Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

  • : Sarthe Patrimoine et Histoire
  • : Sarthe Patrimoine Histoire Châteaux Manoirs Églises Paysages Le Mans Maine Personnages Pays de la Loire Maine Archéologie Abbayes
  • Contact

Recherche

31 octobre 2024 4 31 /10 /octobre /2024 11:09

LE SITE

L’église d’Athenay est une ancienne église paroissiale rattachée aujourd’hui à la commune de Chemiré-le-Gaudin. Elle se situe au centre du hameau et sur le cadastre de 1809, le cimetière occupe la partie sud ouest devant le bâtiment. Il reste d’ailleurs une croix (inscription MH) datée du 16ème siècle comme dernier témoignage.

Vue générale du village d'Athenay

Vue générale du village d'Athenay

Athenay, Cadastre 1809, B

Athenay, Cadastre 1809, B

Croix du cimetière (XVIème siècle)

Croix du cimetière (XVIème siècle)

La mention la plus ancienne remonte à la seconde moitié du 11ème siècle (ecclesia de Attiniaco1) dans une donation à l’abbaye Saint Vincent et l’église est déjà placée sous le vocable de la Vierge Marie. Vers 1330, on parle toujours de l’ « ecclesia de Attenay2 ». En 1405, on utilise l’expression « capella de Athenay3 ». Le statut de la paroisse a changé ; elle était rattachée au doyenné de Vallon jusqu’au 15ème siècle date à laquelle Athenay devient succursale de Chemiré.  En 1768, elle redevient paroisse. Puis elle est rattachée à Chemiré-le-Gaudin le 14 décembre 1809. On profitera de ces quelques lignes pour tordre le cou à une étymologie empirique qui voulait édifier les origines de l’église sur un temple dédié à Athéna.

1Abbé Robert Charles et le Vicomte Menjot d'Elbenne, Cartulaire de l'abbaye de Saint-Vincent du Mans, Société historique et archéologique du Maine. 1886-1913, p. 276

2Auguste Longnon, Pouillés de la province de Tours, Ed. C. Klincksieck, Paris, 1903, p. 72

3La Province du Maine, XXII, 166

Vue de l'église d'Athenay

Vue de l'église d'Athenay

Carte postale ancienne

Carte postale ancienne

LA NEF

La nef est la partie la plus ancienne de l’église. Le mur repose sur des fondations réalisées avec des pierres de différentes natures et de différents modules. A environ un mètre de hauteur commence le petit appareillage de calcaire (les roussards sont très rares) ; trois baies romanes se trouvent au sommet mais semblent appartenir à un état postérieur (peut-être charnière Xè/XIè s.). Le sommet de ces fenêtres est composé d’un linteau échancré sur lequel sont gravées des incisions droites rayonnantes. Ensuite on les a comblées avec du mortier pour donner l’illusion d’un arc composé de claveaux. Cette technique est connue sur plusieurs monuments romans du Maine. C’est le cas des meurtrières du donjon de Sainte Suzanne (Mayenne) et de celles de l’église de Vezot (Sarthe), pour ne citer que deux exemples. L’ouverture du milieu est réalisée entièrement en roussard alors que les deux autres utilisent le roussard et le calcaire ; mais la composition est la même pour ces deux fenêtres : le bas est en roussard et le sommet en calcaire.

Mur nord de l'église

Mur nord de l'église

Fenêtre romane du mur nord

Fenêtre romane du mur nord

Fenêtre romane du mur nord

Fenêtre romane du mur nord

On peut s’interroger sur la construction de ce mur. Il semble que les meurtrières soient construites lors d’une deuxième phase (l’appareillage parait différent, l’angle entre le mur et la façade est chaînée sauf dans la partie haute où on a l’impression de voir un mur). Le mur nord pouvait sans doute être sans ouverture à l’origine. C’est le cas de la chapelle Saint Fraimbault à Saint Georges de la Couée (Sarthe). Selon Alain Valais1, cette partie de l’édifice et le mur ouest pourraient appartenir à un ancien édifice romain.

 

Le mur sud est plus récent. Il montre clairement un appareillage différent (opus incertum) mais qui semble réutiliser les matériaux de l’état antérieur. Deux fenêtres, d’époque différentes, permettent un meilleur éclairage de l’intérieur de la nef et peut-être des fonts baptismaux. La plus haute doit être la plus ancienne. Pourquoi a-t-on refait ce mur sud ? La question reste posée puisqu’on ne peut guère envisager un agrandissement. En effet la lecture de l’appareillage de la façade ne montre pas un élargissement de la nef. Les fondations sont différentes du mur Nord et sont composées de gros blocs de roussard, calcaire et grès. Y a-t-il eut un effondrement ? En regardant les fissures existantes, on peut l’envisager.

1Alain Valais, Les églises rurales du premier Moyen Âge (Ve/XIe siècle) dans l'ancien diocèse du Mans et à ses confins Volume 5 : catalogue des notices des églises de la Sarthe, Thèse Université Paris Nanterre, 2021, p. 20

Mur sud de l'église

Mur sud de l'église

La porte sud qui ouvrait sur le cimetière laisse apparaître une tentative de décor qui joue sur les couleurs des roussards et des calcaires. Le montant droite et l’arc alternent les deux matériaux ; mais le montant gauche est entièrement en calcaire. En comparant le portail ouest et la porte sud, on peut imaginer une construction à la même époque.


 

La façade ouest a connu quelques modifications. La porte actuelle date d’un état postérieur à l’édification de la nef. On observera à environ trois mètres au dessus du sol un lit d’arrêt de la phase de construction. Les éléments les plus remarquables sont un décor en sablier réalisé en roussard (sur 7 rangs) alors que le reste de la façade est composé de calcaire blanc. Un sablier se situe au dessus du portail, les deux autres sont de chaque côté mais il ne semble pas avoir de symétrie dans l’organisation du décor. Cette partie de l’édifice est à priori contemporaine du mur nord.

 

On remarque aussi une augmentation de la pente du toit puisqu’on peut voir une reprise de la maçonnerie mais toujours avec un appareillage cubique ce qui semble indiquer une modification assez rapide après l’édification de la nef.

Les fissures visibles sur la façade et sur la partie ouest du mur nord trahissent une certaine instabilité du terrain.

La façade ouest de l'église

La façade ouest de l'église

Un élément de décor sur la façade ouest

Un élément de décor sur la façade ouest

LES CHAPELLES

Les chapelles ont été ajoutées plus tard. Le mur ouest de la chapelle nord porte une date sur l’enduit au sommet du mur près du chaînage. Il semble que l’on puisse lire 1678. Mais cela permet de dater l’enduit et non la chapelle. L’appareillage est composé de pierres calcaires allongées (jusqu’à environ 40 cm). Le chaînage est dominé pour les 2/3 par les roussards qui sont dans la partie basse alors que les blocs calcaires se situent dans la partie haute. Seule une baie placée au nord assure l’éclairage.

 

La chapelle sud ne semble pas avoir été construite en même temps que la chapelle Nord. Le chaînage d’angle n’est réalisé qu’avec des blocs calcaires. On remarque des traces d’un faux appareillage dessiné sur l’enduit frais. Par contre la technique de construction reste la même ce qui tend à prouver que même si ces chapelles n’ont pas été élevées lors d’un même chantier, elles ont dû se suivre dans un temps relativement proche.

 

Les grilles métalliques des baies ne sont pas datées mais sont toutes réalisées de la même façon (nef, chapelles).

Chapelle nord et sacristie

Chapelle nord et sacristie

Chevet de l'église

Chevet de l'église

LA SACRISTIE

La fenêtre de la sacristie porte une date 1670 ainsi que deux initiales « M » et « MO ».

Inscription sur le linteau de la fenêtre de la sacristie

Inscription sur le linteau de la fenêtre de la sacristie

DATATION DE L’ÉGLISE

La technique des claveaux simulés des meurtrières, le petit appareillage cubique sont dès éléments qui tendent à fournir une datation remontant au 11ème siècle pour la partie la plus ancienne de l’édifice. On sait par les textes que la paroisse existait déjà vers 1050 et une datation autour de cette période parait cohérente.


 

Il est possible qu’au 13ème siècle, il y ait eut la réfection du mur sud et la création des deux portes. C’est sans doute à cette époque qu’il faut rajouter la construction du chevet actuel.

 

Deux dates sont inscrites sur l’église ce qui permet d’établir une chronologie relative entre certains éléments. Il semble qu’au 17ème siècle une campagne importante de travaux ait été réalisée pour remettre en état (ou en valeur ?) le bâtiment. C’est peut être  à cette époque qu’il faut rattacher l’adjonction des chapelles. En tout cas, ces chapelles ne peuvent pas être postérieures à 1670 car la sacristie est collée et non chaînée avec les chapelles

 

Alain Valais dans sa thèse1 propose la chronologie suivante pour l’édifice roman :

1. un édifice romain avec des décors géométriques qui est réemployé pour devenir une église (époque mérovingienne sans doute).

2. une transformation avec un rehaussement des murs au Xème siècle ou au XIème siècle avec la création des fenêtres romanes toujours visibles aujourd’hui sur le mur nord.

3. un portail ouest reconstruit au XIIème siècle.

1Alain Valais, Les églises rurales du premier Moyen Âge (Ve/XIe siècle) dans l'ancien diocèse du Mans et à ses confins Volume 5 : catalogue des notices des églises de la Sarthe, Thèse Université Paris Nanterre, 2021, p. 20

L’INTÉRIEUR DE L’ÉGLISE

L’intérieur de l’église d’Athenay garde un aspect authentique dû à sa moindre fréquentation depuis le début du XIXème siècle.

 

L’ensemble statuaire est assez riche et donne une bonne idée des figures qui étaient adorées dans l’église. La plupart des terres cuites datent du XVIIème siècle. On y trouve entre autre une éducation de la Vierge, un saint Hyacinthe de Cracovie, un saint Joseph, un saint Blaise, un saint Michel, etc. On sait ainsi qu’en juin 1711, trois figures de la Vierge, d’Élisabeth et de Joseph sont offertes à la paroisse pour orner le retable principal1.

Mais d’autres éléments particuliers se trouvent dans l’église : un panneau sculpté en bois représentant l’adoration des rois mages (XVIème siècle) et qui est sans doute le vestige de l’ancien retable, une chaire à précher en bois du XVIIème siècle, un bâton de procession de la confrérie de la Visitation (XVIIIème siècle), des fonts baptismaux du XVIème siècle en calcaire, un tronc ancien (XVIème siècle?), etc.

Il ne faudrait pas non plus oublier une statue polychrome en pierre du XVème siècle représentant une vierge à l’enfant.

On sait aussi qu’une cloche a été baptisée en octobre 17072.

1Registres paroissiaux

2Registres paroissiaux

Vue de l'intérieur de l'église d'Athenay

Vue de l'intérieur de l'église d'Athenay

Adoration des mages, panneau de bois, XVIè siècle

Adoration des mages, panneau de bois, XVIè siècle

Adoration des mages, panneau de bois, XVIè siècle

Adoration des mages, panneau de bois, XVIè siècle

Adoration des mages, panneau de bois, XVIè siècle

Adoration des mages, panneau de bois, XVIè siècle

Bâton de procession (XVIIIè siècle)

Bâton de procession (XVIIIè siècle)

Chaire (XVIIè siècle)

Chaire (XVIIè siècle)

Education de la Vierge (XVIIè siècle)

Education de la Vierge (XVIIè siècle)

Fonts baptismaux (XVIè siècle)

Fonts baptismaux (XVIè siècle)

Retable (XVIIè siècle)

Retable (XVIIè siècle)

Tronc (XVIè siècle)

Tronc (XVIè siècle)

Vierge à l'enfant, XVè siècle

Vierge à l'enfant, XVè siècle

La visitation (XVIIè siècle)

La visitation (XVIIè siècle)

Saint Etienne, saint Michel et saint Blaise (XVIIè siècle)

Saint Etienne, saint Michel et saint Blaise (XVIIè siècle)

L’église d’Athenay est assurément un lieu patrimonial intéressant où il est aisé de se replonger dans le temps.

Eglise d'Athenay (Sarthe)

Eglise d'Athenay (Sarthe)

Eglise d'Athenay (Sarthe)

Eglise d'Athenay (Sarthe)

Eglise d'Athenay (Sarthe)

Eglise d'Athenay (Sarthe)

Eglise d'Athenay (Sarthe)

Eglise d'Athenay (Sarthe)

Partager cet article
Repost0
9 mars 2024 6 09 /03 /mars /2024 21:48
Le château de La Sauvagère à Chemiré le Gaudin (72)

Avant d’arriver à Chemiré le Gaudin (72), sur la droite de la route qui vient du Mans, le château de la Sauvagère domine la vallée du Renom et le bourg. La zone est occupée dès l’Antiquité comme le prouvent divers enclos repérés dans ce secteur géographique.

Carte posdtale ancienne avec le bourg de Chemiré le Gaudin et la Sauvagère au fond.

Carte posdtale ancienne avec le bourg de Chemiré le Gaudin et la Sauvagère au fond.

La terre de la Sauvagère est citée pour la première fois vers 1225/1240 comme étant le logis de Nicolas du Désert1, lequel fut inhumé dans l’église de Chemiré au devant de l’autel saint Michel. L’étude des photographies aériennes et des cadastres anciens ne semblent pas laisser paraître de structures plus anciennes du type motte castrale.

C’est peut-être de cette époque que datent les parties les plus anciennes de l’édifice. En effet, on peut voir dans les caves du château une porte en arc brisée qui n’est pas sans rappeler les portes du logis médiéval de la Perrière à Voivres.

1La Province du Maine, N°42, 1845, p. 3

Porte médiévale à la Sauvagère

Porte médiévale à la Sauvagère

Puis en 1392, la terre appartient à Guillaume du Désert, chanoine de la cathédrale du Mans, petit-fils de Nicolas1. Il décède en 1396 et fut inhumé comme d’autres membres de sa famille devant l’autel saint Michel. C’est sans doute depuis cette époque qu’existe un banc de la Sauvagère dans l’église de Chemiré. Le domaine passe alors à Jean Didon et Guillaume Goupil.

La chapelle du château aurait été fondée en 1443 selon André Latron2. Elle sera ensuite reprise plusieurs fois. Mais la chapelle installée dans un des deux pavillons d’entrée n’est peut-être pas celle du XVème siècle.

1F. LEGEAY, Recherches historiques sur Chemiré-le-Gaudin, Bulletin de la société d’agriculture sciences et arts de la Sarthe, 1885, p. 52

2A. Latron, Les chapelles de châteaux et manoirs dans le Maine, La Province du Maine, 1995, p. 229

La chapelle (au premier plan) et l'aile nord (au fond)

La chapelle (au premier plan) et l'aile nord (au fond)

Le clocheton de la chapelle

Le clocheton de la chapelle

Le lambris peint de la voute de la chapelle

Le lambris peint de la voute de la chapelle

Le lambris de la chapelle

Le lambris de la chapelle

On trouve ensuite en 1458 une déclaration faite par Martin Talluet concernant le domaine de la Sauvagère qu’il a acquit sans doute par sa femme, Jeanne Goupil.

En 1512, Mathurin Talluet, fils de Martin, « rachète partie de la Maison et du Domaine de la Sauvagère à Pierre Trouillart qui les avait précédemment acquis dudit Talluet par contrat à grâce et qu’il y avait lésion ». Puis Perrine Talluet, fille de Mathurin épouse Thibault Teillay apportant ainsi la Sauvagère dans cette famille.

Le 4 juin 1561, le domaine est vendu à Charles Le Vayer, sieur de la Timonière, avocat manceau. Dès lors, une nouvelle époque commence pour le château.

Cette célèbre famille du Maine est également présente à Chemiré avec Philibert Le Vayer, sieur de Lignerolles, écuyer, capitaine de cinquante hommes d’armes, gentilhomme ordinaire du duc d’Anjou, qui devient en 1567 seigneur de Belle Fille, Athenay et Chemiré le Gaudin.

C’est Charles Le Vayer avec son épouse Françoise Dagues qui fait construire le portail d’honneur et, probablement, la grande allée qui va rejoindre la route du Mans. Ce portail, classé Monument Historique, joue sur l’alternance des pierres sombres de roussard et du calcaire clair de Bernay. On retrouve ce type de décor sur la porte d’entrée de la Maison ainsi que sur la porte de l’autre façade. C’est aussi de cette époque que date un écusson de pierre au-dessus de la fenêtre représentant les armes des Le Vayer.

On remarquera à l’intérieur du château le magnifique escalier de bois sans doute installé par les Le Vayer.

Le portail d'accès au château

Le portail d'accès au château

La grande allée qui rejoignait la route (cadastre 1843)

La grande allée qui rejoignait la route (cadastre 1843)

Le grand escalier en bois (XVIIème siècle)

Le grand escalier en bois (XVIIème siècle)

L'accès au logis (côté est)

L'accès au logis (côté est)

L'accès au logis (côté ouest)

L'accès au logis (côté ouest)

C'est en 1618, après jugement réglant partage de succession entre François Le Vayer, lieutenant général en la sénéchaussée du Maine, et Pierre Le Vayer, sieur de la Chevalerie, conseiller en l'élection du Mans, son frère que les terres de la Sauvagère, Champfleury et Béchereau reviennent à ce dernier. Avec son épouse Anne Hubert (ou de Hébert) et leur fils Denis ils font sans doute construire l’aile actuelle du château. Ce sont eux qui font faire la décoration armoriée de la voûte de la chapelle. Et on leur doit sans doute les quatre lucarnes du deuxième étage de la partie centrale du château et les lanternons sur les deux tours de la cour d’honneur.

L'aile nord

L'aile nord

L'aile nord (côté cour)

L'aile nord (côté cour)

En 1642 Denis Le Vayer, Conseiller du Roi en sa cour des Aides à Paris, épouse Elisabeth de La Rivière. La décoration du grand salon reprend leurs initiales « DLV » et « EDLR » comme motifs de décoration.

Le plafond décoré (XVIIème siècle) du grand salon

Le plafond décoré (XVIIème siècle) du grand salon

En 1691, le domaine de la Sauvagère passe dans la famille de Seguin. Puis il est vendu en 1716 à François de Maurepas qui le revend vers 1735 à Bon de Jupilles. La décoration du petit salon, de pur style régence, date probablement de cette époque ainsi que la plupart des cheminées actuelles du château.

Puis en 1755, Jean Baptiste de Jupilles vend le domaine à Etienne de Monceaux. Sa fille Marie-Anne va épouser en 1760 Jean Etienne Rivault. Le château restera dans cette famille jusqu’en 1829, date à laquelle il passe dans les biens de la famille de Tilly.

En 1831, Marie Madeleine Aimée de Tilly épouse Alexandre Edouard de Sarcé, par ailleurs seigneur de Belle Fille à Chemiré le Gaudin. Le domaine reste aux de Sarcé jusqu’en 1920, c'est-à-dire jusqu’à la vente faite à Jean Marie de Montesson qui cède l’année suivante le château (amputé de son allée, de ses terres agricoles et des bois du Belvédère), à Charlotte Cuirblanc.

Le 22 février 1937, Lucien Trouvé et son épouse Suzanne Bodereau acquièrent la Sauvagère puis une partie des bois du Belvédère ainsi que les terres de Béchereau et de Bellefille. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, ils accueillent dans l’aile du château la Croix Rouge Française qui y établit des dortoirs et des salles communes pour quarante jeunes réfugiées brestoises. Viennent aussi se cacher à la Sauvagère des personnes de confession juive et des réfractaires du Service du Travail Obligatoire en Allemagne.

Le 24 mai 1968, la SCI La Sauvagère, dont les associés sont alors Madeleine Trouvé, Pierre Trouvé et Yvette Trouvé, fait don du château à l’Hôpital Hospice de Sablé-sur Sarthe, avec l'obligation morale d’y perpétuer une œuvre sociale et apolitique de jeunes.

Le 8 septembre 2000, l’Hôpital Hospice de Sablé sur Sarthe, devenu Pôle Santé Sarthe et Loir, cesse d'exploiter le domaine. Il le loue pour cinquante ans à l’un des descendants de la famille des donateurs, Jean François Coué-Trouvé qui en fera l’acquisition en 2007 lors de sa mise en vente à la bougie.

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Cassini (1765)

Carte de Cassini (1765)

Cadastre 1809

Cadastre 1809

Cadastre 1843

Cadastre 1843

Il faut également noter le présence d’un belvédère, à priori édifié en 17451, à quelques centaines de mètres du château et sur les hauteurs. Il est malheureusement en mauvais et l’intérieur a été dégradé par des tirs au fusil de chasse.

1F. LEGEAY, Recherches historiques sur Chemiré-le-Gaudin, Bulletin de la société d’agriculture sciences et arts de la Sarthe, 1885, p. 52

Carte postale montrant le belvédère (début XXème siècle)

Carte postale montrant le belvédère (début XXème siècle)

Le belvédère de nos jours

Le belvédère de nos jours

L'intérieur du belvédère

L'intérieur du belvédère

Une vidéo sur la Sauvagère https://www.youtube.com/watch?v=6lM4WsZ7CvI

Le logis de la Sauvagère au début du XXème siècle

Le logis de la Sauvagère au début du XXème siècle

Le logis de la Sauvagère au XXIème siècle

Le logis de la Sauvagère au XXIème siècle

La cour de la Sauvagère

La cour de la Sauvagère

Le cadran solaire de la Sauvagère

Le cadran solaire de la Sauvagère

Les deux clochetons des pavillons sud et nord

Les deux clochetons des pavillons sud et nord

Le clocheton du pavillon nord

Le clocheton du pavillon nord

Les communs de la Sauvagère

Les communs de la Sauvagère

Le château de La Sauvagère à Chemiré le Gaudin (72)
Partager cet article
Repost0
1 novembre 2023 3 01 /11 /novembre /2023 14:30

Longtemps oublié, l’édifice de la Perrière à Voivres-Lès-Le Mans a été redécouvert il y a quelques années1 ; c’est aujourd’hui une une ferme. Adossé au plateau de Louplande, il domine la vallée de l’Orne Champenoise, ancien lit de la Sarthe, où passait un cheminement ancien. Aujourd’hui, c’est la route reliant Le Mans à La Suze qui passe à cet endroit.

Cet espace géographique est occupé depuis la Préhistoire puisqu’on y a découvert des outils que l’on peut rattacher à l’époque néandertalienne. Par la suite, une villa romaine est implantée. Au Moyen-Age, le bourg de Saint-Léonard devient le siège d’une importante seigneurie dont le personnage le plus connu est sans doute Guillaume des Roches.

1 BOUTON Philippe,  Le logis de la Perrière à Voivres lès Le Mans, Bulletin de la Société d’Agriculture Sciences et Arts de La Sarthe, 1996, p.3-14

 

 

Carte de Cassini (1765)

Carte de Cassini (1765)

UN BÂTIMENT AU PLAN SIMPLE

Un grand rectangle de 16,50 m. sur 8,90 m., voilà à quoi pourrait se résumer le bâtiment de la Perrière. Une sorte de longère améliorée à laquelle on aurait adjoint deux constructions agricoles de part et d’autre. L’entrée se fait par une haute façade en roussard soutenue par trois contreforts et orientée au sud-est. Une fois passée la porte ogivale chanfreinée, on pénètre dans une grande salle éclairée par quatre fenêtres. C’est du moins la première approche que l’on peut avoir du bâtiment.

Façade sud de la Perrière

Façade sud de la Perrière

L'IMPORTANCE DES DÉCORS

Devant cette imposante façade, on devine tout de suite que ce bâtiment n’est pas ordinaire malgré sa rusticité. On a joué avec les décors, modestes certes, mais voulus. Au dessus de la porte d’entrée, entre l’arc ogival et l’arc de décharge tous deux en roussard, on a inclus un arc de pierres en calcaire. Au sommet du pignon, une fenêtre à remplage géminé surmonté d’un oculus trifolié assure l’éclairage mais montre aussi l’importance du lieu. Cette ouverture ouvragée rappelle fortement une autre fenêtre de ce type visible à Asnières-sur-Vègre (72).

Le logis médiéval de la Perrière à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)
La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

Asnières-sur-Vègre (Sarthe)

Asnières-sur-Vègre (Sarthe)

En entrant dans la grande salle, la cheminée placée sur le mur ouest, et montant à plus de 6 m. de hauteur, devait marquer le visiteur. Son contrecœur est d’ailleurs décoré de pierres en calcaire alternant des lits horizontaux et des lits en arrêtes de poisson.

Une grande et haute fenêtre à coussièges, preuve d’une certaine aisance, perce le mur sud. Malheureusement la partie haute de cette ouverture a été détruite pour permettre un meilleur accès pour l’activité agricole. En face, sur le pignon nord, la grande fenêtre du haut est composée d’une alternance de pierres de roussard et de calcaire, alors que sur la partie extérieure seul le roussard a été utilisé.

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

UN ÉDIFICE PLUS COMPLEXE QU'IL N'Y PARAIT

Cela semble évident, cette grande salle servait aux réceptions. C’est donc qu’il existait d’autres pièces. Effectivement, une porte sur le mur ouest ouvre aujourd’hui sur une étable. Arrivé dans cette pièce, on voit sur le mur deux piédroits en roussard correspondant à une cheminée adossée à celle de la grande pièce. D’ailleurs en haut le conduit est commun.

 

Pareillement, au fond de la grande pièce sur le mur Est, une porte correspondant aujourd’hui à l’accès de la cave, ouvrait sur une troisième pièce. Dans cette pièce, on voit encore les restes d’une autre cheminée. C’est également de ce côté que se trouve le puits laissant à penser que l’on pourrait être du côté des cuisines.

De même deux rangées de corbeaux en crochet sur les façades avant et arrière montrent qu’il y avait sur les pignons des auvents. On peut justement imaginer sur la façade sud, c’est à dire celle par où on accède à la grande salle de réception, une structure de type large perron ou estrade protégée par une avancée charpentée.

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

DE QUEL TYPE DE BÂTIMENT S'AGIT-IL ?

Pour certains, cet édifice était une chapelle. Ils étaient influencés par la haute fenêtre sud qui évoque l’architecture des constructions religieuses. Mais ni l’orientation, et encore moins la cheminée ne favorisent cette idée.

Pour d’autres, nous serions en présence d’une grange. Là encore, la cheminée tord le cou à cette hypothèse.

On parle aussi d’une maladrerie mais les documents des différentes époques ne parlent jamais d’une présence religieuse sur le site de la Perrière.

Reste donc la solution de l’habitat, mais un habitat pour qui ?

 

Toujours est-il qu’au XVIIIème siècle, l’édifice est à usage agricole comme le montrent les visites et montrées faites sur le lieu de la Perrière.

1790 : « Sont comparus le s(ieu)r Marin Joubert m(archan)d fermier du lieu de la métairie de la Perrière p(aroi)sse de Voivres de laquelle il est sorty du jour de St Marc dernier lad(ite) métairie apartenante à mons(ieu)r le Marquis d’Aux+, d’une part +dem(euran)t p(aroi)sse de Moncé en Belin Et François Cosnilleau lab(oureu)r fermier actuel d’icelle métairie dans laquelle il a entré led(it) jour de St Marc dernier d’autre part,

Que le ventail de la porte de la grange est garny de pentes et gonds et se ferme de clef et celuy d’entre lad(ite) grange et l’écurie se ferme avec un verrouil seulement, l’aire de lad(ite) grange est en état mais il n’y a point de seuil à la porte, sy trouve une fenestre sans ventail ny aparance dy en avoir eû, Qu’à la porte de l’étable aux bœufs il se trouve deux ventaux de porte garnis de pentes et se ferment avec un valet de fert un loquet poussier et une serrure avec sa clef, les creiches sont construites de vieux bouts de charpentes sans rateliers, le sinas est construit de onze soliveaux de vieilles charpentes et de sept morceaux du bois rond et enfoncés de quelques rameaux pour le soutien des fourages les murs sont en état ainsy que l’aire ; le ventail de la porte d’entre lad(ite) étable et la grange se ferme avec un verrouil lequel est attaché à une vieille plaque de serrure pour mémoire »

DES TEXTES RARES MAIS PRÉCIEUX

Des actes notariés des 17ème et 18ème siècles nous précisent qu’à cette époque la Perrière est une métairie appartenant aux seigneurs de Villaines à Louplande. L’édifice qui nous intéresse est qualifié de grange, fonction qu’il remplissait encore il y a quelques années. Vu le volume qu’il représente, on comprend aisément que telle fut sa fonction pendant de nombreux siècles. Mais la cheminée et les décors montrent bien que ce n’était pas sa vocation originelle.

Une deuxième catégorie de documents apporte des éléments intéressants. Ils appartiennent au cartulaire de Château du Loir[2]. Quel lien y a t-il entre Château du Loir et Voivres ? Il se trouve simplement qu’à un certain moment du moyen age, les seigneuries de Château du Loir et La Suze (ainsi que Louplande) appartiennent à la même famille.

Plusieurs textes de ce cartulaire citent le toponyme « Perrière » mais sans jamais préciser sur quelle paroisse ! Il y est question entre le 12ème et le milieu du 13ème de vassaux des seigneurs de Louplande nommés Guérin et Raoul de la Perrière. Le 29 avril 1288 Béatrix « comtesse de Dreux et de Montfort, dame de Château du Loir », baille à Jean Le Bordier l’hébergement de la Borderie à Roezé. Dans ce texte, la Borderie est dite voisine de la métairie de Guérin de la Perrière. Or, 800 mètres séparent les deux lieux.

29 avril 1288 – Contrat par lequel Béatrix de Monfort baille à Jean Le Bordier, paroissien de Roezé, l’hébergement de la Borderie, en la châtellenie de La Suze.

 

Sçachent tous presens et advenir que en nostre présence en dreit establi, Jehan Le Bordier, de la paroisse de Roezé, requenut et confessa que noble dame Béatrix, comtesse de Dreux et de Montfort, dame dou Chatiau dou Leir, li a baillié a tousjourmes et que il a prins et grantement reeu a soy et a ses heirs de ladicte comtesse, pour ung muy de seigle, a la mesure de La Suze, de anuel et perpetuel rente, le hebergement de la Borderie, si comme il se poursiet, et toutes les terres, tous les prés, toutes les pastures, tous les arbres, tous les fossez et toutes les haies appatenans audict hebergement, lequel hebergement, o toutes les appartenances devantdictes, est assis en la chastellerie de Lassuze, ez fiez à ladicte comtesse, entre la métoierie Guarin de la Perrière et la métoierie au prieur d’Oezé, en ladicte parroisse, sus l’eve que l’en appelle l’Orne si com l’en dit ; lequel blé de rente à ladicte mesure, de autressi bon blé et d’autressi bel come le meillour et le plus bel qui ou temps de checune souste seroit treuvé amendre et vendre ou pais à dous deniers manseis delasche de chacun septier, ledict Jehan promet, pour soy et pour ses hoirs, et est tenu rendre à ladicte comtesse et à ses heirs, ou chastel de Lassuse, au jour de la Toussains chacun an doresnavant, et est tenu rendre et restorer tous cous et tous dommages à ladicte comtesse et à ses heirs, se aucuns en soustenoient par defaute d’aucune souste doudict bled. Desquiex cous et dommages le baillif dou Chatiau dou Leir qui seroit au temps seroit creu tout a son plein dict sans autre preuve. Et a rendre ledict blé audict terme chacun an et les cous et les dommages, si comme dessus est dict et devisé, oblige ledict Jehan à ladicte comtesse et à ses heirs et à lor allouez sey ou ses heirs et à tous ses biens meubles et immeubles présens et avenir à prendre et à vendre. Et est tenu ledict Jehan, par la foy de son corps, que contre lesdictes chouses ne vendre, renunciant en cet faict à toute exception de fraude et de décevance et à toutes autres resons et allégations de faict et de dreit qui li porroient valoir à venir contre la tenor de cestes présentes lettres.

Et nous toutes lesdictes chouses, à la requeste doudict Jehan, sentenciaument adjugeons à tenir et entérigner par le jugement de nostre court dou Mans.

Ce fut donné le jour de joedy après le Sainct Marc l’Evangéliste, en l’an de grâce mil dous cens quatre vingt et oict.

 

Cartulaire de Château du Loir

 

OÙ L'ON AVANCE L’HYPOTHÈSE D'UN PETIT HABITAT SEIGNEURIAL

Nous serions en présence d’un rare vestige d’habitat seigneurial des 13ème et 14ème siècles du type manoir-halle. La puissance n’apparaît plus dans l’importance d’une fortification mais par une construction, certes toujours imposante, où apparaissent de nouveaux éléments tel que les décors. Le bâtiment de la Perrière pourrait être une forme primitive des manoirs qui vont se répandre après la guerre de Cent Ans. 

Il existe en Sarthe d’autres bâtiments laïcs de cette époque : Chenu, Fontenay-sur-Vègre, Les Mées, Saint-Marceau, Saint-Rémy-du-Val, Souligné-Flacé, Vezot, Vivoin, etc.

 

A noter que l’édifice a pu servir au XVIème de temple protestant ; c’est du moins ce que laisse entendre une montrée de 1740. Il faut sans doute appuyer cette idée sur le fait que Nicolas de Champagne, comte de La Suze, mort en 1567, était membre du consistoire du Mans.

Le logis médiéval de la Perrière à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)
Partager cet article
Repost0