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26 février 2025 3 26 /02 /février /2025 15:14

H. Le rôle des organisations

On a également des organisations américaines qui arrivent en France pour s'occuper des soldats : le YMCA, la Croix Rouge américaine, The Knights of Columbus (organisation catholique née en 1882 aux États-Unis), The Jewish Welfare Board, et The American Library Association. Après l’Armistice, elles vont devoir gérer l’attente des soldats ; le rabbin Lee J. Levinger1 nous dresse un état des lieux : « Les trois mois d’attente avaient été plus durs à bien des égards que les mois précédents de guerre. L’intérêt pour notre mission militaire avait disparu ; les hommes avaient peu de distractions et beaucoup de travail pour occuper leur temps. Nous avions très peu de motivations sportives ou éducatives, du fait de notre attente constante d’un départ anticipé. Le service postal était souvent mauvais, surtout pour les hommes qui avaient été transférés à plusieurs reprises. La solde était peu fiable surtout lorsqu’un homme avait été transféré ou envoyé à l’hôpital et que ses dossiers avaient été perdus ou mélangés. Et l’hiver français est une saison pluvieuse, avec parfois des journées de grand froid. Il n’est pas étonnant que les soldats aient été dégoûtés de la France, de la guerre, de l’armée et de tout le reste. Au milieu de cette irritation croissante, leur phrase favorite est devenue : ‘‘La petite Amérique me suffit’’.»

1Lee J. Levinger, A jewish chaplain in France, The MacMillan Company, New-York, 1921, p. 64

 

Cantine de la Croix Rouge américaine au Mans en 1919

Cantine de la Croix Rouge américaine au Mans en 1919

Intérieur de la cantine de la Croix Rouge américaine au Mans

Intérieur de la cantine de la Croix Rouge américaine au Mans

Production de beignets au Mans par la Croix Rouge américaine

Production de beignets au Mans par la Croix Rouge américaine

Croix Rouge américaine au Mans en mars 1919 (source NARA)

Croix Rouge américaine au Mans en mars 1919 (source NARA)

Personnels de la Croix Rouge américaine au Mans (source NARA)

Personnels de la Croix Rouge américaine au Mans (source NARA)

Dans les jours qui suivent l’entrée des États-Unis dans le conflit, le Jewish Welfare Board est créé pour apporter de l’aide aux soldats de confession juive. Il va implanter en Sarthe divers centres dont celui du Mans qui sera le plus important ; il est à noter d’ailleurs que c’est peut-être la première fois que la ville voit une si importante structure juive installée en ville1. Le quartier général était au 7 rue Montauban et l’accueil des soldats se faisait au 26 rue Chanzy au Mans depuis le 23 novembre 1918. Il y avait aussi une salle au 22 rue de l’Étoile. On y accueille chaque jour des centaines de soldats, en soirée la semaine et toute la journée le week-end, pour une collation et des activités variées (spectacles, offices, concerts, etc.). Le JWB était également présent à Écommoy où il occupait une salle louée au notaire de la ville avec scène et système d’éclairage, à Poillé, Sablé, Brûlon, Noyen, Cérans-Foulletourte.

L’organisation intervient dans l’aide aux soldats2 : petits achats à faire en ville, récupération des informations sur la situation de soldats issus de la même famille, conseils pour éviter de rester en Europe dans l’armée d’occupation, problème de versement de solde, etc. Le JWB recherche également les soldats de confessions juives tués au front et de retrouver leurs tombes. Il s’agit souvent d’un véritable travail d’enquête mené par les rabbins des divisions et par l’officier chargé des funérailles.

Un des événements marquants pour le JWB fut l’organisation de la Pâque juive3 (14 au 16 avril 1919). Il fallait accueillir plus de mille soldats venant de différentes divisions et obtenir les ingrédients alimentaires pour commémorer la fête religieuse. Outre la partie purement confessionnelle au théâtre municipal, les autres activités proposées consistaient en pièce de théâtre, lecture, cinéma et même combat de boxe.

1The Reform Advocate, 15 février 1919, p. 46

2Lee J. Levinger, A jewish chaplain in France, The MacMillan Company, New-York, 1921, p. 62

3Lee J. Levinger, A jewish chaplain in France, The MacMillan Company, New-York, 1921, p. 77-80

Un groupe de soldats du JWB au Mans en mars 1919

Un groupe de soldats du JWB au Mans en mars 1919

Carte postale du JWB (Ed. Bouveret)

Carte postale du JWB (Ed. Bouveret)

Le YMCA va jouer un rôle important dans la mise en place d'activités1. Son siège au Mans est alors au 71 de la rue Chanzy dans une bâtisse qui existe toujours et faisant l'angle avec la rue de la Fuie. L'organisation va envoyer de nombreux personnels (plus de 600) qui se répartissent dans différents secteurs. Ainsi Alice Caroll qui part pour la France en janvier 1919 pour travailler dans les cantines ; elle réside alors dans les communes de Chemiré-le-Gaudin et de La Flèche où elle installe une structure d'accueil pour les soldats2.

Les 3 et 4 mai 1919, lors des rencontres d'athlétisme au Classification Camp le YMCA distribue 10 000 cônes de glace aux hommes présents3, glace partie de Paris la veille et amenée dans deux convois de camions ayant roulé toute la nuit. L'organisation a été également sollicitée pour refaire toutes les infrastructures sportives et d'accueil dans un camp dévasté par les mauvaises conditions météorologiques jumelées au piétinement de dizaines de milliers de soldats.

Ces organisations vont aussi gérer les problèmes financiers des soldats, en particulier dans le change monétaire puisque les soldats américains avaient difficilement accès aux banques françaises pour effecteur leurs transactions. Les relations ne sont pas toujours bonnes entre les soldats américains et les membres du YMCA. Ainsi lorsque la 26th Division arrive à Écommoy en janvier 1919, les personnels se plaignent du manque de respect en soulignant que cela se passait mieux avec les soldats qui avaient croisé les actions du YMCA sur le front 4.

Le YMCA va créer une école d'architecture au Mans5, école qui ouvre ses portes le 10 décembre 1918. Des sessions de trois semaines permettent à une vingtaine de soldats de suivre des cours. Ils travaillent en ville où la mairie met à disposition une salle de dessin et le musée d'archéologie. La deuxième semaine consistait à découvrir l'architecture rurale de la campagne mancelle. Et la troisième semaine permettait de découvrir des sites plus éloignés tels Chartres, Blois, Tours, etc. A la fin de la session, les travaux étaient présentés au public. Cette école était sous la direction d'Ernest Coxhead, architecte né au Royaume-Uni en 1863, mais qui a migré à Los Angeles en 1886 et a ensuite exercé à San-Francisco.

A Noyen, le 306th F.A. trouve que le YMCA a été très efficace avec l'installation d'une cantine et d'un théâtre, et qui remercie le travail effectué par trois demoiselles américaines, Marian Dean, Lucille Waiters et Adele Winston qui dépendaient du Jewish Welfare Board6.

Au Belgian Camp, les Y Girls luttent aussi contre l'inoccupation des soldats qui les mène parfois vers l'abus d'alcool. Dans le Newark Union-Gazette un article retrace le parcours de Helen M. Spear, jeune fille qui avait travaillé pour le YMCA en France. Elle nous rapporte qu'à Auvours, elle passe une partie du temps à écouter les soldats afin de les occuper. Son discours consistait à les détourner des méfaits de l'alcool et à les convaincre de ne plus boire7 en leur lisant des textes religieux.

Un homme a joué un rôle important dans l'efficacité du YMCA : Alfred Bookwalter. Katherine Mayo relate dans son ouvrage l'arrivée de cet homme, au début février 1919, et les changements que cela amène sur la vie des soldats américains8. En une quinzaine de jours, il réorganise les campements et améliore les conditions de vie des militaires. Sur la place des Jacobins, une nouvelle structure est édifiée en une journée et demie. Au Forwarding Camp, il met toute son énergie pour éliminer l'impact de la boue. On met également en place une tournée à l'aide d'un camion et de deux ou trois filles du YMCA qui livreront aux soldats des beignets, des tartes et des gâteaux. Une quinzaine de jeunes femmes formeront le « Dancing Unit » en se déplaçant avec un piano et un groupe de musiciens. C'est un travail assez difficile pour ces jeunes femmes qui doivent donner l'impression de s'amuser tout en enchaînant la tournée des camps.

1On trouvera des très nombreuses informations sur l'activité du YMCA en Sarthe dans : Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920

2 Rose Long Gilmore, Davidson County women in the world war, 1914-1919, Foster and Parkes, Nashville, 1923, p. 455

3Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 40

4Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 166-167

5Alfred E. Cornebise, Soldier-Scholars, Higher Education in the AEF, 1917-1919, American Philisophical Sociéty, 1997, p. 104-105

6History of the 306th Field Artillery, The Knickerbocker press, New York, 1920, p. 71

7The Newark Union-Gazette, volume XLVII, n°49, 6 décembre 1919

8Katherine Mayo, The damn Y, Houghton Mifflin Co, Boston et New-York, 1920, p. 299-301

Affiche de recrutement du YMCA

Affiche de recrutement du YMCA

Baraquement du YMCA à Bonnétable (source NARA)

Baraquement du YMCA à Bonnétable (source NARA)

On pourrait également citer le sergent Gueruel1 du 320th Infantry qui adresse un courrier à Hugh D. Boyle, secrétaire du Knights of Columbus, installé à Saint-Ouen-en-Belin, pour le remercier : « Le travail effectué par votre organisation n'a été surpassé par aucune autre organisation de bien-être de l'A.E.F. Nous avons reçu de grandes quantités de bonbons, de tabac à chiquer et à fumer, de cigarettes, de matériel de lecture et d'écriture, d'articles de sport, etc. Nous n'avons pas reçu de tels avantages de la part d'autres organisations de bien-être ».

L’action des membres du Knights of Columbus portait aussi sur les conditions d’hygiène. Dans les baraques installées par le mouvement, on pouvait trouver des douches et des baignoires. Mais il gérait aussi les aménagements de confort : salles de lecture, pianos, projection de films, etc. Et bien sûr les membres des Knights of Columbus assuraient de pouvoir pratiquer le service religieux : messes, confessions, etc2.

1 Maurice Francis Egan, John B. Kennedy,  The Knights of Columbus in Peace and War, Volume II, New Haven, Connecticut, 1920, p. 26
2 The Catholic Northwest Progress, Volume 36, n° 22, 30 mai 1919

 

Affiche du KOC

Affiche du KOC

A SUIVRE "Des hôpitaux américains"

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14 février 2025 5 14 /02 /février /2025 17:54

G. Inspections et revues

Ces troupes ne sont pas toujours bien contrôlables et on rapporte certaines dérives. Par exemple, alors qu'il se rend à Ballon depuis Le Mans en janvier 1919 le général Lewis stoppe trois fois son véhicule afin de faire des remontrances à des soldats qui n'étaient pas vêtus correctement ou qui ne saluaient pas1. Plusieurs actions viennent redonner une certaine discipline. La première d'entre elle consiste en des inspections par le Commandant en Chef des armées américaines, le général Pershing. Il viendra d'ailleurs plusieurs fois en Sarthe.

  • Le 21 janvier 1919 : inspection et revue de la 30th Division avant de se rendre au Mans quelques jours plus tard2. Cette revue s'est déroulée environ cinq kilomètres à l'ouest de Ballon sur un immense terrain préparé par le 105th Engineers Regiment3.

  • 27 janvier 1919 : revue de la 91st Division à proximité de Saint-Cosme-en-Vairais. C’est l’occasion d’une remise de médailles.

  • 29 janvier 19194 : inspection de la 92nd Division au Forwarding Camp.

  • 24 février 1919 : inspection et revue de la 77th Division à Sablé56, cérémonie au cours de laquelle sont remises des médailles.

  • 18 mai 1919 : inspection du YMCA.

  • 9 juin 1919 : revue au Mans.

1Colonel Joseph Hyde Pratt, Diary of Colonel Joseph Hyde Pratt, Commanding 105th Engineers, AEF, Edwards and Broughton Company, Raleigh, 1926, p. 258

2Major John O. Walker, Major William A. Graham, Captain Thomas Fauntleroy, Official History of the 120th Infantry "3rd North Carolina" 30th Division, From August 5, 1917, to April 17, 1919. Canal Sector Ypres-Lys Offensive Somme Offensive, 1919, p. 31

3Colonel Joseph Hyde Pratt, Diary of Colonel Joseph Hyde Pratt, Commanding 105th Engineers, AEF, Edwards and Broughton Company, Raleigh, 1926, p. 258

4US Army in the World War, vol. 15, 1991, p. 455

5History of the 306th Field Artillery, The Knickerbocker press, New York, 1920, p. 111

6D'autres sources disent que c'est plutôt à Solesmes que s'est déroulée cette revue.

Général Pershing à Bonnétable en janvier 1919 (source NARA)

Général Pershing à Bonnétable en janvier 1919 (source NARA)

Remise de décorations à Ballon en février 1919 (source NARA)

Remise de décorations à Ballon en février 1919 (source NARA)

Pour avoir une certaine idée d'une revue, on dispose du courrier du capitaine Butler qui décrit son activité lors de la venue du général Pershing en juin 1919. La nouvelle de la venue du général arrive le dimanche pour une revue qui se déroule … le lendemain matin ! Et le capitaine d'apprendre en début de soirée qu'il commandera un bataillon formé de divers unités. Le réveil se fait à quatre heures le lendemain matin, puis le petit-déjeuner est pris à 4h15. La colonne se met en marche à 5h30 depuis le Belgian Camp à destination du camp d’aviation distant de huit kilomètres. Là, 15 000 hommes se mettent en place. La revue à proprement dit commence à 9h15. Lorsque arrive le tour du bataillon du capitaine Butler, celui-ci se place derrière les officiers qui inspectent les soldats et posent des questions à certains d'entre eux. Après la revue, le rite reste le même : le général Pershing est debout sur une estrade alors que les soldats sont debout autour de lui pour écouter son discours1. Il y a une sorte de fascination pour le général Pershing comme le relate un article du Sunday Oregonian2. Lors de sa visite au centre YMCA des Jacobins en mai 1919, il prononce une allocution. Le rédacteur de l'article fait état d'un général qui paraît doux et plus jeune que les clichés publiés, ayant une attitude très paternelle priant les hommes de s’asseoir pour écouter son discours.

1http://www.cromwellbutlers.com/sbb_0619.htm

2The Sunday Oregonian, Portland, 15 juin 1919

Remise de médailles au château de la Roche à Chevillé en avril 1919 (source NARA)

Remise de médailles au château de la Roche à Chevillé en avril 1919 (source NARA)

Revue à La Ferté-Bernard en février 1919 (source NARA)

Revue à La Ferté-Bernard en février 1919 (source NARA)

Remise de décorations à Malicorne en avril 1919 (source NARA)

Remise de décorations à Malicorne en avril 1919 (source NARA)

Ce profond respect est également présent chez les soldats de la 77th Division lors de la revue du 24 février 1919 à Solesmes1 : « A Solesmes, Mayenne (sic), lors de la mémorable matinée du 24 février, le général Pershing a examiné la 77e Division. Il pleuvait la veille, mais un vent matinal, vif et froid, faisait retomber rapidement les nuages noirs de l'autre côté des collines, tandis que le soleil jetait de grandes ombres sur les vallées. […] Soudain, les rangs se mirent au garde-à-vous, et il y eut un silence. Puis, à l'autre bout du champ, sonnait un flot de trompettes et un grondement de sabots sur le sol souple, le général Pershing et son équipe trottaient rapidement devant les rangs. [...]. De nouveau sonna le triple flambeau des trompettes, la division vint présenter les armes, tandis que le général Pershing s'assit sur son cheval, immobile, la main levée au salut.  » Puis il passe ensuite dans les rangs discutant avec certains soldats avant de décerner des médailles par dizaines. 

Des remises de décorations permettent aussi de maintenir une discipline militaire. Le 306th F.A. se rassemble dans un champ en dehors du bourg de Noyen pour décorer des soldats2.

1 L. Wardlaw Miles, History of the 308th Infantry, 1917-1919, G.P. Putman's Sons, 1927

2 History of the 306th Field Artillery, The Knickerbocker press, New York, 1920, p. 111

Remise de décorations à Précigné en avril 1919 (source NARA)

Remise de décorations à Précigné en avril 1919 (source NARA)

Remise de décorations à Noyen en avril 1919 (source NARA)

Remise de décorations à Noyen en avril 1919 (source NARA)

Remise de décorations à Vion en avril 1919 (source NARA)

Remise de décorations à Vion en avril 1919 (source NARA)

Remise de décorations à Saint Cosme en Vairais en avril 1919 (source NARA)

Remise de décorations à Saint Cosme en Vairais en avril 1919 (source NARA)

Revue à Bonnétable en janvier 1919 (source NARA)

Revue à Bonnétable en janvier 1919 (source NARA)

Article de la revue Stars and Stripes février 1919

Article de la revue Stars and Stripes février 1919

A SUIVRE "Le rôle des organisations"

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22 janvier 2025 3 22 /01 /janvier /2025 20:53

F. Lutter contre l'oisiveté

Le combat avec ses exigences quotidiennes étant terminé, l'oisiveté envahi très rapidement les hommes de troupe. Et l'oisiveté militaire étant source de certains débordements, le sport permettait d'occuper les soldats.

 

Le rédacteur du New England in France, 1917-1919, A history of Twenty-Sixth Division USA1, décrit en quelques pages les problèmes liés aux camps d’attente. Pour lui, deux soucis majeurs se présentent : comment garder les hommes occupés et éviter les débordements ? Comment maintenir un bon moral ? D’autant plus que certains régiments se sont retrouvés sans leur matériel de guerre. La crainte principale est que l’oisiveté amène des problèmes de délinquance.

Une partie du temps sera consacrée à l’éducation : écriture, lecture, calcul et histoire. Même si l’intention était louable, l’accueil n’a pas toujours été à la hauteur ; les fournitures scolaires manquaient et l’enthousiasme n’était pas universellement répandu. Pour les officiers et certains hommes, on propose des cours dans certaines universités : Rennes, Lyon, Toulouse, la Sorbonne, universités anglaises, etc. Et le YMCA ouvre sa propre université à Beaune.

Parallèlement les hautes autorités militaires préconisent la création d’activités de loisir : sport, théâtre, bibliothèque, cinéma, danse, concerts, etc. Ces choses devant être encadrées par les chefs de groupe. Toute l’organisation d’une division fonctionne en grande partie sur la mise en place de ces activités : gérer l’organisation des épreuves sportives, préparer des activités avec le YMCA, organiser les photographies officielles, etc.

D’ailleurs la 26th Division2 se trouve très vite confrontée à la réalité du terrain. Il était prévu des exercices de tir à Mayet et à Saint-Biez-en-Belin. Mais le manque de matériel et les pluies hivernales continues ayant rendu les lieux impraticables font que les hommes n’ont pas pu s’occuper aux exercices militaires. C’est la revue du général Pershing prévue pour le 19 février qui permet aux hommes d’avoir une activité régulière. Il faut se rendre entre Écommoy et Mayet sur un terrain en creux au milieu des pinèdes afin de bien préparer l’exercice.

1 Emerson Gifford Taylor, New England in France, 1917-1919, A history of Twenty-Sixth Division USA, Houghton Mifflin Company, 1920

2 Emerson Gifford Taylor, New England in France, 1917-1919, A history of Twenty-Sixth Division USA, Houghton Mifflin Company, 1920, p. 296-297

 

Bibliothèque de l'American Library Association au Mans 1919 (source NARA)

Bibliothèque de l'American Library Association au Mans 1919 (source NARA)

Bibliothèque de l'American Library Association au Mans Avril 1919 (source NARA)

Bibliothèque de l'American Library Association au Mans Avril 1919 (source NARA)

American Library Association au Mans 1919 (source NARA)

American Library Association au Mans 1919 (source NARA)

Dans les camps, il faut attendre le printemps et le retour des beaux jours pour que les activités sportives puissent se développer. Au Forwarding Camp, les joueurs de base-ball vont organiser de nombreuses parties ; l'arène pour la boxe peut accueillir jusqu'à 25 000 spectateurs. Le YMCA estime que dans ce camp, environ 500 000 hommes ont pratiqué football américain, football, piscine, volley-ball, lutte, tennis, athlétisme, etc. pendant les mois de mai et juin 19191. Des championnats de boxe sont organisés sur différents sites sarthois.

En mars 1919, se déroule au Mans une compétition d'athlétisme mais aussi dans d'autres camps tel celui de Parcé2. Cela permet à la compagnie E du 308th Infantry, installée à Avessé, de consacrer les après-midi à la préparation sportive3. Entre les 10 et 12 mars 1919, avec un temps magnifique et en présence du général Summerall, un grand rassemblement sportif se tient à Écommoy. On y mélange des sports classiques (boxe, football, football américain, etc.) et des exercices militaires (marche de dix kilomètres sur route, courses avec des masques à gaz, etc.). Quelques jours plus tard, les 15 et 16 mars 1919, la 77th Division organise ses jeux à Sablé en présence du général Alexander. D'autres compétitions sont également organisées au Classification Camp les 2 et 3 mai 19194 dans un stade d'athlétisme tout neuf.

1Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 26

2History of the 306th Field Artillery, The Knickerbocker press, New York, 1920, p. 69

3The history of company E 308th Infantry, The Knickerbocker press, New York, 1919, p. 97

4Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 40

Dans la première quinzaine de mai 19191, une grande rencontre de tir est organisée au camp d'Auvours (Belgian Camp)2 et rassemble 3500 participants. Le général Pershing viendra remettre les récompenses aux vainqueurs. Entre les 27 et 29 mai 1919, une rencontre sportive va réunir plus de 2000 athlètes au Mans3 et attirer plusieurs milliers de personnes y compris des français. Ces rencontres sportives vont en quelque sorte être la répétition des Jeux Interalliés qui vont se dérouler en région parisienne dans ce que les Américains nommeront le « Pershing Stadium » et dureront du 22 juin au 6 juillet 1919, clôturant ainsi la présence américaine sur le sol français4.

Mais ces pratiques sportives se font aussi lors de manifestations plus restreintes. Ainsi à Avessé, le samedi 1er mars 1919 se déroulent des matchs de base-ball entre différentes compagnies. C'était pour la population locale une nouveauté et l'occasion pour les américains de faire découvrir leur sport national5.

A Malicorne, le 305th monte également son équipe de base-ball : « Dans la soirée du 11 février [1919], le 305th est entré dans Malicorne, une ville de poterie sur la belle Sarthe. Les gens étaient assez différents de ceux d'Arc, mais après un certain temps ils ont appris à aimer les Américains. Là nous sommes restés jusqu'au 17 avril, faisant des manœuvres, étant examinés et inspectés, et chassant les poux insaisissables, attendant impatiemment le départ pour Brest. Le temps était suffisamment agréable pour nous permettre de monter une équipe de base-ball qui a achevé victorieusement la saison en étant invaincue6»

1 United States Army in the World War, 1917-1919, bulletins, GHQ, AEF, volume 17, Center of military history, United States Army, Washington, D.C., 1992, p. 241

2Johnson et Brown, Official athletic almanac of the American Expeditionary Forces, 1919, p. 86-87

3Johnson et Brown, Official athletic almanac of the American Expeditionary Forces, 1919, p. 85

4Thierry Terret, The military « Olympics » of 1919, Journal of Olympic History 14, août 2006.

5The history of company E 308 Infantry, The Knickerbocker press, New York, 1919, p. 99

6Charles Wadsworth Camp, History of the 305th field artillery, The Country Life Press, New-York, 1919, p. 288

Concours de tir à Ecommoy, 26th Division, mars 1919 (source NARA)

Concours de tir à Ecommoy, 26th Division, mars 1919 (source NARA)

Combat de boxe à Ecommoy, 26th Division, mars 1919 (source NARA)

Combat de boxe à Ecommoy, 26th Division, mars 1919 (source NARA)

Lecture des scores à Ecommoy, 26th Division, mars 1919 (source NARA)

Lecture des scores à Ecommoy, 26th Division, mars 1919 (source NARA)

Tournoi de football au Mans, 35th Division, mars 1919 (source NARA)

Tournoi de football au Mans, 35th Division, mars 1919 (source NARA)

Tournoi de football au Mans, mars 1919 (source NARA)

Tournoi de football au Mans, mars 1919 (source NARA)

Concours d'athlétisme au Mans, mars 1919 (source NARA)

Concours d'athlétisme au Mans, mars 1919 (source NARA)

Des bibliothèques sont aménagées sur les sites qui accueillent des soldats américains. Une fut construite au Mans et l'autre sur le Forwarding Camp1. Des films sont diffusés quotidiennement et des soldats se produisent sur scène. Il faut absolument que les hommes soient occupés en attendant l'embarquement. Ainsi environ 450 000 hommes vont fréquenter l’auditorium du Forwarding Camp2.

 

Des spectacles permettent de tromper l'ennui. Le 13 mars 1919, la compagnie E du 308th Infantry quitte Avessé pour occuper un nouveau cantonnement à Saint-Ouen-en-Champagne. Le lendemain, la compagnie assiste à une représentation au château de la Roche (commune de Chevillé). Comme souvent, c'est un homme déguisé en « demoiselle parisienne » qui présentait divers titres dont la célèbre « The rose of no man'land » qui fut écrite en hommage aux infirmières de la Croix-Rouge. Et le rédacteur de préciser que les costumes avaient été achetés à Paris et offraient un fort contraste avec la couleur kaki de l'assemblée3. Noël 1918 a été l’occasion pour les soldats américains d’offrir un spectacle aux populations locales. A Écommoy, le YMCA et les soldats du 329th Infantry présentent un spectacle montrant un Noël traditionnel à la cour anglaise. Puis 600 enfants de la région reçoivent devant un énorme sapin de Noël des cadeaux de la part des américains : argent, cadeaux achetés à Paris, bonbons, cigarettes et tabac4.

Les spectacles du Mans organisés par le YMCA sont connus et très attendus. Les soldats de la compagnie G du 317th Infantry, qui sont en stationnement à Requeil, font état de leur impatience ; ils espèrent pouvoir se rendre prochainement au Mans. Pour beaucoup d’entre eux, c’est une chose qu’ils ne connaissent même pas aux États-Unis car venant de zones rurales5.

1US Army in the World War, vol. 15, 1991, p. 499

2Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 23

3The history of company E 308 Infantry, The Knickerbocker press, New York, 1919, p. 101

4Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 166

5Overseas diary company « G » 317th Infantry, France June 1918 – June 1919, p. 17

Dîner à l'Hôtel de Paris au Mans, 102nd Field Signal, janvier 1919 (source NARA)

Dîner à l'Hôtel de Paris au Mans, 102nd Field Signal, janvier 1919 (source NARA)

Tir à la corde dans la région de Sablé, 77th Division 308th Infantry, mars 1919 (source NARA)

Tir à la corde dans la région de Sablé, 77th Division 308th Infantry, mars 1919 (source NARA)

Athlétisme dans la région de Sablé, mars 1919 (source NARA)

Athlétisme dans la région de Sablé, mars 1919 (source NARA)

Pour d'autres ce sont les études. Ainsi neuf hommes du 103rd Field Artillery basé à Pontvallain sont envoyés à l'Université de Poitiers pour une période quatre mois.

Il y avait également au Mans rue de la Paille un édifice appartenant à une communauté religieuse qui accueillait dans des salles de lecture et de repos des soldats. Il y avait également un autre lieu qui avait un certain succès rue Saint-Dominique (actuelle rue Claude Blondeau). C’est là « que les militaires ont trouvé un petit coin de paradis. Un grand bâtiment spacieux, merveilleusement meublé avec de lourds tapis moelleux dans lesquels vous perdez vos pieds, des fenêtres ombragées de jolis rideaux et des murs recouverts de miroirs et des études d'art. C'était comme à la maison … Un grand piano à queue aux tons fins était à la disposition des hommes. Des petites tables servaient aux soldats pour écrire et il y avait toujours des fournitures de qualité. Le fait est que les salles de bien-être et de secours de la Science chrétienne au 13 rue Saint Dominique étaient l'un de ces endroits où un soldat voulait nettoyer ses chaussures à l'extérieur et retirer son chapeau en entrant dans la porte.

L'une des choses délicieuses de cet endroit, qui était si populaire auprès des garçons, était le calme qui y régnait. Il n'y avait pas de bruit, pas de brouhaha et on pouvait passer quelques heures dans la salle de lecture sans être dérangé …  »1.

1The Christian Science War Relief Committee, Christian Science war time activities, Boston, 1922, p. 198

Les accidents sont assez fréquents. Par exemple, le 140th Infantry Regiment arrive au Belgian Camp en mars 1919. On y souligne encore une fois les agréables conditions de vie ; mais les soldats s’occupent comme ils peuvent. Ainsi le 21 mars 1919, le soldat Michal démonte le détonateur d’un obus afin de fabriquer un souvenir comme il avait l’habitude de faire. Mais le détonateur explose, John Michal est transporté à l’hôpital où il décède quelques heures plus tard1.

En avril 1919, plusieurs baraques brûlent au Belgian Camp et les couleurs du 138th Infantry ne peuvent être sauvées2.

1Edwards (Evan Alexander), From Doniphan to Verdun: the Official History of the 140th Infantry, Lawrence, Kansas : The World Company, 1920, p. 139

2Fels (Daniel M.), History of "A" Company, 138th Infantry, St. Louis, Woodward & Tiernan Printing Co., 1919, p. 77

Concours de tir à Auvours, juin 1919 (source NARA)

Concours de tir à Auvours, juin 1919 (source NARA)

Réparation d'une route à Parcé, mars 1919 (source NARA)

Réparation d'une route à Parcé, mars 1919 (source NARA)

Source YMCA

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 A SUIVRE Partie 5 Inspections et revues

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10 janvier 2025 5 10 /01 /janvier /2025 21:19

E. Les conditions de vie

La durée de passage dans ces camps de transit dépend également des conditions sanitaires des soldats. Ainsi le 113th Field Artillery quitte Evron (Mayenne) le 5 février 1919 pour se rendre au Forwarding Camp1 au Mans. Mais le régiment est confronté aux maladies et huit hommes vont mourir de la grippe alors que des dizaines d'autres en sont affectées. Le régiment est mis en quarantaine en attendant des jours meilleurs2. Le 113th F.A. restera ainsi un mois au Mans en attendant de pouvoir rejoindre les ports d'embarquement. Cette attente dans un camp où « la boue vaseuse, collante et gluante » a accompagné les soldats pendant tout un mois, faisait dire qu'ils avaient vécu là le mois le plus déprimant de leur carrière militaire3. Le 113th F.A. quittera Le Mans début mars 1919 deux mois après être parti du nord-est de la France ; il rejoint Saint-Nazaire pour s'embarquer sur le Santa Teresa et arriver à Newport News (Virginie) le 18 mars 1919.

1Le Forwarding Camp se situe à l'emplacement de l'actuel aéroport du Mans.

2History of the 113th Field Artilley 30th Division, The History Committe of 113th F. A., Raleigh, N.-C., 1920, p. 133

3History of the 113th Field Artilley 30th Division, The History Committe of 113th F. A., Raleigh, N.-C., 1920, p. 136

Ce mois de février 1919 a fortement marqué les soldats américains comme le rapportent d'autres témoignages. Ainsi le 117th Infantry de la 30th Division se plaint en ce « rude mois de février », du manque de carburant, du froid, de la pluie et de l'épidémie de grippe1. Le 3 février 1919, le soldat Amyx S. Riley meurt près du Mans de la grippe2.

On peut avoir une vue de ces jours passés en Sarthe au travers des journaux de soldats. C'est le cas de Charles G. Sellers3 du 113th Field Artillery qui tient un petit journal entre janvier 1918 et mars 1919. Il a embarqué le 7 mai 1918, est arrivé en France le 18 du même mois. Après quelques semaines de formation en Bretagne, son régiment monte vers le front dans la région de Toul. Après l'armistice, le 113th F.A. fait partie de l'armée d'occupation et se dirige vers le Luxembourg. Au début de l'année 1919, le régiment revient sur Toul avant de recevoir l'ordre de se replier sur Le Mans qu'il atteint le 23 janvier au matin avant de poursuivre sur Sillé-le-Guillaume et Evron (Mayenne) ; de là les hommes se rendent à Mézangers (Mayenne). Bien que le cantonnement soit assez médiocre, Charles G. Sellers dit de ce premier jour en Mayenne qu'il était un «  des meilleurs jours qu'il ait vu ». Son journal se concentre surtout sur les conditions météorologiques du moment (froid, neige et pluie) ainsi que sur les activités quotidiennes (prières, promenades et courrier). Le 30 janvier, l'inspection et revue du Général Pershing à Evron vient rompre la monotonie de l'attente. Début février, il passe un week-end à Paris où il assiste aux « Zig-zag follies », célèbre revue anglaise présentée aux Folies Bergères, puis visite Versailles et fait les boutiques. Au retour, il s'arrête au Mans pour y passer la nuit après avoir fait un tour en ville et être allé au cinéma. C'est là qu'il retrouve son régiment qui est arrivé au Forwarding Camp. Le logement se fait sous tente et notre soldat se plaint du manque de carburant. Les hommes passent une bonne partie du temps dans les tentes et au lit sous les couvertures, essayant de se maintenir dans une relative chaleur, et une autre partie du temps à l'épouillage. Il faut également conduire plusieurs fois à l'hôpital les hommes touchés par la grippe qu'il nomme « Flu » pour « influenza ». D'ailleurs, le 9 février il est mis en quarantaine. Et les jours qui suivent voient se poursuivre l'incessant ballet des hommes qui partent vers l'hôpital. Notre homme est aussi amené à transporter des rails et des traverses, pour la gare de triage, en se plaignant du froid. En fait, il attend avec impatience son départ vers le port d'embarquement ; cette attente étant d'autant plus difficile à supporter que les hommes n'ont à rien à faire sinon subir des inspections qui leurs donnent l'espoir qu'ils quitteront prochainement la France. Les rumeurs circulent quotidiennement dans le camp sur le futur départ. Puis le 23 février, l'information tombe : la division va commencer son déplacement le mercredi ; puis on parle du lundi suivant. Et c'est le mardi 4 mars que Charles G. Sellers quitte Le Mans pour Saint-Nazaire ; il débarque aux États-Unis le 19 mars 1919.

 

1Knox County in the World War, 1917-1918-1919, Knoxville Lithographing Company, 1919, p.107

2Knox County in the World War, 1917-1918-1919, Knoxville Lithographing Company, 1919, p. 54

3nature.berkeley.edu/~c-merchant/Sellers/wardiary.pdf

4Katherine Mayo, The damn Y, Houghton Mifflin Co, Boston et New-York, 1920

Officiers du 113rd FA au Mans (collection particulière)

Officiers du 113rd FA au Mans (collection particulière)

Camp hospital n°52 au Mans (source NARA)

Camp hospital n°52 au Mans (source NARA)

Ces conditions de vie difficiles sont bien décrites dans l'ouvrage de Katherine Mayo1 publié en 1920. Les trains de nuit arrivent avec leurs flots de soldats qui emplissent une gare trop exiguë, des hommes qui doivent rejoindre dans le froid des camps à la périphérie de la ville. Elle décrit le Forwarding Camp comme étant « une mer de boue épaisse et profonde ». Quant au Classification Camp, les hommes le nomment « Madhouse » ; en novembre ils mangent leur repas debout dans la boue jusqu'aux chevilles2. Elle ajoute que dans les camps isolés dans la campagne, les soldats ne pouvant plus supporter les autres errent sur les routes. En ville, Central Hut est d'une saleté répugnante.

Au Forwarding Camp, les soldats suivent le rite de la préparation au départ. Par exemple le 105th Regiment of Engineers arrive au camp par vagues successives de bataillons. Le premier lieu où se rendent les soldats est la zone d'épouillage. Ensuite seulement ils peuvent intégrer les baraquements. Puis vient le temps des inspections et de la remise en état du régiment. Une autre partie du temps consiste à de petits travaux dans le camp mais aussi des remises de décorations régimentaires. Une dizaine de jours plus tard, certaines compagnies migrent vers Spur Camp d'où elles embarquement vers Saint-Nazaire.

1Katherine Mayo, The damn Y, Houghton Mifflin Co, Boston et New-York, 1920

2Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 40

Pour avoir une idée de l'installation dans la campagne sarthoise, on peut s'appuyer sur la description faite dans la publication de la 307th Ambulance Company1. Elle arrive à Sablé par le train en février 1919 puis se dirige vers le château de la Verdière à Solesmes. Là, les soldats reçoivent de la paille pour les sacs de couchage, le matériel nécessaire pour installer un terrain de base-ball et, « le meilleur de tout », des douches. Très rapidement arrive une laverie ce qui est suffisamment important pour que le rédacteur se réjouisse à l'avance de la disparition des poux avec de telles conditions d'hygiène. Les jours qui suivent sont occupés par des exercices, du sport et la préparation pour la revue du général Pershing le 24 février 1919. Ces revues semblent être attendues avec impatience par les soldats ; en effet la 307th Ambulance Company n'est pas conviée à la dite revue mais reçoit à huit heures l'ordre de s'y rendre. Les soldats se préparent à la hâte, passent à Solesmes, traversent le pont afin de rejoindre Sablé non s'en s'être égarés car la multitude de régiments qui se rendent à la cérémonie provoque un certain désordre. Mais ils n'arrivent pas à trouver le lieu de la revue et reviennent à leur campement de Solesmes où ils apprennent que l'événement se déroulait à moins d'un kilomètre de leur base ! Il faut bien comprendre que pour les soldats, la revue par le général Pershing est le signe d'un très proche retour au pays. Les revues et inspections des troupes se poursuivent afin d'occuper les soldats, le narrateur évoquant dans son texte que c'était là le passe-temps favori des officiers. Le 14 avril, la compagnie peut enfin quitter Solesmes afin de rejoindre Brest d'où on embarque pour les États-Unis.

1Collectif, 307 at home and in France, The Country Life Press, New-York, 1919, p. 167

A Champagné au Belgian Camp, on réutilise l'ancienne cantine belge. Mais elle est trop petite et mal éclairée ; les hommes attendent dehors et sous le grésil1. Il faut attendre le printemps pour que le camp s'améliore avec l’adjonction de nouvelles baraques.

Ce mois de février difficile est vécu différemment selon l'endroit où on se situe. Une partie du 306th F.A. de la 77th Division arrive à Noyen après deux jours et demi d'un voyage inconfortable en train dans le froid. Là les soldats trouveront un certain réconfort auprès de la population locale qui prépare un bon dîner pour les hommes affamés et qui va même jusqu'à accueillir des soldats dans ses murs2. Ils quitteront le village le 17 avril 1919 en prenant le train à la gare de Noyen pour se rendre à Brest.

1Summary of service YMCA in the Embarkation Center, From december 1918 to july 1919, The Arcady press and mail advertising Co, Portland, 1920, p. 33

2History of the 306th Field Artillery, The Knickerbocker press, New York, 1920, p. 111

Tentes au Mans en février 1919 (source NARA)

Tentes au Mans en février 1919 (source NARA)

Revue du général Pershing à Solesmes (Sarthe) en février 1919

Revue du général Pershing à Solesmes (Sarthe) en février 1919

Réparation d'une route en Sarthe en mars 1919 (source NARA)

Réparation d'une route en Sarthe en mars 1919 (source NARA)

Mess au Belgian Camp en février (1919 (source NARA)

Mess au Belgian Camp en février (1919 (source NARA)

Pour d’autres régiments les souvenirs sont moins bons. La batterie D du 304th Field Artillery s’installe dans la région de La Suze le 11 février 1919 après un voyage éprouvant à cause des conditions de transport et de l’épidémie de grippe espagnole1. Les soldats sont accueillis par le YMCA qui offre une tasse de café et quelques biscuits. Puis ensuite ils poursuivent à pied pendant environ quatre kilomètres pour être logés au château de la Bussonnière à Fercé. Ils occupent les greniers alors que vaches, cochons, ânes sont au rez-de-chaussée. Le rédacteur de l’ouvrage écrit qu’ils passeront ici six semaines inintéressantes, ternes et ennuyeuses. La principale activité tourne autour de la préparation des revues, de l’entretien du matériel et d’informations sur le retour à la vie civile. L’après-midi est consacré aux activités sportives à condition que la météo soit favorable, ce qui est très rare selon le rédacteur. Ensuite ils rejoignent la structure du YMCA au village où certains soldats montent sur scène pour amuser les autres.

Le 17 mars 1919, jour de la Saint Patrick, les soldats se retrouvent autour du château dans leurs plus habits militaires pour un séance avec un photographe de La Suze. Puis le 21, ils se dirigent vers le « Holding Camp » à La Suze se préparant à quitter la France début avril. Mais l’annonce du report de départ possible fin avril démoralise les soldats qui passent une partie de leur temps à boire, à tel point que la Police Militaire américaine doit intervenir et mettre en cellule quelques individus trop éméchés. Cependant, le départ vers Brest s’effectuera le 17 avril.

1Glaas (J.), Miller (Henry L.), O’Brien (Osmund), The story of battery D 304th Field Artillery, september 1917 to may 1919, 1919, p. 90

YMCA à Spay en mars 1919 (collection particulière)

YMCA à Spay en mars 1919 (collection particulière)

Camp de La Suze en mai 1919 (collection particulière)

Camp de La Suze en mai 1919 (collection particulière)

Pour d’autres encore, les quelques jours vécus en Sarthe se déroulent relativement bien. Le 130th Field Artillery loge à Bonnétable1. Les soldats disent des habitants qu’ils sont « radieux et hospitaliers ». Certains occupent un cabanon chez le vieil homme Ledru qui leurs parle pendant des heures autour de bouteilles de cidre. Ils vont également au café Bellevue tenu par Mme Fort et parlent avec M. Fort qui connaît un peu l’anglais. On y mange parfois du poulet accompagné de pommes de terre frites. On danse également.

 

On le voit dans les témoignages des soldats mais aussi dans le rapport du YMCA, les infrastructures dans ces camps sont très importantes pour le moral des soldats. C'est ce qui fait le lien avec le pays en y recréant un univers américain.

Le YMCA nous dit qu'il construisait trois sortes de baraquement : le type A (9 m. X 43 m.), le type B (27 m. X 50 m.) et le type C (9 m. X 30 m.). Il installe aussi des tentes de taille imposante (6 m. X 18 m. et 25 m. X 50 m.).

Les équipements pour les soldats sont essentiels : « De telles vies malheureuses ne convenaient guère aux Américains. Souvent, les hommes devaient marcher un mile ou plus pour rejoindre la cantine la plus proche [...]. Après notre long séjour dans la région, nous avons laissé des cantines et de bâtiments d'amusement complètement équipés pour les divisions suivantes. L'endroit le plus proche pour la lumière et la chaleur, de la boue et du froid, était habituellement le café français, et ce n'était disponible que lorsque les hommes avaient de l'argent.2 »

1MacLean (W. P.), My story of the 130th F.A., A.E.F., Topeka, Kans., Printed by the Boy's chronicle at the Boy's Industrial School, 1920, p. 145-146

2Lee J. Levinger, A jewish chaplain in France, The MacMillan Company, New-York, 1921, p. 60

Travaux en forêt de Bonnétable par le 320th Labor Battalion en avril 1919 (source NARA)

Travaux en forêt de Bonnétable par le 320th Labor Battalion en avril 1919 (source NARA)

Noël 1918 à Bonnétable (source NARA)

Noël 1918 à Bonnétable (source NARA)

Noël 1918 à Bonnétable (source NARA)

Noël 1918 à Bonnétable (source NARA)

A suivre : 4ème partie

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16 août 2024 5 16 /08 /août /2024 09:53

3. Quelques actes de décès dans les registres d’État-Civil

Bonnétable :

Louis Gouault, soldat du 100ème régiment d’infanterie, né en 1835 est décédé à l’hôpital de Villeneuve-sur-Lot le 13 novembre 1870.

Jean Marie Perche, franc-tireur à la compagnie des Pyrénées, est décédé à l’hospice de Bonnétable à l’âge de 19 ans le 31 décembre 1870.

Henri Oger, chasseur, du Havre, du bataillon des francs-tireurs d’Indre-et-Loire, est décédé le 15 janvier 1871 à l’hospice.

Théodore Vivier, garde-mobile de l’Orne, est décédé le 19 janvier 1871 à l’usine de monsieur Lecomte.

Paul Amable Lebas, garde mobile de la Manche, est décédé le 24 janvier 1871 à l’ambulance du château à l’âge de 23 ans.

Louis Guillaume, garde mobile des Côtes du Nord, âgé d’environ 22 ans dont on dit qu’il semble être né à Pléhérel dans les Côtes du Nord, est décédé à l’ambulance de madame Lambert, marchande de nouveautés à Bonnétable le 15 janvier 1871.

Pierre Morancé, de la commune de Laigné-en-Belin, garde national, est décédé à l’ambulance du château le 30 janvier 1871 à 22 ans.

Benoit Bulliard, franc-tireur de la huitième compagnie de Paris, né à Rossens en Suisse, est décédé à 23 ans le 30 janvier 1871 à l’hospice de Bonnétable.

Pierre Jean Baptiste Frémont, garde mobile du bataillon de l’Orne, est décédé à 22 ans à l’ambulance de l’école communale le 31 janvier 1871.

François Pouchard, garde mobile de l’Orne, est décédé à 24 ans à l’ambulance de l’école communale.

Adolphe Gausy, franc-tireur, qui était entré à l’hospice le 27 décembre 1870 et y meurt le 4 mars 1871 à l’âge de 29 ans.

Un nommé Roger, franc-tireur de Paris dans le corps du colonel Lipowski et dont on suppose qu’il était de Châlons, était âgé de 56 ans ; on nous dit dans l’acte qu’il était à quatre mois de sa retraite. On nous notifie également qu’il était entré à Bonnétable avec son régiment le 8 janvier 1871 et que blessé le lendemain, il est recueilli chez madame Beauné où il est décédé le mercredi suivant « lendemain de l’entrée des troupes allemandes dans la ville ». A noter que l’acte de décès n’est rédigé que le 19 mars 1871.

Narcisse Albert Bunel, garde-mobile de l’Orne, est décédé à l’hospice de Bonnétable âgé de 25 ans.

Eugène Gabriel Jean Vallée, 22 ans, garde mobile de la Sarthe, né à Bonnétable, est décédé le 3 décembre 1870 à l’ambulance du lycée du Mans.

Eugène Deshays, soldat au 39ème de ligne, né à Bonnétable, est décédé à l’hôpital ambulant de Saint Férréol (Besançon) le 5 février 1871 d’une fièvre typhoïde suite à la variole.

Adolphe Pavré, né à Bonnétable, garde mobile de la Sarthe, est entré à l’hôpital civil de Vendôme le 21 janvier 1871 où il décède le 21 février 1871 d’une fluxion de poitrine.

Acte de décès de Louis Gouault

Acte de décès de Louis Gouault

Courcemont

Marie Adalbert d’Argy, lieutenant au 2ème bataillon des gardes mobiles de la Sarthe, âgé de 35 ans demeurant en son château du Chesnay, membre du conseil municipal et président du conseil de fabrique, « a été tué [3 décembre 1870] dans les affaires d’Orléans, à Châteaudun, dont ils nous présentent le corps renfermé dans un cercueil en plomb placé dans une bière en chêne ».

Anselme René Antoine de Mailly, domicilié au château de la Davière, commandant du 2ème bataillon des gardes mobiles de la Sarthe, membre du conseil municipal, est décédé à 43 ans à l’ambulance de Châteaudun le 13 décembre 1870 à la suite d’une blessure reçue à la bataille de Varize (Eure-et-Loir).

Ernest Joseph Ambrois, garde mobile au 2ème bataillon de la Sarthe, est décédé à 21 ans au château du Chesnay le 2 janvier 1871.

Auguste François Aubier, chasseur au 2ème régiment de chasseurs à cheval, est entré à l’hôpital militaire des tabacs à Metz le 15 août 1870 et y décède le 19 suivant d’une plaie pénétrante du crane.

Adolphe Dreux, âgé de 35 ans, engagé dans les francs-tireurs de la Sarthe, est décédé des suites de ses blessures le 12 janvier 1871 à Courcebœufs.

Louis Jean Pavé, soldat des mobiles de la Sarthe, est décédé à l’hôpital de la Mission au Mans le 17 janvier 1871 des suites de la variole.

Ambroise Léon Robinault, 25 ans, soldat des mobiles de la Sarthe, est décédé à l’ambulance de Torcé le 18 janvier 1871.

Emile Loriot, caporal au 39ème régiment de marche, est décédé à l’hôpital de Versailles, le 7 mai 1871 de fièvre typhoïde et angine.

Château du Chesnay à Courcemont

Château du Chesnay à Courcemont

Château de la Davière à Courcemont

Château de la Davière à Courcemont

Courcival

Louis Jean Geneslay, brigadier au 10ème cuirassier, âgé de 27 ans, est décédé le 17 novembre 1870 à l’hospice de Niort.

 

Jauzé

Auguste Louis Besnard, garde national mobile du département de la Sarthe, 24 ans, est décédé à l’ambulance de Ligné (Loire-Atlantique) le 8 février 1871.

François Marchand, âgé de 23 ans, garde mobile de la Sarthe, est décédé à l’hospice civil et militaire de Châtellerault (Vienne) le 6 mars 1871.

Acte de décès de François Marchand

Acte de décès de François Marchand

La Bosse

Hilaire Rousseau, garde mobile de la Sarthe, 25 ans, est décédé de la variole à l’hôpital de Morée (Loir-et-Cher) le 17 novembre 1870.

Louis Pierre François Lesiourd est décédé à Dresde en Allemagne le 16 avril 1871.

 

La Chapelle Saint Rémy

Gustave Aimé Désiré Mittier, 22 ans, garde mobile d’Eure-et-Loir, a été tué dans un combat donné le 10 janvier 1871 près de la gare de Connerré.

Alexis Guilbert, garde mobile de la Sarthe, âgé de 22 ans, est entré à l’hôpital civil du Mans le 10 décembre 1870 et y meurt le 13 de la variole.

Étienne Philippe Lévêque de Villemorin, caporal au 1er régiment d’infanterie de marine, est décédé le 11 janvier 1871 à la Grande Métairie « atteint d’une balle perdue partie des environs du château de Couléon ».

Louis Frédéric Chevalier, soldat au 35ème de ligne, est décédé à Paris à l’hôpital militaire du Gros Caillou à l’ambulance du prince Bibesco le 17 décembre 1870.

Château de Couléon à La Chapelle Saint Rémy

Château de Couléon à La Chapelle Saint Rémy

Nogent le Bernard

François Dormeau, soldat au 100ème de ligne, est entré à l’hôpital de Périgueux le 4 janvier 1871 « et y est décédé le 6 janvier 1871 à une heure du matin des suites de congélation ».

Auguste Moulins, 21 ans, garde mobile, est décédé le 28 novembre 1870 à Saint-Calais.

Louis Aveline, mobile de la Sarthe, est décédé à l’hôpital militaire ambulant d’Arcachon (Gironde) le 13 mars 1871 des suites de la fièvre typhoïde.

Ferdinand Gonet, soldat au 2ème régiment d’artillerie, est décédé à l’ambulance militaire Sainte-Marie à Paris le 12 janvier 1871 des suites de la scarlatine.

Louis Julien Epinette, 28 ans, chasseur au 18ème bataillon de chasseur à pied, est entré à l’ambulance militaire de l’école Colbert à Paris le 26 février 1871 et y décède le 12 avril 1871 des suites de bronchite chronique.

François Sergent, 20 ans, soldat au 92ème régiment de ligne, est décédé à l’hospice de Vierzon (Cher).

François Constant, âgé de 22 ans, soldat au 92ème régiment de ligne, est décédé à l’hôpital de Chalon-sur-Saône (Saône-et-Loire) le 28 février 1871.

Alexandre Chiquet, soldat au 12ème régiment de ligne, est décédé le 28 mars 1871 à Rendsburg (Allemagne) d’une fracture au crane.

Le bourg de Nogent-le-Bernard

Le bourg de Nogent-le-Bernard

Sillé-le-Philippe

Jean Gaumeton, garde mobile du Lot-et-Garonne, a été enterré dans une fosse commune au lieu de Chanteloup lors des combats des 11 et 12 janvier 1871.

Gabriel Termes, garde mobile du Lot-et-Garonne, a été enterré suite aux combats de Chanteloup les 10, 11 et 12 janvier 1871.

Jean Delpy, garde mobile du Lot-et-Garonne, a été enterré à Chanteloup suite aux combats des 10, 11 et 12 janvier 1871.

Jean Hamelin, garde mobile du Lot-et-Garonne, a été enterré à Chanteloup suite aux combats des 10, 11 et 12 janvier 1871.

Jean Capdeville, garde mobile du Lot-et-Garonne, est décédé et a été enterré à Chanteloup suite aux combats des 10, 11 et 12 janvier 1871.

Jean Lamoureux, garde mobile du Lot-et-Garonne, a été enterré à Chanteloup suite aux combats des 10, 11 et 12 janvier 1871.

Pierre Jouvin, 24 ans, né à La Selle-la-Forge (Orne), est décédé d’un coup au genou survenu lors du combat de Saint-Célerin.

Lucien Lévêque, âgé de 25 ans, natif de Saint-Mars-d’Egrenne (Orne), garde mobile de l’Orne, est décédé des suites d’un coup de feu reçu au combat à Saint-Célerin.

Louis Marie Le Déan, garde mobile du Finistère, est décédé à Chanteloup suite aux combats des 10, 11 et 12 janvier 1871.

Corentin Pierre Lann, garde mobile du Finistère, est décédé à Chanteloup suite aux combats des 10, 11 et 12 janvier 1871.

Louis Pierre Eugène Laval, garde mobile du Lot-et-Garonne, tué à l’ennemi, a été enterré à Chanteloup suite aux combats des 10, 11 et 12 janvier 1871. Sa famille a relevé sa tombe pour l’enterrer à Agen.

Pierre Lebigot, 24 ans, né à Saint Mars d’Egrenne, garde mobile de l’Orne, est décédé des suites d’un coup de feu reçu au combat de Saint-Célerin.

Etienne Froger, soldat au 6ème régiment de ligne, est entré à l’ambulance des sœurs de Montrouge le 30 septembre 1870. Il y meurt du tétanos le 8 octobre 1870.

Louis Cormier, garde mobile de la Sarthe, décédé le 8 janvier 1871 à l’hôpital militaire de La Rochelle des suites de fièvre typhoïde.

Georges Yves Marie Charpentier, 27 ans, sergent major des mobiles du Finistère, mort à Chanteloup le 12 janvier 1871 lors de la rencontre entre les troupes françaises et allemandes.

Jean Edmond Lamartine, 24 ans, garde mobile de la Gironde, est déclaré décédé le 12 janvier 1871 après avoir été retrouvé dans une fosse au lieu de la Connardière.

Prosper Pique, 26 ans, né à Caligny (Orne), garde mobile de l’Orne, est décédé le 2 avril 1871 à l’ambulance de Passay à Sillé-le-Philippe des suites d’un coup de feu qu’il a reçu à Chanteloup.

Joseph Marcellin Auzeral, 21 ans, garde mobile du Lot-et-Garonne, avait été enterré dans une fosse le 12 janvier 1871.

Jean Prevosteau, garde mobile de la Gironde, « blessé grièvement au combat livré ce jour [12 janvier 1871] à l’armée prussienne au hameau de Chanteloup, commune de Sillé le Philippe, a été transporté à l’auberge tenue par la veuve Collet, et qu’il est décédé dans la nuit. Que ce mobile ne portait point de livret, il a été inhumé dans une fosse commune avec trente huit autres victimes. Qu’il a laissé cependant à l’auberge de ladite dame veuve Collet, un mouchoir qui a été reconnu par la dame veuve Prevosteau, née Pinet Jeanne, comme appartenant à son fils unique Prévosteau Jean ».

Jean Baron, garde mobile de la Gironde, a été tué le 12 janvier 1872 lors du combat livré à l’armée prussienne au hameau de Chanteloup.

Jean Ruaux, garde mobile de Gironde, tué le 12 janvier 1871 à Chanteloup, a été inhumé avec trente huit autres victimes dans une fosse commune.

Carte postale ancienne du monument à Chanteloup

Carte postale ancienne du monument à Chanteloup

Terrehault

Jean Simon Jubault, garde mobile, est décédé à l’hôpital du séminaire du Mans le 11 novembre 1870 d’une pneumonie.

Louis François Tenin, soldat du 2éme régiment d’infanterie de ligne, est décédé de la dysenterie à Torgau (Prusse) en décembre 1870.

4. La gestion des événements d’après les délibérations des conseils municipaux

En novembre 1870, le conseil municipal de Bonnétable est sollicité par la Préfecture pour l’habillement, l’équipement, l’armement et la solde des gardes nationaux mobilisés. Les fonds de la commune ne permettant pas ce financement et la souscription d’un emprunt étant irréalisable, il est décidé de passer par un impôt exceptionnel. La question revient en avril 1871, avec en plus les remboursements dus aux différents fournisseurs ; la commune décide de puiser dans les reliquats du budget de 1870 mais aussi dans les fonds qui étaient affectés à la création du chemin de Haute-Folie, projet interrompu par les événements de la guerre.

En octobre 1871, on revient à nouveau sur l’emprunt de 50 000 francs. Une partie de la somme a déjà été réglée par les paiements effectués par l’intendance de l’armée mais aussi par la prise en charge faite par le duc de Bisaccia concernant les ambulances de la ville. Mais il faut rajouter à ces sommes la prise en charge du pain pour les indigents. Après un débat tendu, le conseil municipal décide de faire un emprunt à la caisse des dépôts et consignations, mais aussi de recourir à un impôt. On en reparle à nouveau en novembre car certains habitants voudraient être indemnisés pour les pillages dont ils ont été victimes ; ce à quoi la mairie répond qu’elle a elle-même limité l’impact des vols en mettant en place les réquisitions. Elle indique également qu’il faudrait installer une commission pour vérifier la véracité des sommes demandées quant aux pillages. On verra d’ailleurs encore en août 1872 des habitants contacter la marie pour réclamer des indemnisations. Et en janvier 1872, le conseil municipal est à nouveau convoqué pour évoquer une nouvelle fois l’emprunt et, sous la demande pressante des boulangers, verse une somme pour la paiement du pain aux indigents.

A noter qu’un conflit judiciaire opposât, à la suite de certaines décisions, M. Girard, maire de Bonnétable, au journal L’Union de la Sarthe, ce dernier ayant reçu une longue lettre qui dénonçait les décisions du maire et surtout les choix faits pour la gestion des sommes liées au réquisitions1.

 

L’avancée des troupes allemandes et une certaine désorganisation des structures administratives avaient par ailleurs placé la municipalité dans une situation délicate. On voit ainsi dans une séance du conseil municipal de Bonnétable de juin 1871 que les droits à percevoir sur le droit d’étalage à la halle n’ont pas été versés. Cela est dû au fait que pendant la présence prussienne, une partie des marchandises n’étaient plus autorisées à la vente et que certains vendeurs présents refusaient de payer les taxes, le maire n’ayant plus le personnel nécessaire pour les forcer aux règlements des droits. Les débats entre conseillers sont assez intenses et on en conclu qu’on ne pourra obtenir réparation car la cause du mal était le siège de Paris et que les denrées alimentaires y étaient envoyées au détriment des marchés provinciaux ; l’autre cause avancée sur la difficulté de la gestion des halles est la rigueur de l’hiver 1870/1871.

En mars 1871, la commune de Bonnétable délibère sur la vente du fumier laissé par les troupes allemandes. La préfecture demande également au maire de faire un état des chevaux et voitures laissés par les troupes allemandes.

 

A Courcemont, on trouve l’argent pour la défense nationale et l’équipement des hommes en ponctionnant sur les projets (restauration de l’église, installation d’une horloge, aides aux concessions dans le cimetière).

Dans cette commune on évoque également les réquisitions faites par l’ennemi : 4170kg de pain et 32 vaches. Le conseil municipal anticipe la situation et avance l’idée qu’il faudra rembourser, surtout le boulanger.

Six habitants de la commune en 1872 font transmettre au préfet une pétition pour le paiement de jours de réquisition avec cheval et voiture. Ils obtiennent alors un dédommagement.

 

Dans la commune de Saint-Georges-du-Rosay, le conseil municipal, sachant « qu’il est nécessaire, conformément à la Convention de Genève, que les dits gardes nationaux soient en uniforme pour être compris parmi les belligérants », décide de prélever 200 francs sur le budget de la réparation des cloches de l’église.

 

En octobre 1870, après la défaite de Sedan et avec l’avancée des troupes prussiennes, le conseil municipal de Torcé-en-Vallée prend des décisions. Il commence ses délibérations par un soutien unanime au gouvernement de la Défense Nationale. Il demande également que les gardes nationales de Torcé, Lombron, Saint-Célerin et Sillé-le-Philippe soient organisées en un bataillon dont le siège sera à Torcé. Ensuite le conseil se penche sur les dépenses de la garde nationale en expliquant les différents prélèvements. Le dernier point porte sur la demande de création d’un poste de nuit et de patrouilles dans la commune ; le danger n’étant pas présent, on décide de surseoir à cette demande.

En mars 1871, le maire signale au conseil que le major commandant un bataillon du régiment de Brandebourg lui a fait part de la nécessité de réquisition de l’avoine pour nourrir 15 chevaux par jour. Le maire refuse en justifiant « qu’il n’en existait plus dans la commune par suite de l’occupation qu’elle avait eue à subir précédemment de plusieurs milliers de chevaux de l’armée allemande et des nombreuses réquisitions en nature de ce grain qui lui avaient été faite depuis l’invasion, réquisition dont les quittances avaient été produites aux officiers prussiens. On dit alors au maire qu’à défaut d’avoine, la commune devait en payer la valeur, s’élevant chaque jour à 9 ou 10 thalers ». Puis le maire explique au major commandant que la commune ne pourra payer cette somme ; il avance comme raison que la commune a été envahie le 10 janvier 1871 et que jusqu’au 16, elle a dû loger 12000 à 15000 hommes et 3000 à 4000 chevaux « qui ont consommé la majeure partie des provisions ou vivres, les fourrages et l’avoine ; pendant ce temps des réquisitions continuelles ont été faites en avoine, farine, blé, bestiaux, etc. ; les magasins et aubergistes ont été pillés complètement ; plusieurs voitures et chevaux ont été enlevées et on ne les a pas revus ; enfin un grand nombre de maisons particulières ont été saccagées ». Il explique également que la commune est aussi occupée depuis le 4 février par un détachement de 64 cuirassiers et 66 chevaux, auxquels il faut fournir 640 livres de foin, 640 livres de paille, 96 livres de pain, la viande et le logement. Et le maire justifie son refus de donner ce que demande le major commandant car les cuirassiers n’ont jamais demandé d’avoine ni d’argent.

Puis lors de la séance du 7 août 1871, le conseil municipal dresse la liste des habitants réquisitionnées par les Allemands. On y distingue deux périodes différentes : l’« invasion » du 10 au 15 janvier 1871 au cours de laquelle les habitants ont fourni de l’avoine, du pain dont une partie pour les prisonniers français, et l’« armistice » du 4 février au 6 mars 1871 où la plus grosse dépense concerne la fourniture du pain.

1Émile DURIER, Mémoire pour M. Eugène Girard contre M. Petit, gérant du journal l'Union de la Sarthe, Imprimerie de Ves Renou, Maulde et Cock, Paris, 1874

Extrait du registre des délibérations du conseil municipal de Torcé-en-Vallée

Extrait du registre des délibérations du conseil municipal de Torcé-en-Vallée

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7 août 2024 3 07 /08 /août /2024 06:02

1. Le contexte

La guerre de 1870-1871 oppose les armées prussiennes, auxquelles se joignent des troupes d’autres États allemands, aux forces impériales françaises de Napoléon III.

Très rapidement les Français, assez mal préparés et numériquement inférieurs, vont subir plusieurs défaites. Cela mènera, moins de deux mois après le début du conflit, à la capitulation de l’Empereur des Français le 2 septembre 1870. Le 4 septembre, la IIIème République est proclamée et elle poursuit la guerre dans de bien difficiles conditions. Paris est assiégée pendant cinq mois, les troupes prussiennes avancent en France

Napoléon III et Bismarck après Sedan (Wilhelm Camphausen)

Napoléon III et Bismarck après Sedan (Wilhelm Camphausen)

Pour ce qui est de notre région, Léon Gambetta, ministre de l’Intérieur et de la Guerre du gouvernement de la Défense nationale, organise la lutte contre les Prussiens avec la participation de soldats qui vont former l’Armée de la Loire. Le contact avec l’ennemi se fait en octobre 1870 dans le département du Loiret. Malgré quelques victoires françaises, le Prussiens poursuivent leur avancée.

Début décembre 1870, l’Armée de la Loire est réorganisée et le général Chanzy commande la 2ème Armée de la Loire. C’est alors que le théâtre des opérations va arriver sur le département de la Sarthe en janvier 1871.

Gambetta

Gambetta

Monument au général Chanzy et à la 2è armée de la Loire - Le Mans

Monument au général Chanzy et à la 2è armée de la Loire - Le Mans

Bataille de Coulmiers (9 novembre 1870)

Bataille de Coulmiers (9 novembre 1870)

2. Les événements dans la région de Bonnétable

Le point central des opérations est la bataille du Mans (11 et 12 janvier 1871). La 2ème Armée de la Loire est concentrée sur la région mancelle avec pour objectif de pouvoir un jour faire une avancée sur Paris et vaincre ainsi les Prussiens1. Mais ces derniers vont alors se diriger, en entrant par l’Est du département depuis le secteur de Nogent-Le-Rotrou, sur Le Mans pour affronter la 2ème Armée de la Loire.

 

Le 7 janvier 1871 les troupes françaises, parties à la rencontre des Prussiens, doivent se replier sur La Ferté-Bernard, Saint-Calais et même Connerré plus en arrière. Les armées prussiennes s’installent alors sur un large front allant de la région de La Ferté-Bernard jusqu’à celle de Château-du-Loir. Les jours qui suivent, une série d’affrontements se déroulent dans le Sud-Est de la Sarthe causant des dégâts importants dans l’armée française. Les Prussiens contrôlent le secteur entre Changé et le plateau d’Auvours. La remontée sur Le Mans devient alors rapidement possible.

1Général CHANZY, La deuxième armée de la Loire, Plon et Cie, Paris, 1876, p. 244

Carte de la bataille du Mans (source AD72)

Carte de la bataille du Mans (source AD72)

Yvré L'Evêque (Sarthe) : installé sur la butte d'Auvours, le monument commémore la bataille menée par les troupes de l'armée de Bretagne du général Gougeard.

Yvré L'Evêque (Sarthe) : installé sur la butte d'Auvours, le monument commémore la bataille menée par les troupes de l'armée de Bretagne du général Gougeard.

Pour ce qui est de la région de Bonnétable, la 4ème division de cavalerie prussienne doit assurer le flanc nord de l’avancée et couper la ligne ferroviaire Le Mans-Alençon ; elle doit passer par Bellême et Saint-Cosme-en-Vairais et espérer atteindre Bonnétable1. Le 9 janvier 1870, le colonel de Lipowski quitte Bonnétable pour remonter sur Bellême afin de bloquer les Prussiens et éviter une prise d’Alençon. Les Français se positionnent dans le secteur2. Ainsi la 2ème brigade à cheval s’installe à La Chapelle-Saint-Rémy et les mobiles de la Sarthe restent en arrière dans les fermes de la Méaulerie, la Maison Neuve et l’Aiguionnière3. Le 5ème bataillon des mobiles de la Gironde vient se positionner dans le secteur de Savigné l’Evêque et Saint Corneille4.

1Section historique du grand État-major prussien, La guerre franco-allemande de 1870-71, 1880, p. 784

2Pierre LEHAUTCOURT, Campagne de la Loire en 1870-1871, Berger-Levrault et Cie, Paris, 1895, p. 218

3Lieutenant V. ALWROD, La bataille du Mans, Revue de l’Anjou, Tome 65, 1912, p. 342

4Henri KEHRIG, Le 5e Bataillon des mobiles de la Gironde (1870-71), Feret et fils, Bordeaux, 1889, p. 10

Le 10 janvier 1871, Bonnétable est prise assez facilement1 après quelques échanges de coups de feu avec des francs-tireurs de Marolles; les hommes de von Beckedorff atteignent Bonnétable après en avoir chassés les troupes françaises. Le maire de la ville nous rapporte que les troupes pillèrent les biens des habitants pendant trois jours. Le commandant et son aide de camp sont logés chez M. Girard, maire2. Ils poursuivent ensuite vers Savigné-L’Evêque. C’est alors qu’ils se heurtent aux unités stationnées dans le secteur de Chanteloup sur la commune de Sillé-le-Philippe3. Les combats sont violents et se font parfois à la baïonnette4. La 2ème division du général Colin et la 22ème division allemande du général-major von Wittich s’affrontent également à La Chapelle Saint-Rémy.

1Section historique du grand État-major prussien, La guerre franco-allemande de 1870-71, 1880, p. 812

2Émile DURIER, Mémoire pour M. Eugène Girard contre M. Petit, gérant du journal l'Union de la Sarthe, Imprimerie de Ves Renou, Maulde et Cock, Paris, 1874

3Pierre LEHAUTCOURT, Campagne de la Loire en 1870-1871, Berger-Levrault et Cie, Paris, 1895, p. 245-246

4Général CHANZY, La deuxième armée de la Loire, Plon et Cie, Paris, 1876, p. 335

Le 11 janvier 1871, dans l’après-midi, les Prussiens sont à Torcé, Saint-Célerin et Lombron. Les affrontements sont violents et on se bat pour contrôler les routes. Malgré les difficultés causées par les troupes du général Colin, les Prussiens poursuivent leur avancée vers Le Mans. Le secteur de Pontlieue est âprement défendu par les Français, mais ils ne peuvent tenir la position.

Le 12 janvier 1871, certaines unités prussiennes (17ème et 22ème divisions) font mouvement au nord de l’Huisne malgré la neige, le froid et le brouillard1. L’objectif est d’avancer sur Saint-Corneille et Savigné. La 2ème division du 21èmecorps du général Colin et la 22ème division prussienne s’affrontent dans le secteur de Saint-Corneille et Courcebœufs2. Vers 16 heures, le château de Hyre et Saint-Corneille tombent. La 3ème division du général Villeneuve et la 17ème division prussienne du grand-duc de Mecklembourg combattent au sud de Chanteloup, à la Croix, à Sillé-Le-Philippe. Les troupes prussiennes passeront la nuit à Beaufay, Torcé et Bonnétable. Certains prisonniers sont alors emmenés vers l’église de Bonnétable où ils sont enfermés3 ; puis ils voyageront pendant 17 jours jusqu’à Settin (aujourd’hui Szczecin en Pologne).

1Pierre LEHAUTCOURT, Campagne de la Loire en 1870-1871, Berger-Levrault et Cie, Paris, 1895, p. 279

2Section historique du grand État-major prussien, La guerre franco-allemande de 1870-71, 1880, p. 837

3Henri KEHRIG, Le 5e Bataillon des mobiles de la Gironde (1870-71), Feret et fils, Bordeaux, 1889, p. 15

Les Prussiens s’installent dans la zone, aux portes du Mans, et les troupes françaises franchissent la rivière Sarthe pour battre en retraite. La 22ème division prussienne va contrôler les passages sur la Sarthe dans la région de Beaumont, même si certains soldats restent en cantonnement à Beaufay pour assurer les arrières, et la 17ème division s’occupe de la même tâche dans la région de Neuville. Quant à la 4ème division de cavalerie, elle aura pour mission de poursuivre les troupes françaises1. Puis les soldats quittent la région de Bonnétable pour remonter vers Ballon ; les soldats croisent des trains de prisonniers français dont un certain nombre de Bretons2. Dès lors la 2ème Armée de la Loire de Chanzy se replie sur l’Ouest du département de la Sarthe et sur celui de la Mayenne.

1O. FRANCKE, Das 5. thüringsche Infanterie-Regiment Nr 94 (Grossherzog von Sachsen): 22. Div. im Feldzuge gegen Frankreich 1870 u. 1871 ; Ein Beitr. zur Rgts-Geschichte, 1872, p. 302

2O. FRANCKE, Das 5. thüringsche Infanterie-Regiment Nr 94 (Grossherzog von Sachsen): 22. Div. im Feldzuge gegen Frankreich 1870 u. 1871 ; Ein Beitr. zur Rgts-Geschichte, 1872, p. 303

Cependant, la bataille laissait derrière elle son lot de victimes. Ainsi, le 17 janvier 1871 les Frères des écoles chrétiennes de Bonnétable ouvrent une ambulance pour y soigner les blessés du conflit1. Il y avait une vingtaine de soldats avec diverses blessures mais aussi avec des membres gelés. Il se dit que les religieux faisaient la tournée des maisons pour trouver de quoi nourrir les blessés. Cette ambulance fonctionna jusqu’au 22 février 1871 et on y soigna plus de 600 victimes.

Ces frères avaient également dû gérer des arrivées de prisonniers : 3000 le 12 janvier 1871 dont 1500 enfermés dans l’église. Ils durent aussi s’occuper de 1200 autres le 14 janvier 1871 en apportant soin et nourriture.

1J. d’ARSAC, Les Frères des écoles chrétiennes pendant la guerre de 1870-1871, Paris, 1872, p. 500

Sillé le Philippe (Sarthe)

Sillé le Philippe (Sarthe)

Sillé le Philippe (Sarthe)

Sillé le Philippe (Sarthe)

Sillé le Philippe (Sarthe)

Sillé le Philippe (Sarthe)

Sillé le Philippe (Sarthe)

Sillé le Philippe (Sarthe)

Sillé le Philippe (Sarthe)

Sillé le Philippe (Sarthe)

La Chapelle Saint Rémy (Sarthe)

La Chapelle Saint Rémy (Sarthe)

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