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3 mars 2024 7 03 /03 /mars /2024 12:22

La métairie de la Livardière à Fillé sur Sarthe (Sarthe)

 

1676 : Pierre Paigeot, marchand demeurant au château du Grochenay, procureur de Jean Leboindre (conseiller au Parlement, seigneur du Grochenay, Fillé, Spay, Buffes, la Beunêche et autres lieux) passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Pierre Benoist, laboureur.

Le locataire doit payer 200 livres par an.

 

Laboureur (n. m.) : Terme qui revient très fréquemment dans la région de La Suze alors que le mot « métayer » est peu utilisé. Le laboureur est un exploitant agricole qui est plus important que le bordager ; il exploite une métairie.

 

Métairie (n. f.) : grosse ferme exploitée par un métayer ; elle est plus importante qu’un bordage. Dans la région de La Suze, ce n’est pas le faire-valoir qui différencie une métairie d’un bordage mais plutôt la superficie, la métairie occupant une plus grande superficie.

Acte de bail de 1676 (Source AD72)

Acte de bail de 1676 (Source AD72)

1693 : Françoise Bechefert, veuve de monsieur Leboindre (doyen au Parlement, seigneur du Grochenay et autres lieux) demeurant à Paris paroisse de St Sulpice, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Jean Blanchard, laboureur.

Le locataire doit payer 200 livres par an et fournir 1 couple de chapons paillés à la Toussaint portés au château du Grochenay.


 

1735 : Marie Françoise Catherine Doujat, femme de Jean Baptiste Leboindre (conseiller en la grande chambre du Parlement de Paris, chevalier, seigneur du Gros Chesnay, Buffes, Spay, Fillé, la Beunêche, Vauguion et autres lieux), demeurant à Paris rue et cul de sac Saint Dominique quartier Saint Michel paroisse Saint Jacques du Haut Pas, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Pierre Tuffière, laboureur.

Le locataire doit payer 160 livres par an. Il doit fournir 6 bonnes poulardes grasses à Noël rendues au château du Gros Chesnay.


 

1741 : Jean Joseph Leboindre, chevalier, baron de la Beunêche, seigneur du Grochenay, Buffes, Spay, Fillé, Vauguyon et autres lieux, conseiller au Parlement, demeurant rue St Dominique, quartier St Michel, paroisse St Jacques du Haut Pas, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Pierre Tuffière, laboureur.

Le locataire doit payer 165 livres par an et fournir 6 bonnes poulardes grasses à Noël, 8 livres de beurre frais, 1 charrois au Mans.

 

La livardière et son environnement (carte de Cassini, 1765)

La livardière et son environnement (carte de Cassini, 1765)

1748 : Jean Joseph Leboindre, chevalier, seigneur de Vauguyon, Grochenay, Buffes, Spay, Fillé, Guécélard, Roézé et autres lieux, conseiller du roi au Parlement, demeurant à Paris rue St Dominique paroisse St Jacques du Haut Pas, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Pierre Tuffière, laboureur.

Le locataire doit payer 160 livres par an et fournir six bonnes poulardes grasses à Noël.


 

1754 : Jean Joseph Leboindre, baron de la Beunêche, seigneur de Vauguyon, Buffes, Grochenay, Spay, Fillé, Guécélard, Roézé et autres lieux, conseiller au Parlement, demeurant rue St Dominique quartier St Michel paroisse St Jacques du haut, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Pierre Tuffière.

Le locataire doit payer 175 livres par an et fournir 6 bonnes poulardes grasses à Noël.


 

1762 : Louis François Daniel de Beauvais écuyer seigneur de Grochenay, Buffes, Spay, Fillé, Vauguyon, La Beuneiche et autres lieux,  demeurant ville du Mans paroisse St Nicolas, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à Pierre Tuffière.

Le locataire doit payer par an 170 livres et fournir 1 oie grasse et 4 poulardes grasses à Noël, 6 livres de beurre frais et 1 charrois au Mans.

Carte de Cassini, 1765

Carte de Cassini, 1765

1777 : description des terres de la Livardière

 : 21

LIEU DIT : La Livardière

TYPE : Métairie

SUPERFICIE : 4067.72 ares

ORGANISATION INTERNE :

63.5 journaux = bâtiments, cours, jardin, terres labourables, pâturages

18 hommées de prés

QUALITE DES FONDS : mauvais et médiocre

VALEUR TOTALE : 173 livres 5 sols

PROPRIETAIRE : De BEAUVAIS

RESIDENCE : Le Mans

PROFESSION : Noble

LOCATAIRE : Pierre TUFFIERE

PROFESSION : Métayer

 

 

 

 

 

1794 : La citoyenne Marthe Plumard veuve de feu Louis François Daniel de Beauvais demeurant ville du Mans baille au citoyen René Mauboussin cultivateur la métairie de la Livardière.

Le locataire doit payer par an 432 livres et fournir 4 poulets, 4 poulardes grasses, 1 oie grasse, 20 livres de beurre, 3 charrois au Mans.


 

1801 : Marthe Plumard, veuve de Louis François Daniel de Beauvais et demeurant Ste Croix Les Le Mans, passe le bail de la métairie de la Livardière à Fillé à René Mauboussin, cultivateur.

Le locataire doit payer 432,50 francs par an. Il doit aussi faire 3 charrois jusqu’au Mans ; il doit fournir 4 poulets, 4 poulardes grasses, 1 oie grasse, 30 livres de beurre.

Cadastre, 1810

Cadastre, 1810

Cadastre 1844

Cadastre 1844

1832 : La métairie de la Livardière, située communes de Fillé-Guécelard et Voivres, sur le bord de la grande route du Mans à la Suze, faite valoir par le sieur Mauboussin, composée de bons bâtiments, de 46 journaux de terre labourable, 20 hommées de pré, 4 journaux de pâture, cours et jardins, est à vendre.

Vue aérienne (1949)

Vue aérienne (1949)

Vue aérienne après l'implantation des carrières (cliché de 1990)

Vue aérienne après l'implantation des carrières (cliché de 1990)

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3 décembre 2023 7 03 /12 /décembre /2023 12:11

Le domaine médiéval de Buffe semble être attesté dès l’époque carolingienne. Installé en bordure de la Sarthe, il contrôle une courbe de la rivière et peut-être un passage à gué. C’est un schéma classique qui se retrouve sur d’autre sites proches : Grand Mont à Fillé, Mondan à Guécélard, la Beunêche à Roézé, le bourg de Roézé, etc.

Nous ne nous attarderons ici que dans le recensement de quelques documents des XVIIème et XVIIIème siècles.

 

Buffe à Guécélard aux XVIIème et XVIIIème siècles

14 septembre 1616 : Charles Jamin vend à Jullian Mullocheau trois planches de vigne au clos du Gros Chesnay. Une des planches relève du fief et seigneurie de Buffe.

 

3 décembre 1620 : Nicolas Grassin, laboureur demeurant à la Forêt à Roezé, vend à Pierre Clotreau, homme de labeur demeurant au Foullay à Roezé, trois planches de vigne situées au clos du Gros Chesnay. La vigne relève du fief et seigneurie de Buffe.

 

31 mai 1632 : André Mesnager, vigneron demeurant à l’Oliverie à Fillé, vend à Mathurin Clottereau, vigneron demeurant aux Petits Roys à Roezé, une lotie de jardin situé au bas du clos de vigne du Gros Chesnay. Ce jardin relève du fief de Buffe.

 

14 novembre 1643 : François Hervé, prêtre de Guécélard, vend à Jacques Bellenger, marchand à Moncé, deux journaux de terre dans les Grands Jardins de Fillé. Cette terre relève du fief et seigneurie de Buffe.

 

19 septembre 1644 : Thomas Godefray, tisserand en toiles, vend à Michel Niepceron, marchand meunier aux moulins de Fillé, le Champ Escaubuet proche des Gesleries. Il relève censivement du fief et seigneurie de Buffe.

 

31 mars 1645 : Dans les partages de Guillaume Loriot, il est question d’un bien voisin du jardin dépendant du moulin de Buffe.

 

1647 : Dans les partages de Jacques Fouineau, le seigneur de Buffe est dit propriétaire des moulins de Fillé.

 

20 mai 1654 : Izabel Loriot vend à Michel Niepceron, marchand meunier une maison en ruine dans le bourg de Fillé. On parle de la rue qui va du bourg de Fillé aux moulins de Buffe.

Buffe, atlas de Trudaine XVIIIème siècle

Buffe, atlas de Trudaine XVIIIème siècle

28 novembre 1654 : Jean Leboindre, conseiller du Roi en sa cour du Parlement à Paris, se rend au château seigneurial de Buffe pour y prêter foi et hommage entre les mains du marquis de la Paluelle. Arrivé au château de Buffe, il y trouve Agathe Papiel femme de Jean Brossard concierge du logis de Buffe. Devant la porte seigneuriale et principale entrée dudit lieu, Jean Leboindre offre foi et hommage pour ses terres, fief et seigneurie du Gros Chesnay.

 

21 septembre 1656 : Izabel Hertaux vend à Michel Niepceron, marchand meunier à Fillé, une lotie de terre dans les Grands Jardins proches des moulins de Buffe.

 

18 avril 1657 : François Loriot, notaire au Mans, vend à Michel Niepceron, marchand meunier aux moulins de Buffe, une planche de vigne située au clos du Gros Chesnay.

 

28 juin 1659 : Charles Vallée, homme de peine demeurant aux Geleries à Fillé, vend à Charles Regnard, marchand à La Suze, un morceau de terre dépendant de la pièce de la Reuche à Fillé. Elle est tenue censivement du fief et seigneurie de Buffe.

 

12 septembre 1659 : Marie Loriot, demeurant aux Geleries, passe le bail d’un pré sur les bords de la rivière à Martin Loyseau, serger. Ce pré se situe le long de la ruelle à aller du bourg de Fillé aux moulins de Buffe.

 

17 février 1660 : Pierre Belasier, homme de peine, vend à Michel Niepceron, marchand meunier demeurant au bourg de Fillé, trois planches de vigne au clos du Gros Chesnay tenues censivement des fiefs et seigneuries de Buffe et de Gros Chesnay.

 

31 octobre 1660 : François Joze, charpentier demeurant à Fillé, vend à Mathurin Clotereau, marchand demeurant à Fillé, un jardin autrefois en vigne tenu censivement du fief et seigneurie de Buffe.

 

16 novembre 1660 : Jean Leboindre, seigneur du Gros Chesnay, fait un échange de terre avec Georges Sallé, marchand demeurant à Fillé. Georges Sallé cède un clotteau de terre nommé les Bacconnières et tenu censivement de la seigneurie de Buffe.

 

16 mars 1662 : Jean Poirier l’aîné, marchand meunier demeure aux moulins de Fillé dépendant du château de Buffe.

 

11 juillet 1665 : Isaac de la Palluelle marquis seigneur de Buffe fait procéder à l’estimation des meubles et bestiaux qui se trouveront sur les moulins de Fillé dépendant de Buffe.

 

29 juin 1668 : Jean Leboindre est dit seigneur de Buffe.

 

19 novembre 1669 : Marc Bellanger, notaire royal demeurant à Roezé, se déplace au lieu et métairie de la Grange dépendant de la terre de Buffe à la requête de Jean Leboindre. Il y fait une visite des lieux.

Buffe à Guécélard aux XVIIème et XVIIIème siècles

21 décembre 1670 : Anne Morillon échange avec Jean Leboindre une terre. Elle obtient 25 sillons de terre à prendre dans la pièce des Derrières dépendant de la métairie des Grandes Iles ; elle relève du fief et seigneurie de Buffe.

 

12 mai 1671 : Jean Héron, marchand tisserand demeurant au bourg de Guécélard, vend une lotie de jardin et un bâtiment en forme de grange qui sont tenus censivement du fief et seigneurie de Buffe.

 

6 juin 1675 : Jean Brossard, marchand, demeure au château de Buffe. Le « seigneur aura le droit de chasser ou de faire chasser sur les terres de Buffe lorsqu’il sera au pays ». Le seigneur se réserve la chambre verte au bout de l’allée de la maison de Buffe au lieu de celle qui était au précèdent bail car elle a été abattue.

 

15 décembre 1687 : Jean Leboindre, conseiller au Parlement, seigneur du Gros Chesnay, Spay, Fillé, Buffe, la Beunêche et autres lieux, passe le bail de la grande prée du domaine de Buffe à Louis Brossard, marchand au bourg de Guécélard.

 

20 avril 1688 : Marin Beucher, laboureur, prend le bail du lieu et métairie de la Grange de Buffes. Sont cités les douves du château de Buffe, la garenne de Buffe, le portail du château de Buffe, le gué de Buffe.

 

4 mai 1688 : Louis Brossard, sieur de la Rivière, est fermier du domaine de Buffe.

 

27 mai 1688 : Marin Tanchot et René Fisson, maçons, font des travaux à la métairie de la Grange de Buffe. Ils doivent faire un four au pignon de la maison de la même grandeur que celui de la métairie du Gros Chesnay. La voûte sera en tuffeau, les murailles auront dix neuf pouces d’épaisseur.

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Jaillot (1706)

1 décembre 1689 : Jacques Houdayer et Pierre Rigollet, maçons à Cérans, Marin et Etienne Tanchot, maçons à Roezé, sont appelés par Jean Leboindre pour faire des travaux au château de Buffe « savoir de démolir le portail en pierre de taille qui est au bas de la cour dudit château avec l’huisserie de la petite porte à côté et rétablir ledit portail de la manière et forme qu’il est dans un autre endroit sur les fondements qui sont tirés au bas de la cour vis-à-vis de la porte dudit château et y faire un pilastre de chaque côté semblable à celui qui est présent d’un côté n’y en ayant point de l’autre à cause de la petite porte laquelle ne sera point rétablie et les pierres de laquelle seront remplacées à faire lesdits pilastres. Plus à rehausser les murailles du petit bâtiment qui est au bout du grand corps de logis dudit Buffe du côté du Nord jusqu’à pareille hauteur que celles dudit grand corps de logis et en faire déposer les croisées et surplus que ledit seigneur désirera faire lesquels tailleront en oculi. Ils arracheront le vieil entablement de tuffeau qui est au pignon du grand corps de logis ».

 

7 janvier 1690 : Pierre Jarossay, bordager, devient concierge du château de Buffe. Il devra « bêcher, dresser et tenir le jardin dudit Buffe, entretenir les allées et bordures de buis qui seront fait faire par mondit sieur dans ledit jardin y aidant même ledit Jarossay de sa personne lesquelles allées pavera et tondra les buis chacun an mondit sieur Leboindre ayant préalablement fait sabler lesdites allées, comme aussi ledit Jarossay tondra et entretiendra les plants d’aubépines qui sont dans ledit jardin et entretiendra les autres plants d’arbres qui y sont et seront mis. Il doit entretenir les fossés qui bordent la grande avenue qui a été faite de neuf. Ledit Jarossay logera dans la boulangerie dudit Buffe  et chambre en appentis au bout dont il jouira et dune petite étable pour y mettre une vache et du revenu dudit jardin tant pour ce qu’il en sèmera et que les fruits d’icelui et d’un petit préau qui est entre l’entrée au gué de la rivière dudit Fillé et les douves dudit Buffe et encore pour et moyennant  deux charges de blé seigle que mondit sieur Leboindre lui livrera chacun an avec une busse de vin ou cidre au choix dudit seigneur lequel homme fera champage audit Jarossay une vache sur le domaine dudit Buffe sans être obligé fournir audit Jarossay aucun foin ni paille pour sa nourriture d’hiver et ledit Jarossay nourrira un cochon ; mondit sieur Leboindre ni pourra rien prétendre. En outre s’oblige ledit Jarossay d’entretenir les arbres qui seront plantés dans le verger qui sera fait, de veiller à empêcher le passage de gens et bêtes par la cour dudit Buffe et au travers de ladite allée neuve ».

 

4 avril 1695 : René Chevallier, prêtre curé de Fillé, procureur de Françoise Beichefert (veuve de Jean Leboindre), passe le bail de la grande prée de la terre de Buffe à Louis Brossard, sieur de la Rivière, marchand demeurant paroisse de Fillé.

Buffe sur la carte de Cassini (XVIIIème siècle)

Buffe sur la carte de Cassini (XVIIIème siècle)

14 février 1702 : Guy Sallier, conseiller au grand conseil, veuf de Marie Françoise Leboindre, est seigneur de la terre, fief et seigneurie de Buffe. Françoise Beichefert, mère de Marie Françoise Leboindre, lui remet les titres de féodalité de la terre, fief et seigneurie de Buffe.

 

13 mars 1721 : Marie Françoise Catherine Doujat passe la bail de la Grange de Buffe à René Angibault, laboureur demeurant lieu et métairie de Buffe.

 

3 décembre 1728 : Marie Françoise Catherine Doujat passe le bail du petit domaine de Buffe et de toutes les chambres basses du château de Buffe à Pierre Gaignon, charpentier demeurant au château de Buffe. Il doit prendre soin du grand jardin du château et en tailler les arbres.

 

5 janvier 1733 : le droit de pêche au dessous des chaussées des moulins de Fillé dépend de la terre de Buffe.

 

28 février 1733 : Marie Françoise Catherine Doujat, épouse de Jean Baptiste François Leboindre, conseiller en la grande chambre du Parlement de Paris, chevalier, seigneur du Gros Chesnay, Buffe, Spay, Fillé, la Beunêche, Vauguion et autres lieux, passe le bail de la métairie de la Grange de Buffe à Marin Alleton, laboureur, mari de Magdelaine Godefroy demeurant audit lieu de la métairie de la Grange de Buffe paroisse de Fillé.

 

22 novembre 1738 : Marie Françoise Catherine Doujat, épouse de Jean Baptiste François Leboindre, conseiller en la grande chambre du Parlement de Paris, chevalier, seigneur du Gros Chesnay, Buffe, Spay, Fillé, la Beunêche, Vauguion et autres lieux, passe le bail de la métairie de la Grange de Buffe à Marin Alleton, laboureur, mari de Magdelaine Godefroy demeurant audit lieu de la métairie de la Grange de Buffe paroisse de Fillé.

 

18 novembre 1739 : Jean Joseph Leboindre passe le bail du petit domaine du château de Buffe à Jacques Tanchot. Il doit prendre soin du grand jardin du château de Buffe et en tailler les arbres. Le verger du petit domaine est à l’abandon depuis 3 à 4 ans.

 

24 septembre 1741 : Jean Joseph Leboindre passe un bail sur un droit de pêche au dessous des chaussées des moulins de Fillé. Ce droit de pêche dépend de la terre de Buffe.

 

17 mai 1744 : Catherine Formage du Plessis, au nom de Jean Joseph Leboindre, conseiller du Parlement, chevalier, seigneur du Gros Chesnay, Vauguion, Buffe, Spay, Fillé, la Beunêche, Guécélard, Roezé et autres lieux, passe le bail de la Grange de Buffe à Marguerite Budan, veuve de Jean Josée, et à son fils Jean Grosbois.

 

10 octobre 1745 : Jean Joseph Leboindre passe le bail du petit domaine du château de Buffe à Jean Degoullet. Il doit prendre soin du grand jardin du château de Buffe et en tailler les arbres. Le bailleur pourra venir prendre des poires à couteau dès leur maturité s’il en a besoin. Le locataire aura les fruits du grand jardin et du verger.

 

Décembre 1746 : inventaire des effets de la communauté entre Jean François Leboindre et défunte Anne Suzanne Tiraqueau son épouse. Jean Degoullet est dit fermier du petit domaine de Buffe, la veuve de Jean Nieceron est fermière des prées de Buffe, François Loizeau est fermier de la rivière de Buffe.

 

26 décembre 1750 : Jean Joseph Leboindre passe le bail du petit domaine du château de Buffe. à René Tuffière, bordager. Il aura soin du grand soin du grand jardin de Buffe, le seigneur s’en réservant les fruits à couteau. Comme le verger est en friche depuis sept à huit ans, le bailleur s’oblige de contribuer de moitié au défrichement de celui-ci.

Buffe

Buffe

14 septembre 1755 : Jean Joseph Leboindre, chevalier, seigneur de Vauguion, Gros Chesnay, Buffe, Spay, Fillé, la Beunêche, Roezé et autres lieux, conseiller au Parlement, passe le bail de la métairie de la Grange de Buffe à Jean Grosbois, laboureur, mari de Jeanne Hulot demeurant dite métairie de la Grange de Buffe paroisse de Fillé.

 

Aout 1759 : Jean Gasnier a passé deux jours à faire un pilier dans l’écurie du château de Buffe qui était prêtre à tomber.

 

30 août 1761 : Louis François Daniel de Beauvais, écuyer, seigneur du Gros Chesnay, Buffe, Spay, Fillé, la Beunêche, Vauguyon et autres lieux, passe le bail du domaine du château de Buffe à René Tuffière, bordager demeurant au château de Buffe. Le domaine est composé du château et autres bâtiments, cours, issues, jardins et vergers, du jardin de la métairie de la Grange en proximité du château, de la pièce de terre nommée la Groye de Buffe,  de la pièce de terre nommée la Groye dépendant de la Grange, d’une pièce de terre nommée la Pierre, d’une portion de terre nommée le Clotteau Bignon, de l’avenue du château de Buffe, d’environ un journal de terre qui sera pris dans la pièce de la Galopière, du petit pré de Buffe, du panage dans le chemin du gué, d’une petite portion du pré du Port, du pré du Verger. Le seigneur se réserve des chambres hautes et un des greniers du château ; il se réserve aussi de pouvoir faire abattre par pied la charmille qui est autour du jardin de Buffe. Le locataire pourra mettre le jardin en trèfle ; il pourra aussi prolonger l’avenue de Buffe jusqu’à la barrière de la première cour du château pour servir de passage et chemin pour exploiter les prairies et en prolongeant ladite avenue, il fera faire un fossé de chaque côté et au bout dans l’alignement des anciens et dont la jetée sera en dedans de ladite avenue.

 

20 septembre 1767 : Le général des habitants de Fillé se réunit. Feu Jean Joseph Leboindre a légué à la fabrique de Fillé « la somme de dix mille livres pour être employée à l’augmentation, décoration, réparation et entretien de l’église de Fillé et notamment à élever un tombeau en mausolée en marbre dans la chapelle dite de Buffe où il a désiré être enterré ».

 

23 mai 1768 : Louis François Daniel de Beauvais passe le bail du domaine du château de Buffe à René Tuffière, bordager. Le propriétaire se réserve deux chambres basses, les chambres hautes et un grenier ; il se réserve aussi de pouvoir abattre la charmille autour du jardin de Buffe. Le locataire devra fournir deux boisseaux des plus belles noix cueillies sur le domaine.

 

14 septembre 1777 : une description des propriétés de la paroisse de Fillé précise la composition de Buffe : bâtiments, cours, jardins, terres labourables et pâtis. Ces biens appartiennent à Louis François Daniel de Beauvais et sont affermés à la veuve Tanchot. Le tout s’étend sur 26,75 journaux et 3 hommées de prés (soit une superficie d’environ 15 hectares).

 

11 septembre 1785 : Marthe Plumard de Rieux, veuve de Louis François Daniel de Beauvais, passe le bail du domaine de Buffe à Jacques Fleury, bordager. La propriétaire se réserve le droit d’avoir un cheval sur le domaine.

 

24 juillet 1786 : Bail des moulins de la Beunêche. Louis Thomas, meunier des moulins de la Beunêche (appartenant à Marthe Plumard de Rieux) doit aller chercher quatre charges de blé dans les greniers de Buffe, les moudre et les porter au château du Gros Chesnay.

 

26 juin 1787 : Bail de la ferme du domaine du Gros Chesnay. Joseph Morillon, métayer, doit fournir chaque année une charge de froment, une charge de seigle et une charge d’avoine mesure du Mans comble ou ras le bois mesure de La Suze rendues dans les greniers du château de Buffe.

 

15 février 1794 : La citoyenne Marthe Plumard, veuve de feu citoyen Louis François Daniel de Beauvais, demeurant au Mans passe le bail du lieu de Buffe à Jacques Fleury, cultivateur.

Archive notariale, 1654

Archive notariale, 1654

Archive notariale, 1689

Archive notariale, 1689

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31 mars 2023 5 31 /03 /mars /2023 21:18

Une querelle entre les moines de la Couture et les chanoines de Saint Pierre la Cour est à l’origine d’un texte (vers 1135) qui évoque une « foresta » sur Roézé. C’est la cour épiscopale qui intervient pour régler le problème.

 

Moi, Hugues, par la grâce de Dieu, métropolitain de Tours, et notre vénérable frère Guy, lui aussi par la grâce de Dieu évêque du Mans, et Guillaume abbé de Saint Pierre de La Couture, à tous les fidèles présents et à venir, salut ; nous attestons la vérité d’une cause que nous avons examinée.

Que votre sagesse sache avec certitude que l’église de Saint Pierre la Cour, par donation d’Hugues David fondateur de cette église et par abondante contribution des autres seigneurs du Mans et enfin par donation du comte Hélie, d’heureuse mémoire, a reçu et possédée longtemps les dîmes de sa forêt et sur la glandée et sur la moisson.

Comme cette forêt était devenue terre labourable depuis un long temps, les chanoines de Saint Pierre la Cour firent dans cette même forêt deux églises [Louplande et Voivres] et ils attribuèrent séparément à chacune sa paroisse ; et ils les occupèrent longtemps paisiblement.

Mais après un long temps, les moines de Saint-Pierre de Couture s'élevèrent contre les chanoines, disant que dans une certaine partie de la forêt, à savoir, dans celle qui est entre la rivière Orne et Roézé, ils avaient une dîme sur la glandée, et donc, quand cette partie de la forêt a été transformée en terre arable, ils ont pris le dixième de la moisson, car ils avaient des glands, seulement de ceux qui contredisaient les chanoines. Cela affirmé, Guillaume, doyen de Saint-Pierre-la-Cour, et les chanoines vinrent à l'évêque Guy, protestant de leur dîme, que les moines avaient ainsi envahie. Quand l'évêque entendit cela, il appela Guillaume, abbé de Saint-Pierre de la Couture, et les moines, et il donna le jour aux moines et aux chanoines qui l’acceptèrent. Le jour de l'échéance, ils vinrent tous les deux, et en présence du seigneur évêque, ils exposèrent leurs raisons.

Quand ils ont appris cela, la cour de l'évêque a décidé que les chanoines devraient être investis de la dîme qu'ils réclamaient, et ensuite, sur les chanoines, les moines auraient la justice. Ce jugement, les moines l'acceptèrent sans contradiction, et au lieu de l'investiture elle-même, ils remirent en gage aux chanoines le pallium.

Les ayant donc investis, vinrent les avocats de la paix et de la concorde entre les moines et les chanoines, et d'un conseil modéré, en notre présence et au chapitre de Saint Pierre de la Couture de notre main et de celle de l’évêque Guy, par l’abbé Guillaume et par le doyen Guillaume, l’accord a été signé et ainsi la querelle a été terminée et apaisée.

De sorte que désormais les moines aient la dîme et la paroisse de la terre de l’Auneau entre Roézé et la rivière de l’Orne, et la moitié des dîmes, offrandes, prémices et toute la rente paroissiale de la terre de Raymond, et de la terre des moines d’Oizé et de la terre des chanoines de Beaulieu et de la terre de Renaud du Breil.

Et que les chanoines aient l’autre moitié, et toutes les dîmes de l’autre forêt et toutes les rentes paroissiales en quelque lieu qu’il y ait forêt féodale et qui soit devenue terre labourable.

Et si les paroissiens des terres communes se rendent à l’église de Voivres, que les moines aient la moitié de tout leur revenu paroissial ; si au contraire ils se rendent aux églises des moines, que les chanoines aient là la moitié de tout le revenu paroissial de ces gens des communes.

 


 

Cartulaire de l’abbaye de la Couture au Mans1 et cartulaire de la collégiale Saint Pierre de la Cour2

 

1Cartulaire des abbayes de Saint Pierre de la Couture et de Saint Pierre de Solesmes, Le Mans, 1881

2Menjot d’Elbenne (Vicomte) et Denis (L. J.), Cartulaire du chapitre royal de Saint Pierre de la Cour du Mans, Le Mans, 1907

 

ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)
ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)
ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)

Les personnages cités dans les documents

Hugues : archevêque de Tours (1134-1146). Ce serait un membre de la famille des seigneurs de La Ferté-Arnaud (La Ferté-Vidame, Eure-et-Loir) comme semble l’indiquer le cartulaire de Saint Père de Chartres dans une confirmation de don datée des environs de 1136. Il succède à Hildebert de Lavardin, évêque du Mans et archevêque de Tours, mort en décembre 1134.

Gui : évêque du Mans (1126-1135) qui serait originaire de Bretagne (région de Ploërmel). Il est appelé Guy d’Étampes dans certaines publications. Il paraît avoir été assez proche du pouvoir normand puisqu’il fut à un moment de sa vie écolâtre de Salisbury, chanoine de Lincoln et archidiacre de Rouen. Il fait partie de ces évêques manceaux du XIIème siècle dont la renommée attire les étudiants. Il célébrera à la cathédrale du Mans le mariage entre Geoffroy V Plantagenêt et Mathilde fille du roi d’Angleterre Henri Ier. Il baptisera également en 1134 leur fils Henri, futur roi d’Angleterre. C’est aussi pendant son épiscopat qu’un grand incendie va ravager Le Mans en 1134. Il décède en 1135 (1136 selon Orderic Vital) et c’est Hugues de Saint-Calais qui devient alors évêque du Mans.

Guillaume, abbé de Saint Pierre de la Couture : Les auteurs de la transcription du cartulaire de la Couture se demandent s’il n’y a pas une erreur quant à ce nom puisque l’abbé à l’époque serait Foulques.

Hugues David : Les actes des cartulaires de la Couture et de Saint-Pierre-la-Cour font référence à ce Hugues dit aussi « filius David » ; à la fin du Xème siècle il a fait divers dons aux deux communautés religieuses. Il est d’ailleurs fort probable que certains éléments de la collégiale encore visibles aujourd’hui remontent à l’époque du comte Hugues II. Les hugonides étaient proches des Capétiens, mais ils changent de camp ; les Capétiens se tourneront alors vers les Angevins pour leurs confier le Maine. Cependant, les hugonides ne se laisseront pas faire.

Hélie : Hélie, de par sa mère, descend des comtes du Maine ; il avait racheté vers 1092 le comté du Maine à un de ses cousins, Hugues V. C’était un farouche adversaire des Normands allant jusqu’à faire prisonnier l’évêque Hoël, fidèle allié des Normands, ce qui entraîna à l’époque un certain vent de révolte dans le Maine. On voit clairement que le comté est partagé entre suivre les partisans des Angevins ou ceux des Normands, d’autant que les intérêts des uns deviennent parfois les intérêts des autres selon que les seigneurs fassent ou défassent leurs alliances. Mais les premières années d’Hélie en tant que comte du Maine sont compliquées. Jusqu’à l’extrême fin du XIème siècle, les troupes normandes vont agir dans le Maine où elles reprennent plusieurs châteaux ; Orderic Vital allant même jusqu’à dire que le comte Hélie fut fait prisonnier. En 1100, Guillaume Le Roux, roi d’Angleterre, meurt. Hélie va alors pouvoir s’imposer non sans devoir encore se positionner subtilement dans un univers seigneurial où les retournements d’alliance sont fréquents. Cependant la première décennie du XIIème siècle sera pour Hélie celle de la stabilisation, se rapprochant de l’Angleterre mais également de l’Anjou. Après les guerres était venu le temps de la diplomatie.

Guillaume, doyen de Saint-Pierre-la-Cour : C’est à priori la seule mention de ce religieux.

Moines d’Oizé : Le prieuré d’Oizé est doté par Hélie de La Flèche et dépendait de Vézelay. Les religieux avaient le fief des Buretières (actuellement sur la commune de Voivres) donc de l’autre côté du ruisseau de l’Orne. Le prieuré, du moins pendant cette période, reste très proche du pouvoir angevin.

Chanoines de Beaulieu : L’abbaye de Beaulieu a été fondée au début de XIIème siècle, soit quelques années avant la rédaction de l’accord qui nous intéresse ici. Elle se situait au Mans sur la rive droite de la Sarthe, dans l’ancienne paroisse de la Madeleine. A Roézé, l’abbaye possède Saint-Fraimbault qu’elle aurait obtenu sans doute dès le XIIème siècle par Foulques d’Anjou.

Renaud du Breil : Le toponyme est tellement fréquent qu’il est difficile de localiser cette terre en l’absence d’éléments historiques restés dans les écrits. Selon Menjot d’Elbenne, au XVème siècle, il existait un Jean Bellenger, seigneur du Breil à Saint Benoît sur Sarthe. Pour les auteurs du début du XXème siècle, il s’agirait d’un fief à Brûlon. On trouve également une charte du XIIème siècle où est cité un Renaud du Breil dans un acte concernant l’abbaye de Tironneau.

 

Le contexte

On peut essayer de comprendre le conflit entre les deux entités religieuses. D’un côté nous avons l’abbaye de la Couture et de l’autre les religieux de la collégiale Saint Pierre la Cour. Cette dernière est sous le contrôle direct du comte du Maine et, pour l’époque qui nous intéresse ici, donc de Geoffroy V Plantagenêt (1113-1151). Quant à l’abbaye de la Couture, elle est alors à son apogée : plusieurs dizaines de milliers d’hectares de terres, une cinquantaine de prieurés et un abbé aussi puissant que le comte du Maine.

Geoffroy V le Bel

Geoffroy V le Bel

Si l’on en croit les écrits de Dom Piolin dans son œuvre conséquente « Histoire de l’Église du Mans »1, la période est assez tendue. Le Maine est passé aux mains des Plantagenêts en 1110 lors du mariage entre Foulques V, comte d’Anjou, et Erembourg du Maine héritière du comté. Foulques V meurt en 1129 et c’est le jeune Geoffroy V le Bel qui hérite du comté. Il doit alors s’affirmer face à des seigneurs qui voient en ce jeune comte un élément faible qui devrait être facile à attaquer. On verra d’ailleurs la famille de Sablé, liée par mariage à celle de La Suze, prendre position contre les Plantagenêts.

Piolin nous dit que Foulques avait confisqué des terres religieuses pour les redistribuer à ses fidèles. Il semble que ces « confiscations » soient en lien avec des défrichements entre Le Mans et La Suze dans ce qui se nommait autrefois les bois des Teillais. Mais on sait par diverses sources, dont l’archéologie, que ces espaces étaient déjà habités. C’est le cas du secteur des Randonnays aux confins des communes de Voivres-Lès-Le Mans, Etival-Lès-Le Mans et Allonnes. Certains lieux à la limite des deux paroisses ont été jusqu’à la Révolution en « tournes », c’est à dire qu’ils relevaient une année d’une paroisse et l’année suivante de l’autre. Il paraît aussi dans ce document que ces donations comtales ont été suivies d’une mise en valeur des terres pour justement accroître les revenus des établissements religieux.

1Dom Paul Piolin, Histoire de l’Église du Mans, T. IV, p. 2, Paris, 1858

La Tournerie, carte de Cassini (1765)

La Tournerie, carte de Cassini (1765)

L’abbaye de la Couture avait obtenu des terres sur Roézé dans le second quart du XIème siècle lorsque le seigneur Lodon fit don de biens aux religieux entre la Sarthe et l’Orne Champenoise. Quelques chartes dans le cartulaire de la même abbaye nous rapportent d’autres mouvements de terres dans la région de La Suze. Ainsi en 1142, une courte charte fait mention d’un contentieux avec Payen de Clairvaux toujours à propos d’une « foresta ».

Qu’est ce qu’une « foresta » ?

Il serait très réducteur de traduire ce mot latin médiéval par « forêt », du moins par l’image que nous renvoie ce terme. Il s’agit plutôt d’une unité juridique qui peut inclure des forêts, des landes, des bois, des cultures, des villages, etc. D’ailleurs, elle est traversée par chemin appelé « viam Caenomansem » dans une charte de l’évêque d’Angers du début du XIIème siècle1. Il ne faut pas non plus le prendre comme un lieu précis mais comme un espace géographique relativement étendu. Les environs nous révèlent plusieurs toponymes en relations avec ce type de paysage : La Forêt (Etival Lès Le Mans, Fillé sur Sarthe, Roézé sur Sarthe), les Buissonnières (Etival Lès Le Mans), les Bois (Roézé sur Sarthe, Louplande), la Touche (Roézé sur Sarthe, Louplande), les Landes (Allonnes, Spay, Saint Georges du Bois), etc.

1Josèphe Chartrou, L’Anjou de 1109 à 1151, Presses Universitaires de France, Paris, 1928, p. 356

A l’origine, il s’agit d’un système qui apparaît vers le VIIème siècle et qui se développe ensuite à l’époque carolingienne. Les territoires concernés sont sortis du droit commun1. Puis, lorsque le pouvoir carolingien décline et que les forestae ont perdu leur fonction première, les comtes vont utiliser cette réserve foncière pour les redistribuer afin de renforcer leurs réseaux de pouvoir. C’est ce sont que l’on voit par exemple à propos du domaine des Randonnays. D’ailleurs, les indices archéologiques sur cette zone montrent clairement qu’à l’époque antique l’occupation était autre.

Le texte est assez clair puisqu’il évoque un territoire transformé en terre labourable et sur lequel les religieux perçoivent des droits. A la lecture de divers documents médiévaux, on a le sentiment d’avoir un espace qui était aux mains des comtes du Maine et qui sera concédé à des abbayes. En tout cas, il semble que les dons faits à Saint Pierre la Cour soient simplement un moyen pour le comte de faire fonctionner en autonomie sa collégiale.

La confirmation d’une charte de Foulques concernant les Randonnays (Voivres) précise justement les attributions de ce territoire. On y apprend ainsi qu’il y fut fait des prés, que les moines avaient droit de panage ou glandée dans les bois pour leurs porcs ainsi que le droit de prélever du bois pour édifier leurs bâtiments.

 

Mais le diplôme du comte Hugues du Maine daté de 10142, soit un siècle antérieur aux documents ci-dessus évoqués, permet d’affiner le vocabulaire. Il y est bien spécifié que c’était une terre relevant directement du comte puisqu’on trouve l’expression latine « nostri juris terram ». L’utilisation du terme « saltus » renvoie plutôt à un paysage de landes, de terres non cultivées en friche ; le document dit que ce saltus entoure le lieu de Vedobris que l’on fait correspondre aujourd’hui à Voivres. Il paraît donc évident que les religieux reçoivent une terre pour la mettre en valeur ; il faut dire que le prieuré Saint Victeur avait été doté quelque temps auparavant de vignes et des moulins situés au Mans ou à proximité immédiate. Mais une indication dans ce texte permet de mieux comprendre le flou qui réside dans ce type de paysage puisque la phrase « que dicitur Vedobris, sicut eam saltus undique circuncludit, cum omnibus que in ea sunt, id est ecclesia, molendino, pratis, vivaiiis » indique que dans le saltus sont également présents une église (ou chapelle), un moulin, des prés et des viviers. Il est donc possible que cette occupation corresponde à une implantation au moins carolingienne voire même mérovingienne. Il n’est pas impossible d’ailleurs que le Vedobris du diplôme de 1014 soit aussi le Vodebris rencontré dans la Vie de Saint Julien.

1Jean-Claude Meuret, Paroisses sur la limite orientale de la Bretagne aux XIe-XIIe siècles : évolution du réseau en contexte frontalier, dans La paroisse, communauté et territoire, p. 291-367, PUR, Rennes, 2013

2Bertrand de Broussillon, Cartulaire de Saint Victeur au Mans prieuré de l’abbaye du Mont Saint Michel (994-1400), Paris, 1895, p. 5

Les Randonnays, Voivres, 1948

Les Randonnays, Voivres, 1948

La Forêt, Roézé, cadastre 1843

La Forêt, Roézé, cadastre 1843

La Forêt, Roézé, traces parcellaires d'occupation médiévale

La Forêt, Roézé, traces parcellaires d'occupation médiévale

ACCORD ENTRE LES MOINES DE LA COUTURE ET LES CHANOINES DE  SAINT-PIERRE-LA-COUR SUR UNE TERRE DE ROÉZÉ (vers 1135)

On peut aussi voir dans ce texte la difficulté à délimiter précisément les paroisses, et donc les droits y afférant1. Il en restera, jusqu’à l’établissement des communes avec des limites précises dans un plan cadastral, des traces avec des zones en tourne. On trouvera d’ailleurs un lieu-dit la Tournerie sur Voivres.

On peut voir sur le plan cadastral de XIXème siècle, les traces laissées par cet aménagement. Une zone elliptique est bordé à l’ouest par le lieu-dit « La Forêt » et à l’est par celui des « Bretelleries ». Il semble que cette zone ait été coupée en deux à un moment. Peut-être qu’au départ seul le lieu de la Forêt existait et qu’ensuite on ait installé une autre famille sur le lieu des Bretelleries ; mais cela n’est qu’une hypothèse en l’absence de sources pour travailler plus précisément.

Il faut aussi noter que les quatre toponymes « Forêt » sont en limite de paroisse. Celui d’Etival borde Voivres et Louplande, celui de Fillé borde Voivres, celui de Louplande borde aussi Voivres ainsi que celui de Roézé

1Michel Brand’honneur, Manoirs et châteaux dans le comté de Rennes, Habitat à motte et société chevaleresque (XIe au XIIIe siècles), PUR, Rennes, 2001

Les dotations religieuses au XIème et XIIème siècles

Comme nous l’avons dit plus haut, ces deux communautés religieuses vont être dotées de domaines. On sait que l’abbaye de la Couture a reçu vers 1030-1050 des terres autour de Roézé d’un seigneur nommé Lodon mais dont on ne connaît pas l’étendue du domaine1. En 1185, les religieux recevront aussi des dîmes sur la Beunêche.

Quant à Saint Pierre la Cour, elle avait donc reçu deux « ecclesias » bien avant la querelle évoquée dans ce document. La fondation de ces deux églises n’est sans doute à prendre au sens premier de ce terme. Il s’agit plutôt de l’acquisition de droits sur la paroisse2.

 

D’autres donations comtales sont connues dans ce secteur. Au début du XIème siècle, le comte du Maine Hugues donne au Mont Saint Michel de la terre entre Etival Lès Le Mans et Voivres.

Ce secteur entre Le Mans et La Suze a fait l’objet de plusieurs autres donations. Par exemple, Foulques d’Anjou avait fait don aux religieux de Savigny (50), sans doute vers 1116/11203, de la terre des Randonnays4 (commune de Voivres-Lès-Le Mans) située à cinq kilomètres au nord-est de la Forêt ; la terre passe ensuite à l’abbaye cistercienne de la Boissière (49) dépendante de Savigny. Mais cette implantation ne pu se développer et les moines iront ensuite à Denezé sous Le Lude (49). C’est peut-être de cette époque que date le droit de novales (droit sur les terres nouvellement défrichées) attribuée aux curés de la paroisse de Voivres sur la terre des Randonnays.

1Cartulaire des abbayes de Saint Pierre de la Couture et de Saint Pierre de Solesmes, Le Mans, 1881, p. 17 à 19

2Éric Van Torhoudt, La formation des territoires paroissiaux en Normandie occidentale aux XIe-XIIIe siècles, dans La paroisse, communauté et territoire, p. 235-257, PUR, Rennes, 2013

3Jaap van Moolenbroek,  Vital, l'ermite, prédicateur itinérant, fondateur de l'abbaye normande de Savigny, Revue de l'Avranchin et du Pays de Granville, t. 68, no 346,‎ 1991, p. 203

4Noël-Yves Tonnerre, La place des abbayes cisterciennes dans l’histoire de l’Anjou, Annales de Bretagne et des Pays de l’Ouest, 120-3, 2013, p. 172-187

Donations

Donations

Eglise de Roézé (datation proposée : 975/1025)

Eglise de Roézé (datation proposée : 975/1025)

Prieuré des moines de la Couture à Roézé.

Prieuré des moines de la Couture à Roézé.

Voivres, XIème siècle

Voivres, XIème siècle

Etival Lès Le Mans, IXè/Xè s.

Etival Lès Le Mans, IXè/Xè s.

Les problèmes de perception des dîmes et de patronage sur les paroisses sont un sujet classique qui revient souvent au cours du XIIème siècle. La justice épiscopale s’appuie alors sur une administration développée et organisée pour s’occuper de ces questions. On peut sans doute également voir dans cet accord un exemple du pragmatisme épiscopal manceau qui vient régler un conflit entre une institution religieuse très proche des Plantagenêts et une abbaye de la Couture au sommet de sa puissance.

 

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