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28 janvier 2023 6 28 /01 /janvier /2023 18:33

Délibération du Conseil Municipal de la commune de Voivres, qui autorise le maire à vendre le pressoir dépendant du presbytère (23 septembre 1805).

 

Nous, adjoints et membres du Conseil Municipal de la commune de Voivres soussignés.

Sur la représentation à nous faite par M. Jacques Blin maire de cette dite commune, qu’il existe un pressoir dépendant du presbytère, lequel se trouve dans un état de détérioration qui en rendrait les réparations à faire très dispendieuses, que le pressoir ne serait  dans la suite d’aucune valeur si on le laissait encore une année exposé, comme il est à toutes les rigueurs des saisons, étant situé dans une grange dont le toit est d’un côté entièrement découvert ; en conséquence il demande à être autorisé à le vendre, et à employer les deniers en provenant au profit de l’église en la qualité de receveur de la fabrique.

Examen par nous fait de l’état où se trouve ledit pressoir, avons reconnu que les planches qui en forment le fond sont entièrement pourries et hors de service quelconque, que les deux couettes, ainsi que la jumelle sont déjà fort endommagées et de peu de valeur.

En conséquence pour prévenir une plus grande détérioration, autorisons ledit sieur Blin à vendre ledit pressoir, et à employer les deniers provenant de la vente suivant l’avis des fabriciers de l’église nommé par Monseigneur l’Evêque du Mans.

Pris en Conseil Municipal le premier Vendémiaire an Ier de l’Empire Français.

 

Registre des délibérations communales de Voivres

Registre des délibérations communales de Voivres

Presbytère de Voivres (fond Cordonnier)

Presbytère de Voivres (fond Cordonnier)

Cadastre de 1809 (le presbytère est au numéro 129 du parcellaire)

Cadastre de 1809 (le presbytère est au numéro 129 du parcellaire)

Quelques remarques :

 

Le maire Jacques Blin naît à Etival-Lès-Le Mans le 30 novembre 1749 de Jacques Blin et de Marie Barrier. Alors sabotier à Voivres, il épouse Marie Compain le 20 avril 1784. Devenu veuf en 1789, il se remarie avec Louise Leroy le 11 octobre 1791.

On le voit apparaître comme maire dans un acte du 18 décembre 1802. L’abbé Bichette, curé de Voivres à partir de 1834, rédacteur plutôt partial des chroniques de la paroisse, nous donne quelques indications sur l’arrivée de Jacques Blin en tant que maire. L’édile précédent, Louis Hourdel, est accusé selon Bichette de s’être adonné à la boisson et d’être grossier ; Bichette nous rapporte d’ailleurs que le jour de la Toussaint 1802, Hourdel, qui faisait aussi fonction de sacriste, avait manqué de respect au prêtre et interrompu son office. Démis de ses fonctions, il est alors remplacé par Jacques Blin.

En 1802 est rédigé un compte de tutelle entre lui et sa fille Marie Appolline née de son premier mariage. Y sont cités certains biens occupés par Jacques Blin tels que deux maisons chauffantes avec boutique, cour et jardin au bourg, un petit clos de terre à la Blotinnière et une parcelle de vignes au clos des Cosnilleries, le tout à Voivres. Il avait aussi une maison et des terres à Fay.

En 1803, il acquiert avec sa femme une maison composée d’une pièce avec cheminée et un cellier derrière située au bourg de Voivres.

Il meurt à Voivres le 19 mai 1812 et c’est son fils qui déclare le décès le lendemain en mairie. Mathurin Piveron devient alors maire.

Acte de baptême de Jacques Blin (registre paroissial d'Etival Lès Le Mans)

Acte de baptême de Jacques Blin (registre paroissial d'Etival Lès Le Mans)

Acte de décès de Jacques Blin (Rtat-civil de Voivres)

Acte de décès de Jacques Blin (Rtat-civil de Voivres)

Acte de décès de Jacques Blin (Etat-civil de Voivres)

Acte de décès de Jacques Blin (Etat-civil de Voivres)

Vente d'un pressoir à Voivres-Lès-Le Mans en 1805

La vigne est présente sur le territoire de Voivres depuis longtemps, comme un peu partout en Sarthe d’ailleurs ; les cartulaires médiévaux y font très souvent référence. Et trouver un pressoir dans un presbytère n’a rien de surprenant puisque la cure et la fabrique ont des vignes.

Déjà dès le XIIIème siècle, le cartulaire de l’abbaye de Beaulieu fait mention de Jean Jardin, paroissien de Voivres, qui possède une maison dans le bourg derrière laquelle se trouvent des vignes. Les documents des XVIIème et XVIIIème siècles concernant Voivres nous donnent certaines informations sur la culture de la vigne dans cette commune.

En 1604, le curé de Voivres, dans un conflit qui l’oppose aux religieux de la Boissière concernant la terre des Randonnays, fait état de vins perçus pour la dîme.

Il y avait plusieurs clos de vignes à Voivres : le secteur des Jouannières à l’ouest de la commune avec un lieu-dit nommé le Pressoir et un parcellaire en lanières; la Conillerie au nord-ouest du bourg avec également un lieu-dit le Pressoir ; le clos de la Cheverie à l’est de la commune  où en 1661 Jacques Le Gros fait don d’un quartier de vignes à la cure; la Blotinière, etc. D’ailleurs on rencontre plusieurs fois des vignerons dans les registres : Michel Gaupuceau qui habite aux Vallées en 1619, Mathurin Blanchard vigneron à la Jouannière en 1624, Louis Gaupuceau qui rédige son testament en 1637, Léonard Barier qui achète une vigne à Voivres en 1638, Hiéraume Couderay inhumé en 1667, Jean Froger qui achète des vignes à la Cailloterie et à Beauvais en 1671, Jacques Loyseau inhumé en 1684, Jacques Hervé inhumé en 1686, René Fournigault inhumé en 1687, Pierre Bouteiller locataire de vigne à la Cailloterie et à la Basse Jouannière en 1741, Louis Drouard qui entretenait les vignes de la fabrique en 1744, Julien Cornillau journalier vigneron qui achète une vigne en 1767, Julien Besnard vigneron locataire d’une chambre aux Sauvagères en 1771, Joseph Piron qui prend le bail de vignes à la Cailloterie et au Pressoir en 1780, etc.

Vente d'un pressoir à Voivres-Lès-Le Mans en 1805
Acte notarié (1624)

Acte notarié (1624)

Les vignes ne sont pas forcément de bonne qualité comme en témoignent les divers montrées et actes de vente. Par exemple, en 1769 la montrée du lieu de la Renardière décrit l’état des parcelles : « Que deux quartiers de vigne l’un dans le clos du Pressoir et l’autre dans le clos de la Cosnillerie sont nantys de quantité de places vides de diverses grandeurs sans soeufs et que le surplus de laditte vigne ne se trouve qu’au tiers plantée le fort raportant au faible et pour n’avoir pas provigné laditte vigne les années dernières ne lavoir pas beichée en saison convennable et ne l’avoir pas fumée ce que porte une perte considérable audit Letourneau fermier actuel pourquoy led(it) expert en aarbitré les dommages et interrest à la so(mm)e de quinze livres , Cy……………………..15tt »

 

Certaines années, les récoltes étaient plus bonnes comme l’indique le curé Girard en 1720 : « La presante année a été fort fertille an toutes sortes de grains fruits et légumes, principalement an vin dont a été si grande quantité que lon a été contraint dans laiser perdre la plus grande partie faute de tonnois pour le ramasser quels tonnois ont été sans pris et sans an pouvoir trouver pour de largent neamoins lesdits vins ont été de for mauvaize qualité ». Quant à sa qualité, tout dépendait des années et des dégustateurs. Le Paige dans le dernier quart du XVIIIème siècle dit qu’« il y a des vignes dont le vin est de petite qualité ». Bichette écrit dans la première moitié du XIXème siècle que « Les vignes donnent d’assez bon rouge ; mais le blanc en est mauvais, il faut le dépenser de suite. Dans les bons caveaux, le vin rouge peut se garder un an ou deux en busses ; j’en ai fait l’expérience au presbytère. Je dois dire que mon vin était de 1834. Dans cette année-là, la récolte fut très abondante et les vins exquis, tellement que l’on buvait avec plaisir ceux des plus méchants crus ».

 

Il y a quelques années, on trouvait encore des bouteilles de vin produites à Voivres.

 

Carte de Jaillot (1706) sur laquelle on voit les vignes entre Voivres et La Suze

Carte de Jaillot (1706) sur laquelle on voit les vignes entre Voivres et La Suze

Parcelles de vignes sur le cadastre de 1809

Parcelles de vignes sur le cadastre de 1809

Registre paroissial (1720)

Registre paroissial (1720)

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