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26 février 2025 3 26 /02 /février /2025 15:14

H. Le rôle des organisations

On a également des organisations américaines qui arrivent en France pour s'occuper des soldats : le YMCA, la Croix Rouge américaine, The Knights of Columbus (organisation catholique née en 1882 aux États-Unis), The Jewish Welfare Board, et The American Library Association. Après l’Armistice, elles vont devoir gérer l’attente des soldats ; le rabbin Lee J. Levinger1 nous dresse un état des lieux : « Les trois mois d’attente avaient été plus durs à bien des égards que les mois précédents de guerre. L’intérêt pour notre mission militaire avait disparu ; les hommes avaient peu de distractions et beaucoup de travail pour occuper leur temps. Nous avions très peu de motivations sportives ou éducatives, du fait de notre attente constante d’un départ anticipé. Le service postal était souvent mauvais, surtout pour les hommes qui avaient été transférés à plusieurs reprises. La solde était peu fiable surtout lorsqu’un homme avait été transféré ou envoyé à l’hôpital et que ses dossiers avaient été perdus ou mélangés. Et l’hiver français est une saison pluvieuse, avec parfois des journées de grand froid. Il n’est pas étonnant que les soldats aient été dégoûtés de la France, de la guerre, de l’armée et de tout le reste. Au milieu de cette irritation croissante, leur phrase favorite est devenue : ‘‘La petite Amérique me suffit’’.»

1Lee J. Levinger, A jewish chaplain in France, The MacMillan Company, New-York, 1921, p. 64

 

Cantine de la Croix Rouge américaine au Mans en 1919

Cantine de la Croix Rouge américaine au Mans en 1919

Intérieur de la cantine de la Croix Rouge américaine au Mans

Intérieur de la cantine de la Croix Rouge américaine au Mans

Production de beignets au Mans par la Croix Rouge américaine

Production de beignets au Mans par la Croix Rouge américaine

Croix Rouge américaine au Mans en mars 1919 (source NARA)

Croix Rouge américaine au Mans en mars 1919 (source NARA)

Personnels de la Croix Rouge américaine au Mans (source NARA)

Personnels de la Croix Rouge américaine au Mans (source NARA)

Dans les jours qui suivent l’entrée des États-Unis dans le conflit, le Jewish Welfare Board est créé pour apporter de l’aide aux soldats de confession juive. Il va implanter en Sarthe divers centres dont celui du Mans qui sera le plus important ; il est à noter d’ailleurs que c’est peut-être la première fois que la ville voit une si importante structure juive installée en ville1. Le quartier général était au 7 rue Montauban et l’accueil des soldats se faisait au 26 rue Chanzy au Mans depuis le 23 novembre 1918. Il y avait aussi une salle au 22 rue de l’Étoile. On y accueille chaque jour des centaines de soldats, en soirée la semaine et toute la journée le week-end, pour une collation et des activités variées (spectacles, offices, concerts, etc.). Le JWB était également présent à Écommoy où il occupait une salle louée au notaire de la ville avec scène et système d’éclairage, à Poillé, Sablé, Brûlon, Noyen, Cérans-Foulletourte.

L’organisation intervient dans l’aide aux soldats2 : petits achats à faire en ville, récupération des informations sur la situation de soldats issus de la même famille, conseils pour éviter de rester en Europe dans l’armée d’occupation, problème de versement de solde, etc. Le JWB recherche également les soldats de confessions juives tués au front et de retrouver leurs tombes. Il s’agit souvent d’un véritable travail d’enquête mené par les rabbins des divisions et par l’officier chargé des funérailles.

Un des événements marquants pour le JWB fut l’organisation de la Pâque juive3 (14 au 16 avril 1919). Il fallait accueillir plus de mille soldats venant de différentes divisions et obtenir les ingrédients alimentaires pour commémorer la fête religieuse. Outre la partie purement confessionnelle au théâtre municipal, les autres activités proposées consistaient en pièce de théâtre, lecture, cinéma et même combat de boxe.

1The Reform Advocate, 15 février 1919, p. 46

2Lee J. Levinger, A jewish chaplain in France, The MacMillan Company, New-York, 1921, p. 62

3Lee J. Levinger, A jewish chaplain in France, The MacMillan Company, New-York, 1921, p. 77-80

Un groupe de soldats du JWB au Mans en mars 1919

Un groupe de soldats du JWB au Mans en mars 1919

Carte postale du JWB (Ed. Bouveret)

Carte postale du JWB (Ed. Bouveret)

Le YMCA va jouer un rôle important dans la mise en place d'activités1. Son siège au Mans est alors au 71 de la rue Chanzy dans une bâtisse qui existe toujours et faisant l'angle avec la rue de la Fuie. L'organisation va envoyer de nombreux personnels (plus de 600) qui se répartissent dans différents secteurs. Ainsi Alice Caroll qui part pour la France en janvier 1919 pour travailler dans les cantines ; elle réside alors dans les communes de Chemiré-le-Gaudin et de La Flèche où elle installe une structure d'accueil pour les soldats2.

Les 3 et 4 mai 1919, lors des rencontres d'athlétisme au Classification Camp le YMCA distribue 10 000 cônes de glace aux hommes présents3, glace partie de Paris la veille et amenée dans deux convois de camions ayant roulé toute la nuit. L'organisation a été également sollicitée pour refaire toutes les infrastructures sportives et d'accueil dans un camp dévasté par les mauvaises conditions météorologiques jumelées au piétinement de dizaines de milliers de soldats.

Ces organisations vont aussi gérer les problèmes financiers des soldats, en particulier dans le change monétaire puisque les soldats américains avaient difficilement accès aux banques françaises pour effecteur leurs transactions. Les relations ne sont pas toujours bonnes entre les soldats américains et les membres du YMCA. Ainsi lorsque la 26th Division arrive à Écommoy en janvier 1919, les personnels se plaignent du manque de respect en soulignant que cela se passait mieux avec les soldats qui avaient croisé les actions du YMCA sur le front 4.

Le YMCA va créer une école d'architecture au Mans5, école qui ouvre ses portes le 10 décembre 1918. Des sessions de trois semaines permettent à une vingtaine de soldats de suivre des cours. Ils travaillent en ville où la mairie met à disposition une salle de dessin et le musée d'archéologie. La deuxième semaine consistait à découvrir l'architecture rurale de la campagne mancelle. Et la troisième semaine permettait de découvrir des sites plus éloignés tels Chartres, Blois, Tours, etc. A la fin de la session, les travaux étaient présentés au public. Cette école était sous la direction d'Ernest Coxhead, architecte né au Royaume-Uni en 1863, mais qui a migré à Los Angeles en 1886 et a ensuite exercé à San-Francisco.

A Noyen, le 306th F.A. trouve que le YMCA a été très efficace avec l'installation d'une cantine et d'un théâtre, et qui remercie le travail effectué par trois demoiselles américaines, Marian Dean, Lucille Waiters et Adele Winston qui dépendaient du Jewish Welfare Board6.

Au Belgian Camp, les Y Girls luttent aussi contre l'inoccupation des soldats qui les mène parfois vers l'abus d'alcool. Dans le Newark Union-Gazette un article retrace le parcours de Helen M. Spear, jeune fille qui avait travaillé pour le YMCA en France. Elle nous rapporte qu'à Auvours, elle passe une partie du temps à écouter les soldats afin de les occuper. Son discours consistait à les détourner des méfaits de l'alcool et à les convaincre de ne plus boire7 en leur lisant des textes religieux.

Un homme a joué un rôle important dans l'efficacité du YMCA : Alfred Bookwalter. Katherine Mayo relate dans son ouvrage l'arrivée de cet homme, au début février 1919, et les changements que cela amène sur la vie des soldats américains8. En une quinzaine de jours, il réorganise les campements et améliore les conditions de vie des militaires. Sur la place des Jacobins, une nouvelle structure est édifiée en une journée et demie. Au Forwarding Camp, il met toute son énergie pour éliminer l'impact de la boue. On met également en place une tournée à l'aide d'un camion et de deux ou trois filles du YMCA qui livreront aux soldats des beignets, des tartes et des gâteaux. Une quinzaine de jeunes femmes formeront le « Dancing Unit » en se déplaçant avec un piano et un groupe de musiciens. C'est un travail assez difficile pour ces jeunes femmes qui doivent donner l'impression de s'amuser tout en enchaînant la tournée des camps.

1On trouvera des très nombreuses informations sur l'activité du YMCA en Sarthe dans : Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920

2 Rose Long Gilmore, Davidson County women in the world war, 1914-1919, Foster and Parkes, Nashville, 1923, p. 455

3Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 40

4Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 166-167

5Alfred E. Cornebise, Soldier-Scholars, Higher Education in the AEF, 1917-1919, American Philisophical Sociéty, 1997, p. 104-105

6History of the 306th Field Artillery, The Knickerbocker press, New York, 1920, p. 71

7The Newark Union-Gazette, volume XLVII, n°49, 6 décembre 1919

8Katherine Mayo, The damn Y, Houghton Mifflin Co, Boston et New-York, 1920, p. 299-301

Affiche de recrutement du YMCA

Affiche de recrutement du YMCA

Baraquement du YMCA à Bonnétable (source NARA)

Baraquement du YMCA à Bonnétable (source NARA)

On pourrait également citer le sergent Gueruel1 du 320th Infantry qui adresse un courrier à Hugh D. Boyle, secrétaire du Knights of Columbus, installé à Saint-Ouen-en-Belin, pour le remercier : « Le travail effectué par votre organisation n'a été surpassé par aucune autre organisation de bien-être de l'A.E.F. Nous avons reçu de grandes quantités de bonbons, de tabac à chiquer et à fumer, de cigarettes, de matériel de lecture et d'écriture, d'articles de sport, etc. Nous n'avons pas reçu de tels avantages de la part d'autres organisations de bien-être ».

L’action des membres du Knights of Columbus portait aussi sur les conditions d’hygiène. Dans les baraques installées par le mouvement, on pouvait trouver des douches et des baignoires. Mais il gérait aussi les aménagements de confort : salles de lecture, pianos, projection de films, etc. Et bien sûr les membres des Knights of Columbus assuraient de pouvoir pratiquer le service religieux : messes, confessions, etc2.

1 Maurice Francis Egan, John B. Kennedy,  The Knights of Columbus in Peace and War, Volume II, New Haven, Connecticut, 1920, p. 26
2 The Catholic Northwest Progress, Volume 36, n° 22, 30 mai 1919

 

Affiche du KOC

Affiche du KOC

A SUIVRE "Des hôpitaux américains"

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31 octobre 2024 4 31 /10 /octobre /2024 11:09

LE SITE

L’église d’Athenay est une ancienne église paroissiale rattachée aujourd’hui à la commune de Chemiré-le-Gaudin. Elle se situe au centre du hameau et sur le cadastre de 1809, le cimetière occupe la partie sud ouest devant le bâtiment. Il reste d’ailleurs une croix (inscription MH) datée du 16ème siècle comme dernier témoignage.

Vue générale du village d'Athenay

Vue générale du village d'Athenay

Athenay, Cadastre 1809, B

Athenay, Cadastre 1809, B

Croix du cimetière (XVIème siècle)

Croix du cimetière (XVIème siècle)

La mention la plus ancienne remonte à la seconde moitié du 11ème siècle (ecclesia de Attiniaco1) dans une donation à l’abbaye Saint Vincent et l’église est déjà placée sous le vocable de la Vierge Marie. Vers 1330, on parle toujours de l’ « ecclesia de Attenay2 ». En 1405, on utilise l’expression « capella de Athenay3 ». Le statut de la paroisse a changé ; elle était rattachée au doyenné de Vallon jusqu’au 15ème siècle date à laquelle Athenay devient succursale de Chemiré.  En 1768, elle redevient paroisse. Puis elle est rattachée à Chemiré-le-Gaudin le 14 décembre 1809. On profitera de ces quelques lignes pour tordre le cou à une étymologie empirique qui voulait édifier les origines de l’église sur un temple dédié à Athéna.

1Abbé Robert Charles et le Vicomte Menjot d'Elbenne, Cartulaire de l'abbaye de Saint-Vincent du Mans, Société historique et archéologique du Maine. 1886-1913, p. 276

2Auguste Longnon, Pouillés de la province de Tours, Ed. C. Klincksieck, Paris, 1903, p. 72

3La Province du Maine, XXII, 166

Vue de l'église d'Athenay

Vue de l'église d'Athenay

Carte postale ancienne

Carte postale ancienne

LA NEF

La nef est la partie la plus ancienne de l’église. Le mur repose sur des fondations réalisées avec des pierres de différentes natures et de différents modules. A environ un mètre de hauteur commence le petit appareillage de calcaire (les roussards sont très rares) ; trois baies romanes se trouvent au sommet mais semblent appartenir à un état postérieur (peut-être charnière Xè/XIè s.). Le sommet de ces fenêtres est composé d’un linteau échancré sur lequel sont gravées des incisions droites rayonnantes. Ensuite on les a comblées avec du mortier pour donner l’illusion d’un arc composé de claveaux. Cette technique est connue sur plusieurs monuments romans du Maine. C’est le cas des meurtrières du donjon de Sainte Suzanne (Mayenne) et de celles de l’église de Vezot (Sarthe), pour ne citer que deux exemples. L’ouverture du milieu est réalisée entièrement en roussard alors que les deux autres utilisent le roussard et le calcaire ; mais la composition est la même pour ces deux fenêtres : le bas est en roussard et le sommet en calcaire.

Mur nord de l'église

Mur nord de l'église

Fenêtre romane du mur nord

Fenêtre romane du mur nord

Fenêtre romane du mur nord

Fenêtre romane du mur nord

On peut s’interroger sur la construction de ce mur. Il semble que les meurtrières soient construites lors d’une deuxième phase (l’appareillage parait différent, l’angle entre le mur et la façade est chaînée sauf dans la partie haute où on a l’impression de voir un mur). Le mur nord pouvait sans doute être sans ouverture à l’origine. C’est le cas de la chapelle Saint Fraimbault à Saint Georges de la Couée (Sarthe). Selon Alain Valais1, cette partie de l’édifice et le mur ouest pourraient appartenir à un ancien édifice romain.

 

Le mur sud est plus récent. Il montre clairement un appareillage différent (opus incertum) mais qui semble réutiliser les matériaux de l’état antérieur. Deux fenêtres, d’époque différentes, permettent un meilleur éclairage de l’intérieur de la nef et peut-être des fonts baptismaux. La plus haute doit être la plus ancienne. Pourquoi a-t-on refait ce mur sud ? La question reste posée puisqu’on ne peut guère envisager un agrandissement. En effet la lecture de l’appareillage de la façade ne montre pas un élargissement de la nef. Les fondations sont différentes du mur Nord et sont composées de gros blocs de roussard, calcaire et grès. Y a-t-il eut un effondrement ? En regardant les fissures existantes, on peut l’envisager.

1Alain Valais, Les églises rurales du premier Moyen Âge (Ve/XIe siècle) dans l'ancien diocèse du Mans et à ses confins Volume 5 : catalogue des notices des églises de la Sarthe, Thèse Université Paris Nanterre, 2021, p. 20

Mur sud de l'église

Mur sud de l'église

La porte sud qui ouvrait sur le cimetière laisse apparaître une tentative de décor qui joue sur les couleurs des roussards et des calcaires. Le montant droite et l’arc alternent les deux matériaux ; mais le montant gauche est entièrement en calcaire. En comparant le portail ouest et la porte sud, on peut imaginer une construction à la même époque.


 

La façade ouest a connu quelques modifications. La porte actuelle date d’un état postérieur à l’édification de la nef. On observera à environ trois mètres au dessus du sol un lit d’arrêt de la phase de construction. Les éléments les plus remarquables sont un décor en sablier réalisé en roussard (sur 7 rangs) alors que le reste de la façade est composé de calcaire blanc. Un sablier se situe au dessus du portail, les deux autres sont de chaque côté mais il ne semble pas avoir de symétrie dans l’organisation du décor. Cette partie de l’édifice est à priori contemporaine du mur nord.

 

On remarque aussi une augmentation de la pente du toit puisqu’on peut voir une reprise de la maçonnerie mais toujours avec un appareillage cubique ce qui semble indiquer une modification assez rapide après l’édification de la nef.

Les fissures visibles sur la façade et sur la partie ouest du mur nord trahissent une certaine instabilité du terrain.

La façade ouest de l'église

La façade ouest de l'église

Un élément de décor sur la façade ouest

Un élément de décor sur la façade ouest

LES CHAPELLES

Les chapelles ont été ajoutées plus tard. Le mur ouest de la chapelle nord porte une date sur l’enduit au sommet du mur près du chaînage. Il semble que l’on puisse lire 1678. Mais cela permet de dater l’enduit et non la chapelle. L’appareillage est composé de pierres calcaires allongées (jusqu’à environ 40 cm). Le chaînage est dominé pour les 2/3 par les roussards qui sont dans la partie basse alors que les blocs calcaires se situent dans la partie haute. Seule une baie placée au nord assure l’éclairage.

 

La chapelle sud ne semble pas avoir été construite en même temps que la chapelle Nord. Le chaînage d’angle n’est réalisé qu’avec des blocs calcaires. On remarque des traces d’un faux appareillage dessiné sur l’enduit frais. Par contre la technique de construction reste la même ce qui tend à prouver que même si ces chapelles n’ont pas été élevées lors d’un même chantier, elles ont dû se suivre dans un temps relativement proche.

 

Les grilles métalliques des baies ne sont pas datées mais sont toutes réalisées de la même façon (nef, chapelles).

Chapelle nord et sacristie

Chapelle nord et sacristie

Chevet de l'église

Chevet de l'église

LA SACRISTIE

La fenêtre de la sacristie porte une date 1670 ainsi que deux initiales « M » et « MO ».

Inscription sur le linteau de la fenêtre de la sacristie

Inscription sur le linteau de la fenêtre de la sacristie

DATATION DE L’ÉGLISE

La technique des claveaux simulés des meurtrières, le petit appareillage cubique sont dès éléments qui tendent à fournir une datation remontant au 11ème siècle pour la partie la plus ancienne de l’édifice. On sait par les textes que la paroisse existait déjà vers 1050 et une datation autour de cette période parait cohérente.


 

Il est possible qu’au 13ème siècle, il y ait eut la réfection du mur sud et la création des deux portes. C’est sans doute à cette époque qu’il faut rajouter la construction du chevet actuel.

 

Deux dates sont inscrites sur l’église ce qui permet d’établir une chronologie relative entre certains éléments. Il semble qu’au 17ème siècle une campagne importante de travaux ait été réalisée pour remettre en état (ou en valeur ?) le bâtiment. C’est peut être  à cette époque qu’il faut rattacher l’adjonction des chapelles. En tout cas, ces chapelles ne peuvent pas être postérieures à 1670 car la sacristie est collée et non chaînée avec les chapelles

 

Alain Valais dans sa thèse1 propose la chronologie suivante pour l’édifice roman :

1. un édifice romain avec des décors géométriques qui est réemployé pour devenir une église (époque mérovingienne sans doute).

2. une transformation avec un rehaussement des murs au Xème siècle ou au XIème siècle avec la création des fenêtres romanes toujours visibles aujourd’hui sur le mur nord.

3. un portail ouest reconstruit au XIIème siècle.

1Alain Valais, Les églises rurales du premier Moyen Âge (Ve/XIe siècle) dans l'ancien diocèse du Mans et à ses confins Volume 5 : catalogue des notices des églises de la Sarthe, Thèse Université Paris Nanterre, 2021, p. 20

L’INTÉRIEUR DE L’ÉGLISE

L’intérieur de l’église d’Athenay garde un aspect authentique dû à sa moindre fréquentation depuis le début du XIXème siècle.

 

L’ensemble statuaire est assez riche et donne une bonne idée des figures qui étaient adorées dans l’église. La plupart des terres cuites datent du XVIIème siècle. On y trouve entre autre une éducation de la Vierge, un saint Hyacinthe de Cracovie, un saint Joseph, un saint Blaise, un saint Michel, etc. On sait ainsi qu’en juin 1711, trois figures de la Vierge, d’Élisabeth et de Joseph sont offertes à la paroisse pour orner le retable principal1.

Mais d’autres éléments particuliers se trouvent dans l’église : un panneau sculpté en bois représentant l’adoration des rois mages (XVIème siècle) et qui est sans doute le vestige de l’ancien retable, une chaire à précher en bois du XVIIème siècle, un bâton de procession de la confrérie de la Visitation (XVIIIème siècle), des fonts baptismaux du XVIème siècle en calcaire, un tronc ancien (XVIème siècle?), etc.

Il ne faudrait pas non plus oublier une statue polychrome en pierre du XVème siècle représentant une vierge à l’enfant.

On sait aussi qu’une cloche a été baptisée en octobre 17072.

1Registres paroissiaux

2Registres paroissiaux

Vue de l'intérieur de l'église d'Athenay

Vue de l'intérieur de l'église d'Athenay

Adoration des mages, panneau de bois, XVIè siècle

Adoration des mages, panneau de bois, XVIè siècle

Adoration des mages, panneau de bois, XVIè siècle

Adoration des mages, panneau de bois, XVIè siècle

Adoration des mages, panneau de bois, XVIè siècle

Adoration des mages, panneau de bois, XVIè siècle

Bâton de procession (XVIIIè siècle)

Bâton de procession (XVIIIè siècle)

Chaire (XVIIè siècle)

Chaire (XVIIè siècle)

Education de la Vierge (XVIIè siècle)

Education de la Vierge (XVIIè siècle)

Fonts baptismaux (XVIè siècle)

Fonts baptismaux (XVIè siècle)

Retable (XVIIè siècle)

Retable (XVIIè siècle)

Tronc (XVIè siècle)

Tronc (XVIè siècle)

Vierge à l'enfant, XVè siècle

Vierge à l'enfant, XVè siècle

La visitation (XVIIè siècle)

La visitation (XVIIè siècle)

Saint Etienne, saint Michel et saint Blaise (XVIIè siècle)

Saint Etienne, saint Michel et saint Blaise (XVIIè siècle)

L’église d’Athenay est assurément un lieu patrimonial intéressant où il est aisé de se replonger dans le temps.

Eglise d'Athenay (Sarthe)

Eglise d'Athenay (Sarthe)

Eglise d'Athenay (Sarthe)

Eglise d'Athenay (Sarthe)

Eglise d'Athenay (Sarthe)

Eglise d'Athenay (Sarthe)

Eglise d'Athenay (Sarthe)

Eglise d'Athenay (Sarthe)

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15 juillet 2024 1 15 /07 /juillet /2024 10:42

La rivière Sarthe naît dans le département de l’Orne en la commune de Soligny-la-Trappe au lieu-dit Somsarthe à l’altitude de 205 m. Elle entre dans le département auquel elle donne son nom, au niveau de la commune de Roullée ; puis ensuite elle sert pendant de nombreux kilomètres de limite départementale entre l’Orne et la Sarthe. Elle entre alors pleinement dans le département sarthois au niveau de Saint Léonard des Bois pour en ressortir à Précigné en ayant, là encore, servi de limite départementale. Le cours d’eau poursuit alors son cheminement dans le Maine-et-Loire où, rejoignant la Mayenne, il formera la Maine. La Sarthe aura alors parcouru un peu plus de 300 km.

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Jaillot (1706)

Fontaine Saint Clair à Saint-Aquilin (AD61)

Fontaine Saint Clair à Saint-Aquilin (AD61)

La vallée de la Sarthe à La Fresnaye sur Chédouet

La vallée de la Sarthe à La Fresnaye sur Chédouet

La Sarthe à Pincé

La Sarthe à Pincé

La première partie de son parcours la fait longer la partie orientale du Massif Armoricain en traversant les Alpes Mancelles ; elle a alors un aspect torrentueux. Puis après Fresnay-sur-Sarthe, elle atteint les zones plus planes et serpente au travers de la campagne au milieu des prés. La rivière s’élargit et prend un aspect plus calme. Elle est rejointe au Mans par l’Huisne ; en voici d’ailleurs une description dans un ouvrage de 1620 : « Huine donc ainsi grossie et accreuë descend à Seaux, Pont de Genne, Champigny,Yvré, et à Pontleue prés du Mans, au dessous duquel elle se descharge dedans Sarthe sa sœur aisnée, à laquelle elle est contrainte de ceder son nom, et dedespit qu'elle en a, marche plus de deux grandes lieuës coste à coste, sansse vouloir mesler avec elle, et se faisant recognoistre en ses eaux claires et blanches d'avec celles de Sarthe noirastres et sombres1 ».

1BRY DE LA CLERGERIE (Gilles), Histoire des pays et comté du Perche et duché d'Alençon, 1620, p.13

La Sarthe à Saint Léonard des Bois

La Sarthe à Saint Léonard des Bois

Fresnay sur Sarthe

Fresnay sur Sarthe

Neuville sur Sarthe

Neuville sur Sarthe

Solesmes

Solesmes

Un nom stable dans le temps

Son nom a peu évolué dans le temps, ce qui laisse à penser qu’il s’agit d’un toponyme très proche de son nom originel. Il apparaît de très nombreuses fois dans les Actus pontficum cenomannis in urbe degentium. Si l’on considère que les Gesta Innocentii, qui racontent les actes de l’évêque manceau Innocent (533-558), s’appuient sur des documents connus au moment de la rédaction des dits Actus1 (vers 835-855), il y est dit que l’évêque Victeur avait fait construire une église où reposent ses successeurs « ultra fluvium Sartae » ; il pourrait donc s’agir du nom connu au VIème siècle. Au VIIème siècle, les Gesta Domni Bertichramni (testament de Saint Bertrand) donnent aussi la forme « Sartae » (Antedictus namque domnus Bertichramnus fecit quandam cellulam ultra fluvium Sartae).

Un diplôme de 676 de Thierry III, roi des Francs, fait mention de l’installation au Mans du monastère Sainte Marie « infra Sartam fluvium »2. Les Actus Pontificum, dans un texte des environs de 835 relatant la translation de la dépouille de Julien depuis le quartier du Pré vers la cathédrale nouvellement édifiée par l’évêque Aldric, citent également « ultra fluvium Sartae ». Le Livre Noir de l’abbaye Saint Florent de Saumur en Anjou rapporte pour l’année 848 l’expression « Sartam fluvium » dans un diplôme concernant un don à ladite abbaye.

On pourrait ainsi multiplier les exemples à l’envi.

1BIARNE (Jacques), Les premiers évêques du Mans, depuis les Fastes épiscopaux de Louis Duchesne, in La foi dans le siècle, PUR, 2009, p. 109-119

2BREQUIGNY (Louis George Oudard Feudrix de), PORTE DU THEIL (François Jean Gabriel de La ), Diplomata, chartae, epistolae, leges, Tome II, Paris, 1849, p. 172

Le Livre Noir (IXème siècle)

Le Livre Noir (IXème siècle)

Qu’en est-il du « h » dans la Sarthe ?

On lit parfois que c’est au moment de la Révolution que la lettre « h » est apparue pour transformer définitivement « Sarte » en « Sarthe ». Mais il semble que ce soit au cours du XVIIIème siècle que l’orthographe du nom de la rivière mute et s’oriente lors vers sa forme actuelle. Des documents du XVIIème siècle indiquent également « Sarthe » ; c’est le cas par exemple de la carte de Cloppenbourg (1630) sur le comté du Perche. Ou encore le pouillé de l’archevêché de Tours1 qui cite en 1648 «  la cure de Sainct Benoist sur Sarthe ».

Au XVIème siècle également on retrouve « Sarthe ». Ainsi Sébastien Münster2 dans sa description du pays du Maine évoque la présence des Cénomans et la fondation du Mans. Dans ce récit légendaire, il évoque Leman, fils de Paris, qui réédifie une ville qu’il nomme Le Mans et qu’il donne le nom de « Sarthe » à la rivière qui l’avoisine.

Même aux époques plus lointaines, il y a des exemples avec la lettre « h » telle la charte de fondation de l’abbaye de Perseigne au milieu du XIIème siècle (« In dedicatione autem ecclesie et in dotis nomine dedi eis apud Rolers prata que sunt a fosseio sicut rivulus qui vocatur Rugemmar circuit usquequo recipitur in Sartham et eamdem Sartham in proprio dominio ad piscandum, ab illo scilicet loco quo predictus rivulus in ea descendit usque ad predictum fosseium et sicut dicta prata extenduntur in longum et latum. »3).

1Pouillé général contenant les bénéfices de l'archevêché de Tours, Paris, 1648, p. 52-53

2MÜNSTER (Sébastien), La cosmographie universelle de toute le Monde, Paris, 1575, p. 45

3FLEURY (Gabriel), Cartulaire de l’abbaye cistercienne de Perseigne, Mamers 1880, p. 3-4

Carte de Cloppenbourg (1630)

Carte de Cloppenbourg (1630)

Extrait des poèmes de Théodulfe d'Orléans (IXème siècle)

Extrait des poèmes de Théodulfe d'Orléans (IXème siècle)

Extrait du testament de Jean de Lexille (XIVème siècle)

Extrait du testament de Jean de Lexille (XIVème siècle)

Alors, quelle est l’origine du nom « Sarthe » ?

L’hydronyme « Sarthe » s’appuie sur une racine très ancienne, peut-être pré-celtique ; c’est sans doute la même étymologie que « Saar » en Allemagne ou encore que «Serre» dans les Ardennes ou même « Cère » qui naît dans le Cantal. L’origine en serait « sar/ser/sor » voulant dire « cours d’eau », « écoulement ».

Notons que la source à Somsarthe peut se traduire par point haut (source) de la Sarthe.

Une rivière vivante

Il ne s’agit pas ici de montrer tous les éléments qui se sont développés sur et autour du cours d’eau, mais juste d’évoquer l’importance de la rivière dans les activités humaines au travers des âges.

 

La vallée de la Sarthe est fréquentée depuis longtemps puisque diverses découvertes archéologiques indiquent une présence très ancienne. Les interventions de l’INRAP, par exemple, ont ainsi révélé un site moustérien à Fontenay-sur-Vègre (72) qui a été placé entre -60 000 et – 50 000 ans1. Les fouilles menées par Paléotime à la fin de l’année 2012 au Bois de Sirion sur la commune d’Auvers-Le-Hamon (72) proposent une occupation dans la même fourchette chronologique2. Sur la commune du Mans, la découverte du site de «Château-Gaillard », en limite avec Rouillon, a livré du matériel lithique qui pourrait remonter à environ 75 000 ans3. Mais d’autres pièces archéologiques trouvées dans la région de Sablé (72) en prospection permettent de remonter plus loin dans le temps vers -400 000/-300 000.

On verra également s’installer dans les zones très proches de la rivière des ouvrages fortifiés à l’époque protohistorique : Narbonne à Saint-Léonard-des-Bois ou le Chatelier à Saint-Jean-d’Assé.

13 Voivres

Outil paléolithique (Voivres Lès Le Mans)

Outil paléolithique (Voivres Lès Le Mans)

Outil paléolithique (Voivres Lès Le Mans)

Outil paléolithique (Voivres Lès Le Mans)

Outil paléolithique (Voivres Lès Le Mans)

Outil paléolithique (Voivres Lès Le Mans)

La butte de Narbonne à Saint Léonard des Bois

La butte de Narbonne à Saint Léonard des Bois

Le rempart protohistorique de la butte de Narbonne à Saint Léonard des Bois

Le rempart protohistorique de la butte de Narbonne à Saint Léonard des Bois

On ne connaît quasiment rien de l’utilisation de la rivière à l’époque antique, si ce n’est d’hypothétiques passages. Au moyen-âge, la Sarthe permet de contrôler la circulation et on verra des fortifications s’élever aux points stratégiques pour surveiller les divers mouvements. On citera par exemple les châteaux de Fresnay, Beaumont, La Guierche, La Suze, Malicorne ou encore Sablé. Certains seigneurs disposent des droits de pêche sur la rivière et ce jusqu’à l’abolition des privilèges en 1790. On sait aussi par les les miracula d’Ermentaire (IXème siècle) qu’une femme, accompagnant son fils malade, prend le bateau près du Mans pour se rendre en pèlerinage à Saint-Philbert de Grandlieu ; descendant la Sarthe et la Loire, son navire vient aborder au portus de Rezé.

Le site du château de Fresnay sur Sarthe (Xème siècle)

Le site du château de Fresnay sur Sarthe (Xème siècle)

Le site du château de Beaumont sur Sarthe (XIème siècle)

Le site du château de Beaumont sur Sarthe (XIème siècle)

La Suze sur Sarthe en 1695 (implantation d'un château début XIème siècle)

La Suze sur Sarthe en 1695 (implantation d'un château début XIème siècle)

Le site castral de Sablé sur Sarthe (Xème siècle)

Le site castral de Sablé sur Sarthe (Xème siècle)

Ensuite la rivière perd sa fonction stratégique mais reste toujours difficile à franchir. Les ponts sont rares et on passe soit à gué soit par des bacs. De plus la plupart des bateaux de marchandises ne remontent que jusqu’à Malicorne ; là il faut soit continuer le transport par route ou soit décharger pour recharger sur de plus petites embarcations. Jusqu’à la fin du XIXème siècle, entre Le Mans et Sablé seule la ville de La Suze permet de passer le cours d’eau sur un pont. On voit, avec les progrès de la Révolution industrielle, certaines communes faire des demandes pour pourvoir franchir la rivière en sûreté. C’est le cas à Spay à partir de 1880, date à laquelle la commune émet une demande ; elle fut renouvelée lors de la séance du conseil municipal le 14 décembre 1886 et l’agent voyer émet un avis favorable. Dès lors, la construction d’un pont à voie unique pourra commencer. Elle est confiée à l’entreprise Fonteix, rue du Marché aux Porcs au Mans. Les parties métalliques seront sous-traitées à la société Baudet, Donon et Cie de Paris. Les travaux s’achèvent en 1890.

Le site du château de Malicorne et son barrage (dessin de 1695)

Le site du château de Malicorne et son barrage (dessin de 1695)

Le vieux pont de la Suze à la fin du XIXème siècle

Le vieux pont de la Suze à la fin du XIXème siècle

Plan du pont de Spay (fin XIXème siècle)

Plan du pont de Spay (fin XIXème siècle)

On circule depuis longtemps sur la rivière. Mais l’installation des moulins sur la rivière va perturber la circulation à cause de la mise en place des barrages. Vers le milieu du XIXème siècle, des canaux permettront de contourner les difficultés au sud du Mans. Par exemple en 1846 est lancée l’idée d’une construction, entre Fillé et Roézé, qui permettra de contourner les moulins de Fillé et de la Beunêche. Les travaux sont achevés en 1860. Mais le train connaît sa phase de développement et la navigation va commencer à décliner.

L'entrée du canal à Fillé (carte postale ancienne)

L'entrée du canal à Fillé (carte postale ancienne)

Le canal à Roézé

Le canal à Roézé

Canal de Spay (cadastre ancien)

Canal de Spay (cadastre ancien)

L’eau de la rivière sert aussi pour certaines industries comme les tanneries ou encore pour le rouissage du chanvre. Cela n’est pas sans certains désagréments. Ainsi Victor Eugène Ardouin Dumazet (1852-1940), journaliste qui rédige des guides touristiques (Voyage en France), rapporte en 1898 : « Le rouissage est une cause puissante d’insalubrité. Pendant deux mois, la Sarthe et ses affluents roulent une eau noire et nauséabonde ; l’infection est telle que, dans la traversée de la ville du Mans, les quais sont désertés par les promeneurs. Depuis la fin d’août jusqu’au milieu de septembre, le rouissage est en pleine activité, mais l’infection des eaux se prolonge bien souvent pendant les premiers jours d’octobre ».

On pourrait aussi citer les marbreries de Solesmes qui vont connaître un développement important au cours du XIXème siècle. On utilise la rivière à la fois pour la force hydraulique mais aussi pour le transport des blocs de marbre.

Rouissage du chanvre à Juillé

Rouissage du chanvre à Juillé

Moulin à chanvre au Mans

Moulin à chanvre au Mans

Marbrerie de Solesmes

Marbrerie de Solesmes

Tanneries de La Suze

Tanneries de La Suze

Grands moulins de Saint Georges au Mans

Grands moulins de Saint Georges au Mans

Au cours du XXème siècle, le tourisme se développe également. Les Alpes Mancelles commencent à accueillir les touristes. Au Mans, les bains Boulay proposent de se baigner dans la rivière. Les plages apparaissent comme à Noyen par exemple. A Fillé, le moulin devient une zone attractive.

La plage de Fresnay sur Sarthe

La plage de Fresnay sur Sarthe

La plage de Noyen sur Sarthe

La plage de Noyen sur Sarthe

L'hôtel pour touristes à Saint Léonard des Bois

L'hôtel pour touristes à Saint Léonard des Bois

L'hôtel pour touristes à Saint Léonard des Bois

L'hôtel pour touristes à Saint Léonard des Bois

La Sarthe à Moulins le Carbonnel

La Sarthe à Moulins le Carbonnel

La Sarthe à Sougé le Ganelon

La Sarthe à Sougé le Ganelon

La Sarthe à Saint Aubin de Locquenay

La Sarthe à Saint Aubin de Locquenay

La Sarthe à Vivoin

La Sarthe à Vivoin

La Sarthe à Saint Marceau

La Sarthe à Saint Marceau

La Sarthe à Teillé

La Sarthe à Teillé

La Sarthe à Montbizot

La Sarthe à Montbizot

La Sarthe à Sainte Jamme sur Sarthe

La Sarthe à Sainte Jamme sur Sarthe

La Sarthe à Chemiré le Gaudin

La Sarthe à Chemiré le Gaudin

La Sarthe à Fercé sur Sarthe

La Sarthe à Fercé sur Sarthe

La Sarthe à Dureil

La Sarthe à Dureil

La Sarthe à Avoise

La Sarthe à Avoise

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9 mars 2024 6 09 /03 /mars /2024 21:48
Le château de La Sauvagère à Chemiré le Gaudin (72)

Avant d’arriver à Chemiré le Gaudin (72), sur la droite de la route qui vient du Mans, le château de la Sauvagère domine la vallée du Renom et le bourg. La zone est occupée dès l’Antiquité comme le prouvent divers enclos repérés dans ce secteur géographique.

Carte posdtale ancienne avec le bourg de Chemiré le Gaudin et la Sauvagère au fond.

Carte posdtale ancienne avec le bourg de Chemiré le Gaudin et la Sauvagère au fond.

La terre de la Sauvagère est citée pour la première fois vers 1225/1240 comme étant le logis de Nicolas du Désert1, lequel fut inhumé dans l’église de Chemiré au devant de l’autel saint Michel. L’étude des photographies aériennes et des cadastres anciens ne semblent pas laisser paraître de structures plus anciennes du type motte castrale.

C’est peut-être de cette époque que datent les parties les plus anciennes de l’édifice. En effet, on peut voir dans les caves du château une porte en arc brisée qui n’est pas sans rappeler les portes du logis médiéval de la Perrière à Voivres.

1La Province du Maine, N°42, 1845, p. 3

Porte médiévale à la Sauvagère

Porte médiévale à la Sauvagère

Puis en 1392, la terre appartient à Guillaume du Désert, chanoine de la cathédrale du Mans, petit-fils de Nicolas1. Il décède en 1396 et fut inhumé comme d’autres membres de sa famille devant l’autel saint Michel. C’est sans doute depuis cette époque qu’existe un banc de la Sauvagère dans l’église de Chemiré. Le domaine passe alors à Jean Didon et Guillaume Goupil.

La chapelle du château aurait été fondée en 1443 selon André Latron2. Elle sera ensuite reprise plusieurs fois. Mais la chapelle installée dans un des deux pavillons d’entrée n’est peut-être pas celle du XVème siècle.

1F. LEGEAY, Recherches historiques sur Chemiré-le-Gaudin, Bulletin de la société d’agriculture sciences et arts de la Sarthe, 1885, p. 52

2A. Latron, Les chapelles de châteaux et manoirs dans le Maine, La Province du Maine, 1995, p. 229

La chapelle (au premier plan) et l'aile nord (au fond)

La chapelle (au premier plan) et l'aile nord (au fond)

Le clocheton de la chapelle

Le clocheton de la chapelle

Le lambris peint de la voute de la chapelle

Le lambris peint de la voute de la chapelle

Le lambris de la chapelle

Le lambris de la chapelle

On trouve ensuite en 1458 une déclaration faite par Martin Talluet concernant le domaine de la Sauvagère qu’il a acquit sans doute par sa femme, Jeanne Goupil.

En 1512, Mathurin Talluet, fils de Martin, « rachète partie de la Maison et du Domaine de la Sauvagère à Pierre Trouillart qui les avait précédemment acquis dudit Talluet par contrat à grâce et qu’il y avait lésion ». Puis Perrine Talluet, fille de Mathurin épouse Thibault Teillay apportant ainsi la Sauvagère dans cette famille.

Le 4 juin 1561, le domaine est vendu à Charles Le Vayer, sieur de la Timonière, avocat manceau. Dès lors, une nouvelle époque commence pour le château.

Cette célèbre famille du Maine est également présente à Chemiré avec Philibert Le Vayer, sieur de Lignerolles, écuyer, capitaine de cinquante hommes d’armes, gentilhomme ordinaire du duc d’Anjou, qui devient en 1567 seigneur de Belle Fille, Athenay et Chemiré le Gaudin.

C’est Charles Le Vayer avec son épouse Françoise Dagues qui fait construire le portail d’honneur et, probablement, la grande allée qui va rejoindre la route du Mans. Ce portail, classé Monument Historique, joue sur l’alternance des pierres sombres de roussard et du calcaire clair de Bernay. On retrouve ce type de décor sur la porte d’entrée de la Maison ainsi que sur la porte de l’autre façade. C’est aussi de cette époque que date un écusson de pierre au-dessus de la fenêtre représentant les armes des Le Vayer.

On remarquera à l’intérieur du château le magnifique escalier de bois sans doute installé par les Le Vayer.

Le portail d'accès au château

Le portail d'accès au château

La grande allée qui rejoignait la route (cadastre 1843)

La grande allée qui rejoignait la route (cadastre 1843)

Le grand escalier en bois (XVIIème siècle)

Le grand escalier en bois (XVIIème siècle)

L'accès au logis (côté est)

L'accès au logis (côté est)

L'accès au logis (côté ouest)

L'accès au logis (côté ouest)

C'est en 1618, après jugement réglant partage de succession entre François Le Vayer, lieutenant général en la sénéchaussée du Maine, et Pierre Le Vayer, sieur de la Chevalerie, conseiller en l'élection du Mans, son frère que les terres de la Sauvagère, Champfleury et Béchereau reviennent à ce dernier. Avec son épouse Anne Hubert (ou de Hébert) et leur fils Denis ils font sans doute construire l’aile actuelle du château. Ce sont eux qui font faire la décoration armoriée de la voûte de la chapelle. Et on leur doit sans doute les quatre lucarnes du deuxième étage de la partie centrale du château et les lanternons sur les deux tours de la cour d’honneur.

L'aile nord

L'aile nord

L'aile nord (côté cour)

L'aile nord (côté cour)

En 1642 Denis Le Vayer, Conseiller du Roi en sa cour des Aides à Paris, épouse Elisabeth de La Rivière. La décoration du grand salon reprend leurs initiales « DLV » et « EDLR » comme motifs de décoration.

Le plafond décoré (XVIIème siècle) du grand salon

Le plafond décoré (XVIIème siècle) du grand salon

En 1691, le domaine de la Sauvagère passe dans la famille de Seguin. Puis il est vendu en 1716 à François de Maurepas qui le revend vers 1735 à Bon de Jupilles. La décoration du petit salon, de pur style régence, date probablement de cette époque ainsi que la plupart des cheminées actuelles du château.

Puis en 1755, Jean Baptiste de Jupilles vend le domaine à Etienne de Monceaux. Sa fille Marie-Anne va épouser en 1760 Jean Etienne Rivault. Le château restera dans cette famille jusqu’en 1829, date à laquelle il passe dans les biens de la famille de Tilly.

En 1831, Marie Madeleine Aimée de Tilly épouse Alexandre Edouard de Sarcé, par ailleurs seigneur de Belle Fille à Chemiré le Gaudin. Le domaine reste aux de Sarcé jusqu’en 1920, c'est-à-dire jusqu’à la vente faite à Jean Marie de Montesson qui cède l’année suivante le château (amputé de son allée, de ses terres agricoles et des bois du Belvédère), à Charlotte Cuirblanc.

Le 22 février 1937, Lucien Trouvé et son épouse Suzanne Bodereau acquièrent la Sauvagère puis une partie des bois du Belvédère ainsi que les terres de Béchereau et de Bellefille. Lors de la Seconde Guerre Mondiale, ils accueillent dans l’aile du château la Croix Rouge Française qui y établit des dortoirs et des salles communes pour quarante jeunes réfugiées brestoises. Viennent aussi se cacher à la Sauvagère des personnes de confession juive et des réfractaires du Service du Travail Obligatoire en Allemagne.

Le 24 mai 1968, la SCI La Sauvagère, dont les associés sont alors Madeleine Trouvé, Pierre Trouvé et Yvette Trouvé, fait don du château à l’Hôpital Hospice de Sablé-sur Sarthe, avec l'obligation morale d’y perpétuer une œuvre sociale et apolitique de jeunes.

Le 8 septembre 2000, l’Hôpital Hospice de Sablé sur Sarthe, devenu Pôle Santé Sarthe et Loir, cesse d'exploiter le domaine. Il le loue pour cinquante ans à l’un des descendants de la famille des donateurs, Jean François Coué-Trouvé qui en fera l’acquisition en 2007 lors de sa mise en vente à la bougie.

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Jaillot (1706)

Carte de Cassini (1765)

Carte de Cassini (1765)

Cadastre 1809

Cadastre 1809

Cadastre 1843

Cadastre 1843

Il faut également noter le présence d’un belvédère, à priori édifié en 17451, à quelques centaines de mètres du château et sur les hauteurs. Il est malheureusement en mauvais et l’intérieur a été dégradé par des tirs au fusil de chasse.

1F. LEGEAY, Recherches historiques sur Chemiré-le-Gaudin, Bulletin de la société d’agriculture sciences et arts de la Sarthe, 1885, p. 52

Carte postale montrant le belvédère (début XXème siècle)

Carte postale montrant le belvédère (début XXème siècle)

Le belvédère de nos jours

Le belvédère de nos jours

L'intérieur du belvédère

L'intérieur du belvédère

Une vidéo sur la Sauvagère https://www.youtube.com/watch?v=6lM4WsZ7CvI

Le logis de la Sauvagère au début du XXème siècle

Le logis de la Sauvagère au début du XXème siècle

Le logis de la Sauvagère au XXIème siècle

Le logis de la Sauvagère au XXIème siècle

La cour de la Sauvagère

La cour de la Sauvagère

Le cadran solaire de la Sauvagère

Le cadran solaire de la Sauvagère

Les deux clochetons des pavillons sud et nord

Les deux clochetons des pavillons sud et nord

Le clocheton du pavillon nord

Le clocheton du pavillon nord

Les communs de la Sauvagère

Les communs de la Sauvagère

Le château de La Sauvagère à Chemiré le Gaudin (72)
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