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3 mars 2024 7 03 /03 /mars /2024 12:22

La métairie de la Livardière à Fillé sur Sarthe (Sarthe)

 

1676 : Pierre Paigeot, marchand demeurant au château du Grochenay, procureur de Jean Leboindre (conseiller au Parlement, seigneur du Grochenay, Fillé, Spay, Buffes, la Beunêche et autres lieux) passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Pierre Benoist, laboureur.

Le locataire doit payer 200 livres par an.

 

Laboureur (n. m.) : Terme qui revient très fréquemment dans la région de La Suze alors que le mot « métayer » est peu utilisé. Le laboureur est un exploitant agricole qui est plus important que le bordager ; il exploite une métairie.

 

Métairie (n. f.) : grosse ferme exploitée par un métayer ; elle est plus importante qu’un bordage. Dans la région de La Suze, ce n’est pas le faire-valoir qui différencie une métairie d’un bordage mais plutôt la superficie, la métairie occupant une plus grande superficie.

Acte de bail de 1676 (Source AD72)

Acte de bail de 1676 (Source AD72)

1693 : Françoise Bechefert, veuve de monsieur Leboindre (doyen au Parlement, seigneur du Grochenay et autres lieux) demeurant à Paris paroisse de St Sulpice, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Jean Blanchard, laboureur.

Le locataire doit payer 200 livres par an et fournir 1 couple de chapons paillés à la Toussaint portés au château du Grochenay.


 

1735 : Marie Françoise Catherine Doujat, femme de Jean Baptiste Leboindre (conseiller en la grande chambre du Parlement de Paris, chevalier, seigneur du Gros Chesnay, Buffes, Spay, Fillé, la Beunêche, Vauguion et autres lieux), demeurant à Paris rue et cul de sac Saint Dominique quartier Saint Michel paroisse Saint Jacques du Haut Pas, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Pierre Tuffière, laboureur.

Le locataire doit payer 160 livres par an. Il doit fournir 6 bonnes poulardes grasses à Noël rendues au château du Gros Chesnay.


 

1741 : Jean Joseph Leboindre, chevalier, baron de la Beunêche, seigneur du Grochenay, Buffes, Spay, Fillé, Vauguyon et autres lieux, conseiller au Parlement, demeurant rue St Dominique, quartier St Michel, paroisse St Jacques du Haut Pas, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Pierre Tuffière, laboureur.

Le locataire doit payer 165 livres par an et fournir 6 bonnes poulardes grasses à Noël, 8 livres de beurre frais, 1 charrois au Mans.

 

La livardière et son environnement (carte de Cassini, 1765)

La livardière et son environnement (carte de Cassini, 1765)

1748 : Jean Joseph Leboindre, chevalier, seigneur de Vauguyon, Grochenay, Buffes, Spay, Fillé, Guécélard, Roézé et autres lieux, conseiller du roi au Parlement, demeurant à Paris rue St Dominique paroisse St Jacques du Haut Pas, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Pierre Tuffière, laboureur.

Le locataire doit payer 160 livres par an et fournir six bonnes poulardes grasses à Noël.


 

1754 : Jean Joseph Leboindre, baron de la Beunêche, seigneur de Vauguyon, Buffes, Grochenay, Spay, Fillé, Guécélard, Roézé et autres lieux, conseiller au Parlement, demeurant rue St Dominique quartier St Michel paroisse St Jacques du haut, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Pierre Tuffière.

Le locataire doit payer 175 livres par an et fournir 6 bonnes poulardes grasses à Noël.


 

1762 : Louis François Daniel de Beauvais écuyer seigneur de Grochenay, Buffes, Spay, Fillé, Vauguyon, La Beuneiche et autres lieux,  demeurant ville du Mans paroisse St Nicolas, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Pierre Tuffière.

Le locataire doit payer par an 170 livres et fournir 1 oie grasse et 4 poulardes grasses à Noël, 6 livres de beurre frais et 1 charrois au Mans.

Carte de Cassini, 1765

Carte de Cassini, 1765

1777 : description des terres de la Livardière

 : 21

LIEU DIT : La Livardière

TYPE : Métairie

SUPERFICIE : 4067.72 ares

ORGANISATION INTERNE :

63.5 journaux = bâtiments, cours, jardin, terres labourables, pâturages

18 hommées de prés

QUALITE DES FONDS : mauvais et médiocre

VALEUR TOTALE : 173 livres 5 sols

PROPRIETAIRE : De BEAUVAIS

RESIDENCE : Le Mans

PROFESSION : Noble

LOCATAIRE : Pierre TUFFIERE

PROFESSION : Métayer

 

 

 

 

 

1794 : La citoyenne Marthe Plumard veuve de feu Louis François Daniel de Beauvais demeurant ville du Mans baille au citoyen René Mauboussin cultivateur la métairie de la Livardière.

Le locataire doit payer par an 432 livres et fournir 4 poulets, 4 poulardes grasses, 1 oie grasse, 20 livres de beurre, 3 charrois au Mans.


 

1801 : Marthe Plumard, veuve de Louis François Daniel de Beauvais et demeurant Ste Croix Les Le Mans, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à René Mauboussin, cultivateur.

Le locataire doit payer 432,50 francs par an. Il doit aussi faire 3 charrois jusqu’au Mans ; il doit fournir 4 poulets, 4 poulardes grasses, 1 oie grasse, 30 livres de beurre.

Cadastre, 1810

Cadastre, 1810

Cadastre 1844

Cadastre 1844

1832 : La métairie de la Livardière, située communes de Fillé-Guécelard et Voivres, sur le bord de la grande route du Mans à la Suze, faite valoir par le sieur Mauboussin, composée de bons bâtiments, de 46 journaux de terre labourable, 20 hommées de pré, 4 journaux de pâture, cours et jardins, est à vendre.

Vue aérienne (1949)

Vue aérienne (1949)

Vue aérienne après l'implantation des carrières (cliché de 1990)

Vue aérienne après l'implantation des carrières (cliché de 1990)

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20 janvier 2024 6 20 /01 /janvier /2024 21:41

Registre paroissial de Voivres – année 1787

Lorsque la divine providence nous appella a la conduite de cette
Paroisse le 15 mai 1773 nous vimes avec douleur que le temple
Du Seigneur avoit été négligé d’un tems immemorial qu’il tomboit en
Ruines manquant absolument de tout. Des masses de pierres brutes
Composoient les autels il n’y avoit ni ornemens ni linges point de livres
Un mur servoit d’appui de communion elle n’etoit point lambrisée il n’y
Avoit que trois croisés trois mauvaises portes deparés sur le point en un
Mot tomber tout avoit besoin de reconstruction n’ayant aucun
Revenu a nottre fabrique nous ne pouvions en esperer aucun secours
Nottre cœur etoit dans l’opprestion nous formames des lors le projet
De retablir la maison du Seigneur nous comencames par faire des
La premiere annee plafond le cœur le chancel et la nef de l’eglise
Nous fimes faire un pulpitre et achetames les livres de chant.
Les chappes, la banniere les linges et autres ornemens furent fournis
Quelques tems après. Nous comuniquames au seigneur de cette paroisse
Aux patrons, propriétaires et habitans le projet de faire reconstruire
Les trois autels nous ayants promis de nous aider je recues des
Susdits la somme d’environ 1300tt. Les habitans firent les voitures
Gratis cette somme etoit bien mince pour entreprendre un ouvrage
Qui devoit couter environ 3500tt avec un revenu aussi modique que
Celuy de la cure de Voivres sans patrimoine nous resolumes des
Lors de mettre la main a l’œuvre. Le 27 xbre 1786 la premiere
Pierre du grand autel fut placée avec solennité par maitre
Gui Jacques Livré chanoine sindic de l’eglise roiale de St Pierre
La Cour Sainte Chapelle du Mans au nom des doyens chanoines et
Chapitre de laditte eglise patrons de cette paroisse (cette 1ere
Pierre est derriere le tabernacle) les deux petits autels furent
Elévés en même tems les fonts baptismaux, les benitiers, les
Credences furent placés dans le même tems. Les portes furent relargis
Et faites a neuf. On fit trois croisés neuves et les vitraux des
Autres remis a neuf ; le tabernacle et les statue renouvellés
Le sanctuaire et la sacristie baissés de 18 pouces. Lappui
De communion en fer posés. Toutte leglise carrelée a neuf
Tous les bans neufs et uniformes, le cœur qui ne faisoit qu’un
Avec le chancel et la nef fait a neuf. La banquette pour asseoir
Le prêtre, les cartons de l’autel les six chandelliers argentés, les
Tabourets pour les chantres une superbe aube tout fut fourni
Au même tems. Tout etait achevé a la fin du mois de juillet
1787. Le cinq aoust suivant jour de la fête patronale de
Cette eglise les formalités en pareil cas requises et duement observées
La benediction des trois autels de cette paroisse fut faitte par
Messire Jacques Nepveu de la Manouilliere prêtre chanoine
De l’eglise du Mans et en presence de messire René d’Aux
Chevalier seigneur des paroisses de Chemiré, Louppelande, St Benoist,
Etival et Voivres (marquis d’Aux), lequel faisant pour la premiere fois son entrée
Dans laditte eglise fut receu a la grande porte d’ycelle et com
Plimenté par mondit sieur abbé Nepveu et conduit dans
La chapelle de St Pierre par tout le clergé chantant l’himne
Te Deum. Le seigneur etoit accompagné de sa famille savoir
Mesdemoiselles Renée, Agathe, Sophie et Mélanie d’Aux
Ses filles, de Mlle Olivier et encore en presence et assistance
De messire Daniel de Beauvais ecuyer seigneur de Fillé, Spai, Roisé
Le Groschesnaie, de dame Adélaide Victoire Daniel de Beauvais
Demoiselle epouse de messire de Fontaine chevallier seigneur
Baron de St Victeur, de messire de l’Estangt seigneur de Chantenai
Avocat du Roi au sièges présidial et sénéchaussée du Mans
De messieurs maitres Louis Quiet curé de Pruillé, René Moreau
Curé de Fay, René Bruneau curé de Spay, Jacques Achard curé
De Fillé, Pierre Lejariel du Bari curé de Roissé et La Suze
Nicolas Lebaron curé de Fercé, Louis Branchu curé de Chemiré
Jacques Lecoutteux curé de Maigné, René Peron curé d’Etival
Les Le Mans, Gui Jacques Livré et Guillaume Savare mon frere
Chanoines de l’eglise Roiale de St Pierre la Cour Ste Chapelle
Du Mans, de Jacques Tuffier diacre de l’eglise du Mans, de Julien Blin
Principal du collège de La Suze, de Françoise Gourdin epouse de
Defunt Francois Savare ma mere, de Gervais Savare mon frere
Ancien receveur des aides de Brissac et d’une multitude innombrable
De peuple des paroisses circonvoisines et de maitre René Nicolas
Savare curé de laditte paroisse qui a signé le present
le six janvier 1788
R. N. Savare c. de Voivres
Et pour perpetuer la memoire de la presente erection et rénovation
D’autels nous transcrivons a la suitte dudit verbal une piece de vers
A nous adressée par monsieur maitre Bellanger curé de St Georges
Du Plain et prononcé en presence de nos confreres lesquels ont
Requis la presente déliberation

Carte postale ancienne montrant l'église de Voivres au début du XXè siècle

Carte postale ancienne montrant l'église de Voivres au début du XXè siècle

Ad Rectorem

Ergo tuum completur opus, dignissime Rector,

Ara nitet curis aedificata tuis !

Quam tibi grata dies lucet ! Quam pura voluptas

Pertentat pectus, dulcis amice, tuum !

Applaudunt operi, acclamant juvenesque, senesque,

« Divine ornatum diligit ille domus,

Hic pius exornat templum, pius erigit aras. »

Urget te studium nobile, sanctus amor.

O factum egregium, longi memorabile secli !

Grex tibi commissus, jubilat, ardet, ovat.

Ut tibi meritas gestit persolvere grates

Et vota et memori pectore promit, amans.

Jungimur et turbae concordes, fausta precari

Una est vox cunctis, omnibus unus amor.

« Vivat is extinctum dilectus pastor in aevum.

Vivat is laetos et sine nube dies.”

Une tentative de restauration maladroite du maître-autel en 2005.

Une tentative de restauration maladroite du maître-autel en 2005.

René Nicolas Savare : Comme il le dit lui-même, il prend la cure de Voivres le 15 mai 1773. Il succède ainsi à Jacques Goussault décédé le 4 mai 1773 à l’âge d’environ 52 ans. Lors de « l’arrangement des registres des baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse de Voivres » au presbytère le 17 mai, René Nicolas Savare est présent. Le 19 mai 1773, il rédige son premier acte dans les registres paroissiaux.

Signature du curé Savare dans les registres paroissiaux de Voivres

Signature du curé Savare dans les registres paroissiaux de Voivres

Entre le 24 et le 29 mai 1773 se déroule la vente des biens du curé Goussault. René Nicolas Savare y achète quelques biens :

 

2 crémaillères et 1 crémaillon de fer pour la somme de 2 livres.

1 paire de chenets avec 1 paire de pinces, 1 pelle à feu et 1 tire marrons pour la somme de 3 livres 19 sols.

1 gril pour la somme de 1 livre 13 sols.

1 gril, 1 rôti pain, 1 broche à percer, 1 main de fer, 1 soufflet pour la somme de 1 livre 10 sols.

1 barre de fer avec sa boule pour la somme de 3 livres.

1 devant de four en tôle pour la somme de 3 livres 3 sols.

4 coins de fer et 1 grande hache à bûcher pour la somme de 4 livres 19 sols.

1 chandelier de cuivre jaune pour la somme de 4 livres 5 sols.

1 paire de balances de cuivre avec 1 poids d’une livre, 1 autre poids de fer d’une demie livre, 1 autre poids d’un quarteron de potin pour la somme de 3 livres.

1 hachereau, 1 compas, 1 égoïne pour la somme de 1 livre 18 sols.

1 poêle à frire pour la somme de 4 livres 8 sols.

1 boîte à sel pour la somme de 2 livres 10 sols.

1 fusil pour la somme de 8 livres 1 sol.

2 mauvaises poêles à frire pour la somme de 2 livres 1 sol.

1 rôtissoire garni de ses cordes, chaînes, poulies, avec 2 broches et 1 poids de pierre pour la somme de 11 livres et 1 sol.

1 râpe à sucre, 2 lanternes, 1 cuiller à pot en fer, 2 cuillers en fer blanc et en cuivre à arroser le rôti pour la somme de 2 livres.

1 poissonnier de cuivre rouge pour la somme de 3 livres et 1 sol.

2 casses (une de terre et une de tôle), 1 garde casse en fer pour la somme de 1 livre 10 sols.

1 réchaud de cuivre rouge pour la somme de 4 livres 6 sols.

1 paire de bassinoires de cuivre rouge pour la somme de 9 livres 5 sols.

1 passette de cuivre jaune pour la somme de 2 livres 10 sols.

1 casserole de cuivre rouge pour la somme de 3 livres.

1 casserole de cuivre rouge pour la somme de 2 livres 19 sols.

1 petite casserole de cuivre rouge pour la somme de 2 livres 2 sols.

2 tourtières de cuivre jaune pour la somme de 2 livres 10 sols.

1 poêlon de cuivre jaune pour la somme de 2 livres 13 sols.

2 marmites de fonte avec 1 couvercle de tôle pour la somme de 1 livre 10 sols.

1 marmite, 1 cuiller à pot, 1 écumoire et 1 couvercle pour la somme de 2 livres 3 sols.

3 autres marmites de fonte de « peu de valeur » pour la somme de 16 sols.

1 chaudron de fonte de moyenne grandeur pour la somme de 1 livre 19 sols.

1 grand chaudron de fonte pour la somme de 7 livres.

1 mère vache sous poil rouge pour la somme de 87 livres.

1 mère vache sous poil rouge avec un veau de lait pour la somme de 83 livres.

1 taure (génisse) d’un an sous poil rouge brun pour la somme de 27 livres.

1 cheval sous poil souris avec son bas et 1 cordeau pour la somme de 50 livres.

1 selle de cheval couverte de panne bleue, 1 housse d’étoffe et 1 bride pour la somme de 28 livres et 11 sols.

1 autre selle avec sa bride et équipée de ses sangles pour la somme de 8 livres et 5 sols.

2 sangles et 1 mesure pour la somme de 1 livre et 1 sols.

1 fourche, 1 vouge, 1 pelle, 1 volant, 1 croc, 1 pelle à bêcher pour la somme de 7 livres et 1 sol.

1 fourche, 1 broc, 1 tranche, 1 croc et 1 râteau à dents de fer pour la somme de 5 livres 3 sols.

2 draps de toile commune pour la somme de 9 livres.

2 draps de toile commune de chacun quatre aulnes pour la somme de 8 livres 6 sols.

12 essuies mains de grosse toile pour la somme de 6 livres 10 sols.

2 nappes de toile commune de chacune cinq quarts pour la somme de 2 livres.

2 autres nappes pareilles aux précédentes pour la somme de 1 livre 15 sols.

2 autres nappes de toile commune pour la somme de 2 livres 7 sols.

2 draps de toile commune de trois aulnes chacun pour la somme de 4 livres et 15 sols.

6 chaises dans la cuisine pour la somme de 1 livre 10 sols.

1 grande « huge » pour la somme de 4 livres.

1 devant de feu en fonte pour la somme de 12 livres 6 sols.

1 rideau servant de portière à la cuisine avec sa vergette de fer pour la somme de 1 livre 16 sols.

1 table ployante de sapin pour la somme de 1 livre 10 sols.

1 armoire à un battant fermant à clé pour la somme de 10 livres 3 sols.

1 bois de lit garni de ses fonds avec 1 paillasse, 1 couette, 1 traversin, 3 oreillers le tout rempli de plumes mêlées, 1 couverture de laine verte, 4 rideaux, 1 dossier, 1 plafond grandes et petites pentes de damas de coq couleur bleu, 3 vergettes de fer pour la somme de 50 livres 5 sols.

2 seilles, 1 godet, 1 carreau à la cheminée et 1 à la poutre, 2 tamis, 2 triangles de fer et 1 mauvais coffre pour la somme de 1 livre 1 sol.

6 chaises de bois d’aune enfoncées de jonc pour la somme de 2 livres.

1 pelote de ficelle pour la somme de 18 sols.

12 essuies mains de grosse toile pour la somme de 4 livres 1 sol.

1 baratte liée de trois cercles de fer, 1 baratton et 1 « coulouere » de bois, 1 plat de bois et sa cuiller pour la somme de 2 livres et 17 sols.

1 pot rempli de graisse de porc pour la somme de 4 livres 6 sols.

2 fers à repasser pour la somme de 2 livres et 3 sols.

1 dessus de cloche et 1 mortier de fonte pour la somme de 11 sols.

1 garde casse pour la somme de 2 livres.

1 poêle à châtaignes, 1 garde casse de fer, le tout de peu de valeur, 3 mauvais soufflets et 1 bourriche pour la somme de 12 sols 3 deniers.

2 fers à repasser pour la somme de 2 livres 3 sols.

2 draps de toile de brin pour la somme de 8 livres 6 sols.

2 draps de toile de brin de chacun 4 aunes pour la somme de 8 livres.

100 bouteilles de verre de Rouen pour la somme de 24 livres.

1 grande paire d’armoires à deux battants en bois de noyer pour la somme de 37 livres.

1 busse de vin de la récolte dernière (fut et liqueur) pour la somme de 36 livres.

1 buffet à quatre battants et deux tiroirs en bois de poirier pour la somme de 30 livres.

1 huilier de cristal pour la somme de 1 livre 11 sols.

1 douzaine d’assiettes de faïence pour la somme de 2 livres 5 sols.

1 douzaine d’assiettes de caillou dont partie, sont fêlées pour la somme de 18 sols.

2 grands plats de caillou pour la somme de 15 sols 3 deniers.

12 assiettes de faïence pour la somme de 1 livre 15 sols.

3 plats de caillou pour la somme de 1 livre 6 sols.

3 salières de cristal pour la somme de 1 livre 8 sols.

3 petits plats de caillou pour la somme de 1 livre 8 sols.

2 saladiers de faïence pour la somme de 1 livre.

4 assiettes de caillou pour la somme de 15 sols.

9 assiettes de caillou pour la somme de 1 livre 14 sols.

12 assiettes de caillou fêlées pour la somme de 1 livre 4 sols.

1 lot d’assiettes et plats fêlés avec 1 bouteille de verre à liqueur pour la somme de 17 sols.

2 pots et 1 eraigne pour la somme de 1 livre 4 sols.

1 table de sapin avec son ployant pour la somme de 1 livre 3 sols.

2 bonnets de coton pour la somme de 2 livres 16 sols.

2 bonnets de coton pour la somme de 2 livres 9 sols.

3 paires de manchettes pour la somme de 2 livres 4 sols.

2 fûts de boisseaux, 1 pelle « fustière » et 2 cribles pour la somme de 3 livres 1 sol.

1 paire de chenets, 1 pelle à feu, 2 paires de pinces, 1 tire marrons pour la somme de 8 livres.

2 poches de grosse toile pour la somme de 1 livre 16 sols.

4 bissacs pour la somme de 1 livre 1 sol.

6 taies d’oreiller pour la somme de 3 livres 16 sols.

2 nappes de toile commune pour la somme de 3 livres.

2 nappes de toile de brin pour la somme de 3 livres 2 sols.

2 nappes pour la somme de 2 livres 10 sols.

1 nappe de 2 aulnes de toile de brin pour la somme de 2 livres 4 sols.

1 douzaine de serviettes de toile de brin pour la somme de 8 livres 10 sols.

1 grand cuvier avec sa chantepleure de potin pour la somme de 6 livres.

1 petit cuvier avec 1 baquet pour la somme de 2 livres 1 sols.

9 fûts de busses de pipes et quarts vides pour la somme de 11 livres 6 sols.

1 fût de pipe et 1 fût de busse vides pour la somme de 7 livres 6 sols.

2 poulains avec tous les chantiers de la cave, 1 grand baril à vinaigre, 1 garde manger, 1 travouil pour la somme de 3 livres.

1 fût de charnier avec du porc salé pour la somme de 13 livres 3 sols.

2 paires de harasses avec leurs cordes pour la somme de 2 livres.

1 mauvaise civière pour la somme de 16 sols.

1 câble pour monter les gerbes pour la somme de 6 livres 13 sols.

1 petite couette, 1 traversin, 1 lodier piqué servant de couverture, 1 couette, 1 traversin à taie de toile rempli de plumes de poules pour la somme de 9 livres.

1 coffre de bois de chêne fermant de clé pour la somme de 5 livres 12 sols.

1 douzaine de serviettes de toile de brin pour la somme de 9 livres 5 sols.

12 serviettes de toile de brin pour la somme de 12 livres 6 sols.

12 serviettes de toile de brin pour la somme de 19 livres 1 sol.

1 bois de lit garni de ses fonds et paillasse, 1 couette, 1 traversin, 1 oreiller le tout de couetty rempli de plumes d’oie, 1 couverture de laine blanche, 1 courtepointe d’indienne, 1 dossier, 1 plafond, des petites pentes le tout d’indienne, 4 rideaux, 3 pentes de droguet vert, 2 tringles tournantes pour la somme de 163 livres 14 sols.

100 bouteilles de verre pour la somme de 24 livres.

4 carafes et un levrier de caillou pour la somme de 1 livre 6 sols.

2 draps de toile de brin de 6 aulnes pour la somme de 17 livres 10 sols.

4 chandeliers de cuivre ou potin et 1 chandelier à main avec des mouchettes dessus pour la somme de 5 livres.

12 chaises de noyer ou guignier pour la somme de 8 livres.

8 chaises de bois de noyer pour la somme de 2 livres 10 sols.

2 dessus de table dont une a sa rallonge de sapin pour la somme de 7 livres.

1 porte à diner d’étain avec 7 mauvaises fourchettes de fer pour la somme de 5 livres.

1 mauvais van pour la somme de 2 livres.

7 mauvais carreaux avec 1 fût de quart de busse et 1 lot de douelles pour la somme de 3 livres 7 sols.

1 paire d’armoires à deux battants fermant à clé avec un tiroir en bois de chêne pour la somme de 40 livres 1 sol.

1 bois de lit garni de ses fonds et paillasse, 1 couette, 1 traversin, 1 oreiller, 1 petite baillière, deux petites couvertures de laine blanche, des rideaux d’étoffe de couleur verte, 3 vergettes de fer, le tout de peu de valeur pour la somme de 36 livres.

1 busse de vin de la récolte dernière (fût et liqueur) pour la somme de 40 livres.

1 busse de cidre (sans le fût) de la récolte dernière pour la somme de 21 livres 10 sols.

15 livres de vaisselle d’étain pour la somme de 11 livres 12 sols 6 deniers.

 

Il apparaît clairement que René Nicolas Savare s’équipe pour habiter le presbytère de Voivres. Par contre, il n’achète aucun vêtement ni livre religieux.

Le presbytère de Voivres au début du XXè siècle

Le presbytère de Voivres au début du XXè siècle

Très rapidement le curé Savare se soucie de l’état de l’église de Voivres. Ainsi le 11 juillet 1773, le général des habitants est convoqué pour savoir « si ils doivent faire lambrisser ou plafoner leur eglize qui a un besoin de l’un ou de l’autre indispensable, pour la decoration d’icelle ornement et embellissement pour le service divin ». Faute d’argent suffisant, il sera décidé de la plafonner en blanc ; les travaux seront effectués par Jean Dupuy, plafonneur originaire de la paroisse de Bouillancourt en Picardie. Il est également choisi de faire quelques travaux sur le mur du cimetière.

Intérieur de l'église de Voivres (cliché Paul Cordonnier, AD72)

Intérieur de l'église de Voivres (cliché Paul Cordonnier, AD72)

En juillet 1774, Savare demande à ce que soient abattues les ruines d’une maison dépendant de la cure afin de faire construire à la place une écurie.
 

Le 12 février 1780, le général des habitants se réunit. Pierre Ruiller, procureur et syndic de la paroisse «  a remontre aux dits habitans que le cimetiere de la dite paroisse secrouloit meme leglize est en un danger evident de secrouler aussi que leglize etant dénuée dornements convenables pour sa solemnité du service de Dieu pourquoi demande a estre authorize par lesdits habitans a employer pour les refections dudit cimetiere soutien des terres diceluy meme pour le soutien de ladite eglize … surquoy lesdits habitans ont murement confere ensemble et apres mure deliberation ils ont este d’avis et donnent pouvoir audit Ruiller leur procureur de fabrique de conjointement et de l’avis du sieur curé dudit Voevres faire faire un mur autour du cimetiere dudit lieu des escaliers pour y monter, d’achepter des chappes et autres ornements convenables … et faire conjointement et avec lagrement dudit sieur curé tout ce qui conviendra et d’y employer les deniers quil peut avoir entre les mains dont il delivrera des quittances qui luy seront allouees en decharge dans le compte quil rendra de la gestion et administration des deniers de ladite fabrique promettant avoir pour agreable tout ce quil fera pour la construction des murs dudit cimetière, la decoration de leglize et tout ce qui sera necessaire destre fait ». Là encore, le curé obtient des habitans l’autorisation de faire des travaux sur l’église.

 

Le dernier acte des registres qu’il rédige à Voivres est un baptême du 3 septembre 1791.

René Nicolas Savare décède au Mans le 25 mars 1792.

Acte de sépulture de René Savarre en 1792 (paroisse du Crucifix au Mans, AD72)

Acte de sépulture de René Savarre en 1792 (paroisse du Crucifix au Mans, AD72)

Vers 1835, le curé Bichette rédige les « Chroniques de la paroisse de Voivres ». Il apporte quelques renseignements complémentaires mais sans que l’on connaisse aujourd’hui l’origine de ses sources (peut être des documents restés au presbytère). En particulier, il signale que lors de la destruction de l’ancien autel, on aurait trouvé un squelette dans celui-ci.

 

Inauguration de la restauration du retable de Voivres en 2008

Inauguration de la restauration du retable de Voivres en 2008

Restauration du retable de Voivres (2008)

Restauration du retable de Voivres (2008)

Restauration du retable de Voivres (2008)

Restauration du retable de Voivres (2008)

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1 novembre 2023 3 01 /11 /novembre /2023 14:30

Longtemps oublié, l’édifice de la Perrière à Voivres-Lès-Le Mans a été redécouvert il y a quelques années1 ; c’est aujourd’hui une une ferme. Adossé au plateau de Louplande, il domine la vallée de l’Orne Champenoise, ancien lit de la Sarthe, où passait un cheminement ancien. Aujourd’hui, c’est la route reliant Le Mans à La Suze qui passe à cet endroit.

Cet espace géographique est occupé depuis la Préhistoire puisqu’on y a découvert des outils que l’on peut rattacher à l’époque néandertalienne. Par la suite, une villa romaine est implantée. Au Moyen-Age, le bourg de Saint-Léonard devient le siège d’une importante seigneurie dont le personnage le plus connu est sans doute Guillaume des Roches.

1 BOUTON Philippe,  Le logis de la Perrière à Voivres lès Le Mans, Bulletin de la Société d’Agriculture Sciences et Arts de La Sarthe, 1996, p.3-14

 

 

Carte de Cassini (1765)

Carte de Cassini (1765)

UN BÂTIMENT AU PLAN SIMPLE

Un grand rectangle de 16,50 m. sur 8,90 m., voilà à quoi pourrait se résumer le bâtiment de la Perrière. Une sorte de longère améliorée à laquelle on aurait adjoint deux constructions agricoles de part et d’autre. L’entrée se fait par une haute façade en roussard soutenue par trois contreforts et orientée au sud-est. Une fois passée la porte ogivale chanfreinée, on pénètre dans une grande salle éclairée par quatre fenêtres. C’est du moins la première approche que l’on peut avoir du bâtiment.

Façade sud de la Perrière

Façade sud de la Perrière

L'IMPORTANCE DES DÉCORS

Devant cette imposante façade, on devine tout de suite que ce bâtiment n’est pas ordinaire malgré sa rusticité. On a joué avec les décors, modestes certes, mais voulus. Au dessus de la porte d’entrée, entre l’arc ogival et l’arc de décharge tous deux en roussard, on a inclus un arc de pierres en calcaire. Au sommet du pignon, une fenêtre à remplage géminé surmonté d’un oculus trifolié assure l’éclairage mais montre aussi l’importance du lieu. Cette ouverture ouvragée rappelle fortement une autre fenêtre de ce type visible à Asnières-sur-Vègre (72).

Le logis médiéval de la Perrière à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)
La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

Asnières-sur-Vègre (Sarthe)

Asnières-sur-Vègre (Sarthe)

En entrant dans la grande salle, la cheminée placée sur le mur ouest, et montant à plus de 6 m. de hauteur, devait marquer le visiteur. Son contrecœur est d’ailleurs décoré de pierres en calcaire alternant des lits horizontaux et des lits en arrêtes de poisson.

Une grande et haute fenêtre à coussièges, preuve d’une certaine aisance, perce le mur sud. Malheureusement la partie haute de cette ouverture a été détruite pour permettre un meilleur accès pour l’activité agricole. En face, sur le pignon nord, la grande fenêtre du haut est composée d’une alternance de pierres de roussard et de calcaire, alors que sur la partie extérieure seul le roussard a été utilisé.

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

UN ÉDIFICE PLUS COMPLEXE QU'IL N'Y PARAIT

Cela semble évident, cette grande salle servait aux réceptions. C’est donc qu’il existait d’autres pièces. Effectivement, une porte sur le mur ouest ouvre aujourd’hui sur une étable. Arrivé dans cette pièce, on voit sur le mur deux piédroits en roussard correspondant à une cheminée adossée à celle de la grande pièce. D’ailleurs en haut le conduit est commun.

 

Pareillement, au fond de la grande pièce sur le mur Est, une porte correspondant aujourd’hui à l’accès de la cave, ouvrait sur une troisième pièce. Dans cette pièce, on voit encore les restes d’une autre cheminée. C’est également de ce côté que se trouve le puits laissant à penser que l’on pourrait être du côté des cuisines.

De même deux rangées de corbeaux en crochet sur les façades avant et arrière montrent qu’il y avait sur les pignons des auvents. On peut justement imaginer sur la façade sud, c’est à dire celle par où on accède à la grande salle de réception, une structure de type large perron ou estrade protégée par une avancée charpentée.

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

DE QUEL TYPE DE BÂTIMENT S'AGIT-IL ?

Pour certains, cet édifice était une chapelle. Ils étaient influencés par la haute fenêtre sud qui évoque l’architecture des constructions religieuses. Mais ni l’orientation, et encore moins la cheminée ne favorisent cette idée.

Pour d’autres, nous serions en présence d’une grange. Là encore, la cheminée tord le cou à cette hypothèse.

On parle aussi d’une maladrerie mais les documents des différentes époques ne parlent jamais d’une présence religieuse sur le site de la Perrière.

Reste donc la solution de l’habitat, mais un habitat pour qui ?

 

Toujours est-il qu’au XVIIIème siècle, l’édifice est à usage agricole comme le montrent les visites et montrées faites sur le lieu de la Perrière.

1790 : « Sont comparus le s(ieu)r Marin Joubert m(archan)d fermier du lieu de la métairie de la Perrière p(aroi)sse de Voivres de laquelle il est sorty du jour de St Marc dernier lad(ite) métairie apartenante à mons(ieu)r le Marquis d’Aux+, d’une part +dem(euran)t p(aroi)sse de Moncé en Belin Et François Cosnilleau lab(oureu)r fermier actuel d’icelle métairie dans laquelle il a entré led(it) jour de St Marc dernier d’autre part,

Que le ventail de la porte de la grange est garny de pentes et gonds et se ferme de clef et celuy d’entre lad(ite) grange et l’écurie se ferme avec un verrouil seulement, l’aire de lad(ite) grange est en état mais il n’y a point de seuil à la porte, sy trouve une fenestre sans ventail ny aparance dy en avoir eû, Qu’à la porte de l’étable aux bœufs il se trouve deux ventaux de porte garnis de pentes et se ferment avec un valet de fert un loquet poussier et une serrure avec sa clef, les creiches sont construites de vieux bouts de charpentes sans rateliers, le sinas est construit de onze soliveaux de vieilles charpentes et de sept morceaux du bois rond et enfoncés de quelques rameaux pour le soutien des fourages les murs sont en état ainsy que l’aire ; le ventail de la porte d’entre lad(ite) étable et la grange se ferme avec un verrouil lequel est attaché à une vieille plaque de serrure pour mémoire »

DES TEXTES RARES MAIS PRÉCIEUX

Des actes notariés des 17ème et 18ème siècles nous précisent qu’à cette époque la Perrière est une métairie appartenant aux seigneurs de Villaines à Louplande. L’édifice qui nous intéresse est qualifié de grange, fonction qu’il remplissait encore il y a quelques années. Vu le volume qu’il représente, on comprend aisément que telle fut sa fonction pendant de nombreux siècles. Mais la cheminée et les décors montrent bien que ce n’était pas sa vocation originelle.

Une deuxième catégorie de documents apporte des éléments intéressants. Ils appartiennent au cartulaire de Château du Loir[2]. Quel lien y a t-il entre Château du Loir et Voivres ? Il se trouve simplement qu’à un certain moment du moyen age, les seigneuries de Château du Loir et La Suze (ainsi que Louplande) appartiennent à la même famille.

Plusieurs textes de ce cartulaire citent le toponyme « Perrière » mais sans jamais préciser sur quelle paroisse ! Il y est question entre le 12ème et le milieu du 13ème de vassaux des seigneurs de Louplande nommés Guérin et Raoul de la Perrière. Le 29 avril 1288 Béatrix « comtesse de Dreux et de Montfort, dame de Château du Loir », baille à Jean Le Bordier l’hébergement de la Borderie à Roezé. Dans ce texte, la Borderie est dite voisine de la métairie de Guérin de la Perrière. Or, 800 mètres séparent les deux lieux.

29 avril 1288 – Contrat par lequel Béatrix de Monfort baille à Jean Le Bordier, paroissien de Roezé, l’hébergement de la Borderie, en la châtellenie de La Suze.

 

Sçachent tous presens et advenir que en nostre présence en dreit establi, Jehan Le Bordier, de la paroisse de Roezé, requenut et confessa que noble dame Béatrix, comtesse de Dreux et de Montfort, dame dou Chatiau dou Leir, li a baillié a tousjourmes et que il a prins et grantement reeu a soy et a ses heirs de ladicte comtesse, pour ung muy de seigle, a la mesure de La Suze, de anuel et perpetuel rente, le hebergement de la Borderie, si comme il se poursiet, et toutes les terres, tous les prés, toutes les pastures, tous les arbres, tous les fossez et toutes les haies appatenans audict hebergement, lequel hebergement, o toutes les appartenances devantdictes, est assis en la chastellerie de Lassuze, ez fiez à ladicte comtesse, entre la métoierie Guarin de la Perrière et la métoierie au prieur d’Oezé, en ladicte parroisse, sus l’eve que l’en appelle l’Orne si com l’en dit ; lequel blé de rente à ladicte mesure, de autressi bon blé et d’autressi bel come le meillour et le plus bel qui ou temps de checune souste seroit treuvé amendre et vendre ou pais à dous deniers manseis delasche de chacun septier, ledict Jehan promet, pour soy et pour ses hoirs, et est tenu rendre à ladicte comtesse et à ses heirs, ou chastel de Lassuse, au jour de la Toussains chacun an doresnavant, et est tenu rendre et restorer tous cous et tous dommages à ladicte comtesse et à ses heirs, se aucuns en soustenoient par defaute d’aucune souste doudict bled. Desquiex cous et dommages le baillif dou Chatiau dou Leir qui seroit au temps seroit creu tout a son plein dict sans autre preuve. Et a rendre ledict blé audict terme chacun an et les cous et les dommages, si comme dessus est dict et devisé, oblige ledict Jehan à ladicte comtesse et à ses heirs et à lor allouez sey ou ses heirs et à tous ses biens meubles et immeubles présens et avenir à prendre et à vendre. Et est tenu ledict Jehan, par la foy de son corps, que contre lesdictes chouses ne vendre, renunciant en cet faict à toute exception de fraude et de décevance et à toutes autres resons et allégations de faict et de dreit qui li porroient valoir à venir contre la tenor de cestes présentes lettres.

Et nous toutes lesdictes chouses, à la requeste doudict Jehan, sentenciaument adjugeons à tenir et entérigner par le jugement de nostre court dou Mans.

Ce fut donné le jour de joedy après le Sainct Marc l’Evangéliste, en l’an de grâce mil dous cens quatre vingt et oict.

 

Cartulaire de Château du Loir

 

OÙ L'ON AVANCE L’HYPOTHÈSE D'UN PETIT HABITAT SEIGNEURIAL

Nous serions en présence d’un rare vestige d’habitat seigneurial des 13ème et 14ème siècles du type manoir-halle. La puissance n’apparaît plus dans l’importance d’une fortification mais par une construction, certes toujours imposante, où apparaissent de nouveaux éléments tel que les décors. Le bâtiment de la Perrière pourrait être une forme primitive des manoirs qui vont se répandre après la guerre de Cent Ans. 

Il existe en Sarthe d’autres bâtiments laïcs de cette époque : Chenu, Fontenay-sur-Vègre, Les Mées, Saint-Marceau, Saint-Rémy-du-Val, Souligné-Flacé, Vezot, Vivoin, etc.

 

A noter que l’édifice a pu servir au XVIème de temple protestant ; c’est du moins ce que laisse entendre une montrée de 1740. Il faut sans doute appuyer cette idée sur le fait que Nicolas de Champagne, comte de La Suze, mort en 1567, était membre du consistoire du Mans.

Le logis médiéval de la Perrière à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)
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28 avril 2023 5 28 /04 /avril /2023 11:36

A l'occasion de l’anniversaire de la fin de la Seconde Guerre Mondiale en Europe, nous présentons ici l'exposition que nous avions réalisée et montrée dans divers lieux du département au début des années 2000. Nous mettrons plusieurs pages concernant les aérodromes américains installés en Sarthe.

Nos remerciements à tous ceux qui nous ont prêté les documents : les vétérans américains, les familles Brier, Champroux, Cosnard, Dupas, Dutertre, Gaignon, Guittet, Jarry, Lelasseux, Leroux, Lochet, Magne, Richard, Samson, Serceau, Trouvé, la Mairie de Louplande, les Archives Départementales de la Sarthe, le Service Technique de l'Aviation Civile, ainsi que ceux que nous aurions pu oublier.

Et enfin les personnes qui souhaitent en connaître plus sur la Libération de la Sarthe peuvent consulter l'imposant ouvrage de Fabrice Avoie, Sarthe, août 1944, histoire d'une Libération, 1ère édition mai 2009.

Après le démantèlement de l’aérodrome, les propriétaires et les locataires des terrains réquisitionnés peuvent obtenir des dommages.

Dès 1944, des constats sont réalisés. Ainsi le 9 octobre 1944, soit quelques jours après le départ du 406th F.G., Ch. Guellier expert à La Suze rédige un constat concernant l’exploitation de l’Oierie. On y trouve huit pages sur l’état des parcelles occupées et les dégâts causés ainsi qu’un plan à main levée de la zone.

L’inventaire est d’une grande précision. Par exemple « le champ de l’Oierie » (parcelle n° 360, section D) occupe une superficie de cinq hectares et un are. Dedans se trouvait « un trou de DCA de six mètres de diamètre et de soixante dix centimètres de profondeur » qu’il faut reboucher. Un champ « était ensemencé en betteraves espacées de soixante centimètres et vingt-quatre rangs dans une longueur de dix mètres, récolte perdue ».

Les arbres arrachés sont également inventoriés. La parcelle n° 357 de la section D était plantée de « six sauvageons de trois ans », de « sept fruitiers de trente ans, dont quatre de pommes à couteaux » soit une « perte de 250 kgs de pommes à couteau » et de « 250 kgs de pommes à cidre ». Sur une haie « il existait cinq ormeaux et quinze souches (ormeaux de 1,30 X 15,00) qui ont été abattus ». La description se poursuit sur plusieurs pages.

Août 1944 : Le devenir de l'aérodrome américain A-36 à Louplande (Sarthe)
Août 1944 : Le devenir de l'aérodrome américain A-36 à Louplande (Sarthe)
Août 1944 : Le devenir de l'aérodrome américain A-36 à Louplande (Sarthe)

Les indemnités sont assez longues à arriver. D’autant qu’il existe certains points de désaccord, voire de litige, entre les propriétaires et l’administration. Un rapport de l’ingénieur des TPE en date de mars 1948 précise qu’un devis réalisé par M. Guellier, expert, pour dommages subis s’élève à une somme de 59 799 francs. Mais après une contre expertise, cette indemnité est ramenée à 53 300 francs ; cette somme est acceptée par le propriétaire. Les dossiers d’indemnisation déposés aux Archives Départementales contiennent des courriers allant jusqu’en 1954. En effet, une loi de 1949 modifie les conditions d’indemnisation et certains exploitants ont refait des dossiers. 

De plus, on remarque, en comparant le plan américain de 1944 et les constats réalisés par les experts, que certaines déclarations ne correspondent pas à ce qui est indiqué par le plan !

 

Août 1944 : Le devenir de l'aérodrome américain A-36 à Louplande (Sarthe)
Août 1944 : Le devenir de l'aérodrome américain A-36 à Louplande (Sarthe)
Août 1944 : Le devenir de l'aérodrome américain A-36 à Louplande (Sarthe)

OÙ L’ON REPARLE D’UN AÉRODROME SUR LES COMMUNES DE LOUPLANDE ET VOIVRES !

Une étude de la DDE réalisée en 1975 envisage l’installation d’un aérodrome pour « court-courriers et charters européens ». Un plan très précis, fait sur un fond de carte IGN au 1/25000ème, nous en donne son implantation. Il est axé est-ouest sur les communes de Louplande et Voivres. Une piste de 2650 mètres sur 45 de large est prévue.

Le 16 octobre 1976, lors du congrès cantonal des maires à Souligné-Flacé, M. Le Theule, député, annonçait qu’une commission réunie à la Préfecture (8 octobre) venait de se prononcer à l’unanimité pour l’implantation d’un aérodrome à cheval sur les communes de Louplande et Voivres. Quatre sites avaient été étudiés : les sites d’Auvours, Saint Jean d’Assé, Beaufay et Louplande.

 
Août 1944 : Le devenir de l'aérodrome américain A-36 à Louplande (Sarthe)

En février 1977, « l’Association de Défense contre l’implantation de l’aérodrome Louplande – Voivres » est créée. Elle regroupe un certains nombres de personnes des communes concernées.

Août 1944 : Le devenir de l'aérodrome américain A-36 à Louplande (Sarthe)

Un courrier de Joël Le Theule, en date du 14 janvier 1977 précise l’intervention du député lors du congrès cantonal : « Si j’ai le premier évoqué cette question, lors d’une réunion des Maires et Adjoints du Canton de La Suze, c’est pour que ceux-ci prennent une position hostile. Je pense que cela n’est pas sérieux et la meilleure solution est l’agrandissement de l’aérodrome tel qu’il est ». Dans un autre courrier daté du 25 février 1977, il confirme son attitude : « Mon opposition à la construction de l’aérodrome Louplande-Voivres est totale (…). Mon objectif était d’une part d’informer les élus et d’autre part de provoquer des réactions pour éviter la réalisation de ce projet, même s’il n’est prévu que dans une quinzaine d’années, car il me paraît sur de multiples plans anti-économique ».

Le 8 mai 1978, Joël Le Theule revient sur le projet. Mais à l’époque il est Ministre de Transports. Ses propos sont clairs : « Il est exclu qu’un aérodrome soit installé entre Voivres et Louplande. La seule possibilité à laquelle le Préfet de la Sarthe et moi-même sommes attachés, est l’éventuel agrandissement de la piste du Mans. Faire autre chose serait de la folie ».

 

Août 1944 : Le devenir de l'aérodrome américain A-36 à Louplande (Sarthe)
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25 avril 2023 2 25 /04 /avril /2023 10:46

A l'occasion de l’anniversaire de la fin de la Seconde Guerre Mondiale en Europe, nous présentons ici l'exposition que nous avions réalisée et montrée dans divers lieux du département au début des années 2000. Nous mettrons plusieurs pages concernant les aérodromes américains installés en Sarthe.

Nos remerciements à tous ceux qui nous ont prêté les documents : les vétérans américains, les familles Brier, Champroux, Cosnard, Dupas, Dutertre, Gaignon, Guittet, Jarry, Lelasseux, Leroux, Lochet, Magne, Richard, Samson, Serceau, Trouvé, la Mairie de Louplande, les Archives Départementales de la Sarthe, le Service Technique de l'Aviation Civile, ainsi que ceux que nous aurions pu oublier.

Et enfin les personnes qui souhaitent en connaître plus sur la Libération de la Sarthe peuvent consulter l'imposant ouvrage de Fabrice Avoie, Sarthe, août 1944, histoire d'une Libération, 1ère édition mai 2009.

Plusieurs modèles d'avions vont utiliser la piste de Louplande :

  • Des chasseurs bombardiers Republic P47 Thunderbolt : ce fut l’avion le plus plus produit lors de la Seconde de Guerre Mondiale ; sa robustesse en a fait un des appareils les plus appréciés par les pilotes.

  • Des transporteurs de troupes et de matériel Dakota DC3 : cet appareil né avant la guerre va vite devenir indispensable pour le transport des troupes.

  • Des chasseurs Northrop P61 Black Widow : c’est un chasseur de nuit équipé d’un radar.

  • Des chasseurs Lockheed P38 Lightning : ils apparaissent souvent dans les témoignages sous le nom de « double-queues ». C’est aux commandes d’un tel appareil que disparaît Antoine de Saint-Exupéry en juillet 1944.

Un P47 au décollage. Ce gros appareil de 8 tonnes en charge a un rayon d'action d'environ 3000 km grâce à ses réservoirs additionnels (cliché Sledzik)

Un P47 au décollage. Ce gros appareil de 8 tonnes en charge a un rayon d'action d'environ 3000 km grâce à ses réservoirs additionnels (cliché Sledzik)

Le P47 possède huit mitrailleuses Browning de 12.7 mm. (cliché Sledzik)

Le P47 possède huit mitrailleuses Browning de 12.7 mm. (cliché Sledzik)

Un P47 faisant le plein sur l'aérodrome de Louplande. Il s'agit de l'ancien modèle du P47 avec une verrière qui laisse un angle mort d'environ 20° à l'arrière (cliché H Brier)

Un P47 faisant le plein sur l'aérodrome de Louplande. Il s'agit de l'ancien modèle du P47 avec une verrière qui laisse un angle mort d'environ 20° à l'arrière (cliché H Brier)

Le P47D à Louplande. Il possède une verrière dite "en goutte d'eau" qui permet d'avoir une vision à 360° (cliché H Brier)

Le P47D à Louplande. Il possède une verrière dite "en goutte d'eau" qui permet d'avoir une vision à 360° (cliché H Brier)

Un décollage à Louplande (source : http://www.512thfightersquadron.com/42-26681.htm)

Un décollage à Louplande (source : http://www.512thfightersquadron.com/42-26681.htm)

La préparation d'un P47 à Louplande avant un départ en mission. Une bombe est placée sous l'aile (cliché Dutertre)

La préparation d'un P47 à Louplande avant un départ en mission. Une bombe est placée sous l'aile (cliché Dutertre)

L’aérodrome A-36 a abrité le 406th Fighter Group regroupant les 512ème, 513ème et 514ème escadrilles. Chaque escadrille a un code inscrit sur l’avion : la 512ème porte le code L3, la 513ème le code 4P et la 514ème le code O7

  • La 512ème escadrille de combat (Fighter Squadron) est affectée au camp de Saint-Léonard (Louplande) le 4 septembre 1944. Ensuite, elle rejoint de camp de Mourmelon le 20 septembre 1944. Cette escadrille est inactivée le 1er juillet 1959.

  • La 513ème escadrille de combat est affectée au camp de Saint-Léonard le 4 septembre 1944. Elle rejoint le camp de Mourmelon le 22 septembre 1944. Cette escadrille est désactivée le 8 janvier 1961.

  • La 514ème escadrille est affectée à Saint Léonard le 28 août 1944. Elle gagne le camp de Mourmelon le 24 septembre 1944. Elle est désactivée le 8 janvier 1961.

L’appellation « Fighter Squadron » est utilisée entre le 30 mai 1944 et le 20 août 1946. Ces trois escadrilles ont rejoint le 406th F.G. pour la période allant du 1er mars 1943 au 20 août 1946.


 

Le 406th F.G. appartient à la 9th US Air Force qui fut créée en Afrique du Nord en novembre 1942 puis transférée en Grande-Bretagne en octobre 1943. La devise du 406th F.G. était « Soutenir, Attaquer, Détruire » et son nom de code était « Stardust ».

Ce groupe de chasse est commandé par le colonel Anthony V. Grossetta originaire de Tucson en Arizona (États-Unis).Il dirige l’unité du 6 novembre 1943 jusqu’au 9 mai 1945. Le groupe a effectué 13612 sorties.

L’unité est créée le 1er mars 1943 mais son appellation est alors 406th Bomb Group. Elle se constitue entre mars et juillet 1943 ; en août 1943 elle devient le 406th Fighter Bomber Group et c’est à ce moment qu’elle est formée des 512ème, 513ème et 514ème escadrilles. Elle réside à Tampa en Floride puis rejoint ensuite la Caroline du Sud et s’entraîne au combat aérien. Le 23 mars 1944, le 406th F.G. s’embarque à destination du Royaume-Uni et se base à Ashford dans le Kent. Il rejoint le XIX Tactical Air Command de la 9ème US Air Force. Les premières missions (« missions géographiques ») commencent en mai 1944. Les pilotes accompagnent les bombardiers en vol dans le nord-ouest de la France, en Belgique et en Allemagne, mais trouvent ces sorties assez monotones. Début juin, le groupe reçoit les couleurs propres aux opérations d’invasions du continent : trois bandes blanches séparées par deux bandes noires. Les photographies faites par H. Brier en septembre 1944 sur le terrain de Louplande montrent encore ces marques distinctives (fig. 10). Le 5 juin, les instructions prévoient la couverture aérienne d’Utah Beach puis des missions de destructions des infrastructures ennemies.

Le 406th F.G. disposait de 60 appareils (il en a perdu 133 lors de ses missions) et d’environ 1200 hommes (85 sont décédés pendant les missions). Les témoignages locaux parlent d’une centaine d’avions au sol mais il ne semble pas avoir d’autres groupes de combat que le 406th F.G..

Le 25 juillet 1944, le 406th F.G. s’installe pour la première fois en France sur l’ALG A-13 (Tour en Bessin dans le Calvados). Puis il s’installe sur le A-14 (Creteville dans la Manche) d’où il soutient la 3ème Armée U.S. qui avance vers Le Mans.

La 4 septembre, le 406th F.G. s’installe sur l’ALG A-36 à Louplande. Les missions sont de deux types : d’abord soutenir l’avancée de la 79ème Division d’Infanterie U.S. et de la 2ème D.B. française. L’autre tache est de participer aux opérations de réduction de la poche de Brest. Certaines missions allaient aussi jusque dans les Vosges pour aider la 7ème Armée U.S. qui remontait depuis le Sud de la France.

Un Dakota DC3 à Louplande. C'est un avion transporteur de troupes et de matériel (cliché Gaignon)

Un Dakota DC3 à Louplande. C'est un avion transporteur de troupes et de matériel (cliché Gaignon)

Des décors personnalisent certains appareils (cliché Gaignon)

Des décors personnalisent certains appareils (cliché Gaignon)

L'avion P61 Black Widow

L'avion P61 Black Widow

Le Voivrais Alfred Lelasseux était mitrailleur sur un P61. Il est venu par deux fois s'approvisionner en munitions sur l'aérodrome de Louplande.

Le Voivrais Alfred Lelasseux était mitrailleur sur un P61. Il est venu par deux fois s'approvisionner en munitions sur l'aérodrome de Louplande.

Août 1944 : Les avions de l'aérodrome américain A-36 à Louplande (Sarthe)
Le pilote Howard Park du 406th FG, 513th FS (cliché Park)

Le pilote Howard Park du 406th FG, 513th FS (cliché Park)

Des pilotes américains à Louplande. Au centre : Bernard Sledzik (406thFG, 514th FS) (cliché Sledzik)

Des pilotes américains à Louplande. Au centre : Bernard Sledzik (406thFG, 514th FS) (cliché Sledzik)

Le pilote Stan Wyglendowski, 406th FG, 512 FS (cliché Wyglendowski)

Le pilote Stan Wyglendowski, 406th FG, 512 FS (cliché Wyglendowski)

Un extrait des missions du 514th FS lors de sa présence à Louplande :

"When Lt. General Patton's phenomenal armies by-passed beleaguered German troops on Brest Peninsula and plunged eastward across France, we were forced to follow suit by making a comparatively long trek to our new destination - Loupeland, France, or Air Strip A.36 according to its military designation. The same problem of distance existed here but we remained for approximately four weeks. Daily missions were flown in direct support of our brothers in service - Third Army - punching and staving off every thrust directed at them by Hitler's fanatical contingent.

Along in this period we lost one of our veteran flight commanders in the person of Captain E. C. Heckman. He was brought down by flak while engaged in a close ground support mission. Ironically, this quirk of fate deprived Captain Heckman of a rest leave in the United States, which he was expecting in a couple of days. A day later Lt. R. T. Shelton met the same fate while on an armored column support mission. The third and last loss in valuable flying personnel while at Laupeland occurred to Lt. R. W. McHugh, who was wounded in action while dive-bombing.

First of two principal accomplishments by our splendid airmen occurred an 1 September 1944, on which date the 514th, led by Major G. I. Ruddell, raked up and down Metz Airdrome with damaging machine gun fire to account for the appalling number of twelve planes destroyed and twenty or more damaged. Lt. Hilton L. Lewis was discoverer of this pilot's dream through a break in a heavy cloud layer and immediately reported his revelation to Major Ruddell. Despite low fuel and ammunition supply since they were returning from another mission, Major Rudell unhesitatingly led his" Raiders" down for the killing. This, by far, was the best hunting day to date.

Foremost and perhaps most appreciable commendation far outstanding performance of duty in armed conflict was the Unit Presidential Citation justly awarded to our 406th Fighter Group for action south of the Laire river on 7 September 1944. Thirty-six P-47s of the Group, twelve of them 514th's, raced south of the Laire river in the vicinity of Chateauraux, France, to find and destroy a column of enemy vehicles and military transport, which was attempting to escape from southeastern France through the Belfort Gap. As a result of decisive destruction and ferocity of attack, General Elster, his staff and twenty thousand troops were forced to capitulate. During the surrender, General Elster requested presence of Brigadier General O. P. Weyland, Chief of XIX Tactical Air Command, to insure cessation of further air attacks."

Août 1944 : Les avions de l'aérodrome américain A-36 à Louplande (Sarthe)
Les avions du 512th sq quelques mois plus tard en Belgique (source : http://www.512thfightersquadron.com)

Les avions du 512th sq quelques mois plus tard en Belgique (source : http://www.512thfightersquadron.com)

(source : http://www.512thfightersquadron.com)

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16 avril 2023 7 16 /04 /avril /2023 21:29

Aujourd’hui dix huitième du mois de février mil sept cent soixante six sur les dix heures du matin, devant nous René Bellanger, notaire tabellion royal au Maine demeurant à Roézé, étant au lieu et bordage du Chêne Vert situé paroisse de Voivres.

Inventaire a été fait des meubles morts et vifs, dettes actives et passives dépendants de la communauté qui a eu cours entre défunt Charles Cosnilleau bordager, fermier dudit lieu du Chêne Vert et Marie Alleton sa dernière femme, avant elle veuf en premières noces de Marie Poirier, et en secondes de Marie Nieceron, demeurant audit lieu du Chêne Vert tant  en son nom que de mère et tutrice naturelle de Marie âgée de six ans et de Pierre Cosnilleau âgé de six mois ou environ ses enfants et dudit défunt.

A la requête et en présence de ladite Marie Aletton veuve dudit Cosnilleau, de Charles Cosnilleau garçon âgé de vingt sept ans ou environ et Marie Cosnilleau fille âgée de vingt deux ans aussi ou environ demeurant audit lieu de Chêne Vert audit Voivres enfants dudit défunt et de ladite défunte Marie Poirier sa première femme, de Michel Nieceron bordager demeurant paroisse de Bousse oncle maternel de Françoise Cosnilleau fille âgée de douze ans ou environ issue dudit défunt et de ladite Marie Nieceron sa seconde femme demeurant aussi audit lieu de Chêne Vert, et de Anne Nieceron veuve de Thomas Loriot, métayer, demeurant paroisse de Cérans sa tante au même côté maternel.

Et auquel inventaire procédant sous le bon plaisir de Monsieur le Bailly du siège d’où relève ledit lieu et en attendant qu’il sera pourvu de tuteurs aux mineurs, les meubles et effets ci après par elle représenté ont étés inventoriés en la forme et manière suivante en attendant qu’il en soit procédé à la vente.

Le Chêne Vert à Voivres Lès Le Mans, Cadastre 1809

Le Chêne Vert à Voivres Lès Le Mans, Cadastre 1809

Le Chêne Vert à Voivres Lès Le Mans, Photographie aérienne 1949

Le Chêne Vert à Voivres Lès Le Mans, Photographie aérienne 1949

René Bellanger est notaire dans la paroisse voisine de Roézé, où il est né en mai 1706, et il a pris la suite de l’étude après le décès de son père en 1731. Il y avait un notaire à Voivres dont il n’existe quasiment aucune archive. Il se nommait Olivier Ory et est inhumé dans l’église de la paroisse le 27 janvier 1704. Nous ne trouvons alors plus de notaire à Voivres. Les habitants traitent alors leurs affaires avec les notaires des paroisses voisines.

Le 10 juin 1714 naît Charles Cosnilleau à Voivres ; il est le fils de Charles et de Marie Lemonnier. Il décède dans cette même paroisse le 16 février 1766, deux semaines après son père. Il était peut-être déjà bien malade puisque seuls ses frères sont cités dans l’acte d’inhumation de son père.

Charles Cosnilleau fils a été marié trois fois comme le dit l’acte de vente des biens. Sa dernière épouse fut donc Marie Alleton qu’il avait épousé à Voivres le 6 juin 1758 ; son père est alors qualifié de journalier tandis que lui est bordager. Son précédent mariage, avec Marie Nieceron, avait été célébré à Roézé le 3 février 1750. Quant au premier mariage, il a été fait à Voivres avec Marie Poirier le 24 novembre 1734. De l’ensemble de ces unions naquirent neuf enfants.

Charles Cosnilleau père était déjà bordager au Chêne Vert puisqu’il signe un bail en 1743 avec son propriétaire François Charles Dupont d’Aubevoye dont la famille a acquis des terres à Voivres au milieu du XVIIème siècle. Le bordager est l’exploitant agricole du bordage, ferme de quelques hectares seulement. Quant au métayer, c’est l’exploitant d’une métairie soit en faire valoir direct (plutôt rare), soit avec un bail à ferme (versement d’un fermage en argent), soit avec un bail à moitié (versement d’un fermage qui est la moitié de la récolte).

Les meubles désignent les biens qui ne sont pas immeubles. Ainsi les meubles vifs (vivants) peuvent être des animaux. Les meubles morts sont tous les autres biens (meubles, objets, récoltes, etc.).

Baptême de Charles Cosnilleau, Registre paroissial de Voivres Lès Le Mans, 1714

Baptême de Charles Cosnilleau, Registre paroissial de Voivres Lès Le Mans, 1714

Mariage de Charles Cosnilleau, Registre paroissial de Roézé sur Sarthe, 1750

Mariage de Charles Cosnilleau, Registre paroissial de Roézé sur Sarthe, 1750

Sépulture de Charles Cosnilleau, Registre paroissial de Voivres Lès Le Mans, 1766

Sépulture de Charles Cosnilleau, Registre paroissial de Voivres Lès Le Mans, 1766

Et premier une crémaillère avec son cremaillon, une pelle de fer à servir au feu, une grille,  un rôtissoir à pain, et un réchaud à écuelle de cuivre.

Item deux crocs, une bêche, une fourche de fer, une hache à bûcher, un sermeau et un mauvais broc, deux pelles à bêcher, et un vouge.

Item une mauvaise huche de bois de chêne et deux sas à sasser la farine et une racliere de fer.

Item un coffre de bois de poirier fermant de clef.

Item un autre coffre de bois de chêne aussi fermant de clef.

Item un mauvais marchepied de bois de chêne non fermant de clef.

Item une table longue de bois de chêne et deux tiroirs aux deux bouts dont un fermant de clef et deux bancs.

Item un bois de lit d’alizier avec sa carrie et font, une mauvaise bailliere, une couette à taie de toile, un traversier et un oreiller à taie de couetty le tout garni de mauvaise plume d’oie usée, son entour composé de trois morceaux de serge verte, deux vergettes de fer, un dossier et un vanellier de toile commune et une couverture de laine blanche.

Item dans une chambre froide à côté, un autre mauvais bois de lit de chêne composé de son entour de toile commune et un traversier à taie de toile garni de mauvaise plume d’oie et une mauvaise couverture de serge blanche.

Item un fût de busse aussi rempli de cidre.

Item un autre fût de busse à demi plein de cidre.

Item cinq autres mauvais fûts de busse, deux de quart, deux jales, deux petits baranchaux, le tout vide et un fût de cuvier avec sa selle.

Item une marmite avec sa cuiller de fer à servir au pot, deux chaudrons l’un grand et l’autre petit le tout de fer ou fonte.

Item une mauvaise poêle à frire.

Item un chandelier de potin.

Item deux mauvaises faux avec leurs enthes, un marteau et un coyer de faucheur.

Item une serpe à tailler et un terriere.

Item douze livres de vaisselle d’étain tant plate que creuse.

Item un crochet à peser.

Item deux mauvaizes ferusselles et une lanterne de fer blanc.

Item un rouet à filer du brin, un travouil, une baratte avec son baratton, et une mauvaise paire de balances à écuelles de bois,

Item neuf draps de chacun trois aulnes de toile commune, deux nappes de même toile dont une d’une aulne et demie et l’autre d’une aulne, une mauvaise serviette de toile de brin, quatre essuie-mains de toile de gros, un bissac et un charrier de toile de gros et deux poches de même toile, et deux souilles d’oreiller de toile commune.

Item dix neuf livres de fil de gros écru, et deux livres et demies de brin aussi écru.

Item sept livres de poupées de gros et brin.

Item onze livres de poupées de gros.

Item un mauvais van, un crible, un pot de guerlande, deux minettes et un fût de boisseau et un de quarteron.

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Dans le grenier

Item dix boisseaux de froment et avoine mêlés, huit de bled noir et trois de seigle le tout comble et à l’ancienne mesure du Mans.

Item une siviere rouleresse et une mauvaise broye à broyer rompue.

Item dans l’écurie aux chevaux une vieille cavalle sous poil gris et son poulain d’un an.

Item dans l’étable aux vaches une mère vache sous poil brun.

Item une autre mère vache sous poil rouge.

Item deux autres mères vaches aussi sous poil rouge.

Item une petite taure de deux ans sous poil rouge et deux veaux de lait.

Item une brebis.

Item un bas de cheval, des paniers à fumier, des harasses, et une bride.

Item un porc en soie blanche.

Item dans la cour trois poules, deux oies et quatre canes.

Item quinze pièces de poterie de terre de Ligron dans l’une desquelles il y a environ demie livres de sel de gabelle.

Item les habits et linges à l’usage dudit défunt consistant :

Premier dans un habit de breluche, une veste et une culotte de droguet, deux mauvaises paires de guêtres en toile commune, deux autres mauvaises culottes de coulonge, un chapeau, un bonnet de laine, un mouchoir de fil, une mauvaise paire de souliers et six mauvaises chemises de toile commune.

Item trois livres de beurre salé et en pot.

Item une pelle de four et un rouable.

Item quatre fourches de bois, un râteau à foin et deux emotouers.

Item deux mauvaises seilles et un godet de bois.

Item dans la grange une mauvaise couchette sur paux qui est dans la grange garnie seulement d’une balliere et un travers garni de balle le tout de toile de gros.

Item dans un baquet inventorié ci devant qui est dans ladite maison environ deux livres de plumes d’oies neuves.

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

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Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

Item lesdites parties ont déclaré qu’il n’est rien dû a ladite communauté, et qu’il est dû par icelle les sommes ci après :

A Monsieur de la Roussière, propriétaire dudit lieu de Chêne Vert, la somme de trente livres restant de la demie ferme échue de Toussaint dernier sans préjudice du courant et autres dus de mondit sieur de la Roussière d’une part et quatre vingt livres pour prisée qu’il a fournie audit défunt sur ledit lieu Cy en tout……………..110tt

A Michel Dabouinneau garçon domestique dudit Voivres trente six livres pour argent qu’il a prêté audit défunt Cy……………………………………………….36tt

Audit Charles Cosnilleau dix sept livres aussi pour argent prêté Cy……………………….17tt

A ladite Marie Cosnilleau fille cinq livres aussi pour argent prêté Cy……………………….5tt

Au sieur Devaux marchand à La Suze huit livres pour marchandise Cy………………….8tt

A Pierre Huard domestique demeurant à Cérans douze livres aussi pour argent prêté Cy….12tt

Au nommé Lucas marchand dudit Voivres quinze sols six deniers pour marchandise Cy………………………………………..15s. 6d.

A Julien Cosnillau journalier dudit Voivres trois livres dix huit sols pour argent preté Cy……………………3tt 18s.

Au nommé Dupart cordonnier à Saint Léonard quarante cinq sols pour avoir recarlé les souliers dudit défunt Cy………………………………………………………..2tt 5 s.

A Julian Lhommeau sabotier dudit Voivres et collecteur de l’année dernière six livres cinq sols pour reste de taille et capitation dudit défunt Cy………………6tt 5 s.

Au nommé Ruillé fermier dudit Voivres collecteur de l’année présente et ne savoir combien ayant seulement donné trois livres.

Et à nous notaire six livres dix sept sols pour reste de nos droits et déboursés de l’inventaire des effets de la communauté dudit défunt avec Marie Nieceron sa seconde femme reçu devant nous les vingt deux mai et vingt un juin mil sept cent cinquante neuf dûment contrôlé Cy……………………………………………………….6tt 17 s.

Qui sont tous les meubles morts et vifs, dettes actives et passives à nous représentés et déclarés par lesdites parties qui ont dit n’en avoir ni savoir aucune autre quant à présent sauf néanmoins au cas qu’il en viendra ci après à leur connaissance à eux faire la déclaration ensuite des présentes.

Et ont tous lesdits meubles et effets été évalués à la somme de cent quatre vingt dix livres relaissés entre les mains et garde de ladite veuve qui s’en est volontairement chargée pour les représenter au jour de la vente qui en sera faite.

Dont du tout acte et jugé lesdites parties de leur consentement après lecture sans préjudices à leurs dus et droits respectifs. Fait et arrêté lieu susdits par nous notaire royal susdit soussigné lesdits jour et an présents Jean Basse et Jean Leprou sergers demeurant audit Roézé témoins à ce requis avec nous soussignés lesdites parties ont déclaré ne savoir signer à la réserve dudit Michel Nieceron

[Signatures] Michel Niecesron, J. Basse, Jean Leprou, Bellanger

Céramique de Ligron

Céramique de Ligron

Céramique de Ligron

Céramique de Ligron

Céramique de Ligron

Céramique de Ligron

Quelques éléments du lexique utilisé dans cet acte notarié :

 

Crémaillon : petite crémaillère qui s’accroche sur la grande crémaillère.

Sermeau : Serpe. On trouve aussi le mot « serniau ».

Vouge : appelé aussi « craissant » (pour croissant). Outil tranchant dont la lame à la forme d’une faucille et dont l’épaisseur se rapproche de la serpe. Cette lame était montée sur un long manche d’environ 1,80 mètre et servait à couper de petites branches et les épines dans les haies.

Sas : tamis.

Marchepied : coffre au pied du lit.

Carrie : « plafond » du lit à quenouille.

Baillière : Sac rempli de balle (enveloppe du grain d’une céréale) et servant de matelas.

Couetty : Coutil (tissu très serré).

Traversier : traversin.

Entour : Tissu qui clôt le lit, entourage du lit.

Serge : tissu de laine.

Vergettes : tiges de fer pour faire coulisser les rideaux.

Dossier : pièce d’étoffe qui couvre le derrière du lit.

Vanellier : ou venellier ; tissu posé sur le côté du lit et qui ferme le lit sur la longueur opposée au mur.

Busse : Tonneau d’environ 230/240 litres.

Jale : cuvier en bois pour « marquer » (faire fermenter le marc avant pressage) le cidre.

Coyer : cornet qui porte le faucheur à la ceinture et dans lequel il met sa pierre à affûter.

Travouil : dévidoir à écheveaux.

Charrier : toile grossière pour le transport de la balle de blé, mais aussi pour le transport de la cendre pour la lessive.

Souille : Sac. Très souvent utilisé pour l’oreiller. C’est aussi dans une souille que l’on garde les papiers relatifs à la vie de la famille (titres de propriétés, baux, etc.).

Poupée : grosse bobine de fil.

Pot de guerlande : pot de garlande signifie une poterie tachée lors de la cuisson de la céramique.

Sivière rouleresse : la brouette.

Broye : instrument pour broyer le chanvre.

Cavale : la jument, le cheval.

Harasse : grand panier.

Breluche : étoffe de fil et laine.

Droguet : étoffe de laine grossière.

 

Evocation d'un intérieur, maison Louis Simon à La Fontaine Saint Martin (Sarthe)

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31 mars 2023 5 31 /03 /mars /2023 21:18

Une querelle entre les moines de la Couture et les chanoines de Saint Pierre la Cour est à l’origine d’un texte (vers 1135) qui évoque une « foresta » sur Roézé. C’est la cour épiscopale qui intervient pour régler le problème.

 

Moi, Hugues, par la grâce de Dieu, métropolitain de Tours, et notre vénérable frère Guy, lui aussi par la grâce de Dieu évêque du Mans, et Guillaume abbé de Saint Pierre de La Couture, à tous les fidèles présents et à venir, salut ; nous attestons la vérité d’une cause que nous avons examinée.

Que votre sagesse sache avec certitude que l’église de Saint Pierre la Cour, par donation d’Hugues David fondateur de cette église et par abondante contribution des autres seigneurs du Mans et enfin par donation du comte Hélie, d’heureuse mémoire, a reçu et possédée longtemps les dîmes de sa forêt et sur la glandée et sur la moisson.

Comme cette forêt était devenue terre labourable depuis un long temps, les chanoines de Saint Pierre la Cour firent dans cette même forêt deux églises [Louplande et Voivres] et ils attribuèrent séparément à chacune sa paroisse ; et ils les occupèrent longtemps paisiblement.

Mais après un long temps, les moines de Saint-Pierre de Couture s'élevèrent contre les chanoines, disant que dans une certaine partie de la forêt, à savoir, dans celle qui est entre la rivière Orne et Roézé, ils avaient une dîme sur la glandée, et donc, quand cette partie de la forêt a été transformée en terre arable, ils ont pris le dixième de la moisson, car ils avaient des glands, seulement de ceux qui contredisaient les chanoines. Cela affirmé, Guillaume, doyen de Saint-Pierre-la-Cour, et les chanoines vinrent à l'évêque Guy, protestant de leur dîme, que les moines avaient ainsi envahie. Quand l'évêque entendit cela, il appela Guillaume, abbé de Saint-Pierre de la Couture, et les moines, et il donna le jour aux moines et aux chanoines qui l’acceptèrent. Le jour de l'échéance, ils vinrent tous les deux, et en présence du seigneur évêque, ils exposèrent leurs raisons.

Quand ils ont appris cela, la cour de l'évêque a décidé que les chanoines devraient être investis de la dîme qu'ils réclamaient, et ensuite, sur les chanoines, les moines auraient la justice. Ce jugement, les moines l'acceptèrent sans contradiction, et au lieu de l'investiture elle-même, ils remirent en gage aux chanoines le pallium.

Les ayant donc investis, vinrent les avocats de la paix et de la concorde entre les moines et les chanoines, et d'un conseil modéré, en notre présence et au chapitre de Saint Pierre de la Couture de notre main et de celle de l’évêque Guy, par l’abbé Guillaume et par le doyen Guillaume, l’accord a été signé et ainsi la querelle a été terminée et apaisée.

De sorte que désormais les moines aient la dîme et la paroisse de la terre de l’Auneau entre Roézé et la rivière de l’Orne, et la moitié des dîmes, offrandes, prémices et toute la rente paroissiale de la terre de Raymond, et de la terre des moines d’Oizé et de la terre des chanoines de Beaulieu et de la terre de Renaud du Breil.

Et que les chanoines aient l’autre moitié, et toutes les dîmes de l’autre forêt et toutes les rentes paroissiales en quelque lieu qu’il y ait forêt féodale et qui soit devenue terre labourable.

Et si les paroissiens des terres communes se rendent à l’église de Voivres, que les moines aient la moitié de tout leur revenu paroissial ; si au contraire ils se rendent aux églises des moines, que les chanoines aient là la moitié de tout le revenu paroissial de ces gens des communes.

 


 

Cartulaire de l’abbaye de la Couture au Mans1 et cartulaire de la collégiale Saint Pierre de la Cour2

 

1Cartulaire des abbayes de Saint Pierre de la Couture et de Saint Pierre de Solesmes, Le Mans, 1881

2Menjot d’Elbenne (Vicomte) et Denis (L. J.), Cartulaire du chapitre royal de Saint Pierre de la Cour du Mans, Le Mans, 1907

 

ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)
ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)
ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)

Les personnages cités dans les documents

Hugues : archevêque de Tours (1134-1146). Ce serait un membre de la famille des seigneurs de La Ferté-Arnaud (La Ferté-Vidame, Eure-et-Loir) comme semble l’indiquer le cartulaire de Saint Père de Chartres dans une confirmation de don datée des environs de 1136. Il succède à Hildebert de Lavardin, évêque du Mans et archevêque de Tours, mort en décembre 1134.

Gui : évêque du Mans (1126-1135) qui serait originaire de Bretagne (région de Ploërmel). Il est appelé Guy d’Étampes dans certaines publications. Il paraît avoir été assez proche du pouvoir normand puisqu’il fut à un moment de sa vie écolâtre de Salisbury, chanoine de Lincoln et archidiacre de Rouen. Il fait partie de ces évêques manceaux du XIIème siècle dont la renommée attire les étudiants. Il célébrera à la cathédrale du Mans le mariage entre Geoffroy V Plantagenêt et Mathilde fille du roi d’Angleterre Henri Ier. Il baptisera également en 1134 leur fils Henri, futur roi d’Angleterre. C’est aussi pendant son épiscopat qu’un grand incendie va ravager Le Mans en 1134. Il décède en 1135 (1136 selon Orderic Vital) et c’est Hugues de Saint-Calais qui devient alors évêque du Mans.

Guillaume, abbé de Saint Pierre de la Couture : Les auteurs de la transcription du cartulaire de la Couture se demandent s’il n’y a pas une erreur quant à ce nom puisque l’abbé à l’époque serait Foulques.

Hugues David : Les actes des cartulaires de la Couture et de Saint-Pierre-la-Cour font référence à ce Hugues dit aussi « filius David » ; à la fin du Xème siècle il a fait divers dons aux deux communautés religieuses. Il est d’ailleurs fort probable que certains éléments de la collégiale encore visibles aujourd’hui remontent à l’époque du comte Hugues II. Les hugonides étaient proches des Capétiens, mais ils changent de camp ; les Capétiens se tourneront alors vers les Angevins pour leurs confier le Maine. Cependant, les hugonides ne se laisseront pas faire.

Hélie : Hélie, de par sa mère, descend des comtes du Maine ; il avait racheté vers 1092 le comté du Maine à un de ses cousins, Hugues V. C’était un farouche adversaire des Normands allant jusqu’à faire prisonnier l’évêque Hoël, fidèle allié des Normands, ce qui entraîna à l’époque un certain vent de révolte dans le Maine. On voit clairement que le comté est partagé entre suivre les partisans des Angevins ou ceux des Normands, d’autant que les intérêts des uns deviennent parfois les intérêts des autres selon que les seigneurs fassent ou défassent leurs alliances. Mais les premières années d’Hélie en tant que comte du Maine sont compliquées. Jusqu’à l’extrême fin du XIème siècle, les troupes normandes vont agir dans le Maine où elles reprennent plusieurs châteaux ; Orderic Vital allant même jusqu’à dire que le comte Hélie fut fait prisonnier. En 1100, Guillaume Le Roux, roi d’Angleterre, meurt. Hélie va alors pouvoir s’imposer non sans devoir encore se positionner subtilement dans un univers seigneurial où les retournements d’alliance sont fréquents. Cependant la première décennie du XIIème siècle sera pour Hélie celle de la stabilisation, se rapprochant de l’Angleterre mais également de l’Anjou. Après les guerres était venu le temps de la diplomatie.

Guillaume, doyen de Saint-Pierre-la-Cour : C’est à priori la seule mention de ce religieux.

Moines d’Oizé : Le prieuré d’Oizé est doté par Hélie de La Flèche et dépendait de Vézelay. Les religieux avaient le fief des Buretières (actuellement sur la commune de Voivres) donc de l’autre côté du ruisseau de l’Orne. Le prieuré, du moins pendant cette période, reste très proche du pouvoir angevin.

Chanoines de Beaulieu : L’abbaye de Beaulieu a été fondée au début de XIIème siècle, soit quelques années avant la rédaction de l’accord qui nous intéresse ici. Elle se situait au Mans sur la rive droite de la Sarthe, dans l’ancienne paroisse de la Madeleine. A Roézé, l’abbaye possède Saint-Fraimbault qu’elle aurait obtenu sans doute dès le XIIème siècle par Foulques d’Anjou.

Renaud du Breil : Le toponyme est tellement fréquent qu’il est difficile de localiser cette terre en l’absence d’éléments historiques restés dans les écrits. Selon Menjot d’Elbenne, au XVème siècle, il existait un Jean Bellenger, seigneur du Breil à Saint Benoît sur Sarthe. Pour les auteurs du début du XXème siècle, il s’agirait d’un fief à Brûlon. On trouve également une charte du XIIème siècle où est cité un Renaud du Breil dans un acte concernant l’abbaye de Tironneau.

 

Le contexte

On peut essayer de comprendre le conflit entre les deux entités religieuses. D’un côté nous avons l’abbaye de la Couture et de l’autre les religieux de la collégiale Saint Pierre la Cour. Cette dernière est sous le contrôle direct du comte du Maine et, pour l’époque qui nous intéresse ici, donc de Geoffroy V Plantagenêt (1113-1151). Quant à l’abbaye de la Couture, elle est alors à son apogée : plusieurs dizaines de milliers d’hectares de terres, une cinquantaine de prieurés et un abbé aussi puissant que le comte du Maine.

Geoffroy V le Bel

Geoffroy V le Bel

Si l’on en croit les écrits de Dom Piolin dans son œuvre conséquente « Histoire de l’Église du Mans »1, la période est assez tendue. Le Maine est passé aux mains des Plantagenêts en 1110 lors du mariage entre Foulques V, comte d’Anjou, et Erembourg du Maine héritière du comté. Foulques V meurt en 1129 et c’est le jeune Geoffroy V le Bel qui hérite du comté. Il doit alors s’affirmer face à des seigneurs qui voient en ce jeune comte un élément faible qui devrait être facile à attaquer. On verra d’ailleurs la famille de Sablé, liée par mariage à celle de La Suze, prendre position contre les Plantagenêts.

Piolin nous dit que Foulques avait confisqué des terres religieuses pour les redistribuer à ses fidèles. Il semble que ces « confiscations » soient en lien avec des défrichements entre Le Mans et La Suze dans ce qui se nommait autrefois les bois des Teillais. Mais on sait par diverses sources, dont l’archéologie, que ces espaces étaient déjà habités. C’est le cas du secteur des Randonnays aux confins des communes de Voivres-Lès-Le Mans, Etival-Lès-Le Mans et Allonnes. Certains lieux à la limite des deux paroisses ont été jusqu’à la Révolution en « tournes », c’est à dire qu’ils relevaient une année d’une paroisse et l’année suivante de l’autre. Il paraît aussi dans ce document que ces donations comtales ont été suivies d’une mise en valeur des terres pour justement accroître les revenus des établissements religieux.

1Dom Paul Piolin, Histoire de l’Église du Mans, T. IV, p. 2, Paris, 1858

La Tournerie, carte de Cassini (1765)

La Tournerie, carte de Cassini (1765)

L’abbaye de la Couture avait obtenu des terres sur Roézé dans le second quart du XIème siècle lorsque le seigneur Lodon fit don de biens aux religieux entre la Sarthe et l’Orne Champenoise. Quelques chartes dans le cartulaire de la même abbaye nous rapportent d’autres mouvements de terres dans la région de La Suze. Ainsi en 1142, une courte charte fait mention d’un contentieux avec Payen de Clairvaux toujours à propos d’une « foresta ».

Qu’est ce qu’une « foresta » ?

Il serait très réducteur de traduire ce mot latin médiéval par « forêt », du moins par l’image que nous renvoie ce terme. Il s’agit plutôt d’une unité juridique qui peut inclure des forêts, des landes, des bois, des cultures, des villages, etc. D’ailleurs, elle est traversée par chemin appelé « viam Caenomansem » dans une charte de l’évêque d’Angers du début du XIIème siècle1. Il ne faut pas non plus le prendre comme un lieu précis mais comme un espace géographique relativement étendu. Les environs nous révèlent plusieurs toponymes en relations avec ce type de paysage : La Forêt (Etival Lès Le Mans, Fillé sur Sarthe, Roézé sur Sarthe), les Buissonnières (Etival Lès Le Mans), les Bois (Roézé sur Sarthe, Louplande), la Touche (Roézé sur Sarthe, Louplande), les Landes (Allonnes, Spay, Saint Georges du Bois), etc.

1Josèphe Chartrou, L’Anjou de 1109 à 1151, Presses Universitaires de France, Paris, 1928, p. 356

A l’origine, il s’agit d’un système qui apparaît vers le VIIème siècle et qui se développe ensuite à l’époque carolingienne. Les territoires concernés sont sortis du droit commun1. Puis, lorsque le pouvoir carolingien décline et que les forestae ont perdu leur fonction première, les comtes vont utiliser cette réserve foncière pour les redistribuer afin de renforcer leurs réseaux de pouvoir. C’est ce sont que l’on voit par exemple à propos du domaine des Randonnays. D’ailleurs, les indices archéologiques sur cette zone montrent clairement qu’à l’époque antique l’occupation était autre.

Le texte est assez clair puisqu’il évoque un territoire transformé en terre labourable et sur lequel les religieux perçoivent des droits. A la lecture de divers documents médiévaux, on a le sentiment d’avoir un espace qui était aux mains des comtes du Maine et qui sera concédé à des abbayes. En tout cas, il semble que les dons faits à Saint Pierre la Cour soient simplement un moyen pour le comte de faire fonctionner en autonomie sa collégiale.

La confirmation d’une charte de Foulques concernant les Randonnays (Voivres) précise justement les attributions de ce territoire. On y apprend ainsi qu’il y fut fait des prés, que les moines avaient droit de panage ou glandée dans les bois pour leurs porcs ainsi que le droit de prélever du bois pour édifier leurs bâtiments.

 

Mais le diplôme du comte Hugues du Maine daté de 10142, soit un siècle antérieur aux documents ci-dessus évoqués, permet d’affiner le vocabulaire. Il y est bien spécifié que c’était une terre relevant directement du comte puisqu’on trouve l’expression latine « nostri juris terram ». L’utilisation du terme « saltus » renvoie plutôt à un paysage de landes, de terres non cultivées en friche ; le document dit que ce saltus entoure le lieu de Vedobris que l’on fait correspondre aujourd’hui à Voivres. Il paraît donc évident que les religieux reçoivent une terre pour la mettre en valeur ; il faut dire que le prieuré Saint Victeur avait été doté quelque temps auparavant de vignes et des moulins situés au Mans ou à proximité immédiate. Mais une indication dans ce texte permet de mieux comprendre le flou qui réside dans ce type de paysage puisque la phrase « que dicitur Vedobris, sicut eam saltus undique circuncludit, cum omnibus que in ea sunt, id est ecclesia, molendino, pratis, vivaiiis » indique que dans le saltus sont également présents une église (ou chapelle), un moulin, des prés et des viviers. Il est donc possible que cette occupation corresponde à une implantation au moins carolingienne voire même mérovingienne. Il n’est pas impossible d’ailleurs que le Vedobris du diplôme de 1014 soit aussi le Vodebris rencontré dans la Vie de Saint Julien.

1Jean-Claude Meuret, Paroisses sur la limite orientale de la Bretagne aux XIe-XIIe siècles : évolution du réseau en contexte frontalier, dans La paroisse, communauté et territoire, p. 291-367, PUR, Rennes, 2013

2Bertrand de Broussillon, Cartulaire de Saint Victeur au Mans prieuré de l’abbaye du Mont Saint Michel (994-1400), Paris, 1895, p. 5

Les Randonnays, Voivres, 1948

Les Randonnays, Voivres, 1948

La Forêt, Roézé, cadastre 1843

La Forêt, Roézé, cadastre 1843

La Forêt, Roézé, traces parcellaires d'occupation médiévale

La Forêt, Roézé, traces parcellaires d'occupation médiévale

ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)

On peut aussi voir dans ce texte la difficulté à délimiter précisément les paroisses, et donc les droits y afférant1. Il en restera, jusqu’à l’établissement des communes avec des limites précises dans un plan cadastral, des traces avec des zones en tourne. On trouvera d’ailleurs un lieu-dit la Tournerie sur Voivres.

On peut voir sur le plan cadastral de XIXème siècle, les traces laissées par cet aménagement. Une zone elliptique est bordé à l’ouest par le lieu-dit « La Forêt » et à l’est par celui des « Bretelleries ». Il semble que cette zone ait été coupée en deux à un moment. Peut-être qu’au départ seul le lieu de la Forêt existait et qu’ensuite on ait installé une autre famille sur le lieu des Bretelleries ; mais cela n’est qu’une hypothèse en l’absence de sources pour travailler plus précisément.

Il faut aussi noter que les quatre toponymes « Forêt » sont en limite de paroisse. Celui d’Etival borde Voivres et Louplande, celui de Fillé borde Voivres, celui de Louplande borde aussi Voivres ainsi que celui de Roézé

1Michel Brand’honneur, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes, Habitat à motte et société chevaleresque (XIe au XIIIe siècles), PUR, Rennes, 2001

Les dotations religieuses au XIème et XIIème siècles

Comme nous l’avons dit plus haut, ces deux communautés religieuses vont être dotées de domaines. On sait que l’abbaye de la Couture a reçu vers 1030-1050 des terres autour de Roézé d’un seigneur nommé Lodon mais dont on ne connaît pas l’étendue du domaine1. En 1185, les religieux recevront aussi des dîmes sur la Beunêche.

Quant à Saint Pierre la Cour, elle avait donc reçu deux « ecclesias » bien avant la querelle évoquée dans ce document. La fondation de ces deux églises n’est sans doute à prendre au sens premier de ce terme. Il s’agit plutôt de l’acquisition de droits sur la paroisse2.

 

D’autres donations comtales sont connues dans ce secteur. Au début du XIème siècle, le comte du Maine Hugues donne au Mont Saint Michel de la terre entre Etival Lès Le Mans et Voivres.

Ce secteur entre Le Mans et La Suze a fait l’objet de plusieurs autres donations. Par exemple, Foulques d’Anjou avait fait don aux religieux de Savigny (50), sans doute vers 1116/11203, de la terre des Randonnays4 (commune de Voivres-Lès-Le Mans) située à cinq kilomètres au nord-est de la Forêt ; la terre passe ensuite à l’abbaye cistercienne de la Boissière (49) dépendante de Savigny. Mais cette implantation ne pu se développer et les moines iront ensuite à Denezé sous Le Lude (49). C’est peut-être de cette époque que date le droit de novales (droit sur les terres nouvellement défrichées) attribuée aux curés de la paroisse de Voivres sur la terre des Randonnays.

1Cartulaire des abbayes de Saint Pierre de la Couture et de Saint Pierre de Solesmes, Le Mans, 1881, p. 17 à 19

2Éric Van Torhoudt, La formation des territoires paroissiaux en Normandie occidentale aux XIe-XIIIe siècles, dans La paroisse, communauté et territoire, p. 235-257, PUR, Rennes, 2013

3Jaap van Moolenbroek,  Vital, l'ermite, prédicateur itinérant, fondateur de l'abbaye normande de Savigny, Revue de l'Avranchin et du Pays de Granville, t. 68, no 346,‎ 1991, p. 203

4Noël-Yves Tonnerre, La place des abbayes cisterciennes dans l’histoire de l’Anjou, Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 120-3, 2013, p. 172-187

Donations

Donations

Eglise de Roézé (datation proposée : 975/1025)

Eglise de Roézé (datation proposée : 975/1025)

Prieuré des moines de la Couture à Roézé.

Prieuré des moines de la Couture à Roézé.

Voivres, XIème siècle

Voivres, XIème siècle

Etival Lès Le Mans, IXè/Xè s.

Etival Lès Le Mans, IXè/Xè s.

Les problèmes de perception des dîmes et de patronage sur les paroisses sont un sujet classique qui revient souvent au cours du XIIème siècle. La justice épiscopale s’appuie alors sur une administration développée et organisée pour s’occuper de ces questions. On peut sans doute également voir dans cet accord un exemple du pragmatisme épiscopal manceau qui vient régler un conflit entre une institution religieuse très proche des Plantagenêts et une abbaye de la Couture au sommet de sa puissance.

 

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28 janvier 2023 6 28 /01 /janvier /2023 18:33

Délibération du Conseil Municipal de la commune de Voivres, qui autorise le maire à vendre le pressoir dépendant du presbytère (23 septembre 1805).

 

Nous, adjoints et membres du Conseil Municipal de la commune de Voivres soussignés.

Sur la représentation à nous faite par M. Jacques Blin maire de cette dite commune, qu’il existe un pressoir dépendant du presbytère, lequel se trouve dans un état de détérioration qui en rendrait les réparations à faire très dispendieuses, que le pressoir ne serait  dans la suite d’aucune valeur si on le laissait encore une année exposé, comme il est à toutes les rigueurs des saisons, étant situé dans une grange dont le toit est d’un côté entièrement découvert ; en conséquence il demande à être autorisé à le vendre, et à employer les deniers en provenant au profit de l’église en la qualité de receveur de la fabrique.

Examen par nous fait de l’état où se trouve ledit pressoir, avons reconnu que les planches qui en forment le fond sont entièrement pourries et hors de service quelconque, que les deux couettes, ainsi que la jumelle sont déjà fort endommagées et de peu de valeur.

En conséquence pour prévenir une plus grande détérioration, autorisons ledit sieur Blin à vendre ledit pressoir, et à employer les deniers provenant de la vente suivant l’avis des fabriciers de l’église nommé par Monseigneur l’Evêque du Mans.

Pris en Conseil Municipal le premier Vendémiaire an Ier de l’Empire Français.

 

Registre des délibérations communales de Voivres

Registre des délibérations communales de Voivres

Presbytère de Voivres (fond Cordonnier)

Presbytère de Voivres (fond Cordonnier)

Cadastre de 1809 (le presbytère est au numéro 129 du parcellaire)

Cadastre de 1809 (le presbytère est au numéro 129 du parcellaire)

Quelques remarques :

 

Le maire Jacques Blin naît à Etival-Lès-Le Mans le 30 novembre 1749 de Jacques Blin et de Marie Barrier. Alors sabotier à Voivres, il épouse Marie Compain le 20 avril 1784. Devenu veuf en 1789, il se remarie avec Louise Leroy le 11 octobre 1791.

On le voit apparaître comme maire dans un acte du 18 décembre 1802. L’abbé Bichette, curé de Voivres à partir de 1834, rédacteur plutôt partial des chroniques de la paroisse, nous donne quelques indications sur l’arrivée de Jacques Blin en tant que maire. L’édile précédent, Louis Hourdel, est accusé selon Bichette de s’être adonné à la boisson et d’être grossier ; Bichette nous rapporte d’ailleurs que le jour de la Toussaint 1802, Hourdel, qui faisait aussi fonction de sacriste, avait manqué de respect au prêtre et interrompu son office. Démis de ses fonctions, il est alors remplacé par Jacques Blin.

En 1802 est rédigé un compte de tutelle entre lui et sa fille Marie Appolline née de son premier mariage. Y sont cités certains biens occupés par Jacques Blin tels que deux maisons chauffantes avec boutique, cour et jardin au bourg, un petit clos de terre à la Blotinnière et une parcelle de vignes au clos des Cosnilleries, le tout à Voivres. Il avait aussi une maison et des terres à Fay.

En 1803, il acquiert avec sa femme une maison composée d’une pièce avec cheminée et un cellier derrière située au bourg de Voivres.

Il meurt à Voivres le 19 mai 1812 et c’est son fils qui déclare le décès le lendemain en mairie. Mathurin Piveron devient alors maire.

Acte de baptême de Jacques Blin (registre paroissial d'Etival Lès Le Mans)

Acte de baptême de Jacques Blin (registre paroissial d'Etival Lès Le Mans)

Acte de décès de Jacques Blin (Rtat-civil de Voivres)

Acte de décès de Jacques Blin (Rtat-civil de Voivres)

Acte de décès de Jacques Blin (Etat-civil de Voivres)

Acte de décès de Jacques Blin (Etat-civil de Voivres)

Vente d'un pressoir à Voivres-Lès-Le Mans en 1805

La vigne est présente sur le territoire de Voivres depuis longtemps, comme un peu partout en Sarthe d’ailleurs ; les cartulaires médiévaux y font très souvent référence. Et trouver un pressoir dans un presbytère n’a rien de surprenant puisque la cure et la fabrique ont des vignes.

Déjà dès le XIIIème siècle, le cartulaire de l’abbaye de Beaulieu fait mention de Jean Jardin, paroissien de Voivres, qui possède une maison dans le bourg derrière laquelle se trouvent des vignes. Les documents des XVIIème et XVIIIème siècles concernant Voivres nous donnent certaines informations sur la culture de la vigne dans cette commune.

En 1604, le curé de Voivres, dans un conflit qui l’oppose aux religieux de la Boissière concernant la terre des Randonnays, fait état de vins perçus pour la dîme.

Il y avait plusieurs clos de vignes à Voivres : le secteur des Jouannières à l’ouest de la commune avec un lieu-dit nommé le Pressoir et un parcellaire en lanières; la Conillerie au nord-ouest du bourg avec également un lieu-dit le Pressoir ; le clos de la Cheverie à l’est de la commune  où en 1661 Jacques Le Gros fait don d’un quartier de vignes à la cure; la Blotinière, etc. D’ailleurs on rencontre plusieurs fois des vignerons dans les registres : Michel Gaupuceau qui habite aux Vallées en 1619, Mathurin Blanchard vigneron à la Jouannière en 1624, Louis Gaupuceau qui rédige son testament en 1637, Léonard Barier qui achète une vigne à Voivres en 1638, Hiéraume Couderay inhumé en 1667, Jean Froger qui achète des vignes à la Cailloterie et à Beauvais en 1671, Jacques Loyseau inhumé en 1684, Jacques Hervé inhumé en 1686, René Fournigault inhumé en 1687, Pierre Bouteiller locataire de vigne à la Cailloterie et à la Basse Jouannière en 1741, Louis Drouard qui entretenait les vignes de la fabrique en 1744, Julien Cornillau journalier vigneron qui achète une vigne en 1767, Julien Besnard vigneron locataire d’une chambre aux Sauvagères en 1771, Joseph Piron qui prend le bail de vignes à la Cailloterie et au Pressoir en 1780, etc.

Vente d'un pressoir à Voivres-Lès-Le Mans en 1805
Acte notarié (1624)

Acte notarié (1624)

Les vignes ne sont pas forcément de bonne qualité comme en témoignent les divers montrées et actes de vente. Par exemple, en 1769 la montrée du lieu de la Renardière décrit l’état des parcelles : « Que deux quartiers de vigne l’un dans le clos du Pressoir et l’autre dans le clos de la Cosnillerie sont nantys de quantité de places vides de diverses grandeurs sans soeufs et que le surplus de laditte vigne ne se trouve qu’au tiers plantée le fort raportant au faible et pour n’avoir pas provigné laditte vigne les années dernières ne lavoir pas beichée en saison convennable et ne l’avoir pas fumée ce que porte une perte considérable audit Letourneau fermier actuel pourquoy led(it) expert en aarbitré les dommages et interrest à la so(mm)e de quinze livres , Cy……………………..15tt »

 

Certaines années, les récoltes étaient plus bonnes comme l’indique le curé Girard en 1720 : « La presante année a été fort fertille an toutes sortes de grains fruits et légumes, principalement an vin dont a été si grande quantité que lon a été contraint dans laiser perdre la plus grande partie faute de tonnois pour le ramasser quels tonnois ont été sans pris et sans an pouvoir trouver pour de largent neamoins lesdits vins ont été de for mauvaize qualité ». Quant à sa qualité, tout dépendait des années et des dégustateurs. Le Paige dans le dernier quart du XVIIIème siècle dit qu’« il y a des vignes dont le vin est de petite qualité ». Bichette écrit dans la première moitié du XIXème siècle que « Les vignes donnent d’assez bon rouge ; mais le blanc en est mauvais, il faut le dépenser de suite. Dans les bons caveaux, le vin rouge peut se garder un an ou deux en busses ; j’en ai fait l’expérience au presbytère. Je dois dire que mon vin était de 1834. Dans cette année-là, la récolte fut très abondante et les vins exquis, tellement que l’on buvait avec plaisir ceux des plus méchants crus ».

 

Il y a quelques années, on trouvait encore des bouteilles de vin produites à Voivres.

 

Carte de Jaillot (1706) sur laquelle on voit les vignes entre Voivres et La Suze

Carte de Jaillot (1706) sur laquelle on voit les vignes entre Voivres et La Suze

Parcelles de vignes sur le cadastre de 1809

Parcelles de vignes sur le cadastre de 1809

Registre paroissial (1720)

Registre paroissial (1720)

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