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3 décembre 2023 7 03 /12 /décembre /2023 12:11

Le domaine médiéval de Buffe semble être attesté dès l’époque carolingienne. Installé en bordure de la Sarthe, il contrôle une courbe de la rivière et peut-être un passage à gué. C’est un schéma classique qui se retrouve sur d’autre sites proches : Grand Mont à Fillé, Mondan à Guécélard, la Beunêche à Roézé, le bourg de Roézé, etc.

Nous ne nous attarderons ici que dans le recensement de quelques documents des XVIIème et XVIIIème siècles.

 

Buffe à Guécélard aux XVIIème et XVIIIème siècles

14 septembre 1616 : Charles Jamin vend à Jullian Mullocheau trois planches de vigne au clos du Gros Chesnay. Une des planches relève du fief et seigneurie de Buffe.

 

3 décembre 1620 : Nicolas Grassin, laboureur demeurant à la Forêt à Roezé, vend à Pierre Clotreau, homme de labeur demeurant au Foullay à Roezé, trois planches de vigne situées au clos du Gros Chesnay. La vigne relève du fief et seigneurie de Buffe.

 

31 mai 1632 : André Mesnager, vigneron demeurant à l’Oliverie à Fillé, vend à Mathurin Clottereau, vigneron demeurant aux Petits Roys à Roezé, une lotie de jardin situé au bas du clos de vigne du Gros Chesnay. Ce jardin relève du fief de Buffe.

 

14 novembre 1643 : François Hervé, prêtre de Guécélard, vend à Jacques Bellenger, marchand à Moncé, deux journaux de terre dans les Grands Jardins de Fillé. Cette terre relève du fief et seigneurie de Buffe.

 

19 septembre 1644 : Thomas Godefray, tisserand en toiles, vend à Michel Niepceron, marchand meunier aux moulins de Fillé, le Champ Escaubuet proche des Gesleries. Il relève censivement du fief et seigneurie de Buffe.

 

31 mars 1645 : Dans les partages de Guillaume Loriot, il est question d’un bien voisin du jardin dépendant du moulin de Buffe.

 

1647 : Dans les partages de Jacques Fouineau, le seigneur de Buffe est dit propriétaire des moulins de Fillé.

 

20 mai 1654 : Izabel Loriot vend à Michel Niepceron, marchand meunier une maison en ruine dans le bourg de Fillé. On parle de la rue qui va du bourg de Fillé aux moulins de Buffe.

Buffe, atlas de Trudaine XVIIIème siècle

Buffe, atlas de Trudaine XVIIIème siècle

28 novembre 1654 : Jean Leboindre, conseiller du Roi en sa cour du Parlement à Paris, se rend au château seigneurial de Buffe pour y prêter foi et hommage entre les mains du marquis de la Paluelle. Arrivé au château de Buffe, il y trouve Agathe Papiel femme de Jean Brossard concierge du logis de Buffe. Devant la porte seigneuriale et principale entrée dudit lieu, Jean Leboindre offre foi et hommage pour ses terres, fief et seigneurie du Gros Chesnay.

 

21 septembre 1656 : Izabel Hertaux vend à Michel Niepceron, marchand meunier à Fillé, une lotie de terre dans les Grands Jardins proches des moulins de Buffe.

 

18 avril 1657 : François Loriot, notaire au Mans, vend à Michel Niepceron, marchand meunier aux moulins de Buffe, une planche de vigne située au clos du Gros Chesnay.

 

28 juin 1659 : Charles Vallée, homme de peine demeurant aux Geleries à Fillé, vend à Charles Regnard, marchand à La Suze, un morceau de terre dépendant de la pièce de la Reuche à Fillé. Elle est tenue censivement du fief et seigneurie de Buffe.

 

12 septembre 1659 : Marie Loriot, demeurant aux Geleries, passe le bail d’un pré sur les bords de la rivière à Martin Loyseau, serger. Ce pré se situe le long de la ruelle à aller du bourg de Fillé aux moulins de Buffe.

 

17 février 1660 : Pierre Belasier, homme de peine, vend à Michel Niepceron, marchand meunier demeurant au bourg de Fillé, trois planches de vigne au clos du Gros Chesnay tenues censivement des fiefs et seigneuries de Buffe et de Gros Chesnay.

 

31 octobre 1660 : François Joze, charpentier demeurant à Fillé, vend à Mathurin Clotereau, marchand demeurant à Fillé, un jardin autrefois en vigne tenu censivement du fief et seigneurie de Buffe.

 

16 novembre 1660 : Jean Leboindre, seigneur du Gros Chesnay, fait un échange de terre avec Georges Sallé, marchand demeurant à Fillé. Georges Sallé cède un clotteau de terre nommé les Bacconnières et tenu censivement de la seigneurie de Buffe.

 

16 mars 1662 : Jean Poirier l’aîné, marchand meunier demeure aux moulins de Fillé dépendant du château de Buffe.

 

11 juillet 1665 : Isaac de la Palluelle marquis seigneur de Buffe fait procéder à l’estimation des meubles et bestiaux qui se trouveront sur les moulins de Fillé dépendant de Buffe.

 

29 juin 1668 : Jean Leboindre est dit seigneur de Buffe.

 

19 novembre 1669 : Marc Bellanger, notaire royal demeurant à Roezé, se déplace au lieu et métairie de la Grange dépendant de la terre de Buffe à la requête de Jean Leboindre. Il y fait une visite des lieux.

Buffe à Guécélard aux XVIIème et XVIIIème siècles

21 décembre 1670 : Anne Morillon échange avec Jean Leboindre une terre. Elle obtient 25 sillons de terre à prendre dans la pièce des Derrières dépendant de la métairie des Grandes Iles ; elle relève du fief et seigneurie de Buffe.

 

12 mai 1671 : Jean Héron, marchand tisserand demeurant au bourg de Guécélard, vend une lotie de jardin et un bâtiment en forme de grange qui sont tenus censivement du fief et seigneurie de Buffe.

 

6 juin 1675 : Jean Brossard, marchand, demeure au château de Buffe. Le « seigneur aura le droit de chasser ou de faire chasser sur les terres de Buffe lorsqu’il sera au pays ». Le seigneur se réserve la chambre verte au bout de l’allée de la maison de Buffe au lieu de celle qui était au précèdent bail car elle a été abattue.

 

15 décembre 1687 : Jean Leboindre, conseiller au Parlement, seigneur du Gros Chesnay, Spay, Fillé, Buffe, la Beunêche et autres lieux, passe le bail de la grande prée du domaine de Buffe à Louis Brossard, marchand au bourg de Guécélard.

 

20 avril 1688 : Marin Beucher, laboureur, prend le bail du lieu et métairie de la Grange de Buffes. Sont cités les douves du château de Buffe, la garenne de Buffe, le portail du château de Buffe, le gué de Buffe.

 

4 mai 1688 : Louis Brossard, sieur de la Rivière, est fermier du domaine de Buffe.

 

27 mai 1688 : Marin Tanchot et René Fisson, maçons, font des travaux à la métairie de la Grange de Buffe. Ils doivent faire un four au pignon de la maison de la même grandeur que celui de la métairie du Gros Chesnay. La voûte sera en tuffeau, les murailles auront dix neuf pouces d’épaisseur.

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Jaillot (1706)

1 décembre 1689 : Jacques Houdayer et Pierre Rigollet, maçons à Cérans, Marin et Etienne Tanchot, maçons à Roezé, sont appelés par Jean Leboindre pour faire des travaux au château de Buffe « savoir de démolir le portail en pierre de taille qui est au bas de la cour dudit château avec l’huisserie de la petite porte à côté et rétablir ledit portail de la manière et forme qu’il est dans un autre endroit sur les fondements qui sont tirés au bas de la cour vis-à-vis de la porte dudit château et y faire un pilastre de chaque côté semblable à celui qui est présent d’un côté n’y en ayant point de l’autre à cause de la petite porte laquelle ne sera point rétablie et les pierres de laquelle seront remplacées à faire lesdits pilastres. Plus à rehausser les murailles du petit bâtiment qui est au bout du grand corps de logis dudit Buffe du côté du Nord jusqu’à pareille hauteur que celles dudit grand corps de logis et en faire déposer les croisées et surplus que ledit seigneur désirera faire lesquels tailleront en oculi. Ils arracheront le vieil entablement de tuffeau qui est au pignon du grand corps de logis ».

 

7 janvier 1690 : Pierre Jarossay, bordager, devient concierge du château de Buffe. Il devra « bêcher, dresser et tenir le jardin dudit Buffe, entretenir les allées et bordures de buis qui seront fait faire par mondit sieur dans ledit jardin y aidant même ledit Jarossay de sa personne lesquelles allées pavera et tondra les buis chacun an mondit sieur Leboindre ayant préalablement fait sabler lesdites allées, comme aussi ledit Jarossay tondra et entretiendra les plants d’aubépines qui sont dans ledit jardin et entretiendra les autres plants d’arbres qui y sont et seront mis. Il doit entretenir les fossés qui bordent la grande avenue qui a été faite de neuf. Ledit Jarossay logera dans la boulangerie dudit Buffe  et chambre en appentis au bout dont il jouira et dune petite étable pour y mettre une vache et du revenu dudit jardin tant pour ce qu’il en sèmera et que les fruits d’icelui et d’un petit préau qui est entre l’entrée au gué de la rivière dudit Fillé et les douves dudit Buffe et encore pour et moyennant  deux charges de blé seigle que mondit sieur Leboindre lui livrera chacun an avec une busse de vin ou cidre au choix dudit seigneur lequel homme fera champage audit Jarossay une vache sur le domaine dudit Buffe sans être obligé fournir audit Jarossay aucun foin ni paille pour sa nourriture d’hiver et ledit Jarossay nourrira un cochon ; mondit sieur Leboindre ni pourra rien prétendre. En outre s’oblige ledit Jarossay d’entretenir les arbres qui seront plantés dans le verger qui sera fait, de veiller à empêcher le passage de gens et bêtes par la cour dudit Buffe et au travers de ladite allée neuve ».

 

4 avril 1695 : René Chevallier, prêtre curé de Fillé, procureur de Françoise Beichefert (veuve de Jean Leboindre), passe le bail de la grande prée de la terre de Buffe à Louis Brossard, sieur de la Rivière, marchand demeurant paroisse de Fillé.

Buffe sur la carte de Cassini (XVIIIème siècle)

Buffe sur la carte de Cassini (XVIIIème siècle)

14 février 1702 : Guy Sallier, conseiller au grand conseil, veuf de Marie Françoise Leboindre, est seigneur de la terre, fief et seigneurie de Buffe. Françoise Beichefert, mère de Marie Françoise Leboindre, lui remet les titres de féodalité de la terre, fief et seigneurie de Buffe.

 

13 mars 1721 : Marie Françoise Catherine Doujat passe la bail de la Grange de Buffe à René Angibault, laboureur demeurant lieu et métairie de Buffe.

 

3 décembre 1728 : Marie Françoise Catherine Doujat passe le bail du petit domaine de Buffe et de toutes les chambres basses du château de Buffe à Pierre Gaignon, charpentier demeurant au château de Buffe. Il doit prendre soin du grand jardin du château et en tailler les arbres.

 

5 janvier 1733 : le droit de pêche au dessous des chaussées des moulins de Fillé dépend de la terre de Buffe.

 

28 février 1733 : Marie Françoise Catherine Doujat, épouse de Jean Baptiste François Leboindre, conseiller en la grande chambre du Parlement de Paris, chevalier, seigneur du Gros Chesnay, Buffe, Spay, Fillé, la Beunêche, Vauguion et autres lieux, passe le bail de la métairie de la Grange de Buffe à Marin Alleton, laboureur, mari de Magdelaine Godefroy demeurant audit lieu de la métairie de la Grange de Buffe paroisse de Fillé.

 

22 novembre 1738 : Marie Françoise Catherine Doujat, épouse de Jean Baptiste François Leboindre, conseiller en la grande chambre du Parlement de Paris, chevalier, seigneur du Gros Chesnay, Buffe, Spay, Fillé, la Beunêche, Vauguion et autres lieux, passe le bail de la métairie de la Grange de Buffe à Marin Alleton, laboureur, mari de Magdelaine Godefroy demeurant audit lieu de la métairie de la Grange de Buffe paroisse de Fillé.

 

18 novembre 1739 : Jean Joseph Leboindre passe le bail du petit domaine du château de Buffe à Jacques Tanchot. Il doit prendre soin du grand jardin du château de Buffe et en tailler les arbres. Le verger du petit domaine est à l’abandon depuis 3 à 4 ans.

 

24 septembre 1741 : Jean Joseph Leboindre passe un bail sur un droit de pêche au dessous des chaussées des moulins de Fillé. Ce droit de pêche dépend de la terre de Buffe.

 

17 mai 1744 : Catherine Formage du Plessis, au nom de Jean Joseph Leboindre, conseiller du Parlement, chevalier, seigneur du Gros Chesnay, Vauguion, Buffe, Spay, Fillé, la Beunêche, Guécélard, Roezé et autres lieux, passe le bail de la Grange de Buffe à Marguerite Budan, veuve de Jean Josée, et à son fils Jean Grosbois.

 

10 octobre 1745 : Jean Joseph Leboindre passe le bail du petit domaine du château de Buffe à Jean Degoullet. Il doit prendre soin du grand jardin du château de Buffe et en tailler les arbres. Le bailleur pourra venir prendre des poires à couteau dès leur maturité s’il en a besoin. Le locataire aura les fruits du grand jardin et du verger.

 

Décembre 1746 : inventaire des effets de la communauté entre Jean François Leboindre et défunte Anne Suzanne Tiraqueau son épouse. Jean Degoullet est dit fermier du petit domaine de Buffe, la veuve de Jean Nieceron est fermière des prées de Buffe, François Loizeau est fermier de la rivière de Buffe.

 

26 décembre 1750 : Jean Joseph Leboindre passe le bail du petit domaine du château de Buffe. à René Tuffière, bordager. Il aura soin du grand soin du grand jardin de Buffe, le seigneur s’en réservant les fruits à couteau. Comme le verger est en friche depuis sept à huit ans, le bailleur s’oblige de contribuer de moitié au défrichement de celui-ci.

Buffe

Buffe

14 septembre 1755 : Jean Joseph Leboindre, chevalier, seigneur de Vauguion, Gros Chesnay, Buffe, Spay, Fillé, la Beunêche, Roezé et autres lieux, conseiller au Parlement, passe le bail de la métairie de la Grange de Buffe à Jean Grosbois, laboureur, mari de Jeanne Hulot demeurant dite métairie de la Grange de Buffe paroisse de Fillé.

 

Aout 1759 : Jean Gasnier a passé deux jours à faire un pilier dans l’écurie du château de Buffe qui était prêtre à tomber.

 

30 août 1761 : Louis François Daniel de Beauvais, écuyer, seigneur du Gros Chesnay, Buffe, Spay, Fillé, la Beunêche, Vauguyon et autres lieux, passe le bail du domaine du château de Buffe à René Tuffière, bordager demeurant au château de Buffe. Le domaine est composé du château et autres bâtiments, cours, issues, jardins et vergers, du jardin de la métairie de la Grange en proximité du château, de la pièce de terre nommée la Groye de Buffe,  de la pièce de terre nommée la Groye dépendant de la Grange, d’une pièce de terre nommée la Pierre, d’une portion de terre nommée le Clotteau Bignon, de l’avenue du château de Buffe, d’environ un journal de terre qui sera pris dans la pièce de la Galopière, du petit pré de Buffe, du panage dans le chemin du gué, d’une petite portion du pré du Port, du pré du Verger. Le seigneur se réserve des chambres hautes et un des greniers du château ; il se réserve aussi de pouvoir faire abattre par pied la charmille qui est autour du jardin de Buffe. Le locataire pourra mettre le jardin en trèfle ; il pourra aussi prolonger l’avenue de Buffe jusqu’à la barrière de la première cour du château pour servir de passage et chemin pour exploiter les prairies et en prolongeant ladite avenue, il fera faire un fossé de chaque côté et au bout dans l’alignement des anciens et dont la jetée sera en dedans de ladite avenue.

 

20 septembre 1767 : Le général des habitants de Fillé se réunit. Feu Jean Joseph Leboindre a légué à la fabrique de Fillé « la somme de dix mille livres pour être employée à l’augmentation, décoration, réparation et entretien de l’église de Fillé et notamment à élever un tombeau en mausolée en marbre dans la chapelle dite de Buffe où il a désiré être enterré ».

 

23 mai 1768 : Louis François Daniel de Beauvais passe le bail du domaine du château de Buffe à René Tuffière, bordager. Le propriétaire se réserve deux chambres basses, les chambres hautes et un grenier ; il se réserve aussi de pouvoir abattre la charmille autour du jardin de Buffe. Le locataire devra fournir deux boisseaux des plus belles noix cueillies sur le domaine.

 

14 septembre 1777 : une description des propriétés de la paroisse de Fillé précise la composition de Buffe : bâtiments, cours, jardins, terres labourables et pâtis. Ces biens appartiennent à Louis François Daniel de Beauvais et sont affermés à la veuve Tanchot. Le tout s’étend sur 26,75 journaux et 3 hommées de prés (soit une superficie d’environ 15 hectares).

 

11 septembre 1785 : Marthe Plumard de Rieux, veuve de Louis François Daniel de Beauvais, passe le bail du domaine de Buffe à Jacques Fleury, bordager. La propriétaire se réserve le droit d’avoir un cheval sur le domaine.

 

24 juillet 1786 : Bail des moulins de la Beunêche. Louis Thomas, meunier des moulins de la Beunêche (appartenant à Marthe Plumard de Rieux) doit aller chercher quatre charges de blé dans les greniers de Buffe, les moudre et les porter au château du Gros Chesnay.

 

26 juin 1787 : Bail de la ferme du domaine du Gros Chesnay. Joseph Morillon, métayer, doit fournir chaque année une charge de froment, une charge de seigle et une charge d’avoine mesure du Mans comble ou ras le bois mesure de La Suze rendues dans les greniers du château de Buffe.

 

15 février 1794 : La citoyenne Marthe Plumard, veuve de feu citoyen Louis François Daniel de Beauvais, demeurant au Mans passe le bail du lieu de Buffe à Jacques Fleury, cultivateur.

Archive notariale, 1654

Archive notariale, 1654

Archive notariale, 1689

Archive notariale, 1689

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1 novembre 2023 3 01 /11 /novembre /2023 14:30

Longtemps oublié, l’édifice de la Perrière à Voivres-Lès-Le Mans a été redécouvert il y a quelques années1 ; c’est aujourd’hui une une ferme. Adossé au plateau de Louplande, il domine la vallée de l’Orne Champenoise, ancien lit de la Sarthe, où passait un cheminement ancien. Aujourd’hui, c’est la route reliant Le Mans à La Suze qui passe à cet endroit.

Cet espace géographique est occupé depuis la Préhistoire puisqu’on y a découvert des outils que l’on peut rattacher à l’époque néandertalienne. Par la suite, une villa romaine est implantée. Au Moyen-Age, le bourg de Saint-Léonard devient le siège d’une importante seigneurie dont le personnage le plus connu est sans doute Guillaume des Roches.

1 BOUTON Philippe,  Le logis de la Perrière à Voivres lès Le Mans, Bulletin de la Société d’Agriculture Sciences et Arts de La Sarthe, 1996, p.3-14

 

 

Carte de Cassini (1765)

Carte de Cassini (1765)

UN BÂTIMENT AU PLAN SIMPLE

Un grand rectangle de 16,50 m. sur 8,90 m., voilà à quoi pourrait se résumer le bâtiment de la Perrière. Une sorte de longère améliorée à laquelle on aurait adjoint deux constructions agricoles de part et d’autre. L’entrée se fait par une haute façade en roussard soutenue par trois contreforts et orientée au sud-est. Une fois passée la porte ogivale chanfreinée, on pénètre dans une grande salle éclairée par quatre fenêtres. C’est du moins la première approche que l’on peut avoir du bâtiment.

Façade sud de la Perrière

Façade sud de la Perrière

L'IMPORTANCE DES DÉCORS

Devant cette imposante façade, on devine tout de suite que ce bâtiment n’est pas ordinaire malgré sa rusticité. On a joué avec les décors, modestes certes, mais voulus. Au dessus de la porte d’entrée, entre l’arc ogival et l’arc de décharge tous deux en roussard, on a inclus un arc de pierres en calcaire. Au sommet du pignon, une fenêtre à remplage géminé surmonté d’un oculus trifolié assure l’éclairage mais montre aussi l’importance du lieu. Cette ouverture ouvragée rappelle fortement une autre fenêtre de ce type visible à Asnières-sur-Vègre (72).

Le logis médiéval de la Perrière à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)
La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

Asnières-sur-Vègre (Sarthe)

Asnières-sur-Vègre (Sarthe)

En entrant dans la grande salle, la cheminée placée sur le mur ouest, et montant à plus de 6 m. de hauteur, devait marquer le visiteur. Son contrecœur est d’ailleurs décoré de pierres en calcaire alternant des lits horizontaux et des lits en arrêtes de poisson.

Une grande et haute fenêtre à coussièges, preuve d’une certaine aisance, perce le mur sud. Malheureusement la partie haute de cette ouverture a été détruite pour permettre un meilleur accès pour l’activité agricole. En face, sur le pignon nord, la grande fenêtre du haut est composée d’une alternance de pierres de roussard et de calcaire, alors que sur la partie extérieure seul le roussard a été utilisé.

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

UN ÉDIFICE PLUS COMPLEXE QU'IL N'Y PARAIT

Cela semble évident, cette grande salle servait aux réceptions. C’est donc qu’il existait d’autres pièces. Effectivement, une porte sur le mur ouest ouvre aujourd’hui sur une étable. Arrivé dans cette pièce, on voit sur le mur deux piédroits en roussard correspondant à une cheminée adossée à celle de la grande pièce. D’ailleurs en haut le conduit est commun.

 

Pareillement, au fond de la grande pièce sur le mur Est, une porte correspondant aujourd’hui à l’accès de la cave, ouvrait sur une troisième pièce. Dans cette pièce, on voit encore les restes d’une autre cheminée. C’est également de ce côté que se trouve le puits laissant à penser que l’on pourrait être du côté des cuisines.

De même deux rangées de corbeaux en crochet sur les façades avant et arrière montrent qu’il y avait sur les pignons des auvents. On peut justement imaginer sur la façade sud, c’est à dire celle par où on accède à la grande salle de réception, une structure de type large perron ou estrade protégée par une avancée charpentée.

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

DE QUEL TYPE DE BÂTIMENT S'AGIT-IL ?

Pour certains, cet édifice était une chapelle. Ils étaient influencés par la haute fenêtre sud qui évoque l’architecture des constructions religieuses. Mais ni l’orientation, et encore moins la cheminée ne favorisent cette idée.

Pour d’autres, nous serions en présence d’une grange. Là encore, la cheminée tord le cou à cette hypothèse.

On parle aussi d’une maladrerie mais les documents des différentes époques ne parlent jamais d’une présence religieuse sur le site de la Perrière.

Reste donc la solution de l’habitat, mais un habitat pour qui ?

 

Toujours est-il qu’au XVIIIème siècle, l’édifice est à usage agricole comme le montrent les visites et montrées faites sur le lieu de la Perrière.

1790 : « Sont comparus le s(ieu)r Marin Joubert m(archan)d fermier du lieu de la métairie de la Perrière p(aroi)sse de Voivres de laquelle il est sorty du jour de St Marc dernier lad(ite) métairie apartenante à mons(ieu)r le Marquis d’Aux+, d’une part +dem(euran)t p(aroi)sse de Moncé en Belin Et François Cosnilleau lab(oureu)r fermier actuel d’icelle métairie dans laquelle il a entré led(it) jour de St Marc dernier d’autre part,

Que le ventail de la porte de la grange est garny de pentes et gonds et se ferme de clef et celuy d’entre lad(ite) grange et l’écurie se ferme avec un verrouil seulement, l’aire de lad(ite) grange est en état mais il n’y a point de seuil à la porte, sy trouve une fenestre sans ventail ny aparance dy en avoir eû, Qu’à la porte de l’étable aux bœufs il se trouve deux ventaux de porte garnis de pentes et se ferment avec un valet de fert un loquet poussier et une serrure avec sa clef, les creiches sont construites de vieux bouts de charpentes sans rateliers, le sinas est construit de onze soliveaux de vieilles charpentes et de sept morceaux du bois rond et enfoncés de quelques rameaux pour le soutien des fourages les murs sont en état ainsy que l’aire ; le ventail de la porte d’entre lad(ite) étable et la grange se ferme avec un verrouil lequel est attaché à une vieille plaque de serrure pour mémoire »

DES TEXTES RARES MAIS PRÉCIEUX

Des actes notariés des 17ème et 18ème siècles nous précisent qu’à cette époque la Perrière est une métairie appartenant aux seigneurs de Villaines à Louplande. L’édifice qui nous intéresse est qualifié de grange, fonction qu’il remplissait encore il y a quelques années. Vu le volume qu’il représente, on comprend aisément que telle fut sa fonction pendant de nombreux siècles. Mais la cheminée et les décors montrent bien que ce n’était pas sa vocation originelle.

Une deuxième catégorie de documents apporte des éléments intéressants. Ils appartiennent au cartulaire de Château du Loir[2]. Quel lien y a t-il entre Château du Loir et Voivres ? Il se trouve simplement qu’à un certain moment du moyen age, les seigneuries de Château du Loir et La Suze (ainsi que Louplande) appartiennent à la même famille.

Plusieurs textes de ce cartulaire citent le toponyme « Perrière » mais sans jamais préciser sur quelle paroisse ! Il y est question entre le 12ème et le milieu du 13ème de vassaux des seigneurs de Louplande nommés Guérin et Raoul de la Perrière. Le 29 avril 1288 Béatrix « comtesse de Dreux et de Montfort, dame de Château du Loir », baille à Jean Le Bordier l’hébergement de la Borderie à Roezé. Dans ce texte, la Borderie est dite voisine de la métairie de Guérin de la Perrière. Or, 800 mètres séparent les deux lieux.

29 avril 1288 – Contrat par lequel Béatrix de Monfort baille à Jean Le Bordier, paroissien de Roezé, l’hébergement de la Borderie, en la châtellenie de La Suze.

 

Sçachent tous presens et advenir que en nostre présence en dreit establi, Jehan Le Bordier, de la paroisse de Roezé, requenut et confessa que noble dame Béatrix, comtesse de Dreux et de Montfort, dame dou Chatiau dou Leir, li a baillié a tousjourmes et que il a prins et grantement reeu a soy et a ses heirs de ladicte comtesse, pour ung muy de seigle, a la mesure de La Suze, de anuel et perpetuel rente, le hebergement de la Borderie, si comme il se poursiet, et toutes les terres, tous les prés, toutes les pastures, tous les arbres, tous les fossez et toutes les haies appatenans audict hebergement, lequel hebergement, o toutes les appartenances devantdictes, est assis en la chastellerie de Lassuze, ez fiez à ladicte comtesse, entre la métoierie Guarin de la Perrière et la métoierie au prieur d’Oezé, en ladicte parroisse, sus l’eve que l’en appelle l’Orne si com l’en dit ; lequel blé de rente à ladicte mesure, de autressi bon blé et d’autressi bel come le meillour et le plus bel qui ou temps de checune souste seroit treuvé amendre et vendre ou pais à dous deniers manseis delasche de chacun septier, ledict Jehan promet, pour soy et pour ses hoirs, et est tenu rendre à ladicte comtesse et à ses heirs, ou chastel de Lassuse, au jour de la Toussains chacun an doresnavant, et est tenu rendre et restorer tous cous et tous dommages à ladicte comtesse et à ses heirs, se aucuns en soustenoient par defaute d’aucune souste doudict bled. Desquiex cous et dommages le baillif dou Chatiau dou Leir qui seroit au temps seroit creu tout a son plein dict sans autre preuve. Et a rendre ledict blé audict terme chacun an et les cous et les dommages, si comme dessus est dict et devisé, oblige ledict Jehan à ladicte comtesse et à ses heirs et à lor allouez sey ou ses heirs et à tous ses biens meubles et immeubles présens et avenir à prendre et à vendre. Et est tenu ledict Jehan, par la foy de son corps, que contre lesdictes chouses ne vendre, renunciant en cet faict à toute exception de fraude et de décevance et à toutes autres resons et allégations de faict et de dreit qui li porroient valoir à venir contre la tenor de cestes présentes lettres.

Et nous toutes lesdictes chouses, à la requeste doudict Jehan, sentenciaument adjugeons à tenir et entérigner par le jugement de nostre court dou Mans.

Ce fut donné le jour de joedy après le Sainct Marc l’Evangéliste, en l’an de grâce mil dous cens quatre vingt et oict.

 

Cartulaire de Château du Loir

 

OÙ L'ON AVANCE L’HYPOTHÈSE D'UN PETIT HABITAT SEIGNEURIAL

Nous serions en présence d’un rare vestige d’habitat seigneurial des 13ème et 14ème siècles du type manoir-halle. La puissance n’apparaît plus dans l’importance d’une fortification mais par une construction, certes toujours imposante, où apparaissent de nouveaux éléments tel que les décors. Le bâtiment de la Perrière pourrait être une forme primitive des manoirs qui vont se répandre après la guerre de Cent Ans. 

Il existe en Sarthe d’autres bâtiments laïcs de cette époque : Chenu, Fontenay-sur-Vègre, Les Mées, Saint-Marceau, Saint-Rémy-du-Val, Souligné-Flacé, Vezot, Vivoin, etc.

 

A noter que l’édifice a pu servir au XVIème de temple protestant ; c’est du moins ce que laisse entendre une montrée de 1740. Il faut sans doute appuyer cette idée sur le fait que Nicolas de Champagne, comte de La Suze, mort en 1567, était membre du consistoire du Mans.

Le logis médiéval de la Perrière à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)
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30 juillet 2023 7 30 /07 /juillet /2023 15:26

La "chapelle" de Flacé offre un aperçu intéressant concernant l’aspect d'une église rurale de la période romane. Même si tous les éléments visibles ne datent pas de cette époque, l'allure générale reste celle d'une église entre les Xème et XIème siècles.

Le hameau de Flacé de nos jours

Le hameau de Flacé de nos jours

La chapelle de Flacé

La chapelle de Flacé

Cette construction se situe en bordure d'un chemin ancien venant d'Etival-Lès-Le Mans et se poursuivant vers Athenay (aujourd'hui sur la commune de Chemiré-le-Gaudin). Sur le cadastre de 1809, le cimetière est au Nord et à l'Est de l'église. Il est difficile d’affirmer que l’implantation médiévale est liée à un abandon de la villa des Fourneaux au détriment d’un nouveau site situé plus en contrebas un peu au-dessus de la confluence des ruisseaux du Renom et de Pont Tore ; mais l’hypothèse vaut la peine d’être évoquée.

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Jaillot (1706)

Cadastre 1843

Cadastre 1843

Cadastre 1809

Cadastre 1809

La paroisse de Flacé sera rattachée à celle de Souligné-sous-Vallon le 8 octobre 1810 (Souligné-sous-Vallon est devenue Souligné-Flacé en 1935). Elle apparaît pour la première fois en 1169 dans le cartulaire de la Couture du Mans à propos d’un problème de dîme où un certain Herbert est cité comme prêtre de Flacé. Il existe bien un « Flaciacum » cité à la fin du VIIIème siècle, mais il est difficile de pouvoir assurer qu’il s’agit de Flacé.

Délibération municipale (1810)

Délibération municipale (1810)

LA NEF

La nef semble avoir gardé ses dimensions originelles : 14 m. le longueur sur 7 mètres de largeur. L'appareillage des murs nord et sud semble le confirmer. Sur ces deux murs, le système classique de cette époque est utilisé : petit appareillage de moellons en roussard et calcaire. Cependant, il n'est pas homogène sur toute la longueur.

Le mur nord est composé dans sa partie occidentale de lits réguliers de moellons. A la base, on compte une dizaine de lits de calcaire ; puis au dessus arrive une dizaine de lits de roussards. Puis on repart sur une série de calcaire. Plus haut il ne parait pas y avoir d'organisation si claire. Faut-il envisager deux phases de construction ? Dans la partie haute des murs se trouvent trois petites meurtrières, dont l’arc sommital est gravé pour simuler des claveaux, peu visibles car elles ont été bouchées puis recouvertes par un enduit et la litre. La partie orientale de ce mur est plus difficile à lire mais il ne parait pas y avoir de continuité dans la technique de construction. On retrouve bien des petits moellons mais les matériaux semblent différents. On remarquera que la bande de roussard se termine, du moins pour certains d'entre eux, non pas par des moellons carrés par des moellons rectangulaires. Que s'est-il passé ? Cela est difficile à expliquer. On pourrait imaginer un rallongement de la nef mais cette explication ne tient pas lorsque l'on regarde le mur sud. Le chaînage oriental alterne roussard et calcaire, créant un décor.

On peut encore y apercevoir l’ancienne litre seigneuriale.

Le mur nord.

Le mur nord.

Le mur sud, comme souvent, a connu un certain nombre de modifications. Mais il n'a pas été abattu comme le prouvent les trois baies romanes toujours présentes et placées comme sur le mur Nord. On retrouve sur la partie orientale du mur l'alternance entre les lits de moellons en roussard et en calcaire. Il semblerait donc y avoir un décor jouant sur des bandes claires et foncées. Un portail existait au sud. A l'extérieur cela se remarque par les changements d'appareillage ; l’œil exercé y repérera un morceau de colonnette et quelques autres pierres aménagées.

Nous n'avons pas d'éléments pour dater cette porte ni la raison du bouchage de ce passage, permettant pourtant un accès plus aisé puisque le chemin principal d’accès à Flacé passait au pied du mur sud. Il a du avoir lieu assez tôt lorsque l'on regarde la chronologie relative de ce mur. Les fenêtres actuelles sont donc les dernières creusées ; on peut penser qu'elles furent ouvertes au XVIème siècle lors de la modification du portail ouest, voire même pour éclairer les fonts baptismaux, et aussi au XVIIIème siècle pour éclairer les retables. A proximité immédiate se trouve une fenêtre bouchée, visible par l’utilisation d'un matériau de rebouchage de module différent. Cette fenêtre appartient donc à un état antérieur. Or ce rebouchage s'appuie sur le rebouchage de la porte. Il semble donc que cette porte pouvait remonter au moyen-âge et a été bouchée assez rapidement. Cette ouverture devait surtout correspondre à une entrée. On pourrait penser qu'il s'agissait de la porte du cimetière mais cela n'est pas logique puisque ce dernier se situe au Nord. La porte sud est-elle devenue l'entrée principale et la porte de la façade a-t-elle servi d'accès au cimetière. C'est probable vu la configuration des lieux.

 

Alain Valais, dans sa thèse sur les églises du premier âge roman soutenue en 2021, propose une datation qui pourrait être antérieure à 1050 pour les parties les plus anciennes de la nef.

Le mur sud.

Le mur sud.

Un linteau de fenêtre romane à claveaux simulés.

Un linteau de fenêtre romane à claveaux simulés.

Le mur sud avec le fantôme du portail.

Le mur sud avec le fantôme du portail.

Un élément architectural.

Un élément architectural.

L'examen du pignon Est montre clairement que la charpente a été réorganisée. On ne trouve pas les moellons irréguliers mais des assises de calcaire plat. La corniche de ce pignon correspond à un travail de l'extrême fin du moyen-âge, peut être en même temps que le portail ouest.

On y remarquera également quelques joints en relief du côté du chaînage d’angle sud qui pourraient appartenir à une très ancienne phase du bâtiment.

Des vestiges de jointoyage.

Des vestiges de jointoyage.

LA FAÇADE OUEST

La façade n'est pas celle d'origine. On retrouve le petit appareillage cubique mais sans grande organisation. On a réutilisé le matériau de la première façade pour remonter celle-ci. Le portail est de l'extrême fin du moyen-âge. On retrouve de chaque côté et en bas des monogrammes : du côté nord, celui de Jésus sous la forme d’une IHS entrelacé ; celui du côté sud, endommagé, peut-être interprété comme « am » pour « ave maria ».

On peut penser que cette porte correspond au moins à un second état de la façade. Le premier état, celui d'origine, a disparu. Au dessus du portail se trouve un arc de décharge composé de pierres calcaires placées sur le champ. La porte actuelle n'est pas centrée sur cet arc ; il devait donc servir pour un état antérieur. Au dessus du portail, on remarque une baie à arc brisé qui renfermait une statue mutilée de Jean Baptiste.

Auparavant, elle devait être ouverte et permettre un éclairage de la nef. Le chaînage avec les murs latéraux de la nef est réalisé essentiellement en calcaire.

La partie haute de la façade ouest.

La partie haute de la façade ouest.

Le monogramme IHS

Le monogramme IHS

Le monogramme am.

Le monogramme am.

Jean Baptiste dans son ancien emplacement.

Jean Baptiste dans son ancien emplacement.

Le portail ouest.

Le portail ouest.

La façade ouest

La façade ouest

LE CHEVET

Le chevet parait plus récent que la nef même si à certains endroits il est chaîné avec elle. Par contre la technique d'appareillage est différente. On retrouve bien un petit module mais les moellons ne sont pas clairement lisibles.

Les baies sont aussi intéressantes à étudier. Celle de la partie Nord est en roussard et ressemble techniquement à celles visibles sur la nef. La meurtrière sud a été remplacée par une baie plus importante. Par contre la fenêtre axiale est plus importante et n'utilise pas la même technique de construction que les autres meurtrières. Cette fenêtre avait sans doute une fonction d'éclairage plus importante en relation avec la pratique cultuelle (éclairage de l'officiant, d'une peinture ou d'une statue ?).

Le chevet pourrait être postérieur à la nef avec une datation à situer au tournant des XIème et XIIème siècles.

La fenêtre sud du chevet.

La fenêtre sud du chevet.

La fenêtre axiale du chevet.

La fenêtre axiale du chevet.

Le côté nord du chevet.

Le côté nord du chevet.

L’INTÉRIEUR

L’intérieur de l’édifice a peu évolué et garde donc un aspect proche de ce qu’il était sous l’Ancien Régime.

Des fresques des XVème et XVIème siècles ornent l'intérieur de cette église : saint Jean l’Évangéliste, saint Martin partageant son manteau, saint Michel terrassant le dragon, saint François recevant les stigmates, sainte Barbe, saint Pierre, messe de saint Grégoire, saint Nicolas et la résurrection des trois enfants, saint Jean et la coupe empoisonnée, saint Michel terrassant le dragon.

Saint Nicolas.

Saint Nicolas.

Saint Martin.

Saint Martin.

Trois retables ont été ajoutés au XVIIIème siècle.

Le retable central en bois sculpté est agrémenté d'un panneau en terre cuite représentant le baptême de Jésus. Des niches reçoivent des statues en terre cuite : saint Jean-Baptiste à gauche et la Vierge à l'Enfant à droite. L'ensemble de ce retable est couronné par le Père Éternel bénissant.

  • Marque d'auteur : DURAND FE. Date : 1718.

  • Luc Durand est né en 1652 à Beaumont. En 1673, il rentre comme apprenti chez Jean II Mongendre dit Le Jeune. Il s'installe successivement paroisse de la Couture et paroisse Saint-Pavin-de-la-Cité (en 1721), toujours au Mans.

     

Retables latéraux du XVIIIème siècle.

  • Les retables comportent chacun deux panneaux peints sur bois, dont un au dessus de l'autel et un en retour dans l'arc d' accès au chœur. Côté nord : L' Ange gardien et saint Julien. Côté sud : saint Michel et saint Sulpice. Les statues, en terre cuite polychrome, se trouvent dans les niches supérieures des retables.

  • Ces deux retables latéraux datent probablement de la même époque que le retable du maître-autel ; ils ont donc été exécutés vers 1718.

On peut voir d'ailleurs à l'extérieur de l'église la pierre de l'ancien autel démonté lors de l'installation des retables.

Le retable central (baptême de Jésus par Jean Baptiste).

Le retable central (baptême de Jésus par Jean Baptiste).

La Vierge à l'Enfant.

La Vierge à l'Enfant.

Saint Julien faisant jaillir une source.

Saint Julien faisant jaillir une source.

Panneau central du retable.

Panneau central du retable.

Jean Baptiste.

Jean Baptiste.

L'ancienne pierre d'autel.

L'ancienne pierre d'autel.

On y voit aussi une dalle funéraire de Élisabeth de la Rivière, épouse de Anne François de Couterne, seigneur du Bois de Maquillé et aussi de la paroisse de Flacé. Fille de François de la Rivière, seigneur de la Groirie à Trangé, elle est décédée au château de la Roche à Sceaux-sur-Huisne mais a été inhumée à Flacé en 1695. Elle avait épousé Denis Le Vayer au château de la Sauvagère à Chemiré-le-Gaudin en 1642, puis Anne François de Couterne en 1684, également en la chapelle de la Sauvagère. A noter qu’elle et son mari avaient nommé la grosse cloche de l’église de Sceaux-sur-Huisne en 1693.

Plusieurs mots de la dalle ont été piquetés, sans doute au moment de la Révolution Française.

La dalle funéraire de Elisabeth de la Rivière.

La dalle funéraire de Elisabeth de la Rivière.

Acte d'inhumation de Elisabeth de la Rivière.

Acte d'inhumation de Elisabeth de la Rivière.

Les monogrammes de Denis Le Vayer et de Elisabeth de la Rivière au château de la Sauvagère.

Les monogrammes de Denis Le Vayer et de Elisabeth de la Rivière au château de la Sauvagère.

Quelques terres cuites du Maine présentes à Flacé :

La poutre de gloire possède trois statues du XVIIème siècle : Vierge de douleur, Christ, saint Jean l’Évangéliste.

On trouve aussi une sainte Barbe (protectrice contre les incendies) du XVIème siècle repeinte à plusieurs reprises, ainsi qu’un saint Sébastien (protecteur contre les maladies).

Sainte Barbe.

Sainte Barbe.

Saint Sébastien.

Saint Sébastien.

La poutre de gloire.

La poutre de gloire.

Fonts baptismaux

En tant qu’église paroissiale, Flacé avait bien évidemment des fonts baptismaux. En général la zone baptismale se situe à l’entrée des églises ; elle marque justement l’arrivée dans le monde des chrétiens. A Flacé, elle est encore entourée d’une balustrade de bois. La cuve octogonale en calcaire, chiffre symbolique de la résurrection, date peut-être de la fin du Moyen-âge ou du XVIème siècle. Elle servait à pratiquer le baptême par aspersion ou infusion. Quant à la petite cuve, elle contenait l’eau bénite qui allait servir audit baptême. Les deux cuves sont protégées par un couvercle de bois afin d’éviter de souiller l’eau bénite.

En général, les rituels des diocèses sont très explicites sur la manière dont on procède au sacrement du baptême. L’eau est bénite le samedi saint ou la veille de la Pentecôte ; puis elle doit ensuite être conservée dans les fonts baptismaux d’où l’importance d’un système de fermeture. L’ouvrage précise également comment procéder au renouvellement de l’eau bénite.

Les fonts baptismaux de Flacé.

Les fonts baptismaux de Flacé.

Bancs

L’église de Flacé garde également ses antiques bancs. Les paroisses plus aisées ont souvent procédé au renouvellement de ceux-ci à la fin du XVIIIème siècle, au cours du XIXème siècle voire même au XXème siècle. On a alors fait une certaine amélioration de ce mobilier.

A Flacé on conserve une version très basique des bancs puisqu’il s’agit de simples madriers rabotés et vernis. Sous l’Ancien Régime, les places sont mises à la location par la fabrique qui gère l’église et ses biens. Souvent à l’issue de la grande messe du dimanche, le procureur syndic qui est responsable de la gestion de ces biens, assisté par le notaire, organise la mise aux enchères des places. Celles de devant sont souvent acquises par les gens d’importance (nobles locaux, artisans, laboureurs, etc.) ; les moins riches prennent les autres places. C’était une forme de participation volontaire au financement de l’entretien de l’édifice .

Les bancs avec les font baptismaux à l'entrée.

Les bancs avec les font baptismaux à l'entrée.

Inscriptions

Deux inscriptions en écriture gothique sont gravées sur des dalles de pierre afin de garder en mémoire la fondation de messes. Elles concernent Mathurin Ricordeau, chapelain de la chapelle saint René et Guillaume Lecoq.

L'inscription concernant Guillaume Lecoq.

L'inscription concernant Guillaume Lecoq.

L'inscription concernant Mathurin Ricordeau.

L'inscription concernant Mathurin Ricordeau.

Registres paroissiaux

Malheureusement, les registres paroissiaux les plus anciens ne remontent qu’à 1673. Signalons tout de même ici quelques actes un peu particuliers :

 

Le dix septième jour dud(it) mois de decembre 1703 est

né un enfant pendant le mariage de Jean Fouque et

de Renée Bachelot sa femme epouses dans notre église

de Flacé le cinquième jour de juillet dernier+, lequel

Fouque nous estant venu trouver nous a requis de ne

pas baptizer led(it) enfant en son nom n’estant de ses

œuvres, apres quoy led(it) enfant ayant esté

aporté a l’église aujourd’huy dix neufieme jour dud(it)

mois de decembre et presenté par René Bachelot pere

de lad(ite) Renée Bachelot demeurant paroisse d’Auvers sous

Monfaucon qui nous a declaré de la part de lad(ite) Bachelot

sa fille mere dud(it) enfant que led(it) enfant n’est pas du

fait dud(it) Fouque son mary mais de celuy d’Estienne

Langlois garcon demeurant dans la paroisse de Lognes

avant le mariage dud(it) Fouque et d’elle, Led(it) enfant

a esté par nous curé soussigné baptizée et nommée

Marguerite par led(it) René Bachelot et Marguerite

Michelin de cette paroisse ses parein et mareine

+ de cette paroisse lesd(its) jour et an que dessus, lesd(its)

Bachelot et Michelin ont declaré ne savoir signer

enquis, signé Renvoysé

 

 

 

Le seziême jour d’octobre an que dessus mourut de

grand matin en la maison seigneurialle du Bois de

Maquilly m(aît)re Thomas Jolivet p(rê)b(t)re chanoine de l’Eglise

de S(ain)t Pierre du Mans et chapelain de la chapelle de lad(ite)

maison seigneurialle du Bois et le mesme jour son

corps fut inhumé sur les six heures du soir dans l’Eglise

de Flacé par m(aît)re Jacques Guyon p(rêt)re curé de Souligné

[signature] F Maudet

 

 

Le dix neufiezme jour d’avril l’an mil six cens

quatre vingt quinze mourut en sa maison du Verger

située en la paroisse de Viviers haute et puissante

dame Anne de Moulins veuve de messire René

de Couterne chevalier# seigneur de cette paroisse

et le lendemain son corps fut inhumé en l’Eglise

de Flacé proche la fosse de sond(it) mary par

monsieur le curé de Torcé en Charnie

Extrait du registre parroissial de Flacé.

Extrait du registre parroissial de Flacé.

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16 avril 2023 7 16 /04 /avril /2023 21:29

Aujourd’hui dix huitième du mois de février mil sept cent soixante six sur les dix heures du matin, devant nous René Bellanger, notaire tabellion royal au Maine demeurant à Roézé, étant au lieu et bordage du Chêne Vert situé paroisse de Voivres.

Inventaire a été fait des meubles morts et vifs, dettes actives et passives dépendants de la communauté qui a eu cours entre défunt Charles Cosnilleau bordager, fermier dudit lieu du Chêne Vert et Marie Alleton sa dernière femme, avant elle veuf en premières noces de Marie Poirier, et en secondes de Marie Nieceron, demeurant audit lieu du Chêne Vert tant  en son nom que de mère et tutrice naturelle de Marie âgée de six ans et de Pierre Cosnilleau âgé de six mois ou environ ses enfants et dudit défunt.

A la requête et en présence de ladite Marie Aletton veuve dudit Cosnilleau, de Charles Cosnilleau garçon âgé de vingt sept ans ou environ et Marie Cosnilleau fille âgée de vingt deux ans aussi ou environ demeurant audit lieu de Chêne Vert audit Voivres enfants dudit défunt et de ladite défunte Marie Poirier sa première femme, de Michel Nieceron bordager demeurant paroisse de Bousse oncle maternel de Françoise Cosnilleau fille âgée de douze ans ou environ issue dudit défunt et de ladite Marie Nieceron sa seconde femme demeurant aussi audit lieu de Chêne Vert, et de Anne Nieceron veuve de Thomas Loriot, métayer, demeurant paroisse de Cérans sa tante au même côté maternel.

Et auquel inventaire procédant sous le bon plaisir de Monsieur le Bailly du siège d’où relève ledit lieu et en attendant qu’il sera pourvu de tuteurs aux mineurs, les meubles et effets ci après par elle représenté ont étés inventoriés en la forme et manière suivante en attendant qu’il en soit procédé à la vente.

Le Chêne Vert à Voivres Lès Le Mans, Cadastre 1809

Le Chêne Vert à Voivres Lès Le Mans, Cadastre 1809

Le Chêne Vert à Voivres Lès Le Mans, Photographie aérienne 1949

Le Chêne Vert à Voivres Lès Le Mans, Photographie aérienne 1949

René Bellanger est notaire dans la paroisse voisine de Roézé, où il est né en mai 1706, et il a pris la suite de l’étude après le décès de son père en 1731. Il y avait un notaire à Voivres dont il n’existe quasiment aucune archive. Il se nommait Olivier Ory et est inhumé dans l’église de la paroisse le 27 janvier 1704. Nous ne trouvons alors plus de notaire à Voivres. Les habitants traitent alors leurs affaires avec les notaires des paroisses voisines.

Le 10 juin 1714 naît Charles Cosnilleau à Voivres ; il est le fils de Charles et de Marie Lemonnier. Il décède dans cette même paroisse le 16 février 1766, deux semaines après son père. Il était peut-être déjà bien malade puisque seuls ses frères sont cités dans l’acte d’inhumation de son père.

Charles Cosnilleau fils a été marié trois fois comme le dit l’acte de vente des biens. Sa dernière épouse fut donc Marie Alleton qu’il avait épousé à Voivres le 6 juin 1758 ; son père est alors qualifié de journalier tandis que lui est bordager. Son précédent mariage, avec Marie Nieceron, avait été célébré à Roézé le 3 février 1750. Quant au premier mariage, il a été fait à Voivres avec Marie Poirier le 24 novembre 1734. De l’ensemble de ces unions naquirent neuf enfants.

Charles Cosnilleau père était déjà bordager au Chêne Vert puisqu’il signe un bail en 1743 avec son propriétaire François Charles Dupont d’Aubevoye dont la famille a acquis des terres à Voivres au milieu du XVIIème siècle. Le bordager est l’exploitant agricole du bordage, ferme de quelques hectares seulement. Quant au métayer, c’est l’exploitant d’une métairie soit en faire valoir direct (plutôt rare), soit avec un bail à ferme (versement d’un fermage en argent), soit avec un bail à moitié (versement d’un fermage qui est la moitié de la récolte).

Les meubles désignent les biens qui ne sont pas immeubles. Ainsi les meubles vifs (vivants) peuvent être des animaux. Les meubles morts sont tous les autres biens (meubles, objets, récoltes, etc.).

Baptême de Charles Cosnilleau, Registre paroissial de Voivres Lès Le Mans, 1714

Baptême de Charles Cosnilleau, Registre paroissial de Voivres Lès Le Mans, 1714

Mariage de Charles Cosnilleau, Registre paroissial de Roézé sur Sarthe, 1750

Mariage de Charles Cosnilleau, Registre paroissial de Roézé sur Sarthe, 1750

Sépulture de Charles Cosnilleau, Registre paroissial de Voivres Lès Le Mans, 1766

Sépulture de Charles Cosnilleau, Registre paroissial de Voivres Lès Le Mans, 1766

Et premier une crémaillère avec son cremaillon, une pelle de fer à servir au feu, une grille,  un rôtissoir à pain, et un réchaud à écuelle de cuivre.

Item deux crocs, une bêche, une fourche de fer, une hache à bûcher, un sermeau et un mauvais broc, deux pelles à bêcher, et un vouge.

Item une mauvaise huche de bois de chêne et deux sas à sasser la farine et une racliere de fer.

Item un coffre de bois de poirier fermant de clef.

Item un autre coffre de bois de chêne aussi fermant de clef.

Item un mauvais marchepied de bois de chêne non fermant de clef.

Item une table longue de bois de chêne et deux tiroirs aux deux bouts dont un fermant de clef et deux bancs.

Item un bois de lit d’alizier avec sa carrie et font, une mauvaise bailliere, une couette à taie de toile, un traversier et un oreiller à taie de couetty le tout garni de mauvaise plume d’oie usée, son entour composé de trois morceaux de serge verte, deux vergettes de fer, un dossier et un vanellier de toile commune et une couverture de laine blanche.

Item dans une chambre froide à côté, un autre mauvais bois de lit de chêne composé de son entour de toile commune et un traversier à taie de toile garni de mauvaise plume d’oie et une mauvaise couverture de serge blanche.

Item un fût de busse aussi rempli de cidre.

Item un autre fût de busse à demi plein de cidre.

Item cinq autres mauvais fûts de busse, deux de quart, deux jales, deux petits baranchaux, le tout vide et un fût de cuvier avec sa selle.

Item une marmite avec sa cuiller de fer à servir au pot, deux chaudrons l’un grand et l’autre petit le tout de fer ou fonte.

Item une mauvaise poêle à frire.

Item un chandelier de potin.

Item deux mauvaises faux avec leurs enthes, un marteau et un coyer de faucheur.

Item une serpe à tailler et un terriere.

Item douze livres de vaisselle d’étain tant plate que creuse.

Item un crochet à peser.

Item deux mauvaizes ferusselles et une lanterne de fer blanc.

Item un rouet à filer du brin, un travouil, une baratte avec son baratton, et une mauvaise paire de balances à écuelles de bois,

Item neuf draps de chacun trois aulnes de toile commune, deux nappes de même toile dont une d’une aulne et demie et l’autre d’une aulne, une mauvaise serviette de toile de brin, quatre essuie-mains de toile de gros, un bissac et un charrier de toile de gros et deux poches de même toile, et deux souilles d’oreiller de toile commune.

Item dix neuf livres de fil de gros écru, et deux livres et demies de brin aussi écru.

Item sept livres de poupées de gros et brin.

Item onze livres de poupées de gros.

Item un mauvais van, un crible, un pot de guerlande, deux minettes et un fût de boisseau et un de quarteron.

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Dans le grenier

Item dix boisseaux de froment et avoine mêlés, huit de bled noir et trois de seigle le tout comble et à l’ancienne mesure du Mans.

Item une siviere rouleresse et une mauvaise broye à broyer rompue.

Item dans l’écurie aux chevaux une vieille cavalle sous poil gris et son poulain d’un an.

Item dans l’étable aux vaches une mère vache sous poil brun.

Item une autre mère vache sous poil rouge.

Item deux autres mères vaches aussi sous poil rouge.

Item une petite taure de deux ans sous poil rouge et deux veaux de lait.

Item une brebis.

Item un bas de cheval, des paniers à fumier, des harasses, et une bride.

Item un porc en soie blanche.

Item dans la cour trois poules, deux oies et quatre canes.

Item quinze pièces de poterie de terre de Ligron dans l’une desquelles il y a environ demie livres de sel de gabelle.

Item les habits et linges à l’usage dudit défunt consistant :

Premier dans un habit de breluche, une veste et une culotte de droguet, deux mauvaises paires de guêtres en toile commune, deux autres mauvaises culottes de coulonge, un chapeau, un bonnet de laine, un mouchoir de fil, une mauvaise paire de souliers et six mauvaises chemises de toile commune.

Item trois livres de beurre salé et en pot.

Item une pelle de four et un rouable.

Item quatre fourches de bois, un râteau à foin et deux emotouers.

Item deux mauvaises seilles et un godet de bois.

Item dans la grange une mauvaise couchette sur paux qui est dans la grange garnie seulement d’une balliere et un travers garni de balle le tout de toile de gros.

Item dans un baquet inventorié ci devant qui est dans ladite maison environ deux livres de plumes d’oies neuves.

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Item lesdites parties ont déclaré qu’il n’est rien dû a ladite communauté, et qu’il est dû par icelle les sommes ci après :

A Monsieur de la Roussière, propriétaire dudit lieu de Chêne Vert, la somme de trente livres restant de la demie ferme échue de Toussaint dernier sans préjudice du courant et autres dus de mondit sieur de la Roussière d’une part et quatre vingt livres pour prisée qu’il a fournie audit défunt sur ledit lieu Cy en tout……………..110tt

A Michel Dabouinneau garçon domestique dudit Voivres trente six livres pour argent qu’il a prêté audit défunt Cy……………………………………………….36tt

Audit Charles Cosnilleau dix sept livres aussi pour argent prêté Cy……………………….17tt

A ladite Marie Cosnilleau fille cinq livres aussi pour argent prêté Cy……………………….5tt

Au sieur Devaux marchand à La Suze huit livres pour marchandise Cy………………….8tt

A Pierre Huard domestique demeurant à Cérans douze livres aussi pour argent prêté Cy….12tt

Au nommé Lucas marchand dudit Voivres quinze sols six deniers pour marchandise Cy………………………………………..15s. 6d.

A Julien Cosnillau journalier dudit Voivres trois livres dix huit sols pour argent preté Cy……………………3tt 18s.

Au nommé Dupart cordonnier à Saint Léonard quarante cinq sols pour avoir recarlé les souliers dudit défunt Cy………………………………………………………..2tt 5 s.

A Julian Lhommeau sabotier dudit Voivres et collecteur de l’année dernière six livres cinq sols pour reste de taille et capitation dudit défunt Cy………………6tt 5 s.

Au nommé Ruillé fermier dudit Voivres collecteur de l’année présente et ne savoir combien ayant seulement donné trois livres.

Et à nous notaire six livres dix sept sols pour reste de nos droits et déboursés de l’inventaire des effets de la communauté dudit défunt avec Marie Nieceron sa seconde femme reçu devant nous les vingt deux mai et vingt un juin mil sept cent cinquante neuf dûment contrôlé Cy……………………………………………………….6tt 17 s.

Qui sont tous les meubles morts et vifs, dettes actives et passives à nous représentés et déclarés par lesdites parties qui ont dit n’en avoir ni savoir aucune autre quant à présent sauf néanmoins au cas qu’il en viendra ci après à leur connaissance à eux faire la déclaration ensuite des présentes.

Et ont tous lesdits meubles et effets été évalués à la somme de cent quatre vingt dix livres relaissés entre les mains et garde de ladite veuve qui s’en est volontairement chargée pour les représenter au jour de la vente qui en sera faite.

Dont du tout acte et jugé lesdites parties de leur consentement après lecture sans préjudices à leurs dus et droits respectifs. Fait et arrêté lieu susdits par nous notaire royal susdit soussigné lesdits jour et an présents Jean Basse et Jean Leprou sergers demeurant audit Roézé témoins à ce requis avec nous soussignés lesdites parties ont déclaré ne savoir signer à la réserve dudit Michel Nieceron

[Signatures] Michel Niecesron, J. Basse, Jean Leprou, Bellanger

Céramique de Ligron

Céramique de Ligron

Céramique de Ligron

Céramique de Ligron

Céramique de Ligron

Céramique de Ligron

Quelques éléments du lexique utilisé dans cet acte notarié :

 

Crémaillon : petite crémaillère qui s’accroche sur la grande crémaillère.

Sermeau : Serpe. On trouve aussi le mot « serniau ».

Vouge : appelé aussi « craissant » (pour croissant). Outil tranchant dont la lame à la forme d’une faucille et dont l’épaisseur se rapproche de la serpe. Cette lame était montée sur un long manche d’environ 1,80 mètre et servait à couper de petites branches et les épines dans les haies.

Sas : tamis.

Marchepied : coffre au pied du lit.

Carrie : « plafond » du lit à quenouille.

Baillière : Sac rempli de balle (enveloppe du grain d’une céréale) et servant de matelas.

Couetty : Coutil (tissu très serré).

Traversier : traversin.

Entour : Tissu qui clôt le lit, entourage du lit.

Serge : tissu de laine.

Vergettes : tiges de fer pour faire coulisser les rideaux.

Dossier : pièce d’étoffe qui couvre le derrière du lit.

Vanellier : ou venellier ; tissu posé sur le côté du lit et qui ferme le lit sur la longueur opposée au mur.

Busse : Tonneau d’environ 230/240 litres.

Jale : cuvier en bois pour « marquer » (faire fermenter le marc avant pressage) le cidre.

Coyer : cornet qui porte le faucheur à la ceinture et dans lequel il met sa pierre à affûter.

Travouil : dévidoir à écheveaux.

Charrier : toile grossière pour le transport de la balle de blé, mais aussi pour le transport de la cendre pour la lessive.

Souille : Sac. Très souvent utilisé pour l’oreiller. C’est aussi dans une souille que l’on garde les papiers relatifs à la vie de la famille (titres de propriétés, baux, etc.).

Poupée : grosse bobine de fil.

Pot de guerlande : pot de garlande signifie une poterie tachée lors de la cuisson de la céramique.

Sivière rouleresse : la brouette.

Broye : instrument pour broyer le chanvre.

Cavale : la jument, le cheval.

Harasse : grand panier.

Breluche : étoffe de fil et laine.

Droguet : étoffe de laine grossière.

 

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

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31 mars 2023 5 31 /03 /mars /2023 21:18

Une querelle entre les moines de la Couture et les chanoines de Saint Pierre la Cour est à l’origine d’un texte (vers 1135) qui évoque une « foresta » sur Roézé. C’est la cour épiscopale qui intervient pour régler le problème.

 

Moi, Hugues, par la grâce de Dieu, métropolitain de Tours, et notre vénérable frère Guy, lui aussi par la grâce de Dieu évêque du Mans, et Guillaume abbé de Saint Pierre de La Couture, à tous les fidèles présents et à venir, salut ; nous attestons la vérité d’une cause que nous avons examinée.

Que votre sagesse sache avec certitude que l’église de Saint Pierre la Cour, par donation d’Hugues David fondateur de cette église et par abondante contribution des autres seigneurs du Mans et enfin par donation du comte Hélie, d’heureuse mémoire, a reçu et possédée longtemps les dîmes de sa forêt et sur la glandée et sur la moisson.

Comme cette forêt était devenue terre labourable depuis un long temps, les chanoines de Saint Pierre la Cour firent dans cette même forêt deux églises [Louplande et Voivres] et ils attribuèrent séparément à chacune sa paroisse ; et ils les occupèrent longtemps paisiblement.

Mais après un long temps, les moines de Saint-Pierre de Couture s'élevèrent contre les chanoines, disant que dans une certaine partie de la forêt, à savoir, dans celle qui est entre la rivière Orne et Roézé, ils avaient une dîme sur la glandée, et donc, quand cette partie de la forêt a été transformée en terre arable, ils ont pris le dixième de la moisson, car ils avaient des glands, seulement de ceux qui contredisaient les chanoines. Cela affirmé, Guillaume, doyen de Saint-Pierre-la-Cour, et les chanoines vinrent à l'évêque Guy, protestant de leur dîme, que les moines avaient ainsi envahie. Quand l'évêque entendit cela, il appela Guillaume, abbé de Saint-Pierre de la Couture, et les moines, et il donna le jour aux moines et aux chanoines qui l’acceptèrent. Le jour de l'échéance, ils vinrent tous les deux, et en présence du seigneur évêque, ils exposèrent leurs raisons.

Quand ils ont appris cela, la cour de l'évêque a décidé que les chanoines devraient être investis de la dîme qu'ils réclamaient, et ensuite, sur les chanoines, les moines auraient la justice. Ce jugement, les moines l'acceptèrent sans contradiction, et au lieu de l'investiture elle-même, ils remirent en gage aux chanoines le pallium.

Les ayant donc investis, vinrent les avocats de la paix et de la concorde entre les moines et les chanoines, et d'un conseil modéré, en notre présence et au chapitre de Saint Pierre de la Couture de notre main et de celle de l’évêque Guy, par l’abbé Guillaume et par le doyen Guillaume, l’accord a été signé et ainsi la querelle a été terminée et apaisée.

De sorte que désormais les moines aient la dîme et la paroisse de la terre de l’Auneau entre Roézé et la rivière de l’Orne, et la moitié des dîmes, offrandes, prémices et toute la rente paroissiale de la terre de Raymond, et de la terre des moines d’Oizé et de la terre des chanoines de Beaulieu et de la terre de Renaud du Breil.

Et que les chanoines aient l’autre moitié, et toutes les dîmes de l’autre forêt et toutes les rentes paroissiales en quelque lieu qu’il y ait forêt féodale et qui soit devenue terre labourable.

Et si les paroissiens des terres communes se rendent à l’église de Voivres, que les moines aient la moitié de tout leur revenu paroissial ; si au contraire ils se rendent aux églises des moines, que les chanoines aient là la moitié de tout le revenu paroissial de ces gens des communes.

 


 

Cartulaire de l’abbaye de la Couture au Mans1 et cartulaire de la collégiale Saint Pierre de la Cour2

 

1Cartulaire des abbayes de Saint Pierre de la Couture et de Saint Pierre de Solesmes, Le Mans, 1881

2Menjot d’Elbenne (Vicomte) et Denis (L. J.), Cartulaire du chapitre royal de Saint Pierre de la Cour du Mans, Le Mans, 1907

 

ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)
ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)
ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)

Les personnages cités dans les documents

Hugues : archevêque de Tours (1134-1146). Ce serait un membre de la famille des seigneurs de La Ferté-Arnaud (La Ferté-Vidame, Eure-et-Loir) comme semble l’indiquer le cartulaire de Saint Père de Chartres dans une confirmation de don datée des environs de 1136. Il succède à Hildebert de Lavardin, évêque du Mans et archevêque de Tours, mort en décembre 1134.

Gui : évêque du Mans (1126-1135) qui serait originaire de Bretagne (région de Ploërmel). Il est appelé Guy d’Étampes dans certaines publications. Il paraît avoir été assez proche du pouvoir normand puisqu’il fut à un moment de sa vie écolâtre de Salisbury, chanoine de Lincoln et archidiacre de Rouen. Il fait partie de ces évêques manceaux du XIIème siècle dont la renommée attire les étudiants. Il célébrera à la cathédrale du Mans le mariage entre Geoffroy V Plantagenêt et Mathilde fille du roi d’Angleterre Henri Ier. Il baptisera également en 1134 leur fils Henri, futur roi d’Angleterre. C’est aussi pendant son épiscopat qu’un grand incendie va ravager Le Mans en 1134. Il décède en 1135 (1136 selon Orderic Vital) et c’est Hugues de Saint-Calais qui devient alors évêque du Mans.

Guillaume, abbé de Saint Pierre de la Couture : Les auteurs de la transcription du cartulaire de la Couture se demandent s’il n’y a pas une erreur quant à ce nom puisque l’abbé à l’époque serait Foulques.

Hugues David : Les actes des cartulaires de la Couture et de Saint-Pierre-la-Cour font référence à ce Hugues dit aussi « filius David » ; à la fin du Xème siècle il a fait divers dons aux deux communautés religieuses. Il est d’ailleurs fort probable que certains éléments de la collégiale encore visibles aujourd’hui remontent à l’époque du comte Hugues II. Les hugonides étaient proches des Capétiens, mais ils changent de camp ; les Capétiens se tourneront alors vers les Angevins pour leurs confier le Maine. Cependant, les hugonides ne se laisseront pas faire.

Hélie : Hélie, de par sa mère, descend des comtes du Maine ; il avait racheté vers 1092 le comté du Maine à un de ses cousins, Hugues V. C’était un farouche adversaire des Normands allant jusqu’à faire prisonnier l’évêque Hoël, fidèle allié des Normands, ce qui entraîna à l’époque un certain vent de révolte dans le Maine. On voit clairement que le comté est partagé entre suivre les partisans des Angevins ou ceux des Normands, d’autant que les intérêts des uns deviennent parfois les intérêts des autres selon que les seigneurs fassent ou défassent leurs alliances. Mais les premières années d’Hélie en tant que comte du Maine sont compliquées. Jusqu’à l’extrême fin du XIème siècle, les troupes normandes vont agir dans le Maine où elles reprennent plusieurs châteaux ; Orderic Vital allant même jusqu’à dire que le comte Hélie fut fait prisonnier. En 1100, Guillaume Le Roux, roi d’Angleterre, meurt. Hélie va alors pouvoir s’imposer non sans devoir encore se positionner subtilement dans un univers seigneurial où les retournements d’alliance sont fréquents. Cependant la première décennie du XIIème siècle sera pour Hélie celle de la stabilisation, se rapprochant de l’Angleterre mais également de l’Anjou. Après les guerres était venu le temps de la diplomatie.

Guillaume, doyen de Saint-Pierre-la-Cour : C’est à priori la seule mention de ce religieux.

Moines d’Oizé : Le prieuré d’Oizé est doté par Hélie de La Flèche et dépendait de Vézelay. Les religieux avaient le fief des Buretières (actuellement sur la commune de Voivres) donc de l’autre côté du ruisseau de l’Orne. Le prieuré, du moins pendant cette période, reste très proche du pouvoir angevin.

Chanoines de Beaulieu : L’abbaye de Beaulieu a été fondée au début de XIIème siècle, soit quelques années avant la rédaction de l’accord qui nous intéresse ici. Elle se situait au Mans sur la rive droite de la Sarthe, dans l’ancienne paroisse de la Madeleine. A Roézé, l’abbaye possède Saint-Fraimbault qu’elle aurait obtenu sans doute dès le XIIème siècle par Foulques d’Anjou.

Renaud du Breil : Le toponyme est tellement fréquent qu’il est difficile de localiser cette terre en l’absence d’éléments historiques restés dans les écrits. Selon Menjot d’Elbenne, au XVème siècle, il existait un Jean Bellenger, seigneur du Breil à Saint Benoît sur Sarthe. Pour les auteurs du début du XXème siècle, il s’agirait d’un fief à Brûlon. On trouve également une charte du XIIème siècle où est cité un Renaud du Breil dans un acte concernant l’abbaye de Tironneau.

 

Le contexte

On peut essayer de comprendre le conflit entre les deux entités religieuses. D’un côté nous avons l’abbaye de la Couture et de l’autre les religieux de la collégiale Saint Pierre la Cour. Cette dernière est sous le contrôle direct du comte du Maine et, pour l’époque qui nous intéresse ici, donc de Geoffroy V Plantagenêt (1113-1151). Quant à l’abbaye de la Couture, elle est alors à son apogée : plusieurs dizaines de milliers d’hectares de terres, une cinquantaine de prieurés et un abbé aussi puissant que le comte du Maine.

Geoffroy V le Bel

Geoffroy V le Bel

Si l’on en croit les écrits de Dom Piolin dans son œuvre conséquente « Histoire de l’Église du Mans »1, la période est assez tendue. Le Maine est passé aux mains des Plantagenêts en 1110 lors du mariage entre Foulques V, comte d’Anjou, et Erembourg du Maine héritière du comté. Foulques V meurt en 1129 et c’est le jeune Geoffroy V le Bel qui hérite du comté. Il doit alors s’affirmer face à des seigneurs qui voient en ce jeune comte un élément faible qui devrait être facile à attaquer. On verra d’ailleurs la famille de Sablé, liée par mariage à celle de La Suze, prendre position contre les Plantagenêts.

Piolin nous dit que Foulques avait confisqué des terres religieuses pour les redistribuer à ses fidèles. Il semble que ces « confiscations » soient en lien avec des défrichements entre Le Mans et La Suze dans ce qui se nommait autrefois les bois des Teillais. Mais on sait par diverses sources, dont l’archéologie, que ces espaces étaient déjà habités. C’est le cas du secteur des Randonnays aux confins des communes de Voivres-Lès-Le Mans, Etival-Lès-Le Mans et Allonnes. Certains lieux à la limite des deux paroisses ont été jusqu’à la Révolution en « tournes », c’est à dire qu’ils relevaient une année d’une paroisse et l’année suivante de l’autre. Il paraît aussi dans ce document que ces donations comtales ont été suivies d’une mise en valeur des terres pour justement accroître les revenus des établissements religieux.

1Dom Paul Piolin, Histoire de l’Église du Mans, T. IV, p. 2, Paris, 1858

La Tournerie, carte de Cassini (1765)

La Tournerie, carte de Cassini (1765)

L’abbaye de la Couture avait obtenu des terres sur Roézé dans le second quart du XIème siècle lorsque le seigneur Lodon fit don de biens aux religieux entre la Sarthe et l’Orne Champenoise. Quelques chartes dans le cartulaire de la même abbaye nous rapportent d’autres mouvements de terres dans la région de La Suze. Ainsi en 1142, une courte charte fait mention d’un contentieux avec Payen de Clairvaux toujours à propos d’une « foresta ».

Qu’est ce qu’une « foresta » ?

Il serait très réducteur de traduire ce mot latin médiéval par « forêt », du moins par l’image que nous renvoie ce terme. Il s’agit plutôt d’une unité juridique qui peut inclure des forêts, des landes, des bois, des cultures, des villages, etc. D’ailleurs, elle est traversée par chemin appelé « viam Caenomansem » dans une charte de l’évêque d’Angers du début du XIIème siècle1. Il ne faut pas non plus le prendre comme un lieu précis mais comme un espace géographique relativement étendu. Les environs nous révèlent plusieurs toponymes en relations avec ce type de paysage : La Forêt (Etival Lès Le Mans, Fillé sur Sarthe, Roézé sur Sarthe), les Buissonnières (Etival Lès Le Mans), les Bois (Roézé sur Sarthe, Louplande), la Touche (Roézé sur Sarthe, Louplande), les Landes (Allonnes, Spay, Saint Georges du Bois), etc.

1Josèphe Chartrou, L’Anjou de 1109 à 1151, Presses Universitaires de France, Paris, 1928, p. 356

A l’origine, il s’agit d’un système qui apparaît vers le VIIème siècle et qui se développe ensuite à l’époque carolingienne. Les territoires concernés sont sortis du droit commun1. Puis, lorsque le pouvoir carolingien décline et que les forestae ont perdu leur fonction première, les comtes vont utiliser cette réserve foncière pour les redistribuer afin de renforcer leurs réseaux de pouvoir. C’est ce sont que l’on voit par exemple à propos du domaine des Randonnays. D’ailleurs, les indices archéologiques sur cette zone montrent clairement qu’à l’époque antique l’occupation était autre.

Le texte est assez clair puisqu’il évoque un territoire transformé en terre labourable et sur lequel les religieux perçoivent des droits. A la lecture de divers documents médiévaux, on a le sentiment d’avoir un espace qui était aux mains des comtes du Maine et qui sera concédé à des abbayes. En tout cas, il semble que les dons faits à Saint Pierre la Cour soient simplement un moyen pour le comte de faire fonctionner en autonomie sa collégiale.

La confirmation d’une charte de Foulques concernant les Randonnays (Voivres) précise justement les attributions de ce territoire. On y apprend ainsi qu’il y fut fait des prés, que les moines avaient droit de panage ou glandée dans les bois pour leurs porcs ainsi que le droit de prélever du bois pour édifier leurs bâtiments.

 

Mais le diplôme du comte Hugues du Maine daté de 10142, soit un siècle antérieur aux documents ci-dessus évoqués, permet d’affiner le vocabulaire. Il y est bien spécifié que c’était une terre relevant directement du comte puisqu’on trouve l’expression latine « nostri juris terram ». L’utilisation du terme « saltus » renvoie plutôt à un paysage de landes, de terres non cultivées en friche ; le document dit que ce saltus entoure le lieu de Vedobris que l’on fait correspondre aujourd’hui à Voivres. Il paraît donc évident que les religieux reçoivent une terre pour la mettre en valeur ; il faut dire que le prieuré Saint Victeur avait été doté quelque temps auparavant de vignes et des moulins situés au Mans ou à proximité immédiate. Mais une indication dans ce texte permet de mieux comprendre le flou qui réside dans ce type de paysage puisque la phrase « que dicitur Vedobris, sicut eam saltus undique circuncludit, cum omnibus que in ea sunt, id est ecclesia, molendino, pratis, vivaiiis » indique que dans le saltus sont également présents une église (ou chapelle), un moulin, des prés et des viviers. Il est donc possible que cette occupation corresponde à une implantation au moins carolingienne voire même mérovingienne. Il n’est pas impossible d’ailleurs que le Vedobris du diplôme de 1014 soit aussi le Vodebris rencontré dans la Vie de Saint Julien.

1Jean-Claude Meuret, Paroisses sur la limite orientale de la Bretagne aux XIe-XIIe siècles : évolution du réseau en contexte frontalier, dans La paroisse, communauté et territoire, p. 291-367, PUR, Rennes, 2013

2Bertrand de Broussillon, Cartulaire de Saint Victeur au Mans prieuré de l’abbaye du Mont Saint Michel (994-1400), Paris, 1895, p. 5

Les Randonnays, Voivres, 1948

Les Randonnays, Voivres, 1948

La Forêt, Roézé, cadastre 1843

La Forêt, Roézé, cadastre 1843

La Forêt, Roézé, traces parcellaires d'occupation médiévale

La Forêt, Roézé, traces parcellaires d'occupation médiévale

ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)

On peut aussi voir dans ce texte la difficulté à délimiter précisément les paroisses, et donc les droits y afférant1. Il en restera, jusqu’à l’établissement des communes avec des limites précises dans un plan cadastral, des traces avec des zones en tourne. On trouvera d’ailleurs un lieu-dit la Tournerie sur Voivres.

On peut voir sur le plan cadastral de XIXème siècle, les traces laissées par cet aménagement. Une zone elliptique est bordé à l’ouest par le lieu-dit « La Forêt » et à l’est par celui des « Bretelleries ». Il semble que cette zone ait été coupée en deux à un moment. Peut-être qu’au départ seul le lieu de la Forêt existait et qu’ensuite on ait installé une autre famille sur le lieu des Bretelleries ; mais cela n’est qu’une hypothèse en l’absence de sources pour travailler plus précisément.

Il faut aussi noter que les quatre toponymes « Forêt » sont en limite de paroisse. Celui d’Etival borde Voivres et Louplande, celui de Fillé borde Voivres, celui de Louplande borde aussi Voivres ainsi que celui de Roézé

1Michel Brand’honneur, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes, Habitat à motte et société chevaleresque (XIe au XIIIe siècles), PUR, Rennes, 2001

Les dotations religieuses au XIème et XIIème siècles

Comme nous l’avons dit plus haut, ces deux communautés religieuses vont être dotées de domaines. On sait que l’abbaye de la Couture a reçu vers 1030-1050 des terres autour de Roézé d’un seigneur nommé Lodon mais dont on ne connaît pas l’étendue du domaine1. En 1185, les religieux recevront aussi des dîmes sur la Beunêche.

Quant à Saint Pierre la Cour, elle avait donc reçu deux « ecclesias » bien avant la querelle évoquée dans ce document. La fondation de ces deux églises n’est sans doute à prendre au sens premier de ce terme. Il s’agit plutôt de l’acquisition de droits sur la paroisse2.

 

D’autres donations comtales sont connues dans ce secteur. Au début du XIème siècle, le comte du Maine Hugues donne au Mont Saint Michel de la terre entre Etival Lès Le Mans et Voivres.

Ce secteur entre Le Mans et La Suze a fait l’objet de plusieurs autres donations. Par exemple, Foulques d’Anjou avait fait don aux religieux de Savigny (50), sans doute vers 1116/11203, de la terre des Randonnays4 (commune de Voivres-Lès-Le Mans) située à cinq kilomètres au nord-est de la Forêt ; la terre passe ensuite à l’abbaye cistercienne de la Boissière (49) dépendante de Savigny. Mais cette implantation ne pu se développer et les moines iront ensuite à Denezé sous Le Lude (49). C’est peut-être de cette époque que date le droit de novales (droit sur les terres nouvellement défrichées) attribuée aux curés de la paroisse de Voivres sur la terre des Randonnays.

1Cartulaire des abbayes de Saint Pierre de la Couture et de Saint Pierre de Solesmes, Le Mans, 1881, p. 17 à 19

2Éric Van Torhoudt, La formation des territoires paroissiaux en Normandie occidentale aux XIe-XIIIe siècles, dans La paroisse, communauté et territoire, p. 235-257, PUR, Rennes, 2013

3Jaap van Moolenbroek,  Vital, l'ermite, prédicateur itinérant, fondateur de l'abbaye normande de Savigny, Revue de l'Avranchin et du Pays de Granville, t. 68, no 346,‎ 1991, p. 203

4Noël-Yves Tonnerre, La place des abbayes cisterciennes dans l’histoire de l’Anjou, Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 120-3, 2013, p. 172-187

Donations

Donations

Eglise de Roézé (datation proposée : 975/1025)

Eglise de Roézé (datation proposée : 975/1025)

Prieuré des moines de la Couture à Roézé.

Prieuré des moines de la Couture à Roézé.

Voivres, XIème siècle

Voivres, XIème siècle

Etival Lès Le Mans, IXè/Xè s.

Etival Lès Le Mans, IXè/Xè s.

Les problèmes de perception des dîmes et de patronage sur les paroisses sont un sujet classique qui revient souvent au cours du XIIème siècle. La justice épiscopale s’appuie alors sur une administration développée et organisée pour s’occuper de ces questions. On peut sans doute également voir dans cet accord un exemple du pragmatisme épiscopal manceau qui vient régler un conflit entre une institution religieuse très proche des Plantagenêts et une abbaye de la Couture au sommet de sa puissance.

 

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18 février 2023 6 18 /02 /février /2023 22:23

La lande de Pierre Aube à Fillé sur Sarthe

 

Il existe sur la route qui va de Fillé à Voivres un lieu-dit nommé « Pierre Aube » qui correspond à une zone boisée entre la route de Voivres et la route des Vignes. Il existe d’autres lieux nommés Pierre Aube, ou ses dérivés, en France : Saint Germain des Champs (Yonne), Landéan (Ille-et-Villaine), Adervielle Pouchergues (Hautes Pyrénées), Lamayou (Pyrénées Atlantiques), Arrigas (Gard), etc.

Photographie aérienne (1948)

Photographie aérienne (1948)

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Cassini (1765)

Carte de Cassini (1765)

La lande de Pierre Aube à Fillé sur Sarthe
Plan du début du XIXè siècle. Les landes sont visibles à droite.

Plan du début du XIXè siècle. Les landes sont visibles à droite.

Les plans anciens et les différents cadastres du XIXème siècle n’indiquent aucune ferme portant ce nom ; cependant un bordage (Mathurin Brincoustu bordager vers les années 1670) est signalé dans quelques actes notariés du XVIIème siècle sans qu’il soit possible de le localiser. Le lieu désigne une lande dépendant avant la Révolution de la terre du Gros Chesnay dont des parcelles sont louées à divers fermiers. Il y est fait mention également d’un lieu de paissage c’est à dire une zone où viennent paître les bêtes. Les actes notariés précisent que l’on va « en la lande Pierre Aube ».

Acte notarié de 1657

Acte notarié de 1657

Cadastre 1844

Cadastre 1844

Cadastre 1844

Cadastre 1844

Cadastre 1844

Cadastre 1844

Dans la Sarthe, de nombreux lieux-dits portent le nom de « Pierre ». Pour la région de Fillé, citons la présence de ce toponyme sur Cérans-Foulletourte, Guécélard, Mézeray, Spay, etc. Certains désignent la présence de monuments mégalithiques remontant au néolithique (ex : Pierre Couverte à Parigné le Pôlin). On peut donc raisonnablement penser que le nom « Pierre Aube » (c'est-à-dire la pierre blanche) est le témoin d’un monument préhistorique présent sur la commune de Fillé.

Cette idée est confortée par des découvertes archéologiques faites dans les environs. On a trouvé dans quelques champs de Fillé des objets préhistoriques datant du néolithique (entre 6000 et 2000 avant Jésus Christ). La vallée de la Sarthe a toujours été un axe de circulation et il est logique de ramasser des objets de cette époque sur la commune.

Parmi ces découvertes, un objet se distingue. Il s’agit d’une meule trouvée près du Clos Colin. Elle permettait à une famille de produire de la farine à partir de céréales. C’est en quelque sorte l’ancêtre du moulin de Fillé.

Outils préhistoriques découverts sur Fillé

Outils préhistoriques découverts sur Fillé

Outil préhistorique, Fillé

Outil préhistorique, Fillé

Meule à moudre

Meule à moudre

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28 janvier 2023 6 28 /01 /janvier /2023 18:33

Délibération du Conseil Municipal de la commune de Voivres, qui autorise le maire à vendre le pressoir dépendant du presbytère (23 septembre 1805).

 

Nous, adjoints et membres du Conseil Municipal de la commune de Voivres soussignés.

Sur la représentation à nous faite par M. Jacques Blin maire de cette dite commune, qu’il existe un pressoir dépendant du presbytère, lequel se trouve dans un état de détérioration qui en rendrait les réparations à faire très dispendieuses, que le pressoir ne serait  dans la suite d’aucune valeur si on le laissait encore une année exposé, comme il est à toutes les rigueurs des saisons, étant situé dans une grange dont le toit est d’un côté entièrement découvert ; en conséquence il demande à être autorisé à le vendre, et à employer les deniers en provenant au profit de l’église en la qualité de receveur de la fabrique.

Examen par nous fait de l’état où se trouve ledit pressoir, avons reconnu que les planches qui en forment le fond sont entièrement pourries et hors de service quelconque, que les deux couettes, ainsi que la jumelle sont déjà fort endommagées et de peu de valeur.

En conséquence pour prévenir une plus grande détérioration, autorisons ledit sieur Blin à vendre ledit pressoir, et à employer les deniers provenant de la vente suivant l’avis des fabriciers de l’église nommé par Monseigneur l’Evêque du Mans.

Pris en Conseil Municipal le premier Vendémiaire an Ier de l’Empire Français.

 

Registre des délibérations communales de Voivres

Registre des délibérations communales de Voivres

Presbytère de Voivres (fond Cordonnier)

Presbytère de Voivres (fond Cordonnier)

Cadastre de 1809 (le presbytère est au numéro 129 du parcellaire)

Cadastre de 1809 (le presbytère est au numéro 129 du parcellaire)

Quelques remarques :

 

Le maire Jacques Blin naît à Etival-Lès-Le Mans le 30 novembre 1749 de Jacques Blin et de Marie Barrier. Alors sabotier à Voivres, il épouse Marie Compain le 20 avril 1784. Devenu veuf en 1789, il se remarie avec Louise Leroy le 11 octobre 1791.

On le voit apparaître comme maire dans un acte du 18 décembre 1802. L’abbé Bichette, curé de Voivres à partir de 1834, rédacteur plutôt partial des chroniques de la paroisse, nous donne quelques indications sur l’arrivée de Jacques Blin en tant que maire. L’édile précédent, Louis Hourdel, est accusé selon Bichette de s’être adonné à la boisson et d’être grossier ; Bichette nous rapporte d’ailleurs que le jour de la Toussaint 1802, Hourdel, qui faisait aussi fonction de sacriste, avait manqué de respect au prêtre et interrompu son office. Démis de ses fonctions, il est alors remplacé par Jacques Blin.

En 1802 est rédigé un compte de tutelle entre lui et sa fille Marie Appolline née de son premier mariage. Y sont cités certains biens occupés par Jacques Blin tels que deux maisons chauffantes avec boutique, cour et jardin au bourg, un petit clos de terre à la Blotinnière et une parcelle de vignes au clos des Cosnilleries, le tout à Voivres. Il avait aussi une maison et des terres à Fay.

En 1803, il acquiert avec sa femme une maison composée d’une pièce avec cheminée et un cellier derrière située au bourg de Voivres.

Il meurt à Voivres le 19 mai 1812 et c’est son fils qui déclare le décès le lendemain en mairie. Mathurin Piveron devient alors maire.

Acte de baptême de Jacques Blin (registre paroissial d'Etival Lès Le Mans)

Acte de baptême de Jacques Blin (registre paroissial d'Etival Lès Le Mans)

Acte de décès de Jacques Blin (Rtat-civil de Voivres)

Acte de décès de Jacques Blin (Rtat-civil de Voivres)

Acte de décès de Jacques Blin (Etat-civil de Voivres)

Acte de décès de Jacques Blin (Etat-civil de Voivres)

Vente d'un pressoir à Voivres-Lès-Le Mans en 1805

La vigne est présente sur le territoire de Voivres depuis longtemps, comme un peu partout en Sarthe d’ailleurs ; les cartulaires médiévaux y font très souvent référence. Et trouver un pressoir dans un presbytère n’a rien de surprenant puisque la cure et la fabrique ont des vignes.

Déjà dès le XIIIème siècle, le cartulaire de l’abbaye de Beaulieu fait mention de Jean Jardin, paroissien de Voivres, qui possède une maison dans le bourg derrière laquelle se trouvent des vignes. Les documents des XVIIème et XVIIIème siècles concernant Voivres nous donnent certaines informations sur la culture de la vigne dans cette commune.

En 1604, le curé de Voivres, dans un conflit qui l’oppose aux religieux de la Boissière concernant la terre des Randonnays, fait état de vins perçus pour la dîme.

Il y avait plusieurs clos de vignes à Voivres : le secteur des Jouannières à l’ouest de la commune avec un lieu-dit nommé le Pressoir et un parcellaire en lanières; la Conillerie au nord-ouest du bourg avec également un lieu-dit le Pressoir ; le clos de la Cheverie à l’est de la commune  où en 1661 Jacques Le Gros fait don d’un quartier de vignes à la cure; la Blotinière, etc. D’ailleurs on rencontre plusieurs fois des vignerons dans les registres : Michel Gaupuceau qui habite aux Vallées en 1619, Mathurin Blanchard vigneron à la Jouannière en 1624, Louis Gaupuceau qui rédige son testament en 1637, Léonard Barier qui achète une vigne à Voivres en 1638, Hiéraume Couderay inhumé en 1667, Jean Froger qui achète des vignes à la Cailloterie et à Beauvais en 1671, Jacques Loyseau inhumé en 1684, Jacques Hervé inhumé en 1686, René Fournigault inhumé en 1687, Pierre Bouteiller locataire de vigne à la Cailloterie et à la Basse Jouannière en 1741, Louis Drouard qui entretenait les vignes de la fabrique en 1744, Julien Cornillau journalier vigneron qui achète une vigne en 1767, Julien Besnard vigneron locataire d’une chambre aux Sauvagères en 1771, Joseph Piron qui prend le bail de vignes à la Cailloterie et au Pressoir en 1780, etc.

Vente d'un pressoir à Voivres-Lès-Le Mans en 1805
Acte notarié (1624)

Acte notarié (1624)

Les vignes ne sont pas forcément de bonne qualité comme en témoignent les divers montrées et actes de vente. Par exemple, en 1769 la montrée du lieu de la Renardière décrit l’état des parcelles : « Que deux quartiers de vigne l’un dans le clos du Pressoir et l’autre dans le clos de la Cosnillerie sont nantys de quantité de places vides de diverses grandeurs sans soeufs et que le surplus de laditte vigne ne se trouve qu’au tiers plantée le fort raportant au faible et pour n’avoir pas provigné laditte vigne les années dernières ne lavoir pas beichée en saison convennable et ne l’avoir pas fumée ce que porte une perte considérable audit Letourneau fermier actuel pourquoy led(it) expert en aarbitré les dommages et interrest à la so(mm)e de quinze livres , Cy……………………..15tt »

 

Certaines années, les récoltes étaient plus bonnes comme l’indique le curé Girard en 1720 : « La presante année a été fort fertille an toutes sortes de grains fruits et légumes, principalement an vin dont a été si grande quantité que lon a été contraint dans laiser perdre la plus grande partie faute de tonnois pour le ramasser quels tonnois ont été sans pris et sans an pouvoir trouver pour de largent neamoins lesdits vins ont été de for mauvaize qualité ». Quant à sa qualité, tout dépendait des années et des dégustateurs. Le Paige dans le dernier quart du XVIIIème siècle dit qu’« il y a des vignes dont le vin est de petite qualité ». Bichette écrit dans la première moitié du XIXème siècle que « Les vignes donnent d’assez bon rouge ; mais le blanc en est mauvais, il faut le dépenser de suite. Dans les bons caveaux, le vin rouge peut se garder un an ou deux en busses ; j’en ai fait l’expérience au presbytère. Je dois dire que mon vin était de 1834. Dans cette année-là, la récolte fut très abondante et les vins exquis, tellement que l’on buvait avec plaisir ceux des plus méchants crus ».

 

Il y a quelques années, on trouvait encore des bouteilles de vin produites à Voivres.

 

Carte de Jaillot (1706) sur laquelle on voit les vignes entre Voivres et La Suze

Carte de Jaillot (1706) sur laquelle on voit les vignes entre Voivres et La Suze

Parcelles de vignes sur le cadastre de 1809

Parcelles de vignes sur le cadastre de 1809

Registre paroissial (1720)

Registre paroissial (1720)

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29 décembre 2022 4 29 /12 /décembre /2022 22:15

LORSQUE LE SEIGNEUR DU GROS CHESNAY REND HOMMAGE AU SEIGNEUR DE BUFFES

Un acte notarié du 28 novembre 1654 nous rapporte comment Jean Le Boindre, seigneur du Gros Chesnay prête serment de fidélité au seigneur de Buffe.

Aujourd’hui vingt et huitième jour de novembre
mille six cent cinquante et quatre après midi.
Est comparu devant nous Daniel Le Long
notaire en la cour royale du Mans demeurant paroisse
de Fillé notre résidence, messire Jehan
Le Boindre conseiller du Roy en la cour du
Parlement à Paris y demeurant paroisse de
St André des Arts, étant présent en
sa maison de Grochenay paroisse dudit Fillé.
Lequel nous a requis nous transporter
avec lui au logis seigneurial de
Buffes situé audit Fillé a effet de
faire et jurer la foi et hommage
entre les mains de Monsieur de la
Palluelle à cause du fief de Fillé
appartenant audit seigneur de la Palluelle
et Buffes pour raison de son fief du
Grochenay et dépendances. Où étant arrivé
audit Buffes avons trouvé Agate Papiel femme
François Brossard concierge dudit logis laquelle a déclaré
que le seigneur de La Palluelle était absent ; au moyen de quoi mon dit
seigneur du Grochenay au devant de
la poutre seigneuriale de la principale
entrée dudit lieu de Buffes a appelé à haute voix
par trois fois « Monseigneur
Monseigneur Monseigneur je suis
ici venu exprès pour vous offrir jurer
la foi et hommage simple telle que
elle vous est due pour raison
de mes terres fief et seigneurie du
Grochenay, des choses en dépendant en tant
qu’il en est tenu de vous pour
raison de votre dit fief de Fillé gager
le rachat le cas advenant et
rendre telle obéissance que à seigneur
est due ». Dont et de ce que dessus avons
audit seigneur décerné le présent acte
pour lui servir et valoir ainsi que
de raison et avons laissé copie du
présent acte. Fait et arrêté audit logis
de Buffes en présence des témoins Louis Girard marchand
demeurant au Mans et Pierre Paigeot
aussi marchand étant présents en le lieu.

Carte de Cassini

Carte de Cassini

Situation des lieux évoqués

Situation des lieux évoqués

Le château de Buffe

Le château de Buffe

Carte de Trudaine

Carte de Trudaine

Jean Le Boindre (1620-1693), seigneur du Gros Chenay à Fillé sur Sarthe

 

S’il est des personnages célèbres à Fillé, Jean Le Boindre (1620-1693) est sans doute celui qui pourrait occuper une place d’honneur sur l’autel des célébrités locales.

Les Le Boindre sont une famille originaire de l’Est de la Sarthe (région de La Ferté-Bernard et Montmirail). Puis elle connaît une promotion sociale en s’installant au Mans et en occupant des postes relativement importants.

Jean Le Boindre est né en 1620 et est le fils de Paul Le Boindre et de Renée Joubert. Ses fonctions le poussèrent à Paris où il vécu de nombreuses années. Il arrive comme conseiller au Parlement de Paris en 1645 après avoir acquit sa charge pour la somme de 122 000 livres tournois. En 1647, il épouse Françoise Beschefer ; cette union le positionne plus clairement dans ce monde des offices et lui assure certaines relations importantes. Mais son attitude pendant la Fronde lui vaut d’être exilé en 1653 dans la région nantaise puis à Fillé par la suite. Mais il ne pouvait se résoudre à laisser sa campagne sarthoise ; dès que le temps lui en laissait loisir, il revenait dans son domaine champêtre à Fillé. Il avait vendu ses propriétés mancelles pour se constituer un domaine autour de sa seigneurie du Gros Chenay à Fillé. Il possède également les anciennes seigneuries de Buffes à Guécélard et de La Beunêche à Roezé sur Sarthe. Les archives notariales nous montrent en effet un propriétaire terrien soucieux de ses biens.

Jean Le Boindre meurt au Gros Chenay le 7 novembre 1693.

En 1689, le fils du couple, Jean Baptiste François Le Boindre, devient à son tour conseiller au Parlement de Paris.

Acte de baptême de Jean Le Boindre

Acte de baptême de Jean Le Boindre

Acte de décès de Jean Le Boindre

Acte de décès de Jean Le Boindre

Armes des Le Boindre (cliché Alain Barbier)

Armes des Le Boindre (cliché Alain Barbier)

Deux terres différentes à l’origine : le Gros Chesnay et Buffe

La seigneurie du Gros Chesnay à Fillé semble apparaître dans les documents dans le dernier quart du XVème siècle avec les de Bellenger puis ensuite les Mainard dont une fille va épouser un Le Boindre, un des ancêtres de Jean Le Boindre. Dans la seconde moitié du XVIIIème siècle, la terre passe aux mains des Daniel de Beauvais.

Quant à la seigneurie de Buffe, elle est beaucoup plus ancienne. Dans le cartulaire de Château du Loir sont cités au XIIème siècle Hugues et Guillaume de Buffe, vassaux du seigneur de La Suze. Au XIIIème siècle Renaud de Buffe est vassal de la châtellenie d'Oizé. On pourrait ajouter d'autres noms à cette liste. Au XIVème siècle, Buffe est aux mains des Du Bouchet. Puis, par alliance, Buffe passe aux de Germaincourt au XVème siècle puis aux de la Palluelle.

Jusque dans les années 1660, Buffes a un statut particulier puisque la seigneurie est la détentrice de droits sur les terres de la paroisse de Fillé. Ainsi, plusieurs planches de vignes du clos du Gros-Chesnay, ainsi que d'autres terres sur Fillé, relèvent de la seigneurie de Buffes. De même le moulin de Fillé, toujours en activité de nos jours, est appelé dans les documents anciens « moulins de Buffes ». Ou alors en 1662, un acte notarié concerne Jean Poirier l’aîné, marchand meunier, demeurant aux moulins de Fillé dépendant du château de Buffes.

Et vers 1668, Buffe devient la propriété des Le Boindre, seigneur du Gros-Chesnay à Fillé.

Le Gros Chesnay

Le Gros Chesnay

Le Gros Chesnay

Le Gros Chesnay

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19 décembre 2022 1 19 /12 /décembre /2022 13:38

DES PLACES SONT A LOUER A L’ÉGLISE DE FILLÉ

 

Il fait froid ce mardi 8 décembre 1761. En ce jour de fête de la Conception de la Sainte Vierge, les habitants sont venus nombreux à l’église de Fillé. A l’issue de la grande messe, maître René Bellanger, notaire royal à Roézé, grimpe sur la pierre à bannir au devant de la grande porte de ladite église dans le cimetière. 

Sont également présents les principaux habitants du village : François Gaignon le jeune, charpentier mais aussi procureur de la fabrique et église de Fillé ; maître Charles Bigot prêtre curé de Fillé ; Gervais Jamin, marchand et procureur syndic de la fabrique ; Jacques Tanchot l’aubergiste et boulanger ; Pierre Grosbois et Louis Orry, laboureurs ; Louis Gasse, maréchal ; Jean et Joseph Aslinnes, bordagers ; Gilles Pageot, menuisier ; et d’autres encore.

Le notaire annonce aux villageois la raison de sa présence : la fabrique, qui gère les biens de l’église, rencontre quelques difficultés sur la location des places des bancs dans la nef de l’église. François Gaignon, gestionnaire des affaires de la fabrique, se plaint que certains locataires ont oublié depuis plusieurs années de payer leur rétribution annuelle pour les places qu’ils occupent. Ces rentrées financières seraient les bienvenues dans les caisses, si peu remplies, de la fabrique pour permettre un meilleur entretien de l’église. Il semble que ce manque d’empressement soit le fait d’un désaccord sur la qualité du service proposé : en effet, les bancs ne sont pas tous de même qualité et les locataires contestent le prix demandé.

On décide alors d’uniformiser la taille des bancs : trois pieds de largeur sur quatre pieds six pouces de longueur. Du côté de l’Evangile, ils seront éloignés de quatre pieds des fonts baptismaux et de l’autel saint Sébastien afin que chacun puisse mieux circuler. Du côté de l’Epître, il faut les éloigner d’un pied de la tombe de la dame Leboindre et de quatre pieds de l’autel de la Sainte Vierge.

Celui, qui au terme de deux années consécutives, n’aura pas payé sa place verra son banc sorti hors de l’église et mis en vente.

Ensuite, on procède à l’adjudication desdites places. D’abord, les bancs du côté de l’Evangile. Julienne Nieceron, veuve de François Loizeau reprend sa place au premier rang ; le marchand René Trouvé occupe la seconde place. Au troisième rang, la place dite du Plessis est prise par Louis Orry. La quatrième place est accordée à Jacques Tanchot l’aubergiste. La cinquième place revient à Gervais Jamin. Le charpentier René Belin obtient la sixième place. Louis Gasse, le maréchal, prend la septième place. Mathieu Grosbois, laboureur, loue la huitième place. Louis François Daniel de Beauvais, seigneur du Gros Chenay et de Fillé, a le banc proche de l’autel saint Sébastien.

Du côté de l’Epître, les bancs sont concédés comme suit : la première place est accordée à François Gaignon le jeune. La deuxième est laissée au curé sans contrepartie. La troisième place est dite de la Richardière ; elle appartient aux enfants Oger mais c’est le sieur Edon de la Flèche qui en jouit. François Huard, laboureur, a la quatrième place de l’autre côté du confessionnal.

Le prix d’une location annuelle est de trente sols soit environ quatre journées de salaire d’un ouvrier agricole.

 

 

 

Les bancs de l'église de Fillé
Les bancs de l'église de Fillé
Les bancs de l'église de Fillé
Les bancs de l'église de Fillé
Les bancs de l'église de Fillé
Les bancs de l'église de Fillé
Les bancs de l'église de Fillé
Les bancs de l'église de Fillé
Les bancs de l'église de Fillé
Les bancs de l'église de Fillé
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8 novembre 2022 2 08 /11 /novembre /2022 18:38

La présentation de Jacques Tuault dans cet article permet d’illustrer une constante des campagnes sarthoises, à savoir le rôle du monde paysan qui, à l’époque qui nous intéresse ici, est le principal générateur d’emplois.

Jacques Tuault père est né à Saint Michel de Chavaignes (Sarthe) en 1656. On ne sait pour quelle raison, mais il arrive ensuite dans la région de Spay. Le 24 septembre 1685, il y épouse Anne Lecrenais qui décède dans cette même paroisse le 22 juin 1697. Veuf, il se marie alors avec Anne Frettaux le 10 février 1698 également à Spay. Elle décède à Allonnes le 7 mai 1710 ; le même jour est inhumé son fils Jacques âgé d’un an. Puis le 10 avril 1714, Jacques Tuault épouse Marie Herbet à Allonnes. Jacques Thuault, fermier du Gros Chesnay, est inhumé à Fillé le 20 mai 1736 « en présence de sa femme, de ses fils, filles, gendres et autres ». De l’ensemble de ces unions vont naître au moins vingt et un enfants.

Baptême de Jacques Tuault à Saint Michel de Chavaignes en 1656 (AD72)

Baptême de Jacques Tuault à Saint Michel de Chavaignes en 1656 (AD72)

Mariage à Spay en 1685 (AD72)

Mariage à Spay en 1685 (AD72)

Mariage à Spay en 1698 (AD72)

Mariage à Spay en 1698 (AD72)

Eglise de Spay

Eglise de Spay

Mariage à Allonnes en 1714 (AD72)

Mariage à Allonnes en 1714 (AD72)

Eglise d'Allonnes

Eglise d'Allonnes

Sépulture de Jacques Tuault à Fillé en 1736 (AD72)

Sépulture de Jacques Tuault à Fillé en 1736 (AD72)

Le 10 mai 1733, « haute et puissante dame Marie Françoise Catherine D’Oujat, épouse haut et puissant messire Jean Baptiste François Leboindre conseiller en la grand chambre du Parlement de Paris, chevalier, seigneur du Gros Chesnay, Buffes, Spay, Fillé, Vauguion, la Beunêche et autres lieux » passe le bail de la métairie du domaine de Gros Chesnay (Fillé) à « Jacques Tuaut laboureur et Marie Herbet … demeurants paroisse de Royzé ». Jacques Tuaut s’engage « d’en faire bailler et payer de ferme chacuns ans à madite dame la somme de deux cent quatre vingt livres à deux termes et payements egaux ». Il s’engage aussi « de faire chacuns ans pour madite dame Leboindre 10 journées de bœufs a charroyer quand ils en seront requis, de bailler aussy chacuns ans a madite dame dans le temps de Noël six bonnes poulardes grasses dans son chasteau du Gros Chesnay et 2 chapons pailliers dans le temps de Toussaint le tout de chaque année ». Jacques Tuaut signe d’une écriture relativement aisée ; sa femme déclare ne savoir signer.

Cabinet D'Hozier

Cabinet D'Hozier

Le Gros Chenay à Fillé, cadastre 1810 (AD72)

Le Gros Chenay à Fillé, cadastre 1810 (AD72)

Le Gros Chenay au XVIIIè siècle

Le Gros Chenay au XVIIIè siècle

Quant à Jacques Tuault fils, il est baptisé à Allonnes le 21 février 1715. Puis il est mentionné comme témoin lors de la rédaction du testament de Marie Françoise Catherine Doujat le 12 juillet 1735 ; il y est dit garçon laboureur.

Baptême de Jacques Tuault à Allonnes en 1715 (AD72)

Baptême de Jacques Tuault à Allonnes en 1715 (AD72)

Le 9 avril 1737, Jacques Tuault fils, garçon laboureur, assiste à la vente des biens de Laurent Jouanneaux (fermier de la métairie de Buffard à Guécélard appartenant à Marie Françoise Catherine D’Oujat, femme de Jean Baptiste François Leboindre seigneur du Gros Chesnay à Fillé). Il y achète « 2 petits bœufs poil blond avec leurs jougs et courroies » pour la somme de 63 livres. Il achète également « 2 autres bœufs poil brun avec leurs jougs et courroies » pour la somme de 50 livres. Il acquiert aussi 4 boisseaux de chènevis (graine de chanvre) pour la somme de 4 livres. Il obtient aussi « une mauvaise selle de cheval avec une bride » pour la somme de 5 livres.

Le 3 février 1739 est signé un bail entre Marie Herbet et Jean Joseph Baptiste Leboindre, seigneur du Gros Chesnay à Fillé (également chevalier, conseiller du Parlement, seigneur de Buffes, la Beunêche, Vauguyon et Spay) [acte]. Marie Herbet est dite veuve de Jacques Thault (laboureur) et demeure avec son fils Jacques à la métairie du domaine du Gros Chesnay à Fillé. Elle prend ladite métairie avec son fils pour la durée de « 6 années entières, parfaites et consécutives ». C’est le renouvellement du bail précédemment passé par son mari. Fait également partie de ce bail, le regain des trois allées de l’étang du Gros Chesnay du côté du Bois Fanchon. Le bail se monte à 280 livres pour chaque année à payer « dans le château du Gros Chesnay ou autres endroits jusqu’à trois lieux de distance, entre les mains de telles personnes qu’il lui plaira désigner ». La première demie ferme est à payer à la Toussaint et la seconde à la Saint Marc suivant. Ils devront aussi fournir chaque année « 5 journées de bœufs à charroyer quand ils en seront requis, bailler et fournir aussi tous les ans dans le temps de Noël 6 bonnes poulardes grasses rendues au château du Gros Chesnay, 2 bons chapons paillés à la Toussaint. Pour les réparations des logis et bâtiments de ladite métairie, ils devront fournir et faire employer 2 milliers de bons bardeaux neufs de bois chêne, et en faire retourner pareil nombre du vieil » ; ils doivent aussi « 2 journées de maçon et 4 de terrasseur fournies et servies de toutes matières » ceci une fois pendant le bail. Ils doivent aussi « ramasser les bardeaux qui tomberont par les vents et les faire remonter ; pour ce qui est des haies et fossés d’en réparer 150 toises par an es endroits les plus nécessaires des terres dudit lieu, et d’en rendre 200 toises en état à la fin du présent bail ; de planter sur les terres 6 sauvageaux par an et faire les antheures nécessaires qu’ils conserveront du péril des bestiaux à leur possible ; de faire la vigne dépendante de ladite métairie de ses façons ordinaires et des provains suffisamment terrassés chacun an » ... « S’obligent aussi lesdits preneurs de charroyer chacuns ans le foin du pré des Fontaines audit lieu des Fontaines pour le regain seulement ». La veuve Herbet déclare ne savoir signer, son fils Jacques signe mais d’une plume hésitante.

Février 1739 (AD72)

Février 1739 (AD72)

Les Tuault, laboureurs à Fillé

Puis le 27 avril 1740, « Jacques Tuault, fils de feu Jacques Tuault et de Marie Herbet » épouse Marie Moriceau à Fillé.

Le 7 juin 1740, Jacques Rocher, bordager demeurant à Fillé et curateur des biens de Marie Rocher, propose aux enchères le bail de la métairie du Mortier Noir à Fillé et appartenant au curé Gouau de Ruaudin. Jacques Tuau fils, laboureur et mari de Marie Moriceau, propose la somme de 180 livres par an. « Et après avoir attendu jusques à 7 heures du soir et qu’il n’est comparu personne qui ait voulu faire la condition meilleure lesdites métairies chambres et dépendances demeurent du consentement dudit curateur adjugées pour ledit temps de 6 ans 10 mois 7 jours ».

Devenu veuf de Marie Moriceau, il épouse le 3 juillet 1742 Anne Pellepoir.

Le 16 juin 1743, Jacques Tuaut, laboureur demeurant à Fillé et mari de Anne Pelpoil, acquiert « un quartier et demy de vigne ou environ scittué au clos de la Richardière parroisse dudit Fillé en 9 planches dont 5 sont en un tenant ». Le montant de l’achat est de 24 livres.

Le 13 février 1746, Marie Hebert, veuve de Jacques Tuaut laboureur, renouvelle son bail sur la métairie du Gros Chesnay. Le fermage n’est plus que de 250 livres par an, sans doute parce que le seigneur Leboindre s’est réservé une pièce de terre nommé la Cure. On remarquera d’ailleurs que le montant inscrit sur le bail est de 270 livres mais qu’il a été corrigé en 250 livres. Les autres conditions sont identiques au bail de 1739.

En décembre 1746 est dressé un inventaire au château du Gros Chesnay à Fillé après le décès d’Anne Suzanne Tirraqueau, femme de Jean Joseph Leboindre. « Marie Herbet veuve Jacques Tuaut fermière du lieu et métairie du Grochenay audit Fillé » doit 44 sols (2 livres 4 sols) à Jean Joseph Leboindre «  du reste de terme échu de Toussaint dernier ».

Marie Herbet décède à Fillé le 4 octobre 1750. Le 28 novembre 1751 est alors signé un nouveau bail sur la métairie du Gros Chesnay entre Jean Joseph Leboindre et Jean Joseph Langlois.

Fillé, parcelles de vignes, cadastre 1810 (AD72)

Fillé, parcelles de vignes, cadastre 1810 (AD72)

Le 8 décembre 1761, Jacques Tuaut fils est témoin dans l’acte de la concession des places de bancs de l’église de Fillé. On le voit ensuite apparaître dans des actes notariés où il est signalé comme propriétaire de divers biens comme par exemple des vignes aux clos du Grochenay, de la Richardière ou encore des Huaudières. Il avait aussi une maison aux Jambellières.

Jacques Tuault fils avait épousé en 1776 à Mézeray Anne Martineau. C’est dans cette même paroisse qu’il décède en 1782.

Location des bancs, Fillé 1761 (AD72)

Location des bancs, Fillé 1761 (AD72)

Sépulture de Jacques Tuault, Mézeray, 1785 (AD72)

Sépulture de Jacques Tuault, Mézeray, 1785 (AD72)

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