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31 mars 2023 5 31 /03 /mars /2023 21:18

Une querelle entre les moines de la Couture et les chanoines de Saint Pierre la Cour est à l’origine d’un texte (vers 1135) qui évoque une « foresta » sur Roézé. C’est la cour épiscopale qui intervient pour régler le problème.

 

Moi, Hugues, par la grâce de Dieu, métropolitain de Tours, et notre vénérable frère Guy, lui aussi par la grâce de Dieu évêque du Mans, et Guillaume abbé de Saint Pierre de La Couture, à tous les fidèles présents et à venir, salut ; nous attestons la vérité d’une cause que nous avons examinée.

Que votre sagesse sache avec certitude que l’église de Saint Pierre la Cour, par donation d’Hugues David fondateur de cette église et par abondante contribution des autres seigneurs du Mans et enfin par donation du comte Hélie, d’heureuse mémoire, a reçu et possédée longtemps les dîmes de sa forêt et sur la glandée et sur la moisson.

Comme cette forêt était devenue terre labourable depuis un long temps, les chanoines de Saint Pierre la Cour firent dans cette même forêt deux églises [Louplande et Voivres] et ils attribuèrent séparément à chacune sa paroisse ; et ils les occupèrent longtemps paisiblement.

Mais après un long temps, les moines de Saint-Pierre de Couture s'élevèrent contre les chanoines, disant que dans une certaine partie de la forêt, à savoir, dans celle qui est entre la rivière Orne et Roézé, ils avaient une dîme sur la glandée, et donc, quand cette partie de la forêt a été transformée en terre arable, ils ont pris le dixième de la moisson, car ils avaient des glands, seulement de ceux qui contredisaient les chanoines. Cela affirmé, Guillaume, doyen de Saint-Pierre-la-Cour, et les chanoines vinrent à l'évêque Guy, protestant de leur dîme, que les moines avaient ainsi envahie. Quand l'évêque entendit cela, il appela Guillaume, abbé de Saint-Pierre de la Couture, et les moines, et il donna le jour aux moines et aux chanoines qui l’acceptèrent. Le jour de l'échéance, ils vinrent tous les deux, et en présence du seigneur évêque, ils exposèrent leurs raisons.

Quand ils ont appris cela, la cour de l'évêque a décidé que les chanoines devraient être investis de la dîme qu'ils réclamaient, et ensuite, sur les chanoines, les moines auraient la justice. Ce jugement, les moines l'acceptèrent sans contradiction, et au lieu de l'investiture elle-même, ils remirent en gage aux chanoines le pallium.

Les ayant donc investis, vinrent les avocats de la paix et de la concorde entre les moines et les chanoines, et d'un conseil modéré, en notre présence et au chapitre de Saint Pierre de la Couture de notre main et de celle de l’évêque Guy, par l’abbé Guillaume et par le doyen Guillaume, l’accord a été signé et ainsi la querelle a été terminée et apaisée.

De sorte que désormais les moines aient la dîme et la paroisse de la terre de l’Auneau entre Roézé et la rivière de l’Orne, et la moitié des dîmes, offrandes, prémices et toute la rente paroissiale de la terre de Raymond, et de la terre des moines d’Oizé et de la terre des chanoines de Beaulieu et de la terre de Renaud du Breil.

Et que les chanoines aient l’autre moitié, et toutes les dîmes de l’autre forêt et toutes les rentes paroissiales en quelque lieu qu’il y ait forêt féodale et qui soit devenue terre labourable.

Et si les paroissiens des terres communes se rendent à l’église de Voivres, que les moines aient la moitié de tout leur revenu paroissial ; si au contraire ils se rendent aux églises des moines, que les chanoines aient là la moitié de tout le revenu paroissial de ces gens des communes.

 


 

Cartulaire de l’abbaye de la Couture au Mans1 et cartulaire de la collégiale Saint Pierre de la Cour2

 

1Cartulaire des abbayes de Saint Pierre de la Couture et de Saint Pierre de Solesmes, Le Mans, 1881

2Menjot d’Elbenne (Vicomte) et Denis (L. J.), Cartulaire du chapitre royal de Saint Pierre de la Cour du Mans, Le Mans, 1907

 

ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)
ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)
ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)

Les personnages cités dans les documents

Hugues : archevêque de Tours (1134-1146). Ce serait un membre de la famille des seigneurs de La Ferté-Arnaud (La Ferté-Vidame, Eure-et-Loir) comme semble l’indiquer le cartulaire de Saint Père de Chartres dans une confirmation de don datée des environs de 1136. Il succède à Hildebert de Lavardin, évêque du Mans et archevêque de Tours, mort en décembre 1134.

Gui : évêque du Mans (1126-1135) qui serait originaire de Bretagne (région de Ploërmel). Il est appelé Guy d’Étampes dans certaines publications. Il paraît avoir été assez proche du pouvoir normand puisqu’il fut à un moment de sa vie écolâtre de Salisbury, chanoine de Lincoln et archidiacre de Rouen. Il fait partie de ces évêques manceaux du XIIème siècle dont la renommée attire les étudiants. Il célébrera à la cathédrale du Mans le mariage entre Geoffroy V Plantagenêt et Mathilde fille du roi d’Angleterre Henri Ier. Il baptisera également en 1134 leur fils Henri, futur roi d’Angleterre. C’est aussi pendant son épiscopat qu’un grand incendie va ravager Le Mans en 1134. Il décède en 1135 (1136 selon Orderic Vital) et c’est Hugues de Saint-Calais qui devient alors évêque du Mans.

Guillaume, abbé de Saint Pierre de la Couture : Les auteurs de la transcription du cartulaire de la Couture se demandent s’il n’y a pas une erreur quant à ce nom puisque l’abbé à l’époque serait Foulques.

Hugues David : Les actes des cartulaires de la Couture et de Saint-Pierre-la-Cour font référence à ce Hugues dit aussi « filius David » ; à la fin du Xème siècle il a fait divers dons aux deux communautés religieuses. Il est d’ailleurs fort probable que certains éléments de la collégiale encore visibles aujourd’hui remontent à l’époque du comte Hugues II. Les hugonides étaient proches des Capétiens, mais ils changent de camp ; les Capétiens se tourneront alors vers les Angevins pour leurs confier le Maine. Cependant, les hugonides ne se laisseront pas faire.

Hélie : Hélie, de par sa mère, descend des comtes du Maine ; il avait racheté vers 1092 le comté du Maine à un de ses cousins, Hugues V. C’était un farouche adversaire des Normands allant jusqu’à faire prisonnier l’évêque Hoël, fidèle allié des Normands, ce qui entraîna à l’époque un certain vent de révolte dans le Maine. On voit clairement que le comté est partagé entre suivre les partisans des Angevins ou ceux des Normands, d’autant que les intérêts des uns deviennent parfois les intérêts des autres selon que les seigneurs fassent ou défassent leurs alliances. Mais les premières années d’Hélie en tant que comte du Maine sont compliquées. Jusqu’à l’extrême fin du XIème siècle, les troupes normandes vont agir dans le Maine où elles reprennent plusieurs châteaux ; Orderic Vital allant même jusqu’à dire que le comte Hélie fut fait prisonnier. En 1100, Guillaume Le Roux, roi d’Angleterre, meurt. Hélie va alors pouvoir s’imposer non sans devoir encore se positionner subtilement dans un univers seigneurial où les retournements d’alliance sont fréquents. Cependant la première décennie du XIIème siècle sera pour Hélie celle de la stabilisation, se rapprochant de l’Angleterre mais également de l’Anjou. Après les guerres était venu le temps de la diplomatie.

Guillaume, doyen de Saint-Pierre-la-Cour : C’est à priori la seule mention de ce religieux.

Moines d’Oizé : Le prieuré d’Oizé est doté par Hélie de La Flèche et dépendait de Vézelay. Les religieux avaient le fief des Buretières (actuellement sur la commune de Voivres) donc de l’autre côté du ruisseau de l’Orne. Le prieuré, du moins pendant cette période, reste très proche du pouvoir angevin.

Chanoines de Beaulieu : L’abbaye de Beaulieu a été fondée au début de XIIème siècle, soit quelques années avant la rédaction de l’accord qui nous intéresse ici. Elle se situait au Mans sur la rive droite de la Sarthe, dans l’ancienne paroisse de la Madeleine. A Roézé, l’abbaye possède Saint-Fraimbault qu’elle aurait obtenu sans doute dès le XIIème siècle par Foulques d’Anjou.

Renaud du Breil : Le toponyme est tellement fréquent qu’il est difficile de localiser cette terre en l’absence d’éléments historiques restés dans les écrits. Selon Menjot d’Elbenne, au XVème siècle, il existait un Jean Bellenger, seigneur du Breil à Saint Benoît sur Sarthe. Pour les auteurs du début du XXème siècle, il s’agirait d’un fief à Brûlon. On trouve également une charte du XIIème siècle où est cité un Renaud du Breil dans un acte concernant l’abbaye de Tironneau.

 

Le contexte

On peut essayer de comprendre le conflit entre les deux entités religieuses. D’un côté nous avons l’abbaye de la Couture et de l’autre les religieux de la collégiale Saint Pierre la Cour. Cette dernière est sous le contrôle direct du comte du Maine et, pour l’époque qui nous intéresse ici, donc de Geoffroy V Plantagenêt (1113-1151). Quant à l’abbaye de la Couture, elle est alors à son apogée : plusieurs dizaines de milliers d’hectares de terres, une cinquantaine de prieurés et un abbé aussi puissant que le comte du Maine.

Geoffroy V le Bel

Geoffroy V le Bel

Si l’on en croit les écrits de Dom Piolin dans son œuvre conséquente « Histoire de l’Église du Mans »1, la période est assez tendue. Le Maine est passé aux mains des Plantagenêts en 1110 lors du mariage entre Foulques V, comte d’Anjou, et Erembourg du Maine héritière du comté. Foulques V meurt en 1129 et c’est le jeune Geoffroy V le Bel qui hérite du comté. Il doit alors s’affirmer face à des seigneurs qui voient en ce jeune comte un élément faible qui devrait être facile à attaquer. On verra d’ailleurs la famille de Sablé, liée par mariage à celle de La Suze, prendre position contre les Plantagenêts.

Piolin nous dit que Foulques avait confisqué des terres religieuses pour les redistribuer à ses fidèles. Il semble que ces « confiscations » soient en lien avec des défrichements entre Le Mans et La Suze dans ce qui se nommait autrefois les bois des Teillais. Mais on sait par diverses sources, dont l’archéologie, que ces espaces étaient déjà habités. C’est le cas du secteur des Randonnays aux confins des communes de Voivres-Lès-Le Mans, Etival-Lès-Le Mans et Allonnes. Certains lieux à la limite des deux paroisses ont été jusqu’à la Révolution en « tournes », c’est à dire qu’ils relevaient une année d’une paroisse et l’année suivante de l’autre. Il paraît aussi dans ce document que ces donations comtales ont été suivies d’une mise en valeur des terres pour justement accroître les revenus des établissements religieux.

1Dom Paul Piolin, Histoire de l’Église du Mans, T. IV, p. 2, Paris, 1858

La Tournerie, carte de Cassini (1765)

La Tournerie, carte de Cassini (1765)

L’abbaye de la Couture avait obtenu des terres sur Roézé dans le second quart du XIème siècle lorsque le seigneur Lodon fit don de biens aux religieux entre la Sarthe et l’Orne Champenoise. Quelques chartes dans le cartulaire de la même abbaye nous rapportent d’autres mouvements de terres dans la région de La Suze. Ainsi en 1142, une courte charte fait mention d’un contentieux avec Payen de Clairvaux toujours à propos d’une « foresta ».

Qu’est ce qu’une « foresta » ?

Il serait très réducteur de traduire ce mot latin médiéval par « forêt », du moins par l’image que nous renvoie ce terme. Il s’agit plutôt d’une unité juridique qui peut inclure des forêts, des landes, des bois, des cultures, des villages, etc. D’ailleurs, elle est traversée par chemin appelé « viam Caenomansem » dans une charte de l’évêque d’Angers du début du XIIème siècle1. Il ne faut pas non plus le prendre comme un lieu précis mais comme un espace géographique relativement étendu. Les environs nous révèlent plusieurs toponymes en relations avec ce type de paysage : La Forêt (Etival Lès Le Mans, Fillé sur Sarthe, Roézé sur Sarthe), les Buissonnières (Etival Lès Le Mans), les Bois (Roézé sur Sarthe, Louplande), la Touche (Roézé sur Sarthe, Louplande), les Landes (Allonnes, Spay, Saint Georges du Bois), etc.

1Josèphe Chartrou, L’Anjou de 1109 à 1151, Presses Universitaires de France, Paris, 1928, p. 356

A l’origine, il s’agit d’un système qui apparaît vers le VIIème siècle et qui se développe ensuite à l’époque carolingienne. Les territoires concernés sont sortis du droit commun1. Puis, lorsque le pouvoir carolingien décline et que les forestae ont perdu leur fonction première, les comtes vont utiliser cette réserve foncière pour les redistribuer afin de renforcer leurs réseaux de pouvoir. C’est ce sont que l’on voit par exemple à propos du domaine des Randonnays. D’ailleurs, les indices archéologiques sur cette zone montrent clairement qu’à l’époque antique l’occupation était autre.

Le texte est assez clair puisqu’il évoque un territoire transformé en terre labourable et sur lequel les religieux perçoivent des droits. A la lecture de divers documents médiévaux, on a le sentiment d’avoir un espace qui était aux mains des comtes du Maine et qui sera concédé à des abbayes. En tout cas, il semble que les dons faits à Saint Pierre la Cour soient simplement un moyen pour le comte de faire fonctionner en autonomie sa collégiale.

La confirmation d’une charte de Foulques concernant les Randonnays (Voivres) précise justement les attributions de ce territoire. On y apprend ainsi qu’il y fut fait des prés, que les moines avaient droit de panage ou glandée dans les bois pour leurs porcs ainsi que le droit de prélever du bois pour édifier leurs bâtiments.

 

Mais le diplôme du comte Hugues du Maine daté de 10142, soit un siècle antérieur aux documents ci-dessus évoqués, permet d’affiner le vocabulaire. Il y est bien spécifié que c’était une terre relevant directement du comte puisqu’on trouve l’expression latine « nostri juris terram ». L’utilisation du terme « saltus » renvoie plutôt à un paysage de landes, de terres non cultivées en friche ; le document dit que ce saltus entoure le lieu de Vedobris que l’on fait correspondre aujourd’hui à Voivres. Il paraît donc évident que les religieux reçoivent une terre pour la mettre en valeur ; il faut dire que le prieuré Saint Victeur avait été doté quelque temps auparavant de vignes et des moulins situés au Mans ou à proximité immédiate. Mais une indication dans ce texte permet de mieux comprendre le flou qui réside dans ce type de paysage puisque la phrase « que dicitur Vedobris, sicut eam saltus undique circuncludit, cum omnibus que in ea sunt, id est ecclesia, molendino, pratis, vivaiiis » indique que dans le saltus sont également présents une église (ou chapelle), un moulin, des prés et des viviers. Il est donc possible que cette occupation corresponde à une implantation au moins carolingienne voire même mérovingienne. Il n’est pas impossible d’ailleurs que le Vedobris du diplôme de 1014 soit aussi le Vodebris rencontré dans la Vie de Saint Julien.

1Jean-Claude Meuret, Paroisses sur la limite orientale de la Bretagne aux XIe-XIIe siècles : évolution du réseau en contexte frontalier, dans La paroisse, communauté et territoire, p. 291-367, PUR, Rennes, 2013

2Bertrand de Broussillon, Cartulaire de Saint Victeur au Mans prieuré de l’abbaye du Mont Saint Michel (994-1400), Paris, 1895, p. 5

Les Randonnays, Voivres, 1948

Les Randonnays, Voivres, 1948

La Forêt, Roézé, cadastre 1843

La Forêt, Roézé, cadastre 1843

La Forêt, Roézé, traces parcellaires d'occupation médiévale

La Forêt, Roézé, traces parcellaires d'occupation médiévale

ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)

On peut aussi voir dans ce texte la difficulté à délimiter précisément les paroisses, et donc les droits y afférant1. Il en restera, jusqu’à l’établissement des communes avec des limites précises dans un plan cadastral, des traces avec des zones en tourne. On trouvera d’ailleurs un lieu-dit la Tournerie sur Voivres.

On peut voir sur le plan cadastral de XIXème siècle, les traces laissées par cet aménagement. Une zone elliptique est bordé à l’ouest par le lieu-dit « La Forêt » et à l’est par celui des « Bretelleries ». Il semble que cette zone ait été coupée en deux à un moment. Peut-être qu’au départ seul le lieu de la Forêt existait et qu’ensuite on ait installé une autre famille sur le lieu des Bretelleries ; mais cela n’est qu’une hypothèse en l’absence de sources pour travailler plus précisément.

Il faut aussi noter que les quatre toponymes « Forêt » sont en limite de paroisse. Celui d’Etival borde Voivres et Louplande, celui de Fillé borde Voivres, celui de Louplande borde aussi Voivres ainsi que celui de Roézé

1Michel Brand’honneur, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes, Habitat à motte et société chevaleresque (XIe au XIIIe siècles), PUR, Rennes, 2001

Les dotations religieuses au XIème et XIIème siècles

Comme nous l’avons dit plus haut, ces deux communautés religieuses vont être dotées de domaines. On sait que l’abbaye de la Couture a reçu vers 1030-1050 des terres autour de Roézé d’un seigneur nommé Lodon mais dont on ne connaît pas l’étendue du domaine1. En 1185, les religieux recevront aussi des dîmes sur la Beunêche.

Quant à Saint Pierre la Cour, elle avait donc reçu deux « ecclesias » bien avant la querelle évoquée dans ce document. La fondation de ces deux églises n’est sans doute à prendre au sens premier de ce terme. Il s’agit plutôt de l’acquisition de droits sur la paroisse2.

 

D’autres donations comtales sont connues dans ce secteur. Au début du XIème siècle, le comte du Maine Hugues donne au Mont Saint Michel de la terre entre Etival Lès Le Mans et Voivres.

Ce secteur entre Le Mans et La Suze a fait l’objet de plusieurs autres donations. Par exemple, Foulques d’Anjou avait fait don aux religieux de Savigny (50), sans doute vers 1116/11203, de la terre des Randonnays4 (commune de Voivres-Lès-Le Mans) située à cinq kilomètres au nord-est de la Forêt ; la terre passe ensuite à l’abbaye cistercienne de la Boissière (49) dépendante de Savigny. Mais cette implantation ne pu se développer et les moines iront ensuite à Denezé sous Le Lude (49). C’est peut-être de cette époque que date le droit de novales (droit sur les terres nouvellement défrichées) attribuée aux curés de la paroisse de Voivres sur la terre des Randonnays.

1Cartulaire des abbayes de Saint Pierre de la Couture et de Saint Pierre de Solesmes, Le Mans, 1881, p. 17 à 19

2Éric Van Torhoudt, La formation des territoires paroissiaux en Normandie occidentale aux XIe-XIIIe siècles, dans La paroisse, communauté et territoire, p. 235-257, PUR, Rennes, 2013

3Jaap van Moolenbroek,  Vital, l'ermite, prédicateur itinérant, fondateur de l'abbaye normande de Savigny, Revue de l'Avranchin et du Pays de Granville, t. 68, no 346,‎ 1991, p. 203

4Noël-Yves Tonnerre, La place des abbayes cisterciennes dans l’histoire de l’Anjou, Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 120-3, 2013, p. 172-187

Donations

Donations

Eglise de Roézé (datation proposée : 975/1025)

Eglise de Roézé (datation proposée : 975/1025)

Prieuré des moines de la Couture à Roézé.

Prieuré des moines de la Couture à Roézé.

Voivres, XIème siècle

Voivres, XIème siècle

Etival Lès Le Mans, IXè/Xè s.

Etival Lès Le Mans, IXè/Xè s.

Les problèmes de perception des dîmes et de patronage sur les paroisses sont un sujet classique qui revient souvent au cours du XIIème siècle. La justice épiscopale s’appuie alors sur une administration développée et organisée pour s’occuper de ces questions. On peut sans doute également voir dans cet accord un exemple du pragmatisme épiscopal manceau qui vient régler un conflit entre une institution religieuse très proche des Plantagenêts et une abbaye de la Couture au sommet de sa puissance.

 

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18 février 2023 6 18 /02 /février /2023 22:23

La lande de Pierre Aube à Fillé sur Sarthe

 

Il existe sur la route qui va de Fillé à Voivres un lieu-dit nommé « Pierre Aube » qui correspond à une zone boisée entre la route de Voivres et la route des Vignes. Il existe d’autres lieux nommés Pierre Aube, ou ses dérivés, en France : Saint Germain des Champs (Yonne), Landéan (Ille-et-Villaine), Adervielle Pouchergues (Hautes Pyrénées), Lamayou (Pyrénées Atlantiques), Arrigas (Gard), etc.

Photographie aérienne (1948)

Photographie aérienne (1948)

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Cassini (1765)

Carte de Cassini (1765)

La lande de Pierre Aube à Fillé sur Sarthe
Plan du début du XIXè siècle. Les landes sont visibles à droite.

Plan du début du XIXè siècle. Les landes sont visibles à droite.

Les plans anciens et les différents cadastres du XIXème siècle n’indiquent aucune ferme portant ce nom ; cependant un bordage (Mathurin Brincoustu bordager vers les années 1670) est signalé dans quelques actes notariés du XVIIème siècle sans qu’il soit possible de le localiser. Le lieu désigne une lande dépendant avant la Révolution de la terre du Gros Chesnay dont des parcelles sont louées à divers fermiers. Il y est fait mention également d’un lieu de paissage c’est à dire une zone où viennent paître les bêtes. Les actes notariés précisent que l’on va « en la lande Pierre Aube ».

Acte notarié de 1657

Acte notarié de 1657

Cadastre 1844

Cadastre 1844

Cadastre 1844

Cadastre 1844

Cadastre 1844

Cadastre 1844

Dans la Sarthe, de nombreux lieux-dits portent le nom de « Pierre ». Pour la région de Fillé, citons la présence de ce toponyme sur Cérans-Foulletourte, Guécélard, Mézeray, Spay, etc. Certains désignent la présence de monuments mégalithiques remontant au néolithique (ex : Pierre Couverte à Parigné le Pôlin). On peut donc raisonnablement penser que le nom « Pierre Aube » (c'est-à-dire la pierre blanche) est le témoin d’un monument préhistorique présent sur la commune de Fillé.

Cette idée est confortée par des découvertes archéologiques faites dans les environs. On a trouvé dans quelques champs de Fillé des objets préhistoriques datant du néolithique (entre 6000 et 2000 avant Jésus Christ). La vallée de la Sarthe a toujours été un axe de circulation et il est logique de ramasser des objets de cette époque sur la commune.

Parmi ces découvertes, un objet se distingue. Il s’agit d’une meule trouvée près du Clos Colin. Elle permettait à une famille de produire de la farine à partir de céréales. C’est en quelque sorte l’ancêtre du moulin de Fillé.

Outils préhistoriques découverts sur Fillé

Outils préhistoriques découverts sur Fillé

Outil préhistorique, Fillé

Outil préhistorique, Fillé

Meule à moudre

Meule à moudre

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9 octobre 2022 7 09 /10 /octobre /2022 15:37

DES HOMMES PRÉHISTORIQUES À VOIVRES

Des découvertes archéologiques montrent que la région de La Suze est occupée depuis fort longtemps.

Sur les hauteurs, là où le plateau domine l’ancienne vallée de la Sarthe, quelques outils trahissent la présence d’une occupation remontant au paléolithique moyen. L’ensemble, composé de quelques racloirs ou déchets atypiques, correspond à une industrie moustérienne (- 35 000 à - 250 000 ans).

Les matériaux employés sont caractéristiques de cette période ; le silex, mais aussi le grès, ont été façonnés par les hommes préhistoriques. En effet, les hommes travaillent la pierre qu’ils ont à leur disposition. On retrouve dans notre région des objets et matériaux semblables sur à Fontenay sur Vègre (Sarthe) et à Hambers (Mayenne).

 

On peut aisément imaginer l’habitat de Voivres. Selon les périodes, le climat est soit plus rude qu’aujourd’hui soit comme le notre. Ainsi, lors d’une période froide la végétation est dominée par de grandes plaines herbeuses avec peu d’arbres (sapins, bouleaux, chênes). Lorsque le climat se réchauffe, la végétation ressemble à la notre. Évidement, les espèces animales présentes varient suivant le type de climat

Sur le plateau dominant l’ancien lit de la Sarthe, un petit groupe humain néandertalien composé s’installe sur le plateau. De là, cette tribu nomade observe la vallée où passent quelques troupeaux de rennes, bisons, chevaux, aurochs, etc. Il y a bien de rares mammouths mais ils ne sont pas chassés. L’habitat est installé sur le plateau ; il s’agit de quelques huttes faites de branchages voire de peaux de bêtes.

Vraisemblablement, le site n’était pas très favorable à la chasse. La tribu quitte l’endroit pour s’installer ailleurs ne laissant derrière elle que quelques outils.

 

 

 

 

Préhistoire à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)
Préhistoire à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)
Préhistoire à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)
Préhistoire à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)
Préhistoire à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)

Rappel de la loi : La prospection archéologique est soumise à autorisation administrative délivrée par le préfet de région. L'utilisation des détecteurs de métaux dans les parcelles qui recèlent des vestiges archéologiques est strictement interdite. Le non respect de la loi est soumis à de lourdes sanctions.

 

Code du Patrimoine :

Art. L. 531-1 – Nul ne peut effectuer sur un terrain lui appartenant ou appartenant à autrui des fouilles ou des sondages à l'effet de recherches de monuments ou d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie, sans en avoir au préalable obtenu l'autorisation.
La demande d'autorisation doit être adressée à l'autorité administrative ; elle indique l'endroit exact, la portée générale et la durée approximative des travaux à entreprendre.
Dans le délai, fixé par voie réglementaire, qui suit cette demande et après avis de l'organisme scientifique consultatif compétent, l'autorité administrative accorde, s'il y a lieu, l'autorisation de fouiller. Elle fixe en même temps les prescriptions suivant lesquelles les recherches devront être réalisées.

Art. L. 542-1 - Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d'objets métalliques, à l'effet de recherches de monuments et d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche.

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7 septembre 2022 3 07 /09 /septembre /2022 14:56

Des prospections archéologiques menées dans une parcelle de la commune de La Suze-sur-Sarthe ont livré des vestiges d'époque romaine. On trouve évidement ces fameuses tuiles à rebord (dites tegulae) caractéristiques d'un habitat romain. Accompagnent ces tuiles, de la céramique (céramique commune bleutée de type La Bosse, céramique sigillée, anse d'amphore, etc.), des fragments de verre dont du verre à vitre, des morceaux d'enduit peint rouge, des morceaux de scories (métallurgie mais sans doute autre activité artisanale), une monnaie (illisible), un palet en terre cuite, une dalle de calcaire (pavage ?), etc.

Palet (?), bouchon (?)

Palet (?), bouchon (?)

Verre à vitre

Verre à vitre

Mortier

Mortier

Couvercle

Couvercle

Céramique commune

Céramique commune

Enduit peint

Enduit peint

Dallage

Dallage

Tuile à rebord

Tuile à rebord

Céramique sigillée

Céramique sigillée

A priori, c'est le premier site archéologique romain découvert sur cette commune puisque la Carte Archéologique de la Gaule 72 ne signale que quelques monnaies romaines découvertes à La Suze mais sans autre précision. D’autres indices permettent de confirmer l’hypothèse de la présence d’une villa romaine. Ce n’est pas la seule dans ce secteur à l’ouest du Mans : sans doute la Tétardière à Chemiré-le-Gaudin, une ou deux autres à Souligné-Flacé, une à Voivres, une autre encore à Vallon-sur-Gée. Et on connaît grâce aux prospections archéologiques d’autres lieux de présence romaine mais sans qu’il soit possible de dire s’il s’agit bien de villas.

Plan partiel

Plan partiel

On peut, en l’état actuel des éléments à disposition, se poser la question de savoir si cette villa est l’ancêtre du bourg de La Suze où, pour l’instant aucun élément romain n’a été mis au jour. Il reste autour du site de la villa de La Suze un certain nombre de cheminements en lien avec des sites romains voisins.

Rappel de la loi : La prospection archéologique est soumise à autorisation administrative délivrée par le préfet de région. L'utilisation des détecteurs de métaux dans les parcelles qui recèlent des vestiges archéologiques est strictement interdite. Le non respect de la loi est soumis à de lourdes sanctions.

 

Code du Patrimoine :

Art. L. 531-1 – Nul ne peut effectuer sur un terrain lui appartenant ou appartenant à autrui des fouilles ou des sondages à l'effet de recherches de monuments ou d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie, sans en avoir au préalable obtenu l'autorisation.
La demande d'autorisation doit être adressée à l'autorité administrative ; elle indique l'endroit exact, la portée générale et la durée approximative des travaux à entreprendre.
Dans le délai, fixé par voie réglementaire, qui suit cette demande et après avis de l'organisme scientifique consultatif compétent, l'autorité administrative accorde, s'il y a lieu, l'autorisation de fouiller. Elle fixe en même temps les prescriptions suivant lesquelles les recherches devront être réalisées.

Art. L. 542-1 - Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d'objets métalliques, à l'effet de recherches de monuments et d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche.

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29 août 2022 1 29 /08 /août /2022 14:57

5. Les Cénomans de Cisalpine

 

Il existe un autre peuple nommé « Cénomans » et qui vivait dans la plaine du Pô. Les écrits ne mentionnent aucun lien avec les Cénomans de l’Ouest de la France. Mais la présence d’autres peuples gaulois en Cisalpine, dont par exemple les Vénètes, laisse à penser qu’il pourrait bien s’agir d’une même population.

L’historien grec Polybe (IIème s. av. J.-C.) dans ses Histoires (livre II) évoque les Cénomans qui s’installent au bord du Pô. Ils font partie d’un mouvement plus général de Gaulois qui se déplacent vers le Nord de l’Italie actuelle. On y apprend ainsi que les Cénomans s’allièrent aux Romains pour intervenir contre l’arrivée des Gésates, ou encore pour protéger les Romains lors d’une expédition qui avait mal tourné.

Selon l’auteur latin Tite-Live (v. 60 av. J.-C.- 17 ap. J.-C.), une partie des Cénomans aurait migré vers le nord de l’Italie actuelle dans la plaine du Pô en Gaule Cisalpine (fin du Vème s. av. J.-C. ou début du IVème s. av. J.-C.). Ces migrants cénomans auraient été conduits par un certain Etitovios qui pourrait n’être qu’un personne légendaire selon certains spécialistes (V. Kruta par exemple). Ils occupent alors un territoire dont la capitale est Brixia (Brescia qui se situe à environ 100 km à l’Est de Milan).

Tite-Live, Livre V : « XXXV. Bientôt, suivant les traces de ces premiers Gaulois, une troupe de Cénomans, sous la conduite d’Étitovius, passe les Alpes par le même défilé, avec l’aide de Bellovèse, et vient s’établir aux lieux alors occupés par les Libuens, et où sont maintenant les villes de Brixia et de Vérone. »

Au début du IIème s. av. J.-C., les Cénomans se désengagent vis à vis des Romains. Malgré une tentative de la dernière chance pour expliquer leur changement de positionnement, les Romains finissent par assimiler ces Cénomans à la culture romaine.

 

Ces migrations sont en lien avec l’opposition grandissante entre Étrusques et Romains. Il faut aussi prendre en compte les relations économiques anciennes entre le monde gaulois et le monde méditerranéen (Étrusques et Grecs par exemple). On sait que même avant les Gaulois, les populations de l’Âge du Bronze commerçaient déjà avec les Grecs.

 

Des liens :

Les Cénomans de Cisalpine

6. Conclusion

Assez rapidement après la conquête romaine, on verra les Aulerques Cénomans adopter le modèle romain même s’ils gardent certaines traditions gauloises. En fait il semble que le modèle économique romain soit en réalité une adaptation aux compétences locales et que pour les agriculteurs et artisans gaulois, l’Empire romain correspond surtout à l’extension d’une aire économique qui permet de développer les activités. Quant aux élites politiques, elles se sont elles aussi adaptées au nouveau fonctionnement. Aujourd’hui dès que vous prononcez le mot « Le Mans », vous dites en réalité « Cénomans » ; comme quoi ces Gaulois sont toujours présents.

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2 août 2022 2 02 /08 /août /2022 07:41

4. Les traces laissées par les Cénomans en Sarthe

On trouve de très nombreuses traces archéologiques des Aulerques Cénomans en Sarthe. Certains sites ont seulement été repérés par prospections pédestres ou aériennes, d’autres ont été fouillés.

 

2. Quelques sites ruraux gaulois en Sarthe

Grâce à l’archéologie aérienne, on connaît de très nombreux sites agricoles fossoyés. Mais en l’absence de fouilles, il est difficile de déterminer si ces sites sont gaulois ou gallo-romains, même si parfois il y a une certaine continuité.

Avessé (Sarthe)

Avessé (Sarthe)

Coulombiers (Sarthe)

Coulombiers (Sarthe)

Les Mées, Thoigné (Sarthe)

Les Mées, Thoigné (Sarthe)

Saint-Calais (Sarthe)

Saint-Calais (Sarthe)

Sainte-Cérotte (Sarthe)

Sainte-Cérotte (Sarthe)

On a tout de même quelques sites qui ont été fouillés lors d’aménagements (autoroutes, LGV, etc.) et qui fournissent donc des indications chronologiques quant à l’occupation de ces structures rurales agricoles.

Ainsi lors des travaux sur l’A28 au niveau de la commune de Vivoin plusieurs sites gaulois ont été fouillés, mais comme les décapages ne se font que sur l’emprise du tracé autoroutier les informations restent assez parcellaires. Cependant la synthèse de ces diverses opérations permettent de voir que nous sommes en présence de bâtiments en bois protégés par des séries de fossés et dont l’essentiel du matériel archéologique est composé de céramiques utilitaires. Le site le plus complet sur la commune de Vivoin est celui de la Petite-Nèmerie dont certains vestiges sont antérieurs à l’époque gauloise. Mais concernant l’occupation laténienne, plusieurs bâtiments semi-circulaires ou rectangulaires sur poteaux ont été mis en évidence ; là encore le matériel archéologique est essentiellement composé de céramique utilitaire. Il faut noter également la mise en évidence d’un réseau de chemins qui montre une structuration de l’espace.

Vivoin (fouilles Bruno Aubry)

Vivoin (fouilles Bruno Aubry)

Le site du Grand-Aunay à Yvré-L’Evêque est plus ambigu. Les fouilles archéologiques réalisées en 1997 ont révélé une structure quadrangulaire fossoyée couvrant une superficie d’environ 7000 m2. Situé à proximité immédiate de l’Huisne, cet enclos évoque une structure agricole classique comme on en connaît tant d’autres en Sarthe. Le lieu est au pied de la butte d’Auvours dont un des lieux-dits, sur la commune de Champagné, s’appelle « Verdun » ; or ce toponyme est typiquement gaulois. Par contre, le mobilier archéologique est plus élaboré que celui découvert dans d’autres fermes gauloises. Les archéologues ont par exemple mis au jour des fragments de moules monétaires, ce qui tendrait à prouver que cette « ferme » était aux mains d’un personnage d’une certaine importance juste avant l’implantation de l’administration romaine.

Yvré L'Evêque (Sarthe), Le Grand Aunay

Yvré L'Evêque (Sarthe), Le Grand Aunay

La nécropole des Truberdières à Ecommoy a livré une quinzaine d’enclos funéraires situés entre le VIème s. et le IVème s. av. J.-C. Mais le site contient peu de mobilier : de rares objets en métal (fibule et bracelets), de la céramique liée aux inhumations. La fouille n’a pas pu déceler de traces d’habitat dans l’emprise.

 

A Saint-Corneille, le site de la Chapelle a livré quelques traces de bâtiments agricoles de la fin de l’époque gauloise et semblant appartenir à une ferme dont la zone résidentielle était en dehors de l’emprise de l’aménagement de la LGV.

 

Le site des Nouis à Coulans-sur-Gée a permis de fouiller presque en intégralité une ferme gauloise qui paraît avoir été abandonnée au commencement du Ier s. av. J.-C. Un vaste enclos polygonal, entouré d’un talus à l’origine délimite la ferme. On y entrait du côté Est par un grand portail qui devait montrer l’importance du propriétaire. On pénètre alors dans une première cour puis ensuite dans l’enclos intérieur où se trouvaient les habitats. On a trouvé à proximité des fours pour une activité métallurgique et datés du VIIIème s. au Vème s. av. J.-C. mais sans que l’on puisse affirmer qu’il y ait un lien avec la ferme.

Coulans Sur Gée (Sarthe), fouilles Eric Mare

Coulans Sur Gée (Sarthe), fouilles Eric Mare

Lors de la construction de la LGV, toute une séquence d’occupation a été mise au jour au lieu-dit Bas de Braie à Fontenay sur Vègre. Pour ce qui nous intéresse ici, les archéologues ont repéré un cheminement gaulois, un habitat avec une maison sur poteaux ainsi qu’un grenier pour le stockage des céréales, et un enclos cultuel ou funéraire.

 

A Lavernat, le site de Vau Blanchard a été fouillé en 2006. Il s’agit d’un vaste enclos trapézoïdal d’environ 6500 m2 dont l’occupation remonte à la fin de l’époque gauloise et qui a perduré à l’époque romaine. Les vestiges sont assez rares ; à l’intérieur de l’enclos deux bâtiments sur poteaux ont été identifiés. Les archéologues ont émis l’hypothèse qu’il s’agissait là d’une modeste ferme familiale.

 

Cela montre également que les Cénomans ne vivaient pas dans des zones très boisées. Les études sur les graines mais également sur les ossements tendent à prouver que les paysages étaient très ouverts avec une gestion de territoires essentiellement composés de champs et déjà structurés par des chemins.

Rappel de la loi sur la protection du Patrimoine Archéologique :

Art. L. 542-1 - Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d'objets métalliques, à l'effet de recherches de monuments et d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche.

A suivre : Les Cénomans et le métal

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25 juillet 2022 1 25 /07 /juillet /2022 08:17

4. Les traces laissées par les Cénomans en Sarthe

On trouve de très nombreuses traces archéologiques des Aulerques Cénomans en Sarthe. Certains sites ont seulement été repérés par prospections pédestres ou aériennes, d’autres ont été fouillés.

 

1. Les lieux gaulois complexes

a. Allonnes

Le site archéologique d’Allonnes est connu depuis le milieu du XVIIIème siècle, mais il faut attendre les années 1950 et les travaux de Pierre Térouanne pour que la présence gauloise soit attestée par les fouilles.

On connaît assez bien les vestiges de l’époque romaine avec ses temples, thermes, habitats, etc. même si le développement urbain des années 1960/1970 a sans doute rasé une bonne partie des vestiges antiques. Pour ce qui est des vestiges gaulois, ce sont les fouilles sur le site de la Forêterie (bois de Chaoué ou encore bois du Marin) qui ont révélé une occupation de l’époque de La Tène (Vème siècle au Ier siècle av. J.-C.). Il s’agit manifestement d’un lieu de culte antérieur au temple romain de Mars-Mullo et composé d’une palissade de bois qui semble entourer une série de petits édifices rectangulaires ou circulaires également en bois. On a trouvé dans cette zone cultuelle essentiellement des pièces d’armement (épées, fourreaux d’épées, boucliers, etc.) ainsi que des monnaies et, en moindre quantité, des éléments de parures (fibules, anneaux, etc.).

Après la guerre des Gaules, le site sera totalement réaménagé avec d’importants terrassements pour y installer d’abord un fanum (petit temple de plan carré), puis au IIème siècle on édifiera un immense sanctuaire.

Par contre, il est actuellement difficile de dire si ce sanctuaire gaulois s’intégrait dans un ensemble aménagé plus conséquent. Les fouilles menées au lieu-dit le Grand Chêne au milieu des années 2010 montrent bien une occupation gauloise à partir du IIème siècle av. J.-C. mais cela correspond d’avantage à un site rural avec une petite activité métallurgique. A noter que l’espace ouest de la commune d’Allonnes est occupé par plusieurs enclos dont certains ont été fouillés et semble plutôt appartenir au monde agricole.

 

Des liens :

Le Centre archéologique et le sanctuaire gallo romain Mars Mullo d'Allonnes

Une reconstitution du temple romain d’Allonnes

Un article de Pierre Térouanne

 

Allonnes (Sarthe), sanctuaire de Mars Mullo. Sous l'édifice romain se trouvent les vestiges gaulois.

Allonnes (Sarthe), sanctuaire de Mars Mullo. Sous l'édifice romain se trouvent les vestiges gaulois.

Pièce d'armement gaulois trouvées sur le sanstuaire de Mars-Mullo (dessin T. Lejars)

Pièce d'armement gaulois trouvées sur le sanstuaire de Mars-Mullo (dessin T. Lejars)

Une des fouilles de la Zac du Monné à Allonnes (direction Antoine David)

Une des fouilles de la Zac du Monné à Allonnes (direction Antoine David)

b. Oisseau-le-Petit

Il paraît opportun de relier la fortification de Gesnes-le-Gandelin au site archéologique d’Oisseau-le-Petit.

On trouve à l’Est de la commune de Gesnes le Gandelin, dans le nord de la Sarthe, un lieu champêtre nommé la butte de Saint Evroult. Il s’agit d’un éperon rocheux enserré d’un coté par le ruisseau de l’Aune et d’un autre par le ruisseau de Champ Rouable. Le site, d’environ 3 ha, est protégé par un rempart sur sa partie nord ainsi qu’à l’ouest et au sud. A l’est, c’est le cours du ruisseau de Champ Rouable, situé une trentaine de mètres en contrebas, qui sert de protection. Au milieu de cette structure archéologique se trouve une chapelle dédiée à saint Evroult ; on dit de cette chapelle qu’elle est d’époque romane. Il est d’ailleurs possible que l’actuelle chapelle ne soit qu’une partie d’un ensemble plus important.

Le site est connu depuis longtemps et était considéré au XIXème siècle comme un camp gaulois ou encore comme un oppidum. Il a fait l’objet de fouilles archéologiques entre 1988 et 1990 par Claude Lambert et Jean Rioufreyt. La coupe du rempart a montré divers états allant de l’âge du bronze jusqu’à l’époque carolingienne. Il est à noter parmi le mobilier archéologique découvert la présence de graines (blé, lentille, vesce, etc.). Un sondage a mis en évidence du matériel de la fin de l’époque gauloise (amphores, céramique utilitaire). Enfin du mobilier d’époque carolingienne a également été découvert. Il faut bien sûr mettre en lien l’oppidum de Saint Evroult avec l’occupation antique de la commune voisine de Oisseau-le-Petit. Le site a été classé en 1982.

Et à l’Est de ce site, celui d’Oisseau-le-Petit ne semble pouvoir être dissocié du camp fortifié de Saint-Evroult. La plaine des Noiras est connue depuis le début du XIXème siècle et on évoque même la possibilité que Oisseau soit la capitale du peuple gaulois des Esuviens. Il faut attendre le dernier quart du XXème siècle pour voir réapparaître des éléments de recherches archéologiques. Le site romain se superpose à des structures gauloises telles que des enclos. Cependant, il est encore difficile de nos jours de comprendre la nature globale de cette occupation gauloise. Il manque des fouilles sur de larges étendues ; ce sont sans doute elles qui permettraient de mettre en évidence des structures d’habitats qui pourraient alors être en lien avec les enclos et l’abondance et la variété du matériel archéologique trouvé.

 

Des liens :

A propos de Oisseau-le-Petit

Gesnes le Gandelin (Sarthe), relevé de la fortification de la Saint-Evroult.

Gesnes le Gandelin (Sarthe), relevé de la fortification de la Saint-Evroult.

Gesnes le Gandelin (Sarthe), le rempart de la forticication de Saint-Evroult.

Gesnes le Gandelin (Sarthe), le rempart de la forticication de Saint-Evroult.

Gesnes le Gandelin (Sarthe), la coupe du rempart nord lors des fouilles.

Gesnes le Gandelin (Sarthe), la coupe du rempart nord lors des fouilles.

Oisseau le Petit (Sarthe), le fanum romain est implanté sur un site gaulois.

Oisseau le Petit (Sarthe), le fanum romain est implanté sur un site gaulois.

Oisseau le Petit (Sarthe), un temple romain au milieu d'un vaste enclos gaulois.

Oisseau le Petit (Sarthe), un temple romain au milieu d'un vaste enclos gaulois.

c. Aubigné-Racan

Le site archéologique dit de Cherré sur la commune d’Aubigné-Racan est surtout connu pour ses vestiges romains toujours visibles. Mais les fouilles menées par Claude Lambert et Jean Rioufreyt ont permis de démontrer qu’il y avait une occupation bien antérieure attestée par la présence de tumulus avec des urnes à incinération et par la découverte d’armements gaulois (essentiellement IIIème et IIème s. av. J.-C.) mais aussi de « currency bar » (lingots de fer) dans une zone qui pourrait être en lien avec un sanctuaire.

A un peu plus d’un kilomètre au sud du site de Cherré se trouve la fortification du Vaux surplombant le Loir ; elle fut d’abord occupée au Néolithique puis à l’âge du Bronze et enfin à l’époque gauloise. Mais c’est à cette dernière époque que fut installé un rempart de terre et de pierre complété par une palissade de bois. Il faut sans doute mettre en lien cette fortification avec la nécropole de Cherré et quelques enclos connus dans le secteur.

Il est cependant bien difficile de déterminer la nature de ce site gaulois.

 

Des liens :

La page Wikipédia du site de Cherré

Un petit compte-rendu sur le dépôt gaulois

Aubigné-Racan (Sarthe), des pièces d'armement gaulois (dessin T. Lejars)

Aubigné-Racan (Sarthe), des pièces d'armement gaulois (dessin T. Lejars)

Aubigné-Racan (Sarthe), urnes funéraires provenant des tumulus

Aubigné-Racan (Sarthe), urnes funéraires provenant des tumulus

d. Le Mans

Le passé gaulois du Mans reste une énigme. Autant on a une vue correcte de la ville romaine, autant la présence gauloise qui devrait correspondre à un chef-lieu de cité est plus que ténue. Il faut dire que les observations faites au XIXème siècle sont difficilement utilisables à cause de la disparition du matériel archéologique mais aussi à cause de la méconnaissance de la période et donc de l’interprétation faite des découvertes. En fait, on possède juste un élément décoratif trouvé par Joseph Guilleux en 1977 mais dans un contexte stratigraphique perturbé ; cet embout (élément de bouterolle ? élément de sangle ?) serait daté du Vème s. ou IVème s. av. J.-C.

Ceci-dit, il existe cependant certains indices. Ainsi les fouilles menées aux Jacobins en 2010 par Pierre Chevet ont mis au jour une occupation du milieu du Ier siècle av. J.-C. Les recherches ont permis de découvrir un habitat gallo-romain et un sanctuaire dans la vallée d’Isaac. Mais pour ce qui nous intéresse ici, les niveaux plus anciens ont montré des constructions sur solins ainsi que des fours. Malheureusement l’étude n’a pu être poussée plus avant et il est difficile d’en dire plus pour cet indice de présence gauloise.

 

Des liens :

Le Mans – Place des Jacobins

A suivre : Les sites ruraux gaulois en Sarthe

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18 juillet 2022 1 18 /07 /juillet /2022 11:38

2. Les mentions antiques des Aulerques Cénomans

Les Aulerques Cénomans sont mentionnés dans quelques documents antiques. Jules César dans ses commentaires sur la guerre des Gaules nous dit que lors du siège d’Alésia (52 av. J.-C.), les Cénomans (Aulercis Cenomanis) envoyèrent cinq mille hommes pour aider Vercingétorix. César cite deux autres fois les Aulerques mais sans que l’on puisse préciser s’il s’agit des Cénomans. Au Ier siècle ap. J.-C., Pline l’Ancien dans son Histoire naturelle cite les « Cenomani » lors de sa description de l’Empire ; il classe les habitants de la cité parmi les peuples libres mais qui ne peuvent devenir citoyens romains qu’à titre exceptionnel. Puis au IIème siècle ap. J.-C., Ptolémée dans sa Géographie signale que les Cénomans ont pour capitale Vindinum.

La guerre des Gaules, manuscrit du XVè s. (source : Gallica)

La guerre des Gaules, manuscrit du XVè s. (source : Gallica)

Le célèbre tableau de Lionel Royer (né à Château-du-Loir en 1852) peint en 1899. C'est rempli d'erreurs dont la cuirasse de Vercingétorix qui remonte en réalité à l'âge du bronze et non aux Gaulois.

Le célèbre tableau de Lionel Royer (né à Château-du-Loir en 1852) peint en 1899. C'est rempli d'erreurs dont la cuirasse de Vercingétorix qui remonte en réalité à l'âge du bronze et non aux Gaulois.

Carte de Ptolémée, éd. Jocobus Angelus, 1485 (source : Gallica)

Carte de Ptolémée, éd. Jocobus Angelus, 1485 (source : Gallica)

Il ne faut pas non plus négliger l’Histoire Romaine de Tite-Live rédigée au Ier av. J.-C. A la différences des deux autres références, il ne cite pas les Cénomans dans leur contexte géographique mais comme étant un peuple dont des migrants, menés par Etitovius, franchissent les Alpes pour s’installer en Gaule Cisalpine.

Et puis les Aulerques Cénomans sont cités dans leur propre territoire par deux découvertes archéologiques faites sur la commune d’Allonnes sur le temple de Mars Mullo. La plus ancienne est un fragment de marbre blanc issu des fouilles de Pierre Térouanne en 1961. Cette dédicace à l’Empereur, très incomplète et peut-être du IIème siècle ou du IIIème siècle, comporte deux lignes qu’on peut traduire par « dans sa troisième puissance tribunicienne, deux fois consul […] les Aulerques Cénomans » ; la ligne du dessous présente seulement cinq lettres, AVL CE, mais qui désignent clairement le nom du peuple.

La deuxième dédicace est composée de dix fragments d’une grande inscription et qui ont été trouvés en 1957, et entre 1994 et 1998. Il y a au moins vingt lignes de texte ; malheureusement cela est très fragmentaire mais il est possible d’en comprendre certains points. Le nom de celui qui a offert cette dédicace n’apparaît pas dans les divers fragments, mais il s’agit vraisemblablement d’un très haut responsable, possiblement militaire et sénateur, qui aurait vécu dans la seconde moitié du IIème siècle ou au début du IIIème siècle. La dernière ligne peut-être interprétée ainsi : CIVIT[AS AVLERCORVM CENOMANORVM] ; on a ainsi le deuxième document archéologique qui mentionne le nom de la région anciennement habitée par le peuple gaulois éponyme.

Inscription découverte à Allonnes

Inscription découverte à Allonnes

Inscription découverte à Allonnes (source : CNRS)

Inscription découverte à Allonnes (source : CNRS)

Ces Aulerques Cénomans sont localisés dans un territoire qui correspond approximativement au département de la Sarthe. Mais rechercher une frontière administrative entre les peuples gaulois serait un travail qui n’aurait sans doute pas de sens tant cette notion de limite précise est un concept assez moderne. A l’ouest, pour ce qui correspondrait à peu près à la Mayenne, se trouvent d’autres Aulerques, les Diablintes. Au nord se situent les Esuviens (Orne). Les Carnutes occupent un immense territoire à l’est. Au sud, on trouve les Turons (Indre-et-Loire) et les Andécaves (Maine-et-Loire).

Il est intéressant de constater une sorte de filiation entre les peuples gaulois et les actuels départements. Ce qui est vrai pour l’ouest de la France n’est pas forcément applicable ailleurs. Mais en ce qui nous concerne, cela est lié à l’organisation territoriale romaine, à l’époque augustéenne, qui garde globalement les capitales locales gauloises, même s’il existe des déplacements de sites, puis ensuite à l’organisation médiévale des territoires et enfin à la création des départements au moment de la Révolution.

Quant au sens du nom de ce peuple, il faut avancer avec précaution. Cependant le mot « Aulerques » voudrait dire « ceux qui sont loin de leur lieu », alors que « Cénomans » n’est pas très clair. Roger Verdier voyait dans « Cénomans » « homme éloigné », ce qui serait un pléonasme avec « Aulerques ».

Une carte de 1541 montrant une répartition des peuples gaulois, éd. Michel Servet (source : Gallica)

Une carte de 1541 montrant une répartition des peuples gaulois, éd. Michel Servet (source : Gallica)

Le peuple gaulois des Aulerques Cénomans (partie 2)

3. La « fédération » des Aulerques

Il existait quatre peuples Aulerques : Cénomans (région du Mans), Diablintes (région de Jublains), Eburovices (région d’Evreux) et Brannovices (en Auxerrois) . On peut penser qu’ils appartenaient jadis à un ensemble commun, mais honnêtement nous n’avons aucune preuve de cela. Autant les Cénomans et les Diablintes sont voisins que les deux autres sont éloignés.

On comprendra dès lors l’importance de la recherche archéologique pour aller plus loin dans la compréhension de ces peuples gaulois.

 

A suivre : Les traces laissées par les Cénomans en Sarthe

 

Des liens :

Les dédicaces d’Allonnes et le sanctuaire de Mars Mullo

Qui était Vercingétorix ?

Une traduction de la Guerre des Gaules

Une carte des peuples gaulois

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