Guillaume Bellanger,
Jean Pivron, Pierre Esnault et plusieurs autres.


Marin Gaupuceau fut inhumé et ensépulturé au grand cimetière
De La Suze et fut avec la permission et assentiment de la
Justice de cette ville de La Suze d’autant qu’il avait été
Exécuté pour ses fautes le quatrième jour de juin 1597.

Le gibet de La Suze sur la carte de Cassini (1765)

Le gibet de La Suze sur la carte de Cassini (1765)

Jeanne Grassin fille de Guillaume Grassin fut semblablement inhumée derrière l’église
De La Suze, laquelle avait été étranglée par les loups le 24
Octobre 1600.

Maître Jacques Boyton prêtre dit et célébra
Sa première messe dedans l’église de La
Suze la 21ème jour du mois de mai 1602 en
Présence de vénérables et discrets maîtres
Pierre Basourdy prêtre curé dudit lieu,
Michel Huard, Jacques Bruneau prêtres,
Et de Jean Boyton père dudit maître Jacques
Boyton, Joachim Belin, maître Mathieu
Veau, Gaspard Pivron, Michel Boyton
Et plusieurs autres en grand nombre.

Inscription funéraire dans l'église de La Suze

Inscription funéraire dans l'église de La Suze

Maître François Roullin prêtre curé de La Suze fut inhumé
Et ensépulturé le même jour 12 mai audit an [1602]

Maître Jean Corvaisier en son vivant lieutenant du comté
De La Suze fut inhumé et ensépulturé dedans
L’église dudit lieu par Monsieur le curé susdit le ?
De mai an susdit [1604] en présence de maître Mathieu Veau
Et maître Simon Allix et plusieurs autres

Le jeudi 26 février 1615 sur le soleil couchant
Maître Jean Berault prêtre sacriste de cette église
Alla de vie à trépas et son corps fut ensépulturé
En l’église le lendemain 27ème au matin par maître
Pierre Bassourdy curé dudit lieu en présence de maître
Michel Huard, François Miret, René Leporcher,
François Frenauts prêtres et plusieurs autres. Il était
Confrère de la confrérie du Saint Sacrement.

Le 15ème dudit mois et an [janvier 1616] fut ensépulturé le
Corps de défunt René Grignard en son vivant de
La paroisse de Noyen, lequel étant réfugié
En cette paroisse à cause de la guerre et fut inhumé
Au grand cimetière par maître Michel Huard.

Le 29ème dudit mois et an [janvier 1616] que dessus fut ensépulturé le corps de défunte
Françoise Belot femme de défunt Gilles Bruneau et fut
Ensépulturée devant la grande porte de cette église
A cause des gens d’armes qui étaient en cette ville, elle
Etait de la paroisse de Noyen et s’était réfugiée
Ici à cause des gens d’armes.

Implantation de l'église de La Suze sur le cadastre de 1810

Implantation de l'église de La Suze sur le cadastre de 1810

Le 5ème jour susdit mois [février 1616] fut inhumé le corps de défunt
Jacques Malmouche secrétain de céans au grand
Cimetière

Le 18ème février 1616 a été ensépulturé le corps de
Défunt Etienne Mauboussin de la paroisse de Roezé
Lequel est mort à La Suze qui était réfugié à cause
Des gens d’armes et son corps a été inhumé au grand
Cimetière par moi curé de ce lieu


En 1610, Henri IV est assassiné. Son fils Louis est mineur ; la régence est alors assurée par Marie de Médicis. En 1613, Louis XIII devient majeur mais Marie de Médicis garde le pouvoir. Certains grands du royaume, regroupés derrière Condé, se révoltent.
En décembre 1615, les troupes du duc de Vendôme (fils d’Henri IV et de Gabrielle d’Estrées) menacent d’attaquer Le Mans ; en janvier 1616, la ville accepte de verser la somme de 12000 livres pour le ravitaillement des troupes du duc.


Le huitième jour de décembre [1616] jour de la conception
De Notre Dame fut inhumé en la chapelle du grand
Cimetière le corps de défunt Marguerit Lerouye
En son vivant serviteur de monsieur de
Lyvory habitants de
La Ferté Bernard, et a été données quatre livres pour
Ayder à construire ladite chapelle

Le grand cimetière de La Suze sur la route du Mans (cadastre 1810)

Le grand cimetière de La Suze sur la route du Mans (cadastre 1810)

Le 20ème jour de décembre audit an [1616] fut inhumé le
Corps de défunt maître Mathieu Veau en la ville de
Ravigny (?) en Champagne faisant le voyage
Au service de messire le comte de La Suze
Se demeur(ant) à Sedan ou estoit lors led(it) seig(neu)r ledit
Veau tomba malade en ladite ville et y décéda


 

Les de Champagne obtiennent La Suze à la fin du XVème siècle avec Brandélis de Champagne par sa cousine Anne de Champagne, épouse de René de Laval et donc belle-sœur de Gilles de Rais. La famille de Champagne occupe alors une place importante dans le royaume de France, contrôlant de très nombreuses terres, et accédant à des postes importants. Ainsi Baudouin de Champagne devient chambellan de Louis XII puis de François Ier. Puis ce dernier l’envoie traiter avec le Saint Empire de Charles Quint. Son fils Nicolas de Champagne adopte le protestantisme et meurt à la bataille de Saint Denis en 1567. Louis Ier, fils du précédent, poursuit l’engagement familial auprès du Roi de France et termine sa vie âgé d’une trentaine d’années sur le champ de bataille à Coutras. Son fils, Louis II de Champagne, est celui évoqué dans l’acte paroissial ci-dessus. Sa carrière militaire est également bien remplie, en particulier vers les frontières Est du Royaume de France ; il meurt en 1636 et fut inhumé à Berne où on éleva à sa mémoire un mausolée.

Portrait de Louis de Champagne

Portrait de Louis de Champagne

Le vingt et deuxième jour du mois d’avril [1631] fut ensépulturé dans
Le cimetière de La Suze un pauvre homme appelé Rivière

La femme de Julian Leguicheux décéda
Dans le mois d’octobre an [1639] que dessus laquelle
Fut inhumée dans le grand cimetière de céans
Par le curé dudit lieu et peu de temps après
Furent inhumés dans ledit grand cimetière deux
De ses enfants par maître Jean Sauquere
Vicaire dudit La Suze

Le premier jour d’août an que dessus [1640] décéda
Vénérable et discret maître Pierre Bassourdy
Vivant curé de cette ville lequel fut
Inhumé en l’église de Roezé par discret maître
Jacques Bassourdy son neveu à présent curé
De cette dite ville

Inscription funéraire dans l'église de La Suze

Inscription funéraire dans l'église de La Suze

Jean Bodereau meunier de cette ville décéda
Le vingt septième de mai an [1641] comme dessus
Lequel fut inhumé le même jour dans le grand
Cimetière de cette ville par monsieur notre curé

Le moulin de La Suze sur un dessin de 1695

Le moulin de La Suze sur un dessin de 1695

Renée Coiffé veuve messire François Belin vivant sieur
De la Touchettière décéda en la ville du Mans le
Dix huitième jour desdits mois et an [novembre 1642] comme dessus, le corps
De laquelle fut apporté en cette ville le même jour
Mis en repos dans l’église jusqu’au lendemain auquel jour il
Fut ensépulturé dans le grand cimetière par discret
Maître Jacques Bassourdy curé de cette ville.

Guillemine Faifeu veuve Michel Davy décéda
Le second jour des mois et an [mars 1643] comme dessus, le corps de laquelle
Fut inhumé dans la chapelle du grand cimetière de
Cette ville par vénérable et discret maître Jacques
Bassourdy curé de cette ville.

Pierre Moreau épousa Anne Grassin en la chapelle de Notre Dame
Des Bois le samedi 26 aout 1645

Notre Dame des Bois - intérieur de la chapelle au début du XXè siècle

Notre Dame des Bois - intérieur de la chapelle au début du XXè siècle

Notre Dame des Bois

Notre Dame des Bois

Vénérable et discret maître Robert Roussel prêtre
Décéda le seizième jour de février [1646] dans le presbytère
De Crosmière pays d’Anjou, le corps duquel fut
Apporté le jour suivant en cette ville, lequel fut le
Lendemain dix huitième ensépulturé dans cette église par
Maître Jean Sauquere prêtre vicaire avec très grande
Affluence du peuple.

Premier maître Louis Piveron notaire royal mourut le
Quinzième jour de janvier [1647], le corps duquel fut inhumé dans
Le grand cimetière de céans par monsieur le curé de Saint
Nicolas de la ville du Mans.

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