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26 février 2025 3 26 /02 /février /2025 15:14

H. Le rôle des organisations

On a également des organisations américaines qui arrivent en France pour s'occuper des soldats : le YMCA, la Croix Rouge américaine, The Knights of Columbus (organisation catholique née en 1882 aux États-Unis), The Jewish Welfare Board, et The American Library Association. Après l’Armistice, elles vont devoir gérer l’attente des soldats ; le rabbin Lee J. Levinger1 nous dresse un état des lieux : « Les trois mois d’attente avaient été plus durs à bien des égards que les mois précédents de guerre. L’intérêt pour notre mission militaire avait disparu ; les hommes avaient peu de distractions et beaucoup de travail pour occuper leur temps. Nous avions très peu de motivations sportives ou éducatives, du fait de notre attente constante d’un départ anticipé. Le service postal était souvent mauvais, surtout pour les hommes qui avaient été transférés à plusieurs reprises. La solde était peu fiable surtout lorsqu’un homme avait été transféré ou envoyé à l’hôpital et que ses dossiers avaient été perdus ou mélangés. Et l’hiver français est une saison pluvieuse, avec parfois des journées de grand froid. Il n’est pas étonnant que les soldats aient été dégoûtés de la France, de la guerre, de l’armée et de tout le reste. Au milieu de cette irritation croissante, leur phrase favorite est devenue : ‘‘La petite Amérique me suffit’’.»

1Lee J. Levinger, A jewish chaplain in France, The MacMillan Company, New-York, 1921, p. 64

 

Cantine de la Croix Rouge américaine au Mans en 1919

Cantine de la Croix Rouge américaine au Mans en 1919

Intérieur de la cantine de la Croix Rouge américaine au Mans

Intérieur de la cantine de la Croix Rouge américaine au Mans

Production de beignets au Mans par la Croix Rouge américaine

Production de beignets au Mans par la Croix Rouge américaine

Croix Rouge américaine au Mans en mars 1919 (source NARA)

Croix Rouge américaine au Mans en mars 1919 (source NARA)

Personnels de la Croix Rouge américaine au Mans (source NARA)

Personnels de la Croix Rouge américaine au Mans (source NARA)

Dans les jours qui suivent l’entrée des États-Unis dans le conflit, le Jewish Welfare Board est créé pour apporter de l’aide aux soldats de confession juive. Il va implanter en Sarthe divers centres dont celui du Mans qui sera le plus important ; il est à noter d’ailleurs que c’est peut-être la première fois que la ville voit une si importante structure juive installée en ville1. Le quartier général était au 7 rue Montauban et l’accueil des soldats se faisait au 26 rue Chanzy au Mans depuis le 23 novembre 1918. Il y avait aussi une salle au 22 rue de l’Étoile. On y accueille chaque jour des centaines de soldats, en soirée la semaine et toute la journée le week-end, pour une collation et des activités variées (spectacles, offices, concerts, etc.). Le JWB était également présent à Écommoy où il occupait une salle louée au notaire de la ville avec scène et système d’éclairage, à Poillé, Sablé, Brûlon, Noyen, Cérans-Foulletourte.

L’organisation intervient dans l’aide aux soldats2 : petits achats à faire en ville, récupération des informations sur la situation de soldats issus de la même famille, conseils pour éviter de rester en Europe dans l’armée d’occupation, problème de versement de solde, etc. Le JWB recherche également les soldats de confessions juives tués au front et de retrouver leurs tombes. Il s’agit souvent d’un véritable travail d’enquête mené par les rabbins des divisions et par l’officier chargé des funérailles.

Un des événements marquants pour le JWB fut l’organisation de la Pâque juive3 (14 au 16 avril 1919). Il fallait accueillir plus de mille soldats venant de différentes divisions et obtenir les ingrédients alimentaires pour commémorer la fête religieuse. Outre la partie purement confessionnelle au théâtre municipal, les autres activités proposées consistaient en pièce de théâtre, lecture, cinéma et même combat de boxe.

1The Reform Advocate, 15 février 1919, p. 46

2Lee J. Levinger, A jewish chaplain in France, The MacMillan Company, New-York, 1921, p. 62

3Lee J. Levinger, A jewish chaplain in France, The MacMillan Company, New-York, 1921, p. 77-80

Un groupe de soldats du JWB au Mans en mars 1919

Un groupe de soldats du JWB au Mans en mars 1919

Carte postale du JWB (Ed. Bouveret)

Carte postale du JWB (Ed. Bouveret)

Le YMCA va jouer un rôle important dans la mise en place d'activités1. Son siège au Mans est alors au 71 de la rue Chanzy dans une bâtisse qui existe toujours et faisant l'angle avec la rue de la Fuie. L'organisation va envoyer de nombreux personnels (plus de 600) qui se répartissent dans différents secteurs. Ainsi Alice Caroll qui part pour la France en janvier 1919 pour travailler dans les cantines ; elle réside alors dans les communes de Chemiré-le-Gaudin et de La Flèche où elle installe une structure d'accueil pour les soldats2.

Les 3 et 4 mai 1919, lors des rencontres d'athlétisme au Classification Camp le YMCA distribue 10 000 cônes de glace aux hommes présents3, glace partie de Paris la veille et amenée dans deux convois de camions ayant roulé toute la nuit. L'organisation a été également sollicitée pour refaire toutes les infrastructures sportives et d'accueil dans un camp dévasté par les mauvaises conditions météorologiques jumelées au piétinement de dizaines de milliers de soldats.

Ces organisations vont aussi gérer les problèmes financiers des soldats, en particulier dans le change monétaire puisque les soldats américains avaient difficilement accès aux banques françaises pour effecteur leurs transactions. Les relations ne sont pas toujours bonnes entre les soldats américains et les membres du YMCA. Ainsi lorsque la 26th Division arrive à Écommoy en janvier 1919, les personnels se plaignent du manque de respect en soulignant que cela se passait mieux avec les soldats qui avaient croisé les actions du YMCA sur le front 4.

Le YMCA va créer une école d'architecture au Mans5, école qui ouvre ses portes le 10 décembre 1918. Des sessions de trois semaines permettent à une vingtaine de soldats de suivre des cours. Ils travaillent en ville où la mairie met à disposition une salle de dessin et le musée d'archéologie. La deuxième semaine consistait à découvrir l'architecture rurale de la campagne mancelle. Et la troisième semaine permettait de découvrir des sites plus éloignés tels Chartres, Blois, Tours, etc. A la fin de la session, les travaux étaient présentés au public. Cette école était sous la direction d'Ernest Coxhead, architecte né au Royaume-Uni en 1863, mais qui a migré à Los Angeles en 1886 et a ensuite exercé à San-Francisco.

A Noyen, le 306th F.A. trouve que le YMCA a été très efficace avec l'installation d'une cantine et d'un théâtre, et qui remercie le travail effectué par trois demoiselles américaines, Marian Dean, Lucille Waiters et Adele Winston qui dépendaient du Jewish Welfare Board6.

Au Belgian Camp, les Y Girls luttent aussi contre l'inoccupation des soldats qui les mène parfois vers l'abus d'alcool. Dans le Newark Union-Gazette un article retrace le parcours de Helen M. Spear, jeune fille qui avait travaillé pour le YMCA en France. Elle nous rapporte qu'à Auvours, elle passe une partie du temps à écouter les soldats afin de les occuper. Son discours consistait à les détourner des méfaits de l'alcool et à les convaincre de ne plus boire7 en leur lisant des textes religieux.

Un homme a joué un rôle important dans l'efficacité du YMCA : Alfred Bookwalter. Katherine Mayo relate dans son ouvrage l'arrivée de cet homme, au début février 1919, et les changements que cela amène sur la vie des soldats américains8. En une quinzaine de jours, il réorganise les campements et améliore les conditions de vie des militaires. Sur la place des Jacobins, une nouvelle structure est édifiée en une journée et demie. Au Forwarding Camp, il met toute son énergie pour éliminer l'impact de la boue. On met également en place une tournée à l'aide d'un camion et de deux ou trois filles du YMCA qui livreront aux soldats des beignets, des tartes et des gâteaux. Une quinzaine de jeunes femmes formeront le « Dancing Unit » en se déplaçant avec un piano et un groupe de musiciens. C'est un travail assez difficile pour ces jeunes femmes qui doivent donner l'impression de s'amuser tout en enchaînant la tournée des camps.

1On trouvera des très nombreuses informations sur l'activité du YMCA en Sarthe dans : Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920

2 Rose Long Gilmore, Davidson County women in the world war, 1914-1919, Foster and Parkes, Nashville, 1923, p. 455

3Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 40

4Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 166-167

5Alfred E. Cornebise, Soldier-Scholars, Higher Education in the AEF, 1917-1919, American Philisophical Sociéty, 1997, p. 104-105

6History of the 306th Field Artillery, The Knickerbocker press, New York, 1920, p. 71

7The Newark Union-Gazette, volume XLVII, n°49, 6 décembre 1919

8Katherine Mayo, The damn Y, Houghton Mifflin Co, Boston et New-York, 1920, p. 299-301

Affiche de recrutement du YMCA

Affiche de recrutement du YMCA

Baraquement du YMCA à Bonnétable (source NARA)

Baraquement du YMCA à Bonnétable (source NARA)

On pourrait également citer le sergent Gueruel1 du 320th Infantry qui adresse un courrier à Hugh D. Boyle, secrétaire du Knights of Columbus, installé à Saint-Ouen-en-Belin, pour le remercier : « Le travail effectué par votre organisation n'a été surpassé par aucune autre organisation de bien-être de l'A.E.F. Nous avons reçu de grandes quantités de bonbons, de tabac à chiquer et à fumer, de cigarettes, de matériel de lecture et d'écriture, d'articles de sport, etc. Nous n'avons pas reçu de tels avantages de la part d'autres organisations de bien-être ».

L’action des membres du Knights of Columbus portait aussi sur les conditions d’hygiène. Dans les baraques installées par le mouvement, on pouvait trouver des douches et des baignoires. Mais il gérait aussi les aménagements de confort : salles de lecture, pianos, projection de films, etc. Et bien sûr les membres des Knights of Columbus assuraient de pouvoir pratiquer le service religieux : messes, confessions, etc2.

1 Maurice Francis Egan, John B. Kennedy,  The Knights of Columbus in Peace and War, Volume II, New Haven, Connecticut, 1920, p. 26
2 The Catholic Northwest Progress, Volume 36, n° 22, 30 mai 1919

 

Affiche du KOC

Affiche du KOC

A SUIVRE "Des hôpitaux américains"

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22 janvier 2025 3 22 /01 /janvier /2025 20:53

F. Lutter contre l'oisiveté

Le combat avec ses exigences quotidiennes étant terminé, l'oisiveté envahi très rapidement les hommes de troupe. Et l'oisiveté militaire étant source de certains débordements, le sport permettait d'occuper les soldats.

 

Le rédacteur du New England in France, 1917-1919, A history of Twenty-Sixth Division USA1, décrit en quelques pages les problèmes liés aux camps d’attente. Pour lui, deux soucis majeurs se présentent : comment garder les hommes occupés et éviter les débordements ? Comment maintenir un bon moral ? D’autant plus que certains régiments se sont retrouvés sans leur matériel de guerre. La crainte principale est que l’oisiveté amène des problèmes de délinquance.

Une partie du temps sera consacrée à l’éducation : écriture, lecture, calcul et histoire. Même si l’intention était louable, l’accueil n’a pas toujours été à la hauteur ; les fournitures scolaires manquaient et l’enthousiasme n’était pas universellement répandu. Pour les officiers et certains hommes, on propose des cours dans certaines universités : Rennes, Lyon, Toulouse, la Sorbonne, universités anglaises, etc. Et le YMCA ouvre sa propre université à Beaune.

Parallèlement les hautes autorités militaires préconisent la création d’activités de loisir : sport, théâtre, bibliothèque, cinéma, danse, concerts, etc. Ces choses devant être encadrées par les chefs de groupe. Toute l’organisation d’une division fonctionne en grande partie sur la mise en place de ces activités : gérer l’organisation des épreuves sportives, préparer des activités avec le YMCA, organiser les photographies officielles, etc.

D’ailleurs la 26th Division2 se trouve très vite confrontée à la réalité du terrain. Il était prévu des exercices de tir à Mayet et à Saint-Biez-en-Belin. Mais le manque de matériel et les pluies hivernales continues ayant rendu les lieux impraticables font que les hommes n’ont pas pu s’occuper aux exercices militaires. C’est la revue du général Pershing prévue pour le 19 février qui permet aux hommes d’avoir une activité régulière. Il faut se rendre entre Écommoy et Mayet sur un terrain en creux au milieu des pinèdes afin de bien préparer l’exercice.

1 Emerson Gifford Taylor, New England in France, 1917-1919, A history of Twenty-Sixth Division USA, Houghton Mifflin Company, 1920

2 Emerson Gifford Taylor, New England in France, 1917-1919, A history of Twenty-Sixth Division USA, Houghton Mifflin Company, 1920, p. 296-297

 

Bibliothèque de l'American Library Association au Mans 1919 (source NARA)

Bibliothèque de l'American Library Association au Mans 1919 (source NARA)

Bibliothèque de l'American Library Association au Mans Avril 1919 (source NARA)

Bibliothèque de l'American Library Association au Mans Avril 1919 (source NARA)

American Library Association au Mans 1919 (source NARA)

American Library Association au Mans 1919 (source NARA)

Dans les camps, il faut attendre le printemps et le retour des beaux jours pour que les activités sportives puissent se développer. Au Forwarding Camp, les joueurs de base-ball vont organiser de nombreuses parties ; l'arène pour la boxe peut accueillir jusqu'à 25 000 spectateurs. Le YMCA estime que dans ce camp, environ 500 000 hommes ont pratiqué football américain, football, piscine, volley-ball, lutte, tennis, athlétisme, etc. pendant les mois de mai et juin 19191. Des championnats de boxe sont organisés sur différents sites sarthois.

En mars 1919, se déroule au Mans une compétition d'athlétisme mais aussi dans d'autres camps tel celui de Parcé2. Cela permet à la compagnie E du 308th Infantry, installée à Avessé, de consacrer les après-midi à la préparation sportive3. Entre les 10 et 12 mars 1919, avec un temps magnifique et en présence du général Summerall, un grand rassemblement sportif se tient à Écommoy. On y mélange des sports classiques (boxe, football, football américain, etc.) et des exercices militaires (marche de dix kilomètres sur route, courses avec des masques à gaz, etc.). Quelques jours plus tard, les 15 et 16 mars 1919, la 77th Division organise ses jeux à Sablé en présence du général Alexander. D'autres compétitions sont également organisées au Classification Camp les 2 et 3 mai 19194 dans un stade d'athlétisme tout neuf.

1Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 26

2History of the 306th Field Artillery, The Knickerbocker press, New York, 1920, p. 69

3The history of company E 308th Infantry, The Knickerbocker press, New York, 1919, p. 97

4Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 40

Dans la première quinzaine de mai 19191, une grande rencontre de tir est organisée au camp d'Auvours (Belgian Camp)2 et rassemble 3500 participants. Le général Pershing viendra remettre les récompenses aux vainqueurs. Entre les 27 et 29 mai 1919, une rencontre sportive va réunir plus de 2000 athlètes au Mans3 et attirer plusieurs milliers de personnes y compris des français. Ces rencontres sportives vont en quelque sorte être la répétition des Jeux Interalliés qui vont se dérouler en région parisienne dans ce que les Américains nommeront le « Pershing Stadium » et dureront du 22 juin au 6 juillet 1919, clôturant ainsi la présence américaine sur le sol français4.

Mais ces pratiques sportives se font aussi lors de manifestations plus restreintes. Ainsi à Avessé, le samedi 1er mars 1919 se déroulent des matchs de base-ball entre différentes compagnies. C'était pour la population locale une nouveauté et l'occasion pour les américains de faire découvrir leur sport national5.

A Malicorne, le 305th monte également son équipe de base-ball : « Dans la soirée du 11 février [1919], le 305th est entré dans Malicorne, une ville de poterie sur la belle Sarthe. Les gens étaient assez différents de ceux d'Arc, mais après un certain temps ils ont appris à aimer les Américains. Là nous sommes restés jusqu'au 17 avril, faisant des manœuvres, étant examinés et inspectés, et chassant les poux insaisissables, attendant impatiemment le départ pour Brest. Le temps était suffisamment agréable pour nous permettre de monter une équipe de base-ball qui a achevé victorieusement la saison en étant invaincue6»

1 United States Army in the World War, 1917-1919, bulletins, GHQ, AEF, volume 17, Center of military history, United States Army, Washington, D.C., 1992, p. 241

2Johnson et Brown, Official athletic almanac of the American Expeditionary Forces, 1919, p. 86-87

3Johnson et Brown, Official athletic almanac of the American Expeditionary Forces, 1919, p. 85

4Thierry Terret, The military « Olympics » of 1919, Journal of Olympic History 14, août 2006.

5The history of company E 308 Infantry, The Knickerbocker press, New York, 1919, p. 99

6Charles Wadsworth Camp, History of the 305th field artillery, The Country Life Press, New-York, 1919, p. 288

Concours de tir à Ecommoy, 26th Division, mars 1919 (source NARA)

Concours de tir à Ecommoy, 26th Division, mars 1919 (source NARA)

Combat de boxe à Ecommoy, 26th Division, mars 1919 (source NARA)

Combat de boxe à Ecommoy, 26th Division, mars 1919 (source NARA)

Lecture des scores à Ecommoy, 26th Division, mars 1919 (source NARA)

Lecture des scores à Ecommoy, 26th Division, mars 1919 (source NARA)

Tournoi de football au Mans, 35th Division, mars 1919 (source NARA)

Tournoi de football au Mans, 35th Division, mars 1919 (source NARA)

Tournoi de football au Mans, mars 1919 (source NARA)

Tournoi de football au Mans, mars 1919 (source NARA)

Concours d'athlétisme au Mans, mars 1919 (source NARA)

Concours d'athlétisme au Mans, mars 1919 (source NARA)

Des bibliothèques sont aménagées sur les sites qui accueillent des soldats américains. Une fut construite au Mans et l'autre sur le Forwarding Camp1. Des films sont diffusés quotidiennement et des soldats se produisent sur scène. Il faut absolument que les hommes soient occupés en attendant l'embarquement. Ainsi environ 450 000 hommes vont fréquenter l’auditorium du Forwarding Camp2.

 

Des spectacles permettent de tromper l'ennui. Le 13 mars 1919, la compagnie E du 308th Infantry quitte Avessé pour occuper un nouveau cantonnement à Saint-Ouen-en-Champagne. Le lendemain, la compagnie assiste à une représentation au château de la Roche (commune de Chevillé). Comme souvent, c'est un homme déguisé en « demoiselle parisienne » qui présentait divers titres dont la célèbre « The rose of no man'land » qui fut écrite en hommage aux infirmières de la Croix-Rouge. Et le rédacteur de préciser que les costumes avaient été achetés à Paris et offraient un fort contraste avec la couleur kaki de l'assemblée3. Noël 1918 a été l’occasion pour les soldats américains d’offrir un spectacle aux populations locales. A Écommoy, le YMCA et les soldats du 329th Infantry présentent un spectacle montrant un Noël traditionnel à la cour anglaise. Puis 600 enfants de la région reçoivent devant un énorme sapin de Noël des cadeaux de la part des américains : argent, cadeaux achetés à Paris, bonbons, cigarettes et tabac4.

Les spectacles du Mans organisés par le YMCA sont connus et très attendus. Les soldats de la compagnie G du 317th Infantry, qui sont en stationnement à Requeil, font état de leur impatience ; ils espèrent pouvoir se rendre prochainement au Mans. Pour beaucoup d’entre eux, c’est une chose qu’ils ne connaissent même pas aux États-Unis car venant de zones rurales5.

1US Army in the World War, vol. 15, 1991, p. 499

2Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 23

3The history of company E 308 Infantry, The Knickerbocker press, New York, 1919, p. 101

4Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 166

5Overseas diary company « G » 317th Infantry, France June 1918 – June 1919, p. 17

Dîner à l'Hôtel de Paris au Mans, 102nd Field Signal, janvier 1919 (source NARA)

Dîner à l'Hôtel de Paris au Mans, 102nd Field Signal, janvier 1919 (source NARA)

Tir à la corde dans la région de Sablé, 77th Division 308th Infantry, mars 1919 (source NARA)

Tir à la corde dans la région de Sablé, 77th Division 308th Infantry, mars 1919 (source NARA)

Athlétisme dans la région de Sablé, mars 1919 (source NARA)

Athlétisme dans la région de Sablé, mars 1919 (source NARA)

Pour d'autres ce sont les études. Ainsi neuf hommes du 103rd Field Artillery basé à Pontvallain sont envoyés à l'Université de Poitiers pour une période quatre mois.

Il y avait également au Mans rue de la Paille un édifice appartenant à une communauté religieuse qui accueillait dans des salles de lecture et de repos des soldats. Il y avait également un autre lieu qui avait un certain succès rue Saint-Dominique (actuelle rue Claude Blondeau). C’est là « que les militaires ont trouvé un petit coin de paradis. Un grand bâtiment spacieux, merveilleusement meublé avec de lourds tapis moelleux dans lesquels vous perdez vos pieds, des fenêtres ombragées de jolis rideaux et des murs recouverts de miroirs et des études d'art. C'était comme à la maison … Un grand piano à queue aux tons fins était à la disposition des hommes. Des petites tables servaient aux soldats pour écrire et il y avait toujours des fournitures de qualité. Le fait est que les salles de bien-être et de secours de la Science chrétienne au 13 rue Saint Dominique étaient l'un de ces endroits où un soldat voulait nettoyer ses chaussures à l'extérieur et retirer son chapeau en entrant dans la porte.

L'une des choses délicieuses de cet endroit, qui était si populaire auprès des garçons, était le calme qui y régnait. Il n'y avait pas de bruit, pas de brouhaha et on pouvait passer quelques heures dans la salle de lecture sans être dérangé …  »1.

1The Christian Science War Relief Committee, Christian Science war time activities, Boston, 1922, p. 198

Les accidents sont assez fréquents. Par exemple, le 140th Infantry Regiment arrive au Belgian Camp en mars 1919. On y souligne encore une fois les agréables conditions de vie ; mais les soldats s’occupent comme ils peuvent. Ainsi le 21 mars 1919, le soldat Michal démonte le détonateur d’un obus afin de fabriquer un souvenir comme il avait l’habitude de faire. Mais le détonateur explose, John Michal est transporté à l’hôpital où il décède quelques heures plus tard1.

En avril 1919, plusieurs baraques brûlent au Belgian Camp et les couleurs du 138th Infantry ne peuvent être sauvées2.

1Edwards (Evan Alexander), From Doniphan to Verdun: the Official History of the 140th Infantry, Lawrence, Kansas : The World Company, 1920, p. 139

2Fels (Daniel M.), History of "A" Company, 138th Infantry, St. Louis, Woodward & Tiernan Printing Co., 1919, p. 77

Concours de tir à Auvours, juin 1919 (source NARA)

Concours de tir à Auvours, juin 1919 (source NARA)

Réparation d'une route à Parcé, mars 1919 (source NARA)

Réparation d'une route à Parcé, mars 1919 (source NARA)

Source YMCA

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 A SUIVRE Partie 5 Inspections et revues

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10 janvier 2025 5 10 /01 /janvier /2025 21:19

E. Les conditions de vie

La durée de passage dans ces camps de transit dépend également des conditions sanitaires des soldats. Ainsi le 113th Field Artillery quitte Evron (Mayenne) le 5 février 1919 pour se rendre au Forwarding Camp1 au Mans. Mais le régiment est confronté aux maladies et huit hommes vont mourir de la grippe alors que des dizaines d'autres en sont affectées. Le régiment est mis en quarantaine en attendant des jours meilleurs2. Le 113th F.A. restera ainsi un mois au Mans en attendant de pouvoir rejoindre les ports d'embarquement. Cette attente dans un camp où « la boue vaseuse, collante et gluante » a accompagné les soldats pendant tout un mois, faisait dire qu'ils avaient vécu là le mois le plus déprimant de leur carrière militaire3. Le 113th F.A. quittera Le Mans début mars 1919 deux mois après être parti du nord-est de la France ; il rejoint Saint-Nazaire pour s'embarquer sur le Santa Teresa et arriver à Newport News (Virginie) le 18 mars 1919.

1Le Forwarding Camp se situe à l'emplacement de l'actuel aéroport du Mans.

2History of the 113th Field Artilley 30th Division, The History Committe of 113th F. A., Raleigh, N.-C., 1920, p. 133

3History of the 113th Field Artilley 30th Division, The History Committe of 113th F. A., Raleigh, N.-C., 1920, p. 136

Ce mois de février 1919 a fortement marqué les soldats américains comme le rapportent d'autres témoignages. Ainsi le 117th Infantry de la 30th Division se plaint en ce « rude mois de février », du manque de carburant, du froid, de la pluie et de l'épidémie de grippe1. Le 3 février 1919, le soldat Amyx S. Riley meurt près du Mans de la grippe2.

On peut avoir une vue de ces jours passés en Sarthe au travers des journaux de soldats. C'est le cas de Charles G. Sellers3 du 113th Field Artillery qui tient un petit journal entre janvier 1918 et mars 1919. Il a embarqué le 7 mai 1918, est arrivé en France le 18 du même mois. Après quelques semaines de formation en Bretagne, son régiment monte vers le front dans la région de Toul. Après l'armistice, le 113th F.A. fait partie de l'armée d'occupation et se dirige vers le Luxembourg. Au début de l'année 1919, le régiment revient sur Toul avant de recevoir l'ordre de se replier sur Le Mans qu'il atteint le 23 janvier au matin avant de poursuivre sur Sillé-le-Guillaume et Evron (Mayenne) ; de là les hommes se rendent à Mézangers (Mayenne). Bien que le cantonnement soit assez médiocre, Charles G. Sellers dit de ce premier jour en Mayenne qu'il était un «  des meilleurs jours qu'il ait vu ». Son journal se concentre surtout sur les conditions météorologiques du moment (froid, neige et pluie) ainsi que sur les activités quotidiennes (prières, promenades et courrier). Le 30 janvier, l'inspection et revue du Général Pershing à Evron vient rompre la monotonie de l'attente. Début février, il passe un week-end à Paris où il assiste aux « Zig-zag follies », célèbre revue anglaise présentée aux Folies Bergères, puis visite Versailles et fait les boutiques. Au retour, il s'arrête au Mans pour y passer la nuit après avoir fait un tour en ville et être allé au cinéma. C'est là qu'il retrouve son régiment qui est arrivé au Forwarding Camp. Le logement se fait sous tente et notre soldat se plaint du manque de carburant. Les hommes passent une bonne partie du temps dans les tentes et au lit sous les couvertures, essayant de se maintenir dans une relative chaleur, et une autre partie du temps à l'épouillage. Il faut également conduire plusieurs fois à l'hôpital les hommes touchés par la grippe qu'il nomme « Flu » pour « influenza ». D'ailleurs, le 9 février il est mis en quarantaine. Et les jours qui suivent voient se poursuivre l'incessant ballet des hommes qui partent vers l'hôpital. Notre homme est aussi amené à transporter des rails et des traverses, pour la gare de triage, en se plaignant du froid. En fait, il attend avec impatience son départ vers le port d'embarquement ; cette attente étant d'autant plus difficile à supporter que les hommes n'ont à rien à faire sinon subir des inspections qui leurs donnent l'espoir qu'ils quitteront prochainement la France. Les rumeurs circulent quotidiennement dans le camp sur le futur départ. Puis le 23 février, l'information tombe : la division va commencer son déplacement le mercredi ; puis on parle du lundi suivant. Et c'est le mardi 4 mars que Charles G. Sellers quitte Le Mans pour Saint-Nazaire ; il débarque aux États-Unis le 19 mars 1919.

 

1Knox County in the World War, 1917-1918-1919, Knoxville Lithographing Company, 1919, p.107

2Knox County in the World War, 1917-1918-1919, Knoxville Lithographing Company, 1919, p. 54

3nature.berkeley.edu/~c-merchant/Sellers/wardiary.pdf

4Katherine Mayo, The damn Y, Houghton Mifflin Co, Boston et New-York, 1920

Officiers du 113rd FA au Mans (collection particulière)

Officiers du 113rd FA au Mans (collection particulière)

Camp hospital n°52 au Mans (source NARA)

Camp hospital n°52 au Mans (source NARA)

Ces conditions de vie difficiles sont bien décrites dans l'ouvrage de Katherine Mayo1 publié en 1920. Les trains de nuit arrivent avec leurs flots de soldats qui emplissent une gare trop exiguë, des hommes qui doivent rejoindre dans le froid des camps à la périphérie de la ville. Elle décrit le Forwarding Camp comme étant « une mer de boue épaisse et profonde ». Quant au Classification Camp, les hommes le nomment « Madhouse » ; en novembre ils mangent leur repas debout dans la boue jusqu'aux chevilles2. Elle ajoute que dans les camps isolés dans la campagne, les soldats ne pouvant plus supporter les autres errent sur les routes. En ville, Central Hut est d'une saleté répugnante.

Au Forwarding Camp, les soldats suivent le rite de la préparation au départ. Par exemple le 105th Regiment of Engineers arrive au camp par vagues successives de bataillons. Le premier lieu où se rendent les soldats est la zone d'épouillage. Ensuite seulement ils peuvent intégrer les baraquements. Puis vient le temps des inspections et de la remise en état du régiment. Une autre partie du temps consiste à de petits travaux dans le camp mais aussi des remises de décorations régimentaires. Une dizaine de jours plus tard, certaines compagnies migrent vers Spur Camp d'où elles embarquement vers Saint-Nazaire.

1Katherine Mayo, The damn Y, Houghton Mifflin Co, Boston et New-York, 1920

2Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 40

Pour avoir une idée de l'installation dans la campagne sarthoise, on peut s'appuyer sur la description faite dans la publication de la 307th Ambulance Company1. Elle arrive à Sablé par le train en février 1919 puis se dirige vers le château de la Verdière à Solesmes. Là, les soldats reçoivent de la paille pour les sacs de couchage, le matériel nécessaire pour installer un terrain de base-ball et, « le meilleur de tout », des douches. Très rapidement arrive une laverie ce qui est suffisamment important pour que le rédacteur se réjouisse à l'avance de la disparition des poux avec de telles conditions d'hygiène. Les jours qui suivent sont occupés par des exercices, du sport et la préparation pour la revue du général Pershing le 24 février 1919. Ces revues semblent être attendues avec impatience par les soldats ; en effet la 307th Ambulance Company n'est pas conviée à la dite revue mais reçoit à huit heures l'ordre de s'y rendre. Les soldats se préparent à la hâte, passent à Solesmes, traversent le pont afin de rejoindre Sablé non s'en s'être égarés car la multitude de régiments qui se rendent à la cérémonie provoque un certain désordre. Mais ils n'arrivent pas à trouver le lieu de la revue et reviennent à leur campement de Solesmes où ils apprennent que l'événement se déroulait à moins d'un kilomètre de leur base ! Il faut bien comprendre que pour les soldats, la revue par le général Pershing est le signe d'un très proche retour au pays. Les revues et inspections des troupes se poursuivent afin d'occuper les soldats, le narrateur évoquant dans son texte que c'était là le passe-temps favori des officiers. Le 14 avril, la compagnie peut enfin quitter Solesmes afin de rejoindre Brest d'où on embarque pour les États-Unis.

1Collectif, 307 at home and in France, The Country Life Press, New-York, 1919, p. 167

A Champagné au Belgian Camp, on réutilise l'ancienne cantine belge. Mais elle est trop petite et mal éclairée ; les hommes attendent dehors et sous le grésil1. Il faut attendre le printemps pour que le camp s'améliore avec l’adjonction de nouvelles baraques.

Ce mois de février difficile est vécu différemment selon l'endroit où on se situe. Une partie du 306th F.A. de la 77th Division arrive à Noyen après deux jours et demi d'un voyage inconfortable en train dans le froid. Là les soldats trouveront un certain réconfort auprès de la population locale qui prépare un bon dîner pour les hommes affamés et qui va même jusqu'à accueillir des soldats dans ses murs2. Ils quitteront le village le 17 avril 1919 en prenant le train à la gare de Noyen pour se rendre à Brest.

1Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 33

2History of the 306th Field Artillery, The Knickerbocker press, New York, 1920, p. 111

Tentes au Mans en février 1919 (source NARA)

Tentes au Mans en février 1919 (source NARA)

Revue du général Pershing à Solesmes (Sarthe) en février 1919

Revue du général Pershing à Solesmes (Sarthe) en février 1919

Réparation d'une route en Sarthe en mars 1919 (source NARA)

Réparation d'une route en Sarthe en mars 1919 (source NARA)

Mess au Belgian Camp en février (1919 (source NARA)

Mess au Belgian Camp en février (1919 (source NARA)

Pour d’autres régiments les souvenirs sont moins bons. La batterie D du 304th Field Artillery s’installe dans la région de La Suze le 11 février 1919 après un voyage éprouvant à cause des conditions de transport et de l’épidémie de grippe espagnole1. Les soldats sont accueillis par le YMCA qui offre une tasse de café et quelques biscuits. Puis ensuite ils poursuivent à pied pendant environ quatre kilomètres pour être logés au château de la Bussonnière à Fercé. Ils occupent les greniers alors que vaches, cochons, ânes sont au rez-de-chaussée. Le rédacteur de l’ouvrage écrit qu’ils passeront ici six semaines inintéressantes, ternes et ennuyeuses. La principale activité tourne autour de la préparation des revues, de l’entretien du matériel et d’informations sur le retour à la vie civile. L’après-midi est consacré aux activités sportives à condition que la météo soit favorable, ce qui est très rare selon le rédacteur. Ensuite ils rejoignent la structure du YMCA au village où certains soldats montent sur scène pour amuser les autres.

Le 17 mars 1919, jour de la Saint Patrick, les soldats se retrouvent autour du château dans leurs plus habits militaires pour un séance avec un photographe de La Suze. Puis le 21, ils se dirigent vers le « Holding Camp » à La Suze se préparant à quitter la France début avril. Mais l’annonce du report de départ possible fin avril démoralise les soldats qui passent une partie de leur temps à boire, à tel point que la Police Militaire américaine doit intervenir et mettre en cellule quelques individus trop éméchés. Cependant, le départ vers Brest s’effectuera le 17 avril.

1Glaas (J.), Miller (Henry L.), O’Brien (Osmund), The story of battery D 304th Field Artillery, september 1917 to may 1919, 1919, p. 90

YMCA à Spay en mars 1919 (collection particulière)

YMCA à Spay en mars 1919 (collection particulière)

Camp de La Suze en mai 1919 (collection particulière)

Camp de La Suze en mai 1919 (collection particulière)

Pour d’autres encore, les quelques jours vécus en Sarthe se déroulent relativement bien. Le 130th Field Artillery loge à Bonnétable1. Les soldats disent des habitants qu’ils sont « radieux et hospitaliers ». Certains occupent un cabanon chez le vieil homme Ledru qui leurs parle pendant des heures autour de bouteilles de cidre. Ils vont également au café Bellevue tenu par Mme Fort et parlent avec M. Fort qui connaît un peu l’anglais. On y mange parfois du poulet accompagné de pommes de terre frites. On danse également.

 

On le voit dans les témoignages des soldats mais aussi dans le rapport du YMCA, les infrastructures dans ces camps sont très importantes pour le moral des soldats. C'est ce qui fait le lien avec le pays en y recréant un univers américain.

Le YMCA nous dit qu'il construisait trois sortes de baraquement : le type A (9 m. X 43 m.), le type B (27 m. X 50 m.) et le type C (9 m. X 30 m.). Il installe aussi des tentes de taille imposante (6 m. X 18 m. et 25 m. X 50 m.).

Les équipements pour les soldats sont essentiels : « De telles vies malheureuses ne convenaient guère aux Américains. Souvent, les hommes devaient marcher un mile ou plus pour rejoindre la cantine la plus proche [...]. Après notre long séjour dans la région, nous avons laissé des cantines et de bâtiments d'amusement complètement équipés pour les divisions suivantes. L'endroit le plus proche pour la lumière et la chaleur, de la boue et du froid, était habituellement le café français, et ce n'était disponible que lorsque les hommes avaient de l'argent.2 »

1MacLean (W. P.), My story of the 130th F.A., A.E.F., Topeka, Kans., Printed by the Boy's chronicle at the Boy's Industrial School, 1920, p. 145-146

2Lee J. Levinger, A jewish chaplain in France, The MacMillan Company, New-York, 1921, p. 60

Travaux en forêt de Bonnétable par le 320th Labor Battalion en avril 1919 (source NARA)

Travaux en forêt de Bonnétable par le 320th Labor Battalion en avril 1919 (source NARA)

Noël 1918 à Bonnétable (source NARA)

Noël 1918 à Bonnétable (source NARA)

Noël 1918 à Bonnétable (source NARA)

Noël 1918 à Bonnétable (source NARA)

A suivre : 4ème partie

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25 décembre 2024 3 25 /12 /décembre /2024 09:52
  1. D. Divers camps en Sarthe

    1. Le Mans

Le Mans concentre plusieurs camps. Les plus importants sont dans la zone sud de la ville à proximité de la gare de triage, point d'arrivée et de départ des différentes divisions vers les ports d'embarquement. En effet, de là on peut se connecter sur Tours, et donc sur Bordeaux, sur Saint-Nazaire et Brest.

Le plus important d'entre eux est le Forwarding Camp (le camp de renvoi) installé au niveau de l'actuel aéroport du Mans et qui servait déjà à loger les soldats avant leur montée sur le front. Cependant les structures étaient assez minimalistes et les hommes dormaient sous leurs petites tentes individuelles (pup tents).

Après l'armistice il deviendra le plus grand camp de France. C’est l’ultime passage avant d’aller à destination de sports. Le Jewish Welfare Board rapporte que les hommes y montrent des signes d’impatience liés au retour vers les Etats-Unis1.

Les soldats se plaignent du terrain sableux qui rend l'installation pénible. Y étaient logées de petites unités et les divisions qui s’apprêtaient à partir vers les ports d'embarquement. La vie y était plutôt compliquée comme le rapportent les témoignages américains. Le YMCA s'y est trouvé dans une situation difficile, devant gérer dans l'urgence l'afflux de soldats2 avec un personnel et du matériel trop rares. Début octobre 1918 est érigée la première baraque surnommée « Hurrah hut » et mesurant environ 20 m. X 60 m. Ce fut pendant quelques mois la seule structure en dur du camp, donc ce fut aussi le seul endroit chauffé et il n'y a rien de surprenant à ce qu'elle soit qualifiée de sanctuaire tant le réconfort qu'elle apportait était grand. Les animations consistent en la diffusion trois fois par semaine de films ou alors de petits spectacles présentés par les soldats. Gros succès pour ces activités où les places assises sont occupées longtemps à l'avance. L’approvisionnement en eau , en plus de puits, se fait depuis une installation à Pontlieue qui puise l’eau dans l’Huisne3.

1The Reform Advocate, 15 février 1919, p. 451

2Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 20

3Jack J. Hinman Jr, A water supply of the service of supplies, A.E.F., Journal (American Water Works Association), Vol. 7, No. 2,1920, p. 180

On peut se faire une idée de l'arrivée au camp grâce au journal du 105th Regiment of Engineers qui après avoir remis en état une partie du réseau routier sarthois migre en mars 1919 vers le Forwarding Camp pour préparer son départ1. Le 4 mars, le bataillon quitte ses quartiers généraux (Souligné-sous-Ballon et Montbizot) en camion mais également à pied. En arrivant, les soldats sont logés sous les tentes. Le lendemain, alors que le 1er bataillon en a terminé avec l'épouillage, c'est le 2ème bataillon qui arrive et prend la place du 1er bataillon qui passe vers les baraques alors que les nouveaux arrivants prennent les places vacantes sous les tentes.

En janvier 1919, une deuxième baraque voit le jour. Ce ne fut pas un luxe alors qu'environ 30 000 soldats fréquentaient le camp. Puis le YMCA fit construire Georgia Hut avec une cantine, une bibliothèque, un piano et une scène qui a accueilli entre janvier et juillet 3000 soldats quotidiennement. Le YMCA a aussi construit un immense hangar ainsi qu'un auditorium que l'on disait être une des plus belles salles de France. On y jouait chaque jour des représentations et on estime qu'environ 450 000 hommes sont passés par cette salle. Les hommes de la 28th Division construiront également la « Keystone Hut », érigée en un temps record de 17,5 heures et fort appréciée des hommes car étant juste à côté de la zone d'épouillage. Les hommes disent d'ailleurs de cette baraque que c'est « un oasis dans le désert ».

Il y a même des cas où les soldats qui attendent au camp leur départ vers les ports doivent retourner ailleurs. Le capitaine Sylvester Benjamin Butler écrit une lettre à sa mère le 3 juin 1919 et lui dit qu'il était au Forwarding Camp mais a dû être transporté vers le Belgian Camp car les transports n'étaient pas prêts et que les troupes en attente étaient beaucoup trop nombreuses2.

1Willard P. Sullivan et Harry Tucker, The history of the 105th Regiment of Engineers, George H. Doran Company, New-York, 1919, p. 273

2http://www.cromwellbutlers.com/sbb_0619.htm

Construction du Forwarding Camp en janvier 1919 (source NARA)

Construction du Forwarding Camp en janvier 1919 (source NARA)

Construction du Forwarding Camp en janvier 1919 (source NARA)

Construction du Forwarding Camp en janvier 1919 (source NARA)

La zone d'épouillage au Forwarding Camp en janvier 1919 (source NARA)

La zone d'épouillage au Forwarding Camp en janvier 1919 (source NARA)

Camp Etat, dans le quartier du Maroc, tient son nom de la cité « Camp État » où logeaient les cheminots de la compagnie de l’État à proximité de la gare de triage. Il sera doté d'une baraque nommée « Texas » en l'honneur du major Maxwell officier commandant Le Mans Division. Bénéficiant de l’électricité et décorée en bleu et gris, elle servira de salle de spectacle, de salle d'écriture, de cuisine et de bibliothèque1.

1Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 43

Quartier du Maroc (carte postale collection particulière)

Quartier du Maroc (carte postale collection particulière)

Toujours dans la zone sud du Mans et à proximité de la gare de triage se trouvait le Spur Camp. C'était un camp bien équipé avec 25 entrepôts métalliques, 85 baraques, 8 écuries avec une capacité de 100 chevaux chacune et des corrals pour des milliers d'autres chevaux, une centrale électrique et de gaz, une boulangerie pouvant cuire 62 000 pains par jour. Le YMCA y a installé des structures pour le quotidien et le confort des soldats1. Il semble que ce soit de cet endroit que les troupes stationnées au Forwarding Camp partent vers les ports d'embarquement2.

1Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 48

2Willard P. Sullivan et Harry Tucker, The history of the 105th Regiment of Engineers, George H. Doran Company, New-York, 1919, p. 273

Spur Camp (collection particulière)

Spur Camp (collection particulière)

Classification Camp est installé sur le lieu de la caserne Chanzy, endroit où se situe aujourd'hui le Parc Monod et connu anciennement sous le nom de « 117ème ». La caserne avait servi aux troupes américaines avant l’armistice et on y trouvait déjà le YMCA dès le mois d'août 1918. Mais à partir de novembre 1918, le nombre de soldats est si important qu'ils sont obligés de coucher dans leurs tentes individuelles sur le terrain de sport devenu une véritable pataugeoire. On a alors compté 60 000 hommes en attente de partir au front.

Classification Camp (source NARA)

Classification Camp (source NARA)

Salvage Camp (littéralement le camp de récupération) s'occupait des effets des soldats américains. Le YMCA y a installé une baraque pour apporter un peu de réconfort aux soldats qui travaillaient dans un environnement pas facile. Il est situé dans le secteur de Pontlieue et puise l’eau nécessaire aux laveries dans l’Huisne1.

1Jack J. Hinman Jr, A water supply of the service of supplies, A.E.F., Journal (American Water Works Association), Vol. 7, No. 2,1920, p. 180

Salvage Camp (source NARA)

Salvage Camp (source NARA)

Overhaul Park était le parc de révision pour le matériel. Y sont stockés divers véhicules militaires : camions, voitures, camionnettes dont les fameuses Tin Lizzies. C'était une véritable ruche où plus d'un millier d'hommes s'affairaient autour des engins.

Overhaul Park en avril 1919 (source NARA)

Overhaul Park en avril 1919 (source NARA)

Overhaul Park atelier en avril 1919 (source NARA)

Overhaul Park atelier en avril 1919 (source NARA)

Overhaul Park hangar en avril 1919 (source NARA)

Overhaul Park hangar en avril 1919 (source NARA)

Overhaul Park camions en avril 1919 (source NARA)

Overhaul Park camions en avril 1919 (source NARA)

Une du journal du Overhaul Park en avril 1919 (collection particulière)

Une du journal du Overhaul Park en avril 1919 (collection particulière)

En ville, plusieurs lieux servent aux soldats américains. Il y avait sur la place des Jacobins un campement dont la figure emblématique était la YD (Yankee Division) Hut installée par le YMCA non loin de la cathédrale. Cette baraque, inaugurée le 17 mars 1919, était différente de celles qui existaient dans les camps. Elle était recouverte d'un treillis de bois vert sur fond blanc lui donnant l'aspect d'une folie dans un jardin et l'intérieur avait été décoré par un artiste manceau. On voulait reconstituer l’image d’une demeure de Nouvelle-Angleterre. Ajoutez à cela des jardinières ainsi qu'une vigne grimpante et vous donnerez une excellente image des troupes américaines en ville. Ce foyer pour les soldats avait été financé par des habitants de York Harbor dans le Maine et qui avaient envoyé en France Grace Thompson pour superviser sa construction. Ce sont les soldats du 101st Engineers (26th Division) qui l’ont monté en une trentaine d’heures1. Il y avait aussi Central Hut dans la vieille ville ou encore Kansas Hut dans les jardins des Jacobins.

1 Emerson Gifford Taylor, New England in France, 1917-1919, A history of Twenty-Sixth Division USA, Houghton Mifflin Company, 1920, p. 300

Baraquements place des Jacobins (source YMCA)

Baraquements place des Jacobins (source YMCA)

A la Chambre de Commerce et d'Industrie de la Sarthe se trouvait le quartier général de l'armée américaine. On trouvait aussi sur la route d’Yvré-L’Evêque un camp d’ingénieurs américains.

  1. En dehors du Mans

La zone « American Embarkation Center » est divisée en huit secteurs : Montfort-le-Rotrou1, La Ferté-Bernard, Ballon, Conlie, La Suze, Sablé, Château-Gontier et Écommoy. Ce sont les sièges des quartiers généraux des divisions de passage. A l’intérieur de ces secteurs, les petites villes ou villages sont les bases des brigades et régiments2. La Suze est signalé comme étant un camp important en dehors de la zone mancelle, alors que les sept autres villes ne semblent accueillir les troupes américaines que dans des châteaux ou maisons particulières.

1Aujourd’hui Montfort-le-Gesnois.

2Jack J. Hinman Jr, A water supply of the service of supplies, A.E.F., Journal (American Water Works Association), Vol. 7, No. 2,1920, p. 180

Camp de La Suze (collection particulière)

Camp de La Suze (collection particulière)

Les cantonnements dans la région d'Ecommoy (source History of Richardson Light Guard)

Les cantonnements dans la région d'Ecommoy (source History of Richardson Light Guard)

Les divisions sont souvent éclatées comme le précise le rabbin Lee J. Levinger1 : « La division [...] était logée dans quarante villages [autour de Montfort le Rotrou], largement dispersés dans les campagnes, et notre artillerie, qui avait combattu dans le secteur américain, était contenue par dix autres, situées près de Laval, à environ cinquante milles de distance. »

Certains camps militaires vont accueillir ces troupes. C'est le cas du camp d'Auvours à Champagné qui avait accueilli auparavant des soldats belges et britanniques. D'ailleurs pour les Américains, c'est le « Belgian Camp » dont ils réutilisent les infrastructures. Là encore, le YMCA va prendre en charge une partie de l'occupation des soldats. Ainsi à Noël 1918, les soldats aideront à la décoration de sapins pour les enfants de réfugiés. Les conditions ne sont pas très agréables (cantine et théâtre trop petits). On comptait environ entre 3000 et 4000 hommes dans ce camp2. Il faut attendre le mois de février et l'annonce des premiers transferts vers les États-Unis pour que le moral remonte. Neuf nouvelles baraques seront édifiées et au mois de juin l'installation sous les arbres donne l'illusion d'un camp d'été. Il faut dire que la grande rencontre de tir en mai ne pouvait pas se dérouler dans un endroit trop sordide.

En avril 1919, le sergent Daniel Fels3 qui rédige l’histoire de la compagnie A du 138th Infantry, raconte l’arrivée et l’installation du régiment après avoir passé environ deux semaines à Tuffé. La première chose qu’il évoque est la présence de couchettes, rudes certes, mais cela faisait bien longtemps qu’il n’avait dormi dans une chose qui ressemblait vraiment à un lit. Ensuite il évoque le rôle efficace des associations d’aide au bien-être des soldats ; en particulier il apprécie le réfectoire qui peut faire passer environ mille hommes en une vingtaine de minutes. Puis les hommes se retrouvent sous un vaste hangar équipé de tables permettant de manger debout.

Le capitaine Butler en juin 1919 trouve que le camp d'Auvours est beaucoup plus agréable que le terrain sableux et mal organisé du Forwarding Camp4. On a là le ressenti d'un soldat qui dans une lettre à sa mère fait apparaître très clairement la différence entre les camps de passage et cette énorme usine de préparation à l'embarquement qu'était le Forwarding Camp. Pour lui, le Belgian Camp est un modèle de propreté et d'ordre où on a laissé les arbres ; il est sous le charme des robiniers blancs en pleine floraison et qui bordent les routes.

1Lee J. Levinger, A jewish chaplain in France, The MacMillan Company, New-York, 1921, p. 59

2The Newark Unin-Gazette, volume XLVII, n°49, 6 décembre 1919

3Fels (Daniel M.), History of "A" Company, 138th Infantry, St. Louis, Woodward & Tiernan Printing Co., 1919, p. 77

4http://www.cromwellbutlers.com/sbb_0619.htm

Belgian camp (collection particulière)

Belgian camp (collection particulière)

Américains à Auvours (carte postale collection particulière)

Américains à Auvours (carte postale collection particulière)

Mais la place disponible au sein des infrastructures militaires est largement insuffisante1 et il faudra créer des camps temporaires pour les troupes américaines.

Ces camps sont souvent installés dans les chefs-lieux de canton et une partie des troupes de passage logeaient dans les villages voisins.

Le camp de Parigné-l'Evêque est la réutilisation de l'ancien camp belge installé dans la commune lorsque le camp d'Auvours s'est avéré être trop petit. Il accueillera peu de temps après l'armistice les troupes du 3rd Provisional Transport Regiment dépendant de la 86th Division Blackhawk. Puis le site deviendra l'école de police militaire. Là encore le YMCA va installer une structure d'accueil permettant aux soldats de profiter d'une cantine et d'une baraque pour les activités2.

Par exemple, la 30th Division s'installe à Ballon3 en novembre 1918. D'autres régiments de cette division sont basés à Beaumont avec une répartition des bataillons4 sur les communes de Ségrie, Vernie, Mézières, Assé le Riboul, Saint-Christophe, Sainte-Sabine, etc. La vie n'est pas toujours facile comme le montre une lettre du soldat Skinner5, écrite depuis Ballon, à ses parents en janvier 1919 ; comme souvent la revue des troupes par le général Pershing est un signe d'espoir. Il relate aussi dans sa missive la joie de prendre un premier vrai bain depuis son arrivée en France.

 

La 35th Division était dans la région de Montfort-le-Gesnois au mois de mars 19196 et la 80th Division était à Ecommoy en avril 19197. A noter qu'on trouvait dans la 35th Division le 129th Field Artillery dont un des capitaines était un certain Harry S. Truman8, futur Président des États-Unis, qui logea au château du Chesnay à Courcemont9. Le 129th F.A. était descendu à la gare de Connerré pour ensuite répartir ses soldats sur Courcemont et Beaufay10. Les soldats ont gardé une bonne image de la région mettant en avant les beautés de la nature préservée des ravages de la guerre. Il faut dire aussi qu'on était alors aux portes du printemps et que la situation était plus enviable que ce qu'avaient vécu leurs camarades au cours de l'hiver dans les grands camps autour du Mans. Le 128th Field Artillery, quant à lui, loge au château de Mortrie à Savigné L’Évêque où on apprécie le cadre et la place disponible pour le cantonnement11 ; ce régiment y restera jusqu’au 30 mars 1919 date où il quitte les lieux sous une tempête de neige afin de rejoindre Connerré avant de s’embarquer pour Brest.

La 36th Division arrivée en Sarthe au printemps 1919 est basée à Montfort-le-Gesnois et une partie de ses troupes est répartie sur les communes de Torcé-en-Vallée et Thorigné sur Dué12. Ce temps d'attente avant le départ vers les ports d'embarquement permet de vérifier les états de service, de procéder aux visites médicales, de refaire le paquetage ou encore d'épouiller les soldats.

1Stéphane Tison avance le chiffre de 1 650 000 soldats et 127 000 véhicules entre décembre 1918 et juillet 1919. Stéphane Tison, Avant le retour des soldats américains at home. Le Mans area, 1919, Maine-Découvertes, septembre-novembre 2011, n°70, p. 27 à 32.

2Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 45

3"Lest We Forget" The Record of North Carolina's Own, North Carolina World War History 112 , s.d., p. 17

Operations Thirtieth Division Old Hickory, s. d., p. 10

4Major John O. Walker, Major William A. Graham, Captain Thomas Fauntleroy, Official History of the 120th Infantry "3rd North Carolina" 30th Division, From August 5, 1917, to April 17, 1919. Canal Sector Ypres-Lys Offensive Somme Offensive, 1919, p. 31

6Brief Histories of Divisions, U.S. Army, 1917-1918, juin 1921, p. 45

7Brief Histories of Divisions, U.S. Army, 1917-1918, juin 1921, p. 65

8http://www.trumanlibrary.org/whistlestop/study_collections/ww1/129roster.shtml

9David McCullough, Truman, Simon and Schuster, 2003, p. 139

10Jay M. Lee, The artilleryman; the experiences and impressions of an American artillery regiment in the world war. 129th F.A., 1917-1919, Kansas City, Mo., Press of Spencer Printing Company, 1920, p. 243-244

11The "Orphan Battery" and operations, 128th U.S. Field Artillery (1st Missouri F.A.), Cleveland, O., H.M. White, 1921, p. 110-111

12Lonnie J. White, Panthers to Arrowheads : the 36th (Texas-Oklahoma) Division in World War I, 1984, p. 208

Pont de Gennes 54th Inf poste de commandement (source NARA)

Pont de Gennes 54th Inf poste de commandement (source NARA)

Le rabbin Lee J. Levinger était chapelain au front, puis après l'Armistice il est envoyé au Mans travaillant pour le Jewish Welfare Board. Il s'installe à Montfort le Rotrou (le Gesnois aujourd'hui) où « les minuscules maisons grises semblaient toutes datées de l'époque d'Henri de Navarre ». Il explique comment sont logés les soldats : « Les hommes vivaient principalement dans des granges, comme les maisons étaient occupées par les paysans, qui avaient besoin de leurs propres pièces. [...] Parce que nous étions dans une région peuplée, seules des unités plus petites pouvaient être logées dans un seul village, ce qui signifiait moins d'accès aux lieux de divertissement. Le village typiquement français n'a pas de salle assez grande pour le cinéma, à l'exception du seul lieu d'assemblée, l'église; apparemment, les agriculteurs et les villageois n'ont pas d'amusements sauf boire, danser (dans les petites salles bondées) et la fréquentation de l'église1» Et d'ajouter que « le soldat moyen ne rencontrait pas la meilleure classe de Français, seuls les paysans et les prostituées des villes. Il avait peu de goût pour les merveilleux trésors architecturaux et historiques du pays. Il ne pouvait parler la langue au-delà de ses besoins élémentaires. »

 

Certains éléments de 81st Division sont installés au nord du Mans2. Le 321st Infantry arrive en Sarthe en mai 1919, installe son quartier général à La Guerche et réparti ses bataillons sur les communes de Souligné-sous-Ballon, La Bazoge, Joué l'Abbé, Neuville. Comme ailleurs, on occupe le temps par des inspections et des revues. Début juin, les soldats partent vers Saint-Nazaire afin d'embarquer vers les États-Unis.

La 83rd Division occupe des villages du sud et de l'ouest de la Sarthe : le 49ème d'infanterie à Conlie, le 329ème d'infanterie à Ecommoy, le 330ème d'infanterie à Laigné-en-Belin, le 331ème d'infanterie à La Suze, et un régiment d'artillerie à Mayet.

1Lee J. Levinger, A jewish chaplain in France, The MacMillan Company, New-York, 1921, p. 59

2Clarence Walton Johnson, The History of the 321st Infantry, The R. L. Bryan Company, Columbia S. C., 1919, p. 102

A SUIVRE Partie 3 Les conditions de vie

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27 novembre 2024 3 27 /11 /novembre /2024 15:42

En avril 1917, le Président Wilson engage les États-Unis dans la Première Guerre Mondiale. Un système de conscription est créé. Dès lors, des troupes américaines vont débarquer pour rallier le front et on comptera au moment de l'armistice environ deux millions de soldats américains en France. La Sarthe et Le Mans sont, de par l'organisation du réseau de transport, une plaque tournante pour la redistribution des troupes vers les ports du retour.

Le Président américain Woodrow Wilson

Le Président américain Woodrow Wilson

A. Avant l'armistice

Des troupes américaines s'arrêtaient déjà au Mans après leur arrivée en France. La zone de transit est nommée 2nd Depot Division. La 83th Division du général Glenn arrive en France au cours du mois de juin 1918 et va gérer la dite zone en formant plus de 195 000 militaires1. Certaines unités restent là quelques jours pour suivre des formations comme par exemple une formation aux gaz2. Ou encore les dernières unités de la 34th Division qui débarquent en France le 24 octobre 1918 ; elles sont ensuite cantonnées dans la zone mancelle3. En fait certaines divisions américaines arrivées au cours de l'automne 1918 restent au Mans comme troupes de réserve. D'ailleurs elles quitteront la France dès décembre 1918 sans être montées au combat. Le témoignage d'un soldat américain explique assez bien ce parcours en France à partir de l'automne 1918 : « Nous avons pris la mer le 29 septembre et sommes arrivés à Brest, France, le 8 octobre 1918. Nous sommes restés à Brest pendant 3 jours et nuits. Nous étions stationnés à Cremay pendant 2 semaines et de là nous sommes allés au Mans. Nous sommes arrivés là le 30 octobre, nous sommes restés un jour, et avons ensuite été transférés par camion à Cérans-Foulletourte, en France [...] et de là nous sommes allés à Saint-Ouen [...]. Nous étions sur le champ de tir le 11 novembre, jour de l'armistice. De là, nous sommes allés à Écommoy [...]. Nous quittâmes Écommoy le 1er janvier 1919, retournâmes à Brest et arrivâmes aux États-Unis le 23 janvier 1919.4 » 

La région mancelle est organisée par les autorités américaines en zones administratives : La Suze, Ecommoy, Mayet, Conlie et Laigné en Belin5. Des clichés montrent des exercices de tirs dans les communes de La Suze et de Mayet en octobre 1918.

183rd Division Association, 83rd division record of events, Thunderbolt, vol. 43, n°2, 1988, p. 6

2Joseph W.A. Whitehorn, The inspectors general of the United States Army 1903-1939, 1998, p. 227

3http://www.newrivernotes.com/topical_history_ww1_oob_american_forces.htm

4https://etvma.org/veterans/arl-b-kelly-6676/

5Order of battle of the United States land forces in the world war, American Expeditionary Forces : Divisions, volume 2, Center of military history, United States Army, Washinton, D.C., 1988, p. 363

 

Le stand de tir de Guécélard

Le stand de tir de Guécélard

Entrainement de la 83ème Division, région de La Suze

Entrainement de la 83ème Division, région de La Suze

En juillet 1918, des cérémonies se déroulent au Mans à l'occasion des fêtes nationales américaine et française. Des troupes américaines défilent alors sur la place des Jacobins.

En octobre 1918, l'AEF chaplain school s'était installée au château d'Aux (Villaines) à Louplande. La question des chapelains était rapidement devenue une question d'importance avec plus de deux millions de soldats envoyés en Europe. De plus, ces hommes devaient avoir une formation propre aux activités en zone de combat. En France, une école a été ouverte à Neuilly-sur-Suize (Haute-Marne) permettant aux religieux d'avoir une préparation militaire ; elle sera ensuite déplacée à Louplande1.

En décembre 1918, se déroulent les fêtes franco-américaines autour des personnages de La Fayette, qui fut député de la Sarthe, et du monument Wilbur Wright en présences des hautes autorités françaises et américaines2.

1On trouvera des renseignements plus complets dans Michael Snape, God and Uncle Sam, Religion and America's Armed Forces in World War II, The Boydell Press, 2015

2Stéphane Tison, Une fête pour promouvoir une certaine idée de la paix. Le Mans, 22 décembre 1918, Matériaux pour l’histoire de notre temps, 2018/3 N° 129-130, p. 22-27

 

Défilé du 14 juillet 1918 au Mans

Défilé du 14 juillet 1918 au Mans

22 décembre 1918, Place de la République au Mans

22 décembre 1918, Place de la République au Mans

Mémorial de Haute-Loire, 23 décembre 1918

Mémorial de Haute-Loire, 23 décembre 1918

Chateau de Villaines, Louplande (Sarthe)

Chateau de Villaines, Louplande (Sarthe)

B. Les camps de transit au Mans et en Sarthe en attendant le retour vers les États-Unis1

L'armistice étant signé le 11 novembre 1918, une armée d'occupation reste sur les zones de combat. Mais l'idée du rapatriement des troupes américaines vers leur pays va logiquement prendre place chez l'état-major, surtout que pour beaucoup de soldats américains le fait de rester en Europe n'a aucun sens. Le Mans area n'est alors qu'un élément du Service of Supply (Service d'Approvisionnement). Cependant, l'abondance de soldats fera qu'il va falloir prendre le temps d'organiser ce rapatriement et d'étaler les départs depuis la France. En attendant le départ, il faudra implanter des camps de transit en arrière des ports d'embarquement sur la façade atlantique face aux États-Unis2 (Bordeaux, Saint-Nazaire et Brest). De plus Le Mans bénéficie d'une toute récente gare de triage mise en service en 1914 dans la zone sud du Mans entre la route d'Angers et la Sarthe3. La zone mancelle permet ainsi de desservir rapidement les ports de Bordeaux, Saint-Nazaire, Brest et Le Havre en profitant d'un réseau ferré qui permet de se connecter directement sur ces zones4. Par ailleurs, le réseau départemental de tramways à vapeur sur voie étroite est bien réparti sur le territoire et permet d’accéder au Mans dans de bonnes conditions. Également, les services d’hygiène de l’armée américaine sont intéressés par la qualité du réseau d’eau. En effet, dès 1906, une usine des eaux moderne permet de bénéficier d’une ressource assez facile à traiter et à distribuer vers les camps manceaux en utilisant également le réservoir de Gazonfier5. Le Mans area devient à partir de la mi-décembre 1918 une unité particulière nommée American Embarkation Center. Auparavant c’est à Écommoy que se faisait l’organisation des retours vers les États-Unis6. C'est ainsi que la Sarthe s'est retrouvée avec une arrivée massive de doughboys du corps expéditionnaire américain (American Expeditionary Force). Cette zone couvre une surface au delà des limites du département et dont Le Mans est le centre. Le capitaine Hinman nous décrit cet espace comme un territoire d’environ 150 km sur 100 km, limité par des villes telles que Nogent-le-Rotrou, Alençon, Laval, Château-Gontier, La Flèche, Vendôme et Saint-Calais7. Elle va accueillir jusqu'à plus de 200 000 hommes simultanément8. Cette immense zone a été divisée en secteurs pouvant accueillir les quartiers généraux de dix divisions9.

1Une excellente étude concernant la Sarthe pendant la Première Guerre Mondiale a été publiée en 1991 : André Ligné, Les Sarthois au temps de la Première Guerre Mondiale, Editions Bordessoules, 1991

2Lors de l'arrivée des troupes américaines, les ports de la Manche servent surtout pour les troupes anglaises et ceux de la Méditerranée sont tournées vers l'arrivée des hommes et des matières des colonies. Cependant selon les besoins, des navires américains ont également débarqués dans ces ports.

3Capitaine J. Marty, Le Mans, nœud de voies ferrées, Annales de Bretagne, tome 46, N° 3-4, 1939, p. 217

4Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 4

5Jack J. Hinman Jr, A water supply of the service of supplies, A.E.F., Journal (American Water Works Association), Vol. 7, No. 2,1920, p. 182-183

6Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 166

7Jack J. Hinman Jr, A water supply of the service of supplies, A.E.F., Journal (American Water Works Association), Vol. 7, No. 2,1920, p. 179

8Johnson et Brown, Official athletic almanac of the American Expeditionary Forces, 1919, p. 25

9The Evening Record, 13 mars 1919

 

Carte publiée dans CMH vol. 15

Carte publiée dans CMH vol. 15

Une liste des camps est donnée par le YMCA1 : Le Mans Depot Division (Classification Camp, Spur Camp, Camp Etat, Overhaul Park, Salvage Camp, Parigné-l'Évêque et plusieurs camps annexes dans et autour de la ville), Forwarding Camp (aussi appelé « camp d’Arnage » par les locaux), Belgian Camp (dit aussi « camp d’Auvours »), Écommoy, La Suze, Sablé, Conlie, Ballon, Montfort, La Ferté-Bernard, Mayenne, Laval, Château-Gontier, Alençon et Rennes.

1YMCA (Young Men's Christian Association) : mouvement de jeunesse religieux spirituel puis d'assistance né au Royaume-Uni dans la première moitié du XIXème siècle. Cette organisation se diffuse en Amérique du Nord et c'est tout naturellement que le mouvement va s'impliquer dans l'aide aux soldats américains.

 

C. L'arrivée

A partir de la fin des hostilités, et selon les ordres des différents régiments, les troupes américaines migrent vers l'ouest de la France. Les premières troupes arrivent au Mans dès le mois de novembre 1918 comme l'indiquent les ordres du 2ème Corps d'Armée US. Ainsi la 30th Division est cantonnée au Mans à partir du 24 novembre 19181. Les consignes sont strictes quant au comportement à avoir : les soldats représentent l'armée et le peuple des États-Unis ; ils doivent donc avoir une attitude digne2.

Après parfois de longues marches au travers des anciens champs de bataille, les soldats embarquent dans des trains. Chaque convoi devait être composé de 17 wagons plats, de 30 wagons fermés et d'une voiture pour les officiers3. Le voyage dure quelques jours4 et se fait souvent dans des wagons à bestiaux abritant une soixantaine d'hommes. L'intendance doit gérer les difficultés d’approvisionnement. Des accidents se produisent parfois et certains soldats meurent lors du retour vers Le Mans. Ce fut le cas par exemple pour les soldats Walter A. Mankins et SC Siquerious du 113th F.A. décédés en janvier 1919 à Trondes (Meurthe et Moselle)5. Le Norwich Bulletin (Connecticut) rapporte dans son édition du 18 avril 1919 que 14 soldats américains et 6 soldats français, essentiellement des Bretons, furent tués près du Mans dans un accident ferroviaire. Il s'agit de l'accident de Sillé-le-Guillaume dont un compte-rendu fut publié dans le quotidien l'Ouest-Eclair des 18 et 19 avril 1919. Quatre trains se suivaient à moins de 20 minutes d’intervalle ; le premier train rencontrant des problèmes mécaniques entre Conlie et Sillé est obligé de s'arrêter. Une mauvaise interception de l'information a fait que le train suivant n'a pu éviter la collision, provoquant un très lourd bilan humain. L'article parle de soldats américains permissionnaires mais on peut penser qu'ils rejoignaient plutôt Brest afin d'embarquer vers les États-Unis.

1http://www.newrivernotes.com/topical_history_ww1_oob_american_forces.htm

2Colonel Joseph Hyde Pratt, Diary of Colonel Joseph Hyde Pratt, Commanding 105th Engineers, AEF, Edwards and Broughton Company, Raleigh, 1926, p. 245

3Colonel Joseph Hyde Pratt, Diary of Colonel Joseph Hyde Pratt, Commanding 105th Engineers, AEF, Edwards and Broughton Company, Raleigh, 1926, p. 236

4Le 113th F .A. met cinq jours à atteindre Le Mans dans de difficiles conditions de voyage. History of the 113th Field Artilley 30th Division, The History Committe of 113th F. A., Raleigh, N.-C., 1920, p. 189

5History of the 113th Field Artilley 30th Division, The History Committe of 113th F. A., Raleigh, N.-C., 1920, p. 130

 

La Une du Ouest-Eclair du 19 avril 1919

La Une du Ouest-Eclair du 19 avril 1919

Au Forwarding Camp, les troupes entrantes passent par le R.T.O. (Railroad Transportation Office) où le YMCA propose un chocolat aux arrivants, jusqu'à 10 000 certains jours1. L'efficacité de ce service surprend d'ailleurs certains hauts gradés.

En arrivant au camp, il faut passer par la zone d'épouillage où l'on reste entre trois et dix jours2. C'est un moment assez difficile pour les hommes qui doivent pendant ce temps rester isolés des autres. Cette désinfection est décrite par le 1er lieutenant William Holmes Dyer du 317th Ammunition Train. Les hommes enlèvent leurs vêtements et les déposent en tas sur le sol ; puis plus loin ils ôtent leurs sous-vêtements. Alors ils entrent dans une pièce chauffée et ont droit à un bain avec savon et désinfectant. Ensuite, ils reçoivent un nouveau lot de vêtements propres, mais pas toujours avec les bonnes tailles. Dès lors, ils intègrent de nouvelles baraques pour éviter toute nouvelle contamination3.

1Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 29

2Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 24

3http://home.earthlink.net/~gskwink/InHonor.html

 

Des aménagements au Forwarding Camp (source YMCA)

Des aménagements au Forwarding Camp (source YMCA)

Pour ceux qui arrivent dans les villes ou villages, il faut loger chez l’habitant. Les officiers sont dans les châteaux et maisons, alors que les soldats trouvent abri dans les granges1. C'est ce que se passe pour le 103rd Field Artillery (26th Division) lorsqu'il arrive à Pontvallain. On cherche les meilleures cuisinières capables de cuisiner les French fried potatoes et aussi les élevages de lapins.

Le journal du colonel Joseph Hyde Pratt relate l'arrivée des troupes à Marolles en novembre 19182. Le premier soucis est lié à la consommation d'alcool dont sont friands un certain nombre de soldats ; cependant, et à leur décharge, il faut bien reconnaître que les sarthois ont trouvé dans cette consommation une bonne occasion de se faire de l'argent. Les cafés sont bien sûr en cause dans cette histoire mais le colonel rapporte que les habitants en profitent également en vendant aux soldats du « cognac3 ». Le rappel à l'ordre passe par des sanctions telles que la perte de leur grade pour les caporaux et les sergents, mais aussi par un travail avec le maire et le curé.

La Fighting Battery C du 102nd Field Artillery (26th Division) arrive en Sarthe au cours du mois de janvier 1919 pour prendre ses quartiers dans la région de Mayet. Un passage du journal de guerre écrit lors du retour aux États-Unis reflète assez bien le sentiment qui habitait alors les soldats : « Vers le 26 janvier, nous sommes arrivés à Mayet dans la zone d’embarquement du Mans, au milieu de la neige qui tombait. En une demi-heure, nous avions achevé la tâche de déchargement et nous étions en route pour le cantonnement en ville.
Mayet était plutôt une grande ville, en fait la plus grande où nous ayons jamais été hébergés et nous avons commencé à douter sur notre présence à Mayet ou de notre déménagement dans un village plus petit, mais pour une fois la chance était avec nous et nous sommes restés ici.

Jusqu'à présent, nous n'avions reçu aucun ordre précis concernant le départ de France pour la maison. Les rumeurs étaient nombreuses comme toujours. Nous avons entendu des histoires d'autres divisions qui partaient pour la maison. Le fait que nous soyons dans un centre d’embarquement nous laissait à penser que nous allions bientôt avoir des précisions. Si nous avions l’intention de nous maintenir en France pendant longtemps ou de nous assigner une autre tâche, nous n’aurions pas été envoyés dans cette région et nous avons tous attendu patiemment ».4

L'arrivée sur la Sarthe et la dispersion vers les différentes zones de cantonnement va nécessiter d'avoir un réseau routier de bonne qualité. Ainsi, le 105th Regiment of Engineers (30th Division) se verra confier en février 1919 la mission d'entretien du quart nord-est du réseau routier sarthois entre les routes de Saint-Calais et d'Alençon5. La priorité porte sur la route nationale 138 dite route d'Alençon. Les matériaux nécessaires à l'entretien seront pris dans une carrière à Fresnay-sur-Sarthe. Un état des routes est effectué et les camions transportent la pierre pour réparer les mauvaises portions telles que celles au sud de Beaumont-sur-Sarthe ou encore au nord de Oisseau-le-Petit. Les principaux axes routiers sont inspectés un à un et des ordres sont donnés afin que différents groupes interviennent pour effectuer les réparations. En fait, ce régiment avait reçu sa mission dès le début du mois de décembre 1918 afin de faciliter la circulation des troupes américaines en Sarthe6. Début mars, le régiment reçoit l'ordre de se rendre au Forwarding Camp afin de préparer son rapatriement.

1Henry T. Samson et George C. Hull, The war story of C battery, One hundred and third artillery, France 1917-1919, The Plimpton Press, 1920, p. 220

2Colonel Joseph Hyde Pratt, Diary of Colonel Joseph Hyde Pratt, Commanding 105th Engineers, AEF, Edwards and Broughton Company, Raleigh, 1926, p. 244

3Il doit plutôt s'agir de la goutte produite dans les fermes à partir du cidre.

4Lieutenant Edward D. Sirois et caporal William McGinnis, Smashing Throuh « the Word War » with Fighting Battery C., 102nd F. A., « Yankee Division », 1917-1918-1919, The Week Press, Salem, Massachusetts, 1919, p. 139-140

5Willard P. Sullivan et Harry Tucker, The history of the 105th Regiment of Engineers, George H. Doran Company, New-York, 1919, p. 267

6Colonel Joseph Hyde Pratt, Diary of Colonel Joseph Hyde Pratt, Commanding 105th Engineers, AEF, Edwards and Broughton Company, Raleigh, 1926, p. 249

 

Une carte américaine concernant la partie nord-est de la Sarthe

Une carte américaine concernant la partie nord-est de la Sarthe

A SUIVRE Partie 2 « Divers camps en Sarthe »

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