Overblog
Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

  • : Sarthe Patrimoine et Histoire
  • : Sarthe Patrimoine Histoire Châteaux Manoirs Églises Paysages Le Mans Maine Personnages Pays de la Loire Maine Archéologie Abbayes
  • Contact

Recherche

21 octobre 2023 6 21 /10 /octobre /2023 16:57

Volontairement, les sources ne sont pas indiquées. Il suffit de me contacter pour avoir une référence.

On trouvera dans ces listes chronologiques des informations sur la famille de Brossard, très importante famille de gentilshommes verriers très présente dans l'Ouest de la France

 

Août 1311

Anthonin de Brossart, écuyer dit banneret breton et Judith sa femme vendent une pièce de terre à Crescy la Grange => faux

Charlet de Brossart consent la vente => faux

Janvier 1347

Guillaume de Brossard, d’Yeuville, prend état et honneur de chevalerie.

21 février 1365

Un certain Guillaume Brossart de Saint-Saëns dans la forêt d'Eawy (nord de Rouen) s'engagea à livrer 16 fez (faix) de verre à voirre à un bourgeois de Rouen.

11 décembre 1378

Noble homme Jehan Brossart, écuyer, a la moitié de la dîme de la paroisse de Vennecy.

3 mai 1387

Jehan Brossart, écuyer, de la paroisse de Chécy, a la moitié de la dîme de Vennecy.

6 mai 1388

Baptême de Gaucher de Brossard fils de Gaucher de Brossard, seigneur de Lestang près Guise, et de Anne de Proisy.

2 juin 1388

Jean de Brossart épouse demoiselle Anne de Semhansoy => faux

1390

Jean de Brossard, écuyer, fils aîné de Charles de Brossard, réside à Saint Martin au Bosc (76).

11 décembre 1390

Richard de Brossard, fils de Jean de Brossard, est baptisé à Saint Martin au Bosc.

1er juin 1392

Jehan de Brossard, demeurant à Saint Martin au Bosc, fait une donation. Il est fils de Charles Brossard, écuyer, et de Jacqueline Trachys. Son grand-père est Antoine Brossard, écuyer de Madame la comtesse de Ponthieu.

Il avait épouse Anne Semhansoy.

1er juin 1392

Richart Brossart, écuyer, fut nommé par son oncle pour recueillir sa succession.

20 octobre 1392

Jean de Brossard devient seigneur en partie de Saint Martin au Bosc.

Faux pour Chérin

10 juin 1394

Acte dans lequel est cité Jean de Brossard, seigneur de Saint Martin, et son épouse Anne de Semhansoi.

1415

Jean Brossard employé sur l’état de la maison du Roi.

V1415

Gautier de Brossard épouse Marguerite du Rosel

1419

Jean de Brossart sieur de Saint Martin reçoit un transport => faux

30 novembre 1420

Jean de Brossart sieur de Saint Martin au Bosc fait une acquisition => faux

14 novembre 1423

Jean de Brossart et demoiselle Marie de Fonteine sa femme font l’acquisition d’une rente sur une masure => faux

31 décembre 1437

Gaucher de Brossard vend le fief de Lestang => Faux

V1440

François de Brossard, sieur de Saint-Denis, épouse Jacqueline de la Croix.

12 mai 1441

Richard Brossard, écuyer, et son fils Colart Brossard, écuyer, prennent le bail de la verrerie de Saint Martin au Bosc (76).

Dict dit qu’il prend la verrerie d’Eu.

27 janvier 1451

Perrot de Brossard transigea pour la verrerie du Bois Mallet à Alençon.

7 avril 1452

François de Brossard et sa femme Jacqueline de Corday achètent le fief de Saint Denis en la paroisse de Condé sur Noireau. => suspect

1453

Antoine de Brossard, écuyer, sieur de Saint Martin et de Saint Brice, écuyer de Charles d’Artois, comte d’Eu.

1458

Guillaume Caqueray épouse une fille de Colart de Brossard et reçoit le privilège d’une verrerie au comté d’Eu.

3 mars 1458

Colart de Brossart passe un bail à rente d’un bien situé à Sailly => vicié

8 août 1459

Colart Brossart sieur de Saint Martin, maître de la verrerie d’Eu, acquit un demi fief à Saint-Martinau Bosc => faux

16 juin 1463

François de Brossard, sieur de Saint-Denis, acquiert la Louvetière à Condé. => faux

10 août 1466

Perrot de Brossard, écuyer, passe contrat devant les tabellions de Mortrée.

V1470

Jean de Brossard, sieur de Saint-Denis et de la Louvetière, épouse Jeanne le Foullon de Vire.

12 août 1472

François, comte de Dunois et de Longueville, concède une rente de dix livres à Jean et André Brossard, écuyers, verriers, avec un emplacement en forêt de Fréteval.

10 août 1473

Le comte de Dunois cède à André et Jean Brossard, verriers, une place de verrerie à Mauvoisin en forêt de Fréteval.

16 novembre 1474

Colart de Brossard rend aveu au comte de Brabant.

Nicolas selon Chérin : copie informe environ de 1510 => on ne peut en faire usage

20 décembre 1480

Mathurin de Brossard, seigneur de la Celle (Saint-Symphorien).

1486

Colart de Brossard est maître de la verrerie de Saint Martin au Bosc (76).

31 janvier 1486

Collart Brossart, écuyer (retouche, il y avait verrier) obtient une adjudication.

10 février 1486

Noble homme Nicolas Brochart, écuyer, sieur (retouché, il y avait maître) de la voirrerie d’Eu consent un accord sur la terre et seigneurie de Saint Martin au Bosc => suspect parce que vicié

23 avril 1486

Jean de Brossard et ses frères, fils de Perrot de Brossard, avaient des héritages à Carrouges.

1487

Colin de Brossart, gentilhomme verrier habitant le Chatelleraudais, est taxé pour ne pas s'être rendu aux armées bien qu'il soit noble.

7 février 1489

Antoine de Brossard, écuyer, seigneur de Saint-Martin, fils de Colart de Brossard, obtient une sentence sur les impôts.

7 février 1489

Feu maître Collart Brossart, sieur de Saint Martin au Bosc, et maître de la verrerie d’Eu. Est cité Antoine Brossard. (copie informe d’environ 1560)

1490

André Brossard, sieur de Mauvoisin, possède la Métairie de la Louvetière à Chauvigny.

2 mars 1490

Jean Brossard, verrier, fait don de 40s de rente à l’église Saint Sauveur de Carrouges.

30 septembre 1490

Jean de Brossard obtient saisine du bailli de Caen.

7 février 1491

Antoine de Brossard sieur de Saint Martin du Bosc passe plusieurs baux à ferme.

1493

Mathurin de Brossard, écuyer, sieur de la Celle (Saint-Symphorien) est propriétaire de la lande de Vauferré.

14 février 1493

Noble homme Antoine Brossart, écuyer, seigneur de Saint Martin au Bosc, demeurant à Martigny fait un transport à Emond son fils (il y avait frère) => vicié

15 juin 1493

Collette des Essarts, veuve de Nicoulas Brochart vivant maître de la Verrie de le forest passe bail à ferme => original mais retouché

15 juin 1493

Anthoine Brochart, écuyer (retouché), représenté par sa mère, passe un bail à rente => vicié

1er septembre 1493

X Broissart comme père d’Antoine de Brossart et de Emond de Brossart dans une vente => vicié

1er septembre 1493

Noble homme Anthoine Broissart, écuyer, maître de la verrerie de Martigny, seigneurie de Saint Martin fit une vente à son (il y avait frère) Emond => vicié

5 avril 1494

Richard Brossard cité dans un partage à Esmon sont petit-fils =>faux

5 avril 1494

Antoine de Brossard, écuyer, donne partage à son frère => faux

9 avril 1495

Jean de Brossard fut fait capitaine de l’Isle de Sulmone par le roi Charles VIII.

27 décembre 1495

Noble homme Antoine Broissart, écuyer, sieur de Saint Martin au Bosc, maître de la verrerie de Martigny, passe un bail à rente => bon

20 mai 1496

Partage entre les petit-fils de défunts Gaucher de Brossard, sieur de Lestang, et demoiselle Marguerite du Rozel sa femme soit Jean de Brossard sieur de la Louvetière et de Saint-Denis, Thomas de Brossard et Guillaume de Brossard. => suspect

1497

Edmond de Brossard est propriétaire de la verrerie d’Eu à Saint Martin au Bosc (76).

2 février 1497

Jean de Brossard, sieur de Saint Denis et de la Louvetière, et son épouse Margurite Germain achètent une maison à Condé sur Noireau.

26 juillet 1497

Emond Brossart, écuyer, maître de la verrerie d’Eu acquiert une masure à Saint Martin au Bosc => bon

1498

Michel de Brossart, écuyer, sieur des Sartons, cité pour la première fois jusqu’en 1526.

18 janvier 1499

Robert Brossard, écuyer, est cité dans un acte notarié.

Extrait des généalogies établies par Chérin pour les preuves de noblesse (source Archices Nationales)

Extrait des généalogies établies par Chérin pour les preuves de noblesse (source Archices Nationales)

Le Vaillant de La Fieffe, une des premières études sérieuses sur le sujet

Le Vaillant de La Fieffe, une des premières études sérieuses sur le sujet

Extrait d'un document faisant référence aux verriers de la Charnie en 1457 (source AD72)

Extrait d'un document faisant référence aux verriers de la Charnie en 1457 (source AD72)

Partager cet article
Repost0
31 mars 2023 5 31 /03 /mars /2023 21:18

Une querelle entre les moines de la Couture et les chanoines de Saint Pierre la Cour est à l’origine d’un texte (vers 1135) qui évoque une « foresta » sur Roézé. C’est la cour épiscopale qui intervient pour régler le problème.

 

Moi, Hugues, par la grâce de Dieu, métropolitain de Tours, et notre vénérable frère Guy, lui aussi par la grâce de Dieu évêque du Mans, et Guillaume abbé de Saint Pierre de La Couture, à tous les fidèles présents et à venir, salut ; nous attestons la vérité d’une cause que nous avons examinée.

Que votre sagesse sache avec certitude que l’église de Saint Pierre la Cour, par donation d’Hugues David fondateur de cette église et par abondante contribution des autres seigneurs du Mans et enfin par donation du comte Hélie, d’heureuse mémoire, a reçu et possédée longtemps les dîmes de sa forêt et sur la glandée et sur la moisson.

Comme cette forêt était devenue terre labourable depuis un long temps, les chanoines de Saint Pierre la Cour firent dans cette même forêt deux églises [Louplande et Voivres] et ils attribuèrent séparément à chacune sa paroisse ; et ils les occupèrent longtemps paisiblement.

Mais après un long temps, les moines de Saint-Pierre de Couture s'élevèrent contre les chanoines, disant que dans une certaine partie de la forêt, à savoir, dans celle qui est entre la rivière Orne et Roézé, ils avaient une dîme sur la glandée, et donc, quand cette partie de la forêt a été transformée en terre arable, ils ont pris le dixième de la moisson, car ils avaient des glands, seulement de ceux qui contredisaient les chanoines. Cela affirmé, Guillaume, doyen de Saint-Pierre-la-Cour, et les chanoines vinrent à l'évêque Guy, protestant de leur dîme, que les moines avaient ainsi envahie. Quand l'évêque entendit cela, il appela Guillaume, abbé de Saint-Pierre de la Couture, et les moines, et il donna le jour aux moines et aux chanoines qui l’acceptèrent. Le jour de l'échéance, ils vinrent tous les deux, et en présence du seigneur évêque, ils exposèrent leurs raisons.

Quand ils ont appris cela, la cour de l'évêque a décidé que les chanoines devraient être investis de la dîme qu'ils réclamaient, et ensuite, sur les chanoines, les moines auraient la justice. Ce jugement, les moines l'acceptèrent sans contradiction, et au lieu de l'investiture elle-même, ils remirent en gage aux chanoines le pallium.

Les ayant donc investis, vinrent les avocats de la paix et de la concorde entre les moines et les chanoines, et d'un conseil modéré, en notre présence et au chapitre de Saint Pierre de la Couture de notre main et de celle de l’évêque Guy, par l’abbé Guillaume et par le doyen Guillaume, l’accord a été signé et ainsi la querelle a été terminée et apaisée.

De sorte que désormais les moines aient la dîme et la paroisse de la terre de l’Auneau entre Roézé et la rivière de l’Orne, et la moitié des dîmes, offrandes, prémices et toute la rente paroissiale de la terre de Raymond, et de la terre des moines d’Oizé et de la terre des chanoines de Beaulieu et de la terre de Renaud du Breil.

Et que les chanoines aient l’autre moitié, et toutes les dîmes de l’autre forêt et toutes les rentes paroissiales en quelque lieu qu’il y ait forêt féodale et qui soit devenue terre labourable.

Et si les paroissiens des terres communes se rendent à l’église de Voivres, que les moines aient la moitié de tout leur revenu paroissial ; si au contraire ils se rendent aux églises des moines, que les chanoines aient là la moitié de tout le revenu paroissial de ces gens des communes.

 


 

Cartulaire de l’abbaye de la Couture au Mans1 et cartulaire de la collégiale Saint Pierre de la Cour2

 

1Cartulaire des abbayes de Saint Pierre de la Couture et de Saint Pierre de Solesmes, Le Mans, 1881

2Menjot d’Elbenne (Vicomte) et Denis (L. J.), Cartulaire du chapitre royal de Saint Pierre de la Cour du Mans, Le Mans, 1907

 

ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)
ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)
ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)

Les personnages cités dans les documents

Hugues : archevêque de Tours (1134-1146). Ce serait un membre de la famille des seigneurs de La Ferté-Arnaud (La Ferté-Vidame, Eure-et-Loir) comme semble l’indiquer le cartulaire de Saint Père de Chartres dans une confirmation de don datée des environs de 1136. Il succède à Hildebert de Lavardin, évêque du Mans et archevêque de Tours, mort en décembre 1134.

Gui : évêque du Mans (1126-1135) qui serait originaire de Bretagne (région de Ploërmel). Il est appelé Guy d’Étampes dans certaines publications. Il paraît avoir été assez proche du pouvoir normand puisqu’il fut à un moment de sa vie écolâtre de Salisbury, chanoine de Lincoln et archidiacre de Rouen. Il fait partie de ces évêques manceaux du XIIème siècle dont la renommée attire les étudiants. Il célébrera à la cathédrale du Mans le mariage entre Geoffroy V Plantagenêt et Mathilde fille du roi d’Angleterre Henri Ier. Il baptisera également en 1134 leur fils Henri, futur roi d’Angleterre. C’est aussi pendant son épiscopat qu’un grand incendie va ravager Le Mans en 1134. Il décède en 1135 (1136 selon Orderic Vital) et c’est Hugues de Saint-Calais qui devient alors évêque du Mans.

Guillaume, abbé de Saint Pierre de la Couture : Les auteurs de la transcription du cartulaire de la Couture se demandent s’il n’y a pas une erreur quant à ce nom puisque l’abbé à l’époque serait Foulques.

Hugues David : Les actes des cartulaires de la Couture et de Saint-Pierre-la-Cour font référence à ce Hugues dit aussi « filius David » ; à la fin du Xème siècle il a fait divers dons aux deux communautés religieuses. Il est d’ailleurs fort probable que certains éléments de la collégiale encore visibles aujourd’hui remontent à l’époque du comte Hugues II. Les hugonides étaient proches des Capétiens, mais ils changent de camp ; les Capétiens se tourneront alors vers les Angevins pour leurs confier le Maine. Cependant, les hugonides ne se laisseront pas faire.

Hélie : Hélie, de par sa mère, descend des comtes du Maine ; il avait racheté vers 1092 le comté du Maine à un de ses cousins, Hugues V. C’était un farouche adversaire des Normands allant jusqu’à faire prisonnier l’évêque Hoël, fidèle allié des Normands, ce qui entraîna à l’époque un certain vent de révolte dans le Maine. On voit clairement que le comté est partagé entre suivre les partisans des Angevins ou ceux des Normands, d’autant que les intérêts des uns deviennent parfois les intérêts des autres selon que les seigneurs fassent ou défassent leurs alliances. Mais les premières années d’Hélie en tant que comte du Maine sont compliquées. Jusqu’à l’extrême fin du XIème siècle, les troupes normandes vont agir dans le Maine où elles reprennent plusieurs châteaux ; Orderic Vital allant même jusqu’à dire que le comte Hélie fut fait prisonnier. En 1100, Guillaume Le Roux, roi d’Angleterre, meurt. Hélie va alors pouvoir s’imposer non sans devoir encore se positionner subtilement dans un univers seigneurial où les retournements d’alliance sont fréquents. Cependant la première décennie du XIIème siècle sera pour Hélie celle de la stabilisation, se rapprochant de l’Angleterre mais également de l’Anjou. Après les guerres était venu le temps de la diplomatie.

Guillaume, doyen de Saint-Pierre-la-Cour : C’est à priori la seule mention de ce religieux.

Moines d’Oizé : Le prieuré d’Oizé est doté par Hélie de La Flèche et dépendait de Vézelay. Les religieux avaient le fief des Buretières (actuellement sur la commune de Voivres) donc de l’autre côté du ruisseau de l’Orne. Le prieuré, du moins pendant cette période, reste très proche du pouvoir angevin.

Chanoines de Beaulieu : L’abbaye de Beaulieu a été fondée au début de XIIème siècle, soit quelques années avant la rédaction de l’accord qui nous intéresse ici. Elle se situait au Mans sur la rive droite de la Sarthe, dans l’ancienne paroisse de la Madeleine. A Roézé, l’abbaye possède Saint-Fraimbault qu’elle aurait obtenu sans doute dès le XIIème siècle par Foulques d’Anjou.

Renaud du Breil : Le toponyme est tellement fréquent qu’il est difficile de localiser cette terre en l’absence d’éléments historiques restés dans les écrits. Selon Menjot d’Elbenne, au XVème siècle, il existait un Jean Bellenger, seigneur du Breil à Saint Benoît sur Sarthe. Pour les auteurs du début du XXème siècle, il s’agirait d’un fief à Brûlon. On trouve également une charte du XIIème siècle où est cité un Renaud du Breil dans un acte concernant l’abbaye de Tironneau.

 

Le contexte

On peut essayer de comprendre le conflit entre les deux entités religieuses. D’un côté nous avons l’abbaye de la Couture et de l’autre les religieux de la collégiale Saint Pierre la Cour. Cette dernière est sous le contrôle direct du comte du Maine et, pour l’époque qui nous intéresse ici, donc de Geoffroy V Plantagenêt (1113-1151). Quant à l’abbaye de la Couture, elle est alors à son apogée : plusieurs dizaines de milliers d’hectares de terres, une cinquantaine de prieurés et un abbé aussi puissant que le comte du Maine.

Geoffroy V le Bel

Geoffroy V le Bel

Si l’on en croit les écrits de Dom Piolin dans son œuvre conséquente « Histoire de l’Église du Mans »1, la période est assez tendue. Le Maine est passé aux mains des Plantagenêts en 1110 lors du mariage entre Foulques V, comte d’Anjou, et Erembourg du Maine héritière du comté. Foulques V meurt en 1129 et c’est le jeune Geoffroy V le Bel qui hérite du comté. Il doit alors s’affirmer face à des seigneurs qui voient en ce jeune comte un élément faible qui devrait être facile à attaquer. On verra d’ailleurs la famille de Sablé, liée par mariage à celle de La Suze, prendre position contre les Plantagenêts.

Piolin nous dit que Foulques avait confisqué des terres religieuses pour les redistribuer à ses fidèles. Il semble que ces « confiscations » soient en lien avec des défrichements entre Le Mans et La Suze dans ce qui se nommait autrefois les bois des Teillais. Mais on sait par diverses sources, dont l’archéologie, que ces espaces étaient déjà habités. C’est le cas du secteur des Randonnays aux confins des communes de Voivres-Lès-Le Mans, Etival-Lès-Le Mans et Allonnes. Certains lieux à la limite des deux paroisses ont été jusqu’à la Révolution en « tournes », c’est à dire qu’ils relevaient une année d’une paroisse et l’année suivante de l’autre. Il paraît aussi dans ce document que ces donations comtales ont été suivies d’une mise en valeur des terres pour justement accroître les revenus des établissements religieux.

1Dom Paul Piolin, Histoire de l’Église du Mans, T. IV, p. 2, Paris, 1858

La Tournerie, carte de Cassini (1765)

La Tournerie, carte de Cassini (1765)

L’abbaye de la Couture avait obtenu des terres sur Roézé dans le second quart du XIème siècle lorsque le seigneur Lodon fit don de biens aux religieux entre la Sarthe et l’Orne Champenoise. Quelques chartes dans le cartulaire de la même abbaye nous rapportent d’autres mouvements de terres dans la région de La Suze. Ainsi en 1142, une courte charte fait mention d’un contentieux avec Payen de Clairvaux toujours à propos d’une « foresta ».

Qu’est ce qu’une « foresta » ?

Il serait très réducteur de traduire ce mot latin médiéval par « forêt », du moins par l’image que nous renvoie ce terme. Il s’agit plutôt d’une unité juridique qui peut inclure des forêts, des landes, des bois, des cultures, des villages, etc. D’ailleurs, elle est traversée par chemin appelé « viam Caenomansem » dans une charte de l’évêque d’Angers du début du XIIème siècle1. Il ne faut pas non plus le prendre comme un lieu précis mais comme un espace géographique relativement étendu. Les environs nous révèlent plusieurs toponymes en relations avec ce type de paysage : La Forêt (Etival Lès Le Mans, Fillé sur Sarthe, Roézé sur Sarthe), les Buissonnières (Etival Lès Le Mans), les Bois (Roézé sur Sarthe, Louplande), la Touche (Roézé sur Sarthe, Louplande), les Landes (Allonnes, Spay, Saint Georges du Bois), etc.

1Josèphe Chartrou, L’Anjou de 1109 à 1151, Presses Universitaires de France, Paris, 1928, p. 356

A l’origine, il s’agit d’un système qui apparaît vers le VIIème siècle et qui se développe ensuite à l’époque carolingienne. Les territoires concernés sont sortis du droit commun1. Puis, lorsque le pouvoir carolingien décline et que les forestae ont perdu leur fonction première, les comtes vont utiliser cette réserve foncière pour les redistribuer afin de renforcer leurs réseaux de pouvoir. C’est ce sont que l’on voit par exemple à propos du domaine des Randonnays. D’ailleurs, les indices archéologiques sur cette zone montrent clairement qu’à l’époque antique l’occupation était autre.

Le texte est assez clair puisqu’il évoque un territoire transformé en terre labourable et sur lequel les religieux perçoivent des droits. A la lecture de divers documents médiévaux, on a le sentiment d’avoir un espace qui était aux mains des comtes du Maine et qui sera concédé à des abbayes. En tout cas, il semble que les dons faits à Saint Pierre la Cour soient simplement un moyen pour le comte de faire fonctionner en autonomie sa collégiale.

La confirmation d’une charte de Foulques concernant les Randonnays (Voivres) précise justement les attributions de ce territoire. On y apprend ainsi qu’il y fut fait des prés, que les moines avaient droit de panage ou glandée dans les bois pour leurs porcs ainsi que le droit de prélever du bois pour édifier leurs bâtiments.

 

Mais le diplôme du comte Hugues du Maine daté de 10142, soit un siècle antérieur aux documents ci-dessus évoqués, permet d’affiner le vocabulaire. Il y est bien spécifié que c’était une terre relevant directement du comte puisqu’on trouve l’expression latine « nostri juris terram ». L’utilisation du terme « saltus » renvoie plutôt à un paysage de landes, de terres non cultivées en friche ; le document dit que ce saltus entoure le lieu de Vedobris que l’on fait correspondre aujourd’hui à Voivres. Il paraît donc évident que les religieux reçoivent une terre pour la mettre en valeur ; il faut dire que le prieuré Saint Victeur avait été doté quelque temps auparavant de vignes et des moulins situés au Mans ou à proximité immédiate. Mais une indication dans ce texte permet de mieux comprendre le flou qui réside dans ce type de paysage puisque la phrase « que dicitur Vedobris, sicut eam saltus undique circuncludit, cum omnibus que in ea sunt, id est ecclesia, molendino, pratis, vivaiiis » indique que dans le saltus sont également présents une église (ou chapelle), un moulin, des prés et des viviers. Il est donc possible que cette occupation corresponde à une implantation au moins carolingienne voire même mérovingienne. Il n’est pas impossible d’ailleurs que le Vedobris du diplôme de 1014 soit aussi le Vodebris rencontré dans la Vie de Saint Julien.

1Jean-Claude Meuret, Paroisses sur la limite orientale de la Bretagne aux XIe-XIIe siècles : évolution du réseau en contexte frontalier, dans La paroisse, communauté et territoire, p. 291-367, PUR, Rennes, 2013

2Bertrand de Broussillon, Cartulaire de Saint Victeur au Mans prieuré de l’abbaye du Mont Saint Michel (994-1400), Paris, 1895, p. 5

Les Randonnays, Voivres, 1948

Les Randonnays, Voivres, 1948

La Forêt, Roézé, cadastre 1843

La Forêt, Roézé, cadastre 1843

La Forêt, Roézé, traces parcellaires d'occupation médiévale

La Forêt, Roézé, traces parcellaires d'occupation médiévale

ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)

On peut aussi voir dans ce texte la difficulté à délimiter précisément les paroisses, et donc les droits y afférant1. Il en restera, jusqu’à l’établissement des communes avec des limites précises dans un plan cadastral, des traces avec des zones en tourne. On trouvera d’ailleurs un lieu-dit la Tournerie sur Voivres.

On peut voir sur le plan cadastral de XIXème siècle, les traces laissées par cet aménagement. Une zone elliptique est bordé à l’ouest par le lieu-dit « La Forêt » et à l’est par celui des « Bretelleries ». Il semble que cette zone ait été coupée en deux à un moment. Peut-être qu’au départ seul le lieu de la Forêt existait et qu’ensuite on ait installé une autre famille sur le lieu des Bretelleries ; mais cela n’est qu’une hypothèse en l’absence de sources pour travailler plus précisément.

Il faut aussi noter que les quatre toponymes « Forêt » sont en limite de paroisse. Celui d’Etival borde Voivres et Louplande, celui de Fillé borde Voivres, celui de Louplande borde aussi Voivres ainsi que celui de Roézé

1Michel Brand’honneur, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes, Habitat à motte et société chevaleresque (XIe au XIIIe siècles), PUR, Rennes, 2001

Les dotations religieuses au XIème et XIIème siècles

Comme nous l’avons dit plus haut, ces deux communautés religieuses vont être dotées de domaines. On sait que l’abbaye de la Couture a reçu vers 1030-1050 des terres autour de Roézé d’un seigneur nommé Lodon mais dont on ne connaît pas l’étendue du domaine1. En 1185, les religieux recevront aussi des dîmes sur la Beunêche.

Quant à Saint Pierre la Cour, elle avait donc reçu deux « ecclesias » bien avant la querelle évoquée dans ce document. La fondation de ces deux églises n’est sans doute à prendre au sens premier de ce terme. Il s’agit plutôt de l’acquisition de droits sur la paroisse2.

 

D’autres donations comtales sont connues dans ce secteur. Au début du XIème siècle, le comte du Maine Hugues donne au Mont Saint Michel de la terre entre Etival Lès Le Mans et Voivres.

Ce secteur entre Le Mans et La Suze a fait l’objet de plusieurs autres donations. Par exemple, Foulques d’Anjou avait fait don aux religieux de Savigny (50), sans doute vers 1116/11203, de la terre des Randonnays4 (commune de Voivres-Lès-Le Mans) située à cinq kilomètres au nord-est de la Forêt ; la terre passe ensuite à l’abbaye cistercienne de la Boissière (49) dépendante de Savigny. Mais cette implantation ne pu se développer et les moines iront ensuite à Denezé sous Le Lude (49). C’est peut-être de cette époque que date le droit de novales (droit sur les terres nouvellement défrichées) attribuée aux curés de la paroisse de Voivres sur la terre des Randonnays.

1Cartulaire des abbayes de Saint Pierre de la Couture et de Saint Pierre de Solesmes, Le Mans, 1881, p. 17 à 19

2Éric Van Torhoudt, La formation des territoires paroissiaux en Normandie occidentale aux XIe-XIIIe siècles, dans La paroisse, communauté et territoire, p. 235-257, PUR, Rennes, 2013

3Jaap van Moolenbroek,  Vital, l'ermite, prédicateur itinérant, fondateur de l'abbaye normande de Savigny, Revue de l'Avranchin et du Pays de Granville, t. 68, no 346,‎ 1991, p. 203

4Noël-Yves Tonnerre, La place des abbayes cisterciennes dans l’histoire de l’Anjou, Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 120-3, 2013, p. 172-187

Donations

Donations

Eglise de Roézé (datation proposée : 975/1025)

Eglise de Roézé (datation proposée : 975/1025)

Prieuré des moines de la Couture à Roézé.

Prieuré des moines de la Couture à Roézé.

Voivres, XIème siècle

Voivres, XIème siècle

Etival Lès Le Mans, IXè/Xè s.

Etival Lès Le Mans, IXè/Xè s.

Les problèmes de perception des dîmes et de patronage sur les paroisses sont un sujet classique qui revient souvent au cours du XIIème siècle. La justice épiscopale s’appuie alors sur une administration développée et organisée pour s’occuper de ces questions. On peut sans doute également voir dans cet accord un exemple du pragmatisme épiscopal manceau qui vient régler un conflit entre une institution religieuse très proche des Plantagenêts et une abbaye de la Couture au sommet de sa puissance.

 

Partager cet article
Repost0