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9 mars 2024 6 09 /03 /mars /2024 21:48
Le château de La Sauvagère à Chemiré le Gaudin (72)

Avant d’arriver à Chemiré le Gaudin (72), sur la droite de la route qui vient du Mans, le château de la Sauvagère domine la vallée du Renom et le bourg. La zone est occupée dès l’Antiquité comme le prouvent divers enclos repérés dans ce secteur géographique.

Carte posdtale ancienne avec le bourg de Chemiré le Gaudin et la Sauvagère au fond.

Carte posdtale ancienne avec le bourg de Chemiré le Gaudin et la Sauvagère au fond.

La terre de la Sauvagère est citée pour la première fois vers 1225/1240 comme étant le logis de Nicolas du Désert1, lequel fut inhumé dans l’église de Chemiré au devant de l’autel saint Michel. L’étude des photographies aériennes et des cadastres anciens ne semblent pas laisser paraître de structures plus anciennes du type motte castrale.

C’est peut-être de cette époque que datent les parties les plus anciennes de l’édifice. En effet, on peut voir dans les caves du château une porte en arc brisée qui n’est pas sans rappeler les portes du logis médiéval de la Perrière à Voivres.

1La Province du Maine, N°42, 1845, p. 3

Porte médiévale à la Sauvagère

Porte médiévale à la Sauvagère

Puis en 1392, la terre appartient à Guillaume du Désert, chanoine de la cathédrale du Mans, petit-fils de Nicolas1. Il décède en 1396 et fut inhumé comme d’autres membres de sa famille devant l’autel saint Michel. C’est sans doute depuis cette époque qu’existe un banc de la Sauvagère dans l’église de Chemiré. Le domaine passe alors à Jean Didon et Guillaume Goupil.

La chapelle du château aurait été fondée en 1443 selon André Latron2. Elle sera ensuite reprise plusieurs fois. Mais la chapelle installée dans un des deux pavillons d’entrée n’est peut-être pas celle du XVème siècle.

1F. LEGEAY, Recherches historiques sur Chemiré-le-Gaudin, Bulletin de la société d’agriculture sciences et arts de la Sarthe, 1885, p. 52

2A. Latron, Les chapelles de châteaux et manoirs dans le Maine, La Province du Maine, 1995, p. 229

La chapelle (au premier plan) et l'aile nord (au fond)

La chapelle (au premier plan) et l'aile nord (au fond)

Le clocheton de la chapelle

Le clocheton de la chapelle

Le lambris peint de la voute de la chapelle

Le lambris peint de la voute de la chapelle

Le lambris de la chapelle

Le lambris de la chapelle

On trouve ensuite en 1458 une déclaration faite par Martin Talluet concernant le domaine de la Sauvagère qu’il a acquit sans doute par sa femme, Jeanne Goupil.

En 1512, Mathurin Talluet, fils de Martin, « rachète partie de la Maison et du Domaine de la Sauvagère à Pierre Trouillart qui les avait précédemment acquis dudit Talluet par contrat à grâce et qu’il y avait lésion ». Puis Perrine Talluet, fille de Mathurin épouse Thibault Teillay apportant ainsi la Sauvagère dans cette famille.

Le 4 juin 1561, le domaine est vendu à Charles Le Vayer, sieur de la Timonière, avocat manceau. Dès lors, une nouvelle époque commence pour le château.

Cette célèbre famille du Maine est également présente à Chemiré avec Philibert Le Vayer, sieur de Lignerolles, écuyer, capitaine de cinquante hommes d’armes, gentilhomme ordinaire du duc d’Anjou, qui devient en 1567 seigneur de Belle Fille, Athenay et Chemiré le Gaudin.

C’est Charles Le Vayer avec son épouse Françoise Dagues qui fait construire le portail d’honneur et, probablement, la grande allée qui va rejoindre la route du Mans. Ce portail, classé Monument Historique, joue sur l’alternance des pierres sombres de roussard et du calcaire clair de Bernay. On retrouve ce type de décor sur la porte d’entrée de la Maison ainsi que sur la porte de l’autre façade. C’est aussi de cette époque que date un écusson de pierre au-dessus de la fenêtre représentant les armes des Le Vayer.

On remarquera à l’intérieur du château le magnifique escalier de bois sans doute installé par les Le Vayer.

Le portail d'accès au château

Le portail d'accès au château

La grande allée qui rejoignait la route (cadastre 1843)

La grande allée qui rejoignait la route (cadastre 1843)

Le grand escalier en bois (XVIIème siècle)

Le grand escalier en bois (XVIIème siècle)

L'accès au logis (côté est)

L'accès au logis (côté est)

L'accès au logis (côté ouest)

L'accès au logis (côté ouest)

C'est en 1618, après jugement réglant partage de succession entre François Le Vayer, lieutenant général en la sénéchaussée du Maine, et Pierre Le Vayer, sieur de la Chevalerie, conseiller en l'élection du Mans, son frère que les terres de la Sauvagère, Champfleury et Béchereau reviennent à ce dernier. Avec son épouse Anne Hubert (ou de Hébert) et leur fils Denis ils font sans doute construire l’aile actuelle du château. Ce sont eux qui font faire la décoration armoriée de la voûte de la chapelle. Et on leur doit sans doute les quatre lucarnes du deuxième étage de la partie centrale du château et les lanternons sur les deux tours de la cour d’honneur.

L'aile nord

L'aile nord

L'aile nord (côté cour)

L'aile nord (côté cour)

En 1642 Denis Le Vayer, Conseiller du Roi en sa cour des Aides à Paris, épouse Elisabeth de La Rivière. La décoration du grand salon reprend leurs initiales « DLV » et « EDLR » comme motifs de décoration.

Le plafond décoré (XVIIème siècle) du grand salon

Le plafond décoré (XVIIème siècle) du grand salon

En 1691, le domaine de la Sauvagère passe dans la famille de Seguin. Puis il est vendu en 1716 à François de Maurepas qui le revend vers 1735 à Bon de Jupilles. La décoration du petit salon, de pur style régence, date probablement de cette époque ainsi que la plupart des cheminées actuelles du château.

Puis en 1755, Jean Baptiste de Jupilles vend le domaine à Etienne de Monceaux. Sa fille Marie-Anne va épouser en 1760 Jean Etienne Rivault. Le château restera dans cette famille jusqu’en 1829, date à laquelle il passe dans les biens de la famille de Tilly.

En 1831, Marie Madeleine Aimée de Tilly épouse Alexandre Edouard de Sarcé, par ailleurs seigneur de Belle Fille à Chemiré le Gaudin. Le domaine reste aux de Sarcé jusqu’en 1920, c'est-à-dire jusqu’à la vente faite à Jean Marie de Montesson qui cède l’année suivante le château (amputé de son allée, de ses terres agricoles et des bois du Belvédère), à Charlotte Cuirblanc.

Le 22 février 1937, Lucien Trouvé et son épouse Suzanne Bodereau acquièrent la Sauvagère puis une partie des bois du Belvédère ainsi que les terres de Béchereau et de Bellefille. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, ils accueillent dans l’aile du château la Croix Rouge Française qui y établit des dortoirs et des salles communes pour quarante jeunes réfugiées brestoises. Viennent aussi se cacher à la Sauvagère des personnes de confession juive et des réfractaires du Service du Travail Obligatoire en Allemagne.

Le 24 mai 1968, la SCI La Sauvagère, dont les associés sont alors Madeleine Trouvé, Pierre Trouvé et Yvette Trouvé, fait don du château à l’Hôpital Hospice de Sablé-sur Sarthe, avec l'obligation morale d’y perpétuer une œuvre sociale et apolitique de jeunes.

Le 8 septembre 2000, l’Hôpital Hospice de Sablé sur Sarthe, devenu Pôle Santé Sarthe et Loir, cesse d'exploiter le domaine. Il le loue pour cinquante ans à l’un des descendants de la famille des donateurs, Jean François Coué-Trouvé qui en fera l’acquisition en 2007 lors de sa mise en vente à la bougie.

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Cassini (1765)

Carte de Cassini (1765)

Cadastre 1809

Cadastre 1809

Cadastre 1843

Cadastre 1843

Il faut également noter le présence d’un belvédère, à priori édifié en 17451, à quelques centaines de mètres du château et sur les hauteurs. Il est malheureusement en mauvais et l’intérieur a été dégradé par des tirs au fusil de chasse.

1F. LEGEAY, Recherches historiques sur Chemiré-le-Gaudin, Bulletin de la société d’agriculture sciences et arts de la Sarthe, 1885, p. 52

Carte postale montrant le belvédère (début XXème siècle)

Carte postale montrant le belvédère (début XXème siècle)

Le belvédère de nos jours

Le belvédère de nos jours

L'intérieur du belvédère

L'intérieur du belvédère

Une vidéo sur la Sauvagère https://www.youtube.com/watch?v=6lM4WsZ7CvI

Le logis de la Sauvagère au début du XXème siècle

Le logis de la Sauvagère au début du XXème siècle

Le logis de la Sauvagère au XXIème siècle

Le logis de la Sauvagère au XXIème siècle

La cour de la Sauvagère

La cour de la Sauvagère

Le cadran solaire de la Sauvagère

Le cadran solaire de la Sauvagère

Les deux clochetons des pavillons sud et nord

Les deux clochetons des pavillons sud et nord

Le clocheton du pavillon nord

Le clocheton du pavillon nord

Les communs de la Sauvagère

Les communs de la Sauvagère

Le château de La Sauvagère à Chemiré le Gaudin (72)
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20 janvier 2024 6 20 /01 /janvier /2024 21:41

Registre paroissial de Voivres – année 1787

Lorsque la divine providence nous appella a la conduite de cette
Paroisse le 15 mai 1773 nous vimes avec douleur que le temple
Du Seigneur avoit été négligé d’un tems immemorial qu’il tomboit en
Ruines manquant absolument de tout. Des masses de pierres brutes
Composoient les autels il n’y avoit ni ornemens ni linges point de livres
Un mur servoit d’appui de communion elle n’etoit point lambrisée il n’y
Avoit que trois croisés trois mauvaises portes deparés sur le point en un
Mot tomber tout avoit besoin de reconstruction n’ayant aucun
Revenu a nottre fabrique nous ne pouvions en esperer aucun secours
Nottre cœur etoit dans l’opprestion nous formames des lors le projet
De retablir la maison du Seigneur nous comencames par faire des
La premiere annee plafond le cœur le chancel et la nef de l’eglise
Nous fimes faire un pulpitre et achetames les livres de chant.
Les chappes, la banniere les linges et autres ornemens furent fournis
Quelques tems après. Nous comuniquames au seigneur de cette paroisse
Aux patrons, propriétaires et habitans le projet de faire reconstruire
Les trois autels nous ayants promis de nous aider je recues des
Susdits la somme d’environ 1300tt. Les habitans firent les voitures
Gratis cette somme etoit bien mince pour entreprendre un ouvrage
Qui devoit couter environ 3500tt avec un revenu aussi modique que
Celuy de la cure de Voivres sans patrimoine nous resolumes des
Lors de mettre la main a l’œuvre. Le 27 xbre 1786 la premiere
Pierre du grand autel fut placée avec solennité par maitre
Gui Jacques Livré chanoine sindic de l’eglise roiale de St Pierre
La Cour Sainte Chapelle du Mans au nom des doyens chanoines et
Chapitre de laditte eglise patrons de cette paroisse (cette 1ere
Pierre est derriere le tabernacle) les deux petits autels furent
Elévés en même tems les fonts baptismaux, les benitiers, les
Credences furent placés dans le même tems. Les portes furent relargis
Et faites a neuf. On fit trois croisés neuves et les vitraux des
Autres remis a neuf ; le tabernacle et les statue renouvellés
Le sanctuaire et la sacristie baissés de 18 pouces. Lappui
De communion en fer posés. Toutte leglise carrelée a neuf
Tous les bans neufs et uniformes, le cœur qui ne faisoit qu’un
Avec le chancel et la nef fait a neuf. La banquette pour asseoir
Le prêtre, les cartons de l’autel les six chandelliers argentés, les
Tabourets pour les chantres une superbe aube tout fut fourni
Au même tems. Tout etait achevé a la fin du mois de juillet
1787. Le cinq aoust suivant jour de la fête patronale de
Cette eglise les formalités en pareil cas requises et duement observées
La benediction des trois autels de cette paroisse fut faitte par
Messire Jacques Nepveu de la Manouilliere prêtre chanoine
De l’eglise du Mans et en presence de messire René d’Aux
Chevalier seigneur des paroisses de Chemiré, Louppelande, St Benoist,
Etival et Voivres (marquis d’Aux), lequel faisant pour la premiere fois son entrée
Dans laditte eglise fut receu a la grande porte d’ycelle et com
Plimenté par mondit sieur abbé Nepveu et conduit dans
La chapelle de St Pierre par tout le clergé chantant l’himne
Te Deum. Le seigneur etoit accompagné de sa famille savoir
Mesdemoiselles Renée, Agathe, Sophie et Mélanie d’Aux
Ses filles, de Mlle Olivier et encore en presence et assistance
De messire Daniel de Beauvais ecuyer seigneur de Fillé, Spai, Roisé
Le Groschesnaie, de dame Adélaide Victoire Daniel de Beauvais
Demoiselle epouse de messire de Fontaine chevallier seigneur
Baron de St Victeur, de messire de l’Estangt seigneur de Chantenai
Avocat du Roi au sièges présidial et sénéchaussée du Mans
De messieurs maitres Louis Quiet curé de Pruillé, René Moreau
Curé de Fay, René Bruneau curé de Spay, Jacques Achard curé
De Fillé, Pierre Lejariel du Bari curé de Roissé et La Suze
Nicolas Lebaron curé de Fercé, Louis Branchu curé de Chemiré
Jacques Lecoutteux curé de Maigné, René Peron curé d’Etival
Les Le Mans, Gui Jacques Livré et Guillaume Savare mon frere
Chanoines de l’eglise Roiale de St Pierre la Cour Ste Chapelle
Du Mans, de Jacques Tuffier diacre de l’eglise du Mans, de Julien Blin
Principal du collège de La Suze, de Françoise Gourdin epouse de
Defunt Francois Savare ma mere, de Gervais Savare mon frere
Ancien receveur des aides de Brissac et d’une multitude innombrable
De peuple des paroisses circonvoisines et de maitre René Nicolas
Savare curé de laditte paroisse qui a signé le present
le six janvier 1788
R. N. Savare c. de Voivres
Et pour perpetuer la memoire de la presente erection et rénovation
D’autels nous transcrivons a la suitte dudit verbal une piece de vers
A nous adressée par monsieur maitre Bellanger curé de St Georges
Du Plain et prononcé en presence de nos confreres lesquels ont
Requis la presente déliberation

Carte postale ancienne montrant l'église de Voivres au début du XXè siècle

Carte postale ancienne montrant l'église de Voivres au début du XXè siècle

Ad Rectorem

Ergo tuum completur opus, dignissime Rector,

Ara nitet curis aedificata tuis !

Quam tibi grata dies lucet ! Quam pura voluptas

Pertentat pectus, dulcis amice, tuum !

Applaudunt operi, acclamant juvenesque, senesque,

« Divine ornatum diligit ille domus,

Hic pius exornat templum, pius erigit aras. »

Urget te studium nobile, sanctus amor.

O factum egregium, longi memorabile secli !

Grex tibi commissus, jubilat, ardet, ovat.

Ut tibi meritas gestit persolvere grates

Et vota et memori pectore promit, amans.

Jungimur et turbae concordes, fausta precari

Una est vox cunctis, omnibus unus amor.

« Vivat is extinctum dilectus pastor in aevum.

Vivat is laetos et sine nube dies.”

Une tentative de restauration maladroite du maître-autel en 2005.

Une tentative de restauration maladroite du maître-autel en 2005.

René Nicolas Savare : Comme il le dit lui-même, il prend la cure de Voivres le 15 mai 1773. Il succède ainsi à Jacques Goussault décédé le 4 mai 1773 à l’âge d’environ 52 ans. Lors de « l’arrangement des registres des baptêmes, mariages et sépultures de la paroisse de Voivres » au presbytère le 17 mai, René Nicolas Savare est présent. Le 19 mai 1773, il rédige son premier acte dans les registres paroissiaux.

Signature du curé Savare dans les registres paroissiaux de Voivres

Signature du curé Savare dans les registres paroissiaux de Voivres

Entre le 24 et le 29 mai 1773 se déroule la vente des biens du curé Goussault. René Nicolas Savare y achète quelques biens :

 

2 crémaillères et 1 crémaillon de fer pour la somme de 2 livres.

1 paire de chenets avec 1 paire de pinces, 1 pelle à feu et 1 tire marrons pour la somme de 3 livres 19 sols.

1 gril pour la somme de 1 livre 13 sols.

1 gril, 1 rôti pain, 1 broche à percer, 1 main de fer, 1 soufflet pour la somme de 1 livre 10 sols.

1 barre de fer avec sa boule pour la somme de 3 livres.

1 devant de four en tôle pour la somme de 3 livres 3 sols.

4 coins de fer et 1 grande hache à bûcher pour la somme de 4 livres 19 sols.

1 chandelier de cuivre jaune pour la somme de 4 livres 5 sols.

1 paire de balances de cuivre avec 1 poids d’une livre, 1 autre poids de fer d’une demie livre, 1 autre poids d’un quarteron de potin pour la somme de 3 livres.

1 hachereau, 1 compas, 1 égoïne pour la somme de 1 livre 18 sols.

1 poêle à frire pour la somme de 4 livres 8 sols.

1 boîte à sel pour la somme de 2 livres 10 sols.

1 fusil pour la somme de 8 livres 1 sol.

2 mauvaises poêles à frire pour la somme de 2 livres 1 sol.

1 rôtissoire garni de ses cordes, chaînes, poulies, avec 2 broches et 1 poids de pierre pour la somme de 11 livres et 1 sol.

1 râpe à sucre, 2 lanternes, 1 cuiller à pot en fer, 2 cuillers en fer blanc et en cuivre à arroser le rôti pour la somme de 2 livres.

1 poissonnier de cuivre rouge pour la somme de 3 livres et 1 sol.

2 casses (une de terre et une de tôle), 1 garde casse en fer pour la somme de 1 livre 10 sols.

1 réchaud de cuivre rouge pour la somme de 4 livres 6 sols.

1 paire de bassinoires de cuivre rouge pour la somme de 9 livres 5 sols.

1 passette de cuivre jaune pour la somme de 2 livres 10 sols.

1 casserole de cuivre rouge pour la somme de 3 livres.

1 casserole de cuivre rouge pour la somme de 2 livres 19 sols.

1 petite casserole de cuivre rouge pour la somme de 2 livres 2 sols.

2 tourtières de cuivre jaune pour la somme de 2 livres 10 sols.

1 poêlon de cuivre jaune pour la somme de 2 livres 13 sols.

2 marmites de fonte avec 1 couvercle de tôle pour la somme de 1 livre 10 sols.

1 marmite, 1 cuiller à pot, 1 écumoire et 1 couvercle pour la somme de 2 livres 3 sols.

3 autres marmites de fonte de « peu de valeur » pour la somme de 16 sols.

1 chaudron de fonte de moyenne grandeur pour la somme de 1 livre 19 sols.

1 grand chaudron de fonte pour la somme de 7 livres.

1 mère vache sous poil rouge pour la somme de 87 livres.

1 mère vache sous poil rouge avec un veau de lait pour la somme de 83 livres.

1 taure (génisse) d’un an sous poil rouge brun pour la somme de 27 livres.

1 cheval sous poil souris avec son bas et 1 cordeau pour la somme de 50 livres.

1 selle de cheval couverte de panne bleue, 1 housse d’étoffe et 1 bride pour la somme de 28 livres et 11 sols.

1 autre selle avec sa bride et équipée de ses sangles pour la somme de 8 livres et 5 sols.

2 sangles et 1 mesure pour la somme de 1 livre et 1 sols.

1 fourche, 1 vouge, 1 pelle, 1 volant, 1 croc, 1 pelle à bêcher pour la somme de 7 livres et 1 sol.

1 fourche, 1 broc, 1 tranche, 1 croc et 1 râteau à dents de fer pour la somme de 5 livres 3 sols.

2 draps de toile commune pour la somme de 9 livres.

2 draps de toile commune de chacun quatre aulnes pour la somme de 8 livres 6 sols.

12 essuies mains de grosse toile pour la somme de 6 livres 10 sols.

2 nappes de toile commune de chacune cinq quarts pour la somme de 2 livres.

2 autres nappes pareilles aux précédentes pour la somme de 1 livre 15 sols.

2 autres nappes de toile commune pour la somme de 2 livres 7 sols.

2 draps de toile commune de trois aulnes chacun pour la somme de 4 livres et 15 sols.

6 chaises dans la cuisine pour la somme de 1 livre 10 sols.

1 grande « huge » pour la somme de 4 livres.

1 devant de feu en fonte pour la somme de 12 livres 6 sols.

1 rideau servant de portière à la cuisine avec sa vergette de fer pour la somme de 1 livre 16 sols.

1 table ployante de sapin pour la somme de 1 livre 10 sols.

1 armoire à un battant fermant à clé pour la somme de 10 livres 3 sols.

1 bois de lit garni de ses fonds avec 1 paillasse, 1 couette, 1 traversin, 3 oreillers le tout rempli de plumes mêlées, 1 couverture de laine verte, 4 rideaux, 1 dossier, 1 plafond grandes et petites pentes de damas de coq couleur bleu, 3 vergettes de fer pour la somme de 50 livres 5 sols.

2 seilles, 1 godet, 1 carreau à la cheminée et 1 à la poutre, 2 tamis, 2 triangles de fer et 1 mauvais coffre pour la somme de 1 livre 1 sol.

6 chaises de bois d’aune enfoncées de jonc pour la somme de 2 livres.

1 pelote de ficelle pour la somme de 18 sols.

12 essuies mains de grosse toile pour la somme de 4 livres 1 sol.

1 baratte liée de trois cercles de fer, 1 baratton et 1 « coulouere » de bois, 1 plat de bois et sa cuiller pour la somme de 2 livres et 17 sols.

1 pot rempli de graisse de porc pour la somme de 4 livres 6 sols.

2 fers à repasser pour la somme de 2 livres et 3 sols.

1 dessus de cloche et 1 mortier de fonte pour la somme de 11 sols.

1 garde casse pour la somme de 2 livres.

1 poêle à châtaignes, 1 garde casse de fer, le tout de peu de valeur, 3 mauvais soufflets et 1 bourriche pour la somme de 12 sols 3 deniers.

2 fers à repasser pour la somme de 2 livres 3 sols.

2 draps de toile de brin pour la somme de 8 livres 6 sols.

2 draps de toile de brin de chacun 4 aunes pour la somme de 8 livres.

100 bouteilles de verre de Rouen pour la somme de 24 livres.

1 grande paire d’armoires à deux battants en bois de noyer pour la somme de 37 livres.

1 busse de vin de la récolte dernière (fut et liqueur) pour la somme de 36 livres.

1 buffet à quatre battants et deux tiroirs en bois de poirier pour la somme de 30 livres.

1 huilier de cristal pour la somme de 1 livre 11 sols.

1 douzaine d’assiettes de faïence pour la somme de 2 livres 5 sols.

1 douzaine d’assiettes de caillou dont partie, sont fêlées pour la somme de 18 sols.

2 grands plats de caillou pour la somme de 15 sols 3 deniers.

12 assiettes de faïence pour la somme de 1 livre 15 sols.

3 plats de caillou pour la somme de 1 livre 6 sols.

3 salières de cristal pour la somme de 1 livre 8 sols.

3 petits plats de caillou pour la somme de 1 livre 8 sols.

2 saladiers de faïence pour la somme de 1 livre.

4 assiettes de caillou pour la somme de 15 sols.

9 assiettes de caillou pour la somme de 1 livre 14 sols.

12 assiettes de caillou fêlées pour la somme de 1 livre 4 sols.

1 lot d’assiettes et plats fêlés avec 1 bouteille de verre à liqueur pour la somme de 17 sols.

2 pots et 1 eraigne pour la somme de 1 livre 4 sols.

1 table de sapin avec son ployant pour la somme de 1 livre 3 sols.

2 bonnets de coton pour la somme de 2 livres 16 sols.

2 bonnets de coton pour la somme de 2 livres 9 sols.

3 paires de manchettes pour la somme de 2 livres 4 sols.

2 fûts de boisseaux, 1 pelle « fustière » et 2 cribles pour la somme de 3 livres 1 sol.

1 paire de chenets, 1 pelle à feu, 2 paires de pinces, 1 tire marrons pour la somme de 8 livres.

2 poches de grosse toile pour la somme de 1 livre 16 sols.

4 bissacs pour la somme de 1 livre 1 sol.

6 taies d’oreiller pour la somme de 3 livres 16 sols.

2 nappes de toile commune pour la somme de 3 livres.

2 nappes de toile de brin pour la somme de 3 livres 2 sols.

2 nappes pour la somme de 2 livres 10 sols.

1 nappe de 2 aulnes de toile de brin pour la somme de 2 livres 4 sols.

1 douzaine de serviettes de toile de brin pour la somme de 8 livres 10 sols.

1 grand cuvier avec sa chantepleure de potin pour la somme de 6 livres.

1 petit cuvier avec 1 baquet pour la somme de 2 livres 1 sols.

9 fûts de busses de pipes et quarts vides pour la somme de 11 livres 6 sols.

1 fût de pipe et 1 fût de busse vides pour la somme de 7 livres 6 sols.

2 poulains avec tous les chantiers de la cave, 1 grand baril à vinaigre, 1 garde manger, 1 travouil pour la somme de 3 livres.

1 fût de charnier avec du porc salé pour la somme de 13 livres 3 sols.

2 paires de harasses avec leurs cordes pour la somme de 2 livres.

1 mauvaise civière pour la somme de 16 sols.

1 câble pour monter les gerbes pour la somme de 6 livres 13 sols.

1 petite couette, 1 traversin, 1 lodier piqué servant de couverture, 1 couette, 1 traversin à taie de toile rempli de plumes de poules pour la somme de 9 livres.

1 coffre de bois de chêne fermant de clé pour la somme de 5 livres 12 sols.

1 douzaine de serviettes de toile de brin pour la somme de 9 livres 5 sols.

12 serviettes de toile de brin pour la somme de 12 livres 6 sols.

12 serviettes de toile de brin pour la somme de 19 livres 1 sol.

1 bois de lit garni de ses fonds et paillasse, 1 couette, 1 traversin, 1 oreiller le tout de couetty rempli de plumes d’oie, 1 couverture de laine blanche, 1 courtepointe d’indienne, 1 dossier, 1 plafond, des petites pentes le tout d’indienne, 4 rideaux, 3 pentes de droguet vert, 2 tringles tournantes pour la somme de 163 livres 14 sols.

100 bouteilles de verre pour la somme de 24 livres.

4 carafes et un levrier de caillou pour la somme de 1 livre 6 sols.

2 draps de toile de brin de 6 aulnes pour la somme de 17 livres 10 sols.

4 chandeliers de cuivre ou potin et 1 chandelier à main avec des mouchettes dessus pour la somme de 5 livres.

12 chaises de noyer ou guignier pour la somme de 8 livres.

8 chaises de bois de noyer pour la somme de 2 livres 10 sols.

2 dessus de table dont une a sa rallonge de sapin pour la somme de 7 livres.

1 porte à diner d’étain avec 7 mauvaises fourchettes de fer pour la somme de 5 livres.

1 mauvais van pour la somme de 2 livres.

7 mauvais carreaux avec 1 fût de quart de busse et 1 lot de douelles pour la somme de 3 livres 7 sols.

1 paire d’armoires à deux battants fermant à clé avec un tiroir en bois de chêne pour la somme de 40 livres 1 sol.

1 bois de lit garni de ses fonds et paillasse, 1 couette, 1 traversin, 1 oreiller, 1 petite baillière, deux petites couvertures de laine blanche, des rideaux d’étoffe de couleur verte, 3 vergettes de fer, le tout de peu de valeur pour la somme de 36 livres.

1 busse de vin de la récolte dernière (fût et liqueur) pour la somme de 40 livres.

1 busse de cidre (sans le fût) de la récolte dernière pour la somme de 21 livres 10 sols.

15 livres de vaisselle d’étain pour la somme de 11 livres 12 sols 6 deniers.

 

Il apparaît clairement que René Nicolas Savare s’équipe pour habiter le presbytère de Voivres. Par contre, il n’achète aucun vêtement ni livre religieux.

Le presbytère de Voivres au début du XXè siècle

Le presbytère de Voivres au début du XXè siècle

Très rapidement le curé Savare se soucie de l’état de l’église de Voivres. Ainsi le 11 juillet 1773, le général des habitants est convoqué pour savoir « si ils doivent faire lambrisser ou plafoner leur eglize qui a un besoin de l’un ou de l’autre indispensable, pour la decoration d’icelle ornement et embellissement pour le service divin ». Faute d’argent suffisant, il sera décidé de la plafonner en blanc ; les travaux seront effectués par Jean Dupuy, plafonneur originaire de la paroisse de Bouillancourt en Picardie. Il est également choisi de faire quelques travaux sur le mur du cimetière.

Intérieur de l'église de Voivres (cliché Paul Cordonnier, AD72)

Intérieur de l'église de Voivres (cliché Paul Cordonnier, AD72)

En juillet 1774, Savare demande à ce que soient abattues les ruines d’une maison dépendant de la cure afin de faire construire à la place une écurie.
 

Le 12 février 1780, le général des habitants se réunit. Pierre Ruiller, procureur et syndic de la paroisse «  a remontre aux dits habitans que le cimetiere de la dite paroisse secrouloit meme leglize est en un danger evident de secrouler aussi que leglize etant dénuée dornements convenables pour sa solemnité du service de Dieu pourquoi demande a estre authorize par lesdits habitans a employer pour les refections dudit cimetiere soutien des terres diceluy meme pour le soutien de ladite eglize … surquoy lesdits habitans ont murement confere ensemble et apres mure deliberation ils ont este d’avis et donnent pouvoir audit Ruiller leur procureur de fabrique de conjointement et de l’avis du sieur curé dudit Voevres faire faire un mur autour du cimetiere dudit lieu des escaliers pour y monter, d’achepter des chappes et autres ornements convenables … et faire conjointement et avec lagrement dudit sieur curé tout ce qui conviendra et d’y employer les deniers quil peut avoir entre les mains dont il delivrera des quittances qui luy seront allouees en decharge dans le compte quil rendra de la gestion et administration des deniers de ladite fabrique promettant avoir pour agreable tout ce quil fera pour la construction des murs dudit cimetière, la decoration de leglize et tout ce qui sera necessaire destre fait ». Là encore, le curé obtient des habitans l’autorisation de faire des travaux sur l’église.

 

Le dernier acte des registres qu’il rédige à Voivres est un baptême du 3 septembre 1791.

René Nicolas Savare décède au Mans le 25 mars 1792.

Acte de sépulture de René Savarre en 1792 (paroisse du Crucifix au Mans, AD72)

Acte de sépulture de René Savarre en 1792 (paroisse du Crucifix au Mans, AD72)

Vers 1835, le curé Bichette rédige les « Chroniques de la paroisse de Voivres ». Il apporte quelques renseignements complémentaires mais sans que l’on connaisse aujourd’hui l’origine de ses sources (peut être des documents restés au presbytère). En particulier, il signale que lors de la destruction de l’ancien autel, on aurait trouvé un squelette dans celui-ci.

 

Inauguration de la restauration du retable de Voivres en 2008

Inauguration de la restauration du retable de Voivres en 2008

Restauration du retable de Voivres (2008)

Restauration du retable de Voivres (2008)

Restauration du retable de Voivres (2008)

Restauration du retable de Voivres (2008)

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1 novembre 2023 3 01 /11 /novembre /2023 14:30

Longtemps oublié, l’édifice de la Perrière à Voivres-Lès-Le Mans a été redécouvert il y a quelques années1 ; c’est aujourd’hui une une ferme. Adossé au plateau de Louplande, il domine la vallée de l’Orne Champenoise, ancien lit de la Sarthe, où passait un cheminement ancien. Aujourd’hui, c’est la route reliant Le Mans à La Suze qui passe à cet endroit.

Cet espace géographique est occupé depuis la Préhistoire puisqu’on y a découvert des outils que l’on peut rattacher à l’époque néandertalienne. Par la suite, une villa romaine est implantée. Au Moyen-Age, le bourg de Saint-Léonard devient le siège d’une importante seigneurie dont le personnage le plus connu est sans doute Guillaume des Roches.

1 BOUTON Philippe,  Le logis de la Perrière à Voivres lès Le Mans, Bulletin de la Société d’Agriculture Sciences et Arts de La Sarthe, 1996, p.3-14

 

 

Carte de Cassini (1765)

Carte de Cassini (1765)

UN BÂTIMENT AU PLAN SIMPLE

Un grand rectangle de 16,50 m. sur 8,90 m., voilà à quoi pourrait se résumer le bâtiment de la Perrière. Une sorte de longère améliorée à laquelle on aurait adjoint deux constructions agricoles de part et d’autre. L’entrée se fait par une haute façade en roussard soutenue par trois contreforts et orientée au sud-est. Une fois passée la porte ogivale chanfreinée, on pénètre dans une grande salle éclairée par quatre fenêtres. C’est du moins la première approche que l’on peut avoir du bâtiment.

Façade sud de la Perrière

Façade sud de la Perrière

L'IMPORTANCE DES DÉCORS

Devant cette imposante façade, on devine tout de suite que ce bâtiment n’est pas ordinaire malgré sa rusticité. On a joué avec les décors, modestes certes, mais voulus. Au dessus de la porte d’entrée, entre l’arc ogival et l’arc de décharge tous deux en roussard, on a inclus un arc de pierres en calcaire. Au sommet du pignon, une fenêtre à remplage géminé surmonté d’un oculus trifolié assure l’éclairage mais montre aussi l’importance du lieu. Cette ouverture ouvragée rappelle fortement une autre fenêtre de ce type visible à Asnières-sur-Vègre (72).

Le logis médiéval de la Perrière à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)
La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

Asnières-sur-Vègre (Sarthe)

Asnières-sur-Vègre (Sarthe)

En entrant dans la grande salle, la cheminée placée sur le mur ouest, et montant à plus de 6 m. de hauteur, devait marquer le visiteur. Son contrecœur est d’ailleurs décoré de pierres en calcaire alternant des lits horizontaux et des lits en arrêtes de poisson.

Une grande et haute fenêtre à coussièges, preuve d’une certaine aisance, perce le mur sud. Malheureusement la partie haute de cette ouverture a été détruite pour permettre un meilleur accès pour l’activité agricole. En face, sur le pignon nord, la grande fenêtre du haut est composée d’une alternance de pierres de roussard et de calcaire, alors que sur la partie extérieure seul le roussard a été utilisé.

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

UN ÉDIFICE PLUS COMPLEXE QU'IL N'Y PARAIT

Cela semble évident, cette grande salle servait aux réceptions. C’est donc qu’il existait d’autres pièces. Effectivement, une porte sur le mur ouest ouvre aujourd’hui sur une étable. Arrivé dans cette pièce, on voit sur le mur deux piédroits en roussard correspondant à une cheminée adossée à celle de la grande pièce. D’ailleurs en haut le conduit est commun.

 

Pareillement, au fond de la grande pièce sur le mur Est, une porte correspondant aujourd’hui à l’accès de la cave, ouvrait sur une troisième pièce. Dans cette pièce, on voit encore les restes d’une autre cheminée. C’est également de ce côté que se trouve le puits laissant à penser que l’on pourrait être du côté des cuisines.

De même deux rangées de corbeaux en crochet sur les façades avant et arrière montrent qu’il y avait sur les pignons des auvents. On peut justement imaginer sur la façade sud, c’est à dire celle par où on accède à la grande salle de réception, une structure de type large perron ou estrade protégée par une avancée charpentée.

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

La Perrière (Voivres-Lès-Le Mans)

DE QUEL TYPE DE BÂTIMENT S'AGIT-IL ?

Pour certains, cet édifice était une chapelle. Ils étaient influencés par la haute fenêtre sud qui évoque l’architecture des constructions religieuses. Mais ni l’orientation, et encore moins la cheminée ne favorisent cette idée.

Pour d’autres, nous serions en présence d’une grange. Là encore, la cheminée tord le cou à cette hypothèse.

On parle aussi d’une maladrerie mais les documents des différentes époques ne parlent jamais d’une présence religieuse sur le site de la Perrière.

Reste donc la solution de l’habitat, mais un habitat pour qui ?

 

Toujours est-il qu’au XVIIIème siècle, l’édifice est à usage agricole comme le montrent les visites et montrées faites sur le lieu de la Perrière.

1790 : « Sont comparus le s(ieu)r Marin Joubert m(archan)d fermier du lieu de la métairie de la Perrière p(aroi)sse de Voivres de laquelle il est sorty du jour de St Marc dernier lad(ite) métairie apartenante à mons(ieu)r le Marquis d’Aux+, d’une part +dem(euran)t p(aroi)sse de Moncé en Belin Et François Cosnilleau lab(oureu)r fermier actuel d’icelle métairie dans laquelle il a entré led(it) jour de St Marc dernier d’autre part,

Que le ventail de la porte de la grange est garny de pentes et gonds et se ferme de clef et celuy d’entre lad(ite) grange et l’écurie se ferme avec un verrouil seulement, l’aire de lad(ite) grange est en état mais il n’y a point de seuil à la porte, sy trouve une fenestre sans ventail ny aparance dy en avoir eû, Qu’à la porte de l’étable aux bœufs il se trouve deux ventaux de porte garnis de pentes et se ferment avec un valet de fert un loquet poussier et une serrure avec sa clef, les creiches sont construites de vieux bouts de charpentes sans rateliers, le sinas est construit de onze soliveaux de vieilles charpentes et de sept morceaux du bois rond et enfoncés de quelques rameaux pour le soutien des fourages les murs sont en état ainsy que l’aire ; le ventail de la porte d’entre lad(ite) étable et la grange se ferme avec un verrouil lequel est attaché à une vieille plaque de serrure pour mémoire »

DES TEXTES RARES MAIS PRÉCIEUX

Des actes notariés des 17ème et 18ème siècles nous précisent qu’à cette époque la Perrière est une métairie appartenant aux seigneurs de Villaines à Louplande. L’édifice qui nous intéresse est qualifié de grange, fonction qu’il remplissait encore il y a quelques années. Vu le volume qu’il représente, on comprend aisément que telle fut sa fonction pendant de nombreux siècles. Mais la cheminée et les décors montrent bien que ce n’était pas sa vocation originelle.

Une deuxième catégorie de documents apporte des éléments intéressants. Ils appartiennent au cartulaire de Château du Loir[2]. Quel lien y a t-il entre Château du Loir et Voivres ? Il se trouve simplement qu’à un certain moment du moyen age, les seigneuries de Château du Loir et La Suze (ainsi que Louplande) appartiennent à la même famille.

Plusieurs textes de ce cartulaire citent le toponyme « Perrière » mais sans jamais préciser sur quelle paroisse ! Il y est question entre le 12ème et le milieu du 13ème de vassaux des seigneurs de Louplande nommés Guérin et Raoul de la Perrière. Le 29 avril 1288 Béatrix « comtesse de Dreux et de Montfort, dame de Château du Loir », baille à Jean Le Bordier l’hébergement de la Borderie à Roezé. Dans ce texte, la Borderie est dite voisine de la métairie de Guérin de la Perrière. Or, 800 mètres séparent les deux lieux.

29 avril 1288 – Contrat par lequel Béatrix de Monfort baille à Jean Le Bordier, paroissien de Roezé, l’hébergement de la Borderie, en la châtellenie de La Suze.

 

Sçachent tous presens et advenir que en nostre présence en dreit establi, Jehan Le Bordier, de la paroisse de Roezé, requenut et confessa que noble dame Béatrix, comtesse de Dreux et de Montfort, dame dou Chatiau dou Leir, li a baillié a tousjourmes et que il a prins et grantement reeu a soy et a ses heirs de ladicte comtesse, pour ung muy de seigle, a la mesure de La Suze, de anuel et perpetuel rente, le hebergement de la Borderie, si comme il se poursiet, et toutes les terres, tous les prés, toutes les pastures, tous les arbres, tous les fossez et toutes les haies appatenans audict hebergement, lequel hebergement, o toutes les appartenances devantdictes, est assis en la chastellerie de Lassuze, ez fiez à ladicte comtesse, entre la métoierie Guarin de la Perrière et la métoierie au prieur d’Oezé, en ladicte parroisse, sus l’eve que l’en appelle l’Orne si com l’en dit ; lequel blé de rente à ladicte mesure, de autressi bon blé et d’autressi bel come le meillour et le plus bel qui ou temps de checune souste seroit treuvé amendre et vendre ou pais à dous deniers manseis delasche de chacun septier, ledict Jehan promet, pour soy et pour ses hoirs, et est tenu rendre à ladicte comtesse et à ses heirs, ou chastel de Lassuse, au jour de la Toussains chacun an doresnavant, et est tenu rendre et restorer tous cous et tous dommages à ladicte comtesse et à ses heirs, se aucuns en soustenoient par defaute d’aucune souste doudict bled. Desquiex cous et dommages le baillif dou Chatiau dou Leir qui seroit au temps seroit creu tout a son plein dict sans autre preuve. Et a rendre ledict blé audict terme chacun an et les cous et les dommages, si comme dessus est dict et devisé, oblige ledict Jehan à ladicte comtesse et à ses heirs et à lor allouez sey ou ses heirs et à tous ses biens meubles et immeubles présens et avenir à prendre et à vendre. Et est tenu ledict Jehan, par la foy de son corps, que contre lesdictes chouses ne vendre, renunciant en cet faict à toute exception de fraude et de décevance et à toutes autres resons et allégations de faict et de dreit qui li porroient valoir à venir contre la tenor de cestes présentes lettres.

Et nous toutes lesdictes chouses, à la requeste doudict Jehan, sentenciaument adjugeons à tenir et entérigner par le jugement de nostre court dou Mans.

Ce fut donné le jour de joedy après le Sainct Marc l’Evangéliste, en l’an de grâce mil dous cens quatre vingt et oict.

 

Cartulaire de Château du Loir

 

OÙ L'ON AVANCE L’HYPOTHÈSE D'UN PETIT HABITAT SEIGNEURIAL

Nous serions en présence d’un rare vestige d’habitat seigneurial des 13ème et 14ème siècles du type manoir-halle. La puissance n’apparaît plus dans l’importance d’une fortification mais par une construction, certes toujours imposante, où apparaissent de nouveaux éléments tel que les décors. Le bâtiment de la Perrière pourrait être une forme primitive des manoirs qui vont se répandre après la guerre de Cent Ans. 

Il existe en Sarthe d’autres bâtiments laïcs de cette époque : Chenu, Fontenay-sur-Vègre, Les Mées, Saint-Marceau, Saint-Rémy-du-Val, Souligné-Flacé, Vezot, Vivoin, etc.

 

A noter que l’édifice a pu servir au XVIème de temple protestant ; c’est du moins ce que laisse entendre une montrée de 1740. Il faut sans doute appuyer cette idée sur le fait que Nicolas de Champagne, comte de La Suze, mort en 1567, était membre du consistoire du Mans.

Le logis médiéval de la Perrière à Voivres Lès Le Mans (Sarthe)
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17 août 2023 4 17 /08 /août /2023 08:16

La destruction prochaine de l’ancien bureau de poste de Spay, sans doute en octobre 2023, pour implanter une médiathèque est l’occasion de revenir sur Maurice Levesque, prolifique architecte manceau.

Spay, bureau de poste

Spay, bureau de poste

Spay, bureau de poste

Spay, bureau de poste

Spay, bureau de poste

Spay, bureau de poste

Spay, bureau de poste

Spay, bureau de poste

Spay, bureau de poste

Spay, bureau de poste

Il est né au Mans le 7 décembre 1877 de François Alexis Levesque, négociant demeurant rue Montoise, et de Angelina Louise Morand son épouse. A noter que dans l’acte le prénom est orthographié « Morice ». Il se marie à La Suze le 24 août 1909 avec Lucie Devic et décède au Mans le 13 octobre 1976. Il est inhumé à Roézé.

Acte de naissance de Maurice Levesque

Acte de naissance de Maurice Levesque

Maurice Levesque

Maurice Levesque

Ses études d’architecte débutent dans les dernières années du XIXème siècle. Il exerce ensuite au Mans de 1907 jusqu’en 1942 ; l’activité sera poursuivie par l’architecte Raymond Baroin. Il aurait d’abord exercé au 52 rue Gambetta, puis au 50 de la rue Montoise et enfin au 51 de la rue Auvray où il réside depuis 1926 ; c’est d’ailleurs cette maison qu’il occupait encore lors de son décès.

On lui doit de nombreuses constructions aussi bien privées qu’administratives ; il avait ainsi parfois plusieurs chantiers en même temps. Citons par exemple au Mans la maison du 26 rue de Constantine avec une belle façade ornée. Ou encore l’atelier de ganterie Neyret rue de la Crochardière, mais aussi le bureau de poste de Brains-sur-Gée. Il est pareillement l’architecte de la mairie de Torcé-en-Vallée construite en 1926. Il a également réalisé des monuments aux morts comme ceux de Spay ou de Loué ou encore de Laigné-en-Belin par exemple.

Le Mans, rue de Constantine

Le Mans, rue de Constantine

Le Mans, rue Auvray

Le Mans, rue Auvray

Le Mans, entreprise Neyret

Le Mans, entreprise Neyret

Spay, monument aux morts

Spay, monument aux morts

Spay, monument aux morts

Spay, monument aux morts

Laigné en Belin, monument aux morts

Laigné en Belin, monument aux morts

Torcé en Vallée, mairie

Torcé en Vallée, mairie

Brains sur Gée, mairie (ancien bureau de poste)

Brains sur Gée, mairie (ancien bureau de poste)

Son travail est souvent caractérisé par l’utilisation de la brique qui devient un élément de décor que ce soit par ses dispositions géométriques ou par le contraste des couleurs ; la brique sert pour les linteaux, les pieds-droits, les bandeaux, etc. Mais ce n’est pas systématique ; il construit en même temps des bâtiments entièrement en pierre. C’est peut-être cela qui a fait sa réussite et son succès : la capacité à comprendre et à s’adapter aux désirs des clients.

Le Mans, rue des Muriers

Le Mans, rue des Muriers

Le Mans, rue de la Rose

Le Mans, rue de la Rose

Le Mans, rue Auvray

Le Mans, rue Auvray

Le Mans, rue Auvray

Le Mans, rue Auvray

Le Mans, rue de Constantine

Le Mans, rue de Constantine

Maurice Levesque est assurément un des plus grands architectes de la région mancelle. On se félicitera de la sauvegarde sur la commune de Fillé il y a quelques années de l’école des filles construite par Levesque. Au lieu de raser le bâtiment, la municipalité avait opté pour une intégration dans l’aménagement du restaurant scolaire. Il faut bien admettre que ce fut une bonne idée et que cette mise en valeur donne du cachet au quartier.

Fillé sur Sarthe, ancienne école des filles

Fillé sur Sarthe, ancienne école des filles

Maintenant que vous avez vu le travail de Maurice Levesque, il est fort probable que vous repériez ses réalisations au détour d’une rue.

 

Voir aussi : https://www.patrimoine.paysdelaloire.fr/maurice-levesque-architecte-manceau/?highlight=levesque

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