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18 février 2023 6 18 /02 /février /2023 22:23

La lande de Pierre Aube à Fillé sur Sarthe

 

Il existe sur la route qui va de Fillé à Voivres un lieu-dit nommé « Pierre Aube » qui correspond à une zone boisée entre la route de Voivres et la route des Vignes. Il existe d’autres lieux nommés Pierre Aube, ou ses dérivés, en France : Saint Germain des Champs (Yonne), Landéan (Ille-et-Villaine), Adervielle Pouchergues (Hautes Pyrénées), Lamayou (Pyrénées Atlantiques), Arrigas (Gard), etc.

Photographie aérienne (1948)

Photographie aérienne (1948)

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Cassini (1765)

Carte de Cassini (1765)

La lande de Pierre Aube à Fillé sur Sarthe
Plan du début du XIXè siècle. Les landes sont visibles à droite.

Plan du début du XIXè siècle. Les landes sont visibles à droite.

Les plans anciens et les différents cadastres du XIXème siècle n’indiquent aucune ferme portant ce nom ; cependant un bordage (Mathurin Brincoustu bordager vers les années 1670) est signalé dans quelques actes notariés du XVIIème siècle sans qu’il soit possible de le localiser. Le lieu désigne une lande dépendant avant la Révolution de la terre du Gros Chesnay dont des parcelles sont louées à divers fermiers. Il y est fait mention également d’un lieu de paissage c’est à dire une zone où viennent paître les bêtes. Les actes notariés précisent que l’on va « en la lande Pierre Aube ».

Acte notarié de 1657

Acte notarié de 1657

Cadastre 1844

Cadastre 1844

Cadastre 1844

Cadastre 1844

Cadastre 1844

Cadastre 1844

Dans la Sarthe, de nombreux lieux-dits portent le nom de « Pierre ». Pour la région de Fillé, citons la présence de ce toponyme sur Cérans-Foulletourte, Guécélard, Mézeray, Spay, etc. Certains désignent la présence de monuments mégalithiques remontant au néolithique (ex : Pierre Couverte à Parigné le Pôlin). On peut donc raisonnablement penser que le nom « Pierre Aube » (c'est-à-dire la pierre blanche) est le témoin d’un monument préhistorique présent sur la commune de Fillé.

Cette idée est confortée par des découvertes archéologiques faites dans les environs. On a trouvé dans quelques champs de Fillé des objets préhistoriques datant du néolithique (entre 6000 et 2000 avant Jésus Christ). La vallée de la Sarthe a toujours été un axe de circulation et il est logique de ramasser des objets de cette époque sur la commune.

Parmi ces découvertes, un objet se distingue. Il s’agit d’une meule trouvée près du Clos Colin. Elle permettait à une famille de produire de la farine à partir de céréales. C’est en quelque sorte l’ancêtre du moulin de Fillé.

Outils préhistoriques découverts sur Fillé

Outils préhistoriques découverts sur Fillé

Outil préhistorique, Fillé

Outil préhistorique, Fillé

Meule à moudre

Meule à moudre

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28 janvier 2023 6 28 /01 /janvier /2023 18:33

Délibération du Conseil Municipal de la commune de Voivres, qui autorise le maire à vendre le pressoir dépendant du presbytère (23 septembre 1805).

 

Nous, adjoints et membres du Conseil Municipal de la commune de Voivres soussignés.

Sur la représentation à nous faite par M. Jacques Blin maire de cette dite commune, qu’il existe un pressoir dépendant du presbytère, lequel se trouve dans un état de détérioration qui en rendrait les réparations à faire très dispendieuses, que le pressoir ne serait  dans la suite d’aucune valeur si on le laissait encore une année exposé, comme il est à toutes les rigueurs des saisons, étant situé dans une grange dont le toit est d’un côté entièrement découvert ; en conséquence il demande à être autorisé à le vendre, et à employer les deniers en provenant au profit de l’église en la qualité de receveur de la fabrique.

Examen par nous fait de l’état où se trouve ledit pressoir, avons reconnu que les planches qui en forment le fond sont entièrement pourries et hors de service quelconque, que les deux couettes, ainsi que la jumelle sont déjà fort endommagées et de peu de valeur.

En conséquence pour prévenir une plus grande détérioration, autorisons ledit sieur Blin à vendre ledit pressoir, et à employer les deniers provenant de la vente suivant l’avis des fabriciers de l’église nommé par Monseigneur l’Evêque du Mans.

Pris en Conseil Municipal le premier Vendémiaire an Ier de l’Empire Français.

 

Registre des délibérations communales de Voivres

Registre des délibérations communales de Voivres

Presbytère de Voivres (fond Cordonnier)

Presbytère de Voivres (fond Cordonnier)

Cadastre de 1809 (le presbytère est au numéro 129 du parcellaire)

Cadastre de 1809 (le presbytère est au numéro 129 du parcellaire)

Quelques remarques :

 

Le maire Jacques Blin naît à Etival-Lès-Le Mans le 30 novembre 1749 de Jacques Blin et de Marie Barrier. Alors sabotier à Voivres, il épouse Marie Compain le 20 avril 1784. Devenu veuf en 1789, il se remarie avec Louise Leroy le 11 octobre 1791.

On le voit apparaître comme maire dans un acte du 18 décembre 1802. L’abbé Bichette, curé de Voivres à partir de 1834, rédacteur plutôt partial des chroniques de la paroisse, nous donne quelques indications sur l’arrivée de Jacques Blin en tant que maire. L’édile précédent, Louis Hourdel, est accusé selon Bichette de s’être adonné à la boisson et d’être grossier ; Bichette nous rapporte d’ailleurs que le jour de la Toussaint 1802, Hourdel, qui faisait aussi fonction de sacriste, avait manqué de respect au prêtre et interrompu son office. Démis de ses fonctions, il est alors remplacé par Jacques Blin.

En 1802 est rédigé un compte de tutelle entre lui et sa fille Marie Appolline née de son premier mariage. Y sont cités certains biens occupés par Jacques Blin tels que deux maisons chauffantes avec boutique, cour et jardin au bourg, un petit clos de terre à la Blotinnière et une parcelle de vignes au clos des Cosnilleries, le tout à Voivres. Il avait aussi une maison et des terres à Fay.

En 1803, il acquiert avec sa femme une maison composée d’une pièce avec cheminée et un cellier derrière située au bourg de Voivres.

Il meurt à Voivres le 19 mai 1812 et c’est son fils qui déclare le décès le lendemain en mairie. Mathurin Piveron devient alors maire.

Acte de baptême de Jacques Blin (registre paroissial d'Etival Lès Le Mans)

Acte de baptême de Jacques Blin (registre paroissial d'Etival Lès Le Mans)

Acte de décès de Jacques Blin (Rtat-civil de Voivres)

Acte de décès de Jacques Blin (Rtat-civil de Voivres)

Acte de décès de Jacques Blin (Etat-civil de Voivres)

Acte de décès de Jacques Blin (Etat-civil de Voivres)

Vente d'un pressoir à Voivres-Lès-Le Mans en 1805

La vigne est présente sur le territoire de Voivres depuis longtemps, comme un peu partout en Sarthe d’ailleurs ; les cartulaires médiévaux y font très souvent référence. Et trouver un pressoir dans un presbytère n’a rien de surprenant puisque la cure et la fabrique ont des vignes.

Déjà dès le XIIIème siècle, le cartulaire de l’abbaye de Beaulieu fait mention de Jean Jardin, paroissien de Voivres, qui possède une maison dans le bourg derrière laquelle se trouvent des vignes. Les documents des XVIIème et XVIIIème siècles concernant Voivres nous donnent certaines informations sur la culture de la vigne dans cette commune.

En 1604, le curé de Voivres, dans un conflit qui l’oppose aux religieux de la Boissière concernant la terre des Randonnays, fait état de vins perçus pour la dîme.

Il y avait plusieurs clos de vignes à Voivres : le secteur des Jouannières à l’ouest de la commune avec un lieu-dit nommé le Pressoir et un parcellaire en lanières; la Conillerie au nord-ouest du bourg avec également un lieu-dit le Pressoir ; le clos de la Cheverie à l’est de la commune  où en 1661 Jacques Le Gros fait don d’un quartier de vignes à la cure; la Blotinière, etc. D’ailleurs on rencontre plusieurs fois des vignerons dans les registres : Michel Gaupuceau qui habite aux Vallées en 1619, Mathurin Blanchard vigneron à la Jouannière en 1624, Louis Gaupuceau qui rédige son testament en 1637, Léonard Barier qui achète une vigne à Voivres en 1638, Hiéraume Couderay inhumé en 1667, Jean Froger qui achète des vignes à la Cailloterie et à Beauvais en 1671, Jacques Loyseau inhumé en 1684, Jacques Hervé inhumé en 1686, René Fournigault inhumé en 1687, Pierre Bouteiller locataire de vigne à la Cailloterie et à la Basse Jouannière en 1741, Louis Drouard qui entretenait les vignes de la fabrique en 1744, Julien Cornillau journalier vigneron qui achète une vigne en 1767, Julien Besnard vigneron locataire d’une chambre aux Sauvagères en 1771, Joseph Piron qui prend le bail de vignes à la Cailloterie et au Pressoir en 1780, etc.

Vente d'un pressoir à Voivres-Lès-Le Mans en 1805
Acte notarié (1624)

Acte notarié (1624)

Les vignes ne sont pas forcément de bonne qualité comme en témoignent les divers montrées et actes de vente. Par exemple, en 1769 la montrée du lieu de la Renardière décrit l’état des parcelles : « Que deux quartiers de vigne l’un dans le clos du Pressoir et l’autre dans le clos de la Cosnillerie sont nantys de quantité de places vides de diverses grandeurs sans soeufs et que le surplus de laditte vigne ne se trouve qu’au tiers plantée le fort raportant au faible et pour n’avoir pas provigné laditte vigne les années dernières ne lavoir pas beichée en saison convennable et ne l’avoir pas fumée ce que porte une perte considérable audit Letourneau fermier actuel pourquoy led(it) expert en aarbitré les dommages et interrest à la so(mm)e de quinze livres , Cy……………………..15tt »

 

Certaines années, les récoltes étaient plus bonnes comme l’indique le curé Girard en 1720 : « La presante année a été fort fertille an toutes sortes de grains fruits et légumes, principalement an vin dont a été si grande quantité que lon a été contraint dans laiser perdre la plus grande partie faute de tonnois pour le ramasser quels tonnois ont été sans pris et sans an pouvoir trouver pour de largent neamoins lesdits vins ont été de for mauvaize qualité ». Quant à sa qualité, tout dépendait des années et des dégustateurs. Le Paige dans le dernier quart du XVIIIème siècle dit qu’« il y a des vignes dont le vin est de petite qualité ». Bichette écrit dans la première moitié du XIXème siècle que « Les vignes donnent d’assez bon rouge ; mais le blanc en est mauvais, il faut le dépenser de suite. Dans les bons caveaux, le vin rouge peut se garder un an ou deux en busses ; j’en ai fait l’expérience au presbytère. Je dois dire que mon vin était de 1834. Dans cette année-là, la récolte fut très abondante et les vins exquis, tellement que l’on buvait avec plaisir ceux des plus méchants crus ».

 

Il y a quelques années, on trouvait encore des bouteilles de vin produites à Voivres.

 

Carte de Jaillot (1706) sur laquelle on voit les vignes entre Voivres et La Suze

Carte de Jaillot (1706) sur laquelle on voit les vignes entre Voivres et La Suze

Parcelles de vignes sur le cadastre de 1809

Parcelles de vignes sur le cadastre de 1809

Registre paroissial (1720)

Registre paroissial (1720)

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8 novembre 2022 2 08 /11 /novembre /2022 18:38

La présentation de Jacques Tuault dans cet article permet d’illustrer une constante des campagnes sarthoises, à savoir le rôle du monde paysan qui, à l’époque qui nous intéresse ici, est le principal générateur d’emplois.

Jacques Tuault père est né à Saint Michel de Chavaignes (Sarthe) en 1656. On ne sait pour quelle raison, mais il arrive ensuite dans la région de Spay. Le 24 septembre 1685, il y épouse Anne Lecrenais qui décède dans cette même paroisse le 22 juin 1697. Veuf, il se marie alors avec Anne Frettaux le 10 février 1698 également à Spay. Elle décède à Allonnes le 7 mai 1710 ; le même jour est inhumé son fils Jacques âgé d’un an. Puis le 10 avril 1714, Jacques Tuault épouse Marie Herbet à Allonnes. Jacques Thuault, fermier du Gros Chesnay, est inhumé à Fillé le 20 mai 1736 « en présence de sa femme, de ses fils, filles, gendres et autres ». De l’ensemble de ces unions vont naître au moins vingt et un enfants.

Baptême de Jacques Tuault à Saint Michel de Chavaignes en 1656 (AD72)

Baptême de Jacques Tuault à Saint Michel de Chavaignes en 1656 (AD72)

Mariage à Spay en 1685 (AD72)

Mariage à Spay en 1685 (AD72)

Mariage à Spay en 1698 (AD72)

Mariage à Spay en 1698 (AD72)

Eglise de Spay

Eglise de Spay

Mariage à Allonnes en 1714 (AD72)

Mariage à Allonnes en 1714 (AD72)

Eglise d'Allonnes

Eglise d'Allonnes

Sépulture de Jacques Tuault à Fillé en 1736 (AD72)

Sépulture de Jacques Tuault à Fillé en 1736 (AD72)

Le 10 mai 1733, « haute et puissante dame Marie Françoise Catherine D’Oujat, épouse haut et puissant messire Jean Baptiste François Leboindre conseiller en la grand chambre du Parlement de Paris, chevalier, seigneur du Gros Chesnay, Buffes, Spay, Fillé, Vauguion, la Beunêche et autres lieux » passe le bail de la métairie du domaine de Gros Chesnay (Fillé) à « Jacques Tuaut laboureur et Marie Herbet … demeurants paroisse de Royzé ». Jacques Tuaut s’engage « d’en faire bailler et payer de ferme chacuns ans à madite dame la somme de deux cent quatre vingt livres à deux termes et payements egaux ». Il s’engage aussi « de faire chacuns ans pour madite dame Leboindre 10 journées de bœufs a charroyer quand ils en seront requis, de bailler aussy chacuns ans a madite dame dans le temps de Noël six bonnes poulardes grasses dans son chasteau du Gros Chesnay et 2 chapons pailliers dans le temps de Toussaint le tout de chaque année ». Jacques Tuaut signe d’une écriture relativement aisée ; sa femme déclare ne savoir signer.

Cabinet D'Hozier

Cabinet D'Hozier

Le Gros Chenay à Fillé, cadastre 1810 (AD72)

Le Gros Chenay à Fillé, cadastre 1810 (AD72)

Le Gros Chenay au XVIIIè siècle

Le Gros Chenay au XVIIIè siècle

Quant à Jacques Tuault fils, il est baptisé à Allonnes le 21 février 1715. Puis il est mentionné comme témoin lors de la rédaction du testament de Marie Françoise Catherine Doujat le 12 juillet 1735 ; il y est dit garçon laboureur.

Baptême de Jacques Tuault à Allonnes en 1715 (AD72)

Baptême de Jacques Tuault à Allonnes en 1715 (AD72)

Le 9 avril 1737, Jacques Tuault fils, garçon laboureur, assiste à la vente des biens de Laurent Jouanneaux (fermier de la métairie de Buffard à Guécélard appartenant à Marie Françoise Catherine D’Oujat, femme de Jean Baptiste François Leboindre seigneur du Gros Chesnay à Fillé). Il y achète « 2 petits bœufs poil blond avec leurs jougs et courroies » pour la somme de 63 livres. Il achète également « 2 autres bœufs poil brun avec leurs jougs et courroies » pour la somme de 50 livres. Il acquiert aussi 4 boisseaux de chènevis (graine de chanvre) pour la somme de 4 livres. Il obtient aussi « une mauvaise selle de cheval avec une bride » pour la somme de 5 livres.

Le 3 février 1739 est signé un bail entre Marie Herbet et Jean Joseph Baptiste Leboindre, seigneur du Gros Chesnay à Fillé (également chevalier, conseiller du Parlement, seigneur de Buffes, la Beunêche, Vauguyon et Spay) [acte]. Marie Herbet est dite veuve de Jacques Thault (laboureur) et demeure avec son fils Jacques à la métairie du domaine du Gros Chesnay à Fillé. Elle prend ladite métairie avec son fils pour la durée de « 6 années entières, parfaites et consécutives ». C’est le renouvellement du bail précédemment passé par son mari. Fait également partie de ce bail, le regain des trois allées de l’étang du Gros Chesnay du côté du Bois Fanchon. Le bail se monte à 280 livres pour chaque année à payer « dans le château du Gros Chesnay ou autres endroits jusqu’à trois lieux de distance, entre les mains de telles personnes qu’il lui plaira désigner ». La première demie ferme est à payer à la Toussaint et la seconde à la Saint Marc suivant. Ils devront aussi fournir chaque année « 5 journées de bœufs à charroyer quand ils en seront requis, bailler et fournir aussi tous les ans dans le temps de Noël 6 bonnes poulardes grasses rendues au château du Gros Chesnay, 2 bons chapons paillés à la Toussaint. Pour les réparations des logis et bâtiments de ladite métairie, ils devront fournir et faire employer 2 milliers de bons bardeaux neufs de bois chêne, et en faire retourner pareil nombre du vieil » ; ils doivent aussi « 2 journées de maçon et 4 de terrasseur fournies et servies de toutes matières » ceci une fois pendant le bail. Ils doivent aussi « ramasser les bardeaux qui tomberont par les vents et les faire remonter ; pour ce qui est des haies et fossés d’en réparer 150 toises par an es endroits les plus nécessaires des terres dudit lieu, et d’en rendre 200 toises en état à la fin du présent bail ; de planter sur les terres 6 sauvageaux par an et faire les antheures nécessaires qu’ils conserveront du péril des bestiaux à leur possible ; de faire la vigne dépendante de ladite métairie de ses façons ordinaires et des provains suffisamment terrassés chacun an » ... « S’obligent aussi lesdits preneurs de charroyer chacuns ans le foin du pré des Fontaines audit lieu des Fontaines pour le regain seulement ». La veuve Herbet déclare ne savoir signer, son fils Jacques signe mais d’une plume hésitante.

Février 1739 (AD72)

Février 1739 (AD72)

Les Tuault, laboureurs à Fillé

Puis le 27 avril 1740, « Jacques Tuault, fils de feu Jacques Tuault et de Marie Herbet » épouse Marie Moriceau à Fillé.

Le 7 juin 1740, Jacques Rocher, bordager demeurant à Fillé et curateur des biens de Marie Rocher, propose aux enchères le bail de la métairie du Mortier Noir à Fillé et appartenant au curé Gouau de Ruaudin. Jacques Tuau fils, laboureur et mari de Marie Moriceau, propose la somme de 180 livres par an. « Et après avoir attendu jusques à 7 heures du soir et qu’il n’est comparu personne qui ait voulu faire la condition meilleure lesdites métairies chambres et dépendances demeurent du consentement dudit curateur adjugées pour ledit temps de 6 ans 10 mois 7 jours ».

Devenu veuf de Marie Moriceau, il épouse le 3 juillet 1742 Anne Pellepoir.

Le 16 juin 1743, Jacques Tuaut, laboureur demeurant à Fillé et mari de Anne Pelpoil, acquiert « un quartier et demy de vigne ou environ scittué au clos de la Richardière parroisse dudit Fillé en 9 planches dont 5 sont en un tenant ». Le montant de l’achat est de 24 livres.

Le 13 février 1746, Marie Hebert, veuve de Jacques Tuaut laboureur, renouvelle son bail sur la métairie du Gros Chesnay. Le fermage n’est plus que de 250 livres par an, sans doute parce que le seigneur Leboindre s’est réservé une pièce de terre nommé la Cure. On remarquera d’ailleurs que le montant inscrit sur le bail est de 270 livres mais qu’il a été corrigé en 250 livres. Les autres conditions sont identiques au bail de 1739.

En décembre 1746 est dressé un inventaire au château du Gros Chesnay à Fillé après le décès d’Anne Suzanne Tirraqueau, femme de Jean Joseph Leboindre. « Marie Herbet veuve Jacques Tuaut fermière du lieu et métairie du Grochenay audit Fillé » doit 44 sols (2 livres 4 sols) à Jean Joseph Leboindre «  du reste de terme échu de Toussaint dernier ».

Marie Herbet décède à Fillé le 4 octobre 1750. Le 28 novembre 1751 est alors signé un nouveau bail sur la métairie du Gros Chesnay entre Jean Joseph Leboindre et Jean Joseph Langlois.

Fillé, parcelles de vignes, cadastre 1810 (AD72)

Fillé, parcelles de vignes, cadastre 1810 (AD72)

Le 8 décembre 1761, Jacques Tuaut fils est témoin dans l’acte de la concession des places de bancs de l’église de Fillé. On le voit ensuite apparaître dans des actes notariés où il est signalé comme propriétaire de divers biens comme par exemple des vignes aux clos du Grochenay, de la Richardière ou encore des Huaudières. Il avait aussi une maison aux Jambellières.

Jacques Tuault fils avait épousé en 1776 à Mézeray Anne Martineau. C’est dans cette même paroisse qu’il décède en 1782.

Location des bancs, Fillé 1761 (AD72)

Location des bancs, Fillé 1761 (AD72)

Sépulture de Jacques Tuault, Mézeray, 1785 (AD72)

Sépulture de Jacques Tuault, Mézeray, 1785 (AD72)

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9 octobre 2022 7 09 /10 /octobre /2022 15:37

DES HOMMES PRÉHISTORIQUES À VOIVRES

Des découvertes archéologiques montrent que la région de La Suze est occupée depuis fort longtemps.

Sur les hauteurs, là où le plateau domine l’ancienne vallée de la Sarthe, quelques outils trahissent la présence d’une occupation remontant au paléolithique moyen. L’ensemble, composé de quelques racloirs ou déchets atypiques, correspond à une industrie moustérienne (- 35 000 à - 250 000 ans).

Les matériaux employés sont caractéristiques de cette période ; le silex, mais aussi le grès, ont été façonnés par les hommes préhistoriques. En effet, les hommes travaillent la pierre qu’ils ont à leur disposition. On retrouve dans notre région des objets et matériaux semblables sur à Fontenay sur Vègre (Sarthe) et à Hambers (Mayenne).

 

On peut aisément imaginer l’habitat de Voivres. Selon les périodes, le climat est soit plus rude qu’aujourd’hui soit comme le notre. Ainsi, lors d’une période froide la végétation est dominée par de grandes plaines herbeuses avec peu d’arbres (sapins, bouleaux, chênes). Lorsque le climat se réchauffe, la végétation ressemble à la notre. Évidement, les espèces animales présentes varient suivant le type de climat

Sur le plateau dominant l’ancien lit de la Sarthe, un petit groupe humain néandertalien composé s’installe sur le plateau. De là, cette tribu nomade observe la vallée où passent quelques troupeaux de rennes, bisons, chevaux, aurochs, etc. Il y a bien de rares mammouths mais ils ne sont pas chassés. L’habitat est installé sur le plateau ; il s’agit de quelques huttes faites de branchages voire de peaux de bêtes.

Vraisemblablement, le site n’était pas très favorable à la chasse. La tribu quitte l’endroit pour s’installer ailleurs ne laissant derrière elle que quelques outils.

 

 

 

 

Préhistoire à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)
Préhistoire à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)
Préhistoire à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)
Préhistoire à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)
Préhistoire à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)

Rappel de la loi : La prospection archéologique est soumise à autorisation administrative délivrée par le préfet de région. L'utilisation des détecteurs de métaux dans les parcelles qui recèlent des vestiges archéologiques est strictement interdite. Le non respect de la loi est soumis à de lourdes sanctions.

 

Code du Patrimoine :

Art. L. 531-1 – Nul ne peut effectuer sur un terrain lui appartenant ou appartenant à autrui des fouilles ou des sondages à l'effet de recherches de monuments ou d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie, sans en avoir au préalable obtenu l'autorisation.
La demande d'autorisation doit être adressée à l'autorité administrative ; elle indique l'endroit exact, la portée générale et la durée approximative des travaux à entreprendre.
Dans le délai, fixé par voie réglementaire, qui suit cette demande et après avis de l'organisme scientifique consultatif compétent, l'autorité administrative accorde, s'il y a lieu, l'autorisation de fouiller. Elle fixe en même temps les prescriptions suivant lesquelles les recherches devront être réalisées.

Art. L. 542-1 - Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d'objets métalliques, à l'effet de recherches de monuments et d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche.

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2 octobre 2022 7 02 /10 /octobre /2022 14:42
Conférence sur les verriers du Haut Maine (Sarthe) le 14 octobre 2022

Une conférence sur l'activité verrière dans le Haut Maine (Sarthe) entre les XVè et XVIIè siècles sera présentée. On y évoquera les sites verriers sarthois aujourd'hui disparus ainsi que la famille de Brossard, famille verrière prolifique.

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7 septembre 2022 3 07 /09 /septembre /2022 14:56

Des prospections archéologiques menées dans une parcelle de la commune de La Suze-sur-Sarthe ont livré des vestiges d'époque romaine. On trouve évidement ces fameuses tuiles à rebord (dites tegulae) caractéristiques d'un habitat romain. Accompagnent ces tuiles, de la céramique (céramique commune bleutée de type La Bosse, céramique sigillée, anse d'amphore, etc.), des fragments de verre dont du verre à vitre, des morceaux d'enduit peint rouge, des morceaux de scories (métallurgie mais sans doute autre activité artisanale), une monnaie (illisible), un palet en terre cuite, une dalle de calcaire (pavage ?), etc.

Palet (?), bouchon (?)

Palet (?), bouchon (?)

Verre à vitre

Verre à vitre

Mortier

Mortier

Couvercle

Couvercle

Céramique commune

Céramique commune

Enduit peint

Enduit peint

Dallage

Dallage

Tuile à rebord

Tuile à rebord

Céramique sigillée

Céramique sigillée

A priori, c'est le premier site archéologique romain découvert sur cette commune puisque la Carte Archéologique de la Gaule 72 ne signale que quelques monnaies romaines découvertes à La Suze mais sans autre précision. D’autres indices permettent de confirmer l’hypothèse de la présence d’une villa romaine. Ce n’est pas la seule dans ce secteur à l’ouest du Mans : sans doute la Tétardière à Chemiré-le-Gaudin, une ou deux autres à Souligné-Flacé, une à Voivres, une autre encore à Vallon-sur-Gée. Et on connaît grâce aux prospections archéologiques d’autres lieux de présence romaine mais sans qu’il soit possible de dire s’il s’agit bien de villas.

Plan partiel

Plan partiel

On peut, en l’état actuel des éléments à disposition, se poser la question de savoir si cette villa est l’ancêtre du bourg de La Suze où, pour l’instant aucun élément romain n’a été mis au jour. Il reste autour du site de la villa de La Suze un certain nombre de cheminements en lien avec des sites romains voisins.

Rappel de la loi : La prospection archéologique est soumise à autorisation administrative délivrée par le préfet de région. L'utilisation des détecteurs de métaux dans les parcelles qui recèlent des vestiges archéologiques est strictement interdite. Le non respect de la loi est soumis à de lourdes sanctions.

 

Code du Patrimoine :

Art. L. 531-1 – Nul ne peut effectuer sur un terrain lui appartenant ou appartenant à autrui des fouilles ou des sondages à l'effet de recherches de monuments ou d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie, sans en avoir au préalable obtenu l'autorisation.
La demande d'autorisation doit être adressée à l'autorité administrative ; elle indique l'endroit exact, la portée générale et la durée approximative des travaux à entreprendre.
Dans le délai, fixé par voie réglementaire, qui suit cette demande et après avis de l'organisme scientifique consultatif compétent, l'autorité administrative accorde, s'il y a lieu, l'autorisation de fouiller. Elle fixe en même temps les prescriptions suivant lesquelles les recherches devront être réalisées.

Art. L. 542-1 - Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d'objets métalliques, à l'effet de recherches de monuments et d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche.

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29 août 2022 1 29 /08 /août /2022 14:57

5. Les Cénomans de Cisalpine

 

Il existe un autre peuple nommé « Cénomans » et qui vivait dans la plaine du Pô. Les écrits ne mentionnent aucun lien avec les Cénomans de l’Ouest de la France. Mais la présence d’autres peuples gaulois en Cisalpine, dont par exemple les Vénètes, laisse à penser qu’il pourrait bien s’agir d’une même population.

L’historien grec Polybe (IIème s. av. J.-C.) dans ses Histoires (livre II) évoque les Cénomans qui s’installent au bord du Pô. Ils font partie d’un mouvement plus général de Gaulois qui se déplacent vers le Nord de l’Italie actuelle. On y apprend ainsi que les Cénomans s’allièrent aux Romains pour intervenir contre l’arrivée des Gésates, ou encore pour protéger les Romains lors d’une expédition qui avait mal tourné.

Selon l’auteur latin Tite-Live (v. 60 av. J.-C.- 17 ap. J.-C.), une partie des Cénomans aurait migré vers le nord de l’Italie actuelle dans la plaine du Pô en Gaule Cisalpine (fin du Vème s. av. J.-C. ou début du IVème s. av. J.-C.). Ces migrants cénomans auraient été conduits par un certain Etitovios qui pourrait n’être qu’un personne légendaire selon certains spécialistes (V. Kruta par exemple). Ils occupent alors un territoire dont la capitale est Brixia (Brescia qui se situe à environ 100 km à l’Est de Milan).

Tite-Live, Livre V : « XXXV. Bientôt, suivant les traces de ces premiers Gaulois, une troupe de Cénomans, sous la conduite d’Étitovius, passe les Alpes par le même défilé, avec l’aide de Bellovèse, et vient s’établir aux lieux alors occupés par les Libuens, et où sont maintenant les villes de Brixia et de Vérone. »

Au début du IIème s. av. J.-C., les Cénomans se désengagent vis à vis des Romains. Malgré une tentative de la dernière chance pour expliquer leur changement de positionnement, les Romains finissent par assimiler ces Cénomans à la culture romaine.

 

Ces migrations sont en lien avec l’opposition grandissante entre Étrusques et Romains. Il faut aussi prendre en compte les relations économiques anciennes entre le monde gaulois et le monde méditerranéen (Étrusques et Grecs par exemple). On sait que même avant les Gaulois, les populations de l’Âge du Bronze commerçaient déjà avec les Grecs.

 

Des liens :

Les Cénomans de Cisalpine

6. Conclusion

Assez rapidement après la conquête romaine, on verra les Aulerques Cénomans adopter le modèle romain même s’ils gardent certaines traditions gauloises. En fait il semble que le modèle économique romain soit en réalité une adaptation aux compétences locales et que pour les agriculteurs et artisans gaulois, l’Empire romain correspond surtout à l’extension d’une aire économique qui permet de développer les activités. Quant aux élites politiques, elles se sont elles aussi adaptées au nouveau fonctionnement. Aujourd’hui dès que vous prononcez le mot « Le Mans », vous dites en réalité « Cénomans » ; comme quoi ces Gaulois sont toujours présents.

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17 août 2022 3 17 /08 /août /2022 10:40

3. Les Cénomans et le métal

a. La sidérurgie gauloise

Ce sont le fouilles réalisées lors d’opérations archéologiques préventives (autoroute A28, Ligne à Grande Vitesse, etc.) qui ont apporté la plupart des connaissances dans le domaine de la sidérurgie gauloise. Les découvertes permettent de montrer l’intégralité de la chaîne opératoire et la grande maîtrise des Cénomans en ce domaine. Mais il est difficile de savoir à qui appartenaient ces mines de fer et les activités sidérurgiques. Certains ont avancé l’idée d’une aristocratie gauloise qui contrôlait la production et la commercialisation ; mais il faut bien admettre que les liens entre la sidérurgie et les domaines mis en évidence lors d’opérations archéologiques ne sont pas étayés. Par ailleurs, on pense que les débuts de l’activité métallurgique (sans doute au VIIIème siècle av. J.-C.) étaient plutôt aux mains d’une aristocratie pour une consommation également aristocratique ; puis plus tard (Vème s. av. J.-C. ?) , avec la meilleure maîtrise de la production, la consommation du fer se généralise.

Les sites importants de la sidérurgie gauloise en France

Les sites importants de la sidérurgie gauloise en France

La zone au nord du Mans est traversée par diverses infrastructures autoroutières et ferroviaires. L’avantage est que plusieurs fouilles archéologiques ont permis de mettre en évidence une activité métallurgique avec ses différentes phases d’élaboration. C’est le cas par exemple sur les communes de Neuville-sur-Sarthe, La Bazoge, etc. Il faut cependant envisager de nombreux autres sites en Sarthe comme le montrent les prospections archéologiques.

On possède toutes les phases de l’activité métallurgique depuis l’extraction du minerai jusqu’à la production de fer. On extrait la matière première soit par un système de fosses si le fer n’est pas très profond, soit par un réseau de galeries de mines en cas de présence plus profonde. Plusieurs sites au nord du Mans ont ainsi montré comment s’organisaient les sites miniers gaulois. Par contre les informations sur la vie des mineurs sont très ténues.

Les bas fourneaux, en partie creusés dans le sol, sont en argile et font en général moins d’un mètre de diamètre. Ils sont souvent concentrés sur une même zone. Par exemple, sur une superficie d’environ 700 m² le site de Touzeau à Aigné a révélé la présence d’une centaine de fours. Cette présence intense de fours observée sur plusieurs sites laisse à penser que ces productions n’étaient pas destinées qu’à des usages locaux.

Dans ces fours, on alterne des couches de charbon de bois et de minerai de fer concassé. Après la réduction, on obtient une masse de fer qu’il faut ensuite épurer par forgeage. Cette masse de fer est conditionnée sous la forme de barres bipyramidales pouvant peser jusqu’à 7 kg ou de currency-bars. Le fer produit a différents usages : outillage agricole, quincaillerie, transport, armement, etc.

 

 

Quelques liens :

Un habitat de forgerons gaulois à La Milesse

La transformation du minerai de fer à La Milesse

Un atelier de sidérurgie antique à Neuville sur Sarthe

Un aperçu sur l’activité métallurgique antique en Sarthe

Un article où l’on parle de la métallurgie en Sarthe

La métallurgie du Bas-Maine mais aussi du Haut-Maine

La Milesse Journées Archéologiques 2012

L'activité métallurgique gauloise en Sarthe, Musée Jean Claude Boulard Carré Plantagenêt

L'activité métallurgique gauloise en Sarthe, Musée Jean Claude Boulard Carré Plantagenêt

Reconstitution d'un bas fourneau, Musée Jean Claude Boulard Carré Plantagenêt

Reconstitution d'un bas fourneau, Musée Jean Claude Boulard Carré Plantagenêt

Une trace archéologique de la fonte du minerai de fer

Une trace archéologique de la fonte du minerai de fer

Un fond de bas fourneau

Un fond de bas fourneau

Scories coulées

Scories coulées

Productions métallurgiques gauloises, Musée Jean Claude Boulard Carré Plantagenêt

Productions métallurgiques gauloises, Musée Jean Claude Boulard Carré Plantagenêt

b. Le monnayage cénoman

Comme d’autres peuples gaulois, les Cénomans ont fabriqué leur propre monnaie. Ces monnaies gauloises s’inspirent fortement du monnayage grec macédonien. Les monnaies d’or, dont les plus anciennes remonteraient au IIème siècle av. J.-C. ; représentent au droit une tête chevelue de profil. Au revers, un cheval ailé androcéphale mené par un aurige et piétinant un personnage au sol. Ce monnayage d’or est sans doute plus un instrument de prestige que de commerce. On peut penser qu’il serve de système de récompense dans des relations entre individus importants, ou encore de don prestigieux dans le cadre d’accords politiques.

Plus tard, sans doute au début du Ier siècle av. J.-C., les Cénomans produisent des monnaies d’argent. Et il existe également de petites monnaies coulées dites potins, dont un moule a été découvert à Yvré l’Evêque sur le site du Grand-Aunay.

Une des questions qui intriguent certains archéologues est la provenance de cet or. Il est possible que des gisements aient été exploités dans le sud de la Mayenne mais également dans la région de Rouez en Champagne (Sarthe).

Il faut également préciser que l’on trouve chez les Cénomans des monnaies venant d’autres peuples gaulois, essentiellement voisins.

 

Des liens :

La fabrication des monnaies celtiques

Un fil twitter des Musées du Mans sur le monnayage cénoman

Les monnaies gauloises de l’Orne, de la Mayenne et de la Sarthe, approches typologique, analytique et territoriale

 

Monnaies cénomanes en or, Musée Jean Claude Boulard Carré Plantagenêt

Monnaies cénomanes en or, Musée Jean Claude Boulard Carré Plantagenêt

Le trésor dit des Sablons, Musée Jean Claude Boulard Carré Plantagenêt

Le trésor dit des Sablons, Musée Jean Claude Boulard Carré Plantagenêt

Rappel de la loi sur la protection du Patrimoine Archéologique :

Art. L. 542-1 - Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d'objets métalliques, à l'effet de recherches de monuments et d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche.

A suivre : Les Cénomans de Cisalpine

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2 août 2022 2 02 /08 /août /2022 07:41

4. Les traces laissées par les Cénomans en Sarthe

On trouve de très nombreuses traces archéologiques des Aulerques Cénomans en Sarthe. Certains sites ont seulement été repérés par prospections pédestres ou aériennes, d’autres ont été fouillés.

 

2. Quelques sites ruraux gaulois en Sarthe

Grâce à l’archéologie aérienne, on connaît de très nombreux sites agricoles fossoyés. Mais en l’absence de fouilles, il est difficile de déterminer si ces sites sont gaulois ou gallo-romains, même si parfois il y a une certaine continuité.

Avessé (Sarthe)

Avessé (Sarthe)

Coulombiers (Sarthe)

Coulombiers (Sarthe)

Les Mées, Thoigné (Sarthe)

Les Mées, Thoigné (Sarthe)

Saint-Calais (Sarthe)

Saint-Calais (Sarthe)

Sainte-Cérotte (Sarthe)

Sainte-Cérotte (Sarthe)

On a tout de même quelques sites qui ont été fouillés lors d’aménagements (autoroutes, LGV, etc.) et qui fournissent donc des indications chronologiques quant à l’occupation de ces structures rurales agricoles.

Ainsi lors des travaux sur l’A28 au niveau de la commune de Vivoin plusieurs sites gaulois ont été fouillés, mais comme les décapages ne se font que sur l’emprise du tracé autoroutier les informations restent assez parcellaires. Cependant la synthèse de ces diverses opérations permettent de voir que nous sommes en présence de bâtiments en bois protégés par des séries de fossés et dont l’essentiel du matériel archéologique est composé de céramiques utilitaires. Le site le plus complet sur la commune de Vivoin est celui de la Petite-Nèmerie dont certains vestiges sont antérieurs à l’époque gauloise. Mais concernant l’occupation laténienne, plusieurs bâtiments semi-circulaires ou rectangulaires sur poteaux ont été mis en évidence ; là encore le matériel archéologique est essentiellement composé de céramique utilitaire. Il faut noter également la mise en évidence d’un réseau de chemins qui montre une structuration de l’espace.

Vivoin (fouilles Bruno Aubry)

Vivoin (fouilles Bruno Aubry)

Le site du Grand-Aunay à Yvré-L’Evêque est plus ambigu. Les fouilles archéologiques réalisées en 1997 ont révélé une structure quadrangulaire fossoyée couvrant une superficie d’environ 7000 m2. Situé à proximité immédiate de l’Huisne, cet enclos évoque une structure agricole classique comme on en connaît tant d’autres en Sarthe. Le lieu est au pied de la butte d’Auvours dont un des lieux-dits, sur la commune de Champagné, s’appelle « Verdun » ; or ce toponyme est typiquement gaulois. Par contre, le mobilier archéologique est plus élaboré que celui découvert dans d’autres fermes gauloises. Les archéologues ont par exemple mis au jour des fragments de moules monétaires, ce qui tendrait à prouver que cette « ferme » était aux mains d’un personnage d’une certaine importance juste avant l’implantation de l’administration romaine.

Yvré L'Evêque (Sarthe), Le Grand Aunay

Yvré L'Evêque (Sarthe), Le Grand Aunay

La nécropole des Truberdières à Ecommoy a livré une quinzaine d’enclos funéraires situés entre le VIème s. et le IVème s. av. J.-C. Mais le site contient peu de mobilier : de rares objets en métal (fibule et bracelets), de la céramique liée aux inhumations. La fouille n’a pas pu déceler de traces d’habitat dans l’emprise.

 

A Saint-Corneille, le site de la Chapelle a livré quelques traces de bâtiments agricoles de la fin de l’époque gauloise et semblant appartenir à une ferme dont la zone résidentielle était en dehors de l’emprise de l’aménagement de la LGV.

 

Le site des Nouis à Coulans-sur-Gée a permis de fouiller presque en intégralité une ferme gauloise qui paraît avoir été abandonnée au commencement du Ier s. av. J.-C. Un vaste enclos polygonal, entouré d’un talus à l’origine délimite la ferme. On y entrait du côté Est par un grand portail qui devait montrer l’importance du propriétaire. On pénètre alors dans une première cour puis ensuite dans l’enclos intérieur où se trouvaient les habitats. On a trouvé à proximité des fours pour une activité métallurgique et datés du VIIIème s. au Vème s. av. J.-C. mais sans que l’on puisse affirmer qu’il y ait un lien avec la ferme.

Coulans Sur Gée (Sarthe), fouilles Eric Mare

Coulans Sur Gée (Sarthe), fouilles Eric Mare

Lors de la construction de la LGV, toute une séquence d’occupation a été mise au jour au lieu-dit Bas de Braie à Fontenay sur Vègre. Pour ce qui nous intéresse ici, les archéologues ont repéré un cheminement gaulois, un habitat avec une maison sur poteaux ainsi qu’un grenier pour le stockage des céréales, et un enclos cultuel ou funéraire.

 

A Lavernat, le site de Vau Blanchard a été fouillé en 2006. Il s’agit d’un vaste enclos trapézoïdal d’environ 6500 m2 dont l’occupation remonte à la fin de l’époque gauloise et qui a perduré à l’époque romaine. Les vestiges sont assez rares ; à l’intérieur de l’enclos deux bâtiments sur poteaux ont été identifiés. Les archéologues ont émis l’hypothèse qu’il s’agissait là d’une modeste ferme familiale.

 

Cela montre également que les Cénomans ne vivaient pas dans des zones très boisées. Les études sur les graines mais également sur les ossements tendent à prouver que les paysages étaient très ouverts avec une gestion de territoires essentiellement composés de champs et déjà structurés par des chemins.

Rappel de la loi sur la protection du Patrimoine Archéologique :

Art. L. 542-1 - Nul ne peut utiliser du matériel permettant la détection d'objets métalliques, à l'effet de recherches de monuments et d'objets pouvant intéresser la préhistoire, l'histoire, l'art ou l'archéologie, sans avoir, au préalable, obtenu une autorisation administrative délivrée en fonction de la qualification du demandeur ainsi que de la nature et des modalités de la recherche.

A suivre : Les Cénomans et le métal

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25 juillet 2022 1 25 /07 /juillet /2022 08:17

4. Les traces laissées par les Cénomans en Sarthe

On trouve de très nombreuses traces archéologiques des Aulerques Cénomans en Sarthe. Certains sites ont seulement été repérés par prospections pédestres ou aériennes, d’autres ont été fouillés.

 

1. Les lieux gaulois complexes

a. Allonnes

Le site archéologique d’Allonnes est connu depuis le milieu du XVIIIème siècle, mais il faut attendre les années 1950 et les travaux de Pierre Térouanne pour que la présence gauloise soit attestée par les fouilles.

On connaît assez bien les vestiges de l’époque romaine avec ses temples, thermes, habitats, etc. même si le développement urbain des années 1960/1970 a sans doute rasé une bonne partie des vestiges antiques. Pour ce qui est des vestiges gaulois, ce sont les fouilles sur le site de la Forêterie (bois de Chaoué ou encore bois du Marin) qui ont révélé une occupation de l’époque de La Tène (Vème siècle au Ier siècle av. J.-C.). Il s’agit manifestement d’un lieu de culte antérieur au temple romain de Mars-Mullo et composé d’une palissade de bois qui semble entourer une série de petits édifices rectangulaires ou circulaires également en bois. On a trouvé dans cette zone cultuelle essentiellement des pièces d’armement (épées, fourreaux d’épées, boucliers, etc.) ainsi que des monnaies et, en moindre quantité, des éléments de parures (fibules, anneaux, etc.).

Après la guerre des Gaules, le site sera totalement réaménagé avec d’importants terrassements pour y installer d’abord un fanum (petit temple de plan carré), puis au IIème siècle on édifiera un immense sanctuaire.

Par contre, il est actuellement difficile de dire si ce sanctuaire gaulois s’intégrait dans un ensemble aménagé plus conséquent. Les fouilles menées au lieu-dit le Grand Chêne au milieu des années 2010 montrent bien une occupation gauloise à partir du IIème siècle av. J.-C. mais cela correspond d’avantage à un site rural avec une petite activité métallurgique. A noter que l’espace ouest de la commune d’Allonnes est occupé par plusieurs enclos dont certains ont été fouillés et semble plutôt appartenir au monde agricole.

 

Des liens :

Le Centre archéologique et le sanctuaire gallo romain Mars Mullo d'Allonnes

Une reconstitution du temple romain d’Allonnes

Un article de Pierre Térouanne

 

Allonnes (Sarthe), sanctuaire de Mars Mullo. Sous l'édifice romain se trouvent les vestiges gaulois.

Allonnes (Sarthe), sanctuaire de Mars Mullo. Sous l'édifice romain se trouvent les vestiges gaulois.

Pièce d'armement gaulois trouvées sur le sanstuaire de Mars-Mullo (dessin T. Lejars)

Pièce d'armement gaulois trouvées sur le sanstuaire de Mars-Mullo (dessin T. Lejars)

Une des fouilles de la Zac du Monné à Allonnes (direction Antoine David)

Une des fouilles de la Zac du Monné à Allonnes (direction Antoine David)

b. Oisseau-le-Petit

Il paraît opportun de relier la fortification de Gesnes-le-Gandelin au site archéologique d’Oisseau-le-Petit.

On trouve à l’Est de la commune de Gesnes le Gandelin, dans le nord de la Sarthe, un lieu champêtre nommé la butte de Saint Evroult. Il s’agit d’un éperon rocheux enserré d’un coté par le ruisseau de l’Aune et d’un autre par le ruisseau de Champ Rouable. Le site, d’environ 3 ha, est protégé par un rempart sur sa partie nord ainsi qu’à l’ouest et au sud. A l’est, c’est le cours du ruisseau de Champ Rouable, situé une trentaine de mètres en contrebas, qui sert de protection. Au milieu de cette structure archéologique se trouve une chapelle dédiée à saint Evroult ; on dit de cette chapelle qu’elle est d’époque romane. Il est d’ailleurs possible que l’actuelle chapelle ne soit qu’une partie d’un ensemble plus important.

Le site est connu depuis longtemps et était considéré au XIXème siècle comme un camp gaulois ou encore comme un oppidum. Il a fait l’objet de fouilles archéologiques entre 1988 et 1990 par Claude Lambert et Jean Rioufreyt. La coupe du rempart a montré divers états allant de l’âge du bronze jusqu’à l’époque carolingienne. Il est à noter parmi le mobilier archéologique découvert la présence de graines (blé, lentille, vesce, etc.). Un sondage a mis en évidence du matériel de la fin de l’époque gauloise (amphores, céramique utilitaire). Enfin du mobilier d’époque carolingienne a également été découvert. Il faut bien sûr mettre en lien l’oppidum de Saint Evroult avec l’occupation antique de la commune voisine de Oisseau-le-Petit. Le site a été classé en 1982.

Et à l’Est de ce site, celui d’Oisseau-le-Petit ne semble pouvoir être dissocié du camp fortifié de Saint-Evroult. La plaine des Noiras est connue depuis le début du XIXème siècle et on évoque même la possibilité que Oisseau soit la capitale du peuple gaulois des Esuviens. Il faut attendre le dernier quart du XXème siècle pour voir réapparaître des éléments de recherches archéologiques. Le site romain se superpose à des structures gauloises telles que des enclos. Cependant, il est encore difficile de nos jours de comprendre la nature globale de cette occupation gauloise. Il manque des fouilles sur de larges étendues ; ce sont sans doute elles qui permettraient de mettre en évidence des structures d’habitats qui pourraient alors être en lien avec les enclos et l’abondance et la variété du matériel archéologique trouvé.

 

Des liens :

A propos de Oisseau-le-Petit

Gesnes le Gandelin (Sarthe), relevé de la fortification de la Saint-Evroult.

Gesnes le Gandelin (Sarthe), relevé de la fortification de la Saint-Evroult.

Gesnes le Gandelin (Sarthe), le rempart de la forticication de Saint-Evroult.

Gesnes le Gandelin (Sarthe), le rempart de la forticication de Saint-Evroult.

Gesnes le Gandelin (Sarthe), la coupe du rempart nord lors des fouilles.

Gesnes le Gandelin (Sarthe), la coupe du rempart nord lors des fouilles.

Oisseau le Petit (Sarthe), le fanum romain est implanté sur un site gaulois.

Oisseau le Petit (Sarthe), le fanum romain est implanté sur un site gaulois.

Oisseau le Petit (Sarthe), un temple romain au milieu d'un vaste enclos gaulois.

Oisseau le Petit (Sarthe), un temple romain au milieu d'un vaste enclos gaulois.

c. Aubigné-Racan

Le site archéologique dit de Cherré sur la commune d’Aubigné-Racan est surtout connu pour ses vestiges romains toujours visibles. Mais les fouilles menées par Claude Lambert et Jean Rioufreyt ont permis de démontrer qu’il y avait une occupation bien antérieure attestée par la présence de tumulus avec des urnes à incinération et par la découverte d’armements gaulois (essentiellement IIIème et IIème s. av. J.-C.) mais aussi de « currency bar » (lingots de fer) dans une zone qui pourrait être en lien avec un sanctuaire.

A un peu plus d’un kilomètre au sud du site de Cherré se trouve la fortification du Vaux surplombant le Loir ; elle fut d’abord occupée au Néolithique puis à l’âge du Bronze et enfin à l’époque gauloise. Mais c’est à cette dernière époque que fut installé un rempart de terre et de pierre complété par une palissade de bois. Il faut sans doute mettre en lien cette fortification avec la nécropole de Cherré et quelques enclos connus dans le secteur.

Il est cependant bien difficile de déterminer la nature de ce site gaulois.

 

Des liens :

La page Wikipédia du site de Cherré

Un petit compte-rendu sur le dépôt gaulois

Aubigné-Racan (Sarthe), des pièces d'armement gaulois (dessin T. Lejars)

Aubigné-Racan (Sarthe), des pièces d'armement gaulois (dessin T. Lejars)

Aubigné-Racan (Sarthe), urnes funéraires provenant des tumulus

Aubigné-Racan (Sarthe), urnes funéraires provenant des tumulus

d. Le Mans

Le passé gaulois du Mans reste une énigme. Autant on a une vue correcte de la ville romaine, autant la présence gauloise qui devrait correspondre à un chef-lieu de cité est plus que ténue. Il faut dire que les observations faites au XIXème siècle sont difficilement utilisables à cause de la disparition du matériel archéologique mais aussi à cause de la méconnaissance de la période et donc de l’interprétation faite des découvertes. En fait, on possède juste un élément décoratif trouvé par Joseph Guilleux en 1977 mais dans un contexte stratigraphique perturbé ; cet embout (élément de bouterolle ? élément de sangle ?) serait daté du Vème s. ou IVème s. av. J.-C.

Ceci-dit, il existe cependant certains indices. Ainsi les fouilles menées aux Jacobins en 2010 par Pierre Chevet ont mis au jour une occupation du milieu du Ier siècle av. J.-C. Les recherches ont permis de découvrir un habitat gallo-romain et un sanctuaire dans la vallée d’Isaac. Mais pour ce qui nous intéresse ici, les niveaux plus anciens ont montré des constructions sur solins ainsi que des fours. Malheureusement l’étude n’a pu être poussée plus avant et il est difficile d’en dire plus pour cet indice de présence gauloise.

 

Des liens :

Le Mans – Place des Jacobins

A suivre : Les sites ruraux gaulois en Sarthe

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