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21 avril 2023 5 21 /04 /avril /2023 10:00

A l'occasion de l’anniversaire de la fin de la Seconde Guerre Mondiale, nous présentons ici l'exposition que nous avions réalisée et montrée dans divers lieux du département au début des années 2000. Nous mettrons plusieurs pages concernant les aérodromes américains installés en Sarthe.

Nos remerciements à tous ceux qui nous ont prêté les documents : les vétérans américains, les familles Brier, Champroux, Cosnard, Dupas, Dutertre, Gaignon, Guittet, Jarry, Lelasseux, Leroux, Lochet, Magne, Richard, Samson, Serceau, Trouvé, la Mairie de Louplande, les Archives Départementales de la Sarthe, le Service Technique de l'Aviation Civile, ainsi que ceux que nous aurions pu oublier.


 

Et enfin les personnes qui souhaitent en connaître plus sur la Libération de la Sarthe peuvent consulter l'imposant ouvrage de Fabrice Avoie, Sarthe, août 1944, histoire d'une Libération, 1ère édition mai 2009.

Lors de la rencontre de Casablanca en janvier 1943 entre Churchill et Roosevelt, le Comité des chefs d’états-majors alliés adopte des décisions importantes concernant l’ouverture d’un nouveau front à l’ouest de l’Europe. Parmi ces décisions, l’offensive aérienne est un axe majeur servant à réduire le potentiel industriel allemand. De plus, l’aviation devra servir d’appui aux forces terrestres lors d’un débarquement.

 

L’implantation des aérodromes ne semble pas s’être préparée longtemps à l’avance car les détachements chargés de la réalisation des pistes dépendaient de l’avancée des troupes alliées. Il apparaît cependant que des études préparatoires ont pu être faites à l’occasion de survol de repérage. L’université de Keele (Royaume-Uni) possède une série de clichés aériens verticaux de la Sarthe réalisés au début de l’été 1944. Certains plans dressés en 1944 par les régiments du génie américain citent en référence des cartes d’origine militaire.

Pour les Anglais, la gestion militaire aérienne est confiée la 2nd Tactical Air Force ; pour les Américains, il s’agit de la 9th U.S. Tactical Air Force qui disposera au moment du Débarquement en Normandie de près d’une cinquantaine de groupes de vol et d’environ 5000 avions.

Lors du Débarquement, différents types de pistes sont prévues :

  • Les ELS (Emergency Landing Strip) : pistes d’atterrissage d’urgence de 550 m. sur 30 m. situées derrière les plages d’Omaha et d’Utah ;

  • Les RRS (Refuelling and Rearming Strip) : pistes de réarmement et de ravitaillement.

  • Les ALG (Advanced Landing Ground) : pistes de 1100 m. puis 1500 m. sur 35 m. qui pouvaient héberger cinquante quatre chasseurs chacune.

 

 

 

Les ALG ont des noms de code composés d’une lettre suivie d’un numéro :


 

A

Aérodromes américains

B

Aérodromes britanniques

R

Aérodromes alliés sur le territoire allemand

Y

Aérodromes alliés pour les armées remontant du sud de la France

 

 

Implantation des aérodromes alliés

Implantation des aérodromes alliés

On connaît 7 aérodromes américains basés en Sarthe :


 

Nom de code

Implantation

A-35

Arnage

A-36

Louplande

A-37

La Chapelle Saint Rémy

A-38

Neuville-sur-Sarthe

A-43

Saint-Jean d’Assé

A-44

Saint-Aignan

A-49

Beillé

 

 

Les aérodromes américains en Sarthe

Les aérodromes américains en Sarthe

Ces ALG sont tout simplement des aérodromes en kit que les américains installent en quelques jours (balisage de l’espace utilisé, arrachage des haies, démolition des bâtiments, nivellement du terrain, installation de la piste et des autres infrastructures militaires, etc.). On y trouve bien sûr une piste souvent recouverte de toile bitumée en rouleau d’une soixantaine de mètres appelée Hessian Mat ou PHS, ainsi qu’un treillis métallique appelé SMT (Square Mesh Tracking). Aux endroits où se superposaient les deux matériaux, la piste avait une épaisseur d’un centimètre ce qui était en général suffisant pour que les avions puissent rouler sans s’embourber. On utilisait parfois des PSP (Pierced Steel Plancks) qui étaient des plaques de tôles perforées mais d’une manipulation moins aisée. Par ailleurs, une protection de DCA contre d’éventuelles attaques ennemies, des logements préfabriqués pour le personnel complètent le site.

 

Depuis la Sarthe, les aviateurs mènent des attaques sur les poches allemandes de l'Atlantique et aussi sur l'Est de la France. En général, chaque aérodrome est doté de trois escadrilles (squadrons) et d’une vingtaine d’avions.

926th Engineer Aviation regiment, piste aérodrome de Carentan (source américaine)

926th Engineer Aviation regiment, piste aérodrome de Carentan (source américaine)

Pose de SMT en Normandie, 1944 (source américaine)

Pose de SMT en Normandie, 1944 (source américaine)

Pose de toile bitumée, 1944 (source américaine)

Pose de toile bitumée, 1944 (source américaine)

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18 avril 2023 2 18 /04 /avril /2023 15:02

A l'occasion de l’anniversaire de la fin de la Seconde Guerre Mondiale, nous présentons ici l'exposition que nous avions réalisée et montrée dans divers lieux du département au début des années 2000. Nous mettrons plusieurs pages concernant les aérodromes américains installés en Sarthe.

Nos remerciements à tous ceux qui nous ont prêté les documents : les vétérans américains, les familles Brier, Champroux, Cosnard, Dupas, Dutertre, Gaignon, Guittet, Jarry, Lelasseux, Leroux, Lochet, Magne, Richard, Samson, Serceau, Trouvé, la Mairie de Louplande, les Archives Départementales de la Sarthe, le Service Technique de l'Aviation Civile, ainsi que ceux que nous aurions pu oublier.


 

Et enfin les personnes qui souhaitent en connaître plus sur la Libération de la Sarthe peuvent consulter l'imposant ouvrage de Fabrice Avoie, Sarthe, août 1944, histoire d'une Libération, 1ère édition mai 2009.

Après le Débarquement en Normandie le 6 juin 1944, les Alliés atteignent la Sarthe en août 1944.

Les derniers Allemands quittent Souligné-Flacé (cliché Richard)

Les derniers Allemands quittent Souligné-Flacé (cliché Richard)

Les Américains arrivent à Souligné-Flacé (cliché Richard)

Les Américains arrivent à Souligné-Flacé (cliché Richard)

A partir de la fin juillet 1944, l’opération Cobra va permettre d’encercler les divisions allemandes dans la poche de Falaise. Pour ce faire, l’armée américaine va passer par la partie Est de la Bretagne, puis entrer dans le Maine par sa partie Ouest. Ainsi la ville de Laval est libérée le 6 août 1944 ; les troupes poursuivent leur avancée.

Le 7 août 1944, le XVème Corps U.S. de Patton arrive depuis la région de Sablé. Un certain nombre d’escarmouches avec des soldats allemands a lieu comme par exemple à Fillé sur Sarthe où l’église est incendiée. Le soir, les alliés sont aux portes du Mans et encerclent la ville qu’ils libèrent dès le lendemain.

Les troupes américaines à Souligné-Flacé (cliché Richard)

Les troupes américaines à Souligné-Flacé (cliché Richard)

Les troupes américaines à Louplande (cliché mairie de Louplande)

Les troupes américaines à Louplande (cliché mairie de Louplande)

Les troupes américaines à Voivres-Lès-Le Mans (cliché Serceau)

Les troupes américaines à Voivres-Lès-Le Mans (cliché Serceau)

Les troupes américaines à Roëzé sur Sarthe (cliché Magne)

Les troupes américaines à Roëzé sur Sarthe (cliché Magne)

Fillé sur Sarthe (cliché Gaignon)

Fillé sur Sarthe (cliché Gaignon)

La région mancelle servira alors de pivot pour actionner l’effet de tenaille autour des divisions allemandes regroupées dans la région de Falaise. La remontée vers Alençon et la Normandie est plus difficile, les troupes alliées devant affronter dans la région du Saosnois des forces blindées allemandes plus organisées. Il faut attendre le 12 août 1944 pour que les Alliés atteignent et délivrent Alençon dans l’Orne. Ensuite, ils remontent en direction de la Normandie et vers Paris.

 

Les recherches menées par Fabrice Avoie permettent de dire qu’environ 200 soldats des forces alliées sont morts en opération pendant les combats sarthois entre le 7 et le 13 août 1944.

Bazouges sur Le Loir

Bazouges sur Le Loir

Bonnétable

Bonnétable

Bourg le Roi

Bourg le Roi

Chassillé

Chassillé

Chérancé

Chérancé

Doucelles

Doucelles

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16 avril 2023 7 16 /04 /avril /2023 21:29

Aujourd’hui dix huitième du mois de février mil sept cent soixante six sur les dix heures du matin, devant nous René Bellanger, notaire tabellion royal au Maine demeurant à Roézé, étant au lieu et bordage du Chêne Vert situé paroisse de Voivres.

Inventaire a été fait des meubles morts et vifs, dettes actives et passives dépendants de la communauté qui a eu cours entre défunt Charles Cosnilleau bordager, fermier dudit lieu du Chêne Vert et Marie Alleton sa dernière femme, avant elle veuf en premières noces de Marie Poirier, et en secondes de Marie Nieceron, demeurant audit lieu du Chêne Vert tant  en son nom que de mère et tutrice naturelle de Marie âgée de six ans et de Pierre Cosnilleau âgé de six mois ou environ ses enfants et dudit défunt.

A la requête et en présence de ladite Marie Aletton veuve dudit Cosnilleau, de Charles Cosnilleau garçon âgé de vingt sept ans ou environ et Marie Cosnilleau fille âgée de vingt deux ans aussi ou environ demeurant audit lieu de Chêne Vert audit Voivres enfants dudit défunt et de ladite défunte Marie Poirier sa première femme, de Michel Nieceron bordager demeurant paroisse de Bousse oncle maternel de Françoise Cosnilleau fille âgée de douze ans ou environ issue dudit défunt et de ladite Marie Nieceron sa seconde femme demeurant aussi audit lieu de Chêne Vert, et de Anne Nieceron veuve de Thomas Loriot, métayer, demeurant paroisse de Cérans sa tante au même côté maternel.

Et auquel inventaire procédant sous le bon plaisir de Monsieur le Bailly du siège d’où relève ledit lieu et en attendant qu’il sera pourvu de tuteurs aux mineurs, les meubles et effets ci après par elle représenté ont étés inventoriés en la forme et manière suivante en attendant qu’il en soit procédé à la vente.

Le Chêne Vert à Voivres Lès Le Mans, Cadastre 1809

Le Chêne Vert à Voivres Lès Le Mans, Cadastre 1809

Le Chêne Vert à Voivres Lès Le Mans, Photographie aérienne 1949

Le Chêne Vert à Voivres Lès Le Mans, Photographie aérienne 1949

René Bellanger est notaire dans la paroisse voisine de Roézé, où il est né en mai 1706, et il a pris la suite de l’étude après le décès de son père en 1731. Il y avait un notaire à Voivres dont il n’existe quasiment aucune archive. Il se nommait Olivier Ory et est inhumé dans l’église de la paroisse le 27 janvier 1704. Nous ne trouvons alors plus de notaire à Voivres. Les habitants traitent alors leurs affaires avec les notaires des paroisses voisines.

Le 10 juin 1714 naît Charles Cosnilleau à Voivres ; il est le fils de Charles et de Marie Lemonnier. Il décède dans cette même paroisse le 16 février 1766, deux semaines après son père. Il était peut-être déjà bien malade puisque seuls ses frères sont cités dans l’acte d’inhumation de son père.

Charles Cosnilleau fils a été marié trois fois comme le dit l’acte de vente des biens. Sa dernière épouse fut donc Marie Alleton qu’il avait épousé à Voivres le 6 juin 1758 ; son père est alors qualifié de journalier tandis que lui est bordager. Son précédent mariage, avec Marie Nieceron, avait été célébré à Roézé le 3 février 1750. Quant au premier mariage, il a été fait à Voivres avec Marie Poirier le 24 novembre 1734. De l’ensemble de ces unions naquirent neuf enfants.

Charles Cosnilleau père était déjà bordager au Chêne Vert puisqu’il signe un bail en 1743 avec son propriétaire François Charles Dupont d’Aubevoye dont la famille a acquis des terres à Voivres au milieu du XVIIème siècle. Le bordager est l’exploitant agricole du bordage, ferme de quelques hectares seulement. Quant au métayer, c’est l’exploitant d’une métairie soit en faire valoir direct (plutôt rare), soit avec un bail à ferme (versement d’un fermage en argent), soit avec un bail à moitié (versement d’un fermage qui est la moitié de la récolte).

Les meubles désignent les biens qui ne sont pas immeubles. Ainsi les meubles vifs (vivants) peuvent être des animaux. Les meubles morts sont tous les autres biens (meubles, objets, récoltes, etc.).

Baptême de Charles Cosnilleau, Registre paroissial de Voivres Lès Le Mans, 1714

Baptême de Charles Cosnilleau, Registre paroissial de Voivres Lès Le Mans, 1714

Mariage de Charles Cosnilleau, Registre paroissial de Roézé sur Sarthe, 1750

Mariage de Charles Cosnilleau, Registre paroissial de Roézé sur Sarthe, 1750

Sépulture de Charles Cosnilleau, Registre paroissial de Voivres Lès Le Mans, 1766

Sépulture de Charles Cosnilleau, Registre paroissial de Voivres Lès Le Mans, 1766

Et premier une crémaillère avec son cremaillon, une pelle de fer à servir au feu, une grille,  un rôtissoir à pain, et un réchaud à écuelle de cuivre.

Item deux crocs, une bêche, une fourche de fer, une hache à bûcher, un sermeau et un mauvais broc, deux pelles à bêcher, et un vouge.

Item une mauvaise huche de bois de chêne et deux sas à sasser la farine et une racliere de fer.

Item un coffre de bois de poirier fermant de clef.

Item un autre coffre de bois de chêne aussi fermant de clef.

Item un mauvais marchepied de bois de chêne non fermant de clef.

Item une table longue de bois de chêne et deux tiroirs aux deux bouts dont un fermant de clef et deux bancs.

Item un bois de lit d’alizier avec sa carrie et font, une mauvaise bailliere, une couette à taie de toile, un traversier et un oreiller à taie de couetty le tout garni de mauvaise plume d’oie usée, son entour composé de trois morceaux de serge verte, deux vergettes de fer, un dossier et un vanellier de toile commune et une couverture de laine blanche.

Item dans une chambre froide à côté, un autre mauvais bois de lit de chêne composé de son entour de toile commune et un traversier à taie de toile garni de mauvaise plume d’oie et une mauvaise couverture de serge blanche.

Item un fût de busse aussi rempli de cidre.

Item un autre fût de busse à demi plein de cidre.

Item cinq autres mauvais fûts de busse, deux de quart, deux jales, deux petits baranchaux, le tout vide et un fût de cuvier avec sa selle.

Item une marmite avec sa cuiller de fer à servir au pot, deux chaudrons l’un grand et l’autre petit le tout de fer ou fonte.

Item une mauvaise poêle à frire.

Item un chandelier de potin.

Item deux mauvaises faux avec leurs enthes, un marteau et un coyer de faucheur.

Item une serpe à tailler et un terriere.

Item douze livres de vaisselle d’étain tant plate que creuse.

Item un crochet à peser.

Item deux mauvaizes ferusselles et une lanterne de fer blanc.

Item un rouet à filer du brin, un travouil, une baratte avec son baratton, et une mauvaise paire de balances à écuelles de bois,

Item neuf draps de chacun trois aulnes de toile commune, deux nappes de même toile dont une d’une aulne et demie et l’autre d’une aulne, une mauvaise serviette de toile de brin, quatre essuie-mains de toile de gros, un bissac et un charrier de toile de gros et deux poches de même toile, et deux souilles d’oreiller de toile commune.

Item dix neuf livres de fil de gros écru, et deux livres et demies de brin aussi écru.

Item sept livres de poupées de gros et brin.

Item onze livres de poupées de gros.

Item un mauvais van, un crible, un pot de guerlande, deux minettes et un fût de boisseau et un de quarteron.

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Dans le grenier

Item dix boisseaux de froment et avoine mêlés, huit de bled noir et trois de seigle le tout comble et à l’ancienne mesure du Mans.

Item une siviere rouleresse et une mauvaise broye à broyer rompue.

Item dans l’écurie aux chevaux une vieille cavalle sous poil gris et son poulain d’un an.

Item dans l’étable aux vaches une mère vache sous poil brun.

Item une autre mère vache sous poil rouge.

Item deux autres mères vaches aussi sous poil rouge.

Item une petite taure de deux ans sous poil rouge et deux veaux de lait.

Item une brebis.

Item un bas de cheval, des paniers à fumier, des harasses, et une bride.

Item un porc en soie blanche.

Item dans la cour trois poules, deux oies et quatre canes.

Item quinze pièces de poterie de terre de Ligron dans l’une desquelles il y a environ demie livres de sel de gabelle.

Item les habits et linges à l’usage dudit défunt consistant :

Premier dans un habit de breluche, une veste et une culotte de droguet, deux mauvaises paires de guêtres en toile commune, deux autres mauvaises culottes de coulonge, un chapeau, un bonnet de laine, un mouchoir de fil, une mauvaise paire de souliers et six mauvaises chemises de toile commune.

Item trois livres de beurre salé et en pot.

Item une pelle de four et un rouable.

Item quatre fourches de bois, un râteau à foin et deux emotouers.

Item deux mauvaises seilles et un godet de bois.

Item dans la grange une mauvaise couchette sur paux qui est dans la grange garnie seulement d’une balliere et un travers garni de balle le tout de toile de gros.

Item dans un baquet inventorié ci devant qui est dans ladite maison environ deux livres de plumes d’oies neuves.

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Item lesdites parties ont déclaré qu’il n’est rien dû a ladite communauté, et qu’il est dû par icelle les sommes ci après :

A Monsieur de la Roussière, propriétaire dudit lieu de Chêne Vert, la somme de trente livres restant de la demie ferme échue de Toussaint dernier sans préjudice du courant et autres dus de mondit sieur de la Roussière d’une part et quatre vingt livres pour prisée qu’il a fournie audit défunt sur ledit lieu Cy en tout……………..110tt

A Michel Dabouinneau garçon domestique dudit Voivres trente six livres pour argent qu’il a prêté audit défunt Cy……………………………………………….36tt

Audit Charles Cosnilleau dix sept livres aussi pour argent prêté Cy……………………….17tt

A ladite Marie Cosnilleau fille cinq livres aussi pour argent prêté Cy……………………….5tt

Au sieur Devaux marchand à La Suze huit livres pour marchandise Cy………………….8tt

A Pierre Huard domestique demeurant à Cérans douze livres aussi pour argent prêté Cy….12tt

Au nommé Lucas marchand dudit Voivres quinze sols six deniers pour marchandise Cy………………………………………..15s. 6d.

A Julien Cosnillau journalier dudit Voivres trois livres dix huit sols pour argent preté Cy……………………3tt 18s.

Au nommé Dupart cordonnier à Saint Léonard quarante cinq sols pour avoir recarlé les souliers dudit défunt Cy………………………………………………………..2tt 5 s.

A Julian Lhommeau sabotier dudit Voivres et collecteur de l’année dernière six livres cinq sols pour reste de taille et capitation dudit défunt Cy………………6tt 5 s.

Au nommé Ruillé fermier dudit Voivres collecteur de l’année présente et ne savoir combien ayant seulement donné trois livres.

Et à nous notaire six livres dix sept sols pour reste de nos droits et déboursés de l’inventaire des effets de la communauté dudit défunt avec Marie Nieceron sa seconde femme reçu devant nous les vingt deux mai et vingt un juin mil sept cent cinquante neuf dûment contrôlé Cy……………………………………………………….6tt 17 s.

Qui sont tous les meubles morts et vifs, dettes actives et passives à nous représentés et déclarés par lesdites parties qui ont dit n’en avoir ni savoir aucune autre quant à présent sauf néanmoins au cas qu’il en viendra ci après à leur connaissance à eux faire la déclaration ensuite des présentes.

Et ont tous lesdits meubles et effets été évalués à la somme de cent quatre vingt dix livres relaissés entre les mains et garde de ladite veuve qui s’en est volontairement chargée pour les représenter au jour de la vente qui en sera faite.

Dont du tout acte et jugé lesdites parties de leur consentement après lecture sans préjudices à leurs dus et droits respectifs. Fait et arrêté lieu susdits par nous notaire royal susdit soussigné lesdits jour et an présents Jean Basse et Jean Leprou sergers demeurant audit Roézé témoins à ce requis avec nous soussignés lesdites parties ont déclaré ne savoir signer à la réserve dudit Michel Nieceron

[Signatures] Michel Niecesron, J. Basse, Jean Leprou, Bellanger

Céramique de Ligron

Céramique de Ligron

Céramique de Ligron

Céramique de Ligron

Céramique de Ligron

Céramique de Ligron

Quelques éléments du lexique utilisé dans cet acte notarié :

 

Crémaillon : petite crémaillère qui s’accroche sur la grande crémaillère.

Sermeau : Serpe. On trouve aussi le mot « serniau ».

Vouge : appelé aussi « craissant » (pour croissant). Outil tranchant dont la lame à la forme d’une faucille et dont l’épaisseur se rapproche de la serpe. Cette lame était montée sur un long manche d’environ 1,80 mètre et servait à couper de petites branches et les épines dans les haies.

Sas : tamis.

Marchepied : coffre au pied du lit.

Carrie : « plafond » du lit à quenouille.

Baillière : Sac rempli de balle (enveloppe du grain d’une céréale) et servant de matelas.

Couetty : Coutil (tissu très serré).

Traversier : traversin.

Entour : Tissu qui clôt le lit, entourage du lit.

Serge : tissu de laine.

Vergettes : tiges de fer pour faire coulisser les rideaux.

Dossier : pièce d’étoffe qui couvre le derrière du lit.

Vanellier : ou venellier ; tissu posé sur le côté du lit et qui ferme le lit sur la longueur opposée au mur.

Busse : Tonneau d’environ 230/240 litres.

Jale : cuvier en bois pour « marquer » (faire fermenter le marc avant pressage) le cidre.

Coyer : cornet qui porte le faucheur à la ceinture et dans lequel il met sa pierre à affûter.

Travouil : dévidoir à écheveaux.

Charrier : toile grossière pour le transport de la balle de blé, mais aussi pour le transport de la cendre pour la lessive.

Souille : Sac. Très souvent utilisé pour l’oreiller. C’est aussi dans une souille que l’on garde les papiers relatifs à la vie de la famille (titres de propriétés, baux, etc.).

Poupée : grosse bobine de fil.

Pot de guerlande : pot de garlande signifie une poterie tachée lors de la cuisson de la céramique.

Sivière rouleresse : la brouette.

Broye : instrument pour broyer le chanvre.

Cavale : la jument, le cheval.

Harasse : grand panier.

Breluche : étoffe de fil et laine.

Droguet : étoffe de laine grossière.

 

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

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31 mars 2023 5 31 /03 /mars /2023 21:18

Une querelle entre les moines de la Couture et les chanoines de Saint Pierre la Cour est à l’origine d’un texte (vers 1135) qui évoque une « foresta » sur Roézé. C’est la cour épiscopale qui intervient pour régler le problème.

 

Moi, Hugues, par la grâce de Dieu, métropolitain de Tours, et notre vénérable frère Guy, lui aussi par la grâce de Dieu évêque du Mans, et Guillaume abbé de Saint Pierre de La Couture, à tous les fidèles présents et à venir, salut ; nous attestons la vérité d’une cause que nous avons examinée.

Que votre sagesse sache avec certitude que l’église de Saint Pierre la Cour, par donation d’Hugues David fondateur de cette église et par abondante contribution des autres seigneurs du Mans et enfin par donation du comte Hélie, d’heureuse mémoire, a reçu et possédée longtemps les dîmes de sa forêt et sur la glandée et sur la moisson.

Comme cette forêt était devenue terre labourable depuis un long temps, les chanoines de Saint Pierre la Cour firent dans cette même forêt deux églises [Louplande et Voivres] et ils attribuèrent séparément à chacune sa paroisse ; et ils les occupèrent longtemps paisiblement.

Mais après un long temps, les moines de Saint-Pierre de Couture s'élevèrent contre les chanoines, disant que dans une certaine partie de la forêt, à savoir, dans celle qui est entre la rivière Orne et Roézé, ils avaient une dîme sur la glandée, et donc, quand cette partie de la forêt a été transformée en terre arable, ils ont pris le dixième de la moisson, car ils avaient des glands, seulement de ceux qui contredisaient les chanoines. Cela affirmé, Guillaume, doyen de Saint-Pierre-la-Cour, et les chanoines vinrent à l'évêque Guy, protestant de leur dîme, que les moines avaient ainsi envahie. Quand l'évêque entendit cela, il appela Guillaume, abbé de Saint-Pierre de la Couture, et les moines, et il donna le jour aux moines et aux chanoines qui l’acceptèrent. Le jour de l'échéance, ils vinrent tous les deux, et en présence du seigneur évêque, ils exposèrent leurs raisons.

Quand ils ont appris cela, la cour de l'évêque a décidé que les chanoines devraient être investis de la dîme qu'ils réclamaient, et ensuite, sur les chanoines, les moines auraient la justice. Ce jugement, les moines l'acceptèrent sans contradiction, et au lieu de l'investiture elle-même, ils remirent en gage aux chanoines le pallium.

Les ayant donc investis, vinrent les avocats de la paix et de la concorde entre les moines et les chanoines, et d'un conseil modéré, en notre présence et au chapitre de Saint Pierre de la Couture de notre main et de celle de l’évêque Guy, par l’abbé Guillaume et par le doyen Guillaume, l’accord a été signé et ainsi la querelle a été terminée et apaisée.

De sorte que désormais les moines aient la dîme et la paroisse de la terre de l’Auneau entre Roézé et la rivière de l’Orne, et la moitié des dîmes, offrandes, prémices et toute la rente paroissiale de la terre de Raymond, et de la terre des moines d’Oizé et de la terre des chanoines de Beaulieu et de la terre de Renaud du Breil.

Et que les chanoines aient l’autre moitié, et toutes les dîmes de l’autre forêt et toutes les rentes paroissiales en quelque lieu qu’il y ait forêt féodale et qui soit devenue terre labourable.

Et si les paroissiens des terres communes se rendent à l’église de Voivres, que les moines aient la moitié de tout leur revenu paroissial ; si au contraire ils se rendent aux églises des moines, que les chanoines aient là la moitié de tout le revenu paroissial de ces gens des communes.

 


 

Cartulaire de l’abbaye de la Couture au Mans1 et cartulaire de la collégiale Saint Pierre de la Cour2

 

1Cartulaire des abbayes de Saint Pierre de la Couture et de Saint Pierre de Solesmes, Le Mans, 1881

2Menjot d’Elbenne (Vicomte) et Denis (L. J.), Cartulaire du chapitre royal de Saint Pierre de la Cour du Mans, Le Mans, 1907

 

ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)
ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)
ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)

Les personnages cités dans les documents

Hugues : archevêque de Tours (1134-1146). Ce serait un membre de la famille des seigneurs de La Ferté-Arnaud (La Ferté-Vidame, Eure-et-Loir) comme semble l’indiquer le cartulaire de Saint Père de Chartres dans une confirmation de don datée des environs de 1136. Il succède à Hildebert de Lavardin, évêque du Mans et archevêque de Tours, mort en décembre 1134.

Gui : évêque du Mans (1126-1135) qui serait originaire de Bretagne (région de Ploërmel). Il est appelé Guy d’Étampes dans certaines publications. Il paraît avoir été assez proche du pouvoir normand puisqu’il fut à un moment de sa vie écolâtre de Salisbury, chanoine de Lincoln et archidiacre de Rouen. Il fait partie de ces évêques manceaux du XIIème siècle dont la renommée attire les étudiants. Il célébrera à la cathédrale du Mans le mariage entre Geoffroy V Plantagenêt et Mathilde fille du roi d’Angleterre Henri Ier. Il baptisera également en 1134 leur fils Henri, futur roi d’Angleterre. C’est aussi pendant son épiscopat qu’un grand incendie va ravager Le Mans en 1134. Il décède en 1135 (1136 selon Orderic Vital) et c’est Hugues de Saint-Calais qui devient alors évêque du Mans.

Guillaume, abbé de Saint Pierre de la Couture : Les auteurs de la transcription du cartulaire de la Couture se demandent s’il n’y a pas une erreur quant à ce nom puisque l’abbé à l’époque serait Foulques.

Hugues David : Les actes des cartulaires de la Couture et de Saint-Pierre-la-Cour font référence à ce Hugues dit aussi « filius David » ; à la fin du Xème siècle il a fait divers dons aux deux communautés religieuses. Il est d’ailleurs fort probable que certains éléments de la collégiale encore visibles aujourd’hui remontent à l’époque du comte Hugues II. Les hugonides étaient proches des Capétiens, mais ils changent de camp ; les Capétiens se tourneront alors vers les Angevins pour leurs confier le Maine. Cependant, les hugonides ne se laisseront pas faire.

Hélie : Hélie, de par sa mère, descend des comtes du Maine ; il avait racheté vers 1092 le comté du Maine à un de ses cousins, Hugues V. C’était un farouche adversaire des Normands allant jusqu’à faire prisonnier l’évêque Hoël, fidèle allié des Normands, ce qui entraîna à l’époque un certain vent de révolte dans le Maine. On voit clairement que le comté est partagé entre suivre les partisans des Angevins ou ceux des Normands, d’autant que les intérêts des uns deviennent parfois les intérêts des autres selon que les seigneurs fassent ou défassent leurs alliances. Mais les premières années d’Hélie en tant que comte du Maine sont compliquées. Jusqu’à l’extrême fin du XIème siècle, les troupes normandes vont agir dans le Maine où elles reprennent plusieurs châteaux ; Orderic Vital allant même jusqu’à dire que le comte Hélie fut fait prisonnier. En 1100, Guillaume Le Roux, roi d’Angleterre, meurt. Hélie va alors pouvoir s’imposer non sans devoir encore se positionner subtilement dans un univers seigneurial où les retournements d’alliance sont fréquents. Cependant la première décennie du XIIème siècle sera pour Hélie celle de la stabilisation, se rapprochant de l’Angleterre mais également de l’Anjou. Après les guerres était venu le temps de la diplomatie.

Guillaume, doyen de Saint-Pierre-la-Cour : C’est à priori la seule mention de ce religieux.

Moines d’Oizé : Le prieuré d’Oizé est doté par Hélie de La Flèche et dépendait de Vézelay. Les religieux avaient le fief des Buretières (actuellement sur la commune de Voivres) donc de l’autre côté du ruisseau de l’Orne. Le prieuré, du moins pendant cette période, reste très proche du pouvoir angevin.

Chanoines de Beaulieu : L’abbaye de Beaulieu a été fondée au début de XIIème siècle, soit quelques années avant la rédaction de l’accord qui nous intéresse ici. Elle se situait au Mans sur la rive droite de la Sarthe, dans l’ancienne paroisse de la Madeleine. A Roézé, l’abbaye possède Saint-Fraimbault qu’elle aurait obtenu sans doute dès le XIIème siècle par Foulques d’Anjou.

Renaud du Breil : Le toponyme est tellement fréquent qu’il est difficile de localiser cette terre en l’absence d’éléments historiques restés dans les écrits. Selon Menjot d’Elbenne, au XVème siècle, il existait un Jean Bellenger, seigneur du Breil à Saint Benoît sur Sarthe. Pour les auteurs du début du XXème siècle, il s’agirait d’un fief à Brûlon. On trouve également une charte du XIIème siècle où est cité un Renaud du Breil dans un acte concernant l’abbaye de Tironneau.

 

Le contexte

On peut essayer de comprendre le conflit entre les deux entités religieuses. D’un côté nous avons l’abbaye de la Couture et de l’autre les religieux de la collégiale Saint Pierre la Cour. Cette dernière est sous le contrôle direct du comte du Maine et, pour l’époque qui nous intéresse ici, donc de Geoffroy V Plantagenêt (1113-1151). Quant à l’abbaye de la Couture, elle est alors à son apogée : plusieurs dizaines de milliers d’hectares de terres, une cinquantaine de prieurés et un abbé aussi puissant que le comte du Maine.

Geoffroy V le Bel

Geoffroy V le Bel

Si l’on en croit les écrits de Dom Piolin dans son œuvre conséquente « Histoire de l’Église du Mans »1, la période est assez tendue. Le Maine est passé aux mains des Plantagenêts en 1110 lors du mariage entre Foulques V, comte d’Anjou, et Erembourg du Maine héritière du comté. Foulques V meurt en 1129 et c’est le jeune Geoffroy V le Bel qui hérite du comté. Il doit alors s’affirmer face à des seigneurs qui voient en ce jeune comte un élément faible qui devrait être facile à attaquer. On verra d’ailleurs la famille de Sablé, liée par mariage à celle de La Suze, prendre position contre les Plantagenêts.

Piolin nous dit que Foulques avait confisqué des terres religieuses pour les redistribuer à ses fidèles. Il semble que ces « confiscations » soient en lien avec des défrichements entre Le Mans et La Suze dans ce qui se nommait autrefois les bois des Teillais. Mais on sait par diverses sources, dont l’archéologie, que ces espaces étaient déjà habités. C’est le cas du secteur des Randonnays aux confins des communes de Voivres-Lès-Le Mans, Etival-Lès-Le Mans et Allonnes. Certains lieux à la limite des deux paroisses ont été jusqu’à la Révolution en « tournes », c’est à dire qu’ils relevaient une année d’une paroisse et l’année suivante de l’autre. Il paraît aussi dans ce document que ces donations comtales ont été suivies d’une mise en valeur des terres pour justement accroître les revenus des établissements religieux.

1Dom Paul Piolin, Histoire de l’Église du Mans, T. IV, p. 2, Paris, 1858

La Tournerie, carte de Cassini (1765)

La Tournerie, carte de Cassini (1765)

L’abbaye de la Couture avait obtenu des terres sur Roézé dans le second quart du XIème siècle lorsque le seigneur Lodon fit don de biens aux religieux entre la Sarthe et l’Orne Champenoise. Quelques chartes dans le cartulaire de la même abbaye nous rapportent d’autres mouvements de terres dans la région de La Suze. Ainsi en 1142, une courte charte fait mention d’un contentieux avec Payen de Clairvaux toujours à propos d’une « foresta ».

Qu’est ce qu’une « foresta » ?

Il serait très réducteur de traduire ce mot latin médiéval par « forêt », du moins par l’image que nous renvoie ce terme. Il s’agit plutôt d’une unité juridique qui peut inclure des forêts, des landes, des bois, des cultures, des villages, etc. D’ailleurs, elle est traversée par chemin appelé « viam Caenomansem » dans une charte de l’évêque d’Angers du début du XIIème siècle1. Il ne faut pas non plus le prendre comme un lieu précis mais comme un espace géographique relativement étendu. Les environs nous révèlent plusieurs toponymes en relations avec ce type de paysage : La Forêt (Etival Lès Le Mans, Fillé sur Sarthe, Roézé sur Sarthe), les Buissonnières (Etival Lès Le Mans), les Bois (Roézé sur Sarthe, Louplande), la Touche (Roézé sur Sarthe, Louplande), les Landes (Allonnes, Spay, Saint Georges du Bois), etc.

1Josèphe Chartrou, L’Anjou de 1109 à 1151, Presses Universitaires de France, Paris, 1928, p. 356

A l’origine, il s’agit d’un système qui apparaît vers le VIIème siècle et qui se développe ensuite à l’époque carolingienne. Les territoires concernés sont sortis du droit commun1. Puis, lorsque le pouvoir carolingien décline et que les forestae ont perdu leur fonction première, les comtes vont utiliser cette réserve foncière pour les redistribuer afin de renforcer leurs réseaux de pouvoir. C’est ce sont que l’on voit par exemple à propos du domaine des Randonnays. D’ailleurs, les indices archéologiques sur cette zone montrent clairement qu’à l’époque antique l’occupation était autre.

Le texte est assez clair puisqu’il évoque un territoire transformé en terre labourable et sur lequel les religieux perçoivent des droits. A la lecture de divers documents médiévaux, on a le sentiment d’avoir un espace qui était aux mains des comtes du Maine et qui sera concédé à des abbayes. En tout cas, il semble que les dons faits à Saint Pierre la Cour soient simplement un moyen pour le comte de faire fonctionner en autonomie sa collégiale.

La confirmation d’une charte de Foulques concernant les Randonnays (Voivres) précise justement les attributions de ce territoire. On y apprend ainsi qu’il y fut fait des prés, que les moines avaient droit de panage ou glandée dans les bois pour leurs porcs ainsi que le droit de prélever du bois pour édifier leurs bâtiments.

 

Mais le diplôme du comte Hugues du Maine daté de 10142, soit un siècle antérieur aux documents ci-dessus évoqués, permet d’affiner le vocabulaire. Il y est bien spécifié que c’était une terre relevant directement du comte puisqu’on trouve l’expression latine « nostri juris terram ». L’utilisation du terme « saltus » renvoie plutôt à un paysage de landes, de terres non cultivées en friche ; le document dit que ce saltus entoure le lieu de Vedobris que l’on fait correspondre aujourd’hui à Voivres. Il paraît donc évident que les religieux reçoivent une terre pour la mettre en valeur ; il faut dire que le prieuré Saint Victeur avait été doté quelque temps auparavant de vignes et des moulins situés au Mans ou à proximité immédiate. Mais une indication dans ce texte permet de mieux comprendre le flou qui réside dans ce type de paysage puisque la phrase « que dicitur Vedobris, sicut eam saltus undique circuncludit, cum omnibus que in ea sunt, id est ecclesia, molendino, pratis, vivaiiis » indique que dans le saltus sont également présents une église (ou chapelle), un moulin, des prés et des viviers. Il est donc possible que cette occupation corresponde à une implantation au moins carolingienne voire même mérovingienne. Il n’est pas impossible d’ailleurs que le Vedobris du diplôme de 1014 soit aussi le Vodebris rencontré dans la Vie de Saint Julien.

1Jean-Claude Meuret, Paroisses sur la limite orientale de la Bretagne aux XIe-XIIe siècles : évolution du réseau en contexte frontalier, dans La paroisse, communauté et territoire, p. 291-367, PUR, Rennes, 2013

2Bertrand de Broussillon, Cartulaire de Saint Victeur au Mans prieuré de l’abbaye du Mont Saint Michel (994-1400), Paris, 1895, p. 5

Les Randonnays, Voivres, 1948

Les Randonnays, Voivres, 1948

La Forêt, Roézé, cadastre 1843

La Forêt, Roézé, cadastre 1843

La Forêt, Roézé, traces parcellaires d'occupation médiévale

La Forêt, Roézé, traces parcellaires d'occupation médiévale

ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)

On peut aussi voir dans ce texte la difficulté à délimiter précisément les paroisses, et donc les droits y afférant1. Il en restera, jusqu’à l’établissement des communes avec des limites précises dans un plan cadastral, des traces avec des zones en tourne. On trouvera d’ailleurs un lieu-dit la Tournerie sur Voivres.

On peut voir sur le plan cadastral de XIXème siècle, les traces laissées par cet aménagement. Une zone elliptique est bordé à l’ouest par le lieu-dit « La Forêt » et à l’est par celui des « Bretelleries ». Il semble que cette zone ait été coupée en deux à un moment. Peut-être qu’au départ seul le lieu de la Forêt existait et qu’ensuite on ait installé une autre famille sur le lieu des Bretelleries ; mais cela n’est qu’une hypothèse en l’absence de sources pour travailler plus précisément.

Il faut aussi noter que les quatre toponymes « Forêt » sont en limite de paroisse. Celui d’Etival borde Voivres et Louplande, celui de Fillé borde Voivres, celui de Louplande borde aussi Voivres ainsi que celui de Roézé

1Michel Brand’honneur, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes, Habitat à motte et société chevaleresque (XIe au XIIIe siècles), PUR, Rennes, 2001

Les dotations religieuses au XIème et XIIème siècles

Comme nous l’avons dit plus haut, ces deux communautés religieuses vont être dotées de domaines. On sait que l’abbaye de la Couture a reçu vers 1030-1050 des terres autour de Roézé d’un seigneur nommé Lodon mais dont on ne connaît pas l’étendue du domaine1. En 1185, les religieux recevront aussi des dîmes sur la Beunêche.

Quant à Saint Pierre la Cour, elle avait donc reçu deux « ecclesias » bien avant la querelle évoquée dans ce document. La fondation de ces deux églises n’est sans doute à prendre au sens premier de ce terme. Il s’agit plutôt de l’acquisition de droits sur la paroisse2.

 

D’autres donations comtales sont connues dans ce secteur. Au début du XIème siècle, le comte du Maine Hugues donne au Mont Saint Michel de la terre entre Etival Lès Le Mans et Voivres.

Ce secteur entre Le Mans et La Suze a fait l’objet de plusieurs autres donations. Par exemple, Foulques d’Anjou avait fait don aux religieux de Savigny (50), sans doute vers 1116/11203, de la terre des Randonnays4 (commune de Voivres-Lès-Le Mans) située à cinq kilomètres au nord-est de la Forêt ; la terre passe ensuite à l’abbaye cistercienne de la Boissière (49) dépendante de Savigny. Mais cette implantation ne pu se développer et les moines iront ensuite à Denezé sous Le Lude (49). C’est peut-être de cette époque que date le droit de novales (droit sur les terres nouvellement défrichées) attribuée aux curés de la paroisse de Voivres sur la terre des Randonnays.

1Cartulaire des abbayes de Saint Pierre de la Couture et de Saint Pierre de Solesmes, Le Mans, 1881, p. 17 à 19

2Éric Van Torhoudt, La formation des territoires paroissiaux en Normandie occidentale aux XIe-XIIIe siècles, dans La paroisse, communauté et territoire, p. 235-257, PUR, Rennes, 2013

3Jaap van Moolenbroek,  Vital, l'ermite, prédicateur itinérant, fondateur de l'abbaye normande de Savigny, Revue de l'Avranchin et du Pays de Granville, t. 68, no 346,‎ 1991, p. 203

4Noël-Yves Tonnerre, La place des abbayes cisterciennes dans l’histoire de l’Anjou, Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 120-3, 2013, p. 172-187

Donations

Donations

Eglise de Roézé (datation proposée : 975/1025)

Eglise de Roézé (datation proposée : 975/1025)

Prieuré des moines de la Couture à Roézé.

Prieuré des moines de la Couture à Roézé.

Voivres, XIème siècle

Voivres, XIème siècle

Etival Lès Le Mans, IXè/Xè s.

Etival Lès Le Mans, IXè/Xè s.

Les problèmes de perception des dîmes et de patronage sur les paroisses sont un sujet classique qui revient souvent au cours du XIIème siècle. La justice épiscopale s’appuie alors sur une administration développée et organisée pour s’occuper de ces questions. On peut sans doute également voir dans cet accord un exemple du pragmatisme épiscopal manceau qui vient régler un conflit entre une institution religieuse très proche des Plantagenêts et une abbaye de la Couture au sommet de sa puissance.

 

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18 février 2023 6 18 /02 /février /2023 22:23

La lande de Pierre Aube à Fillé sur Sarthe

 

Il existe sur la route qui va de Fillé à Voivres un lieu-dit nommé « Pierre Aube » qui correspond à une zone boisée entre la route de Voivres et la route des Vignes. Il existe d’autres lieux nommés Pierre Aube, ou ses dérivés, en France : Saint Germain des Champs (Yonne), Landéan (Ille-et-Villaine), Adervielle Pouchergues (Hautes Pyrénées), Lamayou (Pyrénées Atlantiques), Arrigas (Gard), etc.

Photographie aérienne (1948)

Photographie aérienne (1948)

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Cassini (1765)

Carte de Cassini (1765)

La lande de Pierre Aube à Fillé sur Sarthe
Plan du début du XIXè siècle. Les landes sont visibles à droite.

Plan du début du XIXè siècle. Les landes sont visibles à droite.

Les plans anciens et les différents cadastres du XIXème siècle n’indiquent aucune ferme portant ce nom ; cependant un bordage (Mathurin Brincoustu bordager vers les années 1670) est signalé dans quelques actes notariés du XVIIème siècle sans qu’il soit possible de le localiser. Le lieu désigne une lande dépendant avant la Révolution de la terre du Gros Chesnay dont des parcelles sont louées à divers fermiers. Il y est fait mention également d’un lieu de paissage c’est à dire une zone où viennent paître les bêtes. Les actes notariés précisent que l’on va « en la lande Pierre Aube ».

Acte notarié de 1657

Acte notarié de 1657

Cadastre 1844

Cadastre 1844

Cadastre 1844

Cadastre 1844

Cadastre 1844

Cadastre 1844

Dans la Sarthe, de nombreux lieux-dits portent le nom de « Pierre ». Pour la région de Fillé, citons la présence de ce toponyme sur Cérans-Foulletourte, Guécélard, Mézeray, Spay, etc. Certains désignent la présence de monuments mégalithiques remontant au néolithique (ex : Pierre Couverte à Parigné le Pôlin). On peut donc raisonnablement penser que le nom « Pierre Aube » (c'est-à-dire la pierre blanche) est le témoin d’un monument préhistorique présent sur la commune de Fillé.

Cette idée est confortée par des découvertes archéologiques faites dans les environs. On a trouvé dans quelques champs de Fillé des objets préhistoriques datant du néolithique (entre 6000 et 2000 avant Jésus Christ). La vallée de la Sarthe a toujours été un axe de circulation et il est logique de ramasser des objets de cette époque sur la commune.

Parmi ces découvertes, un objet se distingue. Il s’agit d’une meule trouvée près du Clos Colin. Elle permettait à une famille de produire de la farine à partir de céréales. C’est en quelque sorte l’ancêtre du moulin de Fillé.

Outils préhistoriques découverts sur Fillé

Outils préhistoriques découverts sur Fillé

Outil préhistorique, Fillé

Outil préhistorique, Fillé

Meule à moudre

Meule à moudre

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28 janvier 2023 6 28 /01 /janvier /2023 18:33

Délibération du Conseil Municipal de la commune de Voivres, qui autorise le maire à vendre le pressoir dépendant du presbytère (23 septembre 1805).

 

Nous, adjoints et membres du Conseil Municipal de la commune de Voivres soussignés.

Sur la représentation à nous faite par M. Jacques Blin maire de cette dite commune, qu’il existe un pressoir dépendant du presbytère, lequel se trouve dans un état de détérioration qui en rendrait les réparations à faire très dispendieuses, que le pressoir ne serait  dans la suite d’aucune valeur si on le laissait encore une année exposé, comme il est à toutes les rigueurs des saisons, étant situé dans une grange dont le toit est d’un côté entièrement découvert ; en conséquence il demande à être autorisé à le vendre, et à employer les deniers en provenant au profit de l’église en la qualité de receveur de la fabrique.

Examen par nous fait de l’état où se trouve ledit pressoir, avons reconnu que les planches qui en forment le fond sont entièrement pourries et hors de service quelconque, que les deux couettes, ainsi que la jumelle sont déjà fort endommagées et de peu de valeur.

En conséquence pour prévenir une plus grande détérioration, autorisons ledit sieur Blin à vendre ledit pressoir, et à employer les deniers provenant de la vente suivant l’avis des fabriciers de l’église nommé par Monseigneur l’Evêque du Mans.

Pris en Conseil Municipal le premier Vendémiaire an Ier de l’Empire Français.

 

Registre des délibérations communales de Voivres

Registre des délibérations communales de Voivres

Presbytère de Voivres (fond Cordonnier)

Presbytère de Voivres (fond Cordonnier)

Cadastre de 1809 (le presbytère est au numéro 129 du parcellaire)

Cadastre de 1809 (le presbytère est au numéro 129 du parcellaire)

Quelques remarques :

 

Le maire Jacques Blin naît à Etival-Lès-Le Mans le 30 novembre 1749 de Jacques Blin et de Marie Barrier. Alors sabotier à Voivres, il épouse Marie Compain le 20 avril 1784. Devenu veuf en 1789, il se remarie avec Louise Leroy le 11 octobre 1791.

On le voit apparaître comme maire dans un acte du 18 décembre 1802. L’abbé Bichette, curé de Voivres à partir de 1834, rédacteur plutôt partial des chroniques de la paroisse, nous donne quelques indications sur l’arrivée de Jacques Blin en tant que maire. L’édile précédent, Louis Hourdel, est accusé selon Bichette de s’être adonné à la boisson et d’être grossier ; Bichette nous rapporte d’ailleurs que le jour de la Toussaint 1802, Hourdel, qui faisait aussi fonction de sacriste, avait manqué de respect au prêtre et interrompu son office. Démis de ses fonctions, il est alors remplacé par Jacques Blin.

En 1802 est rédigé un compte de tutelle entre lui et sa fille Marie Appolline née de son premier mariage. Y sont cités certains biens occupés par Jacques Blin tels que deux maisons chauffantes avec boutique, cour et jardin au bourg, un petit clos de terre à la Blotinnière et une parcelle de vignes au clos des Cosnilleries, le tout à Voivres. Il avait aussi une maison et des terres à Fay.

En 1803, il acquiert avec sa femme une maison composée d’une pièce avec cheminée et un cellier derrière située au bourg de Voivres.

Il meurt à Voivres le 19 mai 1812 et c’est son fils qui déclare le décès le lendemain en mairie. Mathurin Piveron devient alors maire.

Acte de baptême de Jacques Blin (registre paroissial d'Etival Lès Le Mans)

Acte de baptême de Jacques Blin (registre paroissial d'Etival Lès Le Mans)

Acte de décès de Jacques Blin (Rtat-civil de Voivres)

Acte de décès de Jacques Blin (Rtat-civil de Voivres)

Acte de décès de Jacques Blin (Etat-civil de Voivres)

Acte de décès de Jacques Blin (Etat-civil de Voivres)

Vente d'un pressoir à Voivres-Lès-Le Mans en 1805

La vigne est présente sur le territoire de Voivres depuis longtemps, comme un peu partout en Sarthe d’ailleurs ; les cartulaires médiévaux y font très souvent référence. Et trouver un pressoir dans un presbytère n’a rien de surprenant puisque la cure et la fabrique ont des vignes.

Déjà dès le XIIIème siècle, le cartulaire de l’abbaye de Beaulieu fait mention de Jean Jardin, paroissien de Voivres, qui possède une maison dans le bourg derrière laquelle se trouvent des vignes. Les documents des XVIIème et XVIIIème siècles concernant Voivres nous donnent certaines informations sur la culture de la vigne dans cette commune.

En 1604, le curé de Voivres, dans un conflit qui l’oppose aux religieux de la Boissière concernant la terre des Randonnays, fait état de vins perçus pour la dîme.

Il y avait plusieurs clos de vignes à Voivres : le secteur des Jouannières à l’ouest de la commune avec un lieu-dit nommé le Pressoir et un parcellaire en lanières; la Conillerie au nord-ouest du bourg avec également un lieu-dit le Pressoir ; le clos de la Cheverie à l’est de la commune  où en 1661 Jacques Le Gros fait don d’un quartier de vignes à la cure; la Blotinière, etc. D’ailleurs on rencontre plusieurs fois des vignerons dans les registres : Michel Gaupuceau qui habite aux Vallées en 1619, Mathurin Blanchard vigneron à la Jouannière en 1624, Louis Gaupuceau qui rédige son testament en 1637, Léonard Barier qui achète une vigne à Voivres en 1638, Hiéraume Couderay inhumé en 1667, Jean Froger qui achète des vignes à la Cailloterie et à Beauvais en 1671, Jacques Loyseau inhumé en 1684, Jacques Hervé inhumé en 1686, René Fournigault inhumé en 1687, Pierre Bouteiller locataire de vigne à la Cailloterie et à la Basse Jouannière en 1741, Louis Drouard qui entretenait les vignes de la fabrique en 1744, Julien Cornillau journalier vigneron qui achète une vigne en 1767, Julien Besnard vigneron locataire d’une chambre aux Sauvagères en 1771, Joseph Piron qui prend le bail de vignes à la Cailloterie et au Pressoir en 1780, etc.

Vente d'un pressoir à Voivres-Lès-Le Mans en 1805
Acte notarié (1624)

Acte notarié (1624)

Les vignes ne sont pas forcément de bonne qualité comme en témoignent les divers montrées et actes de vente. Par exemple, en 1769 la montrée du lieu de la Renardière décrit l’état des parcelles : « Que deux quartiers de vigne l’un dans le clos du Pressoir et l’autre dans le clos de la Cosnillerie sont nantys de quantité de places vides de diverses grandeurs sans soeufs et que le surplus de laditte vigne ne se trouve qu’au tiers plantée le fort raportant au faible et pour n’avoir pas provigné laditte vigne les années dernières ne lavoir pas beichée en saison convennable et ne l’avoir pas fumée ce que porte une perte considérable audit Letourneau fermier actuel pourquoy led(it) expert en aarbitré les dommages et interrest à la so(mm)e de quinze livres , Cy……………………..15tt »

 

Certaines années, les récoltes étaient plus bonnes comme l’indique le curé Girard en 1720 : « La presante année a été fort fertille an toutes sortes de grains fruits et légumes, principalement an vin dont a été si grande quantité que lon a été contraint dans laiser perdre la plus grande partie faute de tonnois pour le ramasser quels tonnois ont été sans pris et sans an pouvoir trouver pour de largent neamoins lesdits vins ont été de for mauvaize qualité ». Quant à sa qualité, tout dépendait des années et des dégustateurs. Le Paige dans le dernier quart du XVIIIème siècle dit qu’« il y a des vignes dont le vin est de petite qualité ». Bichette écrit dans la première moitié du XIXème siècle que « Les vignes donnent d’assez bon rouge ; mais le blanc en est mauvais, il faut le dépenser de suite. Dans les bons caveaux, le vin rouge peut se garder un an ou deux en busses ; j’en ai fait l’expérience au presbytère. Je dois dire que mon vin était de 1834. Dans cette année-là, la récolte fut très abondante et les vins exquis, tellement que l’on buvait avec plaisir ceux des plus méchants crus ».

 

Il y a quelques années, on trouvait encore des bouteilles de vin produites à Voivres.

 

Carte de Jaillot (1706) sur laquelle on voit les vignes entre Voivres et La Suze

Carte de Jaillot (1706) sur laquelle on voit les vignes entre Voivres et La Suze

Parcelles de vignes sur le cadastre de 1809

Parcelles de vignes sur le cadastre de 1809

Registre paroissial (1720)

Registre paroissial (1720)

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29 décembre 2022 4 29 /12 /décembre /2022 22:15

LORSQUE LE SEIGNEUR DU GROS CHESNAY REND HOMMAGE AU SEIGNEUR DE BUFFES

Un acte notarié du 28 novembre 1654 nous rapporte comment Jean Le Boindre, seigneur du Gros Chesnay prête serment de fidélité au seigneur de Buffe.

Aujourd’hui vingt et huitième jour de novembre
mille six cent cinquante et quatre après midi.
Est comparu devant nous Daniel Le Long
notaire en la cour royale du Mans demeurant paroisse
de Fillé notre résidence, messire Jehan
Le Boindre conseiller du Roy en la cour du
Parlement à Paris y demeurant paroisse de
St André des Arts, étant présent en
sa maison de Grochenay paroisse dudit Fillé.
Lequel nous a requis nous transporter
avec lui au logis seigneurial de
Buffes situé audit Fillé a effet de
faire et jurer la foi et hommage
entre les mains de Monsieur de la
Palluelle à cause du fief de Fillé
appartenant audit seigneur de la Palluelle
et Buffes pour raison de son fief du
Grochenay et dépendances. Où étant arrivé
audit Buffes avons trouvé Agate Papiel femme
François Brossard concierge dudit logis laquelle a déclaré
que le seigneur de La Palluelle était absent ; au moyen de quoi mon dit
seigneur du Grochenay au devant de
la poutre seigneuriale de la principale
entrée dudit lieu de Buffes a appelé à haute voix
par trois fois « Monseigneur
Monseigneur Monseigneur je suis
ici venu exprès pour vous offrir jurer
la foi et hommage simple telle que
elle vous est due pour raison
de mes terres fief et seigneurie du
Grochenay, des choses en dépendant en tant
qu’il en est tenu de vous pour
raison de votre dit fief de Fillé gager
le rachat le cas advenant et
rendre telle obéissance que à seigneur
est due ». Dont et de ce que dessus avons
audit seigneur décerné le présent acte
pour lui servir et valoir ainsi que
de raison et avons laissé copie du
présent acte. Fait et arrêté audit logis
de Buffes en présence des témoins Louis Girard marchand
demeurant au Mans et Pierre Paigeot
aussi marchand étant présents en le lieu.

Carte de Cassini

Carte de Cassini

Situation des lieux évoqués

Situation des lieux évoqués

Le château de Buffe

Le château de Buffe

Carte de Trudaine

Carte de Trudaine

Jean Le Boindre (1620-1693), seigneur du Gros Chenay à Fillé sur Sarthe

 

S’il est des personnages célèbres à Fillé, Jean Le Boindre (1620-1693) est sans doute celui qui pourrait occuper une place d’honneur sur l’autel des célébrités locales.

Les Le Boindre sont une famille originaire de l’Est de la Sarthe (région de La Ferté-Bernard et Montmirail). Puis elle connaît une promotion sociale en s’installant au Mans et en occupant des postes relativement importants.

Jean Le Boindre est né en 1620 et est le fils de Paul Le Boindre et de Renée Joubert. Ses fonctions le poussèrent à Paris où il vécu de nombreuses années. Il arrive comme conseiller au Parlement de Paris en 1645 après avoir acquit sa charge pour la somme de 122 000 livres tournois. En 1647, il épouse Françoise Beschefer ; cette union le positionne plus clairement dans ce monde des offices et lui assure certaines relations importantes. Mais son attitude pendant la Fronde lui vaut d’être exilé en 1653 dans la région nantaise puis à Fillé par la suite. Mais il ne pouvait se résoudre à laisser sa campagne sarthoise ; dès que le temps lui en laissait loisir, il revenait dans son domaine champêtre à Fillé. Il avait vendu ses propriétés mancelles pour se constituer un domaine autour de sa seigneurie du Gros Chenay à Fillé. Il possède également les anciennes seigneuries de Buffes à Guécélard et de La Beunêche à Roezé sur Sarthe. Les archives notariales nous montrent en effet un propriétaire terrien soucieux de ses biens.

Jean Le Boindre meurt au Gros Chenay le 7 novembre 1693.

En 1689, le fils du couple, Jean Baptiste François Le Boindre, devient à son tour conseiller au Parlement de Paris.

Acte de baptême de Jean Le Boindre

Acte de baptême de Jean Le Boindre

Acte de décès de Jean Le Boindre

Acte de décès de Jean Le Boindre

Armes des Le Boindre (cliché Alain Barbier)

Armes des Le Boindre (cliché Alain Barbier)

Deux terres différentes à l’origine : le Gros Chesnay et Buffe

La seigneurie du Gros Chesnay à Fillé semble apparaître dans les documents dans le dernier quart du XVème siècle avec les de Bellenger puis ensuite les Mainard dont une fille va épouser un Le Boindre, un des ancêtres de Jean Le Boindre. Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, la terre passe aux mains des Daniel de Beauvais.

Quant à la seigneurie de Buffe, elle est beaucoup plus ancienne. Dans le cartulaire de Château du Loir sont cités au XIIème siècle Hugues et Guillaume de Buffe, vassaux du seigneur de La Suze. Au XIIIème siècle Renaud de Buffe est vassal de la châtellenie d'Oizé. On pourrait ajouter d'autres noms à cette liste. Au XIVème siècle, Buffe est aux mains des Du Bouchet. Puis, par alliance, Buffe passe aux de Germaincourt au XVème siècle puis aux de la Palluelle.

Jusque dans les années 1660, Buffes a un statut particulier puisque la seigneurie est la détentrice de droits sur les terres de la paroisse de Fillé. Ainsi, plusieurs planches de vignes du clos du Gros-Chesnay, ainsi que d'autres terres sur Fillé, relèvent de la seigneurie de Buffes. De même le moulin de Fillé, toujours en activité de nos jours, est appelé dans les documents anciens « moulins de Buffes ». Ou alors en 1662, un acte notarié concerne Jean Poirier l’aîné, marchand meunier, demeurant aux moulins de Fillé dépendant du château de Buffes.

Et vers 1668, Buffe devient la propriété des Le Boindre, seigneur du Gros-Chesnay à Fillé.

Le Gros Chesnay

Le Gros Chesnay

Le Gros Chesnay

Le Gros Chesnay

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19 décembre 2022 1 19 /12 /décembre /2022 13:38

DES PLACES SONT A LOUER A L’ÉGLISE DE FILLÉ

 

Il fait froid ce mardi 8 décembre 1761. En ce jour de fête de la Conception de la Sainte Vierge, les habitants sont venus nombreux à l’église de Fillé. A l’issue de la grande messe, maître René Bellanger, notaire royal à Roézé, grimpe sur la pierre à bannir au devant de la grande porte de ladite église dans le cimetière. 

Sont également présents les principaux habitants du village : François Gaignon le jeune, charpentier mais aussi procureur de la fabrique et église de Fillé ; maître Charles Bigot prêtre curé de Fillé ; Gervais Jamin, marchand et procureur syndic de la fabrique ; Jacques Tanchot l’aubergiste et boulanger ; Pierre Grosbois et Louis Orry, laboureurs ; Louis Gasse, maréchal ; Jean et Joseph Aslinnes, bordagers ; Gilles Pageot, menuisier ; et d’autres encore.

Le notaire annonce aux villageois la raison de sa présence : la fabrique, qui gère les biens de l’église, rencontre quelques difficultés sur la location des places des bancs dans la nef de l’église. François Gaignon, gestionnaire des affaires de la fabrique, se plaint que certains locataires ont oublié depuis plusieurs années de payer leur rétribution annuelle pour les places qu’ils occupent. Ces rentrées financières seraient les bienvenues dans les caisses, si peu remplies, de la fabrique pour permettre un meilleur entretien de l’église. Il semble que ce manque d’empressement soit le fait d’un désaccord sur la qualité du service proposé : en effet, les bancs ne sont pas tous de même qualité et les locataires contestent le prix demandé.

On décide alors d’uniformiser la taille des bancs : trois pieds de largeur sur quatre pieds six pouces de longueur. Du côté de l’Evangile, ils seront éloignés de quatre pieds des fonts baptismaux et de l’autel saint Sébastien afin que chacun puisse mieux circuler. Du côté de l’Epître, il faut les éloigner d’un pied de la tombe de la dame Leboindre et de quatre pieds de l’autel de la Sainte Vierge.

Celui, qui au terme de deux années consécutives, n’aura pas payé sa place verra son banc sorti hors de l’église et mis en vente.

Ensuite, on procède à l’adjudication desdites places. D’abord, les bancs du côté de l’Evangile. Julienne Nieceron, veuve de François Loizeau reprend sa place au premier rang ; le marchand René Trouvé occupe la seconde place. Au troisième rang, la place dite du Plessis est prise par Louis Orry. La quatrième place est accordée à Jacques Tanchot l’aubergiste. La cinquième place revient à Gervais Jamin. Le charpentier René Belin obtient la sixième place. Louis Gasse, le maréchal, prend la septième place. Mathieu Grosbois, laboureur, loue la huitième place. Louis François Daniel de Beauvais, seigneur du Gros Chenay et de Fillé, a le banc proche de l’autel saint Sébastien.

Du côté de l’Epître, les bancs sont concédés comme suit : la première place est accordée à François Gaignon le jeune. La deuxième est laissée au curé sans contrepartie. La troisième place est dite de la Richardière ; elle appartient aux enfants Oger mais c’est le sieur Edon de la Flèche qui en jouit. François Huard, laboureur, a la quatrième place de l’autre côté du confessionnal.

Le prix d’une location annuelle est de trente sols soit environ quatre journées de salaire d’un ouvrier agricole.

 

 

 

Les bancs de l'église de Fillé
Les bancs de l'église de Fillé
Les bancs de l'église de Fillé
Les bancs de l'église de Fillé
Les bancs de l'église de Fillé
Les bancs de l'église de Fillé
Les bancs de l'église de Fillé
Les bancs de l'église de Fillé
Les bancs de l'église de Fillé
Les bancs de l'église de Fillé
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8 novembre 2022 2 08 /11 /novembre /2022 18:38

La présentation de Jacques Tuault dans cet article permet d’illustrer une constante des campagnes sarthoises, à savoir le rôle du monde paysan qui, à l’époque qui nous intéresse ici, est le principal générateur d’emplois.

Jacques Tuault père est né à Saint Michel de Chavaignes (Sarthe) en 1656. On ne sait pour quelle raison, mais il arrive ensuite dans la région de Spay. Le 24 septembre 1685, il y épouse Anne Lecrenais qui décède dans cette même paroisse le 22 juin 1697. Veuf, il se marie alors avec Anne Frettaux le 10 février 1698 également à Spay. Elle décède à Allonnes le 7 mai 1710 ; le même jour est inhumé son fils Jacques âgé d’un an. Puis le 10 avril 1714, Jacques Tuault épouse Marie Herbet à Allonnes. Jacques Thuault, fermier du Gros Chesnay, est inhumé à Fillé le 20 mai 1736 « en présence de sa femme, de ses fils, filles, gendres et autres ». De l’ensemble de ces unions vont naître au moins vingt et un enfants.

Baptême de Jacques Tuault à Saint Michel de Chavaignes en 1656 (AD72)

Baptême de Jacques Tuault à Saint Michel de Chavaignes en 1656 (AD72)

Mariage à Spay en 1685 (AD72)

Mariage à Spay en 1685 (AD72)

Mariage à Spay en 1698 (AD72)

Mariage à Spay en 1698 (AD72)

Eglise de Spay

Eglise de Spay

Mariage à Allonnes en 1714 (AD72)

Mariage à Allonnes en 1714 (AD72)

Eglise d'Allonnes

Eglise d'Allonnes

Sépulture de Jacques Tuault à Fillé en 1736 (AD72)

Sépulture de Jacques Tuault à Fillé en 1736 (AD72)

Le 10 mai 1733, « haute et puissante dame Marie Françoise Catherine D’Oujat, épouse haut et puissant messire Jean Baptiste François Leboindre conseiller en la grand chambre du Parlement de Paris, chevalier, seigneur du Gros Chesnay, Buffes, Spay, Fillé, Vauguion, la Beunêche et autres lieux » passe le bail de la métairie du domaine de Gros Chesnay (Fillé) à « Jacques Tuaut laboureur et Marie Herbet … demeurants paroisse de Royzé ». Jacques Tuaut s’engage « d’en faire bailler et payer de ferme chacuns ans à madite dame la somme de deux cent quatre vingt livres à deux termes et payements egaux ». Il s’engage aussi « de faire chacuns ans pour madite dame Leboindre 10 journées de bœufs a charroyer quand ils en seront requis, de bailler aussy chacuns ans a madite dame dans le temps de Noël six bonnes poulardes grasses dans son chasteau du Gros Chesnay et 2 chapons pailliers dans le temps de Toussaint le tout de chaque année ». Jacques Tuaut signe d’une écriture relativement aisée ; sa femme déclare ne savoir signer.

Cabinet D'Hozier

Cabinet D'Hozier

Le Gros Chenay à Fillé, cadastre 1810 (AD72)

Le Gros Chenay à Fillé, cadastre 1810 (AD72)

Le Gros Chenay au XVIIIè siècle

Le Gros Chenay au XVIIIè siècle

Quant à Jacques Tuault fils, il est baptisé à Allonnes le 21 février 1715. Puis il est mentionné comme témoin lors de la rédaction du testament de Marie Françoise Catherine Doujat le 12 juillet 1735 ; il y est dit garçon laboureur.

Baptême de Jacques Tuault à Allonnes en 1715 (AD72)

Baptême de Jacques Tuault à Allonnes en 1715 (AD72)

Le 9 avril 1737, Jacques Tuault fils, garçon laboureur, assiste à la vente des biens de Laurent Jouanneaux (fermier de la métairie de Buffard à Guécélard appartenant à Marie Françoise Catherine D’Oujat, femme de Jean Baptiste François Leboindre seigneur du Gros Chesnay à Fillé). Il y achète « 2 petits bœufs poil blond avec leurs jougs et courroies » pour la somme de 63 livres. Il achète également « 2 autres bœufs poil brun avec leurs jougs et courroies » pour la somme de 50 livres. Il acquiert aussi 4 boisseaux de chènevis (graine de chanvre) pour la somme de 4 livres. Il obtient aussi « une mauvaise selle de cheval avec une bride » pour la somme de 5 livres.

Le 3 février 1739 est signé un bail entre Marie Herbet et Jean Joseph Baptiste Leboindre, seigneur du Gros Chesnay à Fillé (également chevalier, conseiller du Parlement, seigneur de Buffes, la Beunêche, Vauguyon et Spay) [acte]. Marie Herbet est dite veuve de Jacques Thault (laboureur) et demeure avec son fils Jacques à la métairie du domaine du Gros Chesnay à Fillé. Elle prend ladite métairie avec son fils pour la durée de « 6 années entières, parfaites et consécutives ». C’est le renouvellement du bail précédemment passé par son mari. Fait également partie de ce bail, le regain des trois allées de l’étang du Gros Chesnay du côté du Bois Fanchon. Le bail se monte à 280 livres pour chaque année à payer « dans le château du Gros Chesnay ou autres endroits jusqu’à trois lieux de distance, entre les mains de telles personnes qu’il lui plaira désigner ». La première demie ferme est à payer à la Toussaint et la seconde à la Saint Marc suivant. Ils devront aussi fournir chaque année « 5 journées de bœufs à charroyer quand ils en seront requis, bailler et fournir aussi tous les ans dans le temps de Noël 6 bonnes poulardes grasses rendues au château du Gros Chesnay, 2 bons chapons paillés à la Toussaint. Pour les réparations des logis et bâtiments de ladite métairie, ils devront fournir et faire employer 2 milliers de bons bardeaux neufs de bois chêne, et en faire retourner pareil nombre du vieil » ; ils doivent aussi « 2 journées de maçon et 4 de terrasseur fournies et servies de toutes matières » ceci une fois pendant le bail. Ils doivent aussi « ramasser les bardeaux qui tomberont par les vents et les faire remonter ; pour ce qui est des haies et fossés d’en réparer 150 toises par an es endroits les plus nécessaires des terres dudit lieu, et d’en rendre 200 toises en état à la fin du présent bail ; de planter sur les terres 6 sauvageaux par an et faire les antheures nécessaires qu’ils conserveront du péril des bestiaux à leur possible ; de faire la vigne dépendante de ladite métairie de ses façons ordinaires et des provains suffisamment terrassés chacun an » ... « S’obligent aussi lesdits preneurs de charroyer chacuns ans le foin du pré des Fontaines audit lieu des Fontaines pour le regain seulement ». La veuve Herbet déclare ne savoir signer, son fils Jacques signe mais d’une plume hésitante.

Février 1739 (AD72)

Février 1739 (AD72)

Les Tuault, laboureurs à Fillé

Puis le 27 avril 1740, « Jacques Tuault, fils de feu Jacques Tuault et de Marie Herbet » épouse Marie Moriceau à Fillé.

Le 7 juin 1740, Jacques Rocher, bordager demeurant à Fillé et curateur des biens de Marie Rocher, propose aux enchères le bail de la métairie du Mortier Noir à Fillé et appartenant au curé Gouau de Ruaudin. Jacques Tuau fils, laboureur et mari de Marie Moriceau, propose la somme de 180 livres par an. « Et après avoir attendu jusques à 7 heures du soir et qu’il n’est comparu personne qui ait voulu faire la condition meilleure lesdites métairies chambres et dépendances demeurent du consentement dudit curateur adjugées pour ledit temps de 6 ans 10 mois 7 jours ».

Devenu veuf de Marie Moriceau, il épouse le 3 juillet 1742 Anne Pellepoir.

Le 16 juin 1743, Jacques Tuaut, laboureur demeurant à Fillé et mari de Anne Pelpoil, acquiert « un quartier et demy de vigne ou environ scittué au clos de la Richardière parroisse dudit Fillé en 9 planches dont 5 sont en un tenant ». Le montant de l’achat est de 24 livres.

Le 13 février 1746, Marie Hebert, veuve de Jacques Tuaut laboureur, renouvelle son bail sur la métairie du Gros Chesnay. Le fermage n’est plus que de 250 livres par an, sans doute parce que le seigneur Leboindre s’est réservé une pièce de terre nommé la Cure. On remarquera d’ailleurs que le montant inscrit sur le bail est de 270 livres mais qu’il a été corrigé en 250 livres. Les autres conditions sont identiques au bail de 1739.

En décembre 1746 est dressé un inventaire au château du Gros Chesnay à Fillé après le décès d’Anne Suzanne Tirraqueau, femme de Jean Joseph Leboindre. « Marie Herbet veuve Jacques Tuaut fermière du lieu et métairie du Grochenay audit Fillé » doit 44 sols (2 livres 4 sols) à Jean Joseph Leboindre «  du reste de terme échu de Toussaint dernier ».

Marie Herbet décède à Fillé le 4 octobre 1750. Le 28 novembre 1751 est alors signé un nouveau bail sur la métairie du Gros Chesnay entre Jean Joseph Leboindre et Jean Joseph Langlois.

Fillé, parcelles de vignes, cadastre 1810 (AD72)

Fillé, parcelles de vignes, cadastre 1810 (AD72)

Le 8 décembre 1761, Jacques Tuaut fils est témoin dans l’acte de la concession des places de bancs de l’église de Fillé. On le voit ensuite apparaître dans des actes notariés où il est signalé comme propriétaire de divers biens comme par exemple des vignes aux clos du Grochenay, de la Richardière ou encore des Huaudières. Il avait aussi une maison aux Jambellières.

Jacques Tuault fils avait épousé en 1776 à Mézeray Anne Martineau. C’est dans cette même paroisse qu’il décède en 1782.

Location des bancs, Fillé 1761 (AD72)

Location des bancs, Fillé 1761 (AD72)

Sépulture de Jacques Tuault, Mézeray, 1785 (AD72)

Sépulture de Jacques Tuault, Mézeray, 1785 (AD72)

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9 octobre 2022 7 09 /10 /octobre /2022 15:37

DES HOMMES PRÉHISTORIQUES À VOIVRES

Des découvertes archéologiques montrent que la région de La Suze est occupée depuis fort longtemps.

Sur les hauteurs, là où le plateau domine l’ancienne vallée de la Sarthe, quelques outils trahissent la présence d’une occupation remontant au paléolithique moyen. L’ensemble, composé de quelques racloirs ou déchets atypiques, correspond à une industrie moustérienne (- 35 000 à - 250 000 ans).

Les matériaux employés sont caractéristiques de cette période ; le silex, mais aussi le grès, ont été façonnés par les hommes préhistoriques. En effet, les hommes travaillent la pierre qu’ils ont à leur disposition. On retrouve dans notre région des objets et matériaux semblables sur à Fontenay sur Vègre (Sarthe) et à Hambers (Mayenne).

 

On peut aisément imaginer l’habitat de Voivres. Selon les périodes, le climat est soit plus rude qu’aujourd’hui soit comme le notre. Ainsi, lors d’une période froide la végétation est dominée par de grandes plaines herbeuses avec peu d’arbres (sapins, bouleaux, chênes). Lorsque le climat se réchauffe, la végétation ressemble à la notre. Évidement, les espèces animales présentes varient suivant le type de climat

Sur le plateau dominant l’ancien lit de la Sarthe, un petit groupe humain néandertalien composé s’installe sur le plateau. De là, cette tribu nomade observe la vallée où passent quelques troupeaux de rennes, bisons, chevaux, aurochs, etc. Il y a bien de rares mammouths mais ils ne sont pas chassés. L’habitat est installé sur le plateau ; il s’agit de quelques huttes faites de branchages voire de peaux de bêtes.

Vraisemblablement, le site n’était pas très favorable à la chasse. La tribu quitte l’endroit pour s’installer ailleurs ne laissant derrière elle que quelques outils.

 

 

 

 

Préhistoire à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)
Préhistoire à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)
Préhistoire à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)
Préhistoire à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)
Préhistoire à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)

Rappel de la loi : La prospection archéologique est soumise à autorisation administrative délivrée par le préfet de région. L'utilisation des détecteurs de métaux dans les parcelles qui recèlent des vestiges archéologiques est strictement interdite. Le non respect de la loi est soumis à de lourdes sanctions.

 

Code du Patrimoine :

Art. L. 531-1 – Nul ne peut effectuer sur un terrain lui appartenant ou appartenant à autrui des fouilles ou des sondages à l'effet de recherches de monuments ou d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie, sans en avoir au préalable obtenu l'autorisation.
La demande d'autorisation doit être adressée à l'autorité administrative ; elle indique l'endroit exact, la portée générale et la durée approximative des travaux à entreprendre.
Dans le délai, fixé par voie réglementaire, qui suit cette demande et après avis de l'organisme scientifique consultatif compétent, l'autorité administrative accorde, s'il y a lieu, l'autorisation de fouiller. Elle fixe en même temps les prescriptions suivant lesquelles les recherches devront être réalisées.

Art. L. 542-1 - Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d'objets métalliques, à l'effet de recherches de monuments et d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche.

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